Texte intégral
CHLOE CAMBRELING
Bonjour Emmanuelle WARGON.
EMMANUELLE WARGON
Bonjour.
CHLOE CAMBRELING
Merci d'être en ligne avec nous, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. Nous parlions juste avant la pub, sur RMC, des obsèques du maire de Signes, Jean-Mathieu MICHEL, son décès a illustré de façon dramatique le problème des dépôts de déchets, de gravats, dépôts sauvages, un fléau dans certains territoires. Brune POIRSON, qui est secrétaire d'Etat comme vous, a annoncé hier qu'elle allait réunir à la fin du mois les professionnels du bâtiment pour mettre en place, au plus vite, des mesures. Qu'est-ce que vous pouvez faire, qu'est-ce que vous allez faire sur ce sujet ?
EMMANUELLE WARGON
D'abord j'aimerais évidemment saluer la mémoire du maire de Signes, sachant que ses obsèques sont ce matin, puisqu'effectivement il est décédé dans l'exercice de ses fonctions et on voit bien le rôle et l'importance des maires sur tous les sujets de proximité. Après, sur la question des décharges sauvages, c'est une question très importante en fait, c'est la question globale de la gestion des déchets, mais aussi de notre relation à la nature. Parce que nous avons des agents sur le terrain, les mêmes, dont vous parliez dans un autre reportage, qui verbalisent ceux qui ne respectent pas les restrictions d'eau, sont aussi ceux qui aident les maires à faire respecter la protection des espaces naturels, donc il faut à la fois durcir les sanctions, il faut aussi se donner plus de moyens de contrôle, et puis après c'est une question de responsabilité de chacun, et de civisme. De même que quand on a une restriction d'eau, on ne lave pas sa voiture, de même on ne laisse pas des déchets partout, de même que, quand on est en voiture, on ne jette pas ses déchets par la portière ou par la vitre de la voiture. Les décharges sauvages, les décharges de déchets du bâtiment, ou de gravats, c'est des choses qu'on ne peut plus accepter aujourd'hui.
CHLOE CAMBRELING
Alors, en parlant de déchets, Emmanuelle WARGON, l'Indonésie a renvoyé fin juillet vers la France et Hong-Kong sept conteneurs de déchets ménagers, plastiques et autres, le ministère avait dit avoir demandé des précisions à ce moment-là, ça en est où, où sont ces conteneurs ?
EMMANUELLE WARGON
On attend des précisions, parce qu'effectivement cette affaire est assez embrouillée, on les attend, ça fait partie des sujets sur lesquels on travaille.
CHLOE CAMBRELING
Ils ne sont pas arrivés en tout cas en France, dans un port français, les conteneurs en question ?
EMMANUELLE WARGON
Non.
CHLOE CAMBRELING
Toujours pas. Et vous ne savez toujours pas de quelle nature exactement sont les déchets qu'il y a à bord ?
EMMANUELLE WARGON
Non, non, pas du tout.
CHLOE CAMBRELING
Emmanuelle WARGON, on a beaucoup parlé depuis hier de ce rapport du GIEC sur l'utilisation des sols, des terres, ce qu'il nous dit c'est que notre gestion des terres fait partie du problème et des solutions, agroécologie, agroforesterie, qu'est-ce que vous faites contrairement pour soutenir ces pratiques, accompagner les agriculteurs ?
EMMANUELLE WARGON
L'un des sujets majeurs, parce qu'on voit dans ce rapport que la gestion des terres est absolument clé pour lutter contre le réchauffement climatique et aussi pour protéger la biodiversité, est que les terres peuvent faire partie de la solution parce qu'elles permettent de séquestrer du carbone dans les sols, c'est-à-dire les sols eux-mêmes peuvent répondre au changement climatique. Pour ça il faut soutenir une agriculture plus respectueuse de l'environnement, donc c'est le travail qu'on fait en essayant de réduire la part des pesticides, on s'est donné un objectif ambitieux, -50 % de pesticides d'ici à 2025, et c'est la transition du modèle agricole qu'il faut qu'on engage, on le fait avec le ministre de l'Agriculture Didier GUILLAUME, et l'un des grands éléments qui va nous aider c'est la Politique Agricole Commune, c'est la politique de l'Union européenne, parce que c'est là qu'est l'argent. En fait, une partie du revenu des agriculteurs vient de cette politique, il faut que cette politique elle finance une agriculture plus durable, une agriculture qui protège mieux les sols.
CHLOE CAMBRELING
C'est de flécher les fonds de la PAC vers ce genre de pratiques.
EMMANUELLE WARGON
Déjà aujourd'hui – juste pour finir – sur l'eau, on a engagé, dans les Assises de l'eau, un processus… que j'ai conduit pendant 6 mois au début de l'année, le fait de cibler 150 millions d'euros, c'est de l'argent des Agences de l'eau, vers des pratiques qui respectent mieux la protection des sols et la protection de l'eau. Donc, on est capable d'agir assez vite, et on est capable de montrer qu'il existe une agriculture qui est plus respectueuse de la nature, des sols et de l'eau, et qui garde des rendements tout à fait satisfaisants pour les agriculteurs.
CHLOE CAMBRELING
Emmanuelle WARGON, est-ce que ce n'est quand même pas compliqué pour les agriculteurs, à qui l'on dit sans cesse « changez, améliorez vos pratiques », et qui en même temps eux disent « pendant ce temps on passe des accords commerciaux avec des pays qui ont des pratiques encore moins vertueuses », et qui en plus vont leur faire subir, à nos agriculteurs, disent-ils, une forme de concurrence déloyale ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, en général c'est vrai qu'il faut faire tout ça avec les agriculteurs, il faut vraiment s'opposer à l'agriculture-bashing, c'est-à-dire au fait de reprocher aux agriculteurs des pratiques que tout le monde acceptait depuis des années, et faire cette transition avec eux. Après, sur les accords commerciaux, je crois qu'il y a beaucoup d'incompréhension parce que, sur le CETA qui vient d'être accepté, l'accord avec le Canada, mais surtout sur l'accord qui arrive avec l'Amérique Latine…
CHLOE CAMBRELING
Le Mercosur.
EMMANUELLE WARGON
Le gouvernement français s'est vraiment engagé à n'accepter ce type d'accord qu'avec des protections suffisantes pour nos agriculteurs. Ça a été évalué pour l'accord avec le Canada, et les volumes sont tout petits…
CHLOE CAMBRELING
Mais vous savez qu'ils n'y croient pas !
EMMANUELLE WARGON
Et pour l'accord avec les pays d'Amérique Latine, le Mercosur, la commission d'évaluation vient d'être mise en place, et on ne signera cet accord, on ne ratifiera, que si on est sûr qu'on protège nos agriculteurs. Parce que, ils ont raison, on a besoin de protéger nos agriculteurs, et nos consommateurs, on ne va pas imposer des règles plus fortes aux agriculteurs français si c'est pour accepter n'importe quoi des agriculteurs du monde entier.
CHLOE CAMBRELING
Emmanuelle WARGON, sur le CETA, vous voyez bien que ça ne passe pas, il y a encore eu, là, des permanences de députés vandalisées, ce sont des actions parfois revendiquées par des agriculteurs opposés au CETA. Vous condamnez ces violences, vous dites que tout va bien se passer pour les agriculteurs, mais on voit quand même que ça continu.
EMMANUELLE WARGON
Alors, bien sûr je condamne ces violences, ce n'est absolument pas acceptable d'être violent vis-à-vis des biens, et a fortiori vis-à-vis des personnes, je pense qu'il y a eu beaucoup d'agitation autour du sujet du CETA, mais quand on regarde précisément ce qui est accepté et ce qui n'est pas accepté dans le CETA, je crois vraiment qu'on peut rassurer nos agriculteurs, d'ailleurs…
CHLOE CAMBRELING
Ça veut dire qu'ils n'ont pas assez bien regardé, même les syndicats agricoles qui sont inquiets, ils n'ont pas assez bien… ?
EMMANUELLE WARGON
Ça veut dire qu'il y a une inquiétude générale qui en fait n'est pas tant sur le CETA lui-même, que sur le reste des accords qu'on pourrait conclure, et je crois qu'il faut qu'on entende l'inquiétude des agriculteurs, pas accepter n'importe quel accord commercial. Mais je crois que la question elle est plus générale sur les prochains accords que sur le CETA, et puis nos agriculteurs ils sont face à une sécheresse, difficile, ils sont face à un changement climatique qui a déjà commencé, des récoltes qui des fois sont menacées ou plus que menacées, et donc ils sont aussi dans une situation de tension qu'il faut qu'on comprenne, mais les situations de tension ça ne permet pas de justifier les violences.
CHLOE CAMBRELING
Dernière chose, très rapidement, sur la création d'une Convention citoyenne pour la transition écologique promise par Emmanuel MACRON après le grand débat, 150 citoyens tirés au sort, ça va commencer bientôt, je crois.
EMMANUELLE WARGON
Alors, le tirage au sort a lieu maintenant et la Convention se réunira pour la première fois fin septembre/ début octobre. C'est très important parce que, voyez toutes ces questions, comment est-ce qu'on arrive à changer de modèles, changer de modèle agricole, changer de modèle d'utilisation de l'eau, changer de modèle de construction, changer de modèle d'utilisation des terres, c'est des questions qu'on se pose collectivement, parce que ça veut dire que chacun doit changer. Et on a besoin de l'avis des citoyens, parce que sinon… Le politique lui-même a besoin de s'appuyer sur un consensus vraiment large, et du coup ces 150 citoyens, qui pour certains sont déjà très écolos, très sensibilisés, pour d'autres non, qui vont rencontrer des experts, se forger leur propre opinion et dire comment est-ce qu'ils voient les choses, comment est-ce qu'on peut accélérer, ça nous aidera beaucoup. Donc je crois que c'est vraiment un process important. Le président de la République a dit que les conclusions de la Convention citoyenne seraient soumises sans filtre, soit au Parlement, soit à un référendum, et donc va nous permettre d'accélérer pour aller encore plus vite face à tous les constats qui sont faits régulièrement par le GIEC.
CHLOE CAMBRELING
Merci Emmanuelle WARGON, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 août 2019