Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, à BFMTV le 11 février 2019, sur l'impact négatif des manifestations de "Gilets jaunes" sur les commerces.

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Média : BFM TV

Texte intégral

ADELINE FRANÇOIS
Nous sommes dans « Focus Première », avec Agnès PANNIER-RUNACHER, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des finances pour en parler. Bonjour et merci d'être avec nous. D'abord, nous allons aller à Saint-Etienne, puisque nous sommes en duplex avec le maire Les Républicains de Saint-Etienne.

/// Intervention de Gaël PERDRIAU, maire (LR) de Saint-Etienne ///

CHRISTOPHE DELAY
Alors deux dossiers, alors un qui vous concerne directement et l'autre, un peu moins, le maintien de l'ordre, alors c'est vrai que les samedis se succèdent, et encore une fois, il y a eu de nouveaux incidents, la loi anticasseurs n'a pas été encore totalement votée, elle va aller au Sénat, elle ne peut pas être appliquée. Alors la sécurité, d'abord…

AGNES PANNIER-RUNACHER
La sécurité, moi, je partage avec monsieur PERDRIAU le fait que c'est quelque chose d'absolument majeur et indispensable, et c'est insupportable ce que nous vivons ces dernières semaines, et je suis contente qu'on commence à s'en rendre compte et que ce n'est pas juste des propos en l'air pour essayer d'affoler les Français en disant que les commerçants subissent, depuis 13 semaines maintenant, une pression insoutenable, en particulier dans certains centres villes qui sont un peu étroits, et donc faciles à bloquer, c'est ça qui se passe. Donc ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que je voudrais dire à monsieur PERDRIAU que le gouvernement, ça fait depuis le 26 novembre qu'il est mobilisé auprès des commerçants, depuis le 26 novembre, nous avons activé la cellule de continuité économique, depuis le 26 novembre, nous finançons le chômage partiel, c'est aujourd'hui 35 millions d'euros qui ont été financés auprès des commerçants et 66.000 personnes qui sont concernées en France, depuis le 26 novembre, nous décalons les échéances fiscales et sociales, et nous avons prolongé le dispositif encore de trois mois. Et depuis le 26 novembre, nous accompagnons effectivement auprès des banques et auprès des assurances les commerçants, de façon à ce qu'ils puissent bénéficier de facilités de trésorerie et être remboursés plus rapidement…

CHRISTOPHE DELAY
Est-ce qu'ils utilisent tous les dispositifs ?

ADELINE FRANÇOIS
A ce jour, c'est un petit peu le problème, c'est qu'ils ne les utilisent pas suffisamment, j'étais vendredi sur le terrain, à Paris, j'ai rencontré des commerçants qui en avaient bénéficié, qui en étaient très contents parce qu'ils se sont aperçus que c'était très rapide, mais effectivement, ce qui se passe, semble-t-il, c'est que les commerçants ont été très concentrés sur la fin du mois de décembre, et c'est logique parce qu'ils espéraient pouvoir rattraper les pertes de chiffre d'affaires auxquelles ils faisaient face avec les fêtes, et c'est vrai que la semaine du 24, enfin juste avant le 24 décembre, a plutôt été une bonne semaine, et maintenant, ils essaient de se rattraper sur les soldes, mais, moi, mon message aux commerçants, il est très simple : appelez les services de l'Etat, appelez les Chambres de commerce et d'industrie, elles vous attendent, moi, j'ai écrit…

ADELINE FRANÇOIS
Gaël PERDRIAU, ce n'est pas la première chose à faire justement pour les commerçants de votre ville de leur dire : réclamez les aides d'accompagnement auxquelles vous avez droit.

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CHRISTOPHE DELAY
Est-ce qu'il faudrait par exemple exonérer totalement de paiement d'impôts et de charges les commerces concernés par cette dégradation, comme le suggère Jean-Luc MOUDENC, le maire de Toulouse ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, aujourd'hui, ça, c'est possible dans des cas spécifiques, c'est-à-dire que les commerçants, c'est justement un autre dispositif que nous avons activé début janvier avec Olivier DUSSOPT, pour le ministère des Comptes publics, qui permet aux commerçants qui traversent une situation de trésorerie particulièrement difficile, d'étaler, là, c'est sur 20 mois, voire d'abandonner…

CHRISTOPHE DELAY
Mais pas d'exonérer totalement…

AGNES PANNIER-RUNACHER
D'abandonner, ce qui revient à la même chose, d'abandonner des échéances fiscales et sociales, donc ça existe, mais on fait du cas par cas, pourquoi on fait du cas par cas, parce que la situation, elle est extrêmement hétérogène sur le terrain, d'une rue à l'autre, vous n'avez pas la même pression, parce que ça dépend où se passent les manifestations, ça dépend quelle partie du territoire est bloquée, et c'est pour ça qu'une disposition qui serait pour tout le monde, ça ne fonctionnerait pas.

CHRISTOPHE DELAY
Merci beaucoup d'être venue nous voir, Agnès PANNIER-RUNACHER.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 février 2019