Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Retour au Salon de l'Agriculture ici en direct de la Porte de Versailles. C'est un événement rural, agricole mais aussi politique qui est diffusé donc grâce aux cinquante télévisions locales de la TNT un peu partout en France, les seize télévisions également du groupe VIÀ dont celles des départements et territoires d'Outre-mer que nous saluons. Enfin sur TV5Monde où nous sommes relayés et également nos partenaires des indés radio sont très présents avec nous. On reçoit ce matin d'ailleurs un des représentants de ce groupe de radios territoriales. Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Economie et des Finances. On vous a, avec plaisir d'ailleurs, accueillie à plusieurs reprises sur nos plateaux. Merci d'être avec nous ce matin, vous vous êtes levée tôt. Pour vous co-interviewer à mes côtés, Patrice MOYON qui représente Ouest-France, le plus grand quotidien français d'abord et ensuite le premier journal francophone du monde.
PATRICE MOYON, CHRONIQUEUR ECONOMIQUE ET SOCIAL ET EDITORIALISTE A OUEST-FRANCE
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Merci d'être avec nous. Vous êtes un spécialiste du monde agricole, notamment dans ce journal, et bonjour Alain LIBERTY. Vous êtes notre partenaire, vous êtes le président du syndicat des radios indépendantes et vous représentez plusieurs radios dont on parlera tout à l'heure. Merci d'être avec nous.
ALAIN LIBERTY, DIRECTEUR GENERAL EXECUTIF CHEZ GROUPE 1981
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Merci d'être avec nous. Agnès PANNIER-RUNACHER, c'est l'interview politique. Evidemment, tout passe par le coronavirus ce matin. Est-ce que vous pouvez, d'une certaine manière, un peu rassurer les Français ? Parce qu'on nous parle de masques, de pénurie de masques, on nous dit que tous les produits vont finir par manquer dans l'automobile, dans la high-tech, dans les voyages. L'industrie du voyage s'inquiète. Dans les textiles. Où en est-on réellement ? Quelle est l'approche que Bercy – vous êtes Secrétaire d'Etat à Bercy – a de cette problématique-là, d'une pénurie possible, probable ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ce que cette crise révèle, c'est qu'effectivement on a des chaînes de production qui sont intriquées. Je ne crois pas que ce soit une nouvelle très révolutionnaire et l'enjeu que nous avons avec l'ensemble des filières que j'ai réunies avec Bruno LE MAIRE la semaine dernière, c'est de regarder produit par produit si effectivement à un moment, les stocks qui avaient été constitués, notamment par rapport à la Chine, vont être trop courts et quelles sont les alternatives qu'on peut développer. Mais peut-être aussi quelques précisions. Si à un moment le réassort d'une enseigne vient à manquer, c'est embêtant pour l'enseigne en termes de marketing mais elle peut faire des séries courtes : par exemple au Portugal, en Roumanie voire en France où on l'accueillera de manière très positive, mais ce n'est pas stratégique. En revanche, il y a des sujets stratégiques sur lesquels nous avions commencé à travailler, je pense notamment aux médicaments. Parce qu'effectivement depuis décembre, nous avions lancé une mission sur la production de médicaments pour éviter d'être dans des situations où il y aurait des ruptures. Des ruptures que nous ne sommes pas prêts à accepter au niveau de l'Europe avec l'idée derrière, au-delà d'être en mesure de garantir toujours un approvisionnement en médicaments, de recréer aussi des filières industrielles en Europe et évidemment en France, en s'appuyant sur une productivité et une compétitivité retrouvée. Donc c'est comme ça que nous travaillons aujourd'hui avec l'ensemble des filières.
