Interview de M. Alain Griset, ministre chargé des petites et moyennes entreprises, à RMC le 16 juillet 2020, sur les aides de l'État en faveur des petites et moyennes entreprises en difficulté suite à la crise économique provoquée par l'épidémie de covid-19.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Alain GRISET.

ALAIN GRISET
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Bienvenue dans le studio de RMC et de RMC Découverte. Vous êtes le Ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance chargé des Petits et Moyennes entreprises. Un nouveau venu. Vous étiez avant cela le président de l'U2P, l'Union des entreprises de proximité. On va bien sûr parler des moyens que vous allez avoir pour aider un secteur particulièrement éprouvé qui est le secteur des petites et moyennes entreprises. Et puis, on va aussi parler de vous parce que vous êtes donc ce nouveau venu et vous êtes passé, je le disais, quasiment sans transition mais en réalité il y a eu évidemment plein d'autres activités dans votre vie, mais vous avez longtemps été chauffeur de taxi avant donc de prendre la tête de ces artisans et puis aujourd'hui d'en être ministre. Ce plan de relance annoncé hier par Jean CASTEX, cent milliards d'euros, combien pour les PME ?

ALAIN GRISET
Ça ne va pas se traduire par un chiffre totalement fixe en disant : « Il y aura dix milliards ou vingt milliards. » Ça va être la possibilité pour ces entreprises d'accéder à des marchés. Par exemple de la rénovation énergétique qui est très importante et donc notamment moi ce que je souhaite, c'est que ces entreprises-là puissent être au rendez-vous et puissent profiter de ça parce que derrière, il y a beaucoup d'emploi et il y a beaucoup d'emploi dans les territoires. Le Premier ministre a évoqué souvent ce mot hier.

APOLLINE DE MALHERBE
Ce mot de « territoires » qui a été martelé par Jean CASTEX hier.

ALAIN GRISET
Oui.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous le reprenez.

ALAIN GRISET
Mais il me va bien parce que moi, j'ai la chance d'avoir des entreprises partout dans le territoire qui participent à l'animation de ces territoires, le développement de l'emploi. Et donc naturellement, il faut que ces entreprises puissent bénéficier de cette relance alors par des dispositifs qui existent déjà : report, exonérations de cotisations sociales, le prêt garanti par l'Etat qu'il est toujours aujourd'hui possible d'accéder, le fonds de solidarité encore. Tout ça, c'est des mesures pour accompagner ces entreprises.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous les citiez à l'instant, le report des charges ou le prêt garanti par l'Etat, c'est évidemment une aide d'urgence importante et utile. Mais par définition, il faudra à un moment quand même rembourser et payer. Est-ce qu'ils auront les reins suffisamment solides ?

ALAIN GRISET
Tout d'abord sur les cotisations, il y a une partie d'exonérations pour les métiers qui ont été les plus touchés. Pour les autres, les reports c'est jusqu'à 36 mois et moi je souhaite vraiment que les organismes sociaux puissent d'office proposer ces 36 mois à ceux vraiment qui en ont besoin. Deuxième chose, le prêt garanti par l'Etat pour un an en termes de taux jusqu'à 5 ans possible. Moi ce que je souhaite, c'est qu'on puisse regarder de quelle manière on peut garantir un taux fixe pendant cinq ans, six ans pour là aussi qu'on n'ait pas un mur de la dette qui consisterait à dire : « Allez, à la fin de l'année il faut rembourser les cotisations, il faut rembourser le prêt. »

APOLLINE DE MALHERBE
Et ça tombe comme un couperet pour ceux qui parfois ont un, deux ou trois employés et qui ne vont pas réussir à faire face.

ALAIN GRISET
Je pense qu'avec Bruno LE MAIRE, l'idée c'est bien justement d'accompagner ces entreprises. Moi ce que je souhaite vraiment et ce que le Premier ministre m'a demandé, c'est qu'on soit un Etat qui accompagne, qui écoute et qui trouve des solutions. Il y a eu des solutions qui ont été trouvées au mois de mars, avril, mai, globalement qui ont permis d'accompagner une grande partie d'entreprises. Il est possible qu'il faille regarder des nouveaux dispositifs. Il faut adapter ceux qui existent. Moi mon travail, ça va être d'écouter ces entreprises et de proposer à Bruno LE MAIRE, au Premier ministre des solutions pour permettre à ces entreprises de tenir pendant cette période. Certaines d'entre elles ont déjà une activité qui a repris correctement.

APOLLINE DE MALHERBE
La reprise est au rendez-vous ? Vous avez ce sentiment ? C'est ce qui commence à frémir quand même depuis quelques jours.

ALAIN GRISET
C'est très varié, il y a des secteurs d'activité dans lesquels la reprise est correcte, il y en a d'autres dans lesquels c'est plus difficile et donc aujourd'hui d'ailleurs les Français ont en partie la réponse entre leurs mains. Tous les Français n'ont pas les moyens d'accompagner cette reprise, mais on voit bien qu'il y a quand même plus de 60 milliards qui ont été mis de côté par les Français.

