Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Bonjour Amélie de MONTCHALIN. Je rappelle que vous êtes chargée des Affaires européennes au gouvernement. On va parler du discours de politique générale, mais de ce qui se passe sur ce front européen, et puis, avec Guillaume TABARD, nous parlons donc effectivement du discours qui a duré 67 minutes, ce n'était pas ça le plus important, d'Edouard PHILIPPE. L'emphase, il n'y en a pas eu, c'est vrai qu'on annonce toujours ces discours de politique générale comme un événement phénoménal, presque lyrique, c'est un catalogue de mesures, d'abord et avant tout, qui a été annoncé.
/// Guillaume TABARD ///
GUILLAUME DURAND
Je donne le vote : 363 pour, 163 contre, 47 abstentions, voici ce qu'a dit Jean-Luc MELENCHON, parce que ça concerne Amélie de MONTCHALIN, concernant justement, je demande à Vincent de faire attention, car il y a deux extraits, concernant madame MERKEL.
JEAN-LUC MELENCHON
C'est le moment où, paraît-il, vous nous proposeriez la chancelière MERKEL comme présidente de la Commission européenne ; quelle est cette folie ? Pourquoi n'avez-vous pas dit pendant les élections que voter pour vous, c'était voter pour la droite allemande à la tête de l'Europe ? Quel que soit votre discours aujourd'hui, demain, la France sera mise en laisse, de plus court encore si c'est madame MERKEL qui la tient depuis Bruxelles.
GUILLAUME DURAND
Voilà pour un extrait donc de l'intervention de Jean-Luc MELENCHON. Nous sommes en direct avec Amélie de MONTCHALIN. D'abord, bienvenue, Amélie de MONTCHALIN. Je rappelle que vous êtes chargée des Affaires européennes au gouvernement. Est-ce que ces insinuations de Jean-Luc MELENCHON ont un fond de réalité ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, mais, on est là dans le pur fantasme. Le président de la République, depuis des semaines et depuis même avant les élections, a dit que ce qui comptait en Europe, c'était d'avoir des personnes qui étaient ambitieuses, ambitieuses pour porter un projet européen dont nous voyons tous les jours qu'il faut qu'on apporte des résultats, et donc il a défini un certain nombre de critères qui sont maintenant connus de tous. C'est qu'on cherche quelqu'un qui a de l'expérience, quelqu'un qui connaît bien l'Europe, quelqu'un qui a envie de la faire avancer, et quelqu'un qui puisse porter un projet, c'est un projet de progrès, qui soit révélateur.…
GUILLAUME DURAND
Mais alors pourquoi MELENCHON... d'où sort cette information, enfin, ou cette rumeur ou cette insinuation, MELENCHON…
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, le président a été en Suisse, un journaliste, au vu des critères que le président définissait, disait : ah ben, tiens, ça pourrait correspondre à madame MERKEL, ça correspond à plein d'autres mondes, et donc le président a dit : oui, bien sûr, si madame MERKEL veut présenter, ça pourrait être un bon profil, je ne crois pas que madame MERKEL ait envie de le faire, je crois même qu'elle a même signalé à de nombreuses reprises qu'elle voulait bientôt, à la fin de son mandat, quitter la scène politique et allemande et européenne. Et donc nous sommes là…
GUILLAUME DURAND
Donc c'est faux ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Bien sûr que c'est faux, nous avons des discussions avec le Parlement européen, au niveau du Conseil européen, entre ministres européens, sur la définition d'abord du projet européen, quelles sont nos priorités, on parle beaucoup du climat, on parle beaucoup de nos frontières, on parle beaucoup de la Défense, et on parle beaucoup de notre modèle social. Comment on veut pouvoir porter ces priorités dans une Commission européenne ambitieuses, et donc on a plein de candidats potentiels, je ne crois pas que Madame MERKEL se soit déclarée, je ne crois pas qu'elle soit candidate, mais ce que voulait dire le président, et je trouve que c'est plutôt intéressant, c'est qu'on n'est pas sur un débat ni de drapeau, ni, voyez, un concours de beauté, on est là sur : on cherche quelqu'un d'expérience et qui ait de l'ambition et qu'il y ait les épaules pour incarner un projet européen qui, comme pour le discours de politique générale du Premier ministre, on doit être dans les résultats, il faut qu'on sorte des incantations, il faut qu'on apporte des résultats aux citoyens pour qu'ils retrouvent confiance dans nos institutions et dans la politique.
