Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à LCI le 2 octobre 2020, sur les nouvelles restrictions liées au taux de contamination du coronavirus et l'islamisme radical.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être ce matin sur le plateau de LCI. Vous êtes porte-parole du gouvernent. D'abord un mot d'une information spectaculaire évidemment, puisqu'il s'agit du président des États-Unis, Donald TRUMP a annoncé sur Twitter, lui-même, qu'il était positif, il se met en quarantaine, à un mois de l'élection présidentielle. Je le disais, c'est spectaculaire s'agissant de la première puissance du monde, ou presque.

GABRIEL ATTAL
Oui, et puis c'est une démonstration que ce virus n'épargne personne, y compris ceux qui ont été les plus sceptiques quant à sa réalité ou sa gravité. Moi, évidemment je souhaite, comme je souhaiterais à n'importe qui d'infecté, à Donald TRUMP un bon rétablissement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Emmanuel MACRON l'a appelé, va l'appeler, vous savez ?

GABRIEL ATTAL
Je ne sais pas du tout, mais après il lui adressera un message, sans aucun doute.

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui. Il l'a annoncé d'ailleurs, juste un mot là-dessus, je le disais, sur Twitter en toute transparence, est-ce qu'Emmanuel MACRON procéderait de la même façon

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, je pense que oui, je n'ai absolument aucun doute sur la question, d'ailleurs quand des membres du gouvernement ont été testés positifs ils l'ont dit en toute transparence, et quand le Premier ministre a été considéré cas-contact parce qu'il avait été en contact avec un cas diagnostiqué positif, non seulement il l'a dit, mais il s'est mis en isolement, tout cela en toute transparence. On fait la transparence absolue sur cette épidémie depuis le début, évidemment on va continuer à le faire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci sur ce sujet. Evidemment ça nous amène à parler du virus en France, Gabriel ATTAL. Le virage est assez clair sur la stratégie du gouvernement, concertation désormais, à tous les étages, sursis aux grandes villes, le gouvernement a tiré les leçons de Marseille.

GABRIEL ATTAL
Je pense, oui, qu'on a d'une certaine manière tiré des leçons de l'annonce de la semaine dernière sur Marseille. Cette annonce elle était nécessaire, la semaine dernière, il fallait la prendre, il fallait le faire, à partir d'un moment où vous arrivez à un certain niveau de gravité, vous pouvez attendre que l'État prenne des décisions dont on se dit qu'elles sont peut-être particulièrement difficiles à prendre pour des élus locaux, c'est ce qui s'est passé la semaine dernière à Marseille. Là…

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, quelles leçons vous tirez ?

GABRIEL ATTAL
Là on est dans un moment où, parce que, s'agissant de Paris par exemple, les indicateurs qui permettent de classer en alerte maximale, viennent d'être franchis, et qu'il faut quelques jours pour les confirmer, donc on a quelques jours pour concerter avec les élus locaux, pour discuter avec eux, pour voir quelles sont, selon eux, les meilleures mesures à prendre. On a aussi un moment à mettre à profit avec les restaurateurs, pour discuter avec eux, on sait qu'il y a eu des réactions très vives après la décision de fermer temporairement les restaurants à Marseille, que les restaurateurs et leurs représentants disent qu'ils ont des propositions à faire pour renforcer encore le protocole sanitaire…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est de cela dont on discute, là, dans les trois jours qui sont donnés, par exemple à Paris ?

GABRIEL ATTAL
C'est de ça, c'est de deux choses…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est l'enjeu, c'est de trouver des protocoles qui permettront de ne pas fermer les restaurants lundi ?

GABRIEL ATTAL
C'est deux choses. D'abord c'est regarder quels sont les départements qui vont "changer de nature" dans la cartographie, qui vont passer en alerte renforcée ou en alerte maximale, et ensuite, pour les mesures qui sont prises quand un département est en alerte renforcée, ou en alerte maximale, qui sont prises par les préfets, évidemment après concertation, regarder comment est-ce qu'on peut les faire évoluer, parce qu'il faut en permanence s'adapter. Et s'agissant de la fermeture des restaurants, vous avez des restaurateurs qui disent qu'ils ont des propositions à faire pour renforcer encore le protocole sanitaire, ils demandent de savoir si éventuellement ça permettrait de laisser ouverts les restaurants un peu plus longtemps avec ce nouveau protocole, donc, on va recueillir leurs propositions, on va les regarder, on va les soumettre au Haut conseil à la santé publique…

ELIZABETH MARTICHOUX
Quoi, demain, après-demain ?