CYRIL VIGUIER
Alors puisque vous parlez de médicaments, parlons aussi de cette chaîne de logistique. On nous explique, on a nous-mêmes passé beaucoup de reportages sur les filières qui sont toutes sécurisées, sur la traçabilité dont on parle beaucoup, on nous explique que tout est sous contrôle, que le moindre produit, on a évalué et suivi d'où il venait, par qui il était fait etc. Et au fond, quand il y a un problème de ce type, un coronavirus, un problème de santé publique, on comprend, en tout cas on entend que plus rien n'est sous contrôle. Pourquoi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors je crois qu'on mélange plusieurs choses. La traçabilité, c'est la garantie qu'on sait à quelle heure et à quel moment une molécule, notamment dans le médicament et c'est également l'enjeu dans l'alimentaire, est passée et a fait l'objet de quel traitement. Ça, c'est parfaitement en place. Ce dont vous parlez, c'est la logistique. C'est-à-dire que quand un port s'arrête, quand un aéroport s'arrête, comment fait-on…
CYRIL VIGUIER
Mais les conséquences, je veux dire, sont les mêmes pour les gens. Les conséquences sont les mêmes.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non. Parce que la traçabilité, c'est la garantie de la qualité du produit. La logistique, c'est la garantie de la livraison du produit. Ce n'est pas tout à fait…
CYRIL VIGUIER
Mais s'il n'y a plus le produit ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas tout à fait la même chose. Je pense que c'est important de faire la différence.
CYRIL VIGUIER
Mais s'il n'y a plus le produit ou plus le médicament ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et attention aussi à savoir raison garder. Parce que dans ce qu'on est en train de faire aujourd'hui, et on le fait de la manière la plus professionnelle possible avec l'ensemble des filières, dans ce qu'on fait aujourd'hui on vise justement à faire en sorte qu'il n'y ait pas de rupture. Et à ma connaissance aujourd'hui, il n'y a pas de rupture. Et je pense que c'est important parce que le fait d'entretenir – et on en a parlé avec Thierry BRETON hier et l'ensemble de mes homologues au niveau européen, Thierry BRETON commissaire européen ; j'étais au Conseil compétitivité à Bruxelles - ce que nous disent les autres ministres, c'est : attention à ne pas entretenir des discours de peur parce que ce sont ces discours de peur qui vont enclencher des comportements assez peu citoyens qui vont, eux, entraîner des ruptures.
CYRIL VIGUIER
Vous voulez dire les gens qui se ruent, par exemple, dans les pharmacies pour prendre des masques alors qu'ils n'en ont pas forcément un besoin immédiat.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement.
PATRICE MOYON
Alors nous sommes au Salon de l'Agriculture. A l'occasion de ce Salon, le grand débat justement sur ce que la France attend de son agriculture a été lancé. Ce qu'on observe, c'est que la France ne cesse de perdre des parts de marché dans le domaine de l'agroalimentaire. Elle était deuxième exportatrice mondiale il y a encore une quinzaine d'années. Elle est passée à la cinquième voire la sixième place aujourd'hui. Comment est-ce que la France peut regagner des parts de marché en s'appuyant sur l'agriculture et l'agroalimentaire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors c'est ce que nous travaillons notamment dans le contrat stratégique de filière de l'industrie agroalimentaire. On a deux enjeux assez basiquement. Le premier enjeu, c'est qu'est-ce qu'on sait remplacer dans les importations ? Comment par exemple on accompagne la transition vers les produits biologiques là où aujourd'hui nous n'avons pas la capacité à servir le marché français ? Ça, ça suppose d'accompagner financièrement un certain nombre d'agriculteurs, un certain nombre d'industries agroalimentaires et ça suppose aussi de lisser le marché, de leur donner du volume. On peut le faire, notamment au travers de ce que nous mettons en place sur les circuits courts, des achats publics puisqu'au travers des cantines, on a notamment une capacité à diriger le marché. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est comment on part à l'exportation. Vous l'avez vu par exemple sur la filière porc, grâce au président de la République et Didier GUILLAUME en fin d'année dernière en Chine, on avait ouvert une filière d'exportation du porc. Evidemment le coronavirus a freiné cette ouverture mais la Chine est en train de se remettre en route en ce moment et donc je suis assez confiante sur le fait que ça va se poursuivre. Donc redévelopper l'exportation, ça veut dire là aussi accompagner des entreprises qui n'ont pas ce réflexe de l'exportation, qui l'ont moins par exemple que nos concurrents italiens où beaucoup de PME exportent ce qui n'est pas le cas en proportion de la France et faire en sorte qu'elles aillent vers les bons marchés, sachant qu'en termes de qualité de produit, on a plutôt un bon positionnement, un positionnement qui est accueilli favorablement à l'étranger.
