Déclarations de Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation et de Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement, sur les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse, à l'Assemblée nationale le 4 mars 2021.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Frédérique Vidal - Ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation ;
  • Sarah El Haïry - Secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement

Circonstance : Questions posées au Gouvernement sur les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse, Assemblée nationale le 4 mars 2021

Texte intégral

Mme la présidente. L'ordre du jour appelle les questions sur le rapport de la commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse : comment éviter une génération sacrifiée ?

Je vous rappelle, chers collègues, que la conférence des présidents a fixé à deux minutes, pour les députés et pour les ministres, la durée maximale de chaque question et de chaque réponse, sans droit de réplique.

Nous commençons par les questions du groupe Libertés et territoires.

La parole est à M. François-Michel Lambert.

M. François-Michel Lambert. Les jeunes et les étudiants vivent quasiment assignés à résidence depuis un an. Ils supportent de plus en plus mal cette situation, ce que personne ne peut ignorer. Les difficultés s'accumulent pour se nourrir, se loger, se soigner. L'isolement s'aggrave en raison de l'arrêt des activités sportives, culturelles et sociales. Les conséquences psychologiques sont dramatiques et largement sous-évaluées – nous en avons débattu il y a encore quelques instants. Nous ne devons pas ignorer non plus que les étudiants éprouvent des difficultés pour apprendre, privés qu'ils sont d'interactions, travaillant uniquement à travers des écrans. Or l'apprentissage passe aussi par la rencontre de l'autre.

Ces jeunes se voient déjà comme une génération fantôme et nous appellent à l'aide, mais l'on se contente de leur dire qu'ils doivent tenir, tenir encore, et, comme en temps de guerre, rester confinés, loin des amphis, des stages, des amis, dans leur colocation devenue triste, dans leur chambre de cité universitaire qui n'a jamais semblé aussi étouffante. Il leur faut tenir au domicile de leurs parents, qu'ils s'étaient pourtant promis de quitter, pour s'envoler un peu.

Les jeunes et les étudiants sont aussi oubliés dans la stratégie de vaccination du Gouvernement. Ils sont au bout d'une très longue chaîne, face à un horizon bien lointain. Les dernières annonces du Gouvernement ne sont pas faites pour nous rassurer. L'idée d'un pass sanitaire ou d'un passeport vaccinal commence à s'installer. Si elle venait à se concrétiser, elle infligerait une double peine, voire une triple peine, aux jeunes : sans vaccins, ils resteront longtemps privés de la liberté de vivre.

Les jeunes et les étudiants ne doivent plus être ce que M. le ministre des solidarités et de la santé appelle « l'externalité négative des conséquences des décisions qui sont prises » – je préfère personnellement parler de « dommages collatéraux ». Placer les étudiants au bout de la chaîne serait une faute grave si le passeport vaccinal était mis en place. Ce serait d'autant moins compréhensible que seules 25 % des doses du vaccin AstraZeneca ont été utilisées.

Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, êtes-vous prête, avec M. le ministre des solidarités et de la santé, à revoir la stratégie vaccinale de la France ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Avec l'ensemble des établissements de l'enseignement supérieur, les services de mon ministère et moi-même sommes mobilisés depuis le début du deuxième confinement pour permettre aux universités d'assurer un minimum d'activité. Grâce à l'instauration de protocoles robustes, tous les étudiants peuvent désormais revenir une journée par semaine dans leur établissement et retrouver, grâce à la reprise des cours et au lien social renoué au sein des promotions, un peu d'espoir pour ce second semestre. Nous ne pouvions envisager un tel retour dans les établissements pour toute la durée du semestre sans protocoles suffisamment robustes. Nous réfléchissons actuellement à des protocoles renforcés pour permettre une présence accrue des étudiants, si la situation sanitaire le permet.

S'agissant de la stratégie de vaccination de notre pays, l'Organisation mondiale de la santé – OMS – et l'ensemble des experts sont formels : la vaccination protège des formes graves de l'infection, mais on ne sait pas encore si elle permet d'éviter sa transmission. Bien que vaccinée, une personne peut être infectée par le virus : elle ne tombe pas gravement malade grâce à la réponse immunitaire permise par le vaccin, mais elle peut tout de même transmettre le virus. Tel est tout du moins l'état des connaissances actuelles, qui doivent encore être consolidées. Voilà pourquoi la stratégie de vaccination du Gouvernement destine prioritairement les doses de vaccin aux personnes exposées aux conséquences les plus graves de la maladie, ce qui n'est pas le cas des étudiants.

Quant au passeport vaccinal, il ne s'agit pas d'un passeport vaccinal tel que vous l'entendez, monsieur le député, puisqu'il n'est nullement question d'exiger un vaccin. Nous réfléchissons, en revanche, à une mesure permettant un retour à la normale avant que la majorité des Français soient vaccinés. Cette mesure concernerait bien entendu l'ensemble de la population, y compris les étudiants.

Mme la présidente. La parole est à M. François-Michel Lambert, pour une seconde question.

M. François-Michel Lambert. Par courtoisie et par respect républicain, je ne commenterai pas votre réponse, madame la ministre. J'ouvre, avec cette nouvelle question, un autre chapitre, celui de la précarité étudiante, qui existait avant la crise sanitaire. Avant le premier confinement, déjà 20 % des étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté, et 40 % d'entre eux dépendaient d'au moins une aide financière. Avant la crise sanitaire, les étudiants étaient déjà considérés comme un public fragile.

Depuis un an, les petits boulots ont disparu : 36 % des étudiants salariés, c'est-à-dire un sur trois, ont perdu leur boulot. Les stages se font plus rares. Quant à la solidarité familiale, elle est mise à mal par la précarité grandissante qui touche toute la société. La précarité étudiante n'a pas été engendrée par la crise sanitaire, nous en convenons, mais la crise l'a dramatiquement exacerbée. Étant donné l'ampleur de cette dernière, cette précarité sera durable et risque de créer une véritable génération sacrifiée.