GABRIEL ATTAL
Dans le week-end, en urgence, et donc il va nous répondre, et on va regarder dans quelle mesure on peut faire évoluer les choses.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais si je comprends bien, les 3 jours de délai qui sont donnés spécifiquement à Paris, ce n'est pas la même chose à Lille par exemple, à Paris, puisqu'il y aura un point qui sera fait dimanche, c'est davantage pour permettre aux restaurateurs de faire des propositions alternatives, éviter la fermeture si besoin était, que d'évaluer la situation sanitaire.

GABRIEL ATTAL
Non, c'est pour évaluer la situation sanitaire, et à cette occasion on fait une concertation avec les restaurateurs, mais vous savez, elle aura un impact pas uniquement sur Paris, elle pourra avoir un impact sur d'autres territoires.

ELIZABETH MARTICHOUX
Bien sûr, elle sera ensuite nationale. Vous parlez des restaurants, vous ne parlez pas des bars.

GABRIEL ATTAL
Oui.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ?

GABRIEL ATTAL
Parce que…

ELIZABETH MARTICHOUX
Les bars, si la situation sanitaire confirmait une hausse de l'épidémie, ils seraient de toute façon fermés ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, ça, Olivier VERAN s'exprimera, il s'est exprimé hier, il a parlé des restaurants…

ELIZABETH MARTICHOUX
On n'a pas bien compris justement hier, la différence entre bars et restaurants.

GABRIEL ATTAL
On regarde partout comment est-ce qu'on peut limiter les risques au maximum. Il y a des propositions qui sont faites, en tout cas là, par les restaurateurs, je ne sais pas si les bars ont fait des propositions supplémentaires de leur côté, ce qu'on sait c'est que dans un bar c'est assez compliqué, je ne sais pas si vous êtes passée devant un bar ou allée dans un bar à partir d'une certaine heure de la soirée, ou même en début de soirée parfois, voilà, vous avez des personnes qui sont très proches, qui ne peuvent pas porter leur masse puisqu'elles boivent, qui peuvent circuler dans un espace clos, on n'est pas comme au restaurant assis autour d'une table avec des convives qu'on a choisis.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc il y aura un traitement éventuellement différencié pour les bars et les restaurants si la situation sanitaire continuait de se dégrader à Paris dimanche.

GABRIEL ATTAL
En tout cas on va regarder les propositions des uns et des autres.

ELIZABETH MARTICHOUX
Baisse drastique éventuelle, dans le même lot des mesures nouvelles, des fêtes de famille, de quoi parle-t-on exactement ?

GABRIEL ATTAL
Ce qu'on dit c'est que dans les territoires où le virus circule le plus, on invite, on recommande, de réduire le nombre de contacts sociaux qu'on a. c'est sûr que ce n'est pas ce qui fait le plus plaisir, moi j'aimerais être en train de passer d'autres messages que celui-là ce matin auprès de vous, on n'a pas envie de dire aux gens il faut voir moins de monde, et il faut même voir parfois moins de membres de sa famille, mais en responsabilité c'est ce qu'il faut faire.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce serait un appel à la responsabilité individuelle, il n'y aura pas de coercition, baisse drastique des fêtes de famille, est-ce qu'il y a une interdiction de se voir, avec des contrôles inopinés chez les gens, non ?

GABRIEL ATTAL
On ne verra pas de policiers chez les gens pour vérifier avec qui ils sont, Elizabeth MARTICHOUX, il y a certains pays qui le font, c'est heureusement pas le modèle de la France, de l'Europe d'ailleurs, il n'y a pas de pays européens, je crois, qui procède à ça, et heureusement, on parie sur la responsabilité individuelle.

ELIZABETH MARTICHOUX
Le sursis, vous ne l'avez pas donné à Marseille, vous avez dit une chose un peu contradictoire tout à l'heure, "on a eu raison de faire ce qu'on a fait à Marseille, mais on ne le refait pas à Paris." Les Marseillais n'apprécient pas trop, parce qu'ils se disent effectivement il y a deux poids, deux mesures. Regardez la réaction par exemple du premier adjoint Michèle RUBIROLA, à la Mairie de Paris (sic), Monsieur PAYAN, premier adjoint socialiste, hier, il a clairement dit – normalement ça va s'afficher – mais en tout cas il disait "deux poids, deux mesures", voilà, les Marseillais le remercient. Qu'est-ce que vous dites aux Marseillais, ils ne comprennent pas, ils avaient raison dans le fond.

