Texte intégral
Q - On continue à évoquer cet impact économique, avec vous, Jean-Baptiste Lemoyne, Bonjour.
R – Bonjour.
Q - Vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Dans cette crise, vous pilotez le dossier tourisme, qui n'est pas le plus simple. Ce qui est terrible pour une entreprise, c'est l'incertitude. Vous avez rencontré des représentants du secteur. J'imagine qu'ils vous ont demandé des perspectives, des dates. Est-ce que vous avez pu leur en donner ?
R - Nous avions ce matin le comité de filière tourisme que je réunis chaque mardi, justement, pour faire le retour d'expérience de l'accompagnement de ces entreprises avec tous nos dispositifs. Il est vrai qu'aujourd'hui il n'est pas possible de donner encore une perspective, tout simplement parce que nous sommes dans ce combat contre ce virus Covid-19, et que c'est avant tout le combat sanitaire et son évolution qui vont commander la suite des choses. Ce qui est clair, c'est que les professionnels, en tous les cas, souhaitent se préparer et nous leur avons demandé de nous transmettre leurs projets de protocole sanitaire pour y travailler avec eux et avec la mission de Jean Castex, pour être prêts, le moment venu.
Mais il n'est pas possible de dire quand ce moment va venir. Alors, c'est pourquoi, nous avons mis en place des prêts garantis par l'Etat, un chômage partiel massif. Aujourd'hui, je peux vous le dire, c'est 27 000 entreprises par exemple qui bénéficient de 2,7 milliards d'euros de prêts, pour pouvoir passer ce cap difficile et nous continuons à ajuster les dispositifs pour leur permettre de vivre et de survivre. Dix restaurants qui fermeraient…
Q - Oui, la priorité, c'est évidemment d'éviter les fermetures dont vous parliez, juillet et août, c'est un tiers de l'activité touristique, pour le secteur, en termes de chiffre d'affaire. Est-ce que l'on peut imaginer que juillet-août soit une saison blanche, cette année, pour les professionnels ? Est-ce que, malheureusement, c'est possible ?
R - Certains professionnels m'ont dit se préparer à une telle perspective parce que, pour certains d'entre eux, même si les conditions sanitaires, un jour, étaient à nouveau réunies, pour ouvrir, l'équilibre économique ne serait peut-être pas là, compte tenu effectivement d'un certain nombre de contraintes d'organisation et sanitaires qui s'imposeraient. Or, c'est la santé qui commande. Donc, il va falloir les aider, pour certains, je ne dis pas pour tous, mais pour certains, à tenir, parfois, jusqu'au mois de mars prochain, jusqu'au début de la prochaine saison.
C'est pourquoi aussi, le président de la République a appelé à ce que nous construisions un grand plan de soutien, de relance, de transformation du tourisme. Nous nous y attelons. Nous nous réunissons avec les professionnels pour préparer ces mesures qui vont permettre notamment, en matière, peut-être, de fonds propres, d'investissements, d'être aux côtés des professionnels et encore une fois de rester, eh bien, ce pays merveilleux, vous savez, les Allemands disent " heureux comme Dieu en France ", eh bien, il faut que l'on garde cette offre, cette réputation, qui fait que l'on aura envie de venir et de revenir en France.
En attendant, la reprise passera avant tout par la clientèle domestique, les Français. Moi, je sens une formidable envie de redécouvrir la France et, le moment venu, ce sera là-dessus qu'il faudra agir.
Q - Justement, Jean-Baptiste Lemoyne, est-ce qu'il faut que nous réservions nos vacances pour cet été ? Parce qu'il y a une incertitude. Est-ce que moi, je dois réserver mon hôtel pour cet été ? Est-ce que je ne prends pas des risques ?
R - Encore une fois, il est aujourd'hui encore trop tôt pour donner des perspectives. Et donc, je comprends l'angoisse des professionnels, et c'est pourquoi on les accompagne au plus près. Je comprends aussi peut-être l'impatience de certains de pouvoir s'organiser, du point de vue des touristes. Mais, aujourd'hui, vous savez, il y a encore ce combat à mener et à gagner contre le virus. Ensuite, naturellement, lorsque les protocoles sanitaires seront agréés, lorsqu'il sera possible de donner des perspectives, alors les choses s'enclencheront. Ce qui est sûr, c'est que les pouvoirs publics, l'Etat, le gouvernement, nous serons aux côtés de la filière pour appeler, le moment venu, à faire en sorte de redécouvrir la France, de venir en aide, en appui à tous ces professionnels qui souffrent aujourd'hui, mais que nous devrons aider demain, aussi, à redémarrer.
Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, d'avoir répondu à nos questions. On va retenir donc ce chiffre : 2,7 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat demandés par 27 000 entreprises du secteur.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2020