Interview de Mme Sibeth Ndiaye, secrétaire d’Etat, porte-parole du Gouvernement, à France Inter le 26 avril 2019, sur les annonces faites par le président de la République lors de sa conférence de presse.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Sibeth Ndiaye - Secrétaire d'Etat, porte-parole du gouvernement

Média : France Inter

Texte intégral

ALI BADDOU
Au lendemain de la Conférence de Presse du Président de la République, l'invitée du « Grand entretien de la matinale », est la secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement. Vos questions dans une dizaine de minutes au 01 45 24 7000, ou sur l'application France Inter. Bonjour Sibeth NDIAYE.

SIBETH NDIAYE
Bonjour Ali BADDOU.

ALI BADDOU
« Rien ne sera comme avant », c'est ce que vous disiez avant la Conférence de Presse. Vous confirmez ça ce matin ?

SIBETH NDIAYE
Oui, je le crois très profondément, après l'intervention qui a été celle du président de la République, où il a à la fois porté la démonstration qu'il avait écouté, qu'il avait compris, qu'il avait appris de la crise que nous avons vécu ces derniers mois, et où il a apporté un certain nombre de réponses, à la fois un cap nouveau, une nouvelle étape pour notre République. Et dans le même temps des mesures concrètes pour illustrer son propos.

ALI BADDOU
On va en parler justement de ces différentes mesures qu'a présentées le président de la République hier. Comment expliquer qu'il faille un changement dans la politique, et en même temps qu'on maintienne le cap ?

SIBETH NDIAYE
Eh bien je crois que c'est parce que tout simplement le constat qui a été le nôtre au moment de la campagne présidentielle, ne se dément pas. Oui, la France a toujours besoin de produire plus, de manière à faire en sorte qu'il y ait du travail pour le maximum de Français. Oui, la France a toujours besoin d'avoir une économie qui soit forte dans la compétition mondiale. Oui il y a toujours en France des gens qui ont besoin d'être protégés face aux aléas et aux grandes transitions auxquelles nous sommes confrontés. Donc le constat reste identique, néanmoins, ce que nous avons entendu dans cette crise des Gilets jaunes, c'est qu'il y a un certain nombre de frustrations, un profond sentiment d'injustice, d'injustice sociale, d'injustice fiscale, d'injustice territoriale, et c'est à ça que le président de la République souhaite apporter une réponse.

ALI BADDOU
Mais quand on l'entendait hier, ce discours du président de la République, on se disait que c'était comme si au bout de 6 mois d'une crise inédite, les Gilets jaunes avaient confirmé le cap annoncé par le candidat MACRON pendant sa campagne.

SIBETH NDIAYE
Mais parce que, ce qu'ont dit les Gilets jaunes au fond, c'est des choses que nous avions déjà entendues au cours de la campagne présidentielle. Cette campagne elle avait débuté pour En Marche, parce qu'on avait appelée « La grande marche ». Nous étions allés à la rencontre des Français, pour les interroger sur ce qui n'allait pas dans leur vie au quotidien.

ALI BADDOU
Et pourtant, et pourtant Sibeth NDIAYE.

SIBETH NDIAYE
Et pourtant.

ALI BADDOU
Et pourtant il y a eu le mouvement des Gilets jaunes, et pourtant il y a eu cette crise. Ce n'est pas la politique a été engagée depuis le début du quinquennat qui en est responsable ?

SIBETH NDIAYE
Non, non je ne le crois pas, je pense que cette politique commence à porter ses fruits, on a créé 500 000 emplois dans les 2 ans qui viennent de s'écouler, ça c'est un élément qui est important, parce que l'emploi finalement c'est ce qui est la première marche pour avoir du pouvoir d'achat. C'est quand on a du travail, quand on en reçoit un salaire chaque mois, que l'on a du pouvoir d'achat. Et donc je crois que cette politique, très profondément, est une politique qui a commencé à porter ses fruits, mais au final, ce que nous ont dit les Gilets jaunes, ce n'est pas un message d'immobilisme, ils ne nous ont pas dit « il faut tout arrêter et ne plus rien faire », ils nous ont dit « Nous ne voyons pas de changement concret ». Et donc maintenant, ce que nous devons faire, c'est faire en sorte que les politiques que nous mettons en place, changent concrètement, tout de suite, maintenant, la vie des gens, et c'est l'objet des annonces qu'a données le président de la République hier.

