Texte intégral
Q - Bonsoir à vous, Jean-Baptiste Lemoyne.
R – Bonsoir.
Q - Vous venez de l'entendre, l'Italie rouvre son aéroport le 3 juin, la Grèce lance sa saison le 15. Jean-Baptiste Lemoyne, vous venez de vous entretenir avec vos homologues européens, l'Union va-t-elle ouvrir en grand ses frontières intérieures pour les vacances d'été ?
R - Moi, ce que je retiens de cette réunion des ministres du tourisme de l'Union européenne, c'est l'enjeu d'une part de la coordination et d'autre part, surtout, de la réassurance sanitaire parce que le préalable aux déplacements, le préalable aux vacances d'été, c'est que l'on puisse mettre en place, partout, les protocoles sanitaires. Et je tire mon chapeau à tous les professionnels en France, - je l'ai vu avec la filière hôtellerie restauration, avec la filière camping, avec celle des parcs de loisirs aussi. Ils se préparent très sérieusement, très rigoureusement, le travail se poursuit avec les autorités de santé et avec le ministère du travail ; il y a donc cette préparation et ce besoin de coordination parce que, vous le disiez, certains ont annoncé des dates, il est important, je crois, que, on va dire au 15 juin, au niveau européen, l'on puisse avoir une vision d'ensemble de ce qui sera possible de faire ou pas. La Commission a d'ailleurs annoncé le lancement d'une plateforme qui agrégera toutes les données pratiques pour faciliter les déplacements et les informations pour préparer ces déplacements en Europe.
Q - Donc, vous nous dites ce soir, 15 juin, une sorte d'harmonisation européenne, je ne sais pas si on peut aller jusque-là ?
R - Quand je dis la date du 15 juin, c'est une date autour de laquelle nous serons en mesure, au niveau européen, de donner des éléments de calendrier pour l'ensemble des Etats membres. On a vu qu'il y a encore des Etats qui luttent, parfois, de façon encore vigoureuse contre l'épidémie. Il faut donc donner ces perspectives à la mi-juin pour les gens s'organisent pour la saison d'été qui va commencer tout début juillet. C'est là, principalement, que les gens vont partir.
Q - Par exemple, l'Espagne, pour parler encore d'Europe, on va revenir à la France, l'Espagne doit-elle renoncer à ses mesures de quarantaine ?
R - Là aussi, cela dépend du stade épidémique et je ne suis pas là pour porter de jugements.
Q - C'est compliqué de lui imposer cela quand même !
R - Ce qui est sûr, c'est que nous travaillons aussi sur des bases de réciprocité. Au fur et à mesure que l'on conserve des attitudes de prudence et que l'on arrive à faire reculer l'épidémie, on pourra, petit à petit, chacun des Etats membres pourra certainement alléger les dispositifs. C'est cela le but à terme. Mais ce sera progressif. Je le dis, ces vacances, c'est une sorte de conquête sanitaire. En 1936 c'était une conquête sociale, là, c'est une conquête sanitaire. On a besoin de gagner ce droit bien mérité aux vacances, après l'épisode traumatique que l'on a connu.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, vous militez ce soir pour des vacances bleu-blanc-rouge, tricolore, une sorte de patriotisme touristique ?
R - Oui, je pense que le moteur de la reprise touristique sera national parce que les Français, je pense qu'ils ont envie de partir dans des endroits qu'ils connaissent, qui les rassurent. Après l'épisode que nous avons vécu, il y a quand même des craintes et des peurs. Et donc, il va y avoir une tendance naturelle à aller dans ces lieux. On va redécouvrir, je pense, la maison de campagne du grand-père, de la belle-mère, et cela va profiter à l'ensemble des territoires. La France a cette force d'avoir du littoral, de la montagne, du rural et de l'urbain. Je crois qu'il y aura une meilleure répartition des flux partout sur le territoire parce que le réflexe ne sera pas d'aller tous au même moment au même endroit ; en tous les cas, ce n'est pas ce que je sens dans les retours Quali-Quali que j'ai.
Q - Vous avez vu le sondage Odoxa-consulting-France info-Le Figaro, les Français ne sont plus d'accord avec la plupart des mesures restrictives imposées par le gouvernement, un seul chiffre au passage, 52% sont opposés au cent kilomètres, il y a une forme de ras-le-bol.
R - 52% c'est un Français sur deux ; ces mesures étaient indispensables pour endiguer l'épidémie et elles ont vraiment montré leur efficacité. Je remercie les Français pour ces deux mois qui ont été durs, mais grâce à leur responsabilité, on a réussi à faire reculer l'épidémie. Aujourd'hui, à la veille du pont de l'Ascension, je veux leur dire qu'à cent kilomètres de leur domicile, il y a beaucoup de choses à découvrir. J'étais il y a quelques jours dans le Loiret, à Orléans, un musée des beaux-arts qui a rouvert, - fantastique -, une offre nature qui rouvre dans les départements verts, je crois que c'est le temps de redécouvrir…
Q - Vous dites "patience " ?
R - Je dis, d'une part, redécouvrez, prenez un bol d'air ce week-end, profitez-en, dans cette limite des cent kilomètres, mais il y a plein de choses qui commencent à rouvrir, des petits sites, des monuments. Je crois que notre histoire est assez riche et qu'elle mérite d'être, justement, découverte.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, la Corse, le projet de "green pass" de Gilles Simeoni, le président de l'exécutif, cela vous paraît réalisable, c'est-à-dire on veut tester avant de venir ?
R - Je ne sais pas quel sera le bon dispositif au final ; ce que je comprends en tout cas, de la volonté du président du Conseil exécutif et je crois de beaucoup de personnes, c'est à la fois ménager la sécurité sanitaire, faire ne sorte que l'île puisse faire face et que l'on évite une deuxième vague, comme partout sur le territoire, et par ailleurs, concilier cela avec la reprise progressive d'un tourisme parce qu'on le sait l'île attire beaucoup, elle accueille beaucoup plus que sa propre population.
Q - Il faut discuter, donc ?
R - En tout cas, nous sommes en contact permanent avec les élus, j'ai eu l'occasion de faire une étape du tour de France des régions et des territoires avec la Corse, et nous allons continuer à travailler sur un plan spécifique pour accompagner la Corse parce qu'il y a des spécificités, l'insularité, le poids de l'économie touristique, près de 30% de l'économie qui est tirée par le tourisme. Tout cela milite pour qu'ensemble nous mettions en place des mesures fortes pour accompagner ce secteur.
Q - Merci à vous, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, en charge notamment du tourisme et ardent militant du tourisme des vacances d'été bleu-blanc-rouge, d'avoir été l'invité du 18.50 de France Info.
R – Merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mai 2020