Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Il y a 5 jours exactement vous expliquiez dans un autre média que le gouvernement planchait sur un confinement très serré, confinement qui n'a pas eu lieu, qu'est-ce qui s'est passé ?
GABRIEL ATTAL
Ce que j'ai dit il y a 5 jours, et d'ailleurs il y a une semaine quand on a commencé à me poser la question, c'est qu'il y avait plusieurs scénarios sur la table, depuis un renforcement du cadre actuel avec le couvre-feu à 18h et des mesures supplémentaires, jusqu'à, effectivement, un confinement très serré, en transparence. Vous savez, moi je me rends compte, quand on n'en dit pas suffisamment on nous dit qu'on en dit trop peu, et quand on met tout sur la table et qu'on dit nos pistes de travail, on nous dit "mais vous en dites trop." Non, moi je pense que les Français ils attendent qu'on soit transparent, qu'on leur dise, au moment T, sur quoi on planche, quelles sont les données sanitaires, quelles sont les pistes possibles, et puis à la fin on tranche et on prend une décision, et la décision qui a été prise…
MARC FAUVELLE
On c'est Emmanuel MACRON et lui seul ?
GABRIEL ATTAL
C'est le président de la République, avec le Premier ministre, le gouvernement, et la décision que nous avons prise vendredi dernier c'est de faire le choix de la confiance et de la responsabilité des Français, c'est de considérer que nous pouvons encore éviter un reconfinement, que les chances sont peut-être limitées, parce que la situation est compliquée, la situation sanitaire, elle est fragile, elle est précaire, mais que ça vaut le coup de l'essayer parce qu'on sait l'impact d'un confinement sur les Français, pour l'économie, pour le moral, pour la santé psychologique des Français, et donc tout ce qu'on peut faire, tout ce qu'on peut essayer pour éviter d'avoir à reconfiner le pays, il faut le tenter.
SALHIA BRAKHLIA
Alors les chances elles sont limitées à quel point, parce que, selon Olivier VERAN, le ministre de la Santé, les experts scientifiques lui disent que les variants peuvent provoquer une vague majeure, à quel point on prend un risque à ne pas reconfiner tout de suite ?
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, on ne prendra jamais de risque pour la santé des Français et pour notre hôpital, et c'est ce que nous avons rappelé vendredi quand nous avons échangé en Conseil de défense, c'est ce que le Premier ministre a redit, je crois, dans son intervention, c'est ce qu'Olivier VERAN a redit hier. Dès lors que le confinement apparaît comme inéluctable pour contraindre la circulation du virus et protéger notre hôpital, et que c'est la seule et unique solution, évidemment qu'il faut l'emprunter. Aujourd'hui ce n'est pas le cas et c'est pourquoi nous tentons d'autres possibilités.
SALHIA BRAKHLIA
Alors, quel délai on se laisse là, pour voir l'évolution ?
GABRIEL ATTAL
On regarde, au jour le jour, l'évolution de la situation, au jour le jour, au fil de l'eau, évidemment en regardant sur les derniers jours. Il y a un indicateur qu'on regarde c'est la moyenne du nombre de cas positifs sur les sept derniers jours. Vous avez vu que la semaine dernière les contaminations avaient augmenté de l'ordre de 10, 15%, la semaine qui vient de s'écouler elles ont augmenté de l'ordre de 4%, donc on voit qu'il y a eu une "décélération" de la hausse de l'épidémie.
MARC FAUVELLE
Donc il est possible que, contrairement à ce qu'on explique depuis des semaines, le couvre-feu à 18h suffise.
GABRIEL ATTAL
En tout cas il a un effet, et ça on l'a toujours dit, la question qui était posée était de savoir s'il avait un effet suffisant pour contrer le développement des variants. Ce qui est certain c'est que nous ne sommes pas aujourd'hui à un niveau de circulation du virus que nous considérons comme acceptable au sens où il nous permet de maîtriser totalement les chaînes de contamination, et donc l'objectif est évidemment, toujours, de freiner, voire de faire reculer la circulation du virus, c'est pour ça qu'on a renforcé les mesures qui entourent le couvre à 18h.
SALHIA BRAKHLIA
Ce sera quand le prochain point d'étape ?
GABRIEL ATTAL
Toutes les semaines on a un rendez-vous avec le président de la République, le Premier ministre, en Conseil de défense…
SALHIA BRAKHLIA
Donc c'est mercredi.
