Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour.
MARC FAUVELLE
C'est un ministre de la Santé fraîchement vacciné qui est avec nous ce matin, puisque vous avez reçu hier la première dose du vaccin AstraZeneca, car vous êtes également médecin et donc parmi les publics prioritaires. Pourquoi l'avoir fait devant les caméras ?
OLIVIER VERAN
Eh bien je me suis rendu à l'hôpital de Melun pour regarder comment s'organisait la vaccination des soignants de moins de 65 ans avec le vaccin AstraZeneca, un vaccin qui est arrivé samedi. Les vaccinations ont commencé dès dimanche dans les hôpitaux… (Il tousse)
MARC FAUVELLE
Ah, ça y est, les premiers symptômes de la vaccination…
OLIVIER VERAN
Non, c'est un chat dans la gorge matinal, je rassure tout le monde, et il m'a été proposé de me vacciner, donc je fais partie de la grande famille des soignants, j'avais toujours dit que lorsque je répondrais aux critères pour être vacciné, je le ferais, donc je l'ai fait avec plaisir.
MARC FAUVELLE
Est-ce que d'autres ministres l'ont fait sans qu'on le sache ?
OLIVIER VERAN
Alors, si des ministres correspondent aux critères, je souhaite qu'ils l'aient fait évidemment, mais je crois que peu correspondent aujourd'hui aux critères, donc chacun le fera en temps et en heure.
SALHIA BRAKHLIA
En parlant du vaccin AstraZeneca, l'Afrique du Sud, pays le plus touché par le variant sud-africain, vient de suspendre ce vaccin jugé insuffisamment efficace contre le variant. On risque de faire la même chose en France ?
OLIVIER VERAN
Aujourd'hui, 99 % des souches virales des virus qui circulent en France métropolitaine, ne correspondent pas aux variant sud-africain, donc il n'y a pas lieu de changer notre stratégie vaccinale, et j'invite les Français à continuer de se protéger avec le PFIZER, le MODERNA, lorsqu'ils ont 75 ans et plus, ou les soignants, les pompiers, les aides à domicile de moins de 65 ans avec le AstraZeneca. Par contre, évidemment je porte un regard particulier sur des situations en Outre-mer, dans des territoires où on peut trouver davantage de variant sud-africain, ça peut éventuellement nous conduire à changer la stratégie pour protéger notamment les soignants qui exercent dans les hôpitaux, je pense à Mayotte, j'y travaille avec mon homologue à l'Outre-mer, Sébastien LECORNU.
SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire que dans les territoires d'Outre-mer, le vaccin AstraZeneca ne sera pas distribué ?
OLIVIER VERAN
Ça veut dire que nous réfléchissons à renforcer la protection des soignants par d'autres vaccins type ARN Messager, qui semble plus efficace sur le variant sud-africain, et qu'à mesure que les données scientifiques nous parviennent, nous sommes amenés à faire évoluer notre stratégie. L'article sud-africain dont nous parlons, a été fondé, est basé sur l'étude, c'est une étude sur 2 000 patients, tous jeunes, c'est une petite étude, la publication en tant que telle n'a pas encore été consultée par les scientifiques, elle n'était pas encore disponible, vous imaginez bien qu'on ne bascule pas toute une stratégie vaccinale sur cette seule base-là. Mais on surveille, évidemment.
SALHIA BRAKHLIA
Pour le moment il est toujours prévu de le distribuer dans les pharmacies, le vaccin AstraZeneca.
OLIVIER VERAN
Ah non mais rien ne change sur la stratégie vaccinale, ni en France, ni en Europe, ni aux Etats-Unis, ni au Canada, ni en Australie. Nous restons avec l'utilisation des vaccins que nous avons, je le redis, 99 % des gens qui sont contaminés aujourd'hui dans notre pays, le sont avec des virus qui sont sensibles à ce vaccin. Donc évidemment qu'il faut continuer à se protéger, c'est très très important.
MARC FAUVELLE
Les 2 autres vaccins actuellement disponibles en France, c'est-à-dire celui de PFIZER et celui de MODERNA, restent efficaces contre ce variant sud-africain qui représente aujourd'hui environ 200 nouveaux malades chaque jour ?
