Déclaration de Mme Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes, sur les priorités de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne, à Bucarest le 10 janvier 2019.

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Circonstance : Ouverture de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne, à Bucarest (Roumanie) le 10 janvier 2019

Texte intégral

Bonsoir à toutes et à tous, à ceux à qui je n'ai pas encore eu l'occasion de le dire à Bruxelles, bonne année à Bucarest.

Je suis venue ici pour l'ouverture de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne pour avoir des consultations avec le gouvernement roumain sur les priorités de ce semestre qui sera un semestre charnière dans l'histoire de l'Union européenne.

Un semestre charnière d'abord parce qu'il va connaître le Brexit, nous avons renouvelé notre volonté de mettre en place un Brexit ordonné, mais aussi notre interrogation face aux incertitudes de la politique intérieure britannique. Et l'importance que les 27 états de l'Union européenne restent unis quels que soient les scénarios que nous allons rencontrer dans les semaines à venir.

Un moment historique aussi dans l'histoire de l'Union européenne puisque nous allons avoir les élections européennes au mois de mai. Ces élections se tiennent dans un contexte particulier, puisque certains candidats se présenteront à ces élections avec une ambition résolument européenne et d'autres candidats ont l'intention de se présenter avec la volonté d'affaiblir le fonctionnement de l'Union européenne.

Et nous sommes d'accord entre la France et la Roumanie pour dire que tout ce qui doit se passer pendant ce semestre de présidence roumaine doit aller dans le sens du renforcement de l'Union européenne. Ce sera d'ailleurs l'objet du sommet de Sibiu prévu le 9 mai à l'occasion duquel les chefs d'Etat et de gouvernement travailleront sur l'agenda stratégique de l'Union européenne. Cet agenda s'appuiera sur les consultations citoyennes sur l'Europe qui se sont déroulées l'année dernière Si nous voulons réformer l'Union européenne pour les citoyens, nous devons le faire avec les citoyens. Vous le savez, le mot d'ordre de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne c'est la cohésion, il se décline en quatre piliers, le premier c'est la convergence. Cette notion de convergence est particulièrement importante au moment où nous travaillons sur le prochain CFP de l'Union européenne.

Nous devons à la fois relever les nouveaux défis de l'Union européenne, mais aussi préserver les politiques qui ont une valeur ajoutée européenne et qui ont montré leur efficacité, en premier lieu la PAC. Nous savons aussi l'attachement qui est celui de la Roumanie à la politique de cohésion. Pour nous, cohésion veut dire convergence c'est-à-dire convergence fiscale, convergence sociale. Et aucune divergence possible en matière d'Etat de droit.

Autre priorité de la PRUE roumaine : la sécurité. Nous partageons cette priorité. Nous souhaitons que l'année 2019 soit celle des premiers projets financés par le programme des industries de défense. Nous souhaitons aussi finaliser les discussions sur le fonds européen de défense. Avancer dans l'Europe de la défense ce n'est pas travailler contre l'alliance atlantique, renforcer le pilier européen de l'alliance, c'est dans l'intérêt de tous, c'est aussi faire grandir notre autonomie stratégique parce que les enjeux de sécurité de l'Union européenne ne sont pas toujours les enjeux de sécurité de nos partenaires.

La troisième priorité de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne, c'est la place de l'Europe dans le monde. De ce point de vue-là, nous appelons de nos voeux l'engagement de la présidence roumaine à faire avancer la réforme du régime européen d'asile. Un certain nombre de textes sont prêts, il faut poursuivre les efforts sur la révision du règlement de Dublin et sur le règlement relatif aux procédures d'asile. Il faut aussi continuer à travailler avec les pays d'origine et de transit des migrants, à la fois en augmentant et en coordonnant mieux notre aide, mais aussi en luttant de manière plus efficace contre les trafiquants d'êtres humains. Il faut aussi progresser dans le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l'Union européenne. Et la Roumanie nous a assurés de sa détermination sur ces points.

La place de l'Europe dans le monde c'est aussi la manière qu'a l'Europe de défendre le multilatéralisme, notamment en matière commerciale. Nous ne souhaitons pas de guerre commerciale au niveau mondial. Et nous sommes vigilants pour défendre les intérêts européens. La place de l'Europe dans le monde, c'est encore la manière dont l'Europe fait accepter à des grandes firmes multinationales de payer leur juste part d'impôt sur son sol. C'est la raison pour laquelle j'ai rappelé à mes partenaires roumains l'importance d'aboutir à un accord sur la taxation des grands acteurs du numérique.

Enfin, le quatrième pilier des priorités de la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne, ce sont les valeurs. Nous nous réjouissons que la présidence européenne ait mis les valeurs parmi ses priorités. Nous avons commencé à travailler dès mardi au CAG sur les questions de lutte contre la désinformation, en nous appuyant sur le plan d'action proposé par la commission. Il est urgent de mettre en place un système d'alerte précoce, en particulier au moment où nous allons vers les élections européennes pour que ce scrutin soit à l'abri d'influences extérieures.

Mais les valeurs, c'est aussi l'Etat de droit. L'Etat de droit fait partie des règles que partagent entre eux les pays de l'Union européenne. Il ne peut pas y avoir un climat des affaires serein, il ne peut pas y avoir de coopération policière ou judiciaire efficace et il ne peut pas y avoir de versement de fonds européens dans des pays ou l'Etat de droit n'est pas pleinement assuré. Ce constat, ce diagnostic, vaut pour tous les Etats membres de l'Union européenne. Il n'y a pas a priori d'Etats vertueux ou d'Etats que l'on montrerait du doigt. Mais il y a une vigilance de tous les instants, il y a pour chacun d'entre nous des marges de progression, l'objectif n'est jamais de sanctionner, l'objectif c'est de consolider l'Etat de droit partout dans l'Union européenne, d'accompagner et de soutenir les progrès, et de soutenir un langage de vérité lorsqu'il y a des reculs. J'ai donc aussi eu l'occasion de parler de ce sujet avec la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne. Nous avons aussi parlé des relations bilatérales entre la France et la Roumanie, à un moment où s'est ouverte fin novembre, en France, une saison roumaine qui sera suivie au printemps par une saison française en Roumanie. La France est coutumière de ces saisons croisées, mais c'est la première fois que nous en organisons une avec un pays de l'Union européenne. Cela donne une idée de l'importance et de l'ancienneté de notre relation avec la Roumanie. Nous sommes attachés à cette relation et nous souhaitons qu'elle puisse se développer encore. J'ai évidemment eu l'occasion d'en parler avec mes interlocuteurs roumains. J'ai confiance dans la capacité de la Roumanie à conduire sa première présidence du Conseil de l'Union européenne. Une présidence réussie, c'est une présidence engagée, c'est une présidence porteuse d'une vision, c'est une présidence impartiale, et c'est une présidence exemplaire. Nous avons une expérience renouvelée de la présidence du Conseil de l'Union européenne et nous serons aux cotés de la Roumanie pour que sa présidence soit un succès.


Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 janvier 2019