Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il est 8h17 était notre invitée, c'est Agnès PANNIER-RUNACHER, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, bonjour Madame la Ministre et merci d'être avec nous ce matin.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On a une question importante qui nous est posée en fait par beaucoup de chefs d'entreprise, c'est quand est-ce qu'on va sortir du déconfinement et comment car vous le savez, vous occuper les entreprises au jour le jour Agnès PANNIER-RUNACHER il faut de la visibilité pour pouvoir reprendre l'activité refaire partir la machine, retravailler et sortir de la récession ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sortir du confinement, ça suppose aussi de savoir très exactement quelle est la cinétique de l'épidémie et ça c'est la santé qui va nous le dire et qui va nous le dire sur la base des données dont elle dispose, donc de données qui évoluent au jour le jour. donc nous sommes évidemment très au clair sur le fait que plus on peut anticiper le déconfinement et plus on peut s'organiser collectivement et c'est ce que nous faisons en temps masqué, plus ce sera facile de redémarrer, mais il faut aussi être humble par rapport au virus et être aussi agile par rapport aux informations dont on dispose, donc effectivement c'est la santé qui donnera le top départ, c'est la santé qui dira comment on doit organiser et de protéger les salariés qui reprendront le travail et protéger monsieur et madame tout le monde dans sa vie de tous les jours. Et c'est sur cette base-là qu'on construira les plans et je veux signaler que Jean CASTEX a été nommé pour justement préparer ces stratégies de déconfinement, on y participe. On y participe en travaillant sur les besoins de chaque filière, chaque secteur d'activité les informations dont elles ont absolument besoin pour pouvoir redémarrer, mais également en travaillant sur tout ce qui est fournitures de matériel de protection si on devait adapter nos logiques de protection.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Justement ça c'est votre responsabilité ces matériels de protection, les masques notamment autant de mal à maintenir une activité économique un tant soit peu normale c'est parce qu'on n'a pas les moyens de protection, les entreprises n'ont pas les masques, elles cherchent toujours les masques, qu'en est-ce que nous aurons des masques ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors les entreprises pour les plus grandes d'entre elles ont des masques désormais puisqu'elles ont organisé des importations avec notre appui et elles sont chargées de porter pour leur filière l'ensemble du sourcing, de l'approvisionnement de ces masques et nous le faisons filière par filière. certaines filières sont très bien organisées d'autres doivent encore prendre leurs marques c'est normal, en parallèle nous avons lancé la fabrication de masques sur la base des préconisations que nous ont donné la santé, donc ils nous ont donné des préconisations de niveau de filtration que devait atteindre les masques, ce sont des masques tissus réutilisables, lavables selon un processus qui est également défini par la santé pour tuer virus le cas échéant dont plus de 60 degrés etc et nous sommes aujourd'hui à un niveau de fabrication de masques de plusieurs millions par semaine, avec des grandes entreprises qui se sont mobilisées non seulement des grandes entreprises comme Chargeurs, comme les tissus Charlieu, mais également des projets d'économie sociale et solidaire, je veux citer Résilience qui mobilise les ESAT sur le territoire pour fabriquer des centaines de milliers de masques. Comme ces masques sont réutilisables nous avons l'équivalent de plus de 3 millions de masques utilisables produits chaque jour, la liste des entreprises qui produit ces masques est disponible sur le site de la direction générale des entreprises. Donc c'est le moment de se fournir, la grande, je dirais l'étape suivante c'est d'arriver à faire en sorte que ces masques arrivent jusqu'aux plus petites entreprises parce que assez logiquement elles peuvent moins commander de volume, elles n'ont pas forcément accès et l'habitude de négocier avec des directions achat et c'est dans cette démarche-là que nous devons les accompagner aujourd'hui, nous sommes en lien avec les buralistes par exemple, nous avons mis en lien aussi la fédération des boulangers avec les grands fabricants de masques pour organiser cette redescente des masques sur le territoire.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va parler du plan de soutien du gouvernement qui est un plan massif inédit dans le monde et on ne peut que s'en féliciter, mais il y a encore des trous dans la raquette, on a parlé ce matin dans Good Morning Business de par exemple les néo Banque qui n'ont pas accès aux prêts garantis par l'Etat or certaines entreprises, certaines start-up, certaines PME, sont clientes uniquement d'une néo Banque donc elles n'ont pas accès aux garanties proposées par l'Etat. Dans le circuit traditionnel, dans les banques traditionnelles aussi des entreprises se voient refuser les prêts, alors même que ces prêts sont garantis à 90% par l'Etat, pourquoi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors parce qu'il y a des situations risque différenciée, nous nous sommes tombés sur un accord avec les banques pour que les entreprises qui ont une notation 5 plus et meilleur que 5 plus puissent avoir un aient un accès quasi automatique à des prêts qui représentent 25% de leur chiffre d'affaires. Ensuite sur les notations inférieures nous faisons intervenir la médiation du crédit pour trouver des accords et en 2e niveau la BPI qui peut accorder des prêts à titre individuel qui n'a pas besoin d'avoir une banque comme c'est le cas d'habitude. s'agissant des entreprises qui sont en procédure c'est aujourd'hui illégales pour les banques de données des prêts, c'est la législation française et européenne que nous sommes en train d'adapter cela sera fait dans les tout prochains jours pour justement faire en sorte que ces entreprises ne soient pas traitées de manière différente, même si une entreprise qui est en grande difficulté n'a pas nécessairement, ne va pas avoir nécessairement accès à un prêt parce que l'enjeu aussi, c'est de soutenir les entreprises qui fonctionnaient avant et ça je crois que c'est important, tout le monde le comprend, des entreprises qui ont un avenir, on doit absolument les soutenir, des entreprises qui pour des raisons de gestion interne ne fonctionnaient plus, peut-être que cette crise est l'ultime coup, mais on ne pourra pas dans ce cas-là d'être en soutien abusif de ces entreprises-là. En tout cas ce qui est clair c'est que nous orientons, nous nous appuyons avec le fonds de solidarité sur les TPE aussi pour aller plus loin et pour faire en sorte que celles qui n'ont pas ces financements accessibles puissent en bénéficier au travers du fonds de solidarité et de façon à ce que l'ensemble des situations soit couvert.