Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Jacqueline GOURAULT.
JACQUELINE GOURAULT
Bonjour.
PATRICK ROGER
Les sénateurs, que vous connaissez bien, pour avoir été vice-présidente du Sénat, alors les sénateurs ont accablé l'Elysée dans la gestion de l'affaire Benalla. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin GRIVEAUX, a relevé beaucoup de contre-vérités, c'est ce qu'il a dit hier dans le rapport des sénateurs. Ça veut dire que les sénateurs ont menti dans leurs conclusions alors ?
JACQUELINE GOURAULT
Je crois d'abord qu'on peut dire, dans une période où parfois la démocratie est critiquée, vous savez bien ce qui se dit sur les ronds-points, eh bien on peut voir en tout cas que dans notre pays, en France, eh bien la démocratie fonctionne, et que les institutions fonctionnent, et que, par les commissions d'enquêtes, comme celles qu'ont menées l'Assemblée nationale et le Sénat, eh bien il y a un contrôle du gouvernement. Alors après on peut discuter sur ce contrôle du gouvernement, mais en tout cas ça fonctionne, et tout cela est public, et tout cela peut entendre les uns et les autres. Et je trouve que…
PATRICK ROGER
Ça c'est une bonne chose selon vous ?
JACQUELINE GOURAULT
Je trouve que c'est une bonne chose parce que, on se rend compte qu'on est dans un pays de liberté, de liberté d'expression, pour la presse, pour les contre-pouvoirs, pour le système parlementaire, par rapport à l'exécutif, et je tiens d'ailleurs à préciser que ce rôle du Sénat est un rôle bien sûr très important, il est dans son droit de créer des commissions d'enquête, peut-être après peut-on discuter sur, comment dire….
PATRICK ROGER
Vous dites qu'il est allé trop loin ?
JACQUELINE GOURAULT
Un rapport qui est très à charge, si je puis dire, contre le gouvernement, alors qu'il s'agit là de l'histoire d'un homme, si je puis dire, qui certes a travaillé à l'Elysée, auprès du président de la République, mais je crois qu'il ne faut pas confondre, si je puis dire, les accusations qui sont faites par rapport à l'individu, qui est d'ailleurs dans les mains de la justice, donc laissons faire la justice, et faisons attention de bien séparer les pouvoirs entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif.
PATRICK ROGER
Oui, mais le rapport va quand même assez loin, Jacqueline GOURAULT, il dit d'ailleurs que l'histoire du 1er mai c'était la partie immergée de l'iceberg, qu'il y a beaucoup de dysfonctionnements à l'Elysée, et il met en cause également des collaborateurs, Patrick STRZODA, également Alexis KOHLER, d'avoir plus ou moins menti lors des auditions, tout au cours de cette histoire, c'est grave ça non ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, c'est grave de dire cela, et c'est là où il y a peut-être aussi une limite entre, comment dire, la séparation des pouvoirs, à nouveau, entre l'exécutif et le législatif, et au fond, le président de la République, l'Elysée, s'organise avec les équipes qu'il veut. Alors, alors bien sûr, ce qu'on peut dire, très tranquillement, c'est que sûrement il y a eu une erreur, que certainement on n'a pas jugé qui était vraiment BENALLA…
PATRICK ROGER
On a fait preuve de légèreté à un moment donné quoi ! En plus quand on voit qu'il y a eu des contrats de passés à l'étranger alors qu'il était à l'Elysée, c'est vrai que ça ne fait pas très professionnel, si je peux dire.
JACQUELINE GOURAULT
Certes, mais l'exécutif n'y est pour rien. Voilà.
PATRICK ROGER
Il aurait pu y avoir un contrôle, non ? Il n'y avait peut-être pas suffisamment de transparence et de contrôle, et là les sénateurs ont raison, il faut revoir les choses.
JACQUELINE GOURAULT
Il y a peut-être eu des insuffisances de contrôle, peut-être, voilà.
PATRICK ROGER
En tout cas Emmanuel MACRON parlait d'une tempête dans un verre d'eau, eh bien c'était plus que ça, on n'est pas loin de l'affaire d'Etat quand même !