OLIVIER VERAN
Oui, ils restent efficaces, nous disent les scientifiques, de la même manière d'ailleurs le AstraZeneca garde une efficacité sur le variant sud-africain, il serait moins efficace, ce qui ne veut pas dire qu'il ne serait plus efficace.
SALHIA BRAKHLIA
22 %, vraiment moins efficace.
OLIVIER VERAN
2 000 personnes, une étude sur 2 000 personnes, tous jeunes, il n'y a pas de personnes âgées, il n'y a pas de forme grave, donc il est très compliqué de conclure encore.
MARC FAUVELLE
Pour protéger contre les variants, les Britanniques envisagent de proposer une troisième dose de certains des vaccins. Est-ce que c'est sur la table en ce moment en cours d'examen en France ?
OLIVIER VERAN
Je note déjà que les Britanniques n'ont pas fait de deuxième dose, contrairement à la France.
MARC FAUVELLE
Oui, on va passer directement de la première à la troisième.
OLIVIER VERAN
Ils vaccinent à fond les ballons en faisant une première injection, contre les recommandations des scientifiques, contre les recommandations des laboratoires, contre les préconisations de l'Organisation mondiale de la santé, ce n'est pas le choix que nous avons fait en France et au sein de l'Union européenne, nous conservons un schéma vaccinal avec deux doses. Ensuite nous verrons, et ce qui se passe à l'étranger, nous le regardons de près, et si nous voyons qu'il y a un impact qui est positif, alors nous ferons évoluer les choses, mais aujourd'hui pas question de changer.
SALHIA BRAKHLIA
Un mot sur le rythme de la vaccination. Vous avez dit hier : « La vaccination, maintenant il va falloir que ça dépote », ça veut dire quoi ?
OLIVIER VERAN
Je parlais de l'AstraZeneca. Les soignants, je veux qu'ils soient protégés le plus vite possible. Ils sont dans les hôpitaux, ils sont en ville, ils soignent, nous en avons besoin, il y a 20 000 contaminations par jour, il y a plus de 1 500 nouvelles hospitalisations par jour, on a besoin des soignants dans les hôpitaux, les EHPAD en ville, plus vite ils sont protégés, mieux je me sentirai et je me porterai, donc je souhaite que ça dépote. Ensuite, sur le rythme de la vaccination, hier sur les primo-injections, c'est-à-dire la première dose reçue, la France était passée devant l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie. En termes de seconde injection nous sommes encore derrière, c'est normal, c'est le décalage du début janvier qui se retrouve aujourd'hui sur la deuxième injection. Mais la France a pris un rythme de vaccination très élevé, très soutenu, et j'en remercie l'ensemble des soignants qui sont mobilisés, mais aussi les élus, les ARS, les préfets, qui font tourner les 1 000 centres de vaccination désormais sans difficulté majeure.
MARC FAUVELLE
Est-ce que tous les vaccins qui avaient été commandés par l'Europe et ensuite distribués dans tous les pays, sont arrivés en France, est-ce qu'on tient le rythme aujourd'hui et est-ce qu'on pourra l'accélérer ?
OLIVIER VERAN
Nous tenons le rythme aujourd'hui, je le disais de 270 000 doses AstraZeneca ont été reçues deux jours plus tôt que prévu, 300 000 doses seront reçues demain et après-demain, 700 000 doses seront reçues dans quelques jours, puis plus d'un million de doses à la toute fin du mois. Nous sommes capables de tenir les engagements et le rythme. Nous avions annoncé avec le Premier ministre Jean CASTEX que d'ici à la fin du mois de février nous aurions proposé la vaccination à 2,4, jusqu'à 4 millions de Français, nous serons entre 3,5 et 4 millions de Français qui ont reçu une primo-injection à la fin du mois, donc nous sommes…
MARC FAUVELLE
Entre 3,5 millions à 4 millions de personnes vaccinées dans 3 semaines en gros, à la fin du mois.
SALHIA BRAKHLIA
En février.
OLIVIER VERAN
Oui.
MARC FAUVELLE
Oui. Est-ce qu'on pourrait dépoter, pour reprendre vos mots, encore avec le vaccin russe ?
