Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gabriel ATTAL, bonjour.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Porte-parole du gouvernement. 4 morts à Vienne en Autriche, plusieurs blessés dont certains très graves, terrorisme islamiste, nous ne céderons rien a déclaré Emmanuel MACRON, nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous attendons, nous attendons face au terrorisme une vraie politique européenne, Gabriel ATTAL, est-ce qu'il y a solidarité entre les différents pays d'Europe contre le terrorisme ?
GABRIEL ATTAL
La solidarité, évidemment oui, le président de la République s'est exprimé dès hier soir, et moi, je veux redire ce matin à votre micro que je pense aujourd'hui aux Autrichiens, c'est terrible ce qui s'est passé hier soir à Vienne, et les scènes qu'on peut voir sur les images rappellent ce qui s'est passé en France en novembre 2015, les attaques à des terrasses avec des personnes qui étaient en train de passer un bon moment, la veille du confinement en plus, pour ce qui est de Vienne, donc il y a une solidarité. Mais vous avez raison, il faut aller plus loin, il faut des actes, et depuis 2017, Emmanuel MACRON, il défend une nouvelle étape en Europe dans la lutte contre le terrorisme…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quelle étape, quels actes ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, je vais vous dire, d'abord, il a souhaité, il a proposé, il va pousser un collège européen du renseignement pour que nos services de renseignement partagent mieux leurs pratiques, partagent mieux leurs informations, ce collège européen du renseignement, il a vu le jour il y a quelques mois, c'est-à-que que le président de la République l'a poussé dès 2017 dans son discours de la Sorbonne, c'est maintenant du concret. Ensuite, un règlement européen pour que les contenus terroristes sur Internet soient plus rapidement retirés, vous vous souvenez ce qui s'était passé à Christchurch en Nouvelle-Zélande…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En Nouvelle-Zélande.
GABRIEL ATTAL
Avec ce drame absolument terrible et cette vidéo qui avait tourné sur les réseaux sociaux. Il faut pouvoir plus facilement retirer les contenus, ce règlement qu'a poussé le président de la République, il est aujourd'hui en discussion, et il va aboutir. Il y a deux sujets sur lesquels il faut qu'on avance plus rapidement, il y a la question de la régulation des contenus de haine en ligne sur les plateformes, un peu ce qu'on a voulu faire avec la fameuse loi Avia en France, il faut le faire au niveau européen, donc là-dessus, le commissaire européen, Thierry BRETON, va faire des propositions le 2 décembre sur le sujet du numérique en général, et la France pousse, souhaite qu'il y ait des mesures très fortes sur ce sujet-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quel genre de mesures ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, des mesures qui imposent aux plateformes au niveau européen de réguler les contenus, d'avoir une modération des contenus, qui appellent à la haine contre des personnes, contre des communautés. Et puis, il y a un chantier sur lequel on veut avancer, la France, c'est que le Parquet européen voie ses compétences étendues à la lutte contre le terrorisme, vous savez, il y a un Parquet européen qui, là, est en train de voir le jour, aujourd'hui, ses compétences, elles sont limitées, entre guillemets, aux questions de fraude à la TVA, etc, et, nous, on pousse depuis le début, le président de la République l'a toujours dit, pour que ses compétences soient étendues à la question du terrorisme, ça permettrait qu'il y ait une meilleure coopération dans les enquêtes, qu'il y ait un meilleur partage d'informations, que ce Parquet européen puisse lui-même lancer des investigations sur des affaires terroristes, et là-dessus, il faut qu'on avance et qu'il y ait une nouvelle étape.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Gabriel ATTAL, donc des initiatives prises, très bien, mais il va falloir resserrer peut-être les contrôles aux frontières de Schengen, et puis, Gabriel ATTAL, la solidarité européenne, parlons-en, où était l'Allemagne lorsque Emmanuel MACRON était insulté par monsieur ERDOGAN, où était l'Allemagne ?