GABRIEL ATTAL
Il y en a un chaque semaine, on n'a pas encore reçu les convocations, mais en général c'est en milieu de semaine, et à ce moment-là on fera un point sur la circulation du virus et sur l'épidémie.
MARC FAUVELLE
Est-ce que la décision de l'Exécutif acte le fait qu'on a complètement débranché le Conseil scientifique…
GABRIEL ATTAL
Pas du tout, les décisions qu'on prend…
MARC FAUVELLE
Qui plaidait pour des restrictions plus dures dans son dernier rapport, qui a maintenant plusieurs semaines ?
GABRIEL ATTAL
Oui, enfin je peux vous dire que le Conseil scientifique ne nous disait pas vendredi dernier il faut impérativement confiner tout de suite, ce qu'ils disent c'est il faut être extrêmement vigilant face à la circulation des variants…
SALHIA BRAKHLIA
Il était alarmiste Jean-François DELFRAISSY.
GABRIEL ATTAL
Et dès lors que cela apparaître nécessaire, le confinement est une solution pout stopper la circulation du virus.
SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, dans la décision du président de la République est-ce qu'il y a eu cette crainte de la désobéissance civile ? On voit ce qui se passe aux Pays-Bas, les Hollandais manifestent violemment contre les mesures restrictives, est-ce qu'il y a eu cette crainte-là dans l'esprit du président de la République, que les Français désobéissent ?
GABRIEL ATTAL
Non, ça n'a pas pesé dans les décisions, d'abord parce que ça fait maintenant de nombreux mois qu'on parle de ce sujet-là, il y a eu des images de désobéissance dans certains pays européens depuis maintenant plusieurs mois, dès l'été dernier, et on a entendu ça au moment du deuxième confinement en France, beaucoup brandir ce risque, et la réalité c'est quoi ? C'est que l'écrasante majorité des Français ils respectent les règles, ils font attention. Quand on leur dit il faut limiter au maximum ses contacts, ils savent que c'est pour des motifs et des raisons sanitaires, et donc ils le font. Et donc, on ne prend pas nos décisions en fonction d'une petite minorité qui ne veut pas respecter les règles. La boussole de nos décisions c'est toujours de protéger la santé des Français et évidemment, aussi, de tenir compte de l'impact psychologique des décisions qu'on prend et de l'impact économique.
MARC FAUVELLE
Des restaurateurs aujourd'hui, Gabriel ATTAL, dont on ignore le nombre précis, ont annoncé qu'ils allaient ouvrir leurs établissements, accueillir du public qu'est-ce que vous leur dites ?
GABRIEL ATTAL
Là c'est pareil, je pense qu'on parle d'une très petite minorité, moi je parle beaucoup avec des restaurateurs, c'est difficile pour eux, ils ont envie de rouvrir, ils ont envie de rouvrir pas uniquement pour des raisons financières, puisqu'ils reçoivent des aides qui leur permettent de tenir, d'ailleurs les restaurateurs qui aujourd'hui disent "on va rouvrir", c'est des restaurateurs qui sont encore là parce que ça fait des mois que le gouvernement et l'État les aident…
SALHIA BRAKHLIA
Mais alors quelle réaction face à ceux qui veulent rouvrir ?
GABRIEL ATTAL
La réaction c'est qu'on a décidé que, pour des restaurateurs qui ne respecteraient pas les règles, qui décideraient d'ouvrir alors même qu'ils sont fermés administrativement, il y aura des sanctions financières, c'est-à-dire qu'un restaurateur qui ouvrirait alors qu'il n'a pas le droit d'ouvrir, il n'aura pas accès au fonds de solidarité pendant 1 mois, et s'il réitère, il sera exclu du fonds de solidarité jusqu'à la fin de la crise.
MARC FAUVELLE
Il y a un restaurateur, en fin de semaine dernière, à Nice, qui a ouvert son établissement, qui a accueilli des dizaines et des dizaines de clients, sans être verbalisé, il a fini par être placé en garde à vue pour tout autre chose, parce que l'un de ses salariés était semble-t-il sans papiers, est-ce que c'est normal ?
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, là-dessus on travaille beaucoup au sein du gouvernement, en lien avec le garde des Sceaux Eric DUPOND-MORETTI, il faut voir chaque…
MARC FAUVELLE
Là sa situation était connue, il avait convoqué la presse, les radios, les télés, vous avez sans doute vu les images vous-même.
