Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les comptes de la France. On va en parler avec Bernard CAZENEUVE dans un instant, qui est venu nous voir ce matin, et petite demi-heure exceptionnelle avec le ministre du Budget. Vous savez que la France a présenté son plan à Bruxelles qui dira ce qu’elle en pense d’ici quelques temps. Eh bien on va en parler avec Bernard CAZENEUVE, des économies, où comment ? Il est 7h41 vous êtes sur RMC. (…) Bernard CAZENEUVE bonjour.
BERNARD CAZENEUVE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre délégué au Budget. Juste rebondissons sur ce que disait tout à l’heure Yannick JADOT à propos de la fiscalité sur le gasoil et sur la fiscalité sur l’essence. Est-ce que vous allez aligner ces deux fiscalités avant la fin du quinquennat ?
BERNARD CAZENEUVE
Ce que nous allons faire c’est engager le verdissement de la fiscalité, parmi les décisions que nous aurons à prendre il y a celles qui concernent l’alignement de la fiscalité du gasoil sur celle de l’essence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera fait avant la fin…
BERNARD CAZENEUVE
Non, je suis précis, ne me faites pas dire des choses que je ne veux pas dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je vous pose la question, est-ce que ça sera fait avant la fin du quinquennat ?
BERNARD CAZENEUVE
Il y a une méthode qui a été arrêtée qui a consisté à confier à Christian de PERTHUIS l’organisation d’une réflexion avec des experts, des syndicalistes, des représentants du monde politique sur ce que doit être l’avertissement de la fiscalité française. Je souhaite que nous puissions prendre dans les années qui viennent, conformément à ce qu’a indiqué le Premier ministre hier des décisions précises qui garantissent que nous ayons une véritable fiscalité environnementale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les années qui viennent.
BERNARD CAZENEUVE
Pendant le quinquennat. Pourquoi ? Parce que la fiscalité française…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin, pardon, je vous interromps Bernard CAZENEUVE, ça veut dire qu’avant la fin du quinquennat il y aura un alignement de la fiscalité ou du moins le début d’un alignement de la fiscalité du gasoil sur celle de l’essence.
BERNARD CAZENEUVE
Ce n’est pas ce que je vous ai dit. Ce que je vous ai dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
BERNARD CAZENEUVE
C’est que nous prendrions d’ici la fin du quinquennat des dispositions à caractère fiscal qui permettront de lutter contre le réchauffement climatique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais vous ne répondez pas sur le…
BERNARD CAZENEUVE
Mais je ne peux pas vous répondre sur cette question maintenant parce que cette question doit faire l’objet d’arbitrage et que ces arbitrages n’ont pas été rendus et que je ne peux pas venir dans votre émission procéder à des annonces sur des sujets qui sont aujourd’hui sur le métier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous le souhaitez ?
BERNARD CAZENEUVE
Je pense que si nous voulons lutter efficacement contre le climat, si nous voulons faire en sorte que les véhicules les plus polluants soient décourages il faut que nous engagions effectivement cette réflexion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous le souhaitez ?
BERNARD CAZENEUVE
Ce que je souhaite c’est que nous engagions cette réflexion et que nous le fassions avec une préoccupation qui est celle développée par le Premier ministre hier et qui est vraiment ma feuille de route, pas d’augmentation de la pression fiscale entre 2013 et 2017.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas d’augmentation de la pression fiscale donc…
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons avoir en 2014…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est mal partie, elle est franchement mal partie cette augmentation, taxation…
BERNARD CAZENEUVE
Pourquoi ? Non, du tout. Non pas du tout parce que si on…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si on compense, remarquez si on baisse les taxes sur l’essence.
BERNARD CAZENEUVE
Je pense que les Français ne seraient pas très contents que nous affichions comme contrepartie du verdissement de la fiscalité une augmentation de la pression fiscale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons avoir 0,2% d’augmentation des prélèvements obligatoires en 2014.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déjà nous sommes à un record absolu.