OLIVIER VERAN
Faudrait-il que les Russes déposent une demande d'autorisation de leur vaccin devant l'Agence du médicament européenne. J'ai cru comprendre qu'il y avait des frémissements et que ça pouvait bouger. Moi j'ai besoin d'avoir accès aux données scientifiques. Et donc vous savez, nous avions envoyé des experts français à Moscou il y a déjà plus de 2 mois, à la demande du président de la République, et donc des liens ont été créés très tôt. Il n'y a pas eu du tout d'ostracisation, mais plutôt une volonté de travailler en commun. Lorsqu'ils auront donné l'intégralité des informations dont ils disposent aux autorités indépendantes européennes, nous pourrons alors regarder si ce vaccin est intéressant, utile et sûr.
MARC FAUVELLE
Encore un mot sur cette campagne de vaccination. Beaucoup de Français sans doute autour de vous aussi n'arrivent pas à prendre rendez- vous aujourd'hui pour se faire vacciner, vous avez annoncé il y a quelques jours l'ouverture de nouveaux créneaux. Quand sera la prochaine fenêtre, il y en a une qui arrive cette semaine…
OLIVIER VERAN
Jeudi.
MARC FAUVELLE
Jeudi, après-demain, les autres fenêtres pour réserver des vaccinations, c'est à partir de quand ?
OLIVIER VERAN
D'abord vous dire que sur le les créneaux que nous avons ouverts, un certain nombre d'entre eux n'ont pas été accessibles en ligne à la réservation, puisque conformément à ce que j'avais demandé, beaucoup de centres de vaccination qui ne pouvaient pas donner de rendez-vous ont fait une liste d'attente, et donc ont rappelé des gens qui s'étaient préinscrits, et c'est très bien ainsi, pour leur dire : voilà, nous avons un créneau qui s'est ouvert conformément à ce que nous avions dit. Vous dire ensuite que nous ne donnons pas 4 semaines mais 8 semaines de visibilité aux centres de vaccination, pour aller jusqu'à la fin du mois de mars, nous le ferons dans les tout prochains jours, et nous mettrons également en ligne en Open data, comme nous l'avons fait la semaine dernière, de manière à ce que chaque centre puisse savoir combien de vaccins il pourra donner au cours du mois de mars, donc ça c'est important.
MARC FAUVELLE
Ça veut dire que là on est complet jusqu'à quand ?
OLIVIER VERAN
Ça veut dire qu'on est jusqu'ici complet jusqu'à la fin du mois de février, que des créneaux vont être rouverts au mois de mars, et si nous avons des afflux supplémentaires de doses, et j'espère que nous en aurons, nous pourrons rouvrir régulièrement des créneaux supplémentaires pour les Français.
SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire qu'il est impossible de prendre rendez-vous si on n'est pas sur liste d'attente, pendant tout le mois de février, dans certains centres.
OLIVIER VERAN
Ça veut dire que vous pouvez prendre rendez-vous pour être sur liste d'attente et que par ailleurs il est très possible que d'ici à la toute fin du mois de mars ou en tout début du mois d'avril, nous ayons pu primo-vacciner, c'est-à-dire c'est la première injection, à toutes les personnes âgées de 75 ans et plus, et donc ouvrir dans la foulée la vaccination progressivement à la tranche de population qui suit,, c'est-à-dire les 65 ans et plus. Tout dépendra aussi de l'adhésion des Français à la vaccination, s'ils sont 60 % à souhaiter se faire vacciner, s'ils sont 70 ou 80 %, ça prendra plus ou moins de temps, mais nous sommes sur le rythme que nous avions fixé.
MARC FAUVELLE
Le Fil info à 8h40 avec Mélanie DELAUNAY, et on se retrouve juste après, Olivier VERAN.
-Fil info-
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Olivier VERAN, le ministre de la Santé, en un mot comment vous définiriez l'état de l'épidémie en France, fragile, inquiétante ou encore sous contrôle ?
OLIVIER VERAN
Stable. Stable, ça fait 3 semaines qu'il y a 20 000 nouveaux cas par jour, 3 semaines qu'il y a 1500 hospitalisations par jour et 3 semaines que nous sommes entre 3200 et 3000 patients au total en réanimation, donc stable, j'ajoute un deuxième mot, excusez-moi, élevé. Stable et élevé.
SALHIA BRAKHLIA
Et comment vous expliquez que ce soit stable et élevé malgré les variant qui augmentent.
MARC FAUVELLE
Et qui présente désormais un nouveau malade sur sept ?
