Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, à BFMTV le 28 septembre 2020, sur l'augmentation du budget du ministère du Travail, la fermeture des restaurants et des bars et les fonds de solidarité mis en place.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elisabeth BORNE, bonjour.

ELISABETH BORNE
Bonjour.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous, ministre du Travail. Le travail, le travail en cette période de coronavirus, évidemment on en parle beaucoup, beaucoup de questions, présentation du budget de l'Etat en conseil des ministres tout à l'heure, nous y reviendrons évidemment, parce que je crois que vous êtes l'un des ministères, heureux, parce qu'il y a une augmentation du budget du ministre du Travail, c'est bien cela ?

ELISABETH BORNE
Je vous confirme. On a un budget qui est en hausse de 430 millions, c'est-à-dire presque 2 %, hors le plan de relance dans lequel il y a aussi 15 milliards d'euros pour, l'emploi, les compétences, donc c'est un budget qui est à la hauteur de la situation actuelle.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, nous allons y revenir. Un reconfinement total est-il envisageable, Elisabeth BORNE ?

ELISABETH BORNE
Je pense que vous avez compris qu'on fait tout pour éviter un reconfinement général…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c'est inenvisageable ?

ELISABETH BORNE
Je n'ai pas dit ça, j'ai dit qu'on fait tout pour l'éviter, et c'est le sens notamment des mesures complémentaires qui ont été annoncées la semaine dernière par Olivier VERAN pour limiter la propagation du virus…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On fait tout pour l'éviter, donc on ne peut l'exclure ?

ELISABETH BORNE
Enfin, vous savez, je pense qu'avec ce virus on l'exclut rien, il y a des choses imprévisibles…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, disons clairement les choses, parce que les Français ont besoin de clarté, de précisions dans cette période, alors disons clairement les choses, on fait tout pour l'éviter, mais on ne peut pas l'exclure.

ELISABETH BORNE
On fait tout pour l'éviter, et c'est le sens des mesures qui ont été annoncées mercredi dernier, je pense qu'on a aussi appris, on a mis en oeuvre maintenant des protocoles qui permettent de continuer à vivre, de continuer à aller à l'école, de continuer à aller au travail, avec des règles suffisamment strictes pour qu'on s'assure que le virus ne se propage pas, par exemple quand vous êtes sur les lieux de travail. Vous savez, moi, dès la mi-août, à partir de l'avis du Haut conseil de la santé publique, j'ai repris les discussions avec les partenaires sociaux, le protocole qui s'applique depuis le 1er septembre il est très rigoureux, il impose notamment le port du masque dans tous les espaces de travail partagés, ce qu'on voit c'est que toutes les entreprises qui avaient anticipé, qui mettaient en place des règles, avant qu'elles soient obligatoires, nous disent « on n'a pas de chaîne de contamination », donc on a aussi maintenant défini des règles qui permettent à notre pays de continuer à vivre avec le virus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, soyons clairs, personne ne sait ce qui va se passer, même si on a des projections, personne ne sait ce qui va se passer dans les semaines qui viennent, donc les précautions sont prises, si je comprends bien, pour éviter à tout prix tout reconfinement. Nous sommes dans une forme de reconfinement partiel dans certains secteurs, et je pense à la métropole Aix-Marseille, avec à partir d'aujourd'hui les restaurants et les bars fermés, en Guadeloupe également. J'ai vu que des patrons de bar et restaurant ne veulent pas fermer, refusent de fermer, que va-t-il leur arriver ?

ELISABETH BORNE
Vous savez je pense que si on veut…

JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il refuse, si un patron de bar-restaurant refuse, que se passe-t-il ?

ELISABETH BORNE
Evidemment il y a des sanctions.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura des sanctions ?

ELISABETH BORNE
Evidemment il y a des sanctions.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que les patrons de bar et restaurant qui refuseront de fermer ce soir seront sanctionnés ?

ELISABETH BORNE
Vous savez, on ne prend pas ces règles de gaieté de coeur, c'est des décisions qui sont difficiles, elles sont nécessaires, pour limiter la propagation du virus, on a eu une cinquantaine de clusters dans des restaurants depuis le déconfinement et on sait qu'on a trois fois plus de risques d'avoir effectivement une contamination dans les restaurants ou dans les bars.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus dans un restaurant que dans un salon de coiffure ?