Le soutien des collectivités territoriales et des associations est remarquable, et nous le saluons, mais on ne peut s'appuyer entièrement sur elles. L'État a aussi instauré des aides. En un an, les CROUS – centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires – ont versé deux fois plus d'aides d'urgence aux étudiants, mais c'est si peu par rapport à l'enjeu. Le « quoi qu'il en coûte » semble s'être arrêté à la porte des universités…

Dans le même temps, le Gouvernement s'est opposé à la proposition d'un revenu universel dès 18 ans. Il s'est opposé surtout à l'extension, même provisoire, du revenu de solidarité active – RSA – pour les 18 à 25 ans.

Je veux combattre les arguments de ceux qui disent que le RSA ne saurait être un horizon pour nos jeunes. Le RSA n'est un horizon pour personne ! C'est un tremplin, un moyen pour franchir une étape difficile de la vie plutôt que d'y demeurer. Vous y opposez la garantie jeunes, que vous souhaitez rendre universelle selon des modalités et un calendrier encore flous – ils ne sont pas encore fixés –, mais elle ne permettra pas de répondre au problème de la précarité étudiante.

Ainsi, au-delà des aides ponctuelles, quel dispositif comptez-vous mobiliser pour répondre immédiatement à la pauvreté dans laquelle vivent aujourd'hui les étudiants, qui demeurent exclus des dispositifs d'urgence sociale ? (M. David Corceiro applaudit.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Vous avez raison de le dire, la précarité étudiante n'a pas démarré avec la crise de la covid-19 et ce phénomène existait malheureusement déjà auparavant. Il est cependant vrai que la crise l'a exacerbé, notamment du fait de la disparition des petits jobs étudiants qui ont été largement affectés ; en revanche, toutes les actions menées par le Gouvernement pour préserver les emplois ont aussi bénéficié aux étudiants, dès lors qu'ils disposaient d'un contrat de travail. Pour répondre à ce problème, nous avons nous-mêmes créé de nouveaux emplois dans les établissements universitaires et dans les CROUS.

Plus généralement, pour répondre aux besoins urgents exprimés par certains étudiants, plusieurs mesures ont été prises : d'abord, la possibilité pour eux de faire revoir instantanément leurs droits aux bourses sur critères sociaux, qui permettent à nombre d'entre eux de mener à bien leurs études ; puis les aides spécifiques mises à la disposition des CROUS, qui ont été doublées et s'adressent à tout étudiant, qu'il soit boursier ou pas, français ou étranger – chacun a la possibilité d'obtenir immédiatement une aide de 500 euros sur décision du directeur du Crous, puis de déposer un dossier lui permettant de recevoir jusqu'à 5 000 euros au cours de l'année universitaire. Il s'agissait ainsi de répondre à la précarité née de la crise de la covid-19 et aux besoins exprimés par les étudiants de la façon la plus rapide, la plus immédiate et la plus pragmatique possible.

Cela ne nous empêche pas, bien entendu, de réfléchir à une refonte des aides sociales destinées aux étudiants. La question essentielle dont il faudra que nous débattions est la suivante : souhaitons-nous disposer, en France, d'une aide sociale qui permette l'autonomie de chaque jeune, ou préférons-nous en rester à un modèle social reposant davantage sur les ressources de chaque famille ? En ce moment, les familles aident les jeunes autant que possible. Si elles peuvent le faire, c'est, là encore, parce que le Gouvernement a pris des mesures pour soutenir le pouvoir d'achat d'un maximum de Français. C'est difficile, certes, mais nous tenons ensemble et nous faisons tout pour que les jeunes aient recours aux aides que nous créons, car le non-recours constitue aussi une difficulté importante, que vous avez d'ailleurs mentionnée.

Mme la présidente. La parole est à Mme Martine Wonner.

Mme Martine Wonner. Que nous nous réunissions ici pour évoquer la jeunesse et sa précarité illustre l'incurie des politiques publiques menées depuis des décennies en France. La précarité ne résulte pas d'un élément exogène, aléatoire, imprédictible et soudain. Selon l'INSEE, 15 % de la population française vivait déjà sous le seuil de pauvreté avant la crise du covid-19. Vous venez de le dire, madame la ministre : celle-ci n'a fait que renforcer des fractures déjà existantes, plus particulièrement chez les jeunes, qu'ils soient étudiants ou travailleurs.

En janvier dernier, vous vous en souvenez, j'étais déjà intervenue dans l'hémicycle pour vous alerter sur la précarité psychologique dans laquelle se trouvaient les jeunes. La jeunesse française et européenne souffre beaucoup ; vous devez l'écouter. Mesurez-vous, chers collègues, son niveau de désespoir ? Faut-il que vous voyiez des enfants faire la queue dans le froid devant les banques alimentaires pour commencer à comprendre ? Savez-vous quelles sont les ressources dont disposent nos jeunes pour vivre dans les territoires ? Comment est-il possible que la France laisse de tels faits se dérouler ?

Certes, madame la ministre, vous allez prononcer un discours compassionnel et déployer quelques mesurettes anecdotiques. Force est de constater que, du haut de votre tour d'ivoire – je vous provoque un peu, veuillez m'en excuser –, vous ne voulez pas prendre conscience de l'ampleur du problème. Un quart de nos jeunes ont déclaré avoir renoncé à des soins, et les jeunes de moins de trente ans représentent plus de 50 % des pauvres en France. Comment expliquer que malgré les 100 milliards d'euros investis dans le plan de relance, un quart des jeunes déclarent ne pas manger à leur faim ? La jeunesse de notre pays n'est pas un poids économique ni un vecteur du virus – vous l'avez d'ailleurs de nouveau précisé –, et c'est bien de notre avenir dont il s'agit.

Ma question est donc simple : pourquoi prenez-vous des décisions aussi inadaptées ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Je vous remercie d'avoir reconnu que votre question était un brin provocatrice. J'ai passé ma vie avec des étudiants : croyez-moi, je connais la précarité qu'ils peuvent subir et je connais aussi leur capacité d'engagement, leur enthousiasme et la façon dont ils se projettent dans leurs études. C'est bien pour cela que la situation particulière de cette année est pour eux aussi difficile à vivre : la crise a, en quelque sorte, interrompu la part de rêve qu'ils y mettaient.