GUILLAUME DURAND
Vous savez qu'on prête à Emmanuel MACRON la volonté de faire barrage à la candidature de Manfred WEBER qui est soutenu évidemment par une partie donc de la droite allemande, il a même été qualifié, semble-t-il, d'ectoplasme par madame LOISEAU. Alors, est-ce que c'est un bon début pour quelqu'un qui va représenter donc votre camp au Parlement européen ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Bon, déjà, moi, j'ai un principe, c'est que je ne commente pas les propos qui ont été tenus en off auprès de journalistes, je ne crois pas que ce soit mon rôle, ce qu'on a toujours dit…
GUILLAUME DURAND
C'est quand même d'une maladresse considérable…
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce qu'on a toujours dit, c'est que nous ne voulions pas d'automaticité en Europe, et que ce n'est pas parce que, vous voyez, les règles fixées par ceux qui étaient au pouvoir avant pour se conserver les places, pouvaient s'appliquer qu'il fallait les suivre, si on avait suivi la règle des spitzenkandidat, quel que soit le résultat de l'élection, à savoir si : est-ce qu'il y avait une poussée du groupe centriste, est-ce qu'il y avait une poussée du groupe des Verts, est-ce que les équilibres avaient été surprenants dans certains pays, tout ça aurait été balayé en 48 heures…
GUILLAUME DURAND
Oui, mais vous n'en voulez pas de Manfred WEBER…
AMELIE DE MONTCHALIN
On ne veut pas de l'automaticité, si les parlementaires européens…
GUILLAUME DURAND
D'accord, elle a un nom cette automaticité…
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, mais attendez, si les parlementaire européens nous disent : on est prêts à former une coalition, et on pense que la personne pour porter cette coalition, et qu'on voudrait proposer au Conseil européen, c'est Manfred WEBER, eh bien, on reverra notre copie, mais ce qu'on a voulu dire, et ce que le président a dit depuis le départ, c'est l'automaticité, elle aurait pu être compréhensible si on avait eu des listes transnationales, si monsieur WEBER avait fait campagne en Autriche, en France, en Italie et qu'il s'était présenté en disant : votez pour ma liste, c'est moi qui ensuite piloterai ça à la Commission, mais l'idée de listes transnationales, que nous avions portée, a été rejetée. Et donc on pense que ce n'est pas la bonne façon de procéder…
GUILLAUME DURAND
Et BARNIER, ça serait une solution ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Là aussi, c'est même chose, s'il fait consensus pour porter une coalition de projets au Parlement et que les chefs d'Etat pensent qu'il a le profil consensuel pour à la fois porter de l'ambition et être, du coup, en accord avec le Parlement, c'est un bon candidat, il y en a beaucoup d'autres, il y madame VESTAGER, il y a madame GEORGIEVA, il y a monsieur TIMMERMANS, on peut faire une longue liste de gens que d'ailleurs souvent les Français ne connaissent pas, mais qui sont des Européens ambitieux et convaincants.
GUILLAUME DURAND
On aura la date quand ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien, nous avons la semaine prochaine un Conseil européen où les chefs d'Etat se retrouvent que Donald TUSK, qui est le président du Conseil européen, qui fait des consultations en ce moment, à partir de là, les choses devraient se préciser, puisque le Parlement européen doit voter sur le sujet le 16 juillet.
