Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
C'est l'interview politique avec un ministre ce matin invité de Jean-Pierre ELKABBACH : Julien DENORMANDIE. Il va être question notamment des Gilets jaunes mais pas uniquement. C'est tout de suite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Après la conquête du pouvoir à laquelle vous avez participé activement et au premier rang, voici l'exercice douloureux du pouvoir. Bienvenue à vous Julien DENORMANDIE et bonjour.
JULIEN DENORMANDIE, MINISTRE DE LA VILLE ET DU LOGEMENT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans le tumulte et le tohu-bohu actuels, est-ce qu'Emmanuel MACRON est en train d'engager la deuxième phase de son quinquennat ?
JULIEN DENORMANDIE
Oui. Aujourd'hui il y a un acte II qui est en train de s'ouvrir. Le Président de la République a d'ailleurs été très clair là-dessus et cet acte II, il va reposer notamment sur ce Grand débat national que nous avons lancé sur cet exercice démocratique inédit pour pouvoir réconcilier les Français vis-à-vis de la vision du chemin qui doit être le nôtre pour construire notre société de demain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord. Mais à condition qu'il y ait des résultats concrets sur le pouvoir d'achat, sur le pouvoir de vivre des Français. Tous l'attendent.
JULIEN DENORMANDIE
Je vais être très clair dessus. Le Président de la République, le Premier ministre, le Gouvernement on s'est engagé à l'issue de ce Grand débat d'abord de rendre tout transparent, ce qui est essentiel. De rendre tous les résultats transparents. Mais aussi de prendre des mesures fortes au regard des demandes de nos concitoyens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De quelle nature « fortes » ?
JULIEN DENORMANDIE
Des mesures fiscales, des mesures sur la transition écologique, des mesures sur la citoyenneté parce qu'on le voit bien aujourd'hui, vous avez beaucoup de nos concitoyens qui disent : « Nos voix, elles sont entendues au moment des élections mais pas pendant l'exercice du pouvoir. » Et donc tout cela sera le contenu de ces mesures fortes que nous annoncerons à l'issue du Grand débat, en reprenant l'ensemble de ces remontées. Mais songez qu'au moment où je vous parle, c'est 880 000 contributions qui ont été faites au titre du Grand débat, c'est près de six mille réunions qui sont organisées.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le problème, c'est comment vous allez en tenir compte. Vous avez parlé de transition écologique mais on a l'impression que ce sont les jeunes de quinze ans qui manifestent pour le climat et la défense du climat alors que c'est les Accords de Paris qui ont été conclus ici.
JULIEN DENORMANDIE
Déjà, c'est un superbe symbole de se dire que notre jeunesse s'inquiète justement de ce réchauffement climatique. C'est-à-dire que cette conscience environnementale, elle est même au sein de notre jeunesse. C'est plein d'espoir et en même temps c'est très difficile de prendre en compte à la fois cette transition écologique, les questions de pouvoir d'achat et c'est ça le Grand débat. C'est de trouver les solutions qui permettent de réconcilier les deux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attention aux promesses parce que bien souvent elles ne sont pas tenues.
JULIEN DENORMANDIE
On peut nous reprocher beaucoup de choses mais vraiment on fait ce qu'on dit qu'on allait faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Au mois de mars, vous viendrez et on testera.
JULIEN DENORMANDIE
Avec grand plaisir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour Emmanuel MACRON, le Grand dégât… le Grand débat duquel vous parlez est en train de devenir une tournée à grand spectacle. Ça ressemble à une campagne électorale en particulier pour les européennes et beaucoup s'en plaignent. Mais en même temps apparemment, ce n'est pas facile de convaincre ; il en a fait l'expérience hier avec les maires ruraux. Regardez cet échange.
ANDRE LAIGNEL, MAIRE D'ISSOUDUN
Après dix-huit mois de stigmatisation des maires, que n'avons-nous entendu ! Nous étions trop nombreux, mes chers collègues. Nous étions incompétents, nous étions clientélistes. Ce sont des mots qui ont été employés par des membres de Gouvernement, parfois par vous-même Monsieur le Président. Je crois que si la réunion d'aujourd'hui a un sens, comme celles qui l'ont précédé avec d'autres maires, c'est d'avoir un autre dialogue.
EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Je n'ai jamais dit des maires qu'ils étaient trop nombreux ou incompétents ou clientélistes.
ANDRE LAIGNEL
Clientélistes, si.
EMMANUEL MACRON
Non, non.
ANDRE LAIGNEL
Si, je suis désolé.
EMMANUEL MACRON
Je le regrette.
ANDRE LAIGNEL
Alors je vous enverrai les dates.
EMMANUEL MACRON
Je suis très preneur. Je répondrai sur les chiffres.
ANDRE LAIGNEL
Volontiers.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous voyez l'échange entre LAIGNEL, le vice-président de l'Association des maires de France, il connaît le sort des maires des situations rurales mais en même temps il est là depuis pas mal de temps.
JULIEN DENORMANDIE
J'ai beaucoup de respect pour l'Association des maires de France, beaucoup. Je travaille énormément avec l'ensemble des maires et cette association.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oh là là ! Quand on commence comme ça…
JULIEN DENORMANDIE
Beaucoup de respect et beaucoup d'estime. Mais Monsieur LAIGNEL là, il fait de la politique en assénant des contrevérités ou en déformant la réalité. Monsieur LAIGNEL pendant ce débat dit par exemple au Président de la République : « Vous savez, Monsieur le Président, on n'en peut plus de la diminution des dotations », c'est-à-dire l'argent que l'Etat verse aux collectivités. Le Président de la République est le premier président depuis dix ans à ne pas baisser ces dotations. Les gouvernements précédents qui ont été soutenus par Monsieur LAIGNEL, notamment le précédent quinquennat, eux ont diminué ces dotations. Et donc Monsieur LAIGNEL, qui effectivement est en politique depuis très longtemps, il a la mémoire courte. Il a cette faculté à déformer la réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'est son rôle d'opposant socialiste.
JULIEN DENORMANDIE
Oui. Mais vous savez, on peut être opposant et dans une opposition constructive. C'est-à-dire une opposition où on assume les choix des gouvernements qu'on a soutenus et on ne critique pas un Président de la République sur des réformes que lui a portées et qui aujourd'hui sont en train…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites qu'André LAIGNEL pour des raisons politiques ment.
JULIEN DENORMANDIE
Il déforme la réalité de manière très forte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Olivier FAURE et le Parti socialiste ont lancé pour mardi, place de la République, l'idée d'une manifestation contre le racisme, la xénophobie et surtout l'antisémitisme qui prend une ampleur en ce moment vraiment inquiétante. Une quinzaine de partis vont s'associe, probablement aussi Jean-Luc MELENCHON bien qu'il soit fâché parce qu'il n'a pas été prévenu et cætera, mais il finira par aller place de la République, votre parti aussi. Est-ce que c'est une bonne initiative même si on ne résoudra pas une haine antijuive ancestrale par une manif de plus ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est une très bonne initiative et je pense qu'elle est nécessaire. C'est une initiative transpartisane, vous l'avez dit, énormément de partis seront là. Et moi, j'appelle d'ailleurs tous les Français, en particulier les Parisiens, à se rendent place de la République mardi soir à 19 heures. Mais qu'est-ce qui est important ? Le moment qu'on vit est un moment extrêmement grave, un moment où on voit les actes antisémites ne cesser de croître. Cette année, c'est 74 % de plus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, on le sait. Le grand rabbin de France était là.
JULIEN DENORMANDIE
Face à ça, qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut prendre des sanctions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous appelez les Parisiens à y aller. Vous irez, vous ?
JULIEN DENORMANDIE
J'ai appris hier la manifestation mais effectivement, si l'organisation le permet, moi j'irai. C'est essentiel que tous les Français puissent dénoncer. Parce que vous savez, face à l'antisémitisme il faut prendre des sanctions. Des sanctions très dures. Mais surtout, il faut dénoncer, il ne faut jamais oublier ? L'antisémitisme, ce n'est pas une opinion : c'est un délit. Et le jour où on oubliera, le jour où on arrêtera de dénoncer, à ce moment-là on aura perdu. Et donc oui, il faut qu'il y ait une mobilisation générale, transpartisane de tous pour dire : « Ça suffit. On arrête ces actes intolérables. »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand vous dites « de tous �� et cætera, le parti de Marine LE PEN qui est un parti républicain, il est à l'Assemblée nationale, au Parlement européen, il doit y participer ? Il faut l'inviter pour qu'il y participe ?