Vous évoquez des « mesurettes », madame la députée, mais je crois qu'il est important d'observer à la bonne échelle ce qui a été fait pour l'ensemble des étudiants. Les mesures que nous avons prises l'ont toujours été en accord avec les associations étudiantes, qui savent hiérarchiser leurs besoins et leurs demandes.

Je l'ai dit : il n'y a aujourd'hui pas un seul étudiant qui ne puisse demander les aides spécifiques que j'ai mentionnées précédemment et qui sont désormais accessibles ; pas un seul étudiant non plus qui n'ait pas accès à des repas à 1 euro dans les restaurants universitaires, qu'il soit boursier ou non ; pas un seul étudiant, enfin, qui ait à se préoccuper d'avancer de l'argent pour bénéficier de soins. Cette dernière mesure existait déjà avant la crise pour l'ensemble des soins médicaux : nous l'avons étendue à tous les soins psychologiques qui, vous le savez, ne sont pas remboursés de la même manière. Plus de mille psychologues de ville se sont portés volontaires ; nous allons évidemment les financer pour que chaque étudiant puisse avoir accès partout, où qu'il se trouve, à ces aides.

Je rencontre les étudiants et les associations qui les représentent plusieurs fois par semaine, donc de manière très régulière ; je peux vous dire que les mesures prises sont celles qu'ils demandent et qu'elles sont pragmatiques et efficaces. Je suis fière que le Gouvernement les ait soutenues.

Mme la présidente. La parole est à M. Benoit Simian.

M. Benoit Simian. Je me félicite en premier lieu que le groupe Libertés et territoires soit à l'origine d'un débat parlementaire concernant l'impact des mesures sanitaires sur notre jeunesse. La jeunesse est le joyau d'une nation ; nous sommes manifestement en train d'abîmer la nôtre – je vais essayer d'être moins provocateur que ma collègue Martine Wonner, mais je crains de rester à son niveau.

M. François-Michel Lambert. Ça va lui faire plaisir ! (Sourires.)

M. Benoit Simian. Je voudrais d'abord dire un mot des étudiants. La crise sanitaire a rendu leur vie très difficile : leur précarité s'est accrue car ils ne peuvent souvent plus travailler en parallèle pour financer leurs études et maintenir un niveau de vie décent, ce qui rend presque impossible le choix de l'autonomie que vous venez d'opposer, madame la ministre, au soutien par la famille. L'isolement des étudiants s'est accru au quotidien, et leur mal-être affecte leur santé mentale. Contrairement à ce que certaines annonces récentes ont pu laisser penser, plutôt que d'un « chèque psy », ce dont les étudiants ont besoin, c'est de retourner en cours et de retrouver une vie sociale.

Il me semble ensuite fondamental d'évoquer la question du port du masque par les enfants dès l'âge de six ans. Des psychologues pour enfants et des pédopsychiatres avec lesquels je me suis entretenu alertent sur ses dangers à un âge aussi jeune. Un enfant agit de façon spontanée et impulsive pour appréhender le monde et développer ses facultés psychomotrices ; or le port du masque freine ce comportement naturel car il induit un interdit incompréhensible pour des tout-petits. En outre, voir des adultes masqués toute la journée engendre un rapport un monde un peu dégradé, vous en conviendrez. Les enfants ont besoin de voir des visages pour lire et comprendre les émotions, sans parler de l'apprentissage de la lecture et de toutes les étapes de leur construction. Pour des enfants de moins de trois ans, voir des adultes masqués toute la journée peut également porter atteinte au développement du langage, et je sais de quoi je parle.

Aussi le groupe Libertés et territoires demande-t-il au Gouvernement de bien vouloir réfléchir à une adaptation des règles organisant le port du masque au cas par cas. Comme le disait Jacques Chirac, « Le changement est la loi de la vie humaine, il ne faut pas en avoir peur. » (M. François-Michel Lambert applaudit.)

M. Stéphane Peu. Ah, si c'est Jacques Chirac alors !

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement. Pour commencer, je crois qu'il est nécessaire de rappeler que les étudiants constituent évidemment le trésor de notre nation. Ils ont besoin à la fois de solutions économiques susceptibles de répondre à leur précarité, mais aussi de soutien psychologique, et il faut se garder de stigmatiser la partie de notre jeunesse qui a besoin de cet accompagnement psychologique, pour lequel la ministre Frédérique Vidal a mis en place le « chèque psy ».

Vous évoquez par ailleurs le port du masque. Le plus important – je crois que nous pouvons nous accorder sur ce point –, c'est que les enfants puissent continuer à apprendre et que la vie continue en s'adaptant. Avec Jean-Michel Blanquer, nous avons ainsi adapté les protocoles en fonction de l'évolution de la pandémie, afin de permettre que nos écoles restent ouvertes tout en assurant la protection des enfants et évidemment des enseignants. L'essentiel, c'est la continuité pédagogique, et c'est pour la garantir que nous avons fait évoluer les protocoles, en concertation le Haut conseil de la santé publique.

Alors oui, depuis le 2 novembre dernier, le port du masque est obligatoire dès le CP. Mais les enfants, y compris les plus petits d'entre eux, ont intégré les gestes barrières ; je leur rends visite toutes les semaines et j'observe qu'ils ont acquis le réflexe de tousser dans leur coude et de porter le masque. Les seules raisons qui peuvent justifier de ne pas porter de masque sont des contre-indications médicales attestées par un certificat.

Quoi qu'il en soit, toutes les mesures nous permettant de protéger l'école – le port du masque, l'aération, la distance – restent nos seules armes pour la maintenir ouverte.

Mme la présidente. Nous en venons aux questions du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.

La parole est à Mme Karine Lebon.