GUILLAUME DURAND
Alors absente hier à l'hémicycle du débat de politique générale, et on va revenir évidemment sur le discours du Premier ministre, Marine LE PEN, qui était donc à Bruxelles pour essayer de fonder donc ou d'élargir ce fameux groupe qu'elle souhaite avec évidemment SALVINI et les autres. La surprise, c'est qu'on a appris donc que, finalement, les espagnole de Vox ne la suivaient pas, que les gens qui avaient voté pour Nigel FARAGE, en Grande Bretagne, c'est-à-dire 29 sur 72, les députés britanniques ne la suivaient pas, que les Polonais de KACZYNSKI donc ne la suivaient pas, ce qui fait que, finalement, il n'y aura que 73 personnes qui appartiendront donc à ce groupe, ce groupe élargi donc de la Ligue et du Rassemblement national, 73 sur plus de 700 parlementaires.
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, ce que ça m'inspire, c'est que les nationalistes restent des nationalistes. Et que donc, ils ont beaucoup de mal à se mettre d'accord entre eux, puisqu'ils portent chacun les intérêts uniquement de leur pays, et puis, ce que ça m'inspire aussi, c'est que c'est beaucoup plus facile de rassembler au Parlement européen des personnes de nationalités et de cultures différentes quand vous avez un projet qui avance plutôt que quand vous avez un projet qui recule. Ce que je vois, c'est qu'on a un groupe centriste, central, pivot, qui s'appelle Renaissance, qui est donc ce nouveau groupe ADLE, où les députés, Nathalie LOISEAU et 22 autres députés En Marche est lié à la liste Renaissance avec nos partenaires, vont siéger, je vois qu'il y a un groupe Vert qui va être…
GUILLAUME DURAND
Donc ça va être des alliances de circonstances perpétuelles entre une PPE, finalement…
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est une coalition... et les socio-démocrates et les Verts. Le Parlement européen, c'est un lieu où personne n'a la majorité absolue, c'est ça qui en fait un lieu politique intéressant, ce n'est plus une question pays, ce n'est plus une question de drapeau, c'est une question de projet, et donc on fait des coalitions de projets en permanence, c'est pour ça que pour nous, au niveau gouvernemental, on a travaillé à accueillir les nouveaux députés européens élus vendredi dernier, pourquoi, parce qu'on sait qu'il est extrêmement important que les priorités qu'on porte au Conseil, les projets européens, pour qu'ils puissent se traduire dans la réalité, qu'ils aient des résultats, eh bien, il faut créer des compromis au Parlement européen, et donc on a besoin de travailler avec tous ceux qui ont envie de faire avancer l'Europe. Et la bonne nouvelle, c'est qu'ils sont plus organisés et plus réunis que ceux qui veulent la faire reculer, et c'est ce que vous racontiez avec ce qui s'est passé hier avec Marine LE PEN.
GUILLAUME DURAND
Je voudrais qu'on écoute Valérie PECRESSE, elle était chez vous ELKRIEF. Vous savez qu'elle a quitté Les Républicains, voici, disons, les mots qu'elle a employés pour qualifier le discours de politique générale du Premier ministre, je vous demanderai un commentaire général, car autrement, il y a trop de sujets, le voici…
VALERIE PECRESSE
Ce n'est pas vraiment un discours de politique générale. Pour moi, c'est plus un discours de politique minimale, le problème de ce discours, ce n'était pas tellement ce qu'il disait, je pense qu'on a du mal à être contre, allez, on va dire, 90 % de ce qui était dit, le problème, c'est ce qu'il ne dit pas, rien sur le chômage de masse, comment faire baisser le chômage, rien sur la stratégie économique, sur la stratégie industrielle. Rien sur le rétablissement de l'autorité de l'Etat, rien non plus sur l'overdose fiscale qui frappe les Français.
GUILLAUME DURAND
Voilà pour les propos donc de Valérie PECRESSE après le discours du Premier ministre, alors il y a eu énormément de choses qui ont été annoncées, la critique est surtout faite par les économistes, et l'économie est un domaine que vous connaissez bien, c'est : où sont les économies, où sont les financements des retraites, de la baisse des impôts, etc, etc.