GABRIEL ATTAL
Les Allemands, enfin, la chancelière allemande, comme les chefs d'Etat européens ont apporté leur soutien et leur solidarité au président de la République, moi, c'est ça que je vois…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Timidement, timidement ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je ne dirais pas ça, moi, je vais vous dire, l'important pour moi, c'est que les chefs d'Etat…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On n‘a pas senti l'Europe très unie face à ERDOGAN…
GABRIEL ATTAL
Mais franchement, il y a eu une quasi-unanimité des chefs d'Etat européens pour apporter leur soutien au président de la République, moi, c'est ça que je retiens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, l'armée française a tué 50 islamistes à la frontière du Mali et du Burkina Faso, est-ce que vous avez des précisions ?
GABRIEL ATTAL
Je n'ai pas plus de précisions à vous donner que cette information, ça montre aussi que notre lutte contre le terrorisme, elle a lieu évidemment en France, elle a lieu en Europe, mais elle a lui aussi sur tous les théâtres d'opérations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons de la Covid ou du Covid, comme on voudra, 418 morts ces dernières 24 heures, plus de 3.500 personnes en réanimation. Confinement, deuxième confinement, j'emploie volontairement le mot deuxième et pas second confinement, deuxième, ça veut dire qu'il y en aura d'autres, vous vous attendez à ce qu'il y ait d'autres reconfinements, est-ce que vous vous attendez à ce qu'il y ait plusieurs vagues successives, c'est ce que dit le Conseil scientifique ?
GABRIEL ATTAL
L'enjeu, c'est déjà de réussir ce confinement et de faire en sorte que cette deuxième vague qui est devant nous, elle soit la moins haute possible pour qu'elle ne nous submerge pas, qu'elle ne submerge pas nos services hospitaliers, c'est pour ça qu'on prend ces mesures, qui sont des mesures difficiles, qui ont des effets difficiles sur certains secteurs économiques, on pourra en reparler, ce qui nous amène à prendre d'autres mesures…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je vais y revenir…
GABRIEL ATTAL
Mais je veux dire, c'est ça l'enjeu aujourd'hui, Jean-Jacques BOURDIN, on a une situation qui est grave, qui est grave dans nos hôpitaux, avec, vous l'avez dit, des services de réanimation qui continuent de se remplir, qui risquent à la mi-novembre d'être à la quasi-saturation, et donc la mobilisation que nous portons aujourd'hui, elle vise justement à faire en sorte que cette saturation ne nous pousse pas et ne nous oblige pas à devoir trier des patients pour leur prise en charge à l'hôpital dans quelques semaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, est-ce que nous mesurons déjà l'impact du confinement, est-ce qu'on peut déjà mesurer, quelques jours après, ce reconfinement ? Non ? Il faut attendre ?
GABRIEL ATTAL
Sur la situation sanitaire, tous les épidémiologistes, les spécialistes ont toujours dit qu'il fallait attendre un peu pour mesurer l'impact.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, vous n'avez donc aucune mesure sur l'impact du confinement ?
GABRIEL ATTAL
Je vous dis c'est un peu tôt puisque ça a moins d'une semaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, est-ce que ce confinement est respecté ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, moi, je pense que dans la grande majorité, oui, ce qui est perturbant, je pense, pour peut-être des Français, moi, j'entends les messages qui me sont envoyés, etc, c'est que, par définition…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce matin, les RER étaient pleins.
GABRIEL ATTAL
Alors, sur la fréquentation des transports, les chiffres qu'on a sur la première journée du confinement hier montrent plutôt qu'il y a une très forte baisse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quels chiffres ?
GABRIEL ATTAL
Sur le réseau ferré au total, c'est une baisse, quand vous prenez les métros et les réseaux ferrés en Ile-de-France avant 7h du matin, baisse de 50%, donc de moitié…
JEAN-JACQUES BOURDIN
De fréquentation ?