GABRIEL ATTAL
J'entends, et tout le monde peut poser des questions, s'interroger, critiquer. Au moment où Marseille a été placée en alerte maximale, ça faisait plusieurs jours que les chiffres, les indicateurs, la plaçaient de fait en alerte maximale, pour Paris, ça fait quelques heures maintenant, et donc l'appréciation qui sera faite sera la même que celle qui avait été faite pour Marseille, c'est-à-dire dans quelques jours, deux, trois jours, regarder si ça se confirme et prendre la décision le cas échéant, donc en fait on est un peu dans la même situation en termes de délais. Quand Marseille a été classée en alerte maximale ça faisait plusieurs jours, Olivier VERAN l'a dit hier d'ailleurs en réponse à une question, que les indicateurs étaient atteints.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc pas deux poids, deux mesures ?

GABRIEL ATTAL
Pas deux poids, deux mesures.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous récusez toujours cette accusation…

GABRIEL ATTAL
Oui, absolument.

ELIZABETH MARTICHOUX
Malgré le fait que vous avez une stratégie différente ?

GABRIEL ATTAL
C'est ce qui est très difficile dans cette épidémie, dans cette gestion, c'est qu'on assume d'avoir une stratégie territorialisée et graduée, parce que le virus ne circule pas de la même manière, au même moment, partout, et que si on veut que les règles soient considérées comme légitimes, il faut qu'elles s'adaptent à une situation sur un territoire donné, ça n'aurait pas de sens d'imposer des règles à des Français qui vivent dans des villes ou dans des territoires où le virus ne circule pas ou circule peu, et de leur imposer les mêmes règles que dans les territoires où il circule beaucoup. C'est ce qui s'est passé avec le confinement national, à ce moment-là on n'avait pas de vision de l'épidémie et de la manière dont elle circulait sur le territoire, on n'avait pas la même capacité de tests, on n'avait pas la même connaissance du virus, et donc aujourd'hui on peut avoir cette stratégie territorialisée.

ELIZABETH MARTICHOUX
Juste un mot, parce qu'il faut qu'on parle beaucoup aussi du séparatisme et d'autres choses, mais la réalité, Gabriel ATTAL, est-ce que ce n'est pas qu'en fait notre système hospitalier n'est pas tellement plus prêt, et même pas prêt, pas davantage prêt qu'en mars dernier ? Vous savez combien il y a de lits de réanimation aujourd'hui en France, combien il y en a ?

GABRIEL ATTAL
Aujourd'hui on est à un peu plus de 5 000 lits, on peut monter…

ELIZABETH MARTICHOUX
Et il y en avait combien en mars ?

GABRIEL ATTAL
Et on peut monter jusqu'à 12 000.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y en a 5 200, il y en avait 5 000 en mars.

GABRIEL ATTAL
Oui.

ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord. Il n'y en n'a pas plus qu'avant.

GABRIEL ATTAL
Mais, Elizabeth MARTICHOUX, vous pensez qu'un lit de réanimation c'est comme aller chez IKEA, aller chercher un lit et le déployer dans un hôpital ? Derrière il faut mettre une infirmière, il faut mettre un médecin…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ce que vous avez dit aux Français, c'est ce qu'Olivier VERAN promet aux Français depuis des mois, on va augmenter la charge…

GABRIEL ATTAL
Mais bien sûr, on va augmenter le nombre de lits, c'est le Ségur de la santé, on veut créer 4 000 lits en plus dans les prochains mois, mais comment il faut faire…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, on est dans la même situation aujourd'hui.

GABRIEL ATTAL
Non, on n'est pas dans la même situation, je vais vous dire pourquoi. D'abord parce qu'on a progressé sur la connaissance du virus, on traite mieux aujourd'hui les malades qui arrivent avec des formes graves à l'hôpital, on a moins besoin de les intuber, on a des nouveaux traitements, notamment la dexaméthasone qui permet de réduire le nombre de formes graves et donc…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça c'est un traitement.

GABRIEL ATTAL
On a progressé sur notre connaissance du virus. Ensuite on a formé des professionnels en plus, des professionnels qui n'étaient pas forcément dédiés à aller en réanimation, on a fait des formations rapides, mais, encore une fois, pour ouvrir un lit de réanimation il faut mettre un médecin, une infirmière derrière. Et, dernière chose, je vais aller très vite sur ce point-là, mais c'est important, parce que je l'entends, et beaucoup de Français me posent cette question. Finalement, puisque ce que vous craignez c'est la saturation des réanimations, pourquoi est-ce que vous n'augmentez pas tout simplement les lits de réanimation et puis on aura mois besoin de mettre des restrictions sur la vie des Français puisqu'on pourra accueillir…

ELIZABETH MARTICHOUX
Et oui !