GABRIEL ATTAL
Oui, oui, j'ai aussi connaissance d'autres situations, je pense par exemple à quelqu'un qui a une boîte de nuit qu'il ouvrait clandestinement et organisait des soirées clandestines où il n'y avait pas de gestes barrières, pas de masques, cette personne a été poursuivie pour mise en danger de la vie d'autrui et a pris 1 an de prison. Donc, vous voyez bien que la sanction peut être extrêmement lourde.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais le restaurateur en question, il n'a rien.
GABRIEL ATTAL
Je n'ai pas connaissance de la sanction qu'il a eue, je ne sais même pas si…
MARC FAUVELLE
Aucune.
GABRIEL ATTAL
Je crois qu'il est convoqué encore dans plusieurs semaines il me semble.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais parce qu'il avait embauché une personne qui n'avait pas de papiers.
GABRIEL ATTAL
Là-dessus les choses sont très claires encore une fois, sanction financière pour ceux qui ouvriront alors qu'ils n'ont pas le droit, et puis travail avec les services judiciaires pour que ce motif de mise en danger de la vie d'autrui soit retenu, autant que faire se peut, dans le cadre des poursuites qui sont faites.
MARC FAUVELLE
8h40 sur France Info, le fil info avec Mélanie DELAUNAY et on poursuit avec vous Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, dans un instant.
(…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le porte-parole du gouvernement, Gabriel ATTAL. A Paris hier soir des automobilistes ont été contrôlés après le couvre-feu, écoutez ce qu'en dit Emmanuel GREGOIRE, le Premier adjoint à la Mairie de Paris.
EMMANUEL GREGOIRE
Je trouve qu'il y a un petit peu un manque de discernement de la part des forces de police parce qu'en faisant les opérations de contrôle elles contribuent à ralentir encore plus le trafic, et puis il faut bien comprendre que les gens qui sont dans leur voiture, qui, on le comprend, rentrent chez eux, ils ne font courir aucun risque à eux-mêmes et aux autres puisqu'ils sont dans un milieu confiné et que souvent ils sont pris dans les bouchons et c'est très difficile d'anticiper.
SALHIA BRAKHLIA
Qu'est-ce que vous répondez à ça, est-ce que les Français seraient responsables des bouchons maintenant et doivent être verbalisés pour ça ?
GABRIEL ATTAL
Non, je veux dire, là-dessus, ce qui est clair, c'est qu'on a fait le choix de tout faire pour éviter un reconfinement, la contrepartie de ça c'est qu'évidemment les règles actuelles, et notamment le couvre-feu à 18h, soient pleinement respectés, ça veut dire, oui, qu'il y a une augmentation des contrôles, sur le couvre-feu à 18h moi j'observe que, il y a quelques jours, ou quelques semaines, quand je venais sur les plateaux on me disait "vous avez mis en place un couvre-feu à 18h, mais il n'y a pas de contrôles, il n'est pas suffisamment respecté", on augmente les contrôles et là on nous "il y a trop de contrôles", ça c'est la première chose. Deuxième chose, il y a aujourd'hui dans les motifs pour être en dehors de chez soi après 18h, des motifs de retour au domicile notamment pour les personnes qui travaillent…
MARC FAUVELLE
Mais pas pour ceux qui sont partis en week-end.
GABRIEL ATTAL
Mais pas pour ceux qui sont partis en week-end, bon ! Troisième chose, il peut y avoir, dans des situations particulières où il y a des bouchons, j'imagine, une compréhension, une tolérance, pour des personnes qui seraient parties plus tôt…
SALHIA BRAKHLIA
Eh ben non, ce n'est pas ce qui s'est passé hier !
GABRIEL ATTAL
Il faut regarder ce qui s'est passé hier, mais, encore une fois, la règle générale c'est quand même qu'à 18h il faut être chez soi, sauf si on a un motif, et notamment le motif d'aller travailler.
SALHIA BRAKHLIA
Je peux juste prendre un exemple bête, c'est-à-dire que si je suis, je ne sais pas, je pars en Normandie en week-end, et je dois rentrer à Paris, si je ne pars pas à 15h de la Normandie pour arriver à Paris avant 18h, je vais être verbalisée ?
GABRIEL ATTAL
C'est des contraintes, Salhia BRAKHLIA, pour tout le monde.
SALHIA BRAKHLIA
Au risque d'avoir des contrôles aux péages.
GABRIEL ATTAL
Mais je veux dire, si on part du principe, et j'entendais ce que disait à l'instant l'élu qui s'exprimait…
MARC FAUVELLE
Emmanuel GREGOIRE.