GABRIEL ATTAL
De fréquentation, 50% parce que vous avez des personnes qui vont travailler avant 7h du matin à qui il faut rendre hommage, qui sont des personnes qui peuvent moins télétravailler que les autres, puisque c'est plutôt des agents d'entretien et des personnes qui ne télétravaillent pas. Ensuite, entre eux à 7h et 9h, vous avez une baisse qui va entre 25 et 40% selon les lignes, donc on voit qu'il y a une baisse très forte par rapport à la fréquentation normale, parce qu'il y a cette mesure de confinement, parce que le télétravail se développe beaucoup et s'est beaucoup développé. Maintenant, il y a par principe plus de personnes qui sortent de chez elles dans ce confinement que dans le confinement de mars, parce qu'il y a des écoliers et des lycéens qui vont dans leurs établissements scolaires, parc qu'il y a des personnes qui vont travailler, ce qui n'était pas le cas dans le premier confinement, puisque nous n'avions pas de protocole sanitaire et que donc les personnes restaient chez elles, et ne sortaient pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais venir sur les contrôles effectués, mais puisque vous parliez de l'école, est-ce que si ça continue à empirer, il faudra fermer les écoles, les collèges, les lycées ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je vais vous dire, je suis porte-parole du gouvernement, et dans cette crise…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est plus envisagé ?
GABRIEL ATTAL
Et dans cette crise, je vais vous dire, j'ai appris à ne jamais rien exclure par principe pour l'avenir, parce qu'en général, quand on exclut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ce n'est pas exclu ?
GABRIEL ATTAL
Mais on n'exclut jamais rien par principe, moi, je n'exclue jamais rien par principe, parce qu'en général, quand on dit : ça, ça n'arrivera pas, on peut toujours avoir une situation où ça arrivera, ce que je dis, c'est qu'on a mis en place un protocole sanitaire strict dans les établissements scolaires pour qu'ils puissent rouvrir, pour qu'ils puissent rouvrir, pour que les élèves puissent avoir accès à l'enseignement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et on garde le masque à la maison ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, on garde le masque à la maison, quand vous allez voir des parents, des grands-parents qui sont âgés et qui sont à risque, oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Leur famille ? Je dis ça parce que j'ai vu ou j'ai entendu un ancien directeur général de la Santé dire : il faut absolument que les enfants gardent le masque, vous imaginez les enfants qui gardent le masque à la maison…
GABRIEL ATTAL
Mais aujourd'hui, pour ce qui est du gouvernement, ce qu'on a toujours dit, ce qu'a dit le ministre de la Santé, c'est que quand vous êtes dans des situations où vous êtes avec des personnes vulnérables, des personnes à risque, oui, il faut garder le masque à la maison, maintenant, quand vous allez vous coucher dans votre lit le soir tout seul ou même accompagné, vous ne mettez pas votre masque…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les contrôles, Gabriel ATTAL, où en est-on ?
GABRIEL ATTAL
Il y a eu ce week-end, donc les chiffres ont été arrêtés dimanche soir à 20h, 100 000 contrôles, sur ces 100 000 contrôles, il y a eu 14 000 verbalisations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
5 000 nous disait hier matin le ministre de l'Intérieur, vous en êtes à 14 000.
GABRIEL ATTAL
Oui, parce que le chiffre a été réactualisé, 14 000 verbalisations, il y a un certain nombre de verbalisations sur des personnes qui se déplaçaient alors qu'elles n'avaient pas vocation à se déplacer, il y a des verbalisations sur des lieux qui ont accueilli des personnes alors qu'ils n'auraient pas dû les accueillir, on a par exemple, je vous donne un exemple, à Paris, une arrière-cour dans le 17ème arrondissement, il y avait 100 personnes qui faisaient la fête, on a, à Evry-Courcouronnes, je crois, un bar qui était censé être fermé, qui a accueilli des personnes pour une soirée. Donc il y a des verbalisations…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Puisque vous parlez de Paris, Ile-de-France, est-ce que vous allez prendre de nouvelles mesures à Paris, en Ile-de-France ?
GABRIEL ATTAL
Au regard de ces situations qui ont été observées, nous allons réinstaurer un couvre-feu sur Paris, et peut-être l'Ile-de-France, c'est le ministre de l'Intérieur qui le précisera dans la journée, un arrêté va sortir précisément pour limiter…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un couvre-feu à Paris, à quelle heure ?