JULIEN DENORMANDIE
Je ne suis pas dans l'organisation mais ce qui est clair, c'est que c'est tous les Français, quelles que soient vos aspirations politiques, tous les Français doivent s'unir. L'antisémitisme, ça n'est pas le sujet des personnes d'obédience juive : c'est le sujet de tous les Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a un climat. Vous avez noté qu'Alain JUPPE quitte Bordeaux. Les larmes des adieux, on les a vues. Elles ont ému les Bordelais et tout le pays. Certains sont en train de découvrir peut-être tardivement que derrière le masque et droit dans les bottes, c'est quelqu'un de sensible et de plus réservé qu'on ne le croit. Il a été en tout cas affecté profondément par l'évolution des moeurs politiques et il y a quelques phrases qui ont touché.
ALAIN JUPPE, ANCIEN MAIRE DE BORDEAUX
L'esprit public est devenu délétère. La montée de la violence sous toutes ses formes, verbales et physiques, le discrédit des hommes et des femmes politiques réputés tous pourris, la stigmatisation des élites dont tout pays a pourtant besoin pourvu qu'elle ne se reproduise pas par cooptation mais qu'elle soit ouverte à la société tout entière. Bref, dans ce climat général infecté par les mensonges et les haines que véhiculent les réseaux sociaux, l'esprit public, la vie publique sont difficiles à vivre et lourds à porter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est pourquoi Alain JUPPE va choisir de défendre la République et la démocratie au Conseil constitutionnel. Mais qu'est-ce que ça vous inspire ? Votre génération, elle découvre ça. Elle est résignée, elle baisse les bras où elle a envie de gueuler et de protester, de combattre ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais je crois qu'il faut que tout le monde réalise que le moment que vit le pays est un moment grave. C'est un moment où on parle d'actes antisémites qui ne cessent de croître. Mais c'est le même moment où vous avez des populations dans notre société qui ne cessent de s'opposer. Entre certains territoires avec d'autres, mais aussi entre certains responsables politiques avec d'autres citoyens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous le sentez, vous, quand vous tournez en France et dans les banlieues, dans les cités ?
JULIEN DENORMANDIE
Je le sens au quotidien. Et donc aujourd'hui, c'est quoi l'enjeu ? C'est la cohésion de la nation. C'est ça qui est en jeu. Une génération comme la mienne, moi je me suis engagé, je n'avais jamais fait de politique avant. Mais je me suis engagé dans ce contexte-là. Il faut absolument réussir à lutter contre toutes celles et ceux des extrêmes ou des personnes qui ne respectent pas la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a une part d'inquiétude chez vous.
JULIEN DENORMANDIE
Mais il y a une part de gravité, d'extrême gravité. Il faut que tout le monde le réalise. Vous savez, ce qu'on disait sur l'antisémitisme mais c'est quelque chose que tout le monde doit réaliser. Qu'aujourd'hui, les actes sont de plus en plus nombreux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a même des églises, une dizaine d'églises qui ont été à la fois vandalisées et profanées.
JULIEN DENORMANDIE
Des cimetières qui sont profanés. Ce sont des lieux sacrés. Donc cette cohésion, il faut la retrouver.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et on va ajouter ce matin des propos délirants. Christophe CHALENCON, vous savez, celui qui a reçu DI MAIO, le vice-président du conseil italien quelque part en France…
JULIEN DENORMANDIE
Tout à fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il a donné une déclaration à la télévision italienne. Des propos peut-être délirants mais qui, à mon avis, vont faire scandale. On l'écoute et on va l'écouter ensemble pour la première fois.