ELISABETH BORNE
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand vous allez chez le coiffeur vous avez un masque, le coiffeur a aussi un masque.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand je rentre au restaurant aussi.

ELISABETH BORNE
Quand vous êtes au restaurant, par définition, quand vous mangez vous n'avez pas de masque.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand je mange, non.

ELISABETH BORNE
Et donc, par exemple les règles en entreprise, dès que vous êtes à plusieurs dans un espace vous avez un masque, ce n'est pas possible au restaurant, donc c'est pour ça qu'il y a des risques particuliers et qu'on a été amenés à prendre ces mesures. Moi je voudrais le dire très fortement, c'est des professions qu'on accompagne massivement depuis le début de la crise, on les a réunies avec Bruno LE MAIRE, deux fois la semaine dernière, pour leur dire qu'on sera au rendez-vous, on sera à leurs côtés pour s'assurer qu'aucune entreprise ne met la clé sous la porte parce qu'il y a ces fermetures, a priori pour 15 jours, et j'espère que ça suffira, mais voyez, pour ce qui me concerne, on prend en charge les rémunérations des salariés, sans aucune charge, aucun reste à charge pour l'entreprise.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, oui, salaire pris en charge à 100 %, des salariés, annulation des charges sociales et fiscales pendant la période de fermeture, c'est bien cela Elisabeth BORNE ?

ELISABETH BORNE
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et puis ce fonds de solidarité, jusqu'à 10.000 euros, par mois ?

ELISABETH BORNE
Non, 10.000 euros… oui, si si, par mois pardon.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Par mois ?

ELISABETH BORNE
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pour qui ?

ELISABETH BORNE
Pour les restaurateurs ou les bars qui sont fermés, et donc ça pense les pertes de chiffre d'affaires…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, je reste fermé 15 jours, je vais toucher 10.000 euros ?

ELISABETH BORNE
Non, 15 jours c'est la moitié d'un mois, donc c'est la moitié de 10.000 euros…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 5000 euros.

ELISABETH BORNE
Voilà.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais que tout soit clair pour ces patrons de bar et restaurant.

ELISABETH BORNE
En fait, on a annoncé ces mesures, vraiment, le sens de ce qu'on fait, c'est de protéger ces entreprises, qui sont fermées, et on les protège pour qu'elles ne soient pas effectivement en difficulté, pour qu'elles ne soient pas amenées à déposer leur bilan. Moi je le redis, les entreprises, et j'entendais sur votre antenne une dame qui disait que, elle, elle ne s'en sortirait pas malgré les aides, eh bien discutons-en, mais vraiment, enfin que chacun applique les règles, c'est très important, vous savez qu'à Marseille les services de réanimation commencent à être à nouveau très très sollicités…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, oui.

ELISABETH BORNE
Donc, du coup, il faut qu'on soit tous responsables, et on sera aux côtés des entreprises, moi je le redis, pour prendre en compte leurs difficultés et les accompagner pendant cette fermeture.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elisabeth BORNE, donc, fonds de solidarité, tant que durera la fermeture, on est bien d'accord ?

ELISABETH BORNE
Absolument.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Si, par exemple, c'est prolongé, je n'espère pas, mais si c'est prolongé pendant 2 mois par exemple, pendant 2 mois il y aura fonds de solidarité ?

ELISABETH BORNE
Alors, j'espère que ce ne sera pas le cas, mais je confirme qu'on sera aux côtés des entreprises, qu'on les accompagnera pendant la fermeture.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le télétravail, comment développer le télétravail, parce qu'on s'est aperçu de l'utilité du télétravail pendant cette crise sanitaire, alors comment le développer fortement dans les métropoles, c'est ce que demande le ministre de la Santé Olivier VERAN, pas d'obligation imposée aux entreprises ?