JACQUELINE GOURAULT
On est dans la dérive personnelle d'un homme qui a sûrement pris la grosse tête, là où il était, il était jeune, il avait sûrement de l'ambition, et puis, après, il a sûrement dérivé, voilà, ça arrive.
PATRICK ROGER
On attend maintenant des réponses factuelles, c'est ce qu'a dit Benjamin GRIVEAUX, donc par rapport à ce rapport aussi des sénateurs.
JACQUELINE GOURAULT
On attend aussi les résultats… il faut que la justice fasse son travail, voilà.
PATRICK ROGER
La lutte contre l'antisémitisme, Emmanuel MACRON était au dîner du CRIF hier soir, il annonce des mesures, une loi contre la haine sur Internet, un audit également sur les établissements scolaires désertés par les personnes de confession juive. Ça ce sont de bonnes mesures ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, ce sont de bonnes mesures. C'est très important, quand on voit tout ce qui peut être déversé sur les réseaux sociaux, il est absolument nécessaire effectivement de faire en sorte qu'il y ait des obligations, enfin d'abord des responsabilités de la plateforme, qui accueille, qui héberge, de l'hébergeur donc, et puis deuxièmement il faut qu'il y ait obligation de retrait des injures qui sont sur Internet, dans un laps de temps qui est à discuter, parce que, évidemment, ce sont des choses qui sont dramatiques. Je lisais, hier, un communiqué qu'ont fait certains de vos confrères de France 3 Grand-Est, et qui racontent qu'ils ont voulu faire un Facebook Live, quand le président de la République est allé à Quatzenheim, là où il y a eu la profanation des tombes, et donc ils voulaient faire une émission et ils ont été obligés d'arrêter…
PATRICK ROGER
Parce qu'il y avait beaucoup de commentaires.
JACQUELINE GOURAULT
Oui, mais des commentaires haineux à un point, « sales Juifs », « Hitler va revenir », enfin j'en passe, voilà, et les modérateurs qui étaient là ont pris la décision d'arrêter de ce Facebook Live tellement c'était haineux. Il y a vraiment, je dirais, là, un sujet…
PATRICK ROGER
Ça c'est vrai Jacqueline GOURAULT, mais internet et les réseaux sociaux, là c'est un outil, l'antisémitisme qui s'est développé depuis quelques années n'est pas dû non plus à Internet.
JACQUELINE GOURAULT
Ah ben non !
PATRICK ROGER
Il est dû quand même à un problème…
JACQUELINE GOURAULT
Non, c'est un outil qui est utilisé par les antisémites…
PATRICK ROGER
Donc il faut quand même aller aux racines du mal si je puis dire. Vous êtes en charge, vous justement, de la cohésion des territoires, dans certains quartiers, on le sait, il y a des rapports alarmants, depuis maintenant 20 ans, de familles qui ont dû quitter des écoles, des quartiers, parce que ils subissaient des insultes, et on n'a pas voulu dénoncer, à l'époque, cette dérive islamiste radicale également, et gauchiste, contre ces personnes de confession juive. C'est là où il faut agir, non ?
JACQUELINE GOURAULT
Bien sûr, il faut agir, mais il faut agir partout…
PATRICK ROGER
Comment ?
JACQUELINE GOURAULT
Parce que l'antisémitisme n'est pas l'apanage d'une catégorie de personnes ou de religion.
PATRICK ROGER
Non, mais on a beaucoup, à un moment donné, fustigé l'extrême droite, ce qui était vrai, il y a eu cet antisémitisme, et puis depuis une vingtaine d'années il y a une autre source.
JACQUELINE GOURAULT
Alors, je suis ministre de la cohésion du territoire, mais j'étais aussi, une partie de ma vie, enseignante, j'étais professeur d'Histoire-géographie, et moi je suis absolument, comment dire, favorable aussi à ce qu'on enseigne, le plus tôt possible, aux enfants, l'Histoire, et je dirais l'Histoire des civilisations. Je suis absolument favorable à cela…
PATRICK ROGER
Mais on le fait ça, c'est dans le programme.