GABRIEL ATTAL
Si on part de ce principe de dire, de toute façon, si vous êtes dans votre voiture, ça vaut absence de couvre-feu, eh bien ça veut dire qu'il n'y a plus de couvre-feu.
MARC FAUVELLE
Mais ce qui a agacé hier une partie des automobilistes, et on va arrêter ensuite avec Paris, c'est que pour faire ces contrôles les policiers ont en partie stoppé le périphérique et donc ajoutés des bouchons aux bouchons pour verbaliser ensuite, voilà…
GABRIEL ATTAL
Oui, j'entends, je vais vous dire, j'entends que cette situation et ces images…
MARC FAUVELLE
Il y a quelque chose d'un peu ubuesque.
GABRIEL ATTAL
Créent des interrogations, voilà. Moi je n'y étais pas, on va regarder ce qui s'est passé, mais, encore une fois, l'important c'est quand même de dire et de rappeler que c'est bien de respecter les règles.
MARC FAUVELLE
Toute entrée en France et toute sortie à destination d'un pays en dehors de l'Union européenne sont désormais interdites, réservées aux motifs impérieux, là encore question toute simple. Un Français à l'étranger, qui serait parti ces derniers mois, qui veut rentrer en France, c'est un motif impérieux ?
GABRIEL ATTAL
Oui, si sa résidence principale est en France…
MARC FAUVELLE
Uniquement si sa résidence principale est en France ?
GABRIEL ATTAL
C'est ça qui permet d'attester que son motif impérieux c'est de rentrer chez lui, s'il est à l'étranger et que sa résidence est à l'étranger, pour venir en France il doit respecter l'un des motifs impérieux.
SALHIA BRAKHLIA
S'il veut voir sa famille qui réside en France ?
GABRIEL ATTAL
Malheureusement ça ne fait pas partie des motifs.
SALHIA BRAKHLIA
Même si lui-même est Français ?
GABRIEL ATTAL
Même si lui-même est Français, c'est là le changement. C'est-à-dire que, je rappelle, depuis près d'1 an les frontières avec les pays extérieurs à l'Union européenne étaient fermées, ça veut dire qu'il n'y a que ceux qui ont la nationalité française qui avaient le droit de revenir en France, il n'y avait pas de limitation des motifs pour revenir en France pour nos compatriotes, on a augmenté ces mesures avec des tests PCR obligatoires à faire avant de partir, ça fait maintenant plusieurs mois qu'ils étaient en place, et là on est passé un cran au-dessus, mais là aussi c'est une contrepartie pour éviter le reconfinement, où maintenant il faut avoir un motif impérieux pour revenir en France. Et donc, dans ces motifs, il y a notamment des motifs familiaux, par exemple si vous avez un proche qui est décédé, évidemment on vous permet de revenir en France, si vous avez un proche qui est en fin de vie, dont le pronostic vital est engagé, évidemment on vous permet d'être auprès de lui, il y a des motifs impérieux en termes de santé aussi, si vous avez besoin de vous faire soigner, que vous êtes français, que vous devez vous faire soigner en France, évidemment on vous laisse revenir, et puis quelques motifs professionnels, si vraiment votre employeur atteste que si vous ne vous déplacez pas ça met en péril votre situation professionnelle, là aussi on vous laisse revenir en France.
SALHIA BRAKHLIA
Juste, rapidement, ces motifs impérieux ce sont les compagnies aériennes qui les vérifient, vous leur faites confiance à ces compagnies aériennes ?
GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord il y a un double contrôle, il y a les compagnies aériennes qui vérifient au moment d'embarquer et puis il y a la Police aux frontières qui vérifient aussi. Oui, on leur fait confiance, mais évidemment qu'on contrôle aussi, c'est-à-dire…
SALHIA BRAKHLIA
Parce qu'il y en a qui ont été laxistes là-dessus, sur les tests PCR par exemple ?
