Déclaration de Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, sur le fonctionnement des universités en temps Covid et le malaise étudiant, au Sénat le 10 février 2021.

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  • Frédérique Vidal - Ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation

Circonstance : Débat organisé à la demande du groupe Écologiste - Solidarité et Territoires, Sénat le 10 février 2021

Texte intégral

M. le président. L'ordre du jour appelle le débat, organisé à la demande du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, sur le thème : « Le fonctionnement des universités en temps covid et le malaise étudiant. »

(…)

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je tenais tout d'abord à vous remercier d'avoir organisé ce débat. Je suis très heureuse que la question des étudiants et de leur avenir intéresse la Haute Assemblée en ce début du mois de février 2021.

Pour ma part, j'ai bien pris en compte ces difficultés, et vous le savez : nombre d'entre vous ont pu m'accompagner lors de mes nombreuses visites sur le terrain dès le premier confinement.

Dès le premier confinement en effet, les étudiants comme les enseignants, nous ont alertés, en indiquant que nous devions préparer cette rentrée universitaire. C'est ce que l'ensemble des personnels ont fait durant tout l'été ; je tiens à les en remercier, et je crois que nous pouvons collectivement leur rendre hommage.

À un âge où l'on rêve de tous les possibles, où l'on entre dans l'enseignement supérieur, il est très difficile de se dire que l'avenir se résume finalement à un écran. Il y a un besoin immense de retrouver du lien social, du lien humain, tant pour les étudiants avec leurs camarades et avec leurs professeurs que pour les professeurs eux-mêmes, car il est extrêmement difficile d'enseigner sans le regard interrogateur des étudiants.

Ainsi que je l'ai indiqué, la question a été posée dès la sortie du premier confinement, avec une incertitude, qui ne vous aura pas échappé, sur les conditions sanitaires. Les établissements ont travaillé sur plusieurs scénarios. Ils ont travaillé sur une reprise en présentiel, que nous souhaitions tous ; elle a pu se faire, pour quelques semaines seulement malheureusement, puis elle a été en demi-jauge lorsque les cas de clusters ont commencé à apparaître dans les établissements, mais aussi lorsqu'un certain nombre de responsables politiques ont qualifié la situation dans les facultés de « catastrophique » et ont cru bon d'affirmer que la jeunesse accélérait la transmission du virus.

J'ai toujours défendu le fait que les établissements d'enseignement supérieur n'étaient pas des lieux où l'on se contaminait en suivant les enseignements.

Cela va me permettre de répondre à l'une de vos premières interrogations. Je pense que vous avez tous un jour ou l'autre fréquenté un campus universitaire. Si c'est le cas, vous vous rappelez certainement à quel point la vie sur un campus est différente de la vie dans un lycée.

Certains étudiants, parce qu'ils suivaient un cursus au sein d'un lycée, ont pu continuer à bénéficier de cours en présentiel au moins avec des jauges à 50 % ; c'est déjà ça. Mais la diffusion de photos dans les établissements et des mouvements comme #BalanceTaFac sur les réseaux sociaux ont petit à petit installé l'idée que les facultés étaient des lieux de contamination. Et les spécialistes et auteurs de recommandations ou conseils divers et variés ont estimé qu'il était essentiel de fermer les établissements d'enseignement supérieur. C'était le début du deuxième confinement. Le Gouvernement a refusé ces fermetures.

Certes, il y avait effectivement peu d'étudiants. Mais croyez-moi : ceux qui ont pu continuer à aller dans les bibliothèques universitaires ou à bénéficier des salles de ressources, avec l'accès aux ordinateurs, aux réseaux, étaient contents que les universités ne soient pas entièrement fermées. Partout où il était nécessaire de maintenir des enseignements en présentiel, par exemple dans les disciplines avec des travaux pratiques, ces enseignements ont pu être maintenus.

Si entre 7 % et 8 % seulement des étudiants fréquentaient les établissements, la volonté a été de ne pas fermer ces derniers.