BERNARD CAZENEUVE
Oui. Et nous allons à partir de 2014 faire baisser la pression fiscale pour être à la fin du quinquennat à un objectif de pression fiscale qui permettra entre 2014 et 2017 de garantir la neutralité fiscale de notre politique de redressement des comptes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca veut dire quoi ?
BERNARD CAZENEUVE
Ca veut dire de privilégier les économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca veut dire qu’en 2014 il n’y aura pas d’augmentation, voilà, il n’y aura pas d’augmentation d’impôt en 2014.
BERNARD CAZENEUVE
En 2014 nous allons faire un effort…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déjà augmentation de la TVA.
BERNARD CAZENEUVE
Nous allons faire un effort de 20 milliards pour rétablir nos comptes. Cet effort de 20 milliards se fera par 14 milliards d’économies et 6 milliards de recettes fiscales, mais six milliards de recettes fiscales je peux les préciser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien justement.
BERNARD CAZENEUVE
Aujourd’hui à votre antenne de manière à ce qu’il n’y ait pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien.
BERNARD CAZENEUVE
Ni d’opération de manipulation politique d’une part ni de peur chez les Français d’autre part.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors six milliards à trouver où ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous avons un milliard qui ont déjà été acté, qui résultent des décisions qui ont été prises par les partenaires sociaux, concernant les régimes de retraite complémentaires, augmentation des cotisations à hauteur d’un milliard, c’est déjà fait. L’impact de cette décision sera pour 2014. Deuxièmement il y a des décisions qui ont été prises en 2013.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc si j’ai bien compris les pensions, si j’ai bien compris le pouvoir d’achat baissera un petit peu en 2014. Si les cotisations sont plus chères…
BERNARD CAZENEUVE
Les décisions qui ont été prises concernant les retraites complémentaires, cette augmentation des cotisations et l’indexation des pensions complémentaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Désindexation donc.
BERNARD CAZENEUVE
Il y aura pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ca veut dire du pouvoir d’achat en moins ça.
BERNARD CAZENEUVE
Il y aura pour 2014 une augmentation des cotisations destinées à faire en sorte que le régime de retraite complémentaire soit garanti dans le temps. Nous avons par ailleurs par delà ce milliard un milliard de recettes qui ont été envisagées pour 2013, je pense à la taxe sur les 75%, je pense à la taxe sur les transactions financières soient qui ont été annulées par le Conseil constitutionnel, soit qui n’ont pas donné le rendement attendu, il faut consolider ces recettes pour 2014 et le reste c’est de la lutte contre la fraude fiscale. Je vais vous dire qu’en 2013 la lutte contre la fraude fiscale a rapporté à notre pays 2 milliards de plus qu’en 2012. Nous allons intensifier la lutte contre la fraude fiscale. Et deux nous allons nettoyer un certain nombre de niches fiscales et sociales, le tout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les niches sociales c’est quoi ?
BERNARD CAZENEUVE
Tout ce qui est de nature à entretenir ici des privilèges, de l’inégalité fiscale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est-à-dire ?
BERNARD CAZENEUVE
Mobiliser des moyens…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est quoi l’inégalité fiscale Bernard CAZENEUVE ?
BERNARD CAZENEUVE
Nous l’avons largement corrigé l’an dernier lorsque nous décidons par exemple d’aligner la fiscalité du travail et la fiscalité du capital, lorsque nous décidons de mettre au barème de l’impôt sur le revenu un certain nombre de revenu qui résulte des revenus du capital, nous sommes dans cette logique de renforcement de l’égalité par l’impôt et de la justice. Le redressement ne peut pas se faire sans la justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La prime versée à partir….