CYRIL VIGUIER
Alain LIBERTY, une question peut-être ?
ALAIN LIBERTY
Oui, tout à fait. Moi je vais plutôt me resituer sur le plan local de nos entreprises qui aujourd'hui…
CYRIL VIGUIER
Oui, vous êtes le président du syndicat de radios qui sont effectivement indépendantes et en région.
ALAIN LIBERTY
Oui, absolument Cyril. Merci. Juste rapidement pour les resituer : nous représentons aujourd'hui cent soixante radios sur l'ensemble du territoire qui comptabilisent environ neuf millions d'auditeurs quotidiens et qui sont, comme beaucoup d'entreprises et de radios nationales, confrontées elles aussi à parfois une succession, un empilement de réglementations et on voit de plus en plus de mentions légales qui nuisent, bien évidemment, à l'attractivité commerciale de nos radios. Et on voit malheureusement, avec le projet de loi de l'audiovisuel qui se préfigure, que ça ne va pas en s'arrangeant. Alors quelle est la réponse de Bercy sur ce sujet qui devient maintenant extrêmement polémique et problématique pour nos radios confrontées, elles aussi, à la concurrence internationale notamment des GAFA qui ne subissent pas de la même manière toutes ces contraintes ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors vous avez deux questions dans votre question. La première question, c'est quelle est l'attente des consommateurs. L'attente des consommateurs, c'est d'avoir plus de protection et donc c'est une attente d'avoir plus de transparence, plus d'expression, plus de protection et plus de responsabilité de la part des entreprises avec lesquelles elles sont en relation. Et ça, il faut l'entendre et ça peut être aussi un enjeu marketing. C'est-à-dire que lorsque vous créez une relation de confiance avec les consommateurs, vous les fidélisez et peut-être que d'autres entreprises étrangères n'ont pas cette capacité-là. Puis il y a la deuxième chose qui est autour de la simplification du monde dans lequel évoluent les entreprises. Ça, c'est clairement un axe sur lequel nous travaillons à Bercy. Nous y travaillons au travers de la loi PACTE par exemple qui a quand même clarifié et simplifié énormément de réglementations administratives. Je vous en donne une : le sujet des seuils à partir desquels s'appliquent un certain nombre de réglementations. Vous savez, dix, cinquante, etc. Avant il y avait cent quatre-vingt-dix-neuf seuils, aujourd'hui il y en a trois. On a cinq ans pour se mettre en cohérence avec les réglementations, donc ce n'est pas du jour au lendemain que vous devez tout de suite avoir ou payer ce qu'il faut par rapport au franchissement de seuil et c'est cette démarche-là que nous mettons. Moi au niveau des TPE, des commerçants et des artisans…
CYRIL VIGUIER
Très petites entreprises.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, très petites entreprises. J'ai un comité de pilotage de simplification qui réécrit – qui réécrit – les CERFA, c'est-à-dire les imprimés administratifs que vous devez remplir pour telle et telle formalité et les courriers de l'administration à destination de ces très petites entreprises pour leur simplifier la vie.
CYRIL VIGUIER
C'est de la pédagogie que fait Bercy.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas de la pédagogie, c'est de la simplicité. C'est-à-dire à un moment, il faut que l'administration ne parle pas avec son vocabulaire mais parle avec le vocabulaire de l'entrepreneur. La pédagogie, c'est un peu condescendant. La réalité c'est que nous, on doit parler le vocabulaire des gens qui travaillent et qui n'ont pas le temps d'apprendre tous les acronymes de l'administration.