Dès le mois de novembre, nous avons commencé à travailler à des protocoles sanitaires qui devaient être susceptibles de s'adapter à tout, y compris à la remontée du taux de contamination ou à l'apparition de variants. C'est pour cela que c'était long et compliqué. Vous avez été plusieurs à le souligner, il n'y avait rien de pire que d'annoncer, de changer d'avis, puis de recommencer. C'était ce dont les établissements ne voulaient pas.

Avec les établissements, nous avons mis en place des protocoles pour trois étapes dès le début du mois de janvier.

La première étape était de faire revenir les étudiants les plus fragiles. Les enseignants ont constaté combien il était essentiel de faire revenir les étudiants, notamment les étudiants internationaux, ultramarins et ceux qui vivaient extrêmement difficilement le confinement et les cours à distance, par petits groupes et de leur faire rencontrer d'autres étudiants, d'où l'importance et le rôle des tuteurs.

La deuxième étape a été de faire revenir les étudiants inscrits en première année. Comme ceux-ci n'avaient passé que quelques jours ou quelques semaines au sein des écoles et des universités, ils n'avaient pas eu le temps de se faire des camarades. Certains d'entre eux venaient d'autres régions, voire d'autres pays. Le besoin de créer des liens susceptibles d'être ensuite maintenus via les réseaux sociaux s'exprimait majoritairement pour les primo-entrants.

Et la troisième étape était de pouvoir faire revenir tous les étudiants, quel que soit leur niveau, sur les campus. C'est ce à quoi nous sommes arrivés à partir du lundi 8 février.

Tous ces protocoles ont été préparés et coconstruits avec les établissements. Oui, il est difficile de refaire des emplois du temps ! Mais l'immense majorité des membres du personnel et du corps enseignant sont prêts à faire des choses compliquées pour que les étudiants reviennent, car les étudiants sont – et pour moi aussi ! – leur boussole et leur priorité.

Le travail très important mené avec l'ensemble des établissements est rendu plus compliqué encore – c'est important de le souligner – par la multiplicité des envies. Parmi les personnels, certains estiment dangereux de venir travailler et préfèrent rester en télétravail. Parmi les étudiants, certains sont retournés vivre avec leur famille et n'ont pas envie de revenir ; d'autres – ils existent aussi – ont des difficultés à revenir, car ils ont rendu leur appartement ; d'autres encore se trouvent très bien et veulent continuer à étudier à distance. Pouvoir identifier ces différents profils est un défi supplémentaire pour les établissements.

Comme j'ai eu l'occasion de le préciser, le taux de présence aux examens est resté le même qu'au premier semestre de l'année 2019-2020. Cela signifie que le système universitaire et le système des écoles ont tenu, que les enseignants-chercheurs sont allés chercher les étudiants et que les tuteurs ont joué leur rôle. Tout le système s'est mobilisé au service des étudiants.

Certes, tout n'est pas parfait ; tout ne fonctionne pas. Mais je voulais saluer le travail des personnels et des étudiants pour les étudiants.

Cela a été évoqué, et j'y reviendrai, de nombreux étudiants sont en souffrance. Mais il y a aussi des étudiants qui ont dépassé ces souffrances et qui ne demandent qu'à aider, à participer. Il faut les saluer.

M. Julien Bargeton. Tout à fait !

Mme Frédérique Vidal, ministre. Monsieur Hingray, vous le savez bien, la seule certitude pour le moment est que les vaccins protègent individuellement ; cela a été rappelé. Fort heureusement, les jeunes qui sont contaminés développent très rarement des formes graves. Nous ne savons pas aujourd'hui si les vaccins permettent d'éviter la transmission du virus et la contamination des autres. Par conséquent, nous ne savons pas – les scientifiques sont d'accord au moins sur ce point – s'il est aujourd'hui efficace de vacciner les jeunes.

Plusieurs d'entre vous ont rappelé, et je les en remercie, que les difficultés économiques des étudiants ne dataient effectivement pas d'hier. Mais elles ont été amplifiées par cette crise. Les étudiants ont perdu leurs jobs. Tous ceux qui avaient des contrats de travail ont évidemment été pris en charge, comme tout titulaire d'un contrat de travail. Tous ceux qui avaient des contrats d'apprentissage ont évidemment été accompagnés et aidés : si nous avons maintenu le nombre d'apprentis cette année, c'est parce que le Gouvernement a été présent auprès des entreprises pour faire en sorte que l'apprentissage ne soit pas sacrifié. Ceux qui avaient des contrats de professionnalisation ont pu les conserver.