OLIVIER VERAN
Nous travaillons avec les scientifiques d'une part pour regarder comment les variant se multiplient dans le pays, comment est-ce qu'ils progressent. D'autre part quel est l'effet du couvre-feu, ensuite nous avons annoncé des mesures complémentaires pour renforcer l'efficacité du couvre-feu dans la durée, dont nous espérons qu'elle nous permettra d'avoir le petit plus qui ferait baisser la courbe épidémique. On reste dans un état de vigilance très important avec une analyse au quotidien des chiffres de contamination, des chiffres d'hospitalisation et des modèles calqués sur ceux qu'on observe à l'étranger là où les variant montent, mais aussi sur l'expertise que nous avons acquise en France. Je note qu'à ce stade le président de la République, enfin pas à ce stade d'ailleurs, le président de la République a eu raison de ne pas décider de confinement généralisé, il y a 15 jours car chaque semaine que nous gagnons sur un confinement, c'est une semaine de liberté supplémentaire pour les Français, liberté sociale, liberté culturelle même si évidemment la situation culturelle de notre pays est très préoccupante.
SALHIA BRAKHLIA
Pourtant si on écoute les médecins, ils sont alarmistes et disent que la situation à l'hôpital par exemple risque d'exploser dans les prochains jours, on ne risque pas d'être surpris par une hausse exponentielle de l'épidémie ?
OLIVIER VERAN
On ne sera pas surpris s'il devait y avoir une hausse de l'épidémie puisque nous regardons les choses au quotidien encore une fois et les scientifiques nous disent qu'il y a un certain nombre de jours d'observation avant que nous rentrions, si ça devait être le cas dans une forme exponentielle. Vous savez nous avons confiné à deux reprises dans notre pays lorsqu'il y avait une ascension non contrôlée de l'épidémie et lorsqu'il y avait la garantie d'une saturation de nos hôpitaux à court terme. Ça n'est pas la situation aujourd'hui, si la situation devait évoluer dans 7, 10, 15 jours 3 semaines, que sais-je, eh bien dans ce cas-là nous prendrions évidemment toujours les décisions pour protéger la santé des Français.
SALHIA BRAKHLIA
Là on a une visibilité à combien un jour parce que vous disiez, on a de l'avance ?
OLIVIER VERAN
Je ne vous dis qu4 il y a 15 jours un certain nombre de scientifiques nous disait qu'il fallait confiner est très vite puisque la situation allait être explosive très vite, deux semaines après je constate que la situation est stable, à un niveau élevé encore une fois, mais stable et ne justifiant pas aujourd'hui des mesures de confinement généralisé.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'on sait à quel moment les variant seront majoritaires parmi les nouveaux malades ? Fin février, début mars comme le disent la plupart des experts aujourd'hui ?
OLIVIER VERAN
La France mène des enquêtes comme nul autre pays est en mesure de le faire avec ce qu'on appelle des PCR multiplex, du séquençage génétique permettant de voir comment évoluent les variant territoire par territoire et au niveau national. Ce que je sais, j'attends les résultats de l'enquête de cette semaine qui arrivera dans quelques jours, c'est que nous étions à 14 % environ de circulation variant, pour l'essentiel variant d'origine britannique et que ces variant augmentent d'environ 50 % par semaine. C'est-à-dire qu'ils augmentent vite mais moins vite que dans les pays qui n'était pas son couvre-feu. Donc il y a une efficacité des mesures que nous avons décidées et qui permet aujourd'hui de stabiliser la situation sanitaire.
MARC FAUVELLE
Donc pour répondre à la question c'est plutôt au mois de mars. Si on ajoute 50 % toutes les semaines, on est parti de 14 %, je ne vais pas faire des calculs aussi tôt dans la journée mais…
OLIVIER VERAN
Un jour j'ai dit que je voulais faire mentir les modèles et je voulais faire mentir les courbes, c'était en septembre dernier, vous, peut-être que vous vous en souvenez, aujourd'hui nous traquerons le variant, nous le tract de manière très active, nous avons renforcé considérablement le tester, alerter, protéger. Vous l'avez vu dans des écoles ou nous fermons des classes voire des écoles lorsqu'il y a un cas de variant qui est confirmé. Nous prolongeons, j'ai demandé à ce qu'on prolonge la durée l'isolement des gens qui sont atteints de variant à 10 jours au lieu de 7 jours. Nous faisons du contact tracing immédiat pour toutes les personnes qui ont été en contact et ont pu être contaminées par une personne malade, mais aussi aller chercher les personnes qui ont pu contaminer en amont de cette personne-là. et donc nous mettons vraiment tous les moyens à disposition pour casser les chaînes de contamination, freiner la diffusion des variant notamment le Sud-Africain et le Brésilien, donc si notre action porte ses fruits, aujourd'hui elle porte un certain nombre de fruits alors nous ferons reculer cette échéance, viendront ensuite des jours meilleurs printaniers, on sait que le virus circule manifestement moins lorsque les conditions climatiques sont meilleures et surtout dans l'intervalle, nous vaccinons.