CYRIL VIGUIER
Agnès PANNIER-RUNACHER, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Economie et des Finances, on revient avec Alain LIBERTY et Patrice MOYON tout à l'heure. On va faire un déplacement du côté des travées du Salon de l'Agriculture, vous avez compris que nous étions ce matin en direct, avec une interpellation, Madame la Ministre, de Johan MOREAU. C'est la filière du lait qui veut vous poser une question.
MICHAEL SZAMES
Absolument. C'est vrai qu'on parlait du coronavirus, vous en avez parlé avec Madame la Ministre, et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'inquiétude dans ce Salon de l'Agriculture. Jehan MOREAU, on parle de concret, on parle de terrain, notamment du cas de l'Oise par exemple. Comment on fait pour l'importation aujourd'hui sur les questions du lait ? Vous avez le micro, vous pouvez interpeller la Ministre.
JEHAN MOREAU, DIRECTEUR DE LA FNIL
Oui, bonjour. En fait on a beaucoup parlé import-export mais aujourd'hui, avec le tournant que nous vivons sur le coronavirus, la question se pose de savoir comment on peut maintenir notre activité dans un territoire confiné. Nous sommes collecteurs de produits laitiers chez les exploitants agricoles, nous sommes transformateurs, nous distribuons des produits. Comment tout cela est possible dans la continuité de nos activités en cas de confinement ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui. Alors la première chose, ce qui guide notre action, le centre de pilotage il est au Ministère de la Santé. C'est le Ministère de la Santé qui va définir les règles du jeu. Quand est-ce qu'on passe au stade 2 ? Quand est-ce qu'on passe au stade 3 ? C'est-à-dire qu'on monte avec des mesures de plus en plus de confinement ou de protection pour les salariés.
CYRIL VIGUIER
De sécurité maximum.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et de sécurité. La deuxième chose, c'est qu'évidemment les activités stratégiques, et l'alimentation en est une, sont maintenues. On ne va pas confiner les gens et, on le voit en Italie, on le voit en Chine, vous continuez à alimenter les gens en tout état de cause. Je veux dire l'eau, l'électricité, l'alimentation sont des activités stratégiques. Muriel PENICAUD et Olivier VERAN vont réunir aujourd'hui les entreprises pour aborder justement ce côté comment on équilibre le fait de garantir aux salariés et à tous ceux qui travaillent et aux indépendants un niveau de sécurité sanitaire, comment les consignes vont être passées et le fait de ne pas tomber de l'autre côté du cheval qui consiste à tout fermer. Parce qu'on est interdépendant les uns des autres et évidemment il faudrait continuer à avoir ces activités.
PATRICE MOYON
Oui, l'impact de cette crise sur l'économie française. Bruno LE MAIRE a chiffré à titre provisoire 0,1 % dit-il sur la croissance mais est-ce qu'il ne va pas falloir réviser très vite ce chiffre compte tenu de l'ampleur de cette crise ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors 0,1 %, c'était effectivement dans l'état des informations dont on disposait la semaine dernière, c'est-à-dire avec une crise qui restait limitée essentiellement à l'Asie. La crise bouge vers l'Europe donc l'implication que cela va avoir sur l'économie est effectivement différente. A ce stade, on a plutôt des chiffres je dirais épars. Par exemple, Thierry BRETON évoque sur l'Europe deux millions de nuitées perdues. Ces deux millions de nuitées touristiques perdues, elles ne se retrouvent pas. Si vous multipliez par la dépense moyenne par visiteur chinois qui est entre mille deux cents et mille huit cents euros, vous avez tout de suite un impact assez majeur. Il évoque également trente milliards de dollars pour les compagnies aériennes au plan mondial. Donc on voit que cette crise va avoir un impact qui ne sera pas négligeable. Est-ce que ça sert à quelque chose de le chiffrer aujourd'hui ? Je ne crois pas parce qu'on est dans une situation qui est évolutive et nous, notre sujet, notre responsabilité c'est d'amortir au maximum son impact. C'est-à-dire de faire en sorte que certes le chiffre d'affaires perdu en Chine ne se rattrape pas, par exemple pour les groupes du luxe. Certes le chiffre d'affaires du tourisme en France ne se rattrape pas, mais nous avons mis en place des mesures pour accompagner les entreprises et faire en sorte qu'il n'y ait pas de casse. Je pense notamment au report des échéances fiscales et sociales, au travail partiel. Au fait, au contraire, si elles ont des bateaux qui arrivent tardivement et qu'elles doivent relancer des productions qu'elles puissent faire des heures supplémentaires plus simplement pour juste rattraper le temps perdu. Donc ces mesures sont en place et nous sommes en contact constant avec les filières justement pour passe le cap tout simplement et faire en sorte de minimiser l'impact de la crise.