Mme Karine Lebon. Dès le début de l'épidémie, le groupe GDR a placé la jeunesse au centre de ses préoccupations, comme en témoigne la commission d'enquête créée pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse, dont notre collègue Marie-George Buffet a été rapporteure et dont le travail a abouti à une centaine de propositions ciblées et opérationnelles. Nous souhaitons vous interroger sur deux d'entre elles, les propositions nos 21 et 22.

Le bouleversement du calendrier scolaire et la fermeture de tous les établissements de la maternelle au lycée lors du confinement de mars 2020 ont laissé des traces, et il est à craindre que les retards accumulés par bon nombre d'élèves ne puissent être résorbés par l'année en cours, elle-même chaotique en raison de la fermeture de classes voire d'écoles, de l'absence d'enseignants, de l'isolement d'élèves touchés par le covid-19 et de règles de présence fluctuantes dans les lycées.

Le ministre de l'éducation nationale s'attache à dresser, discours après discours, un état des lieux, d'où il ressort, à l'en croire, que le retard pris dans les apprentissages et les phénomènes de décrochage n'est pas très important, et qu'enseignement en présence et à distance se valent. Cela aurait pu s'apparenter à un exercice de persuasion collective, mais le Gouvernement a, dans le même temps, annoncé un plan de fermeture de classes et de diminution des dotations horaires dans les collèges et les lycées.

Dès lors, rappeler la réalité s'impose : un décalage se fait jour dans les apprentissages, ainsi qu'une diminution sensible des performances des élèves aux évaluations, notamment dans le primaire ; à cela s'ajoute un creusement des inégalités entre les enfants mais aussi entre les établissements en secteur d'éducation prioritaire et les autres. Il faut ainsi souligner la réalité du décrochage scolaire, en grande partie corrélé aux disparités territoriales et qui a atteint des sommets – jusqu'à 25 % – dans les outre-mer.

Notre priorité est d'empêcher la crise d'avoir des répercussions sur le futur des enfants et des jeunes. C'est pourquoi nous vous interrogeons sur la création d'un observatoire national du décrochage scolaire, outil indispensable pour prévenir ce fléau. De même, comptez-vous répondre à la demande exprimée de manière récurrente par l'ensemble des acteurs pour que les programmes soient adaptés, notamment dans les classes à examen ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. La lutte contre le décrochage scolaire constitue évidemment un enjeu prioritaire, d'autant plus dans une période de crise sanitaire dont nous savons qu'elle accentue les inégalités et qu'elle touche plus fortement les plus fragiles d'entre nous. Cette lutte est absolument nécessaire dans la période que nous vivons, car le décrochage se paie d'une descente dans la précarité que l'on subit ensuite toute sa vie. C'est pour cela qu'avec Jean-Michel Blanquer, nous travaillons ardemment à lutter contre toutes les situations de décrochage. Nous le faisons évidemment par le dédoublement des classes de CP et de CE1, que nous avons entamé depuis un moment déjà et qui doit permettre de renforcer les apprentissages essentiels.

En outre, comme l'a illustré l'excellent rapport de la commission d'enquête que vous avez évoquée, les effets de la crise font l'objet d'un suivi par des évaluations qui sont moins mauvaises que ce qu'on aurait pu imaginer, grâce à la mobilisation formidable des équipes pédagogiques.

Au-delà de cela, nous travaillons avec l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire – INJEP – pour accompagner plus que jamais les élèves et lutter contre ce décrochage qui condamne socialement nos enfants et nos jeunes. La loi pour une école de la confiance comporte de nouvelles mesures telles que l'obligation scolaire entre 16 et 18 ans, afin de ne laisser aucun jeune sans solution à cet âge critique.

Dans la nécessaire lutte contre le décrochage, les réponses peuvent varier d'un territoire à l'autre, d'où une intensification du déploiement des écoles de la deuxième chance, des parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie – PACEA –, des plans d'investissement dans les compétences – PIC –, et des établissements pour l'insertion dans l'emploi – EPIDE.

Le plus important est d'évaluer les conséquences de cette crise sur l'apprentissage des enfants afin d'y faire face. Pour les plus grands, âgés de 16 à 18 ans, nous pouvons nous appuyer sur les nouvelles obligations imposées par la loi pour une école de la confiance, en créant des parcours beaucoup plus personnalisés sur chacun des territoires.

Mme la présidente. La parole est à M. Stéphane Peu.

M. Stéphane Peu. Hier j'étais à Bondy, avec mon collègue Alain Ramadier ici présent, aux côtés de centaines de jeunes et d'éducateurs qui rendaient hommage au jeune Aymen, 15 ans, lâchement assassiné devant une maison de quartier de la ville. Tous nous nous ont décrit une jeunesse en détresse psychologique et dit à quel point l'absence d'activités sportives et culturelles aggrave sa souffrance et ses difficultés. Les jeunes sont de véritables cocottes-minute, nous ont expliqué certains.

La situation en Seine-Saint-Denis nous inquiète déjà depuis longtemps, comme en témoigne le rapport intitulé « La République en échec » que nous avions rédigé avec notre collègue François Cornut-Gentille, mais elle s'aggrave avec la crise du covid-19. Dans son rapport, Marie-George Buffet décrit notamment l'état absolument dramatique dans lequel se trouvent actuellement la médecine scolaire et l'accompagnement psychologique à l'école.

Après la baisse de 15 % du nombre de médecins scolaires depuis 2013, il n'y a plus actuellement qu'un médecin pour quelque 13 000 élèves, et encore faut-il que les postes soient pourvus. Or, dans le département de Seine-Saint-Denis, la moitié des postes théoriques ne sont pas pourvus en médecins. Inutile de vous dire que dans mon département, comme dans beaucoup d'autres, il n'y a pas de médecins scolaires. Dans la plupart des cas, il n'y a pas non plus d'infirmières scolaires à plein temps. Il y a de moins en moins d'assistants sociaux et de suivis psychologiques.