MARC FAUVELLE
On va parler de l'école Olivier VERAN dans un instant, mais est-ce qu'il est possible, même si c'est une toute petite chance, qu'on ne soit jamais reconfiné ?
OLIVIER VERAN
Il est évidemment possible qu'on ne soit jamais reconfiné.
MARC FAUVELLE
Il y a un trou de souris encore.
OLIVIER VERAN
Vous savez, il est souhaitable, vous savez je suis ministre de la Santé et des Solidarités, donc je suis ministre…
MARC FAUVELLE
Vous savez que tous les Français quasiment sont persuadés qu'on y va de toute façon et que comme vous le dites, on repousse simplement l'échéance.
OLIVIER VERAN
Je suis ministre de la Santé des Solidarités, je suis donc ministre des Français, je tiens à un équilibre entre la vie sociale, économique, la santé est définie par l'Organisation mondiale de la santé, c'est un état de bien-être général, ça comporte de l'activité physique, sociale, culturelle, moi je souhaite comme ministre du gouvernement qu'on puisse le plus tôt possible rendre des libertés aux Français, rouvrir dans le secteur culturel, nous le ferons dès que nous le pourrons, le confinement n'est pas un choix de faciliter, le confinement n'est pas un choix de facilité et de sécurité, le confinement est un choix de nécessité lorsque la situation épidémique nous échappe. Aujourd'hui ça n'est pas le cas encore une fois et nous observons une chose au quotidien et en transparence nous communiquons toutes les informations au quotidien aux Français.
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, vous l'avez dit aujourd'hui près d'un millier de classes est fermé en France à cause du Covid, c'est 2 fois plus que la semaine dernière du fait des nouveaux variant et depuis hier les médecins scolaires demandent au gouvernement de profiter des vacances pour fermer les établissements pendant un mois, qu'est-ce que vous leur répondez ?
OLIVIER VERAN
Je leur réponds la même chose que ce que je viens de vous répondre, avec une nuance supplémentaire, c'est que la France est un pays, l'un des seuls pays européens qui a fait le choix de sanctuariser son école et l'éducation, c'est un choix qui nous honore. Depuis bientôt un peu plus de 10 mois les écoles seront ouvertes dans notre pays, elles sont fermées par nécessité lorsqu'il y a des cas…
SALHIA BRAKHLIA
Un collège a été fermé hier à cause de la circulation du variant sud-africain.
OLIVIER VERAN
Oui il y a des écoles, des classes qui peuvent être fermées lorsque la situation sanitaire le nécessite, elles sont ensuite rouvertes, l'immense, l'écrasante majorité des établissements scolaires en France sont ouvertes et depuis des mois et des mois, l'éducation est une priorité pour la nation.
SALHIA BRAKHLIA
Et combien de temps on peut tenir comme ça, là on voit bien que le nombre de classes fermées a doublé en une semaine.
OLIVIER VERAN
Vous m'avez posé la question, des collègues, des confrères à vous m'ont posé la question il y a 2 semaines, pourquoi est-ce que vous allez confiner demain, est-ce que vous allez fermer les écoles, je vous fais la même réponse qu'il y a 2 semaines, la situation sanitaire est la même qu'il y a 2 semaines et de la même manière qu'il y a 2 semaines je vous disais que si ça devait évoluer et nous échapper, nous prendrions alors les décisions qui sont nécessaires pour sauver nos hôpitaux et sauver des vies.
MARC FAUVELLE
Vous avez annoncé il y a quelques jours que tous les écoliers de France et pas uniquement les écoliers d'ailleurs je crois que ça concerne également les étudiants, auraient un test salivaire à la rentrée, est-ce que ces tests seront obligatoires ?