GABRIEL ATTAL
Oui, comme il y a eu avant que le confinement soit mis en place…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En plus de ce nouveau confinement, à quelle heure le couvre-feu ?
GABRIEL ATTAL
Oui, bien sûr, à 21h, je crois, comme le couvre-feu qui avait lieu avant le confinement, parce qu'il faut bien se rendre compte qu'on met en place des mesures difficiles pour les Français, et moi, ce que je vois, ce qui m'est rapporté, ce qui m'est dit, c'est que même si la majorité, la grande majorité des Français respecte, c'est insupportable pour beaucoup de Français qui respectent les règles de voir d'autres Français qui ne respectent pas les règles et d'avoir le sentiment qu'il y a une forme de laisser faire, et donc, il faut prendre toutes les mesures pour lutter contre l'épidémie et pour protéger les Français, et c'est ce que nous allons continuer à faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un nouveau couvre-feu à Paris, en Ile-de-France, dans d'autres villes de France, d'autres grandes villes… ?
GABRIEL ATTAL
Les préfets d'autres territoires pourront décider…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les préfets décideront…
GABRIEL ATTAL
S'ils jugent que la situation le nécessite.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le nécessite, ce qui veut dire que les Français, notamment les Parisiens et les Franciliens ne respectent pas totalement ce nouveau confinement ?
GABRIEL ATTAL
Ce qui veut dire qu'il faut mettre en place toutes les mesures qui permettent de lutter contre l'épidémie et donc de limiter les déplacements aux dérogations qui sont prévues.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce matin, vous dites, comme Anne HIDALGO : n'achetez pas sur AMAZON ?
GABRIEL ATTAL
Ah, moi, je dis que c'est toujours mieux d'acheter chez un commerçant de sa commune que sur AMAZON, évidemment, maintenant, moi, je vais vous dire, j'échangeais hier avec des soignants d'hôpitaux parisiens, ils étaient pour la plupart abasourdis par l'attitude d'Anne HIDALGO ces derniers jours, je le dis très sincèrement….
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, abasourdis ?
GABRIEL ATTAL
On va atteindre aujourd'hui les 1 000 patients en réanimation dans les hôpitaux franciliens qui sont en quasi-débordement, et on entend depuis quelques jours madame HIDALGO se préoccuper de la question des commerces, dire : il faut tout rouvrir, il faut rouvrir les commerces, il faut rouvrir les établissements recevant du public, les musées, les piscines, enfin, c'est ça qu'elle a dit dimanche dans le Journal du Dimanche, je veux dire, elle est aussi présidente de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris, de l'AP-HP, qu'elle aille aussi tenir ce discours aux soignants qui se battent, qui sont débordés, et qui ont peur de ne pas pouvoir accueillir tous les patients dans les jours qui viennent, moi, j'entends que des élus aient envie de défendre leur ville, la vie économique de leur ville, évidemment, moi-même, je suis élu local dans une ville moins importante en nombre et en taille d'Ile-de-France, c'est un crève-coeur de voir les commerçants de ma commune qui ne peuvent pas ouvrir, un crève coeur, mais il faut quand même, je pense, avoir un peu de responsabilités face à la situation, vous savez, Jean-Jacques BOURDIN, il y a quelques semaines sur votre antenne, il y avait le maire de Saint-Etienne, je crois que c'était le 9 octobre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Monsieur PERDRIAU.
GABRIEL ATTAL
Oui, pour se plaindre et regretter et critiquer le fait qu'à l'époque, on fermait les bars, et qu'on fermait les bars dans sa commune, aujourd'hui, le maire de Saint-Etienne, quand il vient sur votre plateau, il demande des moyens supplémentaires à un hôpital militaire, parfois, l'armée, pour venir aider face à la situation dramatique sanitaire, je peux vous dire qu'à Saint-Etienne, les commerces, ils ont baissé le rideau, et pas de gaieté de coeur, mais avec la responsabilité, parce qu'ils voient la situation, le maire de Saint-Etienne, il n'a pas dit : il faut rouvrir les commerces, il ne prend pas un arrêté pour dire : il faut rouvrir les commerces chez moi, parce qu'il voit ce que c'est l'impact…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais revenir sur ces arrêtés. Irresponsables, ces maires sont irresponsables ?