Ce qui était inquiétant devient dramatique depuis le début de la crise du covid-19. À la lumière de cette crise et des manques criants qu'elle révèle, allez-vous engager un travail pour rétablir une médecine scolaire digne de ce nom dans notre pays ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Monsieur le député, vous avez commencé par rappeler l'état de bouillonnement d'une partie de notre jeunesse. Nous étions d'ailleurs ensemble lundi dernier, lors du déplacement du Président de la République à Stains, où nous avons vu une jeunesse qui, elle, avait la chance d'avoir trouvé un chemin. Cette chance, nous devons la donner à tous les jeunes.

Vous avez aussi parlé de la nécessité pour ces jeunes de retrouver la vie normale, les liens tissés dans le sport et le monde associatif, le sentiment d'être utile. C'est cela aussi qui compte : retrouver les liens nécessaires aux êtres sociaux que nous sommes. Avec les associations et les enseignants, nous travaillons pour répondre à ces besoins.

Cependant, votre question est plus spécifiquement ciblée sur le manque de médecins et d'infirmières scolaires. Lors du Grenelle de l'éducation, impulsé par Jean-Michel Blanquer, nous avons travaillé sur divers sujets dont le premier répond directement à votre question : le renforcement de l'attractivité des métiers, en particulier de la médecine scolaire. À un moment où il faut pratiquer des tests salivaires à l'école et accompagner les enfants pour le port du masque, ces métiers sont encore davantage mis en lumière.

Avec le ministre, nous travaillons ardemment au recrutement d'un maximum de médecins et d'infirmières scolaires, qui viendront soutenir les équipes pédagogiques. Nous avons besoin de tous pour que nos enfants grandissent, l'école restant le meilleur moyen de s'émanciper.

Mme la présidente. La parole est à M. Hubert Wulfranc.

M. Hubert Wulfranc. Ce matin même, la presse se faisait l'écho d'un appel de plusieurs dizaines de personnalités dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne sont ni de gauche ni de gauche, jugez-en vous-mêmes : Muriel Pénicaud, qui a déclenché la curée sur les allocations chômage ; des lieutenants du MEDEF et du CAC 40, qui licencient à tour de bras et multiplient les contrats courts ; des porte-voix de cercles libéraux, qui n'ont de cesse de dénoncer le coût du travail et des cotisations sociales.

Après un état des lieux en forme d'alerte rouge sur la situation des 18-25 ans, ils en appellent à des états généraux ouvrant droit à un véritable plan Marshall pour la jeunesse.

Cette tribune nous interroge. Je passe sur le fait que les actions engagées dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », d'ailleurs cité dans la presse, ne sont pas jugées à la hauteur de la situation à venir pour les 18-24 ans. Plus inquiétant est le postulat de cette tribune : au regard de cette crise, les adultes d'hier et d'aujourd'hui auraient une dette considérable envers les jeunes. Ce postulat creuse la division entre les générations, sans qu'aucun lien ne soit fait entre les choix politiques effectués et la situation des jeunes.

Êtes-vous prêts à monter d'un cran significatif la solidarité envers cette génération, sans continuer d'épouser les recettes libérales qui sont sous-jacentes – non dites – à cette tribune et que je vous demande de dénoncer, à savoir des ponctions sur les retraites et les salaires des actifs adultes pour continuer à bricoler l'avenir des jeunes âgés de 18 à 25 ans ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Comme vous, j'ai lu cette tribune mais je n'en fais pas la même interprétation. Pour moi, elle dit que l'élan et l'engagement doivent être collectifs et généraux envers notre jeunesse, qui est notre trésor. Quant à la liste des signataires, je la trouve très diverse puisqu'elle réunit des chefs d'entreprise, des comédiens, des historiens et bien d'autres. De cette tribune, je retiens que nous devons tous, chacun à notre place, contribuer à cet effort en faveur de la jeunesse, car elle est notre avenir.

La crise a eu des conséquences multiples et variées sur les jeunes. Certains ont été affectés sur le plan économique, parfois au point de tomber dans la précarité ; d'autres ont été touchés sur le plan psychologique, ont perdu leur élan ; d'autres décrivent un malaise social.

À travers le plan « 1 jeune, 1 solution », l'État apporte 7 milliards d'euros pour favoriser l'insertion sociale et économique. Il finance des emplois, des recrutements, mais il permet aussi de tracer des chemins d'engagement en adaptant des services civiques pour une partie de notre jeunesse. Sous l'égide de Frédérique Vidal, il vient aussi en aide à une autre partie de notre jeunesse, les étudiants. Il s'agit de permettre aux plus fragiles d'entre eux de retrouver les bancs de l'université, de bénéficier de bourses et de l'aide d'un fonds d'urgence.

De cette tribune, je retiens enfin que nous devons agir collectivement, chacun dans son rôle et selon sa mission, pour répondre aux enjeux et aux conséquences de cette crise. J'y vois un appel à l'élan, j'entends un appel à la mobilisation collective, parce que je crois qu'un écosystème vertueux, c'est-à-dire dans lequel chacun apporte sa pierre, nous permettra d'être à la hauteur de ces enjeux et de notre jeunesse.

Mme la présidente. La parole est à M. Hubert Wulfranc, pour une seconde question.

M. Hubert Wulfranc. Elle s'adresse à M. Jean-Michel Blanquer. En cette période particulièrement troublée, l'école et le collège représentent le cadre de sauvegarde de l'équilibre des enfants et des adolescents. Ceux-ci trouvent aux côtés de leur maître, de leurs professeurs, les ressorts de curiosité, de découverte et même de plaisir, disons-le, propres aux apprentissages des disciplines enseignées.

À cet égard, je voudrais appeler votre attention sur les sports et les arts, disciplines particulièrement malmenées par les mesures de confinement. Or, il faudrait leur accorder une attention toute particulière durant les périodes scolaires à venir.

Certains établissements, dont des écoles et collèges accueillant des élèves de familles modestes, disposent de sections danse, théâtre, football et autres. Dans ma circonscription, le collège Camille-Claudel a ainsi une section sport-études en hockey dont la classe de sixième est menacée de fermeture. Ces dispositifs ont pourtant fait leurs preuves, à la fois comme filière d'excellence et comme creuset de mixité sociale puisque les établissements scolarisent des élèves au-delà de leur carte scolaire.

