Texte intégral
DIMITRI PAVLENKO
Et oui, les start-up, la French Tech face au coronavirus, certaines apportent leur concours pour aider le pays à traverser la crise, mais beaucoup évidemment souffrent de la situation, comme toutes les entreprises, on en parlait avec François VIDAL à l'instant. Bonjour Cédric O
CEDRIC O
Bonjour.
DIMITRI PAVLENKO
Secrétaire d'Etat au Numérique, merci d'être avec nous en direct ce matin. Alors, vous allez nous présenter dans un instant tout ce que la puissance publique propose, va proposer pour aider les start-up dans la crise, commençons tout de même par ce qu'elles font pour le pays. On dirait un peu du Ronald REAGAN ce que je viens de dire. Vous avez lancé, il y a une semaine de ça, un appel à l'écosystème Tech français face au coronavirus, cet appel a été très largement entendu, Cédric O.
CEDRIC O
Alors oui, c'était même il y a deux semaines que j'ai lancé un appel à la French Tech pour qu'elle vienne nous aider à lutter et à améliorer la situation dans le cadre du coronavirus, il y a à peu près de 320 entreprises qui ont répondu, donc il y a eu une réponse massive, et nous avons publié, à ce stade, les premières offres que nous avons qualifiées sur le site mobilisation-numerique.gouv.fr, afin que, à la fois les particuliers, mais aussi les entreprises, puissent trouver un certain nombre d'offres, la plupart du temps gratuites, qui sont mises à leur disposition, que ce soit pour télétravailler, les offres de télémédecine, les offres d'e-commerce, voilà, c'est pour essayer d'améliorer la situation et de permettre aux gens de s'organiser dans une situation où la plupart des gens sont chez eux, où les entreprises s'organisent en télétravail.
DIMITRI PAVLENKO
Oui, effectivement. On peut citer aussi les start-up de la santé, on pense à Doctolib et ses téléconsultations, des entreprises qui font aussi dans l'éducation, avec aussi des abonnements gratuits pour plusieurs mois, et même des applications créées ad hoc pour l'occasion, comme "SOS un toit" qui propose aux Français bloqués à l'étranger d'aider à se loger. On voit qu'il y a vraiment un élan citoyen de la Tech française, Cédric O.
CEDRIC O
Oui, je veux vraiment saluer, parce que nous avons chaque jour des dizaines d'entrepreneuses et d'entrepreneurs qui nous écrivent pour nous demander comment ils peuvent nous aider, "SOS un toit" c'est un très bon exemple, c'est un groupe d'entrepreneurs qui est venu aider le ministère des Affaires étrangères pour aider les Français qui sont bloqués à l'étranger à trouver un toit, et donc il y a vraiment un élan de solidarité au sein de la French Tech qui, je trouve, est vraiment remarquable.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, ces entreprises, c'est de la Tech, dont certaines tirent leur épingle du jeu en ce moment, mais enfin beaucoup sont quand même passées en mode survie, parce que la crise du coronavirus remet tout en question. Vous annoncez ce matin Cédric O, sur Radio Classique, un plan d'urgence de soutien spécifique pour les start-up qui va au-delà de ce qui est prévu déjà pour l'ensemble des entreprises tricolores.
