Texte intégral
Je suis très heureux de m'exprimer devant vous car vous êtes les acteurs essentiels de notre démocratie, du dynamisme de nos territoires et de la réussite des élèves scolarisés dans les 7 000 collèges de France.
Le département est, avec la commune, un territoire politique qui est un repère essentiel pour les Français. Le département est un héritage révolutionnaire qui fut à la fois profondément modernisateur mais qui tint compte des réalités géographiques, historiques des territoires. Le département c'est la raison des Lumières qui s'incarne dans l'identité intime de nos citoyens.
Le département c'est l'espace vécu, c'est l'espace de vie, c'est l'espace du quotidien. C'est tout simplement l'échelle fondamentale de l'action publique au plus près de la vie des citoyens. C'est pourquoi, le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse est très attaché à son organisation départementale qui joue un rôle majeur dans le pilotage du système éducatif.
Pour toutes ces raisons les Français sont viscéralement attachés à leur département d'autant plus que nous vivons dans une période de bouleversements.
J'en vois trois :
- Un bouleversement géographique.
- Un bouleversement climatique.
- Un bouleversement numérique.
Dans ce monde qui change, les Français ont besoin plus que jamais de repères, de valeurs de boussoles.
Et le département est ce repère et cette boussole. Et l'ensemble des départements qui, le 14 juillet 1790, à la fête de la fédération, ont décidé de s'unir en un même corps politique est l'ossature même de la République.
La République, c'est ce qui nous unit. La République, c'est ce qui nous rassemble. La République est notre bien le plus précieux.
Et dans ce moment de doutes et de confusion, dans ce moment où la solidité de notre unité est parfois remise en cause, nous avons plus que jamais besoin d'une République sereine mais ferme sur ses principes.
La République est fille des Lumières et à ce titre porte fièrement les valeurs de progrès humain. La plus belle expression de ce progrès nous est donnée par notre devise : liberté, égalité, fraternité.
C'est valeur ne sont pas abstraites ; elles s'incarnent dans un projet : non pas une citoyenneté de sang mais une citoyenneté d'esprit. Est Français celui qui adhère à la culture universaliste de la France. Est Français celui qui souhaite de tout son coeur devenir Français. Car la République c'est l'amour de la terre de France transfigurée par l'amour des droits inaliénables de l'humanité.
La République, mesdames et messieurs les élus, est un acte de confiance absolu dans la nature humaine. C'est pourquoi la République, c'est bien sûr des institutions, c'est bien sûr un droit mais c'est aussi et surtout un principe spirituel qui nous élève tous au-dessus de nous- même et nous rassemble dans un projet collectif dont la finalité est l'émancipation et le bonheur de tous.
C'est pourquoi les notions de citoyenneté, d'égalité et laïcité sont consubstantiellement liés. L'un ne va pas sans l'autre. En 1789, le peuple souverain a décidé de mettre un terme aux privilèges de naissance, il a décidé de donner un état civil aux juifs, il a proclamé que l'appartenance à la nation était supérieure à tout. Et depuis ce jour, nous avons proclamé que ce qui nous rassemble doit toujours l'emporter sur ce qui nous divise.
Oui la République, c'est la droite à l'indifférence. L'indifférence de sa couleur de peau, l'indifférence de sa religion, l'indifférence de ses origines, l'indifférence de son sexualité. La République, c'est la communauté unie des citoyens égaux, libres et fraternels qui partagent une même loi, une même langue et un même respect pour la conscience de chacun.
On n'entre pas dans la citoyenneté par sa communauté ; on entre dans la citoyenneté par l'universel, c'est-à-dire ce qui nous rapproche, ce qui nous relie et qu'est-ce qui nous relie plus que la raison, la chose la mieux partagée pour reprendre les mots de Descartes.
Et la laïcité française c'est précisément de dire que l'espace public est un espace de raison où l'on doit échanger de manière rationnelle et argumentée entre citoyens égaux, femmes et hommes, qui se refusent à invoquer telle ou telle révélation, tel ou tel dogme.
Cela nécessite de nous tous un effort de discrétion. Et ce que l'on peut considérer de prime abord comme un renoncement à ce que l'on est, à ce que l'on croit, à ce que l'on pense est en réalité un espace fraternel, de respect d'autrui et d'amour de son frère en citoyenneté.
Pour toutes ces raisons, l'école est au coeur de la République. Sans école de la République il n'y a pas de République. Nous avons fait le choix que tous nos enfants suivent les mêmes enseignements et que tous nos maîtres soient payés par l'Etat. C'est un choix original à l'échelle du monde. Mais c'est pour cela que les Français sont si regardés, si admirés.
Et nous devons en être fiers. Nous nous ne devons d'être fiers de ce que nous sommes et nous ne devons jamais nous excuser d'être les héritiers de la Révolution française.
Notre esprit libéral, au coeur du projet républicain, nous pousse à convaincre plutôt qu'à contraindre. Et c'est très bien ainsi. La République ce n'est pas une église qui convertit par le fer et le sang ; la République s'adresse au coeur et à la raison pour convaincre de sa pertinence comme modèle de société.
Cette République de raison est confrontée, je l'ai dit, à de nombreux défis : l'individualisme grandissant, l'instrumentalisation des passions et du ressentiment, l'expression de la pensée malmenée par une langue qui n'est pas assez maîtrisée, le cynisme, l'avidité, la haine grégaire des réseaux sociaux, la violence entre les citoyens.
Ma conviction c'est que nous ne relèverons ces défis que par l'école. Il n'y a pas d'autres solutions. C'est par l'école qu'on peut construire une société sereine, apaisée, fraternelle
- où chacun se respecte
- où chacun a le droit de défendre ses idées
- où chacun a sa place parce qu'il a l'essentiel, des connaissances et des valeurs,
- où chacun éprouve le sentiment le plus élevé qui soit, la gratitude à l'égard de l'école de la République qui déjoue les fatalités de la naissance.
Mesdames et messieurs, vous n'êtes pas des maîtres d'ouvrage de bâtiments qui ont pour nom collège. Vous n'êtes pas ceux qui engagent des dépenses pour offrir aux élèves locaux d'étudier.
Non, vous êtes des bâtisseurs de la République.
Chaque euro dépensé contribue à cette oeuvre collective que nous partageons, celle d'élever le niveau de connaissances de nos élèves car nous savons que c'est le levier essentiel de justice sociale.
Et pour tout cela je suis venu vous dire merci. Merci pour cette oeuvre si essentielle. Merci pour tous les enfants de France qui, grâce à vous, dispose de lieux où ils viennent étudier avec plaisir, où ils se sentent bien où ils trouvent parfois ce qu'il n'y a pas chez eux, un livre ou tout simplement le regard attentif d'un adulte qui vous donne confiance en vous, confiance en votre destin.
Je suis venu vous dire que je souhaite que nous avancions ensemble, unis pour cette cause essentielle, la République.
Je vous remercie.
Source http://www.departements.fr, le 25 novembre 2019