ALAIN LIBERTY
Oui. Vous savez qu'il est aussi très important de permettre à l'ensemble des auditeurs des territoires d'accéder aux nouvelles technologies. On parle beaucoup en ce moment du DAB, la radio de demain, la radio numérique. J'ai vu dans les amendements déposés pour le prochain projet de loi de l'audiovisuel un amendement sur un accompagnement financier pour permettre aux radios de moindre importance parfois d'accéder à cette nouvelle technologie et de faciliter les investissements. Est-ce que c'est le genre d'initiative et d'amendement que votre gouvernement peut soutenir ?
CYRIL VIGUIER
Et je voudrais compléter sa question en disant est-ce qu'on est bon technologiquement, les Français ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est deux questions très différentes. Sur les radios, je vais répondre très simplement. Je ne suis pas personnellement le projet de loi sur l'audiovisuel, donc je ne me permettrai pas de répondre sur un sujet que je ne maîtrise pas. Sur la question de la technologie en revanche, aujourd'hui si vous regardez notre positionnement en technologie digitale, vous avez un classement européen. On n'est pas mauvais dans tout ce qui est formation. On est bon dans tout ce qui est tech. En revanche, on est très en retrait, et c'est pour ça qu'on a mis les bouchées doubles… On était très en retrait en 2017, très en retrait étant vingt-cinquième, vingt-sixième ou en vingt-septième position en Europe, ce qui n'est pas brillant sur vingt-huit pays ; à l'époque, il y avait encore le Royaume-Uni. Sur l'équipement des territoires en très haut débit et en 4G. Et c'est pour ça que nous avons doublé le rythme d'équipements de très haut débit en France et que nous allons rattraper notre retard en 2022 et pareil sur la 4G. On a triplé notre rythme de déploiement.
CYRIL VIGUIER
Justement Agnès PANNIER-RUNACHER, les radios territoriales du type que celles que représente Alain LIBERTY, elles contribuent à cette couverture du territoire quand la télévision ne peut pas arriver, quand l'Internet ne peut pas être là. Ils ont une vraie, j'allais dire, responsabilité et valeur ajoutée dans ce domaine-là précisément.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le gouvernement est en faveur de tout ce qui permet de remettre, je dirais, du service qu'il soit privé ou public dans les territoires. L'information, le lien social que créée une radio, c'est du service dans les territoires. Donc en tout état de cause, quand on remet des commerces ; quand on remet de l'artisanat : Action Coeur de Ville ou le plan Ville Bourg Moyen ; quand on remet de l'industrie dans les territoires, c'est tout notre plan Territoire d'Industrie ; quand on remet du service public dans les territoires, c'est Maison France Services. Là aussi, on a une écoute attentive de tout ce qui peut permettre d'accompagner, ce qui finalement recrée du lien social, ce qui manque. Moi j'interprète la crise des Gilets jaunes aussi comme étant la résultante d'une perte de densité d'activité sur les territoires suite à la perte de l'industrie. Puis après l'industrie, vous enlevez le café et le restaurant du coin puisque vous n'avez plus les gens pour y aller. Puis après vous perdez des écoles et puis après, pour être une radio ou pour émettre, c'est compliqué parce que vous n'avez pas tellement de soutien privé et financier.