BERNARD CAZENEUVE
Et par conséquent comme vous le constatez je dis un petit mot pour conclure sur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va revenir sur…
BERNARD CAZENEUVE
Toute la stratégie budgétaire qui est celle que nous allons mettre en oeuvre est une stratégie budgétaire qui consiste à garantir le redressement essentiellement par les économies. Il y a eu un effort fiscal important de fait en 2012 et 2013, deux tiers de fiscalité pour un tiers d’économie. Pour 2014 c’est deux tiers d’économie, un tiers de fiscalité, je viens devant vous de documenter les six milliards. Et par la suite toute la stratégie qui est la mienne c’est à travers la modernisation de l’Etat de favoriser les économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. On va y revenir.
BERNARD CAZENEUVE
Deux éléments, si vous m’y autorisez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va y revenir, ne vous inquiétez pas.
BERNARD CAZENEUVE
Je voudrais donner des chiffres concernant les résultats de cette politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ne vous inquiétez pas Bernard CAZENEUVE, il est 7h49, on va revenir vers vous dans deux, trois minutes.
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JEAN-JACQUES BOURDIN
Bernard CAZENEUVE, ministre du Budget est notre invité ce matin. Bernard CAZENEUVE, je regardais la zone euro bat chaque mois un nouveau record de chômage, les marchés financiers et Bruxelles continuent à serrer la vis au niveau budgétaire, chômage de plus en plus haut, conséquence salaire de plus en plus bas en Europe, les ménages s’endettent évidemment puisque les salaires sont bas. Que font les banques ? Eh bien elles sollicitent l’aide des Etats. Les politiques d’austérité, de rigueur maintiennent-elles la zone euro en récession ? Franchement Bernard CAZENEUVE, franchement.
BERNARD CAZENEUVE
Je pense qu’il faut réorienter la politique de l’Union européenne, c’est le combat dans lequel nous sommes engagés, nous l’avons commencé d’ailleurs ce combat, il donne de premiers résultats, mais il faut que toutes les décisions qui ont été prises soient accélérées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin l’Allemagne de madame MERKEL n’en veut pas.
BERNARD CAZENEUVE
Non, mais ne dites pas cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
BERNARD CAZENEUVE
Je vais prendre un exemple très concret. Si nous voulons de la croissance demain et si nous voulons moins d’austérité, il faut remettre en ordre la finance. Pour cela, il faut que les banques ne puissent pas se laisser aller aux errements spéculatifs. Il faut qu’elles soient supervisées, il faut que leurs dépôts soient garantis pour qu’on n’ait pas d’autres difficultés du type de celles de Chypre. C’est ce qui a été décidé et c’est ce qui a commencé à être mis en oeuvre à travers les règlements pris par l’Union européenne et qui seront débattus au sein de l’Union européenne, dans ses institutions et dans nos parlements. Il faut que cela soit mis en oeuvre rapidement et il faut que les banques dont les actifs n’ont pas encore été totalement nettoyés puissent être recapitalisées par le mécanisme européen de stabilité. Pourquoi ? Parce que si on veut lutter pour la croissance contre l’austérité, il faut que les banques soient en situation de financer l’économie réelle. Il faut des grands investissements en Europe. Il y a le pacte de cent vingt milliards qui est en train d’être mis en oeuvre mais par exemple, Yannick JADOT vous en parlait tout à l'heure, sur la transition énergétique il faut que nous soyons capables avec l’Allemagne notamment, d’engager sur les énergies renouvelables de grands investissements d’avenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bernard CAZENEUVE, c'est très bien mais…
BERNARD CAZENEUVE
Donc l’Europe a besoin d’être réorientée. Elle doit réorienter sa politique plus vite qu’elle ne le fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la rigueur budgétaire nous fait mal. Elle nous fait mal cette rigueur budgétaire.
BERNARD CAZENEUVE
Et c’est la raison pour laquelle nous…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est intangible ? on ne doit pas transiger avec ça ?