GABRIEL ATTAL
Oui, il y en a qui ont été laxistes sur les tests PCR. Qu'est-ce qui s'est passé la semaine dernière ? elles ont été convoquées, il y a l'une d'entre elles qui a déjà fait l'objet de sanctions, ETHIOPIAN AIRLINES, on s'est rendu compte qu'elle ne vérifiait pas les tests PCR, parfois des personnes arrivaient avec des faux tests PCR, ça se voyait, et donc elle aurait pu le voir, eh bien on a dit "pendant telle durée vous n'aurez plus le droit d'opérer en France", je peux vous dire que c'est extrêmement dissuasif comme sanction à l'encontre des compagnies aériennes, et comme on revérifie derrière, on a assez facilement la possibilité de voir si elles respectent ou pas les règles. Et donc, il y a d'autres compagnies aériennes qui ont été convoquées, qui ont reçu des avertissements, et on va regarder, dans les jours qui viennent, vérifier qu'elles respectent bien les règles, et ce n'est pas le cas il y aura d'autres sanctions qui seront prises contre les compagnies aériennes.
MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, les vacances scolaires débutent dans quelques jours, en fin de semaine pour les familles de la zone A, est-ce que vous pouvez nous dire si les vacances se dérouleront normalement ou pas, pour eux et pour les autres, pour toutes les zones ?
GABRIEL ATTAL
Ce que je peux leur dire c'est qu'il n'a pas été décidé un reconfinement vendredi dernier, ce que je peux leur dire, ensuite, c'est que l'épidémie, évidemment nous la suivons au jour le jour, que nous essayons de prendre les mesures les moins contraignantes pour la vie des Français tout en étant les plus protectrices de la santé des Français, qu'il peut arriver à l'avenir, il pourrait arriver, qu'il y ait des mesures plus importantes qui seraient prises, mais aujourd'hui ce n'est pas l'objectif. Moi, ce que j'entends, et ce qui me dérange parfois dans le débat, c'est qu'on prend une décision, on prend des mesures pour un objectif, et tout de suite on se met à s'interroger, à se demander si un reconfinement est possible dans l'immédiat, etc.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais ça se prépare par exemple les vacances, si les parents doivent garder les enfants à la maison…
MARC FAUVELLE
Les couples divorcés…
GABRIEL ATTAL
Totalement, absolument. Je crois que ce qu'on a montré depuis le début de cette crise, je mets de côté le tout début quand finalement cette épidémie nous a pris tous, dans le monde, par surprise, et qu'on a pris des mesures en extrêmement urgence, c'est qu'on a toujours donné, quand même, les moyens aux Français de s'organiser, qu'on leur a toujours donné la possibilité de s'adapter aux règles qui changeaient.
MARC FAUVELLE
Là vous leur dites préparez-vous à tout, pour les vacances de février, soit un calendrier normal, soit des vacances qui pourraient être rallongées, pour l'instant la question n'est pas tranchée.
GABRIEL ATTAL
Moi, ce que je dis, c'est que, par principe on n'exclut jamais rien, mais qu'on essaye tout pour, encore une fois, la situation soit la moins difficile pour les Français, possible, qu'on prendra toujours les décisions nécessaires pour protéger leur santé.
SALHIA BRAKHLIA
Le retour des étudiants à la fac une fois par semaine, c'est ce qu'avait annoncé Emmanuel MACRON il y a quelques jours, c'est maintenu ?
GABRIEL ATTAL
Oui, c'est maintenu.
SALHIA BRAKHLIA
Malgré le contexte ?
GABRIEL ATTAL
Absolument. C'est une décision qui est très importante, parce qu'il y a énormément d'étudiants qui sont en détresse, qui ont besoin de pouvoir retourner ne serait-ce qu'une journée à l'université pour recréer du lien avec d'autres étudiants, pour échanger avec leur enseignant, et ça c'est une mesure qui est maintenue.
MARC FAUVELLE
Jean CASTEX a annoncé vendredi soir dans son allocution que le télétravail, qu'on allait augmenter le recours au télétravail, alors on vient de changer la règle il y a tout juste 1 mois, plutôt dans le sens d'un allégement sur le télétravail, puisqu'il est désormais possible pour tous les gens qui étaient en télétravail 5 jours sur 7 de revenir au moins une journée par semaine en entreprise. Quel est l'objectif cette fois-ci ?