Mais, pour les jeunes qui avaient des jobs, ces petits emplois qui aident à la fin du mois, les difficultés ont effectivement été amplifiées par la crise sanitaire, par la situation économique des familles et par les freins aux échanges : certains étudiants internationaux ne sont pas rentrés chez eux cet été, craignant de ne pas pouvoir revenir, du fait des incertitudes quant aux conditions sanitaires et aux possibilités de retour.

Là encore, nous n'avons pas attendu pour agir. Dès le mois de juin, les loyers des résidences universitaires ont été gelés. Dès le mois de juin, nous avons annoncé qu'il n'y aurait pas d'augmentation des frais d'inscription. Dès le mois de juin, nous avons, pour la deuxième année consécutive, augmenté les bourses sur critères sociaux.

Nous avons aussi doublé les fonds d'aide d'urgence, qui ont la particularité de pouvoir être demandés par tous les étudiants, boursiers ou non, nationaux ou internationaux. Un étudiant qui pouvait percevoir jusqu'à un peu plus de 3 000 euros peut aujourd'hui percevoir jusqu'à un peu plus de 5 000 euros par an. Nous avons simplifié les processus. Les directeurs de Crous peuvent directement attribuer 500 euros d'aide d'urgence sans que les dossiers aient besoin d'être examinés en amont.

C'est tout cela qui a été fait et c'est de cela aussi que les étudiants ont besoin.

Il y a aussi eu une aide ponctuelle pour accompagner tous les étudiants boursiers au mois de décembre. Aujourd'hui, sur les 2,7 millions d'étudiants que compte notre pays, 750 000 sont boursiers.

Nous allons évidemment continuer, en nous préoccupant des stages. Vous l'avez rappelé, monsieur Grosperrin, cela ne se fait pas tout seul, depuis un bureau rue Descartes, à Paris. Nous avons besoin de stages sur le terrain. Nous travaillons donc avec l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité (AMF), avec l'Assemblée des départements de France (ADF), avec Régions de France, avec la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME), avec l'ensemble des organisations patronales et des organisations syndicales. Nous travaillons en interministériel, avec ma collègue Élisabeth Borne. Nous sommes en train de recenser les stages sur le territoire et d'en créer dans les administrations. Oui, certains diplômes nécessitent qu'il y ait des stages disponibles pour les étudiants ! C'est notre prochain défi.

Pour pallier la perte des petits jobs, nous avons créé des emplois étudiants dans les Crous et les universités.

Mesdames les sénatrices, deux d'entre vous ont raconté notre visite d'un service de santé universitaire à Bordeaux, et le rôle très important joué par les étudiants sentinelles.

N'oublions pas non plus les étudiants référents, chargés dans les cités universitaires de repérer leurs camarades qui vont mal, ni les étudiants tuteurs, qui reprennent en petits groupes, avec une dizaine d'étudiants, les bases que ces derniers ont eu du mal à acquérir lors du premier semestre.

Tous ces emplois permettent à la fois de pallier l'absence de jobs et d'offrir un accompagnement aux étudiants sur le terrain.

Nous avons aussi modifié les règles du service civique. Ce n'est pas encore parfait, nous pourrions sans doute faire mieux, mais nous y travaillons, notamment en réfléchissant à des simplifications radicales dans le domaine de l'emploi étudiant.

Nous menons également une action forte en faveur de l'aide alimentaire. Alors que nous avons généralisé le couvre-feu, et que certains parmi vous nous reprochent de prendre des risques, réclamant un nouveau confinement,…

M. Julien Bargeton. Eh oui !

Mme Frédérique Vidal, ministre. … nous avons choisi de faire revenir les étudiants à l'université.

Nous avons constaté le lundi les difficultés rencontrées par les étudiants pour prendre leur repas sur place ; le vendredi, des protocoles sanitaires étaient élaborés pour qu'ils puissent manger assis dans les restaurants universitaires.