ELISABETH BORNE
Le télétravail c'est une pratique recommandée, depuis le début de la crise, dans le dernier protocole qui a été publié le 1er septembre il est très recommandé, a fortiori dans les zones où le virus circule très activement, mais effectivement il faut que l'entreprise, enfin il faut que le salarié qui reste chez lui puisse travailler, vous avez, on l'a vu au moment du confinement, on a vu un certain nombre de salariés qui étaient en télétravail, mais enfin qui pouvaient accéder à leur boîte mail, et qui ne pouvaient pas réellement travailler, donc je pense que c'est important aussi que leur activité puisse se poursuivre. Je le redis, il y a des règles qui sont très protectrices maintenant, en entreprise, mais c'est une bonne formule.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, patronat, grandes et petites entreprises, vont se réunir, avec les syndicats aussi, négociation sur le télétravail, qu'attendez-vous de cette négociation ?

ELISABETH BORNE
Je pense que c'est très important que cette négociation ait pu être lancée, parce que le télétravail ça s'est mis en place, de façon on va dire quasi-instantanée au moment du confinement, mais ça peut aussi être une pratique durable, qui permet aux salariés, notamment dans les grandes villes, qui ont souvent des temps de travail très importants, d'avoir moins de fatigue, moins de temps de travail…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais que souhaitez-vous, qu'on améliore ?

ELISABETH BORNE
Moi je souhaite que les bonnes pratiques, qui se mettent en place dans certaines entreprises, puissent profiter à toutes les entreprises, et donc qu'on ait des sortes de repères qui puissent être appliqués par toutes les entreprises qui vont être amenés à négocier.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, je pense à celui ou celle qui télétravaille, les frais professionnels par exemple, engagés par des salariés, doivent être remboursés par les entreprises.

ELISABETH BORNE
Ça fait partie des discussions, tout comme le droit à la déconnexion, tout comme le fait que ça se fait sur la base du volontariat…

JEAN-JACQUES BOURDIN
L'isolement du salarié aussi.

ELISABETH BORNE
Absolument.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et puis la non-possibilité pour certains salariés de télétravailler à la maison, parce que l'appartement est petit, parce qu'il y a la famille. J'ai vu que certains salariés allaient à l'hôtel pour télétravailler.

ELISABETH BORNE
Alors, on était aussi dans un contexte particulier pendant le confinement puisqu'en plus vous aviez les enfants à la maison, donc ça n'aide pas forcément d'avoir les enfants qui sont en train de jouer autour de votre table, pendant que vous essayez de télétravailler, mais tous ces sujets, que ce soit sur la base du volontariat, qu'on puisse revenir au travail quand on le souhaite, qu'on ait un droit à la déconnexion, comment sont pris en charge les frais professionnels, ça fait partie des sujets qui seront abordés dans le cadre de la concertation qui s'engage entre les partenaires sociaux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le projet de budget, parlons-en, présenté aujourd'hui, vous nous l'avez dit, augmentation de votre budget, +1,9 %, 430 millions d'euros, un chiffre important, nous allons voir à quoi vous allez consacrer cet argent, Elisabeth BORNE, mais je regarde le budget en général. « Il n'y a pas d'argent magique » disait le président de la République il y a 2 ans, aujourd'hui il y a de l'argent magique, on a besoin de dette, on a besoin de dette, on a eu besoin de s'endetter, il était indispensable de s'endetter, on a besoin d'aider les entreprises, si j'ai bien compris, et d'ailleurs c'est ce qui est prévu dans le plan de relance, aide aux entreprises, mais sans contrepartie, et ce sera le débat de la semaine. Pourquoi est-ce qu'on aide les entreprises sans contrepartie ?

ELISABETH BORNE
Alors, ce n'est pas le cas. Vous savez, les 15 milliards qui relèvent de mon ministère, eh bien vous avez des primes à l'embauche par exemple, vous n'embauchez pas, vous n'avez pas de prime, quand on met en place de l'activité partielle de longue durée, évidemment vous bénéficiez de cette activité partielle de longue durée parce que vous sauvez des emplois….

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais dans votre secteur, dans votre domaine, mais dans d'autres il y a des aides…

ELISABETH BORNE
Oui, alors dans d'autres domaines, enfin moi vous imaginez que je serai très attentive à ce que les entreprises qui vont pouvoir bénéficier des soutiens du plan de relance, défendent l'emploi, créent des nouveaux emplois, c'est bien le sens du plan de relance.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il faut aussi que ces entreprises défendent la transition écologique, il faut aussi que ces entreprises n'aient pas de filières dans des paradis fiscaux, ça serait pas mal de mettre cela comme contrepartie, non ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, je pense que, effectivement, qu'elles respectent la législation fiscale, ça va de soi, qu'elles s'engagent dans la transition écologique, c'est évidemment important, et qu'elles défendent l'emploi, qu'elles préservent les emplois, qu'elles préservent les compétences, c'est une partie du plan qui est consacrée à ça.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce seront des amendements qui seront déposés à l'Assemblée nationale, j'espère que le gouvernement les soutiendra, nous verrons.

