Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Brune POIRSON est avec nous, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. Brune POIRSON, bonjour.
BRUNE POIRSON
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai plein de questions à vous poser, mais alors plein de questions.
BRUNE POIRSON
J'ai plein de réponses pour vous Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. La première c'est le Black Friday, ça m'énerve, j'entends dans toutes les pubs Black Friday, Black Friday, ça ne vous énerve pas, vous, vous n'en n'avez pas assez ?
BRUNE POIRSON
C'est un petit peu la répétition, c'est surtout que moi j'aimerais bien que ce soit le Back Friday tous les jours de l'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ?
BRUNE POIRSON
Ça veut dire qu'il faudrait consommer autrement, pas nécessairement systématiquement des produits neufs, parce que c'est aussi bon pour la planète, et bon pour le pouvoir d'achat. Je l'avais dénoncé le Black Friday l'an dernier, dans une vidéo, en disant que c'était une double arnaque, pour la planète et pour le pouvoir d'achat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites la même chose cette année ?
BRUNE POIRSON
Je dis la même chose, je dis la même chose, mais je m'efforce de donner des alternatives, et notamment à travers la loi anti-gaspillage, où on travaille à la lutte contre l'obsolescence programmée, au développement de la réparation, au développement de tout ce qui est occasions. Et puis aussi on a lancé, avec Elisabeth BORNE, une grande campagne de sensibilisation, qui s'appelle « Longue vie aux objets », et vous pouvez d'ailleurs aller sur le site Internet .gouv.fr, longuevieauxobjets.gouv.fr, je le dis pour les auditeurs, et là, en fait, vous pouvez trouver, sur ce site Internet, autour de chez vous, tous les endroits où vous pouvez consommer, les produits dont vous avez besoin, puisque c'est tout à fait légitime, mais à prix réduit parce que ce sont des objets qui ont été réparés ou reconditionnés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allonger la durée de vie des objets.
BRUNE POIRSON
Exactement, tout à fait Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'objectif.
BRUNE POIRSON
C'est l'objectif, et d'ailleurs non seulement c'est l'objectif, mais on le fait déjà. Vous savez que dans la loi anti-gaspillage qui est en train d'être débattue actuellement à l'Assemblée, on a, hier, voté un amendement, celui de la députée Graziella MELCHIOR, qui permet, qui donne très concrètement des outils. Par exemple, ça permet de faire en sorte que si jamais – vous savez, en France, il y a une durée légale de garantie de 2 ans – si votre appareil, par exemple, électroménager, votre machine à laver, elle tombe en panne pendant cette durée des 2 ans, et que vous décidez de la faire réparer, la garantie est étendue de 6 mois, donc vous avez 24 mois de garantie, +6 mois, ça c'est très concret, ça permet de garder votre produit plus longtemps, de faire des économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'en reviens au Black Friday, vous avez vu ces députés qui veulent interdire, aller jusqu'à l'interdiction de cette opération commerciale, vous seriez favorable à une interdiction ?
BRUNE POIRSON
Moi je ne crois pas à l'écologie qui est imposée par le haut, en tapant sur la tête des gens, je ne crois pas à cette vision-là de l'écologie qui est une écologie punitive, presque dictatoriale. Je crois à l'écologie où les gens adhérent, parce que c'est un projet de société, c'est ça tout l'esprit de la loi anti-gaspillage. Et comment est-ce qu'on fait ? Eh bien en changeant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment faire pour convaincre les uns et les autres ?
BRUNE POIRSON
Eh bien en changeant, en changeant les normes, les pratiques culturelles, les pratiques sociales. Il y a encore quelques années, on consommait beaucoup moins, par exemple, de téléphones portables qui étaient reconditionnés, aujourd'hui ça va de façon croissante. Pareil, il faut développer la réparation, c'est pour ça que dans la loi anti-gaspillage il y aura, si les députés le votent, enfin ils l'ont déjà voté en commission, mais un indice de durabilité, de « réparabilité. »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais ça ne va pas… vous n'allez pas pouvoir lutter contre la masse publicitaire, contre cette…
BRUNE POIRSON
Mais, parce que l'allongement de la durée de vie des produits, la lutte contre l'obsolescence programmée, tout ça, comme ce sont des gains de pouvoir d'achat, les entreprises elles vont aussi le mettre en valeur. Et de toute façon, ce n'est pas qu'elles vont le mettre en valeur ou pas, c'est simplement qu'aujourd'hui ça va être obligatoire, pour une entreprise, d'afficher sur les produits, par exemple dans l'électronique et l'électroménager, d'afficher la durée de vie du produit, comme ça vous pourrez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors afficher la durée de vie du produit !