JACQUELINE GOURAULT
On le fait, moins qu'on ne l'a fait à certaines périodes, et on parlait récemment…
PATRICK ROGER
Et dans certains quartiers on évite de le faire, c'est ce que vous voulez dire.
JACQUELINE GOURAULT
Oui, donc il faut le faire sur tous les territoires de la République, parce que la connaissance c'est le chemin de la tolérance, et il faut donc enseigner aux enfants – je dis aux enfants – mais aussi bien à l'école primaire, qu'au collège, qu'au lycée, avec évidemment des formations adaptées à leur âge, mais il faut apporter la connaissance sur les grandes religions, c'est très important.
PATRICK ROGER
Jacqueline GOURAULT, vous recevez aujourd'hui, avec le président Emmanuel MACRON, tous les présidents des conseils départementaux de France, afin de faire le point. Il y aura Gilles SIMEONI, le président, lui, du Conseil exécutif de Corse, qui a décidé de boycotter cette réunion. Qu'est-ce qui se passe avec la Corse ?
JACQUELINE GOURAULT
Ecoutez, je ne sais pas quel est le saut d'humeur de Monsieur SIMEONI, c'est déjà arrivé…
PATRICK ROGER
Il dit qu'il y a une crise à tous les niveaux, avec la Corse.
JACQUELINE GOURAULT
Alors je vais vous dire. Quand nous sommes allés en Corse avec le président de la République, déjà ils avaient refusé de venir à un dîner, un dîner républicain, organisé par le président de la République, donc ce n'est pas la première fois que Monsieur SIMEONI fait, le coup si je puis dire. Deuxièmement, la semaine dernière, ou la semaine d'avant, je ne sais plus très bien, enfin il y a une dizaine de jours au maximum, j'étais avec le ministre d'Etat François de RUGY en réunion, avec Gilles SIMEONI, sur l'histoire de l'énergie en Corse, qui est un sujet très important, parce qu'il y a des problèmes d'approvisionnement énergétique, parce que naturellement Monsieur SIMEONI veut aussi faire évoluer vers l'énergie durable, si je puis dire, et c'est tout à son honneur, mais il y a des sujets très importants qu'il faut traiter. Je parle de l'énergie, je pourrais vous parler des déchets en Corse, je pourrais vous parler de beaucoup d'autres sujets, qui sont des sujets que la préfète, qui est en place, travaille quotidienne avec les élus de Corse. Donc, il n'y a aucun problème, il y a des relations qui sont tout à fait normale entre le gouvernement et…
PATRICK ROGER
Donc vous appelez Gilles SIMEONI à la raison et au dialogue, qu'il revienne dialoguer avec vous ?
JACQUELINE GOURAULT
Oui, mais j'ai même du mal à dire cela puisque, moi je le vois régulièrement, et je n'ai aucun problème de dialogue avec Gilles SIMEONI, donc je ne sais pas ce qui se passe. Alors peut-être que, il a eu des pressions pour ne pas venir, je ne sais pas, mais je ne comprends pas ce qui se passe.
PATRICK ROGER
Il y a un peu un jeu de dupe derrière, peut-être.
JACQUELINE GOURAULT
Voilà.
PATRICK ROGER
Un mot aussi sur le grand débat actuellement, vous allez sans doute l'évoquer avec les présidents des conseils départementaux. Pour certains ministres, visiblement, c'est grand débat grand bazar, parce qu'ils sont obligés de tout bouger dans leur agenda pour aller assister à des réunions publiques. Qu'est-ce que vous leur dites, vous, Jacqueline GOURAULT ?
JACQUELINE GOURAULT
Je dis qu'il ne faut pas exagérer, qu'un agenda ça s'organise, on a beaucoup de travail, c'est vrai que les ministres ont beaucoup de travail, et qu'il faut organiser, hiérarchiser les urgences si je puis dire, mais, voilà. Moi je fais comme tous les autres, je participe à certains débats, j'ai une réunion aujourd'hui à l'Elysée avec l'ensemble des présidents de conseils départementaux, bien sûr c'est un surcroît de travail, je ne vais pas dire le contraire, mais on est comme tout le monde, on s'organise.