ELISABETH BORNE
Alors, moi je n'ai pas de doute qu'il y aura des amendements, je pense que ce qui est important c'est aussi que ce plan de relance se mette en place rapidement, et qu'on n'invente pas des usines à gaz de conditionnalités, étant entendu que, moi je le redis, je serai évidemment attentive, par exemple à ce que les marchés de travaux qui seront passés dans la rénovation énergétique se traduisent bien par des créations d'emplois. On est en train d'augmenter le nombre d'apprentis qui sont formés dans le domaine de la rénovation des bâtiments, il faudra que les entreprises puissent nous confirmer qu'elles vont bien embaucher ces jeunes pour faire cette rénovation énergétique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
La situation de l'emploi aujourd'hui en France, et vos prévisions pour l'année qui vient ?

ELISABETH BORNE
Alors, la situation de l'emploi elle est évidemment difficile, on a vu qu'il y avait eu une forte hausse du chômage au printemps, on a eu plus d'1 million de chômeurs sans aucune activité, donc les chômeurs de catégorie A, heureusement on a des signes de reprise, on a rattrapé les deux tiers de cette hausse, donc à peu près 750.000, sur les 1 million d'augmentation, donc c'est même plus des deux tiers, et aujourd'hui, moi je vous dis, on a eu des légères baisses des chômeurs toutes catégories. On a aussi l'activité partielle, vous savez, qui a permis de payer les rémunérations de 9 millions de Français, près de 9 millions de Français, au plus fort de la crise, en août on était à 1,3 million, donc on voit que l'activité reprend, et c'est une bonne nouvelle. Et, vraiment, moi je suis mobilisée tous les jours pour m'assurer que les entreprises préservent au maximum les emplois, on a des outils très puissants, l'activité partielle de longue durée, donc les entreprises…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça marche.

ELISABETH BORNE
Ça marche, donc peut-être pour rappeler ce que c'est, donc ça permet à une entreprise de partager l'activité entre tous les salariés plutôt que de faire des licenciements et de profiter du temps qui n'est pas travaillé pour former les salariés. On vient d'avoir les derniers chiffres, il y a 300 accords, plus de 300 accords, qui ont été signés par des entreprises, qui concernent plus de 50.000 emplois. Donc, effectivement, moi j'invite toutes les entreprises à se saisir de ces outils pour protéger des emplois et pour protéger les compétences.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, les jeunes, les jeunes, on s'inquiète beaucoup évidemment pour les jeunes en cette période, les jeunes en difficulté, je voudrais parler des contrats d'apprentissage, ça aussi ça marche bien le contrat d'apprentissage, sauf que, il y a beaucoup de demandes, et toutes les demandes ne sont pas satisfaites, loin de là, loin de la fois, à la fois pour les jeunes, mais pour les chômeurs aussi.

ELISABETH BORNE
Alors, l'objectif c'est évidemment que tous les jeunes qui veulent faire de l'apprentissage, c'est une très bonne voie pour trouver un emploi, qu'ils puissent effectivement rentrer dans un centre de formation pour apprentis. Avant l'été, vous savez, il y avait beaucoup qui nous disaient « ça va être un effondrement, -30 % par rapport à l'an dernier », là, aujourd'hui, on a effectivement des signaux positifs. Là aussi l'objectif de maintenir le nombre de contrats…

JEAN-JACQUES BOURDIN
368.000 contrats d'apprentissage en 2019.

ELISABETH BORNE
Voilà, eh bien mon objectif…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que nous allons faire aussi bien, ou mieux peut-être, en 2020 ?