CYRIL VIGUIER
Les dirigeants de la presse quotidienne régionale qui sont partenaires nous ont souvent dit que les courriers des lecteurs des grands quotidiens régionaux avaient vu arriver d'une certaine manière cette crise des Gilets jaunes.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça ne me surprend pas.
CYRIL VIGUIER
C'est le cas des radios indépendantes sans doute aussi.
ALAIN LIBERTY
Absolument. L'an dernier, on a lancé une grande étude sur la relation de confiance des auditeurs avec leurs radios et à ce moment-là, nous avons eu beaucoup, beaucoup de remarques sur justement la station quotidienne dans les territoires, ce sentiment d'abandon, et à l'inverse, ce sentiment de proximité que les auditeurs entretiennent avec leur radio. Donc oui, évidemment, je ne peux que souscrire à ce que vous venez de dire sur ce besoin de maintenir un lien, un lien social fort.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Un lien social.
CYRIL VIGUIER
Deuxième duplex, on va se rendre dans les travées du Salon de l'Agriculture où nous sommes en direct, Agnès PANNIER-RUNACHER, avec Dominique CHARGE quia une question à vous poser. Il est aux côtés de Michael SZAMES.
MICHAEL SZAMES
Oui. Dominique CHARGE, président de la Coopération agricole, avec un bilan de Salon positif globalement.
DOMINIQUE CHARGE, PRESIDENT DE LA COOPERATION AGRICOLE
Un bilan très positif pour la Coopération cette année. On voit qu'au-delà de présenter nos métiers et présenter nos activités, notamment au niveau des deux mille trois cents coopératives, nous mettons très fortement en avant la prise de conscience mais aussi des solutions, des nouvelles technologies pour faire face aux transformations et aux transitions dans lesquelles nous devons nous engager.
MICHAEL SZAMES
Madame la Ministre est face à vous en quelque sorte, vous pouvez lui poser une question. Elle vous écoute.
DOMINIQUE CHARGE
Bonjour Madame la Ministre.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
DOMINIQUE CHARGE
Justement, sur ces questions de transformation et de transition de nos modèles économiques et nos modèles agricoles, nous allons avoir en plus d'assurer ces transitions à garder notre compétitivité pour l'ensemble des marchés et alimenter nos compatriotes. Nous sommes aujourd'hui au niveau des deux mille trois cents coopératives qui représentent l'activité économique, les agriculteurs sur les territoires, des entreprises qui appartiennent à leurs agriculteurs, nous allons avoir aujourd'hui à déployer, à massifier ces solutions alternatives, et nous allons avoir à accompagner et à financer ces solutions alternatives. Alors au-delà, Madame la Ministre, du pacte productif qui sera un des moyens qui nous permettra de développer des nouvelles technologies, des ruptures technologiques, nous allons aussi avoir à accompagner et à financer la mise en oeuvre et la massification de ces solutions alternatives dans ces exploitations agricoles auprès de l'ensemble de nos adhérents. Quels sont, selon vous, les moyens de financement possibles à redéployer pour accompagner ces transitions ?
