Interview de Mme Erika Bareigts, secrétaire d'État à l'égalité réelle, à BFM TV le 27 mars 2017, sur l'appel à la grève générale illimitée lancé en Guyane et l'établissement des conditions d'un dialogue républicain sur place.

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Média : BFM TV

Texte intégral

STEPHANE CARPENTIER
Bienvenue à vous tous. On vous explique l'actualité tous les matins, et on vous parle depuis plusieurs jours maintenant de la situation en Guyane. Département français où c'est la crise, où il y a un soulèvement – on peut le dire – populaire, en tous les cas, 37 syndicats qui ont appelé à la grève générale pour ce lundi. Ça se concrétise comment sur le terrain ? C'est qu'il y a des barrages, que l'activité économique est au ralenti, que le commerce est fermé, que les écoles sont fermées aussi, qu'il n'y aura pas de vol aujourd'hui par exemple d'AIR CARAIBES ou d'AIR FRANCE en direction de Cayenne. Il y a un vrai problème pour la Guyane et pour les Guyanais. La ministre des Outre-mer est donc en direct avec nous, et je la remercie, à 06h14. Bonjour Ericka BAREIGTS.

ERICKA BAREIGTS
Bonjour.

STEPHANE CARPENTIER
Est-ce que vous craignez ce matin, au moment où vous nous parlez, la crainte d'un blocus durable, parce que, il y a quand même une grève générale qui commence ce lundi pour ce département ?

ERICKA BAREIGTS
Oui, bien sûr, la situation est très tendue, puisqu'il y a cet appel à la grève générale, et cette situation, nous la suivons de très près, il faut, et moi, j'en appelle au calme aujourd'hui, pour la Guyane. Parce que nous devons absolument, absolument être dans le dialogue avec la mission qui est sur place, qui est de qualité, et qui prépare, prépare les réponses que les Guyanais attendent sur différents sujets, le sujet de sécurité, le sujet de la santé, le sujet de l'Education. Donc nous sommes dans ce dialogue-là, donc j'en appelle au calme, j'en appelle au dialogue avec la mission pour que nous puissions continuer à avancer pour la Guyane.

STÉPHANE CARPENTIER
Voilà, il y a une mission interministérielle qui est sur place pour dialoguer, comme vous le dites. Est-ce que le dialogue peut suffire, Madame la Ministre, et est-ce qu'il ne faut pas débloquer des moyens pour apporter des réponses à tous ces gens dans ce département ?

ERICKA BAREIGTS
Oui, le dialogue conditionne le déblocage sur certains sujets, parce que, il faut que nous identifions, et nous l'avons déjà commencé par ailleurs, nous avons commencé depuis que la mission est là, à débloquer différents sujets, sur les pêcheurs, comme les agriculteurs, sur le centre médical de Kourou. C'est un travail que nous faisons depuis maintenant 2012. Et ce travail a mobilisé et mobilise toujours des moyens, des moyens supplémentaires de l'Etat. Et moi, je le dis à ceux, j'ai entendu, hier, à droite où Marine LE PEN, madame LE PEN, qui utilise et instrumentalise la Guyane, la crise sociale à des fins politiques aussi pour alimenter des troubles à l'ordre public, moi, je dis que ces situations ne sont pas, ses positions ne sont pas responsables. Et je le dis également, les moyens que nous avons mobilisés, je prends l'exemple de la sécurité, qui est un vrai sujet pour la Guyane, j'entends monsieur FILLON (sic), monsieur BAROIN nous dire que nous sommes irresponsables dans la façon dont nous traitons la Guyane. Je rappelle que de 2009 à 2012, monsieur FILLON, SARKOZY, BAROIN, tous ont supprimé les moyens en termes de sécurité de près de 16 % en Guyane, près de 16 %. Nous, nous l'augmentons de 27 %. Donc nous sommes au travail depuis 2012 avec des moyens conséquents, nous continuons à travailler, nous avons déjà avancé sur certains points. Nous devons continuer à travailler et à avancer…

STEPHANE CARPENTIER
Voilà, mettre des moyens, c'est l'obligation du moment, Madame la Ministre, on l'entend bien.

ERICKA BAREIGTS
Bien sûr.

STEPHANE CARPENTIER
Vous dénoncez la récupération politique du week-end.

ERICKA BAREIGTS
Bien sûr.

STEPHANE CARPENTIER
Pourquoi la ministre des Outre-mer n'est pas en Guyane ce matin pour dialoguer avec tous ces syndicats et tous ces habitants ?

ERICKA BAREIGTS
Parce que, il y a les conditions du dialogue, et aujourd'hui, les conditions du dialogue ne sont pas réunies. Nous avons envoyé cette mission pour pouvoir dialoguer, préparer, préparer des réponses, pour que nous libérions des moyens sur les différents sujets. La commission continue à travailler, j'en appelle au dialogue. Et nous ne fermons pas de porte, aucune porte, il peut y avoir la possibilité de mon départ sur la Guyane. Mais je souhaite que les conditions soient réunies…

STEPHANE CARPENTIER
Oui, alors, il peut y avoir des…

ERICKA BAREIGTS
Pour qu'il y ait une rencontre efficace.

STEPHANE CARPENTIER
Voilà, aujourd'hui, vous n'y allez pas, on l'a bien entendu. Les syndicats qui sont sur place, tous ces gens qui grognent, ils ne veulent pas dialoguer avec ceux que vous avez envoyés depuis Paris, ils veulent dialoguer à la fois avec vous, ministre des Outre-mer, et surtout, avec le Premier ministre Bernard CAZENEUVE, et ils ne bougeront pas tant qu'il n'y aura pas un vrai dialogue avec Paris, si Paris vient les voir.

ERICKA BAREIGTS
Le dialogue doit se faire avec la commission. La commission doit le préparer, pourquoi ? Parce que si nous voulons apporter des réponses à toutes les questions, la commission présente sur place identifie les demandes, évalue ces demandes, nous sommes en lien avec cette commission, de façon constante et régulière, pour pouvoir ici, déclencher en interministériel, des réponses. Ce dialogue prépare, prépare ma venue, pour que ma venue soit la synthèse de ce traitement de ces demandes. Je souhaite que cette préparation se fasse dans les meilleures conditions possibles, c'est pour ça que j'appelle au dialogue. Le travail a commencé par la commission, elle a déjà des contacts, moi, je ne cesse d'avoir des contacts avec les uns et les autres, il faut être efficace, il faut être responsable, dans un temps très court, le temps qui nous est imparti. Voilà ce que nous souhaitons faire.

STEPHANE CARPENTIER
Merci Madame la Ministre d'avoir accordé une interview ce matin à RTL, ministre des Outre-mer sur la situation en Guyane. Ericka BAREIGTS donc qui a donné son sentiment sur la situation. Il y a du travail, il y a du dialogue, mais pour l'instant, il n'y a pas de déplacement de Matignon ou de membres du ministère et du gouvernement surtout, et notamment de la ministre des Outre-mer, qui attend que ça avance et qu'on dialogue sur le sujet. Voilà la situation du matin, c'était l'info sur RTL à 6h19, et entretien, évidemment, à retrouver sur notre site « rtl.fr. »


source : Service d'information du Gouvernement, le 28 mars 2017