ELISABETH BORNE
Mon objectif c'est qu'on fasse aussi bien, et les indications qu'on a me confortent dans le fait que cet objectif est atteignable. Vous savez qu'on a mis en place des primes pour les entreprises qui signent un contrat d'apprentissage, ou un contrat de professionnalisation, 5000 euros pour un mineur, 8000 euros pour un majeur, donc ça n'a jamais été aussi facile, et aussi peu coûteux, de signer un contrat d'apprentissage, là aussi je pense que c'est important qu'on permette à nos jeunes de se former, c'est des compétences dont on aura besoin avec la reprise de l'activité économique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
430 millions d'euros de plus, vous dites je vais utiliser cet argent pour les plus en danger…

ELISABETH BORNE
Pour les plus vulnérables.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les plus vulnérables, les plus précaires.

ELISABETH BORNE
Notamment sur l'insertion par l'activité économique, donc évidemment c'est sur ces personnes en difficulté qu'on va mobiliser ces 430 millions, à côté des 15 milliards de plus, vous savez, dont notamment 6,7 milliards pour le plan Jeunes, qui est un plan massif, qui triple les moyens consacrés à l'emploi des jeunes, à côté de l'activité partielle de longue durée et de la formation, donc c'est 7,6 milliards d'euros. Donc, on a des moyens massifs pour permettre à chaque jeune de trouver une solution pour ne pas rester sans formation ou sans activité, on a des moyens massifs pour permettre aux entreprises de protéger des emplois et de former leurs salariés.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le raid de VEOLIA sur SUEZ, quelle pagaille, quelle foire d'empoigne, quelle image donnée par les grandes entreprises françaises, franchement, Elisabeth BORNE !

ELISABETH BORNE
Oui, moi je vous confirme, je trouve que ce n'est pas formidable. Le gouvernement a un objectif, c'est évidemment qu'on protège les emplois, quel que soit le repreneur…

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'allais vous parler des emplois justement.

ELISABETH BORNE
Oui, eh bien voilà, moi je vous dis ma priorité, la priorité du gouvernement c'est évidemment qu'on protège les emplois, qu'un rapprochement avec VEOLIA, ou avec quelqu'un d'autre, ne se traduise pas par des suppressions d'emplois…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas une suppression d'emplois, vous demandez, il n'y aura pas, il ne faut pas qu'il y ait la moindre suppression d'emplois ?

ELISABETH BORNE
Bien sûr. Moi je ne sais pas quels sont les autres repreneurs qui sont sur les rangs, le PDG de VEOLIA m'avait assurée que dans son offre il n'y avait pas de suppressions d'emplois, je pense qu'il n'y a aucune raison qu'il y ait des suppressions d'emplois à l'occasion de ce rapprochement, et puis, évidemment, vous aurez compris qu'on souhaite aussi qu'il y ait un actionnaire, dans la mesure du possible, français, pour SUEZ.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, quelle image, c'est le pire de la finance là !

ELISABETH BORNE
Oui, enfin je pense que ce n'est pas terrible, effectivement, de s'écharper par médias interposés.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Assurance chômage, le retour de la réforme, vous confirmez, avec des discussions évidemment, mercredi réunion patronat-syndicats, avec patronat et syndicats. Application de la réforme suspendue jusqu'au 1er janvier, c'est ça ?

ELISABETH BORNE
Absolument. Donc vous savez que, juste après son entrée en fonction, le Premier ministre avait souhaité avoir une grande conférence du dialogue social, où on a abordé beaucoup de sujets, et on a notamment décidé de reporter la mise en oeuvre de l'assurance chômage, de la réforme de l'assurance chômage, au 1er janvier. On a aussi prévu d'engager, dès le mois de septembre, et c'est ce qu'on fait, mercredi prochain, des discussions pour caler les paramètres de cette réforme de l'assurance chômage, et donc on abordera ces sujets lors de la rencontre mercredi prochain.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Durcissement des règles d'indemnisation du chômage, là vous maintenez ?

ELISABETH BORNE
C'est vous qui présentez ça comme ça.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Passer de 4 à 6 mois travaillés…

ELISABETH BORNE
La réforme elle a un objectif clair…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour ouvrir des droits, c'est une forme de durcissement, non ?

ELISABETH BORNE
La réforme elle a un objectif clair, c'est à la fois d'inciter les entreprises à avoir des emplois de meilleure qualité, vous savez qu'on est peut-être les champions d'Europe des contrats courts, et donc c'est effectivement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc bonus-malus, bonus-malus maintenu ?

