Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je ne vous cacherai pas que découvrir les dernières réalisations de la Poste à La Courneuve et à Saint-Denis est un motif de fierté pour le Ministre chargé de la Poste. Car ce que je constate une fois de plus, avec l'inauguration de ces deux nouveaux bureaux de poste, c'est l'apport essentiel de La Poste à la politique d'aménagement du territoire et à l'intérieur de celle-ci, à la politique de la ville. La présence, aujourd'hui avec nous, de mon collègue Éric Raoult en est encore la preuve.
La politique de la ville s'inscrit en France dans une approche globale de la politique d'aménagement du territoire, tant il est vrai que les difficultés rencontrées dans les quartiers sensibles et dans les zones rurales sont en fait les deux facettes d'un même problème : comment réduire l'écart entre les zones d'excellence, dont rien n'entrave l'expansion, et les zones plus défavorisées, qui voient le poids de leurs difficultés s'accroître ?
Ce qu'une telle situation rend nécessaire, c'est un développement économique et social plus harmonieux, mieux réparti, plus cohérent sur l'ensemble du territoire ; c'est l'instauration de liens plus fermes, d'une solidarité plus grande, entre zones privilégiées et zones en difficulté. Et c'est là que le rôle de La Poste est essentiel, elle qui irrigue l'ensemble du territoire sans exception et dont la vocation est de relier les territoires et les hommes.
Avec une exigence fondamentale, à laquelle la Poste démontre ici qu'elle reste fidèle : offrir la même qualité de service et la meilleure possible en tous points du territoire, qu'il s'agisse des zones rurales, des villes petites ou grandes et partout à l'intérieur de celle-ci quel que soit le quartier où elle est amenée à s'implanter.
Telle est en effet la singularité de La Poste et en quelque sort son identité : être au service de tous, être un instrument de solidarité au service de la cohésion sociale et territoriale de notre pays.
Et c'est bien cette identité que je défends à Bruxelles et auprès de nos partenaires européens, notamment à l'occasion des discussions sur la directive postale. Ma conviction est en effet que nous ne pouvons aborder la question postale selon les mêmes principes que les télécommunications, et ce pour trois raison :
– c'est une industrie de main d'œuvre et non de technologie ;
– une libération non maîtrisée n'entraînerait pas les mêmes effets positifs que pour les télécommunications sur le plan des tarifs et de l'offre de services ;
– au contraire, elle remettrait en cause sa mission fondamentale d'intérêt général, notamment en matière d'aménagement du territoire – mission à laquelle les français sont très attachés.
La France ne saurait dès lors, comme j'ai encore eu l'occasion de le rappeler lors du Conseil des Ministres des Télécommunications du 27 juin dernier, approuver une directive qui ne serait pas fidèle aux deux objectifs fondamentaux suivants :
– l'harmonisation européenne d'un service public postal à un niveau élevé de qualité ;
– la définition d'un périmètre de services sous monopole suffisamment large pour garantir durablement le financement du service public.
Mais défendre le service public, cela ne signifie pas choisir l'immobilisme ou l'autosatisfaction. Garantir le service public, c'est regarder le futur, c'est se remettre en cause, se réinventer, démontrer son exemplarité partout où La Poste est amenée à accomplir ses missions.
C'est le cas, nous le voyons aujourd'hui, dans les quartiers sensibles, où je sais que La Poste s'attache, non seulement à améliorer et élargir sa gamme de services, mais aussi à jouer un rôle très important en matière de cohésion sociale, d'ouverture sur la ville et de désenclavement. Ce ne sont ainsi pas moins de 53 millions de francs en 1994 – dont 25 versés par l'État – qui ont été consacrés aux quartiers défavorisés et qui ont permis de réaliser 93 opérations de réhabilitation de bureaux de poste. En 1995 et 1996, La Poste a prolongé cet effort, investissant pour pouvoir continuer d‘assurer dans les meilleures conditions, ici comme partout en France, la mission de service public essentielle qui est la sienne.
