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Q - Tous les professionnels du tourisme pourront-ils ouvrir l'été prochain ? Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères est notre invité. Bonsoir, Jean-Baptiste Lemoyne.
R – Bonsoir.
Q - C'est vous qui êtes chargé de la filière tourisme au sein du gouvernement. Faut-il s'attendre à une année noire pour le tourisme en Corse, l'été prochain ? Ou bien y aura-t-il possibilité d'accueillir des vacanciers, et dans quelles conditions ?
R - Alors, rendez-vous est donné aux professionnels du tourisme à la fin du mois de mai. En effet, on a besoin d'avoir quinze jours, trois semaines de recul, par rapport à la mise en œuvre du déconfinement du 11 mai, pour voir comment le virus se comporte afin de prendre des décisions de calendrier d'ouvertures de sites. Rien n'aurait été pire que de donner trop tôt une date à des professionnels, qui se seraient organisés autour de cette date et que l'on ait été obligé de revenir sur cette date.
Donc, on a fait le choix d'annoncer le calendrier du calendrier : fin mai, on sera fixé. Naturellement, la saison estivale ne ressemblera pas aux saisons estivales précédentes. Il va falloir s'adapter et surtout accompagner, soutenir les professionnels du tourisme dans la durée. Parce que, pour certains, la prochaine saison, en fait, elle commencera au mois de mars 2021.
Q - Le Premier ministre a évoqué hier les trains, transports urbains sur le continent. Mais pour venir en Corse, il faut des avions, des bateaux. Où en est-on pour une reprise éventuelle du trafic aérien et du trafic passagers dans le maritime ?
R - Le Premier ministre l'a annoncé, jusqu'au 2 juin on est dans des déplacements qui sont très localisés, d'un rayon de cent kilomètres. Donc, cela exclut les déplacements interrégionaux massifs, à l'exception de certains motifs de travail ou de motifs familiaux impératifs.
Donc, là aussi, la situation sera réévaluée à la fin du mois de mai. Et d'ici là, je le sais, les transporteurs, les aéroports, travaillent à la préparation et à la mise en place des protocoles sanitaires parce qu'il y aura le besoin, aussi, des voyageurs d'être rassurés, d'être sûrs que le déplacement qu'ils vont faire, ils le feront en toute sécurité sanitaire.
Q - En l'état, pour l'instant en tout cas, impossible de se projeter sur une saison touristique, pour le dire simplement ?
R - C'est compliqué. Ce que l'on sait, c'est que la reprise va se faire progressivement, qu'elle va se faire essentiellement avec la clientèle domestique, la clientèle nationale. Et moi, je lance un appel aux Français pour qu'ils redécouvrent tous les terroirs et les territoires qui font la richesse de la France. Et la Corse est une destination qui est à nulle autre pareille ! Je crois qu'il y a une carte à jouer qui est la carte du tourisme affinitaire. Beaucoup de Français voudront retourner dans des lieux où ils se sentent en sécurité, des lieux qu'ils connaissent. Et la Corse est visitée par plusieurs millions de touristes, chaque année. Ce sont beaucoup de gens qui ont des repères et qui, sûrement, voudront aussi revenir. Mais il faut qu'on le fasse de façon ordonnée pour qu'en aucun cas la situation sanitaire ne soit compromise. C'est la raison pour laquelle vous nous voyez être très prudents. Et, comme on est prudent, on sait qu'il faut accompagner les professionnels du secteur dans les mois à venir…
Q - Comment, Jean-Baptiste Lemoyne, les accompagner ? Le secteur du tourisme pèse près de 30%, si on compte aussi les transports, dans le PIB régional. Il y a aussi quatorze mille saisonniers. Est-ce qu'il faut un plan Marshall pour la Corse en ce qui concerne le tourisme ?
R - Cette notion de plan Marshall, elle est valable pour la Corse, elle est valable pour la France, elle est valable pour l'Europe. Mais ce qui est sûr, c'est que, compte tenu du poids du tourisme en Corse, oui, il va falloir poursuivre l'indemnisation du chômage partiel, nous avons d'ores et déjà annoncé l'annulation, l'exonération de charges sociales pour les mois de mars à juin. Il faudra sûrement travailler à des dispositifs complémentaires. C'est tout l'objet du cadre de travail et de dialogue que nous avons posé ce matin, avec le président du conseil exécutif, avec le préfet, avec les élus et les professionnels. Et j'avoue que je fonde de grands espoirs sur ce travail. De nombreuses propositions ont été émises, ont été faites par les professionnels et donc nous allons nous pencher dessus de façon très attentive. Il faut faire du sur-mesure, c'est un travail de dentellière, mais c'est aussi parce qu'il y a des spécificités qui sont propres à la Corse.
Q - Merci, Jean-Baptiste Lemoyne, pour ces premières précisions.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2020