CYRIL VIGUIER
Et je rappelle que Dominique CHARGE est le président de la Coopération agricole.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors la première chose, c'est de se donner une stratégie. C'est ce que nous sommes en train de faire, c'est ce que fait Didier GUILLAUME filière par filière avec les organisations interprofessionnelles. Et ça c'est important parce qu'interprofessionnelle, ça signifie que vous avez l'ensemble de la filière. Donc il ne s'agit pas de le faire juste avec les agriculteurs mais il faut penser les transformateurs derrière et il faut penser aux distributeurs derrière. Premier point. A partir de là, nous avons effectivement une transformation de notre agriculture à mener et le pacte productif, c'est une étape importante. Vous avez spécifiquement, qui sont en préparation, des mesures pour l'agriculture. Je pense par exemple au plan d'investissement d'avenir qui arrive à son terme et dont nous pensons relancer une nouvelle édition qui sera focalisé sur des marchés-clés, des marchés-clés qui apportent des solutions à la transition écologique énergétique. C'est-à-dire que c'est bien de parler de transition écologique énergétique, c'est encore mieux d'avoir les solutions derrière et de concrètement dire : lorsque je finance telle solution – en l'occurrence le bio contrôle, l'agriculture de précision – voilà ce que j'espère gagner en termes d'émission de CO2 ou d'amélioration de mon empreinte environnementale. Derrière le PIA, c'est à peu près un milliard d'euros d'enveloppe budgétaire chaque année qui est envisagé. Et ensuite, il y a comment on massifie et on industrialise cette transformation. Moi, je veux faire le parallèle avec ce qu'on est en train de faire dans l'industrie. Dans l'industrie, on accompagne la transformation numérique des entreprises. C'est l'usine 4.0 qui permet de retrouver de la compétitivité. C'est un peu la même chose qu'il va falloir faire dans l'agriculture. C'est-à-dire qu'on va avoir besoin de convaincre les agriculteurs de passer à l'acte, et ça, ça se fait en mettant des clubs et en faisant en sorte que les agriculteurs trouvent des pairs qui leur expliquent que ça leur a apporté quelque chose de positif. Il va falloir former parce qu'on ne passe pas dans ces types de transformation comme ça du jour au lendemain. Il va falloir accompagner financièrement. Aujourd'hui dans le numérique, on a un sur-amortissement fiscal qui permet aux entreprises d'avoir un petit avantage fiscal lorsqu'ils achètent des machines à commande numérique. Donc tout ça, ça donne un petit peu la direction dans laquelle on peut aller dans l'agriculture en prenant le même dispositif.
PATRICE MOYON
Oui. Une question sur le bilan des états généraux de l'alimentation. Parce que les agriculteurs ont fait des gains de productivité considérables ces trente dernières années et ces gains de productivité, d'une certaine façon, leur ont échappé. On sait que les aides versées dans le cadre de la politique agricole commune vont sans doute baisser, donc comment est-ce qu'on sécurise d'une certaine façon les agriculteurs ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors d'abord, vous l'avez vu, je crois qu'il n'y a aucun doute sur le fait que Didier GUILLAUME, le président de la République, Amélie de MONTCHALIN, Jean-Yves LE DRIAN, sont extrêmement actifs au niveau de la Commission européenne pour défendre un budget de la PAC qui soit un budget à la hauteur des ambitions que nous avons. Et on n'a pas hésité à dire : non, parce que ça ne nous convenait pas il y a quelques jours. Voilà. Donc ça, on prend nos responsabilités. La deuxième chose, c'est que ce budget de la politique agricole commune, il a vocation à être essentiellement orienté vers la transformation, vers ces transitions qu'on doit accompagner. Donc je pense qu'au contraire, c'est un levier important pour permettre et financer les transitions que Dominique CHARGE appelle de ses voeux. Et la troisième chose, c'est qu'au niveau français, au niveau des filières – moi j'ai le contrat stratégique de filière de l'industrie agro-alimentaire donc c'est quand même assez connecté avec l'amont – il y a tout le travail que nous faisons dans le cadre de la loi EGalim sur lequel je suis allée voir beaucoup de filières : le lait, le boeuf, le porc, etc. Et ce que je constate c'est que bien sûr il y a des critiques sur [le mode] on n'est pas allé assez loin, mais enfin il n'y en a aucun qui dit : il faut remettre en cause. Tout le monde dit : surtout, continuez l'expérimentation. Donc ça veut dire que les choses bougent et on commence à voir les premiers contrats sur cinq ans, on commence à voir les premiers plans d'affaires qui sont développés, donc on commence à sortir la tête du prix et on est sur la qualité.
CYRIL VIGUIER
Agnès PANNIER-RUNACHER, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Economie et des Finances, merci infiniment d'avoir été notre invitée politique.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 février 2020