Texte intégral
SAMUEL ETIENNE
Et l'actualité de ce jeudi, je vous le disais, on l'évoque avec l'invité de la matinale, Laurent PIETRASZEWSKI, bonjour Monsieur PIETRASZEWSKI…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Bonjour.
SAMUEL ETIENNE
Secrétaire d'Etat chargé des Retraites auprès du ministre de la Santé. Avec vous, bien sûr, on va évoquer la réforme des retraites qui arrive au Sénat bientôt, comment aussi ne pas évoquer ce matin l'épidémie, la pandémie même, dit-on maintenant, de coronavirus, puisque l'OMS en a décidé ainsi, l'allocution du président MACRON – Joanna on parlait à l'instant – est très attendue ce soir. Qu'espérez-vous entendre dans la bouche de l'Etat, du chef de l'Etat ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Je crois que le président de la République tiendra un discours de vérité et de mobilisation, on a besoin, face à cette crise sanitaire, d'être tous solidaires, je crois que c'est ça qui est important, d'appliquer les gestes barrières les uns avec les autres, d'être sur le fond responsable pour sa santé, mais aussi d'être responsable pour la santé des autres, je crois que ça sera sans aucun doute un des messages qui sera passé ce soir.
SAMUEL ETIENNE
A votre avis, est-ce qu'il est nécessaire aujourd'hui de rassurer aussi les Français ou, au contraire, de leur dire : attention, c'est quelque chose de sérieux, il faut se mobiliser, comme vous le disiez à l'instant ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Je crois que faire appel à la responsabilité de chacun, c'est indispensable, je l'ai dit tout à l'heure, se laver les mains régulièrement, si on est préoccupé par son état de santé par rapport à des symptômes qui sont identifiés, appeler le 15, voilà, il y a des choses qui sont simples, qui sont dites et redites. Et puis, nous avons, vous l'avez vu, la volonté du gouvernement, d'Olivier VERAN, qui est à 100 % sur ce dossier, une volonté de transparence et d'informations régulières de tous les Français.
SAMUEL ETIENNE
Pour l'instant, les autorités françaises ont choisi de ménager les mesures sanitaires et la vie économique, de préserver la vie économique du pays. D'autres pays ont fait d'autres choix, est-ce que c'est la bonne stratégie selon vous, alors que – je le disais – l'OMS vient de reconnaître que, désormais, on était en pandémie, épidémie mondiale, est-ce qu'il ne faut pas des mesures plus radicales en France aujourd'hui ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
On a bien entendu le professeur SALOMON, qui nous fait un point de situation tous les jours, hier soir encore, nous réexpliquer, vous savez, en matière de crise sanitaire, il faut écouter les scientifiques, il faut écouter les épidémiologistes, c'est eux qui ont la bonne analyse, et c'est eux qui doivent nous guider dans nos actions, c'est ce que nous faisons au gouvernement, et le professeur SALOMON a rappelé encore hier soir que la réalité de la circulation du virus n'est pas la même dans tout le territoire, et c'est bien pour cela qu'il y a des mesures différenciées en Corse ou autour de Montpellier, ce n'est pas la même chose que, aujourd'hui, en région parisienne par exemple.
SAMUEL ETIENNE
La réforme des retraites arrive bientôt au Sénat, après avoir été adoptée à l'Assemblée sans vote, via la procédure du 49.3, est-ce que vous redoutez ce passage au Sénat où La République En Marche n'a pas la majorité ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Le Sénat, ce n'est pas l'Assemblée nationale, c'est une autre Chambre, c'est une Chambre importante, vous savez, dans le fonctionnement de notre 5ème République, de ce bicaméralisme, eh bien, le Sénat, c'est l'occasion de débattre, de débattre encore avec des élus, qui sont des élus représentants des territoires, vous avez raison de dire que la majorité du Sénat n'est pas la majorité présidentielle, écoutez, on verra aussi comment les sénateurs auront envie de débattre de tout cela, et je ne doute pas qu'ils auront envie de le faire avec sérénité, exigence, méthode, comme cela est toujours le cas au Sénat.
SAMUEL ETIENNE
Le président du Sénat, Gérard LARCHER, a demandé au gouvernement un report de l'examen de la réforme pour attendre les conclusions de la conférence de financement, est-ce que vous pouvez nous dire si le gouvernement va accéder à cette requête, en signe de bonne volonté dans le cadre du débat que vous évoquiez à l'instant ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Le Premier ministre a demandé à Marc FESNEAU, le ministre des Relations avec le Parlement, d'instruire cette demande qui a été transmise par Gérard LARCHER…
SAMUEL ETIENNE
Oui, décision n'a pas été prise ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Le retour n'est pas encore fait. Quelle est la situation, là, il y a une demande qui a été faite du Sénat, notamment pour être plus documenté au moment de l'examen du texte, notamment des éléments qui viennent de la conférence d'équilibre et de financement. Nous regardons tout cela, n'oublions pas que nous avons un engagement vis-à-vis des Français, c'est de mener à bien cette réforme pour l'été, qu'elle soit votée pour la fin du mois de juin. Donc il faut regarder comment tout cela peut s'organiser dans le cadre du calendrier que nous avons et des exigences et des attentes qu'ont nos concitoyens.