GABRIEL ATTAL
Alors, la règle elle reste que tout ce qui peut être télétravaillé doit être télétravaillé, et que des personnes qui peuvent télétravailler à 100% doivent le faire. On a mis en place un assouplissement, là aussi pour des personnes en grande détresse…
MARC FAUVELLE
On va revenir dessus ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Qui avaient besoin de revenir une journée par semaine physiquement au travail. Principalement, ceux qui ont recours à cet assouplissement, c'est des jeunes et c'est des personnes qui résident en Ile-de-France, dans des très petits appartements, et on peut le comprendre. On ne revient pas sur cet assouplissement qui a été donné. La question c'est, comment est-ce qu'on fait pour que, de manière effective, les règles qui sont actuellement en vigueur soient davantage respectées. Il y a eu une légère érosion du télétravail depuis le mois de novembre dernier, je crois de l'ordre de 10, 15 points, de moins, c'est-à-dire de personnes qui pourraient télétravailler qui ne le font pas, donc aujourd'hui, Elisabeth BORNE, ma collègue ministre du Travail, a rendez-vous avec les partenaires sociaux pour regarder avec eux comment on fait pour que le cadre soit plus effectif, qu'il y ait plus de recours au télétravail.
MARC FAUVELLE
L'objectif c'est que le nombre de personnes en télétravail augmente à nouveau et qu'on garde ce sas d'une journée au moins par semaine, c'est ça le cadre des discussions qui débutent tout à l'heure avec les partenaires sociaux ?
GABRIEL ATTAL
Absolument, c'est ça, c'est ce qui est prévu dans les discussions aujourd'hui.
SALHIA BRAKHLIA
Et vous allez intensifier les contrôles ?
GABRIEL ATTAL
Oui, il y a des contrôles nombreux qui ont été mis en place depuis le début de la crise, là aussi, je crois que c'est plus de 60 000 contrôles qui ont lieu, et ça fait évidemment partie des possibilités d'accroître les contrôles pour vérifier que les règles soient respectées. Mais, encore une fois, moi je crois aussi beaucoup à la responsabilité collective, des employeurs, des salariés. Dans un moment, encore une fois, où on se dit comment est-ce qu'on se retrousse tous les manches pour freiner la circulation du virus, éviter d'avoir à en revenir à des mesures extrêmement difficiles de reconfinement, je pense que là il peut y avoir une belle mobilisation collective, indépendamment de la sanction.
MARC FAUVELLE
On va parler des vaccins, et des traitements, si vous voulez bien, dans quelques instants, d'abord le fil info à 8h50 avec Mélanie DELAUNAY.
(…)
MARC FAUVELLE
Toujours avec le porte-parole du gouvernement Gabriel ATTAL. Gabriel ATTAL, la France a vacciné un peu moins d'1,5 million de personnes pendant le mois de janvier, nous sommes maintenant début février, savez-vous combien de personnes pourront recevoir pendant les 28 jours de ce mois leur première injection ?
GABRIEL ATTAL
Au moins 1 million de personnes recevront leur première injection.
MARC FAUVELLE
Donc il y aura moins en février qu'en janvier, parce qu'il faut donner la deuxième dose…
GABRIEL ATTAL
Je dis au moins, parce qu'en disant 1 million de première injection au mois de février je me base sur les vaccins qui ont été autorisés par les agences de santé indépendantes, c'est-à-dire, à ce stade, le vaccin PFIZER et le vaccin MODERNA, vous savez qu'il y a le vaccin ASTRAZENECA qui a été autorisé par l'Agence européenne, qui doit être autorisé, on l'espère, par l'Agence, la Haute autorité de santé, en France, demain, et que, évidemment, les doses qui arriveront d'ASTRAZENECA en février viendront en plus, et je pense que c'est important de s'exprimer à cadre constant, c'est donc à la fin du mois de février au moins 2,5 millions de personnes qui auront reçu au moins leur première injection. Et le million et demi de Français qui ont été vaccinés au mois de janvier, évidemment recevront leur deuxième injection au mois de février.
SALHIA BRAKHLIA
En parlant d'ASTRAZENECA, ils ont donc accepté de revoir légèrement à la hausse, hier soir, leurs livraisons, mais elles restent largement inférieur à ce qui était prévu au moment de la signature du contrat avec l'Europe, est-ce que l'Europe s'est faite avoir par ASTRAZENECA ?
GABRIEL ATTAL
D'abord je trouve que ce qui s'est passé hier soir avec ces annonces montre aussi l'intérêt du cadre européen, parce que si on ne discutait pas à 27 avec ASTRAZENECA on n'aurait probablement pas réussi à obtenir des doses supplémentaires et on n'aurait pas cette pression pour que les engagements qui ont été pris soient respectés.
MARC FAUVELLE
Ils ne le seront pas.
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire…
MARC FAUVELLE
Tels qu'ils ont été repris hier soir par ASTRAZENECA, en gros, ASTRAZENECA avait réduit de trois quarts ses promesses de vaccinations, ils ont accepté de les remonter très légèrement, on est à un tiers aujourd'hui de ce qui va être fourni, donc il y a deux tiers des vaccins qui pour l'instant n'arrivent pas.