C'est aussi en allant sur le terrain que l'on voit la réalité des actions engagées et les problèmes concrets de mise en oeuvre du dernier kilomètre. Sans protocoles suffisamment robustes à même de convaincre les autorités sanitaires, nous n'allons pas au bout de notre idée, qui consiste à proposer à tous les étudiants de consommer dans de bonnes conditions des repas équilibrés à 1 euro.

En effet, beaucoup de restaurants universitaires étaient fermés, puisqu'il y avait très peu d'étudiants sur les campus. Mais plus d'une centaine de restaurants ont rouvert en dix jours. La mise en place de protocoles sanitaires solides ne se fait pas d'un claquement de doigts…

Par ailleurs, les structures de restauration s'adaptent. Les directeurs de restaurant universitaire proposent ainsi aux étudiants d'emporter des repas pour les jours où ils n'ont pas de cours ou pour le week-end.

Arrêtons d'opposer le travail accompli par le réseau des oeuvres, qui est absolument essentiel, et l'action des associations, notamment étudiantes, qui s'appuient sur la solidarité, l'engagement et le bénévolat pour venir en aide aux autres étudiants. Nous subventionnons bien entendu ces associations lorsqu'elles créent par exemple des épiceries solidaires, des lieux où les étudiants viennent aussi chercher du lien social et des conseils.

La région Bretagne, par exemple, comme pendant le premier confinement, a confié au Crous des fonds pour augmenter les aides alimentaires, le soutien psychologique et l'accompagnement financier des étudiants qui en ont besoin. Nous devons avancer tous ensemble, car il s'agit de la jeunesse de notre pays commun.

Je veux dire également un mot sur l'accompagnement psychologique des étudiants. Nous avons mis en place différentes mesures sur le front de l'accompagnement humain. Mais, vous l'avez dit, la première réponse, c'est le retour des étudiants, pour leur permettre de recréer du lien social.

Vous avez raison de souligner aussi l'immense sens des responsabilités des étudiants, parfaitement conscients que nous leur permettons de revenir en dépit de cette nouvelle inconnue due aux variants.

Comme partout, en Europe et dans le monde, nous observons ce qui se passe au jour le jour. Si quelqu'un est capable aujourd'hui d'affirmer, grâce à une modélisation réaliste, ce que nous pourrons faire demain, qu'il la produise !

L'incertitude dans laquelle nous nous trouvons engendre du stress. C'est vrai pour l'ensemble de nos concitoyens, mais encore plus pour les étudiants, qui sont encore à un âge où l'on se construit.

Il était donc indispensable de prévoir un accompagnement et un suivi des étudiants fragiles. L'accompagnement des pairs par les pairs, avec les tuteurs, les étudiants référents ou sentinelles, est ce qui fonctionne le mieux. Les étudiants peinent en effet à dire qu'ils vont mal à d'autres personnes qu'à leurs camarades ; c'est une réalité connue sur le terrain.

Pour chaque demande, nous devons avoir une réponse appropriée. Lors de notre visite à Bordeaux, nous avons entendu cette psychologue dire qu'il ne fallait pas tout médicaliser. La plupart des étudiants ne vont pas bien, car ils ont besoin de voir d'autres étudiants. Pour eux, la reprise des relations sociales suffira à améliorer leur état.

Nous devons aussi travailler sur la prévention, vous avez raison. Mais pour l'instant, nous sommes surtout dans la réponse immédiate. Le parcours de soins a été conçu avec des professionnels de santé et des fédérations de psychologues.

Médecins généralistes ou psychologues exerçant dans les services de santé universitaire, les BAPU, les Crous ou en ville : tout le monde est mobilisé. Certains médecins ont accepté de pratiquer le tiers payant pour dispenser les étudiants d'avance de frais.

