Texte intégral
FRANÇOIS GUEROULT
Bonjour François de RUGY.
FRANÇOIS DE RUGY
Bonjour.
FRANÇOIS GUEROULT
Merci d'être en direct avec nous ce matin, vous venez tout à l'heure au Zoo de Beauval, c'est dans le cadre d'un groupe de travail que vous avez lancé hier sur le bien-être animal et la faune captive, c'est-à-dire une réflexion sur les animaux qui vivent dans les cirques, les zoos, les delphinariums. Alors à quoi va servir ce groupe de travail ?
FRANÇOIS DE RUGY
Ce groupe de travail va essayer de chercher des solutions partagées, en tout cas les uns et les autres pourront exprimer leurs points de vue et faire des propositions pour améliorer le bien-être animal, à la fois donc dans les zoos, où il y a des situations très diverses, j'irai moi-même me rendre compte par moi-même donc au Zoo de Beauval qui est plutôt un zoo cité en exemple. Mais il y a un problème des delphinariums où là c'est plus compliqué, est-ce que les dauphins peuvent réellement vivre dans de bonnes conditions dans des bassins ? Il y en a trois en France et il y a aussi la question des cirques. Là aussi les animaux de cirque, dans quelles conditions peut-on faire vivre et en quelque sorte exploiter des animaux dans des cirques aujourd'hui ? Voilà les questions qui sont posées et je souhaitais que les uns et les autres qui n'ont pas tous évidement les mêmes points de vue entre les associations qui défendent le bien-être animal et des professionnels, discutent ensemble et que d'ici le mois de juillet, ils puissent faire des propositions.
FRANÇOIS GUEROULT
Vous parlez des cirques, on sait que c'est une question sensible, certains députés, notamment ici à Orléans la députée LREM, Caroline JANVIER, sont favorables à l'interdiction des animaux vivants dans les cirques, quel est votre point de vue ?
FRANÇOIS DE RUGY
Oui plusieurs pays européens s'engagent dans cette voie et alors n'ont pas forcément la même tradition de cirque qu'en France d'ailleurs. En France certains cirques commencent maintenant à proposer des spectacles sans animaux sauvages, il peut y avoir des chevaux, mais ce ne sont pas des animaux sauvages qui sont gardés en captivité comme les lions, les tigres, voire les éléphants ou l'hippopotame. Je crois qu'aujourd'hui il y a une sensibilité des Français qui est beaucoup plus forte qu'hier, moi je partage cette sensibilité au bien-être animal. Je considère que le bien-être animal en quelque sorte, c'est une responsabilité humaine. Nous autres êtres humains, nous avons la responsabilité vis-à-vis des animaux que nous gardons en captivité.
FRANÇOIS GUEROULT
Mais pour l'instant la décision n'est pas prise.
FRANÇOIS DE RUGY
Non.
FRANÇOIS GUEROULT
Vous allez donc rencontrer tout à l'heure, Rodolphe DELORD, le directeur du Zoo Parc de Beauval, il se trouve qu'en début d'année il vous a exclu pour dénoncer la pratique de la chasse des oiseaux à la glu, une méthode qui selon lui inflige des souffrances inutiles aux oiseaux. Alors cette chasse des oiseaux à la glu, elle est autorisée dans 5 départements du Sud de la France par un arrêté ministériel qui est assez ancien, mais qui vient d'être confirmé par le Conseil d'Etat. Alors avez-vous répondu à Rodolphe DELORD et comptez-vous agir dans ce dossier ?
