Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Emmanuelle WARGON.
EMMANUELLE WARGON
Bonjour Patrick ROGER.
PATRICK ROGER
On va parler environnement dans un instant, mais un mot quand même sur une forme de cacophonie là, au plus haut niveau, GPA, propos homophobes dans les stades, on ne sait plus vraiment qui croire et que croire. Sur la GPA, était-ce le bon moment de parler d'une circulaire sur la filiation, la reconnaissance donc des enfants nés de la GPA à l'étranger, au moment où s'ouvre le débat sur la PMA ?
EMMANUELLE WARGON
Je crois que Nicole BELLOUBET a bien recadré les choses, elle s'est exprimée clairement, le débat sur les lois de bioéthique c'est un débat qui couvre la PMA, et uniquement la PMA, donc Procréation Médicalement Assistée, nous n'avons pas l'intention d'ouvrir un nouveau débat et des questions de droit autour de la GPA, qui est un sujet complètement différent, et vraiment la parole a été portée par Nicole BELLOUBET, clairement.
PATRICK ROGER
Oui, mais au même moment donc, il y a l'annonce de cette circulaire pour reconnaître cette filiation, c'est une manœuvre, vous pensez, des opposants, il y a eu une fuite quelque part ou pas ?
EMMANUELLE WARGON
Je ne crois pas…
PATRICK ROGER
Parce que ça sème le trouble !
EMMANUELLE WARGON
Moi je ne suis pas paranoïaque, donc je n'ai pas envie de penser qu'il y a des manœuvres, je pense que simplement ça montre que l'administration avance sur ces dossiers, il y a pu y avoir une coïncidence malheureuse, mais encore une fois…
PATRICK ROGER
Le même jour, c'est le même jour !
EMMANUELLE WARGON
Encore une fois Nicole BELLOUBET a tout de suite réagi, donc je ne crois pas qu'on puisse parler de cacophonie, elle a porté la parole, qui est la parole du gouvernement, et donc voilà, c'est son message qui, à mon avis, doit être entendu.
PATRICK ROGER
Et vous, sur la GPA, vous avez un avis, vous êtes contre la GPA, pour l'interdiction, ou vous estimez qu'il faudra quand même s'y pencher un jour ?
EMMANUELLE WARGON
Non, moi je pense que l'avancée de cette loi ça va être la PMA et que c'est bien qu'on se concentre sur ce sujet.
PATRICK ROGER
Sur les propos homophobes dans les stades, est-ce qu'il faut arrêter les matchs en permanence dès lors qu'il y a une insulte dans les tribunes ?
EMMANUELLE WARGON
Moi je soutiens vraiment la ministre des Sports parce que je ne vois pas pourquoi on ferait une différence entre des propos racistes et des propos homophobes, tous les propos qui sont de l'incitation à la haine, à la haine pour ce qu'on est, doivent être condamnés. Donc, la question de savoir ce qu'on fait lorsqu'on a des manifestations de haine dans les stades, on doit se poser la question de la même manière sur les propos racistes et les propos homophobes, elle l'a dit très clairement.
PATRICK ROGER
Oui, elle l'a dit d'accord, très clairement, mais cela dit on ne va pas arrêter tous les stades de foot en permanence, alors qu'il y a des mots qui proviennent des tribunes qui sont des expressions, pardon aussi, qui sont un peu populaires, très vulgaires évidemment bien sûr, mais Emmanuel MACRON l'a dit hier, on ne peut pas arrêter les matchs à chaque fois.
EMMANUELLE WARGON
Non mais, pour moi la question c'est, à quel moment on change et à quel moment on se dit que, des choses qui étaient des propos, peut-être juste vulgaires, ou qui étaient simplement des expressions, ne sont plus acceptables. Les propos homophobes, aujourd'hui, ce n'est pas acceptable, c'est une insulte, et il serait temps de passer à autre chose. Alors après, la gestion des matchs, ce n'est pas mon sujet, donc je ne vous répondrai pas là-dessus, mais ce que je peux vous dire c'est que, ce n'est pas parce qu'on a toujours eu ce genre d'expressions, qui s'appliquent d'ailleurs aussi aux propos racistes, que, "ah ben c'est dans notre culture", non, c'est fini, il faut qu'on passe à autre chose.
PATRICK ROGER
Emmanuelle WARGON, est-ce que vous sentez une rentrée sociale assez agitée, il y a les appels de la CGT, notamment dans les urgences, chez les pompiers, et vendredi à la RATP, quelles réponses apporter, en fait, à la CGT ?