CHRISTOPHE CHALENCON, GILET JAUNE
Je sais que je risque beaucoup là. Moi, je peux me prendre une balle dans la tête à n'importe quel moment mais je n'en ai rien à foutre. J'irai au bout de mes convictions parce que s'ils me mettent une balle dans la tête, le peuple là, MACRON, il est passé à la guillotine. Aujourd'hui, on est arrivé à un tel point de confrontation que s'ils m'abattent, il est mort aussi. Parce que le peuple, il rendre dans l'Élysée, il démonte tout. Lui, sa femme et toute la clique. On est plusieurs comme ça. S'ils en touchent une, on a des gens, des paramilitaires qui sont prêts à intervenir. Parce qu'ils veulent aussi faire tomber le pouvoir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un putsch militaire, la guillotine, on va lui couper la tête, lui va avoir une balle dans la tête. C'est peut-être du délire mais il a été pris au sérieux pendant longtemps par les médias et même les politiques en tant que responsable des Gilets jaunes. Qu'est-ce que vous en pensez-vous ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est clairement insupportable. Mais insupportable. C'est-à-dire que c'est des personnes qui n'ont aucun respect de la démocratie, aucun respect de la République. Qui appellent à l'insurrection, qui menacent le Président de la République, sa femme également. Mais dans quel monde vit-on ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord. Mais c'est quoi ? C'est des propos qui relèvent de la justice ou pas ?
JULIEN DENORMANDIE
En tout cas, si jamais… Moi, j'espère bien qu'on regardera y compris les suites judiciaires qu'on peut donner à de tels propos qui n'ont pas leur place dans la République. C'est des personnes, cette personne-là, qui en plus lance le discrédit sur l'ensemble des revendications et de la colère légitime d'une autre partie de la population. C'est insupportable. Au bout d'un moment, il faut que tout le monde réalise que nous sommes dans une société, que nous vivons dans une société, que nous devons appeler à cette cohésion de la nation et que nous devons respecter les règles et les lois de la République. Et de tels propos, ils n'ont pas leur place dans la République. Ni de près ni de loin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce qu'on lui fait ?
JULIEN DENORMANDIE
Il y a un pouvoir judiciaire en France et si la justice considère que ces propos relèvent de son périmètre, il faudrait…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est ce que vous demandez ce matin après l'avoir entendu avec nous pour la première.
JULIEN DENORMANDIE
Mais c'est des appels à l'insurrection. Personne ne peut accepter des appels à l'insurrection dans une République et une démocratie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourtant aujourd'hui dans beaucoup de médias et peut-être dans l'opinion, la tendance est la mode c'est : pour les Gilets jaunes les plus durs qui ont des histoires avec la justice, il faut l'amnistie.
JULIEN DENORMANDIE
Moi, je suis totalement opposé. Mais songez que le week-end dernier, samedi dernier, vous avez vu ces images où une personne qui de temps en temps revêtait un gilet jaune puis l'enlevait, allait casser mais en plus brûler un symbole qui était une voiture de la force Sentinelle. Ces hommes et ces femmes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous dites, pas d'amnistie. Mais pourtant il y a Eric DROUET qui passe devant les juges aujourd'hui. Est-ce que vous dites : « De la clémence, mesdames et messieurs de la justice » ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais attendez, tout le monde relève de la loi. Les actes que nous faisons, ils doivent pouvoir relever de la loi. Quand quelqu'un brûle une voiture Sentinelle, c'est-à-dire la voiture des militaires qui sont là pour protéger les Français, qui étaient là au moment des attentats, qu'est-ce que vous voulez ? Que moi j'aille lui dire : « Non, cette personne elle peut avoir une amnistie » ? Mais pareil, dans quel monde vit-on ? Non ! Quand on fait ça, c'est un acte très grave. C'est une atteinte à des symboles très grave, c'est une atteinte à l'activité de celles et ceux qui se lèvent le matin pour nous protéger et donc il n'y aura ni amnistie de près ou de loin. En tout cas, c'est mon souhait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous avez pris au petit-déjeuner là, parce que j'entends votre colère et votre rage. Je ne sais pas. Mais on va parler des problèmes qui dépendent de votre ministère.