GABRIEL ATTAL
Enfin, je vais vous dire, je fais la différence, un maire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que dit Bruno LE MAIRE, est-ce que ces maires qui prennent des arrêtés sont irresponsables ?
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, je fais la différence entre un maire qui regrette, qui a les boules, comme on dit, de voir les commerces de sa commune fermer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tout le monde…
GABRIEL ATTAL
Eh bien, oui, un maire qui prend un arrêté pour envoyer un signal, un message au gouvernement, il y a 71 maires qui l'ont fait sur 36 000, il y en a 16 qui les ont retirés d'eux-mêmes, il y en a 48 qui sont aujourd'hui déférés devant les tribunaux pour être annulés, voilà, ce n'est pas très responsable. Mais, je veux dire, quand on est un responsable politique, surtout d'une grande collectivité qui est en grande difficulté, la responsabilité, c'est aussi d'avoir ce discours sur le sanitaire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Puisqu'on parle de ces commerces qui restent ouverts, certains commerçants restent ouverts malgré l'interdiction d'ouvrir, est-ce que ces commerçants risquent une fermeture administrative définitive ? Je vous pose la question…
GABRIEL ATTAL
Alors, je vais vous dire, ils risquent en tout cas une amende, donc rien que pour ça, je veux dire, ils sont dans des difficultés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une amende, mais ensuite, s'ils continuent à rester ouverts ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien, je n'ai pas la réponse juridique à cette question, mais j'imagine que dans l'échelle des sanctions, si un commerce qui doit rester fermé ou un lieu qui doit rester fermé continue à ouvrir malgré la fermeture, j'imagine qu'il y a des sanctions plus fortes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les librairies vont rouvrir dans les jours qui viennent oui ou non ?
GABRIEL ATTAL
Jean-Jacques BOURDIN, on a annoncé des mesures qui sont difficiles, parce qu'il faut redire à quoi ça sert un confinement, un confinement, ça sert à limiter le plus possible le rassemblement de français, que ce soit à l'extérieur ou dans des domiciles, notamment sans masque et des rassemblements qui entraînent des contaminations, ce n'est évidemment pas le cas dans un petit commerce ou dans une librairie où il y a eu des protocoles sanitaires, mais si on veut limiter ces rassemblements, ça veut dire quoi, ça veut dire qu'il faut contrôler pourquoi est-ce que les gens se déplacent, pourquoi les gens sont dans la rue, si on veut pouvoir contrôler pourquoi les gens sont dans la rue, ça veut dire qu'il faut qu'il y ait des forces de l'ordre qui puissent leur demander pourquoi est-ce que vous sortez et regarder leur attestation. Si vous dites : tout est ouvert, tous les commerces, les établissements recevant du public, mais qu'est-ce qui va se passer ? Vous aurez mécaniquement beaucoup plus de gens dans les rues, et donc on sait très bien que les forces de l'ordre auront beaucoup plus de mal à contrôler et que, donc, peut-être que mécaniquement, les gens vont commencer à se réunir par la force des choses, donc, oui, il faut limiter le plus possible les structures qui sont ouvertes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les librairies ne rouvriront pas dans les jours qui viennent ?
GABRIEL ATTAL
Ce qu'a dit le président, c'est qu'il y aurait une réévaluation au regard de la situation sanitaire 15 jours après ces annonces, donc au 12 novembre, je crois, il y aura une réévaluation. Mais dès à présent, je peux vous dire que les libraires sont en échange avec le gouvernement, Roselyne BACHELOT, Bruno LE MAIRE, les petits commerces aussi, pour préparer cette échéance, voir quelles mesures peuvent être proposées, et si, je dis bien "si", elles permettent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
En France, en France, la librairie n'est pas essentielle, en Belgique, elle l'est, vous avez vu la différence entre les deux pays, Gabriel ATTAL…
GABRIEL ATTAL
J'entends parfaitement, et d'ailleurs, moi, je ne dis pas, la librairie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous achetez d'ailleurs, vous achetez… où est-ce que vous achetez vos livres, sur AMAZON ?