GABRIEL ATTAL
On a une première étape, hier, qui a été franchie, évidemment les discussions continuent. Je vais vous dire, il y a deux sujets. On est, avec la vaccination, dans un progrès absolument historique dans l'histoire de la santé dans le monde, la première personne qui a été vaccinée contre le Covid dans le monde elle l'a été moins d'1 an avant que la première personne soit contaminée au Covid dans le monde, ce n'est jamais arrivé, dans une telle épidémie, qu'on trouve un vaccin moins d'1 an après la première contamination, les laboratoires ont été très vite, ils ont réussi à trouver des vaccins qui fonctionnent.
MARC FAUVELLE
Et plus vite dans le cas d'ASTRAZENECA, pour le Royaume-Uni, que pour le reste de l'Europe.
GABRIEL ATTAL
Dans ces conditions, on peut entendre et on peut comprendre s'il y a des problèmes de production, s'il y a une cuve qui ne fonctionne pas, s'il y a une chaîne de production qui doit être adaptée.
SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas vraiment cette histoire.
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire ; ça on peut l'entendre, et c'est pour ça qu'on a dans nos contrats des clauses d'audits pour aller regarder ce qui se passe dans les usines, y compris pour saisir des documents si c'est nécessaire, et vérifier que c'est bien ça qui explique qu'il y ait moins de livraisons que ce qui a été prévu. Après il peut y avoir d'autres raisons, et ça ce n'est pas acceptable. Si on a des contrats qui pourraient être tenus, qui ne sont pas respectés, pour d'autres raisons que celles de production, ça ce n'est pas acceptable, et c'est ce qu'on est en train de regarder.
SALHIA BRAKHLIA
Donc, les usines britanniques qui produisent le vaccin d'ASTRAZENECA, doivent aussi produire pour l'Europe ?
GABRIEL ATTAL
Nous, ce qu'on demande, c'est que les contrats qui ont été soignés soient honorés. Aujourd'hui, ce que dit le laboratoire, c'est qu'ils ont des problèmes de rendement dans des usines européennes qui doivent fournir le marché européen.
MARC FAUVELLE
Et ce que dit ASTRAZENECA également c'est rien, dans le contrat que nous avons signé avec l'Europe ne nous obligeait à faire fonctionner nos deux usines britanniques pour le reste de l'Europe, et, accessoirement, on avait signé avec le Royaume-Uni 3 mois avant de signer avec le reste de l'Europe.
GABRIEL ATTAL
C'est précisément pour ça qu'on continue à discuter avec eux, et je peux vous dire que le fait de discuter à 27, avec la présidente de la Commission européenne en face du laboratoire, c'est un atout, parce que si on était chacun, "chaque pays, seul, à devoir discuter de son côté", je pense qu'on aurait moins d'impact sur les laboratoires…
MARC FAUVELLE
Mais on aurait peut-être signé plus vite.
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, ça reste à prouver. Je vais vous dire, les discussions avec les laboratoires elles ont commencé en juin dernier, les contrats ils ont été signés extrêmement rapidement, on a fait énormément de commandes pour le marché européen, là aussi la coordination européenne a été utile.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'il faut garder ce vaccin ASTRAZENECA pour les étudiants ? C'est une proposition de Jean-Christophe LAGARDE. Le patron de l'UDI dit "il semblerait inefficace pour les plus de 65 ans, pourquoi ne pas le réserver aux étudiants."
GABRIEL ATTAL
Ecoutez, heureusement, c'est des décisions qui sont prises à la lumière des recommandations des spécialistes, des scientifiques indépendants, des grands spécialistes du vaccin, je ne crois pas, ce n'est pas lui aire offense, que c'est le cas de Monsieur LAGARDE, donc, chacun peut donner son avis et dire "moi j'aimerais que ce vaccin il aille à telles personnes", mais enfin, heureusement, c'est des scientifiques, c'est la Haute autorité de santé, qui nous guident dans ces décisions, parce que ce qui compte avant tout c'est que ce soit sûr et efficace pour les personnes qui reçoivent le vaccin.
MARC FAUVELLE
D'un mot, est-ce qu'il est possible que la France achète des vaccins russes, les vaccins Spoutnik, qui aujourd'hui sont en train d'être envoyés dans de très nombreux pays partenaires de la Russie ?