EMMANUELLE WARGON
Pour les urgences Agnès BUZYN a présenté un plan ambitieux hier, avec 750 millions d'euros et des réformes à la fois d'urgence et de structure, les retraites c'est le très gros sujet de la rentrée, on a décidé de prendre le temps, y compris de repasser à une formule type Grand débat, vous savez, qui m'est chère, parce que j'avais animé ça…
PATRICK ROGER
D'ailleurs, vous avez vu hier, c'était une sorte de nouveau de Grand débat d'Emmanuel MACRON, là, sur la pauvreté…
EMMANUELLE WARGON
Je crois que le président, finalement, a pris goût à ces rencontres dans lesquelles il échange de façon informelle en répondant aux questions…
PATRICK ROGER
Directe.
EMMANUELLE WARGON
Et directe, sur les retraites on va faire la même chose, parce que c'est une réforme lourde, importante, qui est en fait une forme de refondation de notre système de retraite, et donc il faut qu'on en partage, à la fois la vision, l'ambition, les raisons, et puis les grandes orientations, et ça prendra quelques mois.
PATRICK ROGER
A propos, justement de consultations, vous en êtes où, là, du tirage au sort des citoyens sur le climat, sur l'environnement ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, ça a bien avancé, c'est en cours, ce n'est pas totalement fini, et cette Convention citoyenne, donc 150 personnes tirées au sort, se réunira pour la première fois début octobre.
PATRICK ROGER
A propos d'énergie maintenant, et puis d'environnement, vous allez participer aujourd'hui et demain, à Angers, à des rencontres nationales autour de la construction durable et de la rénovation énergétique, j'ai cru comprendre que maintenant il allait y avoir des primes directes qui allaient être versées lors des chantiers de rénovation, c'est ça, pour éviter les passoires ?
EMMANUELLE WARGON
Oui, on veut mettre le paquet sur la rénovation, avec Julien DENORMANDIE le ministre du Logement, et pour ça il faut mieux accompagner les Français qui souhaitent faire des travaux, donc améliorer vraiment beaucoup les systèmes d'information et de conseil, et simplifier les aides. Et simplifier les aides ça veut dire que, ce qui est pour l'instant versé sous forme de crédit d'impôt, c'est-à-dire vous faites les travaux une année, et vous êtes remboursé, sur facture, une partie de la facture, l'année d'après, c'est-à-dire presque 18 mois après en moyenne, ça va devenir une prime, c'est-à-dire que dès que vous avez payé votre facture, vous envoyez une copie de la facture, et la prime vous est versée dans les semaines qui suivent. Donc, ça va être beaucoup plus rapide. On le fait en deux temps, pour à peu près la moitié des Français l'année prochaine, en 2020, et pour l'autre moitié en 2021.
PATRICK ROGER
Donc les Français vont attendre un petit peu 2020 là, ceux qui veulent faire de la rénovation énergétique ils ont intérêt à attendre quoi, non ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, j'espère que personne n'attendra, je vous remercie de poser la question parce que…
PATRICK ROGER
Eh ben oui, parce que…
EMMANUELLE WARGON
Evidemment, à chaque fois qu'on change les règles, on peut donner l'impression qu'il vaut peut-être mieux attendre, mais à chaque fois que des travaux sont possibles il faut les faire. Aujourd'hui les travaux sont déjà aidés, avec ce crédit d'impôt…
PATRICK ROGER
Non, mais ceux qui engagent des travaux là, par exemple, à partir de l'automne, est-ce qu'ils vont pouvoir bénéficier de cette prime l'année prochaine, ou pas, en présentant les factures ?
EMMANUELLE WARGON
Ceux qui engagent des travaux maintenant, là, cet automne, vont pouvoir être aidés selon les modalités des aides d'aujourd'hui…
PATRICK ROGER
Le crédit d'impôt.
EMMANUELLE WARGON
Donc, des aides directes d'une agence qui s'appelle l'ANAH, pour les ménages les plus modestes, et puis le crédit d'impôt, qui complète, et qui leur sera donc versé l'année prochaine. Pour ceux qui engagent des travaux l'année prochaine, la moitié d'entre eux, les plus modestes, pourront avoir une aide directe, sous forme de prime, dès l'année prochaine. Donc, de toute façon, on aura toujours un régime favorable, et on essaye d'améliorer ce régime d'année en année, pour qu'il soit plus simple.