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors justement est-ce que le fonds de solidarité, vous allez aller plus loin, pour l'instant c'est à la base 1500 euros, il y a une dotation supplémentaire de 2000 euros dans des cas particuliers, est-ce qu'on peut aller plus loin ? Hier soir Bruno LE MAIRE a rapidement évoqué un nouveau plafond 5000 euros notamment pour y inclure les loyers aider les PME à payer leur loyer, vous pouvez nous en dire plus ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, nous sommes en contact très étroit, moi j'ai passé encore 2 heures mardi avec l'ensemble des fédérations de commerçants, ce qui remonte c'est que 1500 euros ça va pour le mois de mars, mais ça va pas suffire dans la durée et qu'il faut effectivement approfondir ce plan et en particulier la grande angoisse de beaucoup de commerçants, artisans, restaurateur, c'est le paiement de leur loyer et. Même si nous avons négocié une suspension du paiement de leur loyer, même si nous travaillons avec beaucoup de bailleurs, cette épée de Damoclès qui pèse sur beaucoup de d'entreprises est extrêmement anxiogène et empêche de se projeter dans l'avenir. donc nous travaillons, ce n'est pas encore finalisé, on doit faire les derniers arbitrages mais le président de la République nous y a invités, il veut que le plan soit plus profond, soit plus massif pour les TPE, a effectivement 1, renouveler le fonds de solidarité pour le mois d'avril, 2, monter les curseurs sur certaines situations et 3, être en situation de prendre en charge pour certaines entreprises et en fonction de critères que nous devons encore définir, la prise en charge de ces loyers de façon à effacer ces charges et à ce qu'elles ne pèsent plus sur l'avenir des entreprises. Mais c'est encore en voie de travail, et nous allons affiner les choses, nous avons un conseil des ministres la semaine prochaine qui sera justement l'occasion de faire le point tous ensemble avec le président de la République, le Premier ministre le ministre des Comptes publics, et Bruno LE MAIRE qui porte ce dossier.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc des annonces mercredi prochain, est-ce que vous avez eu honte Agnès PANNIER-RUNACHER comme Bruno LE MAIRE hier matin après l'échec des discussions de l'Eurogroupe sur l'instauration de mécanismes de solidarité entre pays européens ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je dirais que j'ai été très attristée, je pense que Bruno LE MAIRE qui a passé toute la nuit à négocier sur ce groupe a entendu des propos qui l'ont affecté par rapport à notre projet européen et je comprends sa frustration qu'on ne soit pas arrivé à un accord mais maintenant on doit arriver à un accord. Je crois que c'est absolument essentiel, si on ne sait pas activer un mécanisme de solidarité dans les conditions actuelles, une crise sanitaire doublée d'une crise économique absolument majeure, on ne sait pas bien à quoi servent nos mécanismes de solidarité. Donc on est, on pense qu'on va y arriver, on doit y arriver, il est absolument essentiel que l'Europe joue ce rôle de locomotive pour l'ensemble des pays européens et permette effectivement de nourrir au moment où on les différents pays pourront sortir de confinement nourrir une croissance nouvelle. On a besoin d'investir dans des secteurs essentiels, on l'a dit, on a parlé de santé, on a des secteurs critique en matière industrielle, de la 5G va être décalée, c'est une perte d'opportunité pour notre croissance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
De combien de mois le décalage de la 5G ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça dépendra du déconfinement, on peut difficilement organiser un déploiement dans une situation où l'on ne peut pas organiser les enchères normalement, on ne peut pas faire ses tours de négociations et on ne peut pas derrière valablement mettre le pied sur l'accélérateur d'un déploiement physique. Donc l'enjeu c'est d'être capable de préparer le plan qui soutiendra la croissance future et ce plan il doit marquer la solidarité des différents pays européens et surtout nous donner de l'élan parce que l'ensemble du marché unique européen est un marché très puissant, très porteur à condition qu'on se donne les moyens de réinvestir collectivement.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On ne vous entend plus parler des corona bonds, vous estimez que la solidarité, elle pourrait se manifester plutôt à travers un budget de solidarité commun en Europe comme le propose Christine LAGARDE dans Le Parisien ce matin, plutôt que vers un nouveau mécanisme financier comme Les corona bonds.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que nous sommes très ouverts sur le mécanisme qui peut porter ce nouvel élan et financier, l'enjeu c'est effectivement de créer les mécanismes qui nous permettent d'investir massivement dans la reprise est massivement dans des secteurs d'utilité primaire, je pense que tout le monde a bien vu que la santé est un secteur absolument essentiel à la fois dans son volet de service, c'est mais également dans son volet industriel pour ne donner que cet exemple.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci beaucoup à vous, Agnès PANIER-RUNACHER d'avoir été avec nous en direct de Bercy ce matin et vous me l'avez donc annoncé des nouvelles annonces sur le fond de solidarité en milieu de semaine prochaine lors du conseil des ministres de mercredi. Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 avril 2020