BERNARD CAZENEUVE
Je pense que nous ne devons pas transiger avec la trajectoire de rétablissement de nos comptes. C’est ce que nous faisons en France. Nous devons absolument, si nous voulons la croissance, faire en sorte que nos comptes soient rétablis sinon nous aurons des taux d’intérêt sur les marchés à ce point élevés que nous ne serons pas en situation de créer des conditions de l’investissement productif. Mais, il faut en même temps que nous sommes déterminés à réussir les objectifs du sérieux budgétaire créer en Europe les conditions de la croissance. Il faut les deux, c’est ça la politique de la France, c’est ça la volonté de la France en Europe, mais ça ne se décrète pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Ça, c’est la volonté, oui.
BERNARD CAZENEUVE
Nous avons commencé à engranger des résultats. Il faut poursuivre, approfondir, accélérer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour l’instant, le Français ne les voit pas. On verra s’il les voit un jour. Quatorze milliards d’euros, il ne les voit pas dans son quotidien.
BERNARD CAZENEUVE
Mais monsieur BOURDIN, on ne peut pas en quelques mois, même si la volonté politique est forte, corriger ce qui est déréglé depuis plus de dix ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous serons patients. Quatorze milliards d’euros donc d’économies. C’est ça ? sur les dépenses l’année prochaine, c’est bien ça ? Alors où ?
BERNARD CAZENEUVE
Oui. Nous avons sept milliards d’économies qui seront faits sur les dépenses de l’État. Nous avons engagé pour cela la modernisation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gel du traitement des fonctionnaires toujours ?
BERNARD CAZENEUVE
Il y a pour trois ans des décisions qui ont été prises concernant la maîtrise des dépenses de fonctionnement. Le Premier ministre l’a confirmé dans Les Échos ce matin. Il y a une nécessité de faire en sorte de maîtriser les dépenses…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attention, fonctionnaires ! Votre traitement sera gelé encore l’année prochaine et peut-être l’année d’après, non ?
BERNARD CAZENEUVE
Monsieur BOURDIN, quand on est responsable politique français dans le contexte et plus particulièrement ministre du Budget, on est totalement démagogue si on dit à tous ceux qui écoutent des émissions comme la vôtre que le redressement se fera sans aucun effort. Ce n'est pas ce que je pense, ce n’est pas ce que je crois, ce n’est pas par conséquent ce que je dis. Nous devons faire en sorte que cette modernisation de l’État qui permettra de faire ces sept milliards d’économies, qui est conduite par la modernisation de l’action publique nous permette dans les années qui viennent de faire un travail de réorganisation de notre administration, de modernisation de l’État, pour faire ces économies. Je voudrais juste vous dire un mot…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sept milliards encore ? Non, non mais attendez, parce que vous n’avez pas fini !
BERNARD CAZENEUVE
Attendez, je voudrais juste préciser un point qui est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, allez-y.
BERNARD CAZENEUVE
En 2012, pour la première fois depuis près de vingt ans, les dépenses de l’État ont diminué de trois cents millions d’euros. En 2014, elles diminueront d’un milliard cinq. Pour la première fois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les dépenses de l’État diminueront d’un milliard cinq en 2014 ?
BERNARD CAZENEUVE
En 2014. Elles ont diminué déjà, c’est constaté, de trois cents millions d’euros en 2012. À aucun moment au cours des vingt dernières années nous avons vu les dépenses de l’État diminuer. Je veux également vous dire que la moyenne d’évolution des dépenses publiques entre 2002 et 2012, ça a été plus de deux pourcents. Nous sommes en 2012 en termes d’évolution à 0,7 ; nous serons à 0,5 en 2013. Ce qui veut dire que c’est ce gouvernement, alors que la dépense publique a augmenté de cent soixante dix milliards dans le précédent quinquennat, qui est en train d’engager courageusement avec les difficultés que vous savez, une politique de maîtrise des dépenses publiques et d’économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Bernard CAZENEUVE d’être venu nous voir. Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 avril 2013