APOLLINE DE MALHERBE
Oui parce que pendant le confinement il y avait beaucoup moins de consommation par nature.

ALAIN GRISET
Et que donc ceux qui ont les moyens de pouvoir sortir cet argent, ils contribueront, ils participeront eux-mêmes à la relance, à la reprise.

APOLLINE DE MALHERBE
Alain GRISET, comment on passe de ce qui est votre vie, vous êtes fils d'infirmière et d'ouvrier métallurgiste, vous avez commencé à 18 ans comme téléphoniste dans une entreprise de taxis lilloise. Vous aviez loupé le bac, je crois, on peut le dire ?

ALAIN GRISET
Brillamment.

APOLLINE DE MALHERBE
Brillamment. Vous êtes resté artisan taxi pendant 40 ans, vous avez même été cogérant de l'entreprise de votre compagne qui avait une entreprise d'esthétique, comment vous passez de cette vie-là à être aujourd'hui de ministres à Bercy ?

ALAIN GRISET
Petite précision, je ne sais pas d'où ça vient, mais ma maman n'était pas infirmière, ma maman ne travaillait pas du tout. Écoutez tout d'abord pour moi ça a été une surprise agréable et je vais dire c'est aussi un signe que le président a voulu donner à l'ensemble de ces entreprises, c'est quand même 95 % d'entreprises en France ont moins de 20 salariés et donc le fait qu'il y ait un ministre issu de ce secteur, c'est aussi, je crois, une reconnaissance, un message qu'il a voulu être passé.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais c'est un autre métier, comment vous allez faire, comment vous vous projetez, comment vous voyez cette nouvelle vie ?

ALAIN GRISET
Je vais faire comme tous les étapes que j'ai déjà franchies, après avoir été artisan taxi, j'ai eu des responsabilités dans les Chambres de métiers, d'abord au niveau local, après j'ai été de 17 ans président des Chambres du métier de France et après j'ai été pendant 3 ans et demi président d'U2P.

APOLLINE DE MALHERBE
L'Union des entreprises de proximité, je le disais.

ALAIN GRISET
Oui tout à fait. Je veux dire, je le prends d'abord comme un honneur et comme une responsabilité. J'ai toujours eu dans mes parcours professionnels un volume de temps de travail très important, donc ça ne va pas me changer et j'ai…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui vous êtes un gros travailleur.

ALAIN GRISET
Je vais continuer à beaucoup m'y investir. Et je pense que, je crois à peu près connaître ce secteur, même si toujours je vais apprendre, continuer d'apprendre et je pense aussi pour l'ensemble de ces entreprises, je répète ce n'est pas seulement les artisans, c'est aussi les commerçants, c'est les professions libérales, c'est les PME.

APOLLINE DE MALHERBE
Ce sont ce sont des PME, mais cela dit il y a quand même un moment où vous vous étiez aussi particulièrement fait remarqué, vous vous étiez opposé à Emmanuel MACRON en 2015 sur la question au moment de la révolte des artisans taxis contre les plateformes Uber, comment vous allez faire sur ce point-là, est-ce que vous allez continuer à vous battre là-dessus ?

ALAIN GRISET
Tout d'abord préciser que le taxi n'est pas dans le spectre de mon périmètre, ils le sont sur des domaines transversaux mais aujourd'hui c'est des professions qui sont gérées par le ministère des Transports.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous avez évolué sur ce combat-là ?

ALAIN GRISET
Comment je vais dire, à l'époque parce que naturellement toutes les époques changent, la question c'est l'arrivée de technologies qui existaient pas avec des entreprises qui avaient des règles, qui n'étaient pas les mêmes que les artisans taxis à l'époque. D'ailleurs le sujet des Gafa est toujours d'actualité. On voit bien, le gouvernement français est à la pointe pour…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous imaginez bien ? Alain GRISET, que vous portez aussi l'espoir d'un certain nombre de professionnels du secteur des taxis qui ont fait quand même de ce combat quelque chose d'important dans leur vie, qui continue encore aujourd'hui à être un combat d'actualité.

ALAIN GRISET
Mais ce n'est pas aujourd'hui mon combat. Je ne vais pas rejeter dans mon coeur moi je ne jette rien, j'ai adoré cette profession et c'est grâce à ça que j'ai pu avoir ce parcours, mais je n'en suis pas aujourd'hui le responsable. Moi, je suis aujourd'hui en responsabilité pour trouver, accompagner les entreprises, les PME et le taxi c'est une toute petite partie, toute petite de toutes ces entreprises.

APOLLINE DE MALHERBE
Puisqu'effectivement votre portefeuille désormais, je le disais, ce sont les petites et moyennes entreprises, Alain GRISET, vous continuerez à venir sur RMC bien sûr et puis on sera heureux aussi que les auditeurs puissent vous interpeller et puis dialoguer avec vous. Ce sera à la rentrée, merci beaucoup.

ALAIN GRISET
Avec plaisir.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci d'être venu donner une de vos premières interviews à RMC, Alain GRISET, merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 juillet 2020