FRANÇOIS DE RUGY
Oui, j'ai agi lorsque j'ai été nommé, dès l'automne dernier pour réduire les quotas de prélèvements d'oiseaux dans le cadre de cette pratique ancestrale qu'est la chasse à la glu, qui en effet choque beaucoup de Français parce que d'abord ce sont des vieilles pratiques qui ne sont plus très connues et lorsqu'elles sont connues, on se dit, mais quelle est donc cette possibilité de piéger des oiseaux à la glu sachant que les chasseurs qui pratiquent cela disent que c'est pour attraper les oiseaux vivants, donc ce n'est pas pour faire de la chasse comme la chasse classique aux armes à feu. Donc je n'ai pas le mandat en quelque sorte pour interdire cette chasse, mais moi je souhaite que sur l'ensemble de ces pratiques les fédérations de chasseurs prennent des engagements progressivement pour réduire ces pratiques. Il y a des gens qui veulent interdire purement et simplement toutes les chasses ou qui veulent restreindre la chasse en ayant des jours sans chasse, je peux comprendre cela, peut-être qu'il y a une majorité de Français aujourd'hui, si on faisait un référendum sur la chasse, peut-être qu'on aurait une majorité pour interdire purement et simplement la chasse. Et en même temps c'est une pratique ancienne en France qui réunit, toutes les pratiques de chasse réunissent un peu plus d'un million de personnes en France. Donc il faut savoir trouver là aussi des équilibres, mon principal objectif, c'est la protection de la biodiversité, c'est la protection des espèces menacées et pour cela nous prenons des mesures y compris d'interdiction de chasse de certaines espèces.
FRANÇOIS GUEROULT
La protection de la biodiversité justement, François de RUGY, on sait que vous avez lutté contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes à Nantes, il y a ici dans le Loiret un projet que les écologistes comparent beaucoup à ce combat de Notre-Dame-des-Landes, il s'agit de la déviation de Jargeau, avec un nouveau pont qui serait construit sur la Loire en zone Natura 2000, le département va y consacrer 94 millions d'euros. Que dites-vous au département du Loiret à ce sujet ?
FRANÇOIS DE RUGY
D'abord je rappelle que c'est une route départementale, donc ce n'est pas un projet de l'Etat, contrairement au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui à l'époque était un projet de l'Etat. Donc il est normal que les collectivités locales aient des projets et ensuite ces projets sont débattus localement…
FRANÇOIS GUEROULT
Et c'est un projet quand même où l'Etat a donné son avis, via le préfet, puisque le préfet a donné la déclaration d'utilité publique.
FRANÇOIS DE RUGY
Oui, mais après nous nous respectons les règles et donc ce projet, comme d'autres projets, il doit respecter les règles en vigueur quant à la protection justement des espaces naturels, quant à l'impact environnemental. Il y a encore des recours et donc évidemment c'est de ce point de vue-là que l'on saura définitivement si ce projet reste pérenne. Il y a eu un accord donc du BRGM, qui est une institution de l'Etat, spécialisée justement dans l'impact environnemental notamment du point de vue géologique, et donc cela pourra être intégré dans les décisions de justice administratives, qui seront prises dans les mois qui viennent. L'Etat n'est pas la cour d'empêcher les collectivités locales d'avoir des projets, l'Etat est là pour faire respecter les règles, quant aux projets, qu'ils soient privés ou publics, qu'ils soient portés par les entreprises ou des collectivités locales.
FRANÇOIS GUEROULT
Un dernier mot, François de RUGY, c'est ce soir à 18h00 que le président de la République Emmanuel MACRON va annoncer les mesures en réponse au grand débat national. Faut-il s'attendre à des écarts par rapport aux annonces qui ont déjà fuité dans la presse la semaine dernière ?
FRANÇOIS DE RUGY
Nous n'allons pas commenter un discours qui n'a pas été tenu. Ce que je crois, c'est que les Français qui ont été nombreux à participer au grand débat, notre pays a été secoué par ce qu'on a appelé la crise des gilets jaunes, en novembre, décembre dernier, donc il est tout à fait normal qu'après de ce grand débat qui a permis à la fois d'avoir de l'apaisement mais aussi d'avoir une expression des Français sur beaucoup de sujets, eh bien il est normal que le président de la République réponde en tant que chef de l'Etat et qu'ensuite il demande au gouvernement de mettre en oeuvre un certain nombre de mesures dans des mois qui viennent et dans les 3 ans de mandat qui nous restent et que nous comptons bien mettre à profit pour être extrêmement actifs et pour continuer un certain nombre de transformations engagées, et des nouvelles transformations, issues justement de ce grand débat.
FRANÇOIS GUEROULT
Merci beaucoup François de RUGY d'avoir été avec nous ce matin.
FRANÇOIS DE RUGY
Merci.
FRANÇOIS GUEROULT
On rappelle donc votre déplacement, ce sera tout à l'heure au Zoo Parc de Beauval.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 avril 2019