ELISABETH BORNE
Donc bonus-malus, on va discuter avec les organisations patronales et syndicales…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais vous tenez…

ELISABETH BORNE
Des modalités… moi je tiens, je tiens, à ce qu'il y ait une incitation pour offrir des contrats de meilleure qualité, et puis réciproquement, si je peux dire, on doit aussi s'assurer que tout demandeur d'emploi est incité à retrouver un emploi, et que, par exemple, vous ne gagniez pas davantage en étant demandeur d'emploi qu'en étant en activité, et ça c'est la réforme qui est prévue sur le calcul de l'indemnité chômage, donc ces deux sujets seront au menu des discussions…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le calcul du salaire journalier de référence, c'est cela ?

ELISABETH BORNE
C'est comme ça que ça s'appelle.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça s'appelle base de l'indemnisation, qui sera, ce calcul, réformé, on est bien d'accord. Je donne des précisions sur les revenus perçus au cours des 24 derniers mois pour les moins de 53 ans et au cours des 36 derniers mois pour les plus de 53 ans.

ELISABETH BORNE
On va discuter des modalités de ce calcul, comme on va discuter des modalités du bonus-malus…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui c'est 12 mois.

ELISABETH BORNE
L'objectif étant évidemment pas de mettre des gens en difficulté, mais de s'assurer qu'on est toujours incité à reprendre un emploi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous serez candidate aux élections régionales en Haute-Normandie ?

ELISABETH BORNE
Je ne vais pas vous répondre aujourd'hui, moi je suis évidemment…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous serez candidate aux régionales ? Soyons francs.

ELISABETH BORNE
Alors, je ne vous répondrai pas aujourd'hui, je peux vous dire que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi ? Vous savez que c'est en mars les régionales…

ELISABETH BORNE
Ça ne m'a pas échappé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde dit « je ne vous répondrai pas », « je ne vous répondrai pas », c'est quelle préparation, moi je me mets à la place des électeurs.

ELISABETH BORNE
Alors, moi je peux dire que c'est quelque chose qui m'intéresse, mais je pense qu'il ne vous a pas échappé non plus…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui décide, c'est vous ?

ELISABETH BORNE
Il ne vous a pas échappé non plus que, l'emploi, l'insertion, le travail, c'est des sujets qui sont au coeur de la crise actuelle, et qu'il faut aussi que je puisse consacrer le temps, tout le temps nécessaire, à ma mission.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui décide, c'est vous ou c'est le président de la République ?

ELISABETH BORNE
Evidemment j'en parlerai avec le président de la République et le Premier ministre.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est lui qui… vous, vous avez envie d'y aller, si je comprends, je résume, vous avez envie d'y aller, mais vous attendez le feu vert du président de la République.

ELISABETH BORNE
J'ai aussi une mission au gouvernement, à laquelle je dois me consacrer.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais j'ai vu que le président de la République souhaitait que ses ministres aillent aux régionales, donc ça tombe bien pour vous. Est-ce que vous souhaitez – j'ai une dernière question, parce que j'ai regardé ce sondage avec intérêt - est-ce que vous souhaitez le retour d'Edouard PHILIPPE dans la vie politique, comme 54 % des Français ?

ELISABETH BORNE
Eh bien écoutez, je pense que le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, c'est évidemment quelqu'un qui a beaucoup donné à notre pays, qui a certainement encore des choses à faire, et donc il a évidemment toute sa place au sein de la majorité.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous souhaitez son retour en politique ?

ELISABETH BORNE
Ecoutez, c'est lui qui en décidera, du moment et de la forme.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça c'est sûr, mais…

ELISABETH BORNE
Je pense que c'est quelqu'un qui a beaucoup apporté et qui a certainement encore beaucoup à apporter.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourquoi ne pas dire oui, je souhaite qu'il revienne, non ?

ELISABETH BORNE
Enfin je…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, parce que ça va vous mettre en difficulté si vous dites ça. Bon, Elisabeth BORNE, je ne vais pas vous embêter plus longtemps, il est 8h54, vous êtes sur RMC et BFM TV.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 octobre 2020