AMELIE DE MONTCHALIN
Eh bien, d'abord, moi, je pense qu'il faut être clair sur le fait qu'il y a une continuité et un changement, la continuité, c'est que jusqu'à maintenant, je suis venue déjà de nombreuses fois à votre micro, rassurer sur le fait que les engagements sur les dépenses publiques et les finances publiques seraient tenus ; en 2018, pour la première fois depuis trente ans, les dépenses publiques ont baissé en volume dans notre pays de 0,3 %. Je peux vous dire que pendant des mois…
GUILLAUME DURAND
C'est faible…
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce n'est jamais arrivé depuis que je suis née, les dépenses publiques en volume n'ont jamais baissé dans notre pays sauf l'année dernière, et pendant des mois, les économistes et les commentateurs trouvaient que vraiment MACRON et son gouvernement étaient très, très faibles sur les finances publiques. Donc moi, je préfère qu'on garde déjà ce qu'on a fait. Je préfère qu'on garde la continuité, on a toujours été extrêmement clair en disant que la dette n'était pas une solution pour notre pays, quand on annonce des réformes sur l'assurance-chômage, sur effectivement redonner de la justice et de la cohérence à notre système de retraite, quand on annonce la refonte de la décentralisation, de la proximité des services publics, quand on a voté la loi sur la Fonction publique pour justement arriver à gérer, de manière beaucoup plus fluide, les ressources humaines publiques, je crois que nous donnons des moyens, pas de faire des coupes de rabot par le chiffre, par le haut, qui ont été notamment, ce qui a été fait par la RGPP, que la droite revendique comme étant un acte courageux, si vous regardez les résultats cinq ou sept ans après, c'est catastrophique pour la qualité des services, et c'est catastrophique même pour les dépenses publiques. Donc moi, ce que j'ai à dire là-dessus, c'est qu'il y a un engagement fort…
GUILLAUME DURAND
Donc il y a un acte 2 contrairement à ce que dit madame PECRESSE, il y a un acte 2…
AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a un acte 2, parce que je crois que ce qui a été posé, c'est trois urgences : écologique, justice sociale, le discours du Premier ministre parle énormément d'emploi, je suis très étonnée qu'elle dise ça. Quand il a parlé de ce qu'on voulait faire sur l'assurance-chômage, quand il a parlé de ce qu'on voulait faire dans l'investissement, nous sommes sur une politique qui est à la fois ambitieuses et qui est sincère. Sincère, parce qu'elle va au coeur des problèmes que les Français nous montrent du doigt, pas pour faire des discours de tribune, vous disiez qu'il n'y avait peut-être pas d'emphase, moi, ce que j'ai entendu, c'est de la sincérité, c'est de l'ambition, c'est la capacité à rassembler et à surtout traiter des enjeux politiques qui depuis des années tous les hommes politiques tournent autour, parce que c'est compliqué, mais nous, là, dans les mois qui viennent, on va s'attaquer à des problèmes compliqués, essentiels, la réforme de l'assurance-chômage, je pense qu'il y a, là, la suite de ce qu'on a fait avec les ordonnances travail pour embaucher, la suite de ce qu'on a fait avec réforme de la formation professionnelle pour donner les compétences ; et on est en train de s'attaquer au plus grand mal français, c'est qu'il y a trop de personnes encore qui n'ont pas accès au travail. Et donc moi, j'y ai vu beaucoup d'ambition, beaucoup de sincérité, et sur les dépenses publiques, je pense que si on regardait un peu plus honnêtement ce qui a été porté, comme je vous le dis, les résultats de ce qui a été fait, on pourrait non pas se dire que c'est fini, mais avoir une forme de confiance de ce qui est porté.
GUILLAUME DURAND
Merci mille fois Amélie de MONTCHALIN, donc qui était l'invitée politique de la matinale.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2019