GABRIEL ATTAL
Oui, sauf que pour 10 malades qui arrivent en réanimation, en moyenne, vous en avez 2 ou 3 qui décèdent, donc… enfin, si on accepte de dire l'épidémie peut circuler et puis de toute façon on accueillera en réanimation ceux qui doivent être accueillis en réanimation et on créera des places pour ça, mais si on va au bout de la logique, il faut dire qu'il faut créer des places de cimetières, Elizabeth MARTICHOUX, parce que ça veut dire qu'on accepte qu'il y ait des formes graves dans notre pays et potentiellement qu'il y ait beaucoup plus de morts. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'il y ait le moins de formes graves possibles, qu'il y ait le moins d'hospitalisations possibles, et c'est pour ça qu'on prend nos mesures.

ELIZABETH MARTICHOUX
Gabriel ATTAL, un mot, avant de parler du séparatisme, du malaise entre les magistrats et le garde des Sceaux, Eric DUPOND-MORETTI. Il y a un front uni, ce n'est pas banal, ils estiment qu'Eric DUPOND-MORETTI est juge et partie dans le bras de fer sur le PNF, il y a un problème DUPOND-MORETTI au gouvernement ?

GABRIEL ATTAL
Il y a un problème avec certaines déclarations que j'entends, moi, de certains magistrats, qui relèvent, selon moi, d'un délit de sale gueule, de choses assez corporatistes. Parce qu'Eric DUPOND-MORETTI a été avocat, parce qu'il a tenu des positions, en tant que citoyen, en tant qu'avocat, il serait aujourd'hui illégitime dans sa fonction de garde des Sceaux, ministre de la Justice ? La fonction de garde des Sceaux ce n'est pas une profession réglementée, elle n'est pas réservée à certaines professions et interdite à d'autres. Evidemment qu'Eric DUPOND-MORETTI a pris des positions, en tant qu'avocat, en tant que citoyen, avant de devenir garde des Sceaux, aujourd'hui il est garde des Sceaux, il est ministre de toute l'institution judiciaire, y compris des magistrats, il défend les intérêts de son ministère, il a obtenu une augmentation de budget pour son ministère, historique, 8% d'augmentation pour le ministère de la Justice, pour créer des postes de magistrats, pour créer des postes de greffiers, pour qu'ils travaillent mieux, donc moi…

ELIZABETH MARTICHOUX
Délit de sale gueule vous dites ?

GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ce que je dis, dans certaines déclarations…

ELIZABETH MARTICHOUX
Procès d'intention des magistrats ?

GABRIEL ATTAL
Oui, il y a des procès d'intention, mais on les a entendus depuis le début, depuis la nomination d'Eric DUPOND-MORETTI…

ELIZABETH MARTICHOUX
Et corporatisme, c'est du corporatisme des magistrats face à un avocat qui a été nommé ?

GABRIEL ATTAL
Je ne mets pas tout le monde dans le même sac, je vois des déclarations qui relèvent de cela, je pense qu'il peut toujours y avoir des questions…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites quoi aux magistrats, ça suffit, attendez les réformes, voyez les moyens ?

GABRIEL ATTAL
Moi je ne suis pas là pour donner des leçons, je suis là pour donner des informations, et mon avis, quand on pose des questions comme celles que vous venez de me poser, et mon avis c'est celui-là, voilà.

ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, et ça relève du délit de sale gueule. Gabriel ATTAL, on aura l'occasion de reparler largement de la loi sur le séparatisme, on entendra Emmanuel MACRON en direct sur LCI, un mot quand même. Evolution sémantique, il a parlé de communautarisme, après du séparatisme, aujourd'hui des séparatismes. Pourquoi le pluriel ?

GABRIEL ATTAL
Parce qu'il y a une cible principale, qui est le séparatisme islamiste, celui qui vise à mettre les lois de l'islamisme, de la charia, au-dessus des lois de la République, et il peut y avoir d'autres dérives, je pense à des dérives sectaires, je pense à des dérives séparatistes d'autres religions…

ELIZABETH MARTICHOUX
Qui menaceraient la République, comme l'islamisme radical ? Il y a d'autres séparatismes qui menaceraient la République ?