SAMUEL ETIENNE
Les syndicats demandent aussi le report de l'examen de la réforme, mais au nom de la crise du coronavirus, estimant qu'on est dans un état d'urgence, estimant aussi que l'interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes dans notre pays désormais est de nature à entraver la mobilisation contre cette réforme, qu'est-ce que vous répondez aux syndicats ce matin ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
On a parlé, tout à l'heure, Samuel ETIENNE, de l'importance du comportement responsable dans une crise sanitaire, moi, je pense qu'il ne faut pas tout mélanger, il y a nécessité d'avoir une continuité de la vie démocratique dans notre pays, il y a des temps qui étaient prévus, des temps de réflexion, de travail, nous avons fait plus de 32 séances à l'Assemblée nationale sur ce projet de loi, nous avons passé plus de 115 heures dans l'hémicycle, plus de 75 heures en commission. Et nous allons maintenant au Sénat, eh bien, il y a le temps du Sénat, et puis, après, il y aura le temps de la deuxième lecture. Je crois qu'il ne faut pas chercher à faire de la mauvaise politique sur une crise sanitaire, c'est suffisamment sérieux. Donc il y a ce temps de la vie démocratique qui va continuer normalement comme ça doit l'être.
SAMUEL ETIENNE
Spécifiquement, les avocats, vous le savez, sont très mobilisés contre cette réforme des retraites, leur mobilisation se poursuit, ils estiment que cette réforme pourrait entraîner la mort d'une partie de la profession, la mobilisation continue chez les avocats, qu'est-ce que vous voulez dire aux avocats, ce matin, ils n'ont pas compris l'esprit de la réforme ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Je crois que les avocats… vous savez, moi, je les ai rencontrés à de nombreuses reprises, bien avant de rejoindre le gouvernement, il y a trois mois, puisque j'étais député et j'ai déjà travaillé avec les avocats, notamment sur ce sujet, qu'est-ce qu'on entend quand on parle avec leurs représentants, d'abord, il y avait de vraies inquiétudes, il fallait les lever, le gouvernement l'a fait en répondant aux questions des avocats, en travaillant de façon technique sur…
SAMUEL ETIENNE
Ce n'est pas leur avis aujourd'hui, ce n'est pas l'avis de leurs représentants…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Ce n'est pas aussi simple que ça, vous allez voir. Il y a eu un premier temps, c'est de se mettre d'accord avec les avocats sur les parcours types que nous avions travaillés, pour les rassurer sur le fond, est-ce que – c'était la question principale des avocats – est-ce que la pérennité économique de nos cabinets, notamment des petits cabinets, sera remise en cause par cela…
SAMUEL ETIENNE
Exactement…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Nous les avons rassurés. Nous les avons rassurés en montrant que, notamment, le changement d'assiette de CSG, qui sera pour les avocats comme pour l'ensemble des indépendants, professions libérales, très favorable, va couvrir la quasi-totalité de l'augmentation de la cotisation vieillesse.
SAMUEL ETIENNE
Mais s'ils ont été rassurés, pourquoi le mouvement se poursuit ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Parce qu'il reste dans certains cas, notamment pour les cabinets les plus modestes, un coût d'un peu plus de 5 points, ce coût sera étalé, il n'y aura pas d'augmentation de cotisation vieillesse avant 2029, donc, voilà, déjà, les choses sont claires, et après, cela sera étalé. Et nous avons, à la demande des avocats, maintenu leur caisse, vous savez qu'ils avaient une demande particulière d'avoir un interlocuteur par délégation, leur caisse va se maintenir, de lui affecter des ressources, ça sera le cas des droits de plaidoirie, et de leur permettre une péréquation entre les cabinets les plus modestes et les cabinets les plus riches. Donc nous avons vraiment voulu, et c'est l'objet de ma démarche avec eux encore aujourd'hui, et à chaque fois qu'il y a lieu, trouver des solutions avec les avocats, qui ont toute leur place dans le système universel.
SAMUEL ETIENNE
Un grand merci Laurent PIETRASZEWSKI, d'avoir été notre invité ce matin dans « La Matinale » de France Info…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Merci de votre invitation.
SAMUEL ETIENNE
Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 mars 2020