Dans ce très beau département des Alpes-Maritimes, que je connais bien également, madame la sénatrice Borchio Fontimp, nous avons permis aux services de la ville, aux services universitaires, aux BAPU, aux Crous et au CHU de travailler ensemble, et nous sommes parvenus à mobiliser 20 psychologues sur le terrain pour une université de 30 000 étudiants, soit le taux de 1 psychologue pour 1 500 étudiants que nous nous étions fixé. Si l'on agit au service des étudiants, sans arrière-pensées politiciennes, tout est possible !

Pourquoi trois séances de psychologue sans frais à avancer pour les étudiants ? Selon les spécialistes, soit le problème est réglé en trois séances, soit la personne a besoin d'un parcours de soins plus long. S'il est nécessaire que l'étudiant poursuivre le parcours de soins, il pourra bien entendu le faire sans avoir de frais à avancer. C'est ainsi que l'on peut accompagner les jeunes qui en ont besoin vers des soins relevant de la psychiatrie, et non plus seulement de la psychologie.

J'ai entendu à plusieurs reprises le mot « confiance ». Il est au coeur de mon action ! Je fais confiance aux établissements, aux maires des villes universitaires et à l'ensemble des professionnels de santé, car tous sont soucieux de la santé psychologique des étudiants, qui forment le bien commun de la Nation.

Je ne peux pas conclure cette intervention sans répondre à un certain nombre d'inexactitudes qui ont été formulées.

Le coût des études, qui relève de la responsabilité de l'État, a baissé depuis 2017. J'imagine que personne n'a oublié la suppression de la cotisation de sécurité sociale, le doublement pour la deuxième année consécutive des bourses sur critères sociaux et les différentes mesures prises par le Gouvernement.

Monsieur Ouzoulias, je vous sais profondément honnête. Vous parlez de 35 millions d'euros d'annulation de crédits sur le budget de la vie étudiante, mais vous savez bien qu'il s'agit d'un budget de guichet… Nous n'aurions pas hésité à abonder ce programme de plusieurs dizaines de millions d'euros, comme nous l'avons fait cette année, si nous n'avions pas constaté un non-recours aux aides, en raison d'un système trop complexe, que nous avons depuis simplifié.

M. Julien Bargeton. Exactement !

Mme Frédérique Vidal, ministre. C'est ce non-recours qui explique les annulations de crédits. Croyez-moi, monsieur le sénateur, ce programme sera toujours abondé autant que nécessaire. Je l'ai prouvé, me semble-t-il, au cours des quatre dernières années, mais aussi l'an dernier à l'occasion des différents projets de loi de finances rectificative.

Oui, l'université a souffert d'un sous-investissement massif. Le plan Étudiants a permis de réinvestir 1 milliard d'euros, uniquement pour le premier cycle universitaire. Je ne dis pas que c'est parfait, mais si nous n'avions pas injecté cette somme, les problèmes seraient encore plus importants au sein des universités.

Depuis combien de temps dit-on qu'il faut entretenir les bâtiments universitaires ? Nous avons débloqué 1,3 milliard d'euros pour remettre aux normes d'ici à la fin de 2022 plusieurs milliers de bâtiments, de restaurants et de résidences universitaires, ce qui, au passage, fera aussi du bien à l'écologie.

Vous l'avez compris, mesdames, messieurs les sénateurs, ce qui se passe dans le monde universitaire, en particulier la situation des étudiants, constitue pour moi une préoccupation quotidienne. Je voudrais toutefois vous demander de faire très attention aux mots que vous employez.

Non, cette génération n'est pas sacrifiée. Si nous disons cela aux étudiants, nous allons les démoraliser plus encore. N'ajoutons pas des difficultés à celles qu'ils rencontrent déjà. C'est terrible de les traiter de morts-vivants… Faisons-leur confiance, aidons ensemble ceux qui en ont besoin et, surtout, reconnaissons à quel point nous avons besoin que notre jeunesse garde confiance. Pour cela, nous devons aussi avoir confiance dans le système d'enseignement supérieur qui assure sa formation. (MM. Julien Bargeton et Jacques Grosperrin applaudissent.)

M. le président. Nous en avons terminé avec le débat sur le thème : « Le fonctionnement des universités en temps covid et le malaise étudiant. »

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt-deux heures.

La séance est suspendue.


Source http://www.senat.fr, le 19 février 2021