JULIEN DENORMANDIE
Mais parce que c'est important dans le moment que chacun réalise que ce que nous vivons est un moment de gravité et que nous devons appeler à cette cohésion de la nation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avant même le Grand débat, vous multipliiez les visites dans les banlieues, les quartiers défavorisés en zone prioritaire. Et les associations souvent elles appellent au secours ; qu'est-ce que vous leur dites ? Qu'est-ce que vous leur donnez et comment vous répondez à leurs besoins.
JULIEN DENORMANDIE
Aujourd'hui les associations, ce sont des acteurs essentiels dans les quartiers. Essentiels. Parce que les associations, c'est elles qui font le dernier kilomètre, qui tapent aux portent, qui accompagnent. Et donc moi, mon ministère travaille main dans la main avec les associations. J'en finance quasiment dix mille par an d'associations. Et là aujourd'hui, je vous annonce, on va lancer un nouveau programme avec les associations de quinze millions d'euros qui va viser à identifier pendant les trois prochains mois des associations qui ont des activités particulièrement structurantes pour la jeunesse et pour les parents…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous faites ?
JULIEN DENORMANDIE
Qui sont extrêmement importants. Et avec ces associations, on va créer des véritables équipes sur les territoires pour pouvoir démultiplier leurs actions. Et donc pour faire ça, sur la parentalité c'est par exemple l'accès à des accompagnements ; sur la jeunesse, c'est l'accès à l'insertion, à l'emploi, par le sport, par la culture ou autres. Et donc on va identifier pendant trois mois ce réseau d'associations pour pouvoir les faire grossir. Pour pouvoir faire en sorte qu'elles travaillent grosses associations et petites associations.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous leur donnez ?
JULIEN DENORMANDIE
On leur donne quinze millions d'euros et tout l'appui du ministère pour pouvoir justement créer ces équipes-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et comment ce sera réparti ? Comment vous allez choisir ? Comment ils vont recevoir alors qu'ils sont dans un état d'urgence ?
JULIEN DENORMANDIE
On lance aujourd'hui cet appel à projets. Ils auront un mois pour répondre à cet appel à projets. Ensuite, il y aura un comité, un jury d'experts qui va identifier ces projets de territoires associant grandes associations et petites associations pour encore une fois démultiplier les actions sur le territoire en direction de la jeunesse et de la parentalité. Et donc c'est quinze millions d'euros en plus par rapport à la dizaine de milliers d'associations que je finance chaque année.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est combien le financement global dans l'année ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est quasiment cinq cents millions d'euros.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc c'est là en plus.
JULIEN DENORMANDIE
En plus.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En 2018, combien de logements vont être construits ? Parce souvent les gouvernements font des promesses sur le logement, la politique du logement et ils ne tiennent pas les promesses. Combien ?
JULIEN DENORMANDIE
A peu près quatre cent mille. On vient de recevoir les chiffres, on a entre 398 000 et 403 000 pour être très précis donc à peu près 400 000. Ce n'est pas assez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En 2017, c'était plus.
JULIEN DENORMANDIE
En 2017, c'était un petit peu plus. 400 000, ça reste une bonne année par rapport aux cinq dernières années. C'est en moyenne 25 000 logements de plus que la moyenne des cinq dernières années. Mais il y a un vrai problème de logement en France, il faudrait en construire encore beaucoup plus, davantage. Et c'est pour ça que moi j'ai passé une loi, la loi logement, qui a été adoptée il y a un mois et demi, que je suis en train de mettre en oeuvre pour accélérer cette construction.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour combien de logements par an ? Il y a les logements neufs d'abord et puis on va voir ce que vous faites pour les anciens.
JULIEN DENORMANDIE
L'objectif aujourd'hui, il faut réaliser qu'en France on construit autant aujourd'hui en 2018 de logements qu'au début des années 80. Et depuis, vous avez douze millions de personnes en plus dans notre pays et surtout des modes de vie, des divorces. Et donc vous avez une pression sur le logement qui est très forte, et donc il faut construire beaucoup, beaucoup plus de logements. Mais pour faire ça, il faut faciliter l'acte de construction, il faut rassurer les constructeurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
« Il faut, il faut », mais c'est vous qui avez les clefs. Vous et les professionnels.