Nous réclamons un moratoire concernant les fermetures de classes à la rentrée, mais nous vous demandons tout particulièrement de vous engager fermement à sauvegarder ces filières culturelles et sportives, qui vont prendre une place encore plus importante pour les enfants et les adolescents au sortir de la crise sanitaire, en leur permettant de poursuivre ou de renouer avec des pratiques artistiques ou sportives.

Vous mesurerez avec moi combien c'est également important pour les associations et les clubs locaux, qui vivent de ces activités.

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Je suis totalement d'accord avec vous, monsieur le député : le sport et la culture sont nécessaires à tous les enfants, quel que soit le territoire où ils vivent. À côté de l'éducation formelle, il existe un apprentissage informel qui s'acquiert dans les classes où les enfants apprennent l'arbitrage ou le théâtre, dans des associations où ils pratiquent la danse ou la musique. Ils apprennent et se découvrent dans ces lieux, notamment lorsque leur famille ne pourrait pas les accompagner dans ce genre d'apprentissages à la maison.

Le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports défend cette vision où se conjuguent éducations formelle et informelle. Nous investissons plus que jamais pour que les enfants puissent, hors temps scolaire, s'ouvrir à la culture et aux opportunités qu'elle offre. Voilà pourquoi, dès l'été dernier, nous avons lancé avec Jean-Michel Blanquer cette aventure des « vacances apprenantes ». Un million d'enfants avaient besoin d'air, de partir en colonie de vacances, d'apprendre, de respirer, de sortir de leur maison ou de leur appartement.

Il est plus que jamais nécessaire de conjuguer éducation populaire et éducation scolaire, afin que chaque enfant de notre pays puisse trouver un chemin en dehors des apprentissages de base – lire, écrire et compter. Monsieur le député, vous nous trouverez toujours à vos côtés pour défendre cette complémentarité entre le sport, le monde associatif et l'école.

Ma collègue Roxana Maracineanu et moi-même sommes en train d'ouvrir ces temps scolaires, pour démultiplier ces classes et faire en sorte que les associations apportent ce qu'elles savent faire de mieux à l'intérieur des établissements. Il ne doit plus y avoir de jeunes qui ne savent pas quoi faire le mercredi après-midi ou le samedi. Nous devons rapprocher d'eux la culture et le sport qui leur donnent des moyens pour mieux se débrouiller dans la vie. Monsieur le député, nous serons à vos côtés pour mener ce combat.

Mme la présidente. Nous en venons aux questions du groupe La République en marche.

La parole est à M. Yannick Kerlogot.

M. Yannick Kerlogot. Le dispositif « 1 jeune, 1 solution » est certes ambitieux, mais les effets de la crise sur la jeunesse sont tels que nous devrions peut-être de conforter les réponses existantes. Ne serait-il pas possible, par exemple, d'ouvrir l'accès aux EPIDE aux mineurs identifiés comme décrocheurs ? En Bretagne, le seul EPIDE est implanté à Lanrodec, une commune de ma circonscription. Il accueille 120 jeunes et sa capacité va être prochainement portée à 150 places.

Rappelons que la mission première d'un EPIDE est de permettre aux jeunes les plus éloignés de l'emploi de s'inscrire dans une dynamique positive d'insertion, et de les conduire à construire leur place de façon durable dans le monde du travail et dans la société.

J'ai déjà eu l'occasion de formuler cette préconisation, cosignée par soixante-dix députés de la majorité, au Premier ministre, l'été dernier. Il existe aujourd'hui des jeunes de 16 et 17 ans qui expriment le désir d'intégrer cette école de la deuxième chance sur la base du volontariat. Or le règlement de ces établissements ne permet pas de répondre positivement à ce qu'il convient d'interpréter comme une demande d'accompagnement de leur part.

Dès lors, cette situation mérite d'être revue. L'accès aux EPIDE pourrait être adossé au dispositif expérimental du service national universel – SNU –, qui permet, lors du séjour de cohésion – lequel a pour but de rappeler les valeurs de l'engagement au service de l'intérêt général et d'expliquer ce que signifie « faire nation », ce qu'est la République et comment aborder les enjeux du vivre-ensemble – de repérer les éventuels jeunes décrocheurs.

Le SNU offre l'occasion de repérer les jeunes fragiles en décrochage, pour mieux les accompagner. Dès lors, il vous suffirait de prendre l'initiative auprès des EPIDE : selon mes informations, il n'y a pas lieu de légiférer, l'abaissement de l'âge d'accès à ces établissements relevant d'une simple modification statutaire puisque, d'une part, c'est le contrat de volontariat pour l'insertion qui prévoit leur accès dès l'âge de 16 ans, et que, d'autre part, le contrat de service civique ne s'y oppose pas. Par conséquent, j'aurais aimé savoir comment vous comptiez vous emparer de cet enjeu dans les prochains mois. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Vous savez combien je tiens à ce beau dispositif qu'est l'EPIDE car c'est une voie nécessaire, permettant aux jeunes décrocheurs de trouver un cadre et un chemin qui leur correspondent.

Comme je crois à ces établissements que je connais bien, nous avons proposé une augmentation de leur budget, laquelle a été votée par l'Assemblée nationale. C'est un signal de confiance, qui montre qu'ils ont de l'avenir et ce d'autant plus que la loi pour une école de la confiance prévoit l'obligation de formation entre 16 et 18 ans.

Aujourd'hui, il faut renforcer l'évaluation de ce dispositif qui représente une occasion pour les décrocheurs. D'ores et déjà, la Bretagne et, plus précisément, Brest, Morlaix, Lorient et Rennes, vont accueillir quatre villages de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes – AFPA –, qui vont accompagner les premières promotions des jeunes décrocheurs de 16-18 ans dans un cadre spécifique. Ce projet, élaboré par Jean-Michel Blanquer et Élisabeth Borne, permettra à chaque jeune décrocheur de trouver un nouveau chemin.