PATRICK ROGER
Est-ce que vous allez proposer, pourquoi pas, le 80 km/h (sic) puisque les départements le réclament, certains départements le réclament, ce retour aux 90 km/h ?
JACQUELINE GOURAULT
Je ne sais pas comment vous dire, voyez, par rapport aux sujets dont on vient de parler, ça ne me semble pas le centre, je dirais, majeur, des préoccupations en France. Et je pense que les 80 km/h, je rappelle toujours, le fond, l'objectif c'était de diminuer le nombre de morts en France, et d'ailleurs ça a eu ses effets. Alors après, le président de la République l'a déjà dit, s'il faut discuter sur les tronçons qui doivent être mis en 80 km/h sur les territoires, avec les présidents de conseils départementaux, qui ont, c'est vrai, dans leurs compétences, les routes, je pense que c'est quelque chose qui, effectivement, pourrait se faire.
PATRICK ROGER
Le 90, retour au 90, c'est ce que vous voulez dire ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, ce n'est pas ça exactement, c'est discuter quels sont les tronçons qui doivent être mis à 90, à 80, et pourquoi pas, comme disait le président du Conseil général, départemental pardon, de Loir-et-Cher, et pourquoi pas certains à 70.
PATRICK ROGER
C'est ça. Le mot de la fin Jacqueline GOURAULT avec Cécile de MENIBUS, rapidement.
CECILE DE MENIBUS
Oui. Vous êtes aux antipodes des jeunes loups conquérants de La République en marche, on vous dit, même si parfois on dit que vous avez un petit air autoritaire, vous êtes plutôt rassurante, d'après ce qu'on dit, « une sorte d'adoucissant de la République propice au dialogue. » Vous confirmez ou pas ?
JACQUELINE GOURAULT
Ecoutez, je suis comme je suis, et comme j'ai toujours été, et je crois que c'est important d'être soi-même, et de garder, au fond, ce qui fait votre…
CECILE DE MENIBUS
ADN.
JACQUELINE GOURAULT
Votre ADN, oui… on est fait par son éducation, par les parents, parce ce qu'on a fait, par son métier, je crois que je suis toujours la même.
CECILE DE MENIBUS
Merci. Il y a un invité surprise pour vous.
DANY MAURO IMITE GERARD DEPARDIEU
Salut ma Jacqueline, c'est Gérard DEPARDIEU, toi comme moi on est pareil, j'adore le vin et toi pendant 3 ans, comme vice-présidente du Sénat, t'as collectionné les vieux crus bouchonnée qui sentent la piquette. En plus lundi soir chez toi, à la Chaussée-Saint-Victor dans le Loir-et-Cher, dans une réunion du grand débat national, t'as dit au sujet des propositions : tout cela remontera. Alors voici ma question : face à l'indigestion du grand débat, le père Edouard PHILIPPE il a prévu un sac à vomis pour chaque citoyen ou pas ?
JACQUELINE GOURAULT
C'est vraiment horrible.
GERARD DEPARDIEU
…c'est la nature, est-ce qu'il y a une indigestion du grand débat ou non, les gens ?
JACQUELINE GOURAULT
On a beaucoup pensé à Gérard DEPARDIEU l'autre jour parce qu'on était dans l'Indre, avec le président de la République, et vous savez qu'il est de Châteauroux, et donc voilà. C'est quelqu'un qui, dans ma région, est considéré comme quelqu'un de proximité si je puis dire, et lié aussi à la culture un peu américaine, puisque vous savez qu'il y avait une grande base de l'OTAN à Châteauroux, et nous étions d'ailleurs, avec le président de la République, sur l'aéroport de Déols-Châteauroux qui est l'ancienne base américaine de l'OTAN.
GERARD DEPARDIEU
Il faut faire une statue DEPARDIEU alors.
PATRICK ROGER
Merci, la ministre Jacqueline GOURAULT était l'invitée ce matin de Sud Radio.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 février 2019