GABRIEL ATTAL
Non, d'ailleurs, moi, j'avais appelé sur une autre antenne le jour de la fermeture du confinement la fermeture des commerces, j'avais dit : eh bien, si tous les gens, avant de rentrer chez eux ce soir peuvent passer chez leur libraire acheter un livre, et j'avais été dans un libraire près de mon ministère acheter un livre. Mais Jean-Jacques BOURDIN, je le redis une nouvelle fois, on ne dit pas que le livre n'est pas essentiel, moi, j'entends la confusion qui a pu y avoir, parce que c'est un terme juridique de dire : les produits essentiels et les produits non-essentiels, peut-être, il faut parler de produits de première nécessité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Produits essentiels, non-essentiels, les Français ne comprennent pas…
GABRIEL ATTAL
Oui, peut-être qu'il faut parler…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, c'est du langage technologique, technocratique, pardon, technocratique, que vous employez, vous, politiques, parfois…
GABRIEL ATTAL
Eh bien, je vais vous dire, peut-être qu'il faut parler de produits de première nécessité, c'est sans doute plus clair…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, eh bien, oui, il faut parler comme parlent les Français…
GABRIEL ATTAL
Je vous le dis, parce que moi, je comprends qu'on puisse être heurté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Où est-ce que vous allez acheter vos chaussettes ? Vous, Gabriel ATTAL, vous allez acheter vos chaussettes où ?
GABRIEL ATTAL
Non, mais je ne vais peut-être pas rentrer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais où, dans quels magasins, où ?
GABRIEL ATTAL
Enfin, dans des magasins, dans des magasins qui vendent des vêtements, Jean-Jacques BOURDIN, je ne vais pas donner les adresses ici, sinon, on va me dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont fermés…
GABRIEL ATTAL
Je ne m'achète pas de chaussettes en ce moment, voilà, je ne sais pas quoi vous dire d'autres…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, voilà, non, mais je vous dis ça…
GABRIEL ATTAL
Je ne sais pas si ça passionne tout le monde…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça paraît dérisoire, et pourtant, c'est la réalité du quotidien, Gabriel ATTAL…
GABRIEL ATTAL
Mais j'entends, j'entends que c'est la réalité du quotidien. Vous savez, on ne vit pas dans un autre monde, on a par ailleurs des proches, moi, j'ai des commerçants dans mes proches, j'ai des restaurateurs dans mes proches qui tirent la langue, qui sont flippés sur l'avenir, et je l'entends parfaitement, c'est pour ça qu'on met en place des aides…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est la mort du petit commerce…
GABRIEL ATTAL
C'est pour ça qu'on met en place des aides massives pour les accompagner. Et je vais vous dire, ce qui est encore plus un crève-coeur, c'est qu'ils doivent fermer, on met en place des aides qui vont leur permettre de survivre, moi, je n'ai pas de doute là-dessus, avec toute la mobilisation qu'on met en place, les 10 000 euros de compensation du chiffre d'affaires, les exonérations de charges sociales, la prise en charge du chômage partiel, les gestes sur les loyers qu'on fait maintenant, ils vont survivre, mais on parle de personnes qui ont envie de travailler, voilà, qui n'ont pas envie de vivre grâce à des aides, ils ont envie de travailler, et c'est pour ça que c'est encore plus un crève-coeur, et on espère qu'on va en sortir le plus rapidement possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, quelle pagaille quand même, au début, on a parlé de commerces essentiels, non-essentiels, puis, on a oublié qu'il y avait des grandes surfaces qui vendaient de l'essentiel et du non-essentiel, donc on est obligé de revenir avec les grandes surfaces, de fermer certains rayons dans les grandes surfaces, vous avez la liste d'ailleurs de ce qu'on pourra acheter et de ce qu'on ne pourra pas acheter en grandes surfaces ?