Aujourd'hui, la question de l'hébergement constitue l'un des freins à l'ouverture des EPIDE aux plus jeunes. Elle fait l'objet actuellement d'une expertise, à l'issue de laquelle seront proposées les évolutions qui apparaîtront nécessaires.

En effet, le SNU offre l'occasion d'identifier les jeunes en situation de décrochage, lorsque celui-ci survient entre 15 et 17 ans. Or, plus tôt on y parvient, plus tôt on leur garantit au plus vite une insertion sociale et, par conséquent, la réussite et une place dans la société, que nous devons à chacun de nos enfants.

Mme la présidente. La parole est à M. Fabrice Le Vigoureux.

M. Fabrice Le Vigoureux. Je souhaiterais profiter de ce débat pour que nous nous arrêtions un peu sur l'un des grands vecteurs d'intégration réussie des jeunes dans le monde professionnel : l'apprentissage.

En 2020, malgré l'effondrement de la croissance due à la crise sanitaire, 500 000 jeunes sont entrés en apprentissage. Ce chiffre n'a jamais été atteint par le passé, alors même qu'il représentait un objectif il y a près de trente ans dans la loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle du gouvernement Balladur, il y a vingt ans pour le ministre Dutreil, il y a dix ans dans le plan de cohésion sociale du ministre Borloo et plus près de nous, pour le président Hollande.

Les évolutions législatives et réglementaires récentes, les simplifications apportées par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, les aides exceptionnelles décidées en 2020 ont été, à l'évidence, des leviers puissants pour atteindre ce très bon résultat. Par ailleurs, l'image considérablement redorée de l'apprentissage est le fruit d'une mobilisation de nombreuses branches professionnelles, des collectivités, des entreprises, des universités et des grandes écoles qui, aux côtés de l'État ont su le valoriser dans les territoires. On décèle souvent chez celles et ceux qui s'engagent dans cette voie, un bon taux d'insertion, une maturité particulière et même, souvent, un épanouissement et une confiance en l'avenir.

Ma question est double, et se fait l'écho des préoccupations des acteurs de l'apprentissage, au premier rang desquels, les petites entreprises. En premier lieu, l'aide exceptionnelle qui atteint jusqu'à 8 000 euros lors de la première année du contrat arrive bientôt à son terme, pour être remplacée par l'aide unique à l'alternance qui prévalait en 2019. Ne conviendrait-il pas de proroger cette aide exceptionnelle, alors même que certains secteurs, tels que l'hôtellerie-restauration, secteur clé de l'apprentissage, n'ont toujours pas de visibilité sur les conditions de la reprise ?

En second lieu, l'aide unique de droit commun n'est pas ouverte aux formations supérieures, notamment aux licences et aux masters. Or l'apprentissage offre également aux étudiants l'occasion de financer leurs études, particulièrement dans les grandes écoles et les universités. N'y a-t-il pas intérêt à rendre les formations supérieures éligibles de manière pérenne aux aides à l'apprentissage ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Vous avez raison, monsieur le député, le regard qu'on porte sur l'apprentissage est essentiel pour le mettre en valeur. Pendant très longtemps, on n'a pas compris combien l'apprentissage était une formation d'excellence, parce qu'elle est très exigeante et requiert de la part des jeunes à la fois la capacité d'apprendre des concepts, des théories académiques, et celle de comprendre et de s'impliquer dans le monde de l'entreprise.

Cette vision partagée et défendue tant par les entreprises que par l'enseignement supérieur a permis de montrer que l'on pouvait être apprenti et ingénieur, en poursuivant ses études jusqu'au master. Ainsi, la perception de l'apprentissage s'est améliorée, notamment auprès des familles.

Grâce au travail que nous avons mené conjointement, Jean-Michel Blanquer et moi-même, il est possible de se diriger vers une formation en apprentissage sans préjuger du moment où l'on arrêtera ses études, de commencer une formation d'apprentissage dans le secondaire que l'on achèvera dans le supérieur.

Bien que les aides aient en effet été importantes, nous regardons, la ministre du travail, de l'insertion et de l'emploi et moi-même, comment nous pouvons continuer à les maintenir et à les amplifier. Nous avons déjà prolongé jusqu'au 31 mars la possibilité de conclure des contrats qui permettent de bénéficier des aides que vous avez mentionnées, jusqu'à 5 000 euros pour les mineurs et jusqu'à 8 000 euros pour les plus de 18 ans.

Nous sommes particulièrement attentifs à ce sujet, notamment concernant les secteurs que vous avez évoqués, qui auront besoin, à l'avenir, de jeunes passés par la voie de l'apprentissage.

Mme la présidente. La parole est à Mme Sandrine Mörch.

Mme Sandrine Mörch. Les jeunes nous le répètent : la société, les médias, les adultes en général véhiculent une image négative et pessimiste de leur génération. Josué, 20 ans, nous dit : « Parler de génération sacrifiée, de perte de confiance, c'est déjà avoir perdu. La situation est la même pour tous et partout, alors mieux vaut se serrer les coudes et voir vers l'avenir que s'enterrer avant même d'avoir essayé. »

Aujourd'hui, en effet, les jeunes sont sous pression, très fortement percutés dans leur vie quotidienne et très lucides sur les difficultés mais, en même temps, prêts à rebondir. Une majorité d'entre eux croient en leur avenir malgré les obstacles, ils ne sont ni sacrifiés ni en conflit de générations.

Tous les intervenants auditionnés lors de la commission d'enquête ont affirmé que nous sortions de trente ans de politiques trop sourdes à la jeunesse. C'est pendant ces décennies que l'appauvrissement, la désespérance et le non-recours aux droits se sont accrus. Aujourd'hui, alors que le Gouvernement mobilise un budget colossal de presque 7 milliards d'euros dans son plan « 1 jeune 1 solution » pour répondre très concrètement à la crise, les jeunes sont les plus nombreux dans notre société à ne pas recourir à leurs droits puisque seul un sur deux les fait valoir. Depuis longtemps – bien avant la crise –, ils sont découragés par la complexité de l'administration et par l'éparpillement des dispositifs que nous leur proposons.