CEDRIC O
Alors effectivement, nous annonçons ce matin, évidemment en lien avec Bruno LE MAIRE, un plan spécifique de soutien à la trésorerie des start-up, qui à la fois s'intègre dans le plan global de Bruno LE MAIRE, et puis va un petit peu plus loin, si vous permettez je peux détailler les mesures. Donc au total il s'agira d'un plan, pour la trésorerie, de 4 milliards d'euros, à la fois sur des prêts pour les start-up qui peuvent leur permettre de se refinancer à court terme, qu'on appelle « les Bridge » (phon), pour environ 160 millions d'euros, le versement anticipé d'un certain nombre d'aides ou de crédits d'impôt, notamment du CIR, et donc toutes les start-up qui le souhaitent peuvent se faire verser dès maintenant leur CIR 2019, ce qui représentera une avance de trésorerie de 1,5 milliard, ou encore le versement accéléré d'aide du PIA pour 250 millions d'euros, et enfin au sein de la garantie qui a été annoncée hier par Bruno LE MAIRE, nous avons fait en sorte que les start-up qui ont un modèle un peu différent des autres, puisque notamment beaucoup d'entre elles ne font pas de chiffre d'affaires, puissent être concernées, et ça, cela représentera 2 milliards d'euros de garantie sur… de trésorerie. je me permets de rappeler, puisque c'est quelque chose que nous faisons avec BPI France et le SGPI, donc le secrétaire général au plan d'investissement, que BPI, donc la Banque publique d'investissement, continuera à financer autant qu'elle le faisait avant es start-up, ça représente en plus de ces 4 milliards d'euros, 1,3 milliard qui seront investis dans les start-up françaises cette année.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, je reviens un peu sur le détail de ce que vous venez dire. alors ces fameux "Bridge", cette enveloppe de 160 millions, en fait c'est spécifiquement pour toutes ces start-up qui, on le sait, consomment énormément de capitaux au début de leur vie, n'ont pas forcément beaucoup de chiffre d'affaires et qui sont entre deux levées de fonds pour certaines, il y a ce risque que certaines levée de fonds qui étaient prévues dans les semaines, les mois à venir, auprès d'investisseurs, que ce soit des investisseurs privés, voire du marché, vous craignez que ces levées de fonds soient remises en question Cédric O ?
CEDRIC O
Alors, exactement, compte tenu de la situation économique mondiale, il y a un risque de frilosité de certains investisseurs. Déjà je vais commencer par réunir cette semaine les fonds de capital-risque français pour les appeler à leurs responsabilités, l'Etat a beaucoup investi dans ce domaine-là, nous attendons qu'ils tiennent leurs positions et qu'ils aident les start-up dans lesquelles ils ont investi jusqu'ici, certaines start-up pourraient toutefois connaître des difficultés, notamment celles qui avaient prévu de lever dans les jours qui viennent ou les semaines qui viennent, et donc pour aider ces start-up à passer la bosse de la crise et pouvoir relever, mais ceci dans quelques mois, nous avons mis en place ces prêts spéciaux qui doivent leur permettre de gagner du temps et de ne pas se retrouver à court de trésorerie à très court terme.
DIMITRI PAVLENKO
Remboursement accéléré, vous l'avez dit aussi, par l'Etat des crédits d'impôts recherche, le crédit impôt recherche, mais aussi des crédits de TVA. Est-ce que vous chiffrez cet effort financier pour l'Etat qui engage déjà des sommes colossales, on le sait, pour sauver les entreprises françaises ?
CEDRIC O
Alors, il s'agit des crédits PIA, plan d'investissement d'avenir, et pas de la TVA. En l'espèce, là où vous avez raison, c'est sur le crédit impôt recherche. Théoriquement, pour le CIR 2019, l'Etat rembourse en octobre ou en novembre, ce que nous avons décidé c'est que pour toutes les start-up qui en feront la demande, toutes les PME innovantes qui ont feront la demande, nous le rembourserons dès maintenant, et cela représente donc une trésorerie de 1,5 milliard d'euros disponible dès maintenant pour les start-up.
DIMITRI PAVLENKO
Cédric O, secrétaire d'Etat au Numérique. Bruno LE MAIRE disait hier il n'y aura pas de faillite provoquée par le coronavirus. Bon, on n'empêchera pas totalement de toute manière qu'il y ait des faillites, ça fait quand même partie de la vie économique normale, mais pour celles qui vont perdre de la clientèle à cause du coronavirus, est-ce que là aussi vous serez au rendez-vous puisque là, effectivement, ça peut être un modèle, un business model, qui se retrouvera mis en question par la crise actuelle ?
CEDRIC O
Nous, notre objectif, c'est de permettre aux start-up de passer la crise et ensuite de continuer leur croissance. il faut juste se souvenir que les start-up aujourd'hui c'est entre 1 emploi sur 5 et 1 emploi sur 6 créé en France, et donc c'est extrêmement important pour notre économie, c'est pour ça que nous adaptons l'ensemble des mesures de trésorerie, c'est pour ça que nous avons adapté les mesures de chômage partiel aux startup, par exemple en faisant en sorte qu'elles puissent le demander sans avoir besoin de créer leur comité d'entreprise, quand elles n'avaient pas le temps de le créer. La situation elle va repartir, les start-up elles vont recommencer à créer des emplois, le sujet, dans les semaines et les mois qui viennent, c'est de les aider à passer la bosse, de faire en sorte qu'elles puissent repartir après.