GABRIEL ATTAL
Je crois que le décret vient de paraître quelques minutes avant que je rentre sur votre plateau, mais si on veut donner une règle pour que les Français comprennent, si vous voulez savoir si le produit que vous recherchez sera vendu dans une grande surface, vous posez une question simple, est-ce que ce produit-là peut être vendu par un petit commerce de proximité près de chez vous ou est-ce que ce petit commerce de proximité qui habituellement vend ces produits est fermé ou pas, voilà, c'est ça, la règle, si vous cherchez un produit, qu'il y a un commerce de proximité qui normalement le vend, qu'aujourd'hui, il ne peut pas ouvrir, eh bien, c'est que ce produit, vous ne pourrez pas le trouver dans une grande surface de plus de 400 mètres carrés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il n'y avait pas moyen d'apprendre à commercer avec le virus, je vous pose cette question parce que beaucoup se la posent, je ne sais pas comment en ouvrant 7 jours sur 7 par exemple, le dimanche, les commerces, en n'ouvrant que quelques heures, en limitant drastiquement le nombre de clients dans les magasins, est-ce qu'il n'y avait pas cette solution, franchement ?
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire mon sentiment, c'est que, c'est ce qu'on a fait depuis cet été, quand on a mis en place des protocoles sanitaires très stricts dans les commerces, il y a beaucoup de commerçants d'ailleurs qui ont investi, qui ont mis en place des plexiglas, qui ont acheté du gel, qui ont mis en place des mesures très fortes, c'est ce qu'on a fait, c'est le fameux vivre avec le virus, mais vient un niveau de circulation du virus où vous devez mettre un coup de frein brutal pour une durée limitée, et on souhaite qu'elle soit la plus limitée possible pour revenir à un niveau de contamination qui permette à nos hôpitaux de le gérer, c'est ça qu'il faut avoir en tête ; c'est qu'on a des soignants matin, midi et soir et la nuit qui se battent sur le front du virus, et c'est à eux qu'on doit penser quand on prend des mesures difficiles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais Gabriel ATTAL, pensons aussi à Noël, à Noël, le e-commerce va mettre main basse, va faire main basse sur les achats des cadeaux de Noël, vous le savez bien, c'est le risque. Alors, moi, j'ai une question, en avril, vous avez interdit la vente de produits non-essentiels sur AMAZON et le e-commerce ; est-ce que vous allez faire la même chose ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, je n'ai pas la réponse à cette question, par définition, je vous ai dit qu'il y a des discussions permanentes avec les acteurs économiques français, Bercy, pour regarder…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est une solution, une bonne solution ? Une solution qui a été appliquée au mois d'avril, au printemps…
GABRIEL ATTAL
Moi, je vais vous dire quelque chose, Jean-Jacques BOURDIN, je vais vous dire une chose, c'est que moi j'entends cette crainte, cette émotion sur les géants du numérique qui pourraient remplacer nos commerçants, que ce soit d'ailleurs les petits commerces ou les grandes surfaces, moi je ne veux pas céder à la fatalité, d'abord parce qu'il y a des alternatives pour acheter, depuis tout à l'heure on parle de commerces fermés, on oublie de dire qu'il y a du "Click and Collect", je n'aime pas trop ce terme, commander, récupérer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moi non plus, on peut trouver un terme français quand même, non ?
GABRIEL ATTAL
Commander, récupérer, je pense que ce n'est pas mal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, récupérer, ce n'est pas mal.
GABRIEL ATTAL
Qui continuent à vendre. Je veux dire, aujourd'hui vous allez sur des sites…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cliquer, récupérer.