Certains organismes comme la caisse d'allocations familiales ou la mutualité sociale agricole de Toulouse, s'attaquent à ce non-recours aux droits : sur 18 500 rendez-vous avec ses assurés, la mutualité vient de débloquer 8 500 aides qui n'avaient jamais été touchées – presque la moitié – pour 334 seulement qu'elle a supprimées parce qu'indûment perçues. Cela tord le cou aux poncifs, tout en mettant en lumière l'importance du non-recours aux droits.

Madame la ministre, pouvez-vous nous confirmer que la lutte contre le non-recours aux droits constitue une priorité du Gouvernement ? Comment comptez-vous simplifier les démarches, les exigences de pièces justificatives qui sont souvent un obstacle ? Comment améliorer la visibilité des dispositifs alors que les sites d'information des ministères se multiplient, parmi lesquels la plateforme « la Boussole des jeunes » que votre ministère a développée, le site « 1 jeune 1 solution » créé par le ministère du travail, de l'insertion et de l'emploi, ou encore le tout nouveau site du ministère de l'intérieur, consacré au plan « 10 000 jeunes » ?

Enfin, comment le Gouvernement compte-t-il mettre fin à l'empilement des dispositifs locaux et nationaux, notamment par la création d'un revenu universel d'activité, dont les travaux devaient arriver à leur terme en 2021, ainsi que nous l'avait indiqué Mme la ministre déléguée, Brigitte Bourguignon ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Madame la députée Sandrine Mörch, je sais combien vous êtes engagée sur la question du non-recours aux droits et ce, de manière encore plus importante concernant les jeunes. Alors que dans cette période de crise particulière, les réponses se sont multipliées, le plus important, aujourd'hui, c'est évidemment que les jeunes trouvent leur solution.

Aujourd'hui dans notre pays, un jeune sur deux ne sait pas à quoi il peut prétendre. Oui, la lutte contre le non-recours aux droits est une priorité pour l'ensemble des membres du Gouvernement. Aussi avons-nous déployé une première plateforme, « 1 jeune 1 solution ». Nous nous appuyons également sur le millier de centres d'information, qui sont des relais, et nous multiplions les travaux permettant de rendre ces aides encore plus accessibles. De manière concrète, nous sommes en train de mener, Élisabeth Borne et moi-même, des travaux sur la garantie jeunes universelle afin d'en élargir l'accès en faisant fondre d'autres dispositifs. En effet, le plus important, c'est que chaque jeune trouve sa solution, même sans connaître le nom exact du dispositif.

Notre priorité, c'est évidemment de lutter contre le non-recours aux droits, en travaillant en partenariat avec les CROUS mais également avec les missions locales.

Il s'agit aujourd'hui de rapprocher les acteurs et les moyens dans les territoires. Pour ce faire, le dispositif « la Boussole des jeunes » va permettre, territoire par territoire, d'apporter des réponses.

Sur le terrain, chaque fois que j'échange de manière directe et un peu franche avec les jeunes, qu'ils soient ou non étudiants, ils évoquent les différents obstacles qu'ils rencontrent : l'accès au logement, pour lequel nous avons mis en œuvre la garantie Visale ; le financement du permis de conduire, pour lequel nous proposons le permis à un euro, ou encore la mobilité. Je le redis : le plus important, c'est qu'ils trouvent leur solution, et nous sommes en train d'y travailler.

Mme la présidente. La parole est à Mme Florence Provendier.

Mme Florence Provendier. La commission d'enquête nous a permis de faire le point sur l'articulation de nos politiques en faveur des enfants et de la jeunesse. Les principaux intéressés ne sont que rarement consultés, a fortiori en cette période, durant laquelle ils ont le sentiment d'être oubliés.

Les problématiques qui concernent les vingt millions de moins de 24 ans dans notre pays sont multiples et les fractures existantes ont été exacerbées pendant la crise, dans des proportions que l'on ne mesure pas encore précisément.

Avant la crise, un enfant sur cinq, soit près de trois millions, vivait en dessous du seuil de pauvreté, et ce nombre ne fait qu'augmenter. Près d'un million des 16-25 ans ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation, tandis qu'un jeune sur deux a perdu son emploi depuis le début de la pandémie. Alors que seuls 2 % des jeunes étaient touchés par l'isolement en 2010, ils sont désormais 13 %. Cette explosion du nombre de cas d'isolement est d'autant plus alarmante que la part des jeunes isolés a rattrapé celle du reste de la population, qui s'est stabilisée à 14 %. Tandis que les enfants placés à l'hôtel au printemps se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, 23 % des sans-abri sont d'anciens enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance – ASE.

Le manque de perspectives et les failles potentielles de la promesse républicaine entraînent un sentiment d'abandon grandissant chez les jeunes Français. Conscient de cette situation, le Président de la République a d'ailleurs lui-même rappelé que « l'égalité des chances n'est pas encore effective aujourd'hui dans notre République ».

Pour lutter contre une forme de déterminisme social, le Gouvernement a déployé un grand nombre de mesures, comme les « 1 000 premiers jours de l'enfant », les cités éducatives, le plan « 1 jeune 1 solution » ou encore les aides spécifiques pour les quartiers prioritaires de la ville.

Alors qu'ils n'ont ni influence politique, ni influence économique et que le développement sain des enfants est crucial pour l'avenir de toute société, il nous appartient de renforcer l'accès aux droits des moins de 25 ans et de respecter les engagements de la France en terme d'égalité des chances, tels qu'inscrits dans l'objectif de développement durable – ODD – no 10 de l'agenda 2030 de l'Organisation des Nations unies.

Aussi, madame la ministre et madame la secrétaire d'État, voici ma question : comment envisagez-vous de rendre plus lisible notre politique d'égalité des chances, de restaurer la confiance des jeunes et de les rendre aujourd'hui acteurs de leur avenir ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Vous avez raison, dès 2017, nous avons pris à bras-le-corps la question de l'égalité des chances, qui, en réalité et d'une certaine manière, est celle de l'égalité des possibles. Telle est notre promesse républicaine.

Dès le plus jeune âge, dