Déclaration de M. Édouard Philippe, Premier ministre, en réponse à une question sur le décès de treize militaires au Mali, au Sénat le 27 novembre 2019.

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Circonstance : Question au Gouvernement posée par M. Christian Cambon, sénateur (Les Républicains) du Val-de-Marne, au Sénat 27 novembre 2019

Texte intégral

Monsieur le Président,


Je n'ai rien à ajouter à l'essentiel de l'intervention que vous venez de prononcer.

Je mesure l'émotion de l'ami et la parfaite compréhension que vous avez de l'ensemble de ces sujets, compte tenu des responsabilités que vous exercez au sein de la Haute Assemblée. Vous connaissez les militaires français, vous les voyez régulièrement, vous les auditionnez ici, vous les saluez, avec de nombreux sénateurs, sur les théâtres d'opérations extérieures. Vous partagez avec eux la réalité de ce que sont les opérations extérieures, le sens de l'engagement profond et, en même temps, la très grande simplicité dans les rapports humains qui prévaut généralement lorsque l'on rencontre celles et ceux qui servent sous les drapeaux français. Bref, Monsieur le Président, comme beaucoup d'entre nous ici, vous les aimez.

La perte de treize hommes entraîne évidemment de la tristesse et, à certains égards, une forme de désarroi.

Cependant, vous l'avez dit, nous sommes au Mali pour d'excellentes raisons.

Nous sommes au Mali pour garantir la sécurité de la France. Nous sommes au Mali pour accompagner des Etats partenaires et amis. Nous sommes au Mali parce qu'une décision politique a voulu que nous y soyons. Cette décision politique, il est bien naturel que le Parlement la discute, l'interroge. C'est ce que vous faites depuis longtemps et c'est ce que vous continuerez à faire. Il est légitime, normal, sain, dans une démocratie, qu'il en soit ainsi.

Vous l'avez dit également, monsieur le Président, nous devons faire en sorte que la France, qui n'est pas seule au Mali, puisse être plus accompagnée encore. Nous devons faire en sorte que les mandats de l'ensemble des structures qui interviennent soient probablement mieux coordonnés. Nous devons faire en sorte que les objectifs politiques et opérationnels soient adaptés au fur et à mesure que la menace mute et se transforme.

Il appartiendra au président de la République de s'exprimer, après le temps du deuil, sur ce que nous pouvons faire pour convaincre nos alliés et nos amis européens que l'intérêt de l'Europe se joue aussi dans cette région.

Il appartiendra à l'ensemble de la communauté nationale et des acteurs du débat public de convaincre nos partenaires sur place, les États du Sahel, qu'une partie décisive de la solution se trouve dans leurs mains et que la réconciliation nationale au Mali et la "reconstitution de l'armée nouvelle", comme on l'appelle parfois dans ce pays, sont des conditions indispensables au retour à la stabilité, à la préservation de celle-ci et au développement.

Il nous appartiendra de les convaincre qu'ils doivent tous continuer à s'engager et à assumer avoir besoin de nous, ou d'autres, pour garantir cette stabilité.

Comme je le disais tout à l'heure au sénateur Alain Richard, c'est un combat difficile. C'est un combat long. Nous le savons. Il faut donc débattre, formuler des objectifs politiques, convaincre nos alliés et soutenir encore et toujours les femmes et les hommes qui s'engagent sous nos drapeaux.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 2019