DIMITRI PAVLENKO
Cédric O, il y a un sujet qui monte aussi beaucoup en ce moment, c'est celui du fameux traçage numérique, ce fameux modèle coréen qui, dit-on, là-bas a permis de limiter l'expansion de l'épidémie, c'est cette fameuse technologie du backtracking qui permet, quand une personne a été testée positive au coronavirus, eh bien de remonter ses données de géolocalisation GPS et donc de savoir où elle est passée, qui elle a rencontré. Il se trouve que le gouvernement a invité son comité scientifique à réfléchir à la mise en place de telles techniques, qu'en pensez-vous, vous en tant que membre du gouvernement, est-ce qu'aujourd'hui, effectivement, il y a une réflexion au sein de l'Etat pour, pourquoi pas, mobiliser demain les opérateurs télécoms afin d'activer cette mesure, qui quand même est attentatoire aux libertés publiques et à la vie privée ?
CEDRIC O
Alors, je pense qu'il faut être extrêmement clair sur cette question, la responsabilité du gouvernement, d'abord, c'est de regarder toutes les solutions pour combattre le virus. Sur ce sujet particulier du backtracking, en lien avec leurs équipes médicales, de nombreux pays, vous l'avez dit, en Europe l'Allemagne ou encore le Royaume-Uni, en Asie Singapour, ont entrepris de développer des applications numériques qui sont destinées à combattre la propagation de l'épidémie. Ce qui se passe actuellement c'est que mon secrétariat d'Etat, le ministère de la Santé, des contacts sont en cours avec nos partenaires, afin de mieux comprendre des solutions technologiques qui ont été retenues et d'évaluer leur intérêt sanitaire réel. Donc, ce que nous faisons c'est que, je parlerai probablement dans les heures qui viennent ou demain à mes homologues, pour essayer de comprendre ce qu'ils font, et de quelle manière ça peut aider à combattre l'épidémie, et à ce stade il n'y a aucune initiative qui a été prise par le gouvernement, mais il serait quelque part criminel de la part du gouvernement de ne pas étudier toutes les solutions qui sont sur la table, mais encore une fois, à ce stade, il n'y a aucune initiative française en la matière.
DIMITRI PAVLENKO
Oui, parce qu'on connaît, on mesure aujourd'hui à l'impact économique du confinement de la population, est-ce que cette technologie de suivi, de géolocalisation, combinée à une généralisation du masque et des tests, pourrait représenter une alternative crédible, selon vous, qui épargne un petit peu l'économie Cédric O, c'est un petit peu l'équation ce matin ?
CEDRIC O
Oui. Très honnêtement c'est vraiment très prématuré à ce stade, je pense qu'il y a une part de fantasme et de projection sur ce qui est en train d'être fait par les autres pays, ce que nous cherchons à faire c'est de mieux comprendre quelles sont les options sur la table, et puis ensuite on verra, mais à ce stade on est vraiment dans une phase d'audit et de compréhension, en tout cas dans les jours qui viennent.
DIMITRI PAVLENKO
Vous disiez sur la reconnaissance faciale, ce n'est pas le genre de sujet qu'on décide quand ça tangue, donc c'est finalement cette ligne-là que vous défendez encore ce matin ?
CEDRIC O
Non, je pense qu'il faut que si certaines options peuvent être utiles, que toutes doivent être étudiées, on est dans une situation de crise, les gens sont confinés, donc il faut étudier toutes les solutions qui sont sur la table, mais à ce stade, encore une fois, nous n'avons pas de données plus précises sur réellement ce que cela permettra, réellement le fonctionnement, et donc on veut d'abord comprendre, et c'est vraiment la phase dans laquelle nous sommes.
DIMITRI PAVLENKO
Merci Cédric O, le secrétaire d'Etat au Numérique, avec nous ce matin en direct sur Radio Classique, qui a annoncé à l'instant un plan spécifique de soutien pour les start-up à 4 milliards d'euros, merci d'avoir été avec nous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mars 2020