GABRIEL ATTAL
Oui, cliquer, récupérer. Vous allez sur des sites, actualités.fr etc., vous pouvez voir la carte des librairies en "Click and Collect", en commander, récupérer, qui sont ouverts. Il y a des plateformes, si on reprend l'exemple des livres et des librairies, il y a des plateformes qui vous permettent de commander en ligne et qui utilisent des livres, qui expédient des livres, qui viennent de nos librairies indépendantes, je pense à la librairie.com, leslibrairesindépendants.fr, il y a aussi ces alternatives. Et puis enfin je vais dire, on voit, les Français ils savent qu'on est dans une situation qui est évidemment très particulière et très difficile, je pense que les Français ont aussi un attachement très fort à leurs commerces de proximité, et donc moi j'ai la conviction que les Français, quand ils commencent à réfléchir à leurs cadeaux de Noël, à des achats qui ne sont pas de première nécessité, qu'ils pourraient faire aujourd'hui, eh bien peut-être qu'ils vont se dire, en tout cas moi c'est mon cas, j'imagine votre cas aussi, on va attendre quelques semaines et les faire à un moment où les magasins auront pu rouvrir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'ai trois questions, deux questions très précises, précises je préfère, très précises c'est un pléonasme. Je pense aux routiers, réouverture des relais routiers ? Parce que, leur situation, je les imagine sur la route, seuls, ils ne peuvent plus aller se laver, ils ne peuvent plus manger chaud, je me mets à leur place, vous aussi, au gouvernement ?
GABRIEL ATTAL
Bien sûr, évidemment, je veux dire, c'est très difficile, quand on est routier, de ne pas pouvoir…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors ?
GABRIEL ATTAL
Je crois qu'il y a déjà des clarifications qui ont plus être apportées sur le fait qu'ils pouvaient évidemment acheter de la nourriture à emporter parce que les salles ne sont pas ouvertes, comme pour tous les restaurants, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est du froid.
GABRIEL ATTAL
Il y a les discussions qui poursuivent, et qui, je crois, vont aboutir, avec le ministère chargé des Transports, sur les autres questions, et notamment cette question absolument centrale qui est celle de l'hygiène, même si je crois que des progrès ont eu lieu récemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, des auditeurs, et des auditrices, m'ont demandé de vous poser aussi cette question, est-ce que les associations accueillant de jeunes enfants autistes pourront continuer à les accueillir ?
GABRIEL ATTAL
Alors, il me semble que oui, il y a une attention toute particulière pour les personnes en situation de handicap, y compris pour la question des services à domicile par exemple, vous savez que là aussi pour éviter les distorsions de concurrence le décret qui a été publié ce matin limite les cas dans lesquels des professionnels peuvent intervenir au domicile, je pense aux coiffeurs à domicile, aux esthéticiens, aux coachs sportifs, pour ce qui est des personnes en situation de handicap, évidemment tous les services à domicile peuvent leur être apportés, donc j'imagine, je demanderai à ma collègue Sophie CLUZEL la précision, que c'est aussi le cas pour les enfants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, parce que les associations attendent ces précisions. J'ai deux dernières questions, une dernière question finalement, report des élections régionales, c'est pratiquement acquis ?
GABRIEL ATTAL
Jean-Louis DEBRE va nous remettre les conclusions de sa concertation dans les semaines qui viennent, donc ce n'est pas à moi de dire à l'avance, sinon ça n'aurait pas eu de sens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est plus possible ?
GABRIEL ATTAL
Si la question que vous me posez c'est de savoir si je considère que, dans le contexte actuel on pourra tenir une campagne pour des élections départementales et régionales, j'en doute beaucoup. Là, aujourd'hui, moi je ne me vois pas aller faire un meeting, d'ailleurs c'est interdit, distribuer un tract, on essaye d'éviter les contacts, faire du porte-à-porte, on ne va pas chez les gens, donc je vois assez peu comment on peut tenir une campagne aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et certains disent, ça sera ma dernière question, que l'élection présidentielle serait menacée ?
GABRIEL ATTAL
Ah non, ça je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai lu ça, entendu ça…
GABRIEL ATTAL
Je n'ai pas du tout entendu ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Gabriel ATTAL d'être venu nous voir, porte-parole du gouvernement, sur RMC et BFM TV
source : Service d'information du Gouvernement, le 4 novembre 2020