GABRIEL ATTAL
Non, c'est pour ça que je vous dis qu'il y a une cible principale, et dans son discours à Mulhouse février dernier, j'étais avec lui, Emmanuel MACRON l'a clairement dit, c'est le séparatisme islamiste, maintenant vous pouvez avoir d'autres dérives qui existent, encore une fois, et puis surtout c'est une loi qu'on fait pour protéger la République, aussi pour les années à venir, il peut y avoir des choses, des mouvements qui surviendront dans les années à venir, et cette loi elle visera aussi à protéger face à ces mouvements.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, on comprend bien que vous ne vouliez pas irriter, pas mettre de l'huile sur le feu, mais c'est vrai qu'à faire du "en même temps" sur ce sujet, vous allez mécontenter tout le monde. Ceux qui vous reprocheront de ne pas vous attaquer frontalement à l'islamisme radical, qui lui effectivement prône le séparatisme, et ceux qui diront : mais ça ne trompe personne, vous stigmatisez l'islam. C'était vraiment utile ?

GABRIEL ATTAL
Ah moi je pense que c'est nécessaire. Je pense que c'est nécessaire. Quand j'étais, avant d'être porte-parole du gouvernement, secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Associations, je me suis déplacé dans un certain nombre de quartiers de reconquête républicaine, comme on les a appelés, quartier où on constate qu'il y a ces difficultés plus qu'ailleurs. Et j'ai vu des choses qui m'ont choqué. J'avoue, j'ai découvert un certain nombre de réalités.

ELIZABETH MARTICHOUX
Un exemple, très rapidement.

GABRIEL ATTAL
Un exemple, une association qui fait soi-disant du soutien scolaire, qui en réalité accueille des enfants qui ont entre 6 et 8 ans, qui sont soi-disant en instruction à domicile chez leurs parents, mais qui en réalité sont dans une école clandestine. On leur fait apprendre la discrimination envers les non-musulmans, avec un livre qui est interdit en France depuis plus de 2 ans. Voilà, c'est ça qu'on voit dans la République.

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'est-ce qui fera que la loi, en un mot encore, pardon, on va le voir tout à l'heure, mais la loi vous donnera plus de moyens qu'aujourd'hui ? Qu'est-ce que ça changera ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, vous allez voir les annonces d'Emmanuel MACRON. Je vais vous dire, aujourd'hui, pour fermer cette association, je vous donnais l'exemple, pour la fermer, parce qu'on a réussi à la fermer après une très longue procédure, c'était sur la base je crois des normes incendies ou des normes sanitaires, parce qu'on n'a pas dans notre droit ce qui nous permet de la fermer pour les motifs de prêcher la haine, de l'égalité entre les filles et les garçons. Et donc un des éléments de la loi sur le séparatisme, ça va nous permettre d'être plus efficace pour fermer ce type d'établissement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Je le disais, vous allez mécontenter tout le monde.

GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas moi, pas du tout, je pense qu'il y a une attente très forte dans le pays, qu'on avance sur cette question-là. Je pense que détourner le regard aujourd'hui, c'est baisser les yeux demain. Voilà. Il faut qu'aujourd'hui on prenne ce sujet à bras-le-corps, sinon il va continuer à se développer dans notre pays.

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'est ce qui fera que vous estimerez avoir atteint votre but ? Dans le fond, à quoi mesurerez-vous l'efficacité de cette loi ? C'est quoi votre objectif ?

GABRIEL ATTAL
C'est une très bonne question que vous posez, parce que ce n'est pas un sujet qu'on règle en quelques mois, c'est un sujet de long terme et cette loi elle doit nous donner les outils pour entraver ces projets séparatistes dans les quartiers où ils se développent, c'est ça l'objectif de cette loi, donner les outils à nos préfets, donner les outils aux élus locaux, donner les outils à aux forces de l'ordre, pour permettre d'identifier ces dérives et puis d'y mettre un terme. Voilà.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous croyez que vous aurez une majorité, unie ?

GABRIEL ATTAL
Je pense, je suis confiant sur ça.

ELIZABETH MARTICHOUX
Unie ?

GABRIEL ATTAL
Il va y avoir un débat parlementaire, il peut…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous savez que vus avez des députés, pas seulement ceux qui nous ont quittés déjà, mais d'autres, qui à l'intérieur sont mal à l'aise avec ça.

GABRIEL ATTAL
Non, enfin il y a des députés qui se posent des questions, qui vont poser des questions, et c'est normal, on en démocratie, on ne peut pas dire parfois que les députés de la majorité sont des godillots, le doigt sur la couture du pantalon, et puis un autre jour, que quand ils posent des questions qu'il y a des problèmes. Il y a une discussion parlementaire, mais moi je suis tout à fait confiant sur le fait de trouver une majorité au Parlement sur ce texte.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Gabriel ATTAL d'avoir été ce matin sur le plateau de LCI. Je souhaite une bonne journée.

GABRIEL ATTAL
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2020