GABRIEL ATTAL
Un vaccin on ne regarde pas sa nationalité, ce qu'on veut c'est qu'il soit sûr et efficace…
MARC FAUVELLE
Il est examiné ?
GABRIEL ATTAL
Et donc, dès lors qu'un laboratoire demande un enregistrement de son vaccin auprès de l'Agence européenne du médicament, c'est examiné, sans regarder sa nationalité, ce qu'on veut c'est que ce soit sûr et efficace, je crois que c'est le cas pour le vaccin russe et donc il va être examiné, comme tous les vaccins ont été examinés, et si l'Agence européenne du médicament considère qu'il est sûr et efficace, la Haute autorité de santé française procédera à la même évaluation et il pourrait évidemment être proposé aux citoyens français si c'était le cas.
MARC FAUVELLE
Sur la course au vaccin voici ce que disait il y a quelques mois Emmanuel MACRON, écoutez.
EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE (LE 16 JUIN 2020)
L'accès au vaccin une fois trouvé, sera octroyé au plus grand nombre, je défends cette vision d'un bien public mondial.
SALHIA BRAKHLIA
Le vaccin un bien public mondial, est-ce qu'on peut imaginer racheter les licences pour les fabriquer en masses ces différents vaccins ?
GABRIEL ATTAL
En tout cas c'est une initiative très forte qu'avait lancée le président de la République, l'initiative Covax, pour lever des fonds pour permettre d'avoir des vaccins pour les pays qui aujourd'hui ne peuvent pas en avoir…
SALHIA BRAKHLIA
Les pays pauvres.
GABRIEL ATTAL
Et donc je peux vous dire qu'il y a une mobilisation très forte et que notre objectif c'est évidemment que d'ici à la fin de l'année on puisse leur permettre d'obtenir des vaccins.
SALHIA BRAKHLIA
Mais est-ce qu'on peut aller jusqu'à racheter les licences ?
GABRIEL ATTAL
Moi je pense que dans cet objectif-là je n'ai pas connaissance qu'on ait exclu des pistes, ce sur quoi je veux être extrêmement clair parce que j'ai vu des expressions qui ont été faites, encore ce week-end. Aujourd'hui, ce qui freine l'accès aux vaccins en plus grand nombre, ce n'est pas une question de propriété intellectuelle et de licences, c'est une question de chaînes de production, les laboratoires ils sont d'accord pour que d'autres usines produisent leurs vaccins, on a signé des accords avec des usines pour ça, l'enjeu c'est d'avoir des chaînes de production qui peuvent le faire, parce que ces vaccins c'est une nouvelle technologie, l'ARN messager, et qu'elle n'avait jamais été produite en dehors des laboratoires de recherche, donc ça met un peu de temps pour adapter les chaînes de production, c'est ça aujourd'hui qui freine une production plus massive, ce n'est pas le fait que les laboratoires disent "on ne veut pas que vous utilisez notre molécule et on ne veut pas lâcher notre licence", donc il faut être très clair là-dessus.
MARC FAUVELLE
Un mot Gabriel ATTAL de ce qui s'est passé ces dernières heures en Birmanie, la junte militaire a repris le pouvoir, l'ancienne prix Nobel de la paix Aung SAN SUU KYI a été arrêtée, quelle est la position de la France ?
GABRIEL ATTAL
D'abord on suit heure par heure et de très près ce qui se passe en Birmanie, et ce que nous redisons c'est qu'il y a eu des élections, je crois au mois de novembre dernier, que Madame Aung SAN SUU KYI a été élue, et que dans ces conditions nous appelons à ce que le résultat des urnes en Birmanie, résultat du vote des Birmans, soit respecté.
MARC FAUVELLE
La France souhaite une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies ?
GABRIEL ATTAL
On discute évidemment avec nos partenaires dans le cadre des instances internationales et notamment l'Organisation des Nations Unies, et on suit de très près cette situation, mais on appelle à ce que le résultat des urnes soit respecté en Birmanie.
MARC FAUVELLE
Avec une inquiétude pour les Français qui vivent là-bas ?
GABRIEL ATTAL
Evidemment, à chaque fois qu'il y a ce type de situation qui se manifeste on a une préoccupation forte et évidemment les services du ministère des Affaires étrangères sont mobilisés pour suivre et être en contact avec nos ressortissants sur place.
MARC FAUVELLE
Merci à vous Gabriel ATTAL et bonne journée.
GABRIEL ATTAL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 février 2021