OLIVIER VERAN
Alors les tests ne sont pas obligatoires, on ne peut pas obliger des gens dans notre pays à subir un examen médical et ça ne changera pas, en revanche c'est est-ce salivaires ce sera une belle avancée, enfin je dirais toute la partie technique en PCR dans les laboratoires reste la même, il y a un traitement pré analytique qui change, la Haute autorité de santé doit me dire jeudi ou vendredi quelles sont ses méthodes et nous travaillons activement avec les laboratoires de tout le pays pour être prêt le moment venu. Il y aura déjà les premiers prélèvements salivaires qui vont être menés en région parisienne cette semaine dans des écoles, c'est important parce que la qualité du prélèvement salivaire est garantie par la qualité du techniquage PCR qui va suivre et ça permet d'éviter l'écouvillonnage qui n'est pas agréable chez les petits.
MARC FAUVELLE
Ce sera de la maternelle à la fac ?
OLIVIER VERAN
Ce sera en priorité les enfants, en priorité les enfants et mais également des soignants, mais également des étudiants à mesure que notre capacité de tests salivaires augmenteront, nous serons l'un des seuls pays européens à être en mesure de faire des prélèvements salivaires en masse, au moins 200 à 300000 tests salivaires par semaine et nous augmenterons ces capacités de tests évidemment comme nous l'avons fait avec les PCR classiques.
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, il y a un endroit où l'on peut porter un masque, respecter les distances, respecter les jauges et même un sens de circulation, ça s'appelle un musée, pourquoi on ne rouvre pas les musées Olivier VERAN ?
OLIVIER VERAN
Hier matin j'étais avec Roselyne BACHELOT, la ministre de la Culture et nous avons reçu l'ensemble du monde culturel des musées, mais aussi des monuments historiques pour travailler avec eux les conditions, d'abord les conditions sanitaires qui nous permettront le moment venu de réouvrir et ensuite dans quelles conditions de protocole sanitaire cette fois nous pourrons rouvrir. Croyez-moi j'ai extrêmement hâte qu'on puisse rendre cette liberté culturelle aux Français, qu'on puisse permettre aux gens de travailler et de rouvrir leurs portes. donc nous travaillons encore une fois, nous évitons les messages et contre message, au moment où je vous dis rien n'exclut que dans 10 jours ou dans 15 jours la situation sanitaire dérape, il est très compliqué d'avoir une politique du stop and go de dire nous ouvrons demain, mais je peux vous dire que Roselyne BACHELOT est très motivée et je le suis tout autant, n'allez pas croire encore une fois que parce que je porterai le discours sanitaire, je n'aurais pas conscience de l'impact des mesures sanitaires sur les Français.
SALHIA BRAKHLIA
Donc on n'a pas de date de réouverture aujourd'hui.
OLIVIER VERAN
On n'a pas de date mais nous avançons avec les acteurs qui encore une fois en responsabilité, vraiment en responsabilité travaillent avec nous.
MARC FAUVELLE
Vous avez dit il y a quelques minutes, Olivier VERAN, le président Emmanuel MACRON a eu raison de ne pas confiner il y a 15 jours, ça veut dire qu'il n'y a pas aujourd'hui de bras de fer entre lui et vous ou entre vous et le locataire de Bercy Bruno LE MAIRE qui souhaiterait lui qu'on préserve l'économie et vous avant tout la santé.
OLIVIER VERAN
Bruno LE MAIRE souhaite aussi que nous préservions la santé, il l'a dit et moi je vous affirme que je souhaite aussi que nous préservions l'économie.
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas deux lignes en ce moment.
OLIVIER VERAN
Il n'y a pas deux lignes, il n'y a jamais eu deux lignes, il y a jamais eu deux lignes. Il y a pu avoir des moments où les uns et les autres avions des échanges sur le couvre-feu ou confinement, c'était il y a il y a quelques mois de cela, mais c'était des échanges constructifs, arbitrés par le président de la République à raison et je vous le dis sans aucun problème, le président de la République en décidant de nous donner une chance d'éviter un confinement généralisé a manifestement raison puisque 15 jours après la situation sanitaire reste inchangée dans notre pays.