ALI BADDOU
Il y avait donc, juste avant votre passage dans notre studio, Eric WOERTH, le président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, et il disait en substance que ce qu'avait proposé le président de la République c'était une pâle copie de ce que proposent Les Républicains. Est-ce que la ligne politique générale qui était présentée hier à l'Elysée, c'est une ligne politique de droite, de centre droit ?

SIBETH NDIAYE
Non, je ne le crois pas, je crois que le président de la République a été fidèle à lui-même, fidèle à ce que nous sommes dans cette majorité, une majorité en même temps et de droite et de gauche, une majorité qui a fait le choix de refuser des clivages très anciens, qui n'avaient pas apporté de réponses aux préoccupations de nos concitoyens, et je crois qu'il a été très fidèle à cette volonté, à la fois de faire en sorte que l'on puisse libérer l'économie, faire en sorte que les choses fonctionnent mieux, et en même temps protéger nos concitoyens qui en ont le plus besoin. Je prendrai un exemple : il a cité à de nombreuses reprises dans son discours, la question des femmes qui élèvent seules les enfants, il y a des réponses immédiates…

ALI BADDOU
Et des pensions alimentaires.

SIBETH NDIAYE
Exactement, qui leur ont été apportées. Il y a déjà des choses qui avaient été réalisées depuis le début du quinquennat, je pense que ça c'est une manière de montrer qu'il y a un équilibre dans cette politique, il y a des choix qui sont très clairs et qui engageront désormais le gouvernement.

ALI BADDOU
On peut rappeler d'ailleurs que les Caisses d'allocations familiales pourront désormais faire la chasse aux impayés.

SIBETH NDIAYE
Exactement.

ALI BADDOU
Plusieurs responsables socialistes ont immédiatement réagi en entendant le président de la République, pour dire qu'un dispositif identique avait été mis en place en janvier 2017 par François HOLLANDE.

SIBETH NDIAYE
Ah je veux bien l'entendre, simplement, est-ce que aujourd'hui vous pouvez me désigner une femme qui recherche à recouvrer sa pension alimentaire et qui est satisfaite de ce dispositif ? Moi je ne crois pas.

ALI BADDOU
Il y a aussi la question climatique, la question écologique, qui était posé. En plein état d'urgence climatique il y aura une convention citoyenne composée de 150 Français, tirés au sort, dès le mois de juin. Les ONG disent : un, que ce n'est pas à la hauteur des enjeux, et deux, que ces citoyens tirés au sort, finalement ne pourront que confirmer ce qu'elles disent, elles, depuis des années, avec leur expertise. Vous comprenez leur déception ?

SIBETH NDIAYE
Alors, ça nous le verrons. Moi, ce que je crois profondément, c'est que depuis le début de ce quinquennat, il y a beaucoup de choses qui ont été réalisées en matière d'écologie. Il y a des discussions qui ont été difficiles, et des décisions qui n'ont pas été évidentes à prendre. Quand vous décidez, parce que vous estimez qu'il y a trop d'émissions de gaz à effet de serre, de fermer des centrales à charbon, dans ces centrales à charbon il y a des gens qui travaillent. Donc il faut aller les voir, il faut aller leur expliquer qu'on va mettre fin à leur emploi en 2022, puisque c'est le choix qui a été fait. Ce n'est pas forcément évident. Il faut trouver des solutions, il faut que le territoire puisse rebondir. Ces choix-là, c'est des choix qui ont été des choix difficiles à faire et que nous avons affrontés, parce que nous sommes un gouvernement profondément engagé sur les questions écologiques. Que les associations considèrent que les citoyens diront la même chose, on verra ce que diront nos concitoyens. Moi, ce que je constate, c'est qu'il y a eu une proposition, et c'est d'ailleurs en partie sur ça que le mouvement des Gilets jaunes s'est constitué, de hausse de la taxe carbone. Cette hausse, elle a été refusée, et nous l'avons annulée. Pour autant, les associations étaient très demandeuses d'une hausse de la taxe carbone. Donc il peut y avoir des choses sur lesquelles elles ne sont pas complètement alignées avec nos concitoyens. Et ces assemblées citoyennes, elles ont justement vocation à redonner du pouvoir d'agir et du pouvoir de décider, à nos concitoyens.