Ces deux nouveaux bureaux de Poste témoignent du soin apporté à ces réalisations de la qualité des installations : un effort qui répond aux exigences du service public tel que je le conçois et dont l'impératif doit être de traiter avec les mêmes égards tous ses publics, sans exception.
Ce programme très ambitieux de rénovation a un objectif : développer des relations de confiance et répondre au plus près aux attentes des clients, tout en donnant un plus grand confort de travail aux agents.
Consciente des caractéristiques propres aux quartiers en difficulté – une population diversifiée en croissance rapide et des conditions économiques difficiles – La Poste entend y assurer un égal accès de tous à toutes ses prestations, sans discrimination et sans exclusive.
Ce qui n'exclut pas que des exigences spécifiques soient prises en compte. Plus qu'ailleurs, l'accueil est dans de tels quartiers primordial, et c'est pourquoi La Poste s'est particulièrement attachée à réduire les barrières linguistiques. À ce jour, il y a, à La Poste 200 interprètes pratiquant l'Arabe, l'Anglais, le Turc, le Chinois et des langues africaines.
Cette inauguration me donne l'occasion de féliciter devant vous les postiers qui animent ces bureaux et qui accomplissent leurs missions dans des conditions parfois difficiles. Et ce n'est pas le moindre mérite de ces nouveaux bureaux que de leur permettre de bénéficier, au quotidien, de bien meilleures conditions de travail.
Je sais pouvoir compter, Messieurs les Maires, sur votre action pour intégrer mieux encore La Poste dans une politique globale, cohérente et je dirai pluridisciplinaire de développement des quartiers, et ceci dans un partenariat équilibré.
C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'a été créé le conseil postal local qui rassemble tous les partenaires intéressés par le développement des services publics de proximité.
L'action de La Poste dans les quartiers sensibles va bien au-delà du sel bureau de poste, et il convient de réfléchir collectivement à la forme la mieux adaptée de présence postale : avec les communes pour l'adressage, avec les offices d'HLM pour la mise en place de nouveaux points de contact et sur le rôle que peuvent tenir les gardiens d'immeubles…
La Poste, vous le savez, se préoccupe de toutes les situations. Elle est ainsi le seul recours des ménages modestes qui ne sont pas acceptés par les banques et qui viennent y percevoir leurs prestations sociales versées le plus souvent sur le Livret A, qui est utilisé comme un porte-monnaie. Elle joue également un rôle précieux dans l'intégration des « Sans Domicile Fixe », en permettant à ces derniers d'ouvrir un Livret A sur la base de l'adresse d'une association, et de percevoir le cas échéant sur ce compte les prestations sociales ou les revenus auxquels ils peuvent avoir droit.
Ces services, un peu particuliers, La Poste les assume malgré leur coût significatif, car elle estime à juste titre que la lutte contre l'exclusion est l'une de ses missions. Et, c'est en redonnant aux personnes les moyens d'une existence financière et d'une considération due à un client qu'elle y contribue à sa mesure. La Poste agit ainsi concrètement et quotidiennement en faveur de la citoyenneté, de la dignité des personnes et du rétablissement du lien social.
A travers ces différentes actions, La Poste est utile à la collectivité de deux manières :
– d'une part, à travers le maintien de services de qualité et de proximité, elle évite l'enclenchement d'un processus de dégradation des quartiers et participe activement à une action de prévention ;
– d'une part, elle aide à la « requalification » de ces quartiers en leur donnant les services urbains nécessaires à la vie quotidienne de tous et à la vie économique.
C'est ainsi que La Poste agit en faveur de la reconstitution du tissu urbain, mais aussi, j'en suis convaincu, du maintien du Pacte social républicain.
Ces rôles, je sais que La Poste les tient volontiers, car elle se veut une entreprise responsable et solidaire de la société et de l'économie. Ce que la Poste démontre aussi aujourd'hui, à La Courneuve et à Saint-Denis, qu'elle peut être une entreprise moderne, performante, responsable, tout en restant « citoyenne ».