JULIEN DENORMANDIE
C'est pour ça que j'ai passé une loi, une loi importante qui a été adoptée il y a un mois et demi et qui aujourd'hui est en train d'être mise en oeuvre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est Alain DININ qui est le président du premier groupe français que vous connaissez de production immobilière…
JULIEN DENORMANDIE
Que je connais très bien, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui dit : « La production de logements neufs est en baisse ; les prix eux sont en hausse alors qu'il faudrait le contraire : produire plus et moins cher. » Mais pour les anciens, pour les logements anciens - parce qu'il faut qu'on se quitte - vous avez dit il y a quelque temps, il y a quelques mois vous étiez là : « Il faut réhabiliter, rénover l'ancien. » Là aussi c'est de l'argent et puis il faut des incitations, je suppose, pour les encourager.
JULIEN DENORMANDIE
On a créé un nouveau dispositif fiscal. C'est un dispositif qui fait que toute personne qui souhaite investir dans l'immobilier, aujourd'hui ils peuvent le faire en achetant un bien dans l'ancien dans beaucoup de villes. Et si jamais ils font des travaux, 25 % de travaux, à ce moment-là ils peuvent avoir une réduction d'impôt très importante. J'achète par exemple à Beauvais un appartement à 150 000 euros, je fais 50 000 euros de travaux, je le loue pendant une dizaine d'années et à ce moment-là j'ai une réduction d'impôt de 42 000 euros. C'est-à-dire quasiment le montant de mes travaux. Et ça, ce dispositif fiscal, on vient de le voter. Il est opérationnel depuis vendredi dernier. Et donc vraiment, j'invite toutes celles et ceux qui vous écoutent, qui nous écoutent et qui veulent investir dans l'immobilier à utiliser ce dispositif qui est très important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y avait la loi Pinel pour le neuf, il y aura le Denormandie pour l'ancien.
JULIEN DENORMANDIE
C'est un peu ça. En tout cas, je suis très fier d'avoir porté ce projet, d'avoir porté ce dispositif fiscal parce qu'aujourd'hui, on a un véritable défi qui est de rénover les logements dans notre pays. Il faut construire plus là où c'est nécessaire et rénover plus là où c'est nécessaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes un des premiers à avoir accompagné Emmanuel MACRON dans sa campagne. Ça fait des années que vous êtes avec lui ; combien ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça fait six ans. Six ou sept ans.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Il y en a qui ont fait quatre ans, cinq ans et qui s'en vont comme votre ami Ismaël EMELIEN. Vous n'êtes pas fatigué ? Vous n'avez pas envie de partir vous aussi ?
JULIEN DENORMANDIE
Non, je suis pleinement à la tâche. Mais vous savez, Ismaël EMELIEN part pour faire un nouveau combat. Et ce nouveau combat, c'est de pouvoir aller porter des idées, notamment les idées du progressisme. Et quand vous êtes conseiller d'un Président…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. C'est-à-dire pour le moment Emmanuel MACRON ne fait pas une politique progressiste mais conservatrice et il attend que Monsieur EMELIEN, son conseiller spécial qui est à l'Elysée, soit dehors pour l'aider.
JULIEN DENORMANDIE
Aujourd'hui Ismaël EMELIEN, il est conseiller du Président, c'est-à-dire qu'il conseille le Président sur notamment cette politique progressiste. Mais Ismaël EMELIEN, il veut porter un nouveau combat, c'est-à-dire aller porter lui-même sur les plateaux, ici, dans la presse ces idées et ces valeurs du progressisme. Et donc il est écrit un livre et il faut qu'il sorte de sa réserve, sa réserve de conseiller du Président, pour pouvoir aller l'exprimer. Vous savez, Ismaël que je connais très, très bien, c'est un engagé et son engagement aujourd'hui, c'est ce nouveau combat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord. On en reparlera une autre fois.
JULIEN DENORMANDIE
Avec grand plaisir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce qu'il y a beaucoup à dire. Donc vous dites que le macronisme, c'est le progressisme. Il faut le démontrer…
JULIEN DENORMANDIE
Mais c'est ce qu'on fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors que vous êtes soutenu par l'aile droite et par Alain JUPPE, par quelques personnalités de droite mais merci d'être venu. On a entendu votre inquiétude et votre colère, Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonne journée. Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 février 2019