-Fil info-
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Olivier VERAN, le ministre de la Santé. La comédienne et directrice de théâtre Stéphanie BATAILLE, a lancé une pétition pour vous interpeller. Son père, le comédien Etienne DRABER, a contracté le Covid à l'hôpital, alors qu'il entrait pour se faire opérer du coeur. Il est mort début janvier. Sa famille n'a pu le voir qu'au dernier moment, elle demande donc à ce que vous autorisez tous les malades hospitalisés à recevoir des visites de leurs proches. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
OLIVIER VERAN
D'abord je compatis et je lui adresse mes sincères condoléances. J'ai contacté l'hôpital en question pour avoir des informations sur cette situation particulière et individuelle. Je n'ai pas à en parler ici, il y a évidemment le secret médical qui s'impose. En revanche, je réaffirme avec force et conviction que les visites à l'hôpital doivent être et sont, Sauf anomalie, autorisées dans toutes les situations, avec des protocoles sanitaires bien sûr, des situations qui peuvent être particulières, bien sûr, mais cela fait des mois et des mois que les familles sont autorisées et doivent l'être en pratique, à rendre visite à une personne malade, que la personne soit mourante ou qu'elle ne le soit pas.
MARC FAUVELLE
Donc là on est dans une exception, où la règle n'a pas été respectée ?
OLIVIER VERAN
Je ne m'exprimerai pas sur cette situation individuelle, particulière.
SALHIA BRAKHLIA
Donc, pour ceux qui nous écoutent, si on a un proche malade dans une unité Covid, on a le droit de lui rendre visite.
OLIVIER VERAN
Il y a des règles sanitaires à respecter, il y a des équipes ; vous savez, une équipe médicale, une équipe soignante, elle est attentive au bien-être du malade, elle est aussi attentive au bien-être de la famille. Priver quelqu'un de visite, ce serait extrêmement douloureux. Priver une famille du droit de visiter quelqu'un qui en plus est en fin de vie, ce serait encore plus douloureux, donc je vous redis, tous les protocoles existent, toutes les circulaires, toutes les directives…
SALHIA BRAKHLIA
A votre connaissance, ça n'arrive pas sur le territoire français ?
OLIVIER VERAN
Je ne dis pas que ça n'arrive pas, manifestement ça peut arriver, c'est regrettable, encore une fois les choses sont écrites, elles sont partagées avec l'ensemble des soignants et des directeurs d'établissements hospitaliers.
MARC FAUVELLE
Olivier VERAN, France Info révèle ce matin que les donateurs, que des donateurs et des membres du Conseil d'administration de l'hôpital américain de Neuilly, tout près de Paris, ont été invités à se faire vacciner le mois dernier, alors qu'ils ne sont pas prioritaires. Je précise qu'on vous a communiqué cette enquête il y a quelques heures pour que vous ayez le temps de la consulter avant de nous répondre sur ce plateau. Ce sont donc des doses qui étaient en théorie réservées aux soignants de cet hôpital, qui ont été proposées à d'autres personnes. Est-ce que vous trouvez ça normal ?
OLIVIER VERAN
Je peux vous dire qu'en sortant de votre radio j'appellerai, je contacterai la Direction de cet hôpital pour avoir des informations, savoir d'abord si les faits sont confirmés ou non. S'ils étaient confirmés je les déplore, la priorisation elle est très claire dans notre pays : nous protégeons les plus fragiles par ordre de priorité, quel que soit l'endroit où on se trouve sur le territoire national, et quelle que soit sa condition sociale. Je n'accepterai pas qu'il y ait des passe-droits, et s'il y en avait ce serait regrettable et je le dirais vaux intéresser.
SALHIA BRAKHLIA
L'Allemagne et l'Autriche ont rendu obligatoire le masque FFP2 dans les commerces, dans les transports, est-ce que ça va se passer, est-ce que vous allez prendre cette décision, la même décision en France face au variant qui augmente, on le rappelle, dans le pays ?
OLIVIER VERAN
Nous avons pris déjà la décision d'interdire, dans les endroits où le masque est obligatoire, les masques qui sont fabriqués à la maison et qui ne correspondent pas forcément aux critères de filtration. J'ai saisi le Haut Conseil de santé publique qui a été très clair sur la non-nécessité de rendre obligatoire le port du masque FFP2 ou même chirurgical, dès lors qu'il existe des masques grand public, normés, catégorie 1, qui filtrent à plus de 90 % et qui sont protecteurs. Si le Haut Conseil devait faire évoluer sa doctrine, nous le suivrions, nous le faisons depuis un an.
