Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à CNews le 22 avril 2020, sur l'éventualité d'une réouverture des restaurants le 15 juin 2020 et les aides gouvernementales accordées pour soutenir le secteur.

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  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères

Texte intégral

Q - Jean-Baptiste Lemoyne. Bonjour à vous, merci d'être en direct.

R – Bonjour.

Q - Vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères chargé en particulier du tourisme. C'est une filière avec des centaines de milliers d'emplois. Parlons en particulier de la restauration : Sibeth Ndiaye, que nous avons écoutée il y a quelques instants, ne confirme pas la date du 15 juin. Malgré tout, avez-vous un horizon, un cap pour la réouverture des restaurants et des cafés dans l'hexagone ?

R - Vous savez je comprends, il y a des attentes, des attentes des restaurateurs et des clients eux-mêmes, mais aujourd'hui, on doit le dire, il n'est pas possible de donner une perspective pour la bonne et simple raison que nous sommes en train de conduire, au préalable, un travail avec toutes les filières, et notamment avec les fédérations des hôteliers-restaurateurs, sur les protocoles sanitaires qui seront à mettre en place. Ce travail, ensuite, se fera également avec la mission Jean Castex. Pour tout ce travail de déconfinement que le gouvernement a lancé, il est important d'agir avec méthode.

Et je le dis, il ne faut pas jouer, si je puis dire, avec le coeur des restaurateurs, parce qu'ils attendent une date, ils attendent une perspective. Je crois qu'il ne faut pas lancer en l'air, comme cela, des dates parce que ce n'est pas leur rendre service. Pour eux, c'est un crève-coeur de chaque jour : se dire qu'ils ne peuvent pas ouvrir leur établissement, qu'ils ne peuvent pas accueillir avec le sourire ces clients avec lesquels ils ont un lien si particulier.

Moi, j'appelle donc vraiment à ce que l'on continue à travailler avec méthode, surtout dans la concertation ; c'est ce que je fais chaque semaine avec le comité de filières tourisme qui réunit tous les acteurs.

Q - On vous entend Jean-Baptiste Lemoyne, mais comment rassurer ? On sait que derrière les restaurateurs et tout cet environnement il y a toute une filière ; on a parlé de nos agriculteurs, il y a les pêcheurs, il y a évidemment la viticulture et je pourrais en citer beaucoup d'autres, il y a les fromages AOC, AOP, qui sont distribués dans nos restaurants. Quels mots, vous qui êtes en charge du tourisme et de ce secteur-là pouvez-vous dire aujourd'hui pour rassurer ces femmes et ces hommes qui attendent un signe, un signal de votre part ?

R - C'est bien simple, nous sommes et nous continuerons d'être à leurs côtés. Ce n'est pas des mots, ce sont des actes. C'est tout simplement l'activité partielle qui s'est déployée de façon massive dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, et c'est bien normal.

Ce sont également tous ces prêts qui ont été mis en place. C'est l'annulation des charges, que le président de la République a annoncée, parce que nous avons tous conscience qu'un restaurant, dix restaurants qui ferment, c'est, demain, un bateau de pêche qui ne pourra pas livrer son poisson. Ce sont des producteurs qui ne pourront pas trouver de débouchés, et finalement, en défendant les restaurateurs, nous défendons ce qui fait l'âme française, ce qui fait notre identité. Et c'est pourquoi nous sommes à leurs côtés, et encore une fois, nous travaillons à des mesures complémentaires pour les aider à passer ce cap au combien difficile. Ils sont la France.

Q - Il y a aussi la question qui concerne beaucoup de Français, à quoi ressembleront les vacances, les vacances d'été, notamment, certains évoquent tout simplement une limitation des déplacements régionaux, autrement dit, on ne pourra pas quitter la région où l'on est, dans laquelle on habite. Est-ce ce que vous préconisez, est-ce ce qui se profile ?

R - Là aussi, je vois beaucoup de débats sur la façon dont le déconfinement doit se faire. Pardon de revenir, encore une fois, à la méthode : aujourd'hui, nous devons lutter et vaincre une épidémie, un virus qui a déjà tué, qui affaiblit de nombreuses personnes. Nous devons gagner ce combat. Et c'est ce combat, ce sont les conditions sanitaires qui vont commander le reste. Donc, là aussi, il est important de ne pas mettre "la charrue avant les boeufs", si je puis dire. Il faut tout simplement continuer à travailler avec l'ensemble des professionnels, secteur par secteur.

Nous le faisons avec les parcs de loisirs, nous le faisons avec l'événementiel, nous le faisons avec les cités jardins, nous le faisons avec toutes celles et tous ceux qui font vivre ces territoires parce que c'est une richesse significative et des retombées.

Mais, encore une fois, il faut être, je le crois, très rigoureux. On ne peut pas prendre de décisions à la légère, on ne joue pas avec la santé des Français.

C'est pourquoi nous sommes engagés dans ce travail sur le déconfinement et le président de la République l'a dit, il attendait que le gouvernement rende une copie pour la fin avril. Nous sommes à la tâche. Je sais que c'est parfois frustrant pour les téléspectateurs de se dire : "mais je ne peux pas m'organiser."

C'est avant tout pour leur santé, pour le bien-être. Ce qui est clair, c'est que le jour où cela pourra repartir, le jour où nous pourrons à nouveau sillonner nos territoires, je crois qu'il y aura une envie de France formidable et que le tourisme va repartir, avant tout, avec les Français.

La France, c'est ce pays qui est à la première place du podium en matière de touristes internationaux qui découvrent notre pays. Eh bien, aujourd'hui, les Français vont reprendre le flambeau et ils vont, je crois, redécouvrir aussi ces terroirs, ces patrimoines et, également, tout ce qui fait la richesse de la France.

Q - En attendant, Jean-Baptiste Lemoyne et on comprend évidemment la prudence, en attendant, il y a des déplacements. Il y a des déplacements par train, il y a des déplacements aussi par avion, pour ceux qui doivent travailler. On a vu, il y a quelques jours, les images de cet avion Paris-Marseille bondé. Il y a tout un débat aussi autour du taux de remplissage des avions. Est-ce qu'il faut également, là aussi, peut-être intervenir, voire réguler, même si la situation, on le sait, des compagnies aériennes, est extrêmement compliquée ?

R - Vous savez, je travaille justement avec Augustin de Romanet, le patron des Aéroports de Paris. Il a parfaitement conscience que le secteur de l'aérien, il est clé pour la connectivité et pour la relance du secteur du tourisme. Sans connectivité, sans capacité à se déplacer, eh bien, naturellement, cela rend difficile le tourisme. Il est convaincu qu'il faut mettre en place un certain nombre de dispositions pour rassurer les voyageurs, pour faire en sorte qu'ils n'aient pas cette boule au ventre en se déplaçant. Et il faut aussi une harmonisation pour que nous puissions travailler avec les autres Etats membres européens, dans cet espace Schengen, et puis après, petit à petit au-delà, pour que les conditions de voyage soient à la fois acceptables, sûres, et que nous puissions concilier les impératifs de sécurité et de mobilité.

Q - Merci Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, en charge de différents secteurs comme celui du tourisme, merci d'être intervenu en direct sur cette édition de la mi-journée.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 avril 2020