Interview de M. Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement, à Public Sénat le 29 mars 2019, sur l'imminence du remaniement ministériel, les respect des processus de délibération des institutions et le contrôle parlementaire.

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Intervenant(s) : 
  • Marc Fesneau - Ministre chargé des relations avec le Parlement

Média : Public Sénat

Texte intégral

CYRIL VIGUIER
Et l'invité politique en direct ce matin sur ce plateau, c'est le ministre chargé des Relations avec le Parlement. Bonjour Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Merci d'être avec nous. Pour vous co-interviewer avec moi ce matin Fabrice VEYSSET-REDON du groupe EBRA qui représente dans Le Progrès de Lyon sur ce plateau ce matin, merci Fabrice. Et Marcelo WESFREID du Figaro pour Public Sénat.

MARCELO WESFREID
Bonjour.

CYRIL VIGUIER
Bonjour Marcelo, merci d'être là. Je reçois ce matin ministre des Relations avec le Parlement, mais aussi peut-être le futur porte-parole du gouvernement, ça vous intéresserait ou pas comme une poste ?

MARC FESNEAU
Ça ne se pose honnêtement pas comme ça, quand on essaie d'être au service de son pays la question n'est pas de savoir ce qu'on veut la question, la seule question c'est de savoir où on sera utile. Les périodes de remaniement sont des périodes toujours intéressantes pour le monde politique et pour les journalistes, parce que c'est des périodes où on peut faire des paris. Moi j'invite dans ces périodes-là à plutôt rester dans le silence, parce que je ne suis pas sûr que ça intéresse vraiment les citoyens à vrai dire. Deux, les choses se font en bonne ordre généralement, donc…

CYRIL VIGUIER
En bon ordre, ça veut dire au tout dernier moment par un coup de fil dans les 20 dernières secondes ?

MARC FESNEAU
Ah non, non, non, en tout cas pour ce qui s'est passé pour moi au mois d'octobre, ce n'est pas comme ça que ça se passe. Mais ils se font dans le bon ordre au sens qu'il n'y a pas besoin d'être à une pression particulière. Il faut que le Premier ministre et le président de la République puissent changer…

CYRIL VIGUIER
Pour ce soir, pour ce soir ?

MARC FESNEAU
En tout cas, on est dans ce calendrier-là, ce soir ou demain, après on a des échéances lundi puisque nous avons un Conseil des ministres. Mais enfin en même temps, il y a un ministre des Affaires étrangères chargé aussi des Affaires européennes… enfin les choses peuvent aussi tourner quelques jours sans que ce soit non plus un drame. Je trouve que souvent les uns et les autres, je ne dis pas seulement les médias, les médias et parfois le monde politique est assez ridicule dans ces périodes de remaniement, on croirait qu'on est dans une phase très éruptive est très importante de la vie politique. C'est une période toujours qui s'ouvre, mais enfin ce n'est pas une période déterminante et je le répète, je ne suis pas sûr que ce soit ce soit ce qui passionne.

MARCELO WESFREID
Il y a quand même un fait, c'est que c'est le 10ème ministre qui part depuis le début du quinquennat : FERRAND, GOULARD, SARNEZ, BAYROU, HULOT, FLESSEL, etc., je pourrais continuer la liste. Ça c'est quand même inédit par rapport au quinquennat précédent, qu'est-ce qui se passe ?

MARC FESNEAU
C'est pour des motifs de nature différente, vous avez cité un certain nombre pour… de ministres qui sont partis pour des raisons de nature différente. Il ne se passe rien de particulier parce qu'il n'y a pas de corrélation entre ces départs. Après c'est la vie publique, un certain nombre de ceux qui sont partis partent aussi parce qu'ils ont décidé de vivre des aventures municipales. Reconnaissons que c'est une forme de jurisprudence qui s'est installée en disant : quand on est candidat notamment dans une grande ville, il faut qu'on puisse se consacrer pleinement. Je pense que c'est une exigence aussi des citoyens que portent finalement les ministres, donc on aurait pu aussi imaginer il y a 10 ou 15 ans quand vous étiez candidat sur une liste fut-elle européenne, vous restiez ministre ; aujourd'hui vous êtes les uns et les autres – et peut-être à raison – à dire « ce n'est pas tout à fait normal qu'on soit à la fois ministre, en charge d'un dossier et en même temps candidat », bon voilà ! On en tire aussi des conclusions. Il y a 10 ans ces départs-là n'auraient pas eu lieu, mais ce n'est pas la volonté du gouvernement, je pense que c'est une volonté collective que de dire : après tout quand on est candidat, on se consacre complètement à sa mission de candidat.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
L'un de vos principaux interlocuteurs, le président du Sénat Gérard LARCHER, s'est exprimé cette semaine sur ces départs ministériels. Lui, il traduit ça par une forme de solitude pour Emmanuel MACRON.

MARC FESNEAU
Moi je ne partage pas le sentiment du président du Sénat, ça peut arriver et ce n'est pas un drame. Je ne crois pas que ce soit une question de solitude, des gens qui décident de partir pour les 3 que vous venez de citer ou qui partent parce qu'ils sont candidats sur des échéances électorales, donc ce n'est pas une question de solitude. Il me semble que c'est la vie publique, c'est la vie publique normale et je n'ai pas de commentaire supplémentaire à en faire me semble-t-il d'ailleurs, tirer des conclusions…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Sur les nominations à venir, est-ce que vous pensez que les centristes – vous êtes un centriste presque historique maintenant puisque les autres…

MARC FESNEAU
Ça commence à me vieillir, si vous commencez à dire que je suis un centriste historique…
(…) Brouhaha

MARC FESNEAU
Terrible.

CYRIL VIGUIER
De l'ancien monde ?

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Est-ce qu'ils peuvent peser plus lourd dans ce nouveau gouvernement ?

MARC FESNEAU
Mais moi, je n'ai jamais dit et je l'ai dit d'ailleurs précédemment, donc je ne suis pas en veine de répéter la même chose, que c'est une question simplement de poids politique ou de poids de parti politique…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Ce n'est pas important pour vous le fait que les centristes soient bien représentés dans ce gouvernement…

MARC FESNEAU
C'est important… d'abord quand vous dites ça, vous faites un plaidoyer pro domo, donc ce n'est pas très crédible si je peux dire, parce que tout le monde arrive et vient devant les micros dire : il faut que la famille politique je suis soit mieux représentée…

CYRIL VIGUIER
C'est un message.

MARC FESNEAU
Pourquoi dit-il ça, y a-t-il un message subliminal ? Donc ce n'est pas la question. 2) je pense que ce sont des équipes et puis ce sont aussi des compétences qu'il faut répartir. Il y a une majorité à l'Assemblée nationale, elle est sur ces 2 pôles que sont le MoDem et le groupe la République en marche ; et puis des députés du groupe Agir aussi qui sont dans leur majorité, donc c'est là-dessus qu'il faut essayer de travailler. Après, les équilibres politiques ne se ne pèsent pas uniquement au poids, aux responsabilités des ministres dans le gouvernement, même si ça peut avoir son importance. Et de toute façon ça l'a, puisque vous en fait cette lecture-là.

MARCELO WESFREID
Alors autre lecture sur les 3 départs, on a un départ qui est lié à la campagne des européennes, c'est Nathalie LOISEAU ; et 2 départs liés aux municipales : MAHJOUBI et Benjamin GRIVEAUX. Est-ce qu'on ne brouille pas les messages, on est en pleine campagne des européennes et on lance un mouvement sur les municipales ?

MARC FESNEAU
Chacun est dans son timing, la ville de Paris mérite peut-être qu'on prenne le temps de se lancer dans une campagne qui est une campagne assez longue. On est à moins d'un an de ces échéances municipales, Paris est une ville qui nécessite sans doute un engagement assez précoce. Je ne crois pas…

CYRIL VIGUIER
Vous soutenez le porte-parole du gouvernement qui quitte le gouvernement pour aller…

MARC FESNEAU
Oui mais enfin que le porte-parole… que Benjamin GRIVEAUX ait fait le choix de se consacrer à Paris et aux municipales, on aurait pu dire aussi : il est porte-parole et par ailleurs il continue à mener une campagne municipale, il brouille le message du gouvernement. Donc vous voyez, on peut prendre les choses dans tous les sens, ça ne va jamais, donc ça ne brouillera pas le message européen, je ne suis pas sûr que la campagne européenne va très rapidement être parasitée si je peux dire par l'idée que de 2 anciens ministres ou secrétaires d'Etat seraient partis en campagne. C'est légitime que Benjamin GRIVEAUX ou que Mounir MAHJOUBI aient envie de vivre leur vie municipale et d'aller aux échéances municipales.

MARCELO WESFREID
Il y a un 3ème message parallèle, c'est le grand débat qui continue et aujourd'hui, le président de la République reçoit à l'Elysée les élus des Hauts-de-France. Et parmi ces élus, il y aura le président de la région de Xavier BERTRAND qui a fait aujourd'hui une interview dans Le Figaro, dans lequel il pose la question : qui dirige la France ? Et sa réponse c'est la technostructure, sous-entendu le pouvoir politique aujourd'hui a laissé tomber les choses. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette lecture des choses ?

MARC FESNEAU
D'abord c'est toujours une lecture… je connais un peu Xavier BERTRAND, assez peu mais c'est toujours une facilité – quand on cherche des boucs émissaires – de dire « c'est la faute de la technostructure » ou « c'est la faute des médias » ou c'est la faute… moi je ne…

CYRIL VIGUIER
C'est du populisme ?

MARC FESNEAU
Non mais c'est une facilité je trouve, le populisme c'est un peu plus excessif que ça quand même. C'est une facilité de langage parce qu'à force de chercher des boucs émissaires, on en trouve évidemment et la technostructure est un bouc émissaire facile parce que c'est un bouc-émissaire sans visage. Donc on peut dire « c'est la technostructure », on ne sait pas qui est la technostructure…

INTERVENANT
Les hauts fonctionnaires, l'administration de Bercy…

MARC FESNEAU
Oui mais Bercy, quelle est cette boite, donnez-moi un nom et un numéro de téléphone de la technostructure…

CYRIL VIGUIER
Il y en a beaucoup, il y a beaucoup de noms…

MARC FESNEAU
Non mais c'est pour ça. C'est un être qui n'existe pas la technostructure. Et par ailleurs la responsabilité du politique, il y a besoin de gens qui soient des spécialistes d'un certain nombre de ces sujets, c'est ce qu'on appelle la technostructure. Il y a besoin par ailleurs d'élus et de politiques qui se saisissent des questions et qui aient une lecture politique des dossiers, il y a besoin des 2, ce n'est pas l'un sans l'autre. Et souvent quand on est… je ne dis pas que c'est ce que dit d'ailleurs Xavier BERTRAND, mais quand on est à taper sur la technostructure, c'est que le politique ne prend pas ses responsabilités ou se défausse de ses responsabilités en disant « ce n'est pas moi, c'est Bruxelles », « ce n'est pas moi, c'est Bercy », donc que les politiques prennent leurs responsabilités, c'est ce que nous on au gouvernement d'ailleurs et tout ira bien dans le meilleur des mondes. Mais ne cherchons pas des boucs émissaires un peu faciles, il y a d'ailleurs parfois aussi de la technostructure locale, disons les choses comme elles sont, c'est assez… mais moi j'ai été élu local, j'ai été président d'un EPC, d'une communauté de communes, oui ! Il faut toujours résister à ceux qui vous disent « ce n'est pas possible parce qu'on a toujours fait comme ça », ok ! Mais ce n'est pas un acte d'héroïsme.

MARCELO WESFREID
Vous avez vu sa proposition, il propose de supprimer Xavier BERTRAND l'ENA, très concret, vous êtes pour ou contre ?

MARC FESNEAU
Oui, c'est un acte symbolique…

CYRIL VIGUIER
Qu'a dirigé Nathalie LOISEAU, la ministre des Affaires européennes !

MARC FESNEAU
Très bien, c'est d'ailleurs une proposition… je ne veux pas rendre à César ce qui est à César, mais enfin quand même, qui avait été faite par François BAYROU me semble-t-il en 2007, vous voyez comme c'est une idée nouvelle…

MARCELO WESFREID
Vous la soutenez !

MARC FESNEAU
Non mais vous voyez comme c'est une idée nouvelle, donc je…

CYRIL VIGUIER
Donc elle vous plaît…

MARC FESNEAU
Attendez ! Laissez-moi finir, quand on ne sait pas ce qu'on doit faire, on dit « on va supprimer l'ENA », mais vous savez qu'il y a d'autres produits de la technostructure, il n'y a pas que l'ENA qui produit ce qu'on appelle entre guillemets les élites françaises, on va supprimer tous ces gens-là. Donc la question... je veux bien…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Ce n'est pas de supprimer les gens…

MARC FESNEAU
J'entends bien… je veux bien et j'entends bien le symbole, est-ce que ça résout le problème ? Il y aura toujours des gens dans des bureaux et c'est normal et c'est bien qui diront : voilà ce qui devrait être fait, voilà les contingences des décisions que nous devons prendre, si ce n'est pas l'ENA ce sera vite remplacé par autre chose, la nature ayant horreur du vide. Et je vous répète, je ne veux dénoncer personne comme élite, mais il y a des tas de gens qui ne sont pas énarques et qui sont dans la technostructure. Donc là aussi une espèce de facilité, mais peut-être que c'est un sujet qu'il faut mettre sur la table, mais je veux dire est-ce qu'on résout les… franchement ceux qui nous écoutent ce matin, est-ce qu'ils pensent avec crédit que si nous supprimions l'ENA, nous pourrions résoudre l'ensemble des problèmes français…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous-même dans votre cabinet…

MARC FESNEAU
Soyons sérieux quoi.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Vous-même dans votre cabinet, vous avez des énarques ?

MARC FESNEAU
Aucun.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est l'école BAYROU ça !

MARC FESNEAU
Ce n'est pas l'école BAYROU, il pourrait y avoir des énarques et je m'entendrai très bien avec des énarques. J'ai déjà croisé des énarques et j'ai réussi à travailler, je n'ai pas été dominé par eux je ne les ai pas écrasés, enfin je veux dire c'est assez amusant cette caricature… pas que vous faites, vous mais de dire « ou on a des énarques on n'en a pas », on peut avoir et des énarques et des pas énarques, je suis je suis assez friand de la diversité et de la diversité des profils aussi.

CYRIL VIGUIER
On a reçu cette semaine Christian JACOB à votre place exactement, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale. Il s'en est pris à vous, enfin à l'exécutif pardon…

MARC FESNEAU
Ce n'est pas très nouveau !

CYRIL VIGUIER
Non, il parle de dérive institutionnelle, on va l'écouter et puis on voit votre réaction à ça.

(…)

CYRIL VIGUIER
Que répondez-vous à Christian JACOB ?

MARC FESNEAU
D'abord que Christian JACOB connaît les institutions sans doute mieux que moi ou théoriquement mieux que moi, puisqu'il est depuis plus longtemps dans ces institutions. Un certain nombre de choses qu'il décrit, ce n'est pas des prérogatives du gouvernement, c'est une des prérogatives de l'Assemblée nationale. Je rappelle que les commissions d'enquête, c'est de l'initiative parlementaires et jusqu'à nouvel ordre le Parlement, ça n'est pas le gouvernement. C'est juste pour rappeler quand même de 2-3 choses pour qu'on ait un peu l'esprit clair. 2ème chose, il faut qu'on accepte… alors parfois Christian JACOB peut avoir des propos excessifs, il n'y a pas de dérive institutionnelle, on peut aussi avoir des débats et on peut avoir des controverses avec tel ou tel ou avec telle ou telle institution sans qu'il y ait de dérive institutionnelle. Reconnaissons aussi que parfois, le Sénat n'a pas été exempt y compris de reproches, on aurait pu dire que c'était une dérive institutionnelle. On peut s'interroger par exemple sur le fait qu'en quoi, le Sénat a donné quasiment des ordres un peu comminatoires au service du Premier ministre ou au Premier ministre et au président de la République sur l'organisation de ces services. Que dirait-on si je revenais sur le plateau ce matin et je disais : moi je trouve que les services du président de l'Assemblée nationale ou du président du Sénat ne sont pas comme ils devraient être, donc je leur demande de les réorganiser.

MARCELO WESFREID
…La mission de contrôle du Parlement.

MARC FESNEAU
Vous entendez bien ce que je dis, je suis très vigilant à défendre la mission de contrôle et d'évaluation, non pas parce que j'ai été parlementaire mais parce que je pense que les missions de contrôle sont des missions essentielles, d'ailleurs assez peu… trop peu développées et elles ne doivent pas être développées que sur des sujets comme ceux-là…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est ce que dénonce Christian JACOB, clairement l'Assemblée nationale ne fait pas le sien.

MARC FESNEAU
Mais que l'Assemblée nationale et le Sénat se saisissent des questions qu'ils veulent et qu'ils entendent, c'est leur choix démocratique de le faire ou de ne pas le faire. Enfin je veux dire Christian JACOB, s'il veut respecter les institutions, il faut respecter les processus de délibération des institutions. Que le Sénat puisse se saisir de questions de contrôle et d'évaluation, je n'ai pas de problème, mais quand on commence à dire ; voilà comment doivent être organisés les services de tel ou tel organe de l'exécutif, je ne dis pas qu'il y a une dérive mais il y a quelque chose qui est un peu déroutant de la façon et de la lecture des institutions.

MARCELO WESFREID
Et vous avez vu que ce matin, le président de l'Assemblée nationale Richard FERRAND va à Créteil faire une conférence devant des étudiants de droit. Il devait y aller avec le président LARCHER, le président du Sénat, il y va seul, c'est-à-dire qu'il continue à bouder. Est-ce…

MARC FESNEAU
Mais ce n'est pas une bouderie…

MARCELO WESFREID
Est-ce que les 2 assemblées peuvent se permettre de ne plus se parler ?

MARC FESNEAU
D'abord il n'y a pas de bouderie///

MARCELO WESFREID
Richard FERRAND…

CYRIL VIGUIER
Répondez…

MARC FESNEAU
Richard FERRAND et Gérard LARCHER continuent de se parler, nous parlons avec Gérard LARCHER, enfin je veux dire il faut arrêter de monter en épingle des choses qui ne le sont pas. Après, on peut aussi…

CYRIL VIGUIER
Inaudible.

MARC FESNEAU
Attendez ! Après, après on peut ne pas être en accord, on a le droit de ne pas être en accord, même avec le Sénat, il n'y a pas de vaches sacrées dans la République parce que si on dit que l'Elysée, Matignon ne sont pas des vaches sacrées, personne n'est une vache sacrée, donc on a le droit aussi d'avoir des controverses. On peut aussi avoir des moments qui sont plus éruptifs, mais en même temps je connais bien Richard FERRAND, je connais le président LARCHER et je sais qu'ils sont tous les 2 avec le souci qu'on fasse avancer les choses. On est dans une période de crise qui est assez lourde, dans une période de crise dont il faut qu'on essaie de sortir collectivement, quelles que soient nos différences politiques, sans instrumentaliser les uns et les autres, sans nouer des querelles inutiles. Il n'est pas inutile qu'on puisse dire à un moment ou que les uns et les autres… je crois le sens de la parole de Richard FERRAND que de dire : écoutez ! A un moment, on ne va pas faire les hypocrites, manifestement on a une lecture différente d'un certain nombre de sujets, mettons-le sur la place publique, pas la peine d'aller le lendemain en tribune dire « on fait comme si de rien n'était ». Mais ça n'empêche pas que je sais que le dialogue n'est pas rompu, il ne peut pas y avoir de dialogue rompu parce qu'on a besoin des 2 chambres et 2) on a besoin que les 2 chambres discutent avec l'exécutif.

MARCELO WESFREID
Justement Marc FESNEAU, ces 2 chambres vont discuter du grand débat la semaine prochaine…

MARC FESNEAU
Assemblée nationale d'abord.

MARCELO WESFREID
Sauf que c'est un débat sans vote, pourquoi ?

MARC FESNEAU
Mais parce qu'on est dans la phase… pardonnez-moi, je vous invite à relire ou à redire ce qui avait été dit par le président de la République, parce qu'on ne peut pas être pris en défaut de ne pas faire ce qu'on avait dit qu'on ferait. On avait dit : interruption du grand débat, en tout cas dans sa forme actuelle, le 15 mars et après période de restitution pendant 15 jours-3 semaines environ. On est dans la période de restitution, on ne va pas voter sur une restitution, on ne va pas voter sur ce qui nous paraît être et ce qui paraîtra être vision gouvernement, vision Parlement ce qui ressort du grand débat. Le vote il viendra quand il y aura des textes, le vote il viendra s'il y avait des éléments particuliers à mettre sur la table…

MARCELO WESFREID
Et qu'est-ce que vous attendez du Parlement, des propositions ou un débat (on va dire) théorique sur les maux de la France ?

MARC FESNEAU
Non, mais ce n'est pas théorique, non, non, excusez-moi ! Il faut travailler avec méthode sur cette affaire du grand débat et sur la sortie du grand débat. Il faut d'abord qu'on pose un diagnostic, parce que c'est bien beau de dire « il faut améliorer la démocratie représentative », il faut aussi dire (ce qui est vrai) et poser éventuellement des solutions, il faut aussi dire ce qu'on a perçu de la crise de la démocratie représentative, ce qu'on perçu de l'attente participative. Il ne suffit pas de dire, pour reprendre la question participative, RIC ou pas RIC…

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
C'est qui on, c'est qui on ?

MARC FESNEAU
Non mais les parlementaires, la puissance publique elle a besoin d'exprimer ce qu'auront dit les citoyens et c'est divers ce qu'ils ont dit. C'est parfois contradictoire mais ce n'est pas parce que c'est contradictoire qu'il ne faut pas essayer comme responsable politique de faire des synthèses et d'essayer de donner un horizon et un sens à ce que nous faisons.

FABRICE VEYSSEYRE-REDON
Pour vous, la restitution du grand débat c'est abord par le prisme parlementaire, parce qu'on reproche beaucoup président de la République de se l'être accaparé !

MARC FESNEAU
Non, d'abord il n'a pas fait une restitution le président de la République, enfin là aussi il faudrait qu'on sache. On a eu pendant 3 mois… on nous a tympanisé la tête avec l'idée que le président de la République était trop distant, qu'il n'était pas en contact des Français, ça c'était août, septembre, octobre, voire novembre. Et puis alors maintenant qu'il est au contact des Français, on dit « il est tout le temps en contact des Français, c'est quand même invraisemblable, il ferme le débat », il va falloir choisir camarades j'ai envie de dire, pas vous mais les gens qui disent ça, il va falloir qu'ils choisissent, parce que c'est impossible de travailler comme ça. Le président de la République, il a pour mission de donner le cap, il a aussi pour mission d'être en interaction et je pense que c'est ce qu'il fait plutôt plus que ses prédécesseurs. Avec lui c'est fait, on ne va pas lui faire le reproche d'être en participatif à ce point-là. Après, il faut que les Assemblées dans leur diversité, ce n'est pas une question de majorité ou de l'opposition, c'est une question de tout le monde, se saisisse du diagnostic pour dire : voilà ce qu'on a perçu de ce que veulent les Français, avant de dire « moi j'ai… y'a, faut qu'on entend un peu trop sur les plateaux dans les assemblées, il va falloir qu'on en sorte. Il faut que les gens mettent des choses concrètes sur les choses.

MARCELO WESFREID
Très rapidement Marc FESNEAU, demain à nouveau des manifestations et des manifestations interdites. Des députés de la LR proposent qu'on retire le RSA aux casseurs. Est-ce que cette proposition choque, vous surprend ?

MARC FESNEAU
Qu'elle me surprenne non… ce qui me surprend c'est qu'elle arrive… demain on est presque le 1er avril, on aurait aimé que certains s'expriment contre les violences un peu plus tôt, je ne dis pas ceux qui ont déposé cette proposition de loi, il y a déjà des mesures… la question toujours de la…

MARCELO WESFREID
Vous…

MARC FESNEAU
On n'invite pas à la godille au gré des événements, il y a besoin de maintenir l'ordre, il y a des outils et des dispositifs qui sont mis en place, il y a des dispositifs de sécurité qui sont renforcés sur ces manifestations. La question du RSA n'est… il y a des amendes qui sont produites pour les gens, on ne va pas multiplier les outils… enfin en plus c'est les parlementaires, ils connaissent la procédure parlementaire, s'ils déposent un texte aujourd'hui, ils savent bien qu'il ne sera pas voté dans 3 jours, enfin je veux dire il faut être aussi… ce n'est pas sérieux, moi je vais vous dire, je suis parlementaire et défenseur des droits du Parlement, mais si Parlement veut être crédible, il ne faut pas qu'il fasse croire qu'il est capable en 2 jours de résoudre un problème par la loi. Il y a des dispositifs réglementaires, il y a des forces de l'ordre qui font un travail remarquable, c'est plutôt vers elles faut se tourner plutôt que de dire : en supprimant les aides pour ceux qui seraient pris comme casseurs, je vais résoudre le problème. Ce n'est pas très crédible, honnêtement et je ne suis pas sûr que ça renforce le rôle du Parlement.

CYRIL VIGUIER
Marc FESNEAU, Gérald DARMANIN il y a quelques minutes propose de supprimer la redevance télévisuelle, vous savez que c'est 139 euros pour la métropole, 89 pour les DOM-TOM qui vient financer France Télévisions et le service public audiovisuel. C'était prévu ?

MARC FESNEAU
C'est une des pistes qui est envisagée parce qu'on a une 2ème chose, c'est que la redevance audiovisuelle était arrimée, comme vous le savez pour avoir chacun…

CYRIL VIGUIER
A la taxe d'habitation.

MARC FESNEAU
A la taxe d'habitation, donc on a un sujet d'arrimer… la taxe d'habitation étant en perspective en suppression, la redevance audiovisuelle est une question et par ailleurs depuis longtemps, c'est quelque chose qui pose question…

CYRIL VIGUIER
Et on financera comment l'audiovisuel ?

MARC FESNEAU
Non mais c'est la question… on verra, on financera l'audiovisuel public, ne mêlons pas des polémiques, mais on sait très bien que cette question de la redevance est une question et Gérald DARMANIN a raison de la soulever.

CYRIL VIGUIER
Merci.

MARC FESNEAU
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 avril 2019