MARC FAUVELLE
On estime Olivier VERAN qu'un malade sur dix, qu'une personne sur dix touchée par le Covid souffre des mois après d'un Covid long, ça prend des formes assez diverses, mais parfois particulièrement handicapantes, ça peut être des maux de tête, des douleurs, parfois même l'impossibilité tout simplement de se lever, parfois. Qu'est-ce qu'on peut dire à ces personnes-là, comment les aider et que peut faire la Sécurité sociale ?
OLIVIER VERAN
Je vois au moins trois grandes priorités sanitaires, en dehors du cadre strictement Covid. D'abord cette question des Covid longs. Des femmes et des hommes qui souffrent, des semaines parfois…
MARC FAUVELLE
Souvent de femmes d'ailleurs.
OLIVIER VERAN
Parfois des mois après avoir contracté la maladie, même parfois sans qu'il s'agisse d'une forme grave. J'ai demandé à ce que nous structurions sur tout le territoire, des filières de prise en charge spécifiques, qui développent à la fois la recherche clinique pour comprendre les tenants et aboutissants, mais aussi l'accompagnement et l'accueil des malades, en ville essentiellement, mais aussi à l'hôpital, certaines équipes que j'ai pu visiter me proposent de la kinésithérapie, du soutien, mais également encore une fois la recherche clinique pour qu'on comprenne, je ne laisserai personne tomber, y compris lorsqu'on sera sorti de cette pandémie, parce qu'on en sortira. Deuxième priorité sanitaire, la santé mentale qui me préoccupe énormément dans notre pays. Les Français n'ont pas le moral, c'est le cas ailleurs, ce n'est pas une spécialité franco-française, c'est une préoccupation majeure et je ferai des propositions importantes dans les prochains jours. Et le troisième volet, c'est toutes ces personnes qui ont eu des soins déprogrammés et qui n'ont pas forcément été encore reprogrammés, notamment des gens atteints de maladies chroniques, voire de pathologies cancéreuses, que tout le monde puisse recevoir les soins qui lui sont nécessaires.
MARC FAUVELLE
Une dernière question Olivier VERAN, si vous le permettez. Il y a quelques semaines c'est Jean-François DELFRAISSY, le président du Conseil scientifique, qui était à votre place. Au moment où on parlait un peu moins des variants qu'aujourd'hui, on lui a demandé tout simplement : quand est-ce que ça s'arrêtait ? Il a été assez catégorique, quand je parle ça, c'est le masque, la crise du Covid etc., il nous a dit « Tenez bon jusqu'en septembre ». Vous diriez la même chose ou pas ?
OLIVIER VERAN
Est-ce que vous m'avez déjà entendu faire une prévision ou une prédiction ? Pardon, je m'applique cette rigueur depuis bientôt un an de gestion de crise, qui fait que quand on exigeait de moi que j'autorise des médicaments dont je n'avais pas la preuve qu'ils fonctionnaient, je ne les ai pas autorisés, est-ce que j'ai eu tort ? Je ne crois pas. Aujourd'hui ces médicaments plus personne ne les utilise, et je suis content d'avoir évité d'empoisonner un certain nombre de Français. Lorsqu'on m'a demandé de faire des prédictions à un mois, à deux semaines comme vous l'avez fait tout à l'heure, ou parfois à six mois ou à un an, je ne l'ai pas fait car je n'étais pas en mesure de le faire. Je m'applique cette rigueur…
MARC FAUVELLE
Donc la réponse c'est : on n'en sait rien.
OLIVIER VERAN
… elle est double, je dis aux Français tout ce que je ne sais, et ce que nous comprenons, et je ne dis pas aux Français ce que je ne sais pas, même si ça me ferait plaisir de répondre à ce type de question. Donc je reste extrêmement vigilant. Ce que je sais c'est que nous vaincrons cette pandémie, ensemble, tenir ensemble dit le président de la République, il a raison, nous retrouverons la vie que nous avons eue avant, nous reconstruirons notre pays, différemment, différemment, collectivement, nous protégerons notre jeunesse, nous donnerons des perspectives aux Français. Ce temps viendra, aujourd'hui le temps est encore à la protection de soi-même et des autres.
MARC FAUVELLE
Merci Olivier VERAN. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 février 2021