ALI BADDOU
Sur la question écologique, malgré tout Sibeth NDIAYE, je parlais d'état d'urgence climatique, et c'est une expression qu'emploient les associations, les ONG. Le temps est encore à la réflexion ? Le temps est encore à la délibération en nommant des citoyens tirés au sort pour déterminer ce qu'il faudrait faire pour éviter le pire, éviter la catastrophe climatique ?

SIBETH NDIAYE
Non, je ne crois pas qu'on est dans cette situation-là. Il y a beaucoup de choses qui ont été faites depuis le début de ce quinquennat. Il y a des décisions courageuses qui ont été prises il y a des mesures concrètes : la prime à la conversion, les chaudières à 1 €, qui ont été prises pour accompagner nos concitoyens dans cette transition écologique, mais il y a manifestement eu des choses qu'on a essayé de faire, je reviens sur la taxe carbone, et qui n'ont pas été acceptées par nos concitoyens. Il est normal qu'on puisse se tourner vers eux et leur demander, au final : comment vous avez envie qu'on accompagne cette transition écologique ? Je voudrais vous citer une annonce qu'a faite le président de la République hier, il a annoncé la mise en place d'un Conseil de défense écologique, un peu sur le modèle du Conseil de défense restreint qui a lieu désormais, compte tenu de l'état de la menace terroriste, avant chaque Conseil des ministres. Pourquoi est-ce que c'est important de faire ce parallèle-là ? Parce que ça montre finalement que le président de la République a décidé, au plus haut niveau, ce qui est le sien, de prendre la mesure de ce qu'était la nécessité de suivre au jour le jour cette urgence climatique et cette urgence de la transition écologique, comme il y a une urgence en matière de terrorisme.

ALI BADDOU
Malgré tout, la comparaison ne tient pas quand on considère qu'en matière de terrorisme le Conseil de défense restreint engage absolument tous les moyens de l'Etat, et on ne délibère pas, on mène l'action avant toute chose pour faire face à l'urgence, en matière écologique c'est probablement différent…

SIBETH NDIAYE
Mais qui vous dit que ça ne sera pas le cas pour le Conseil de défense écologique ?

ALI BADDOU
Eh bien écoutez, c'est vrai, qui vivra verra. Il y avait parmi les mesures annoncées par le président hier, la réindexation des petites retraites sur l'inflation à partir de 2020, la mesure qui doit concerner 11 millions de retraités qui touchent moins de 2 000 € de pension. Est-ce qu'elle est là pour réparer une erreur ?

SIBETH NDIAYE
Oui, je crois que d'ailleurs le président de la République a eu l'occasion de le dire, il a pris conscience au cours de ce Grand débat national, qui je le rappelle a été un moment de contact avec nos concitoyens, un moment de dialogue démocratique assez inédit dans notre histoire démocratique, il a pris conscience du fait qu'il y avait un certain nombre de nos concitoyens, retraités, qui étaient en quelque sorte pris en sandwich, d'un côté qui devaient accompagner leurs propres parents, qui sont aujourd'hui dans la dépendance, de l'autre qui étaient amenés à aider leurs enfants, leurs petits-enfants, et qui se posaient beaucoup de questions sur leur propre avenir ; comment leur propre grand âge serait pris en compte. A ces concitoyens-là, nous avons demandé trop d'efforts, et donc nous le corrigeons.

ALI BADDOU
Eric WOERTH disait que c'était une formation accélérée pour le président de la République, ce Grand débat national, qu'au fond il lui avait servi à prendre conscience de l'état du pays et à comprendre le quotidien et les difficultés des Français.

SIBETH NDIAYE
Si la droite avait conscience de l'état du pays, la droite elle aurait gagné les élections présidentielles dernières. Donc je crois qu'on n'a pas vraiment de leçons à recevoir de monsieur Eric WOERTH, qui a appartenu au gouvernement de Nicolas SARKOZY, qui a massivement augmenté les impôts pour les Français. Donc honnêtement, je crois qu'il n'a pas tellement de leçons à nous donner.

