Interview de M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales, à Europe 1 le 6 septembre 1996, sur la mise en place d'une CSG élargie aux revenus du capital au projet de loi de finances pour 1997.

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Média : Europe 1

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Europe 1 : A. Juppé a détaillé, hier soir, sa réforme fiscale : baisse de 75 milliards de francs de l'impôt sur le revenu sur cinq ans. Il a également annoncé une baisse des cotisations maladie mais il y a également une CSG en hausse. Est-ce que l'on y gagne ou est-ce que l'on y perd quand on est salarié ?

J. Barrot : Ce qui est clair, c'est que nous avons voulu alléger l'effort de ceux qui travaillent. Que ce soient les salariés, les travailleurs indépendants, les agriculteurs, ils voient baisser leurs cotisations de 0,3 %. Cela fait en moyenne, environ, 600 francs. Cela peut paraître modeste mais c'est tout de même la première étape d'un financement de la Sécurité sociale qui pèse moins sur les revenus du travail et plus sur les revenus du capital et du patrimoine.

Europe 1 : C'est cela, la nouveauté ? C'est que la CSG va toucher les revenus du capital.

J. Barrot : Oui.

Europe 1 : Est-ce que c'est un premier pas vers la CSG universelle ?

J. Barrot : C'est le premier pas, puisque nous élargissons cette CSG, nous la corrigeons. Elle était encore timide pour aller chercher les revenus du patrimoine et du capital. Elle y entre entièrement. Au-dessus de la CSG, il y a un point de CSG nouveau mais qui est déductible de l'impôt et qui remplace 1,3 point de cotisation maladie des actifs. C'est cela qu'il faut bien comprendre. Alors vous le voyez, ce qu'il faut bien retenir, c'est que nous avons voulu alléger l'effort de ceux qui travaillent en demandant un peu plus aux revenus du capital et du patrimoine.

Europe 1 : Et les retraités ?

J. Barrot : Pour les retraités, c'est neutre. Nous avions déjà sollicité les retraités avec les ordonnances en augmentant leur cotisation maladie de 1,2 point en 1996 et 1,2 en 1997 pour les retraités imposables. Nous n'allons pas leur demander un nouvel effort, ce ne serait pas raisonnable ! Donc au lieu de payer 1,2, ils paieront un point de cotisation CSG et ils garderont évidemment le 0,2 qui leur était demandé pour 1997. C'est normal, c'est neutre. Pour les retraités, cela ne change rien.

Europe 1 : Le Gouvernement avait annoncé il y a quelques mois, une grande réforme des prélèvements sociaux. Est-ce que l'on va s'arrêter là car dans ce cas, c'est assez timide pour l'instant ?

J. Barrot : Oui, mais vous savez, quand on fait un effort de justice, il faut d'abord bien poser la première pierre. Ensuite viendront d'autres pierres dans la simplicité parce que nous avons maintenant des bases claires. Mais il serait prétentieux aujourd'hui de vouloir absolument mener le calendrier précis. Ce qui importe, c'est que ce qui avait été dit est fait. On demande moins aux revenus du travail, ce qui pénalisait l'emploi, et on demande plus aux revenus du patrimoine et de l'épargne. Cela se fait de manière progressive. On regarde ce que cela donne. Je crois très sincèrement que c'est comme cela que l'on réforme.

Europe 1 : Et vous croyez que cela va relancer la consommation des Français ?

J. Barrot : A, ce n'est pas négligeable 0,3 ! Cela peut paraître modeste mais ce n'est pas négligeable. 0,3 du revenu brut, c'est 0,45 du revenu net. Et cela veut dire que l'on se met dans la bonne direction en demandant moins à ce travail qui est trop frappé par des prélèvements, alors que nous voulons créer de l'emploi.

Europe 1 : Et dans l'immédiat, la fiche de paye va se compliquer un peu plus ?

J. Barrot : Non, justement ! C'est un grand souci pour moi. Les assiettes de cette nouvelle CSG, dans la fiche de paye, sont les mêmes en ce qui concerne les salaires que ce qui a été fait pour le RDS et ce qui est fait pour ce point de cotisation supplémentaire. Il n'y a qu'une seule base sur laquelle est bâtie cette CSG désormais élargie comme, je crois, la justice l'exigeait.