BRUNE POIRSON
Oui, comme ça, si vous allez choisir, je continue sur ma fameuse machine à laver, si vous voulez choisir entre deux machines à laver, trois ou quatre, eh bien vous aurez au moins un indicateur sur la durée de vie du produit, sur la qualité de la machine à laver, mais aussi sur si elle est réparable facilement ou pas, si les pièces détachées sont disponibles. C'est très bien d'acheter une machine à laver, par exemple pas chère, mais si elle tombe en panne et qu'il n'y a pas les pièces détachées disponibles derrière, en fait ça vous aura coûté plus cher. Donc ce sont toutes ces mécaniques qu'on veut changer, ça passe en particulier par l'information au consommateur. Mais vous savez, les Français ils ne sont pas idiots, ils ont envie de consommer de façon à la fois respectueuse de la planète, mais aussi respectueuse de leur porte-monnaie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Brune POIRSON, une télévision, vous savez combien de temps dure une télévision aujourd'hui, en moyenne ? 8 ans.
BRUNE POIRSON
8 ans, exactement. Si vous allongez la durée juste d'1 an, ça va vous fait… si tous les Français faisaient ça, je crois que ça ferait l'équivalent d'économie d'énergie d'une ville comme Lyon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comme Lyon ?
BRUNE POIRSON
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si tous les Français allongeaient la durée de vie de leur télévision.
BRUNE POIRSON
Juste d'1 an.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Brune POIRSON notre invitée ce matin. Nous vous retrouvons dans 2 minutes.
Allez, nous sommes avec Brune POIRSON, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. Vous voulez remplacer le Black Friday par le Back Friday.
BRUNE POIRSON
Exactement, en fait on veut que ce soit le Back Friday tous les jours, tous les jours de l'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors c'est quoi le Back Friday ?
BRUNE POIRSON
Le Back Friday, déjà c'est un peu comme le Green Friday on pourrait dire, le Back Friday c'est quand on a la possibilité d'acheter des produits qui sont par exemple reconditionnés, c'est ce que je disais tout à l'heure, ou qui ont été réparés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut parler français d'ailleurs !
BRUNE POIRSON
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut trouver une autre formule que le Back Friday.
BRUNE POIRSON
Ce qui prouve bien que, quand même, par exemple le Black Friday ça se développe, c'est aussi des pratiques qui viennent des Etats-Unis, d'endroits comme ça… les Américains, par exemple, ils sont dramatiquement surendettés, parce qu'on les pousse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'on les pousse à la consommation.
BRUNE POIRSON A consommer mauvais.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une autre question à vous poser. La ville de Rennes a décidé d'interdire les terrasses chauffées à partir du 1er janvier, faut-il généraliser cette interdiction, est-ce que vous trouvez que c'est une bonne idée ?
BRUNE POIRSON
Alors moi j'aurai deux réponses à faire à ça. La première c'est que, parfois il faut juste revenir à un peu de bon sens, et je ne suis pas sûre que ça fasse vraiment sens de chauffer le ciel, voyez, parce que ça revient, en gros, à ça. Après, maintenant, c'est une décision qui doit être prise vraiment localement, voyez, là, c'est la mairie de Rennes qui a pris cette décision-là. Je crois qu'au moment des municipales ça peut être l'occasion d'avoir ce type de débat, pendant la campagne, est-ce qu'on veut des villes dans lesquelles, en fait, finalement on promeut ce type de pratiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça permet aux uns et autres d'être sur la terrasse d'un café et de fumer, par exemple, Brune POIRSON.
BRUNE POIRSON
Bien sûr, mais après est-ce que vous ne pouvez pas sortir dehors fumer une cigarette et puis re-rentrer à l'intérieur, je ne sais pas… ou avoir juste simplement un petit coin chauffé, bref ! Je n'ai pas de bar et je ne suis pas maire, j'ai mon avis sur la question, mais je pense que c'est un débat qui doit être aussi au niveau local.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous serez bientôt maire, peut-être.
BRUNE POIRSON
Ah, Monsieur Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
BRUNE POIRSON
On verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Apt ?
BRUNE POIRSON
On verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si vous êtes candidate c'est à Apt, ça ne peut pas être ailleurs.
BRUNE POIRSON Oh, ça peut être ailleurs, si, si.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais enfin nous verrons. Merci Brune POIRSON…
BRUNE POIRSON
Merci à vous Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'être venue nous voir. Pourquoi riez-vous comme ça, parce que je vous ai piégée ?
BRUNE POIRSON
Parce que vous êtes un filou.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je suis un filou, pourquoi ?
BRUNE POIRSON
Vous êtes connu pour ça, mais j'en ai la preuve.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi, qu'est-ce que j'ai fait, racontez les coulisses. Parce que pendant la pub j'ai interrogé Brune POIRSON, j'ai dit est-ce que vous allez être candidat à Avignon ? Elle m'a dit non, sûrement pas Avignon. Alors, sûrement pas Avignon, ça veut dire peut-être ailleurs.
BRUNE POIRSON
Attendez, attendez, je n'ai pas dit sûrement pas Avignon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, vous m'avez dit pas Avignon. C'est ce que vous m'avez dit ?
BRUNE POIRSON
Je l'ai dit, je crois que… enfin bon, je me suis exprimée sur cette question-là, et comme vous êtes un filou, je crois qu'il vaut mieux que je file du coup.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, filez, filez. On verra si à Apt vous êtes candidate, moi je prends les paris que vous serez. Nous verrons.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 décembre 2019