ALI BADDOU
Qu'est-ce que ça veut dire : « L'art d'être Français » ?

SIBETH NDIAYE
« L'art d'être Français », je pense que c'est important de se poser la question. Pour moi qui suis une immigrée, qui ai fait le choix de devenir Française, c'est important de se poser la question de ce qui, au final, fait qu'on a envie d'être Français, de la communauté de valeurs que l'on partage, et je crois qu'à travers ce que le président de la République a employé comme expression, « L'art d'être Français », il y a au fond ce qui fonde notre volonté d'être de ce pays, de lui appartenir et de l'aimer.

ALI BADDOU
Ça veut dire que ça ne suffit pas, ce n'est pas une question juridique, ce n'est pas une question de droit, la question d'être Français ?

SIBETH NDIAYE
Ah non, pas du tout. Etre Français ce n'est pas ça, c'est bien plus que ça. Moi, le jour où j'ai été naturalisée, je n'ai pas fait venir ma famille, parce que je considérais que c'était une forme de formalité. Et le moment où je me suis vraiment sentie Française, c'est le moment où j'ai vu autour de moi cette vieille dame Algérienne qui avait 81ans et qui accédait à la nationalité française, ce réfugié Congolais qui avait été poursuivi dans son pays, et là je me suis dit : en fait je partage une communauté de destin avec eux. Ensemble on a quelque chose à faire. On n'a pas les mêmes accents, il y en a qui bafouillent pour apprendre, pour chanter la Marseillaise, mais si on est là, c'est parce qu'on a envie d'y être, ensemble.

ALI BADDOU
Ça fait quelques années que vous avez la nationalité française…

SIBETH NDIAYE
Depuis 2016.

ALI BADDOU
Depuis 2016. Est-ce que ce qui était possible en 2016 le sera encore par exemple en 2020, quand on entendait le président de la République tenir un discours de grande fermeté en matière d'immigration, quand il parlait de la refonte nécessaire de l'espace Schengen et d'un débat sur l'immigration qu'il faudrait tenir chaque année au Parlement ? Vous n'entendiez pas quelque chose comme des mots qu'aurait pu prononcer Nicolas SARKOZY ?

SIBETH NDIAYE
Non, pas du tout, j'entends des mots qui reflètent l'équilibre qui a toujours été le nôtre dans la politique migratoire et d'asile. Le président de la République et ce gouvernement, nous sommes profondément convaincus que la France s'honore à accueillir des réfugiés. Mais la France ne peut pas accueillir tous ceux qui souhaitent immigrer, et donc nous devons avoir des règles, et ces règles elles sont y compris importantes. Moi j'ai des souvenirs, j'ai longtemps habité en Seine-Saint-Denis, et donc j'ai longtemps eu mes cartes de séjour en Seine-Saint-Denis, j'ai un souvenir assez dur de ce que c'est que de faire la queue sur le parvis de Bobigny, cette fameuse préfecture de police…

ALI BADDOU
Devant la préfecture, oui.

SIBETH NDIAYE
... préfecture à Bobigny. Je sais ce que c'est l'humiliation de venir et qu'on vous dise à la fin de la queue « Eh bien aujourd'hui il n'y aura plus de ticket ». En fait, cette manière de faire ce n'est pas une bonne manière de faire pour les immigrés. Moi je préfère qu'on me dise vite, ça sera possible ou ça ne sera pas possible, et qu'on ne me laisse pas lambiner. Et donc la politique pour laquelle nous avons fait un choix, c'est de dire, en fait : il faut que ceux qui demandent l'asile, ceux qui demandent à venir en France, soit fixés rapidement. Ça c'est de l'humanité.

ALI BADDOU
Vous disiez, Sibeth NDIAYE, que la France s'honorait à cueillir des réfugiés, mercredi Anne HIDALGO a accueilli les représentants de 12 villes françaises à Paris, pour lancer un appel à une meilleure prise en charge des réfugiés par l'Etat, et ces représentants de grandes villes françaises s'indignaient de la situation humanitaire qui ne cesse de se dégrader. Ils parlaient d'un déni de réalité de l'Etat. Vous comprenez leur indignation ?

SIBETH NDIAYE
Bien sûr je comprends leur indignation, et en même temps je leur dis que beaucoup de choses ont été réalisées, beaucoup de logements ont été débloqués pour accueillir ces réfugiés, d'ailleurs parfois d'autres formations politiques, d'autres élus nous le reprochent, en disant : « Vous faites trop pour les immigrés, pour les réfugiés, et pas assez pour les vrais Français ». Je mets beaucoup de guillemets autour de ça. Et donc oui, c'est des politiques qui sont difficiles à mener, il y a aujourd'hui, le monde est confronté à des mouvements migratoires qui ne vont cesser de s'amplifier, à cause de l'urgence climatique, à cause des guerres qui existent dans le monde, à cause de l'instabilité qui existe dans un certain nombre de pays, et donc nous devons faire face à cet afflux, nous devons accueillir les gens dignement. Les accueillir dignement, c'est leur donner aussi des réponses rapides.

ALI BADDOU
Hier, le président de la République tirait les conclusions du Grand débat national et d'une crise qui donc a duré plusieurs mois, et pourtant il a abordé des thèmes dont on se demande quelles étaient leurs relations avec la crise des Gilets jaunes, quand il a parlé d'islam politique par exemple et qu'il fallait être intraitable avec ceux qui veulent faire sécession avec notre République. Qu'est-ce qu'il fallait entendre, lui qui n'avait pas l'habitude de parler de ces thèmes-là, de cette manière-là ?

SIBETH NDIAYE
D'abord, je crois que quand le président de la République s'adresse aux Français à travers cette Conférence de Presse, il s'adresse à tous les Français, il s'adresse à la fois à ceux qui ont été Gilets jaunes, qui ont été sur les ronds-points, qui ont eu un engagement sincère, qui ont eu lieu une protestation sincère, et puis il s'adresse à l'ensemble des Français. Et il est évident que parmi les préoccupations de nos concitoyens, il y a des préoccupations qui sont liées au fait migratoire, des interrogations, et il est normal que le président de la République, c'est son rôle, réponde à ces interrogations qui sont des interrogations sous-jacentes, et qui traversent notre société.

ALI BADDOU
Ce n'était pas une manière d'intervenir dans la campagne des Européennes, pour essayer de rivaliser ou de concurrencer des listes de droite, dont on dit par exemple, celle des Républicains, qu'elle est en pleine dynamique ?

SIBETH NDIAYE
Eh bien écoutez, je ne sais pas si la liste des Républicains est en pleine dynamique, il ne m'appartient pas de commenter des sondages, parce que d'abord je ne suis pas très bonne à ça, donc…

ALI BADDOU
Non ?

SIBETH NDIAYE
Je pense que ce qui est important c'est de voir ce qui se passe exactement sur le terrain. Le président de la République, il a vocation à parler de tous les sujets qui préoccupent nos compatriotes. Donc il n'y a aucune raison qu'il y ait un certain nombre de sujets sur lesquels il ne s'exprime pas. Je ne crois pas qu'il faille y voir une tentative de récupération électorale, simplement, ce qu'est le rôle d'un président de la République, de parler des préoccupations de tous ses concitoyens.

ALI BADDOU
Avant de filer au standard pour les questions des auditeurs, vous qui êtes une spécialiste de la communication politique, est ce qu'il fallait justement que le président de la République fasse un mea culpa, qu'il parle des phrases qui ont blessé, je pense à celles sur les premiers de cordée, par exemple, à cette phrase sur « traverser la rue pour trouver un boulot », c'était nécessaire ?

SIBETH NDIAYE
Je pense que ce qui est toujours important, et ce n'est pas la communicante qui vous parle, mais c'est l'être humain qui vous parle, qui vous dit : finalement, c'est toujours important de reconnaître ses erreurs quand il y en a eu. C'est important d'apparaître dans sa vérité, et je pense que ce qui est une des forces du président de la République c'est justement d'apparaître dans sa vérité, et donc de dire les choses telles qu'il pense, avec toujours beaucoup de sincérité, et d'ailleurs je crois qu'on lui reconnaît le fait de ne pas être un homme politique qui pratique la langue de bois. Cette pratique-là, cette franchise-là, ça peut vous conduire à dire des mots qui peuvent être blessants pour d'autres, et donc il faut savoir s'en excuser, et je pense que c'est très naturel et c'est très humain.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 avril 2019