PATRICK ROGER
Le montant des primes a déjà été calculé, il se fera en fonction des dépenses, c'est ça ?
EMMANUELLE WARGON
Oui, alors, une autre chose que nous changeons, c'est que pour l'instant le montant du crédit d'impôt c'est un pourcentage des travaux, et finalement c'est plus simple et plus lisible de donner une aide forfaitaire selon le geste qu'on fait, c'est-à-dire, concrètement, si je change ma chaudière pour une chaudière type pompe à chaleur, ou chaudière à granulés, je sais que je vais pouvoir avoir une aide, qui peut être très élevée, jusqu'à 8 000 euros pour une pompe à chaleur, jusqu'à à peu près 5, 6 000 euros pour une chaudière à granulés, qui va permettre, selon mon niveau de revenus, d'être couvert à près de 100%, ou plus, sinon plutôt 80% ou 60% en fonction du niveau de revenus. Donc, le barème sera beaucoup plus lisible, on saura que si on va acheter une chaudière de tel ou tel type, on est aidé avec un montant en euros, c'est plus simple qu'un montant en pourcentage des travaux qui dépend du devis, qui dépend de l'artisan.
PATRICK ROGER
Alors, c'est pour les ménages, pour le privé, est-ce que le public va être concerné, parce qu'il y a beaucoup de bâtiments publics, mais, pardon, mais alors que de passoires quoi ! Est-ce que là vous allez lancer aussi des initiatives ?
EMMANUELLE WARGON
Alors clairement, parce que ce n'est pas acceptable que l'Etat lui-même ne soit pas exemplaire…
PATRICK ROGER
Eh ben oui, que ce soit dans les écoles, partout.
EMMANUELLE WARGON
L'Etat, et les autres collectivités locales. Hier j'ai signé, avec la Sécurité sociale, qui est quand même un acteur qui a beaucoup de locaux, un protocole pour accélérer la rénovation des bâtiments de la Sécurité sociale, avec de l'argent des fournisseurs d'énergie. Donc, il y a un mouvement qui démarre. Pour le scolaire, donc que ce soit les écoles, les collèges ou les lycées, avec Jean-Michel BLANQUER on souhaite lancer un grand plan de rénovation des bâtiments scolaires, en partenariat bien sûr avec les collectivités locales, puisque ce sont les mairies qui sont responsables des écoles, et puis les départements et les régions, des collèges et des lycées. Et puis après il reste les vrais bâtiments de l'Etat, et là on a une démarche qui s'appelle « l'Etat exemplaire », qui mérite d'être un peu relancée, donc Elisabeth BORNE et moi on a vraiment l'intention de relancer cette démarche pour que l'Etat fasse ce qu'il dit que tout le monde doit faire.
PATRICK ROGER
En revanche, vous abandonnez l'idée de location de passoires thermiques en 2025, ça s'est abandonné ?
EMMANUELLE WARGON
En fait, avant d'aller à l'interdiction de location des passoires thermiques, il faut que le système fonctionne mieux, parce qu'il faut que les propriétaires de passoires thermiques puissent rénover, c'est vrai quand c'est des maisons individuelles, c'est pour ça qu'on simplifie les aides…
PATRICK ROGER
Non, et puis même des appartements à partir du moment où il y a des baux qui sont en cours, on ne peut pas, du jour au lendemain, mais est-ce qu'il y a une date ?
EMMANUELLE WARGON
Et puis… dans les copropriétés, on a aussi besoin de simplifier les choses parce que, aujourd'hui, quand vous êtes propriétaire dans une copropriété, vous n'êtes pas tout seul à décider, les règles de majorité sont assez difficiles à atteindre, les syndics ne sont pas formés, on a également signé cette semaine une convention avec ORPI, qui s'engage à mobiliser tous les immeubles qu'ils ont en gestion locative, donc tous les propriétaires dans ces immeubles, pour pouvoir faire des travaux. Quand on aura remis le système à plat, et qu'il fonctionnera bien, on pourra passer à l'interdiction, c'est en trois temps, donc pour l'instant c'est 2028.
PATRICK ROGER
Deux mots concernant à la fois la sécheresse et l'ouverture de la chasse dimanche prochain. La sécheresse, les agriculteurs pourront bénéficier d'aides éventuellement ou pas ?
EMMANUELLE WARGON
Alors, le ministre de l'Agriculture a une politique vraiment ambitieuse pour aider les agriculteurs et leur permettre de bénéficier d'aides exceptionnelles, et puis avec Didier GUILLAUME on travaille sur les sujets eau, y compris les questions de retenues d'eau, pour que ce soit plus facile de mettre en place des retenues d'eau, dans une réflexion globale sur les besoins en eau, et que, du coup, on puisse répondre aux besoins pendant l'été. En fait l'idée c'est de dire, à un endroit donné, là où on a besoin d'eau pour l'agriculture, il y a un travail collectif avec tous les acteurs, y compris les associations, pour voir vraiment quel est le besoin, est-ce qu'il est soutenable, et quand on s'est mis d'accord là-dessus, alors on peut avancer. C'est même en train d'avoir lieu à un endroit vraiment difficile qui est Sivens, vous vous souvenez qu'il y a eu un drame…
PATRICK ROGER
Eh ben oui !
EMMANUELLE WARGON
Dans le Sud-ouest, en Occitanie, les acteurs ont travaillé pendant plusieurs mois ensemble…
PATRICK ROGER
C'est compliqué à mettre en place !
EMMANUELLE WARGON
Et on a une esquisse d'accord, qui a eu lieu en début de semaine, ils se sont mis d'accord sur un chemin, sur une feuille de route, et donc il y aura probablement une retenue…
PATRICK ROGER
Sivens, donc ça pourra voir le jour quand, la retenue ?
EMMANUELLE WARGON
La décision doit pouvoir être prise d'ici la fin de l'année, et après il faudra le temps de le faire.
PATRICK ROGER
Absolument. Combien de départements concernés, d'un mot, par la sécheresse ?
EMMANUELLE WARGON
87 départements au plus fort de la crise cet été, on en est encore à 85 parce que les nappes phréatiques, ou les cours d'eau, ne se sont pas encore complètement reconstitués, donc on est encore avec des restrictions dans beaucoup de départements.
PATRICK ROGER
Le mot de la fin, Emmanuelle WARGON, avec Cécile de MENIBUS.
CECILE DE MENIBUS
En matière de grosses chaleurs je voulais vous parler de l'organisation de la Coupe du monde de foot au Qatar en 2022, qui fait fi totalement de la considération écologique, 12 stades sous la clim pendant un mois, H24, est-ce que ça ne pose pas un problème d'éthique dans un contexte d'urgence climatique ?
EMMANUELLE WARGON
En tout cas moi j'espère que, désormais, les grandes manifestations, qu'elles soient culturelles, sportives, etc., elles soient décidées sur des dossiers dans lesquels l'impact environnemental soit aussi important que l'impact culturel, l'impact économique, etc. Ce serait bien qu'on mette les considérations environnementales sur le même plan, pour qu'on ait des manifestations qui soient vraiment portées par l'environnement, et que l'environnement ne soit pas le cadet des soucis des organisateurs.
CECILE DE MENIBUS
Et là c'est trop tard ?
EMMANUELLE WARGON
Là, la décision a été prise.
PATRICK ROGER
Un mot sur la chasse, pour dimanche prochain, vous vous êtes pour les chasseurs qui, selon certains, respectent la biodiversité ou pas ?
EMMANUELLE WARGON
J'ai conduit une réforme, avec une loi, qui a créé un grand établissement qui s'appelle l'Office français de biodiversité, et qui a aussi posé quelques règles de réforme de la chasse, moi je pense qu'il ne faut pas diaboliser la chasse, après les chasseurs, aussi, sont dans un process dans lequel ils sont en train d'accepter l'idée qu'on a des espèces qui ne sont pas en très bon état de conservation et donc il faut les chasser moins, c'est pour ça qu'on commence à prendre des arrêtés restrictifs sur ce sujet.
PATRICK ROGER
Merci Emmanuelle WARGON. On est le 11 septembre, dans 10 minutes on va en parler, vous vous souvenez du 11 septembre, là où vous étiez en 2001 justement ?
EMMANUELLE WARGON
Je me souviens très bien, j'étais conseillère technique au cabinet de Bernard KOUCHNER, qui était ministre de la Santé à l'époque, et on était en train de travailler sur un dossier, et puis quelqu'un nous a dit il faut allumer la télé, et donc, avec l'équipe du cabinet, tout s'est arrêté et on a regardé ces images hallucinantes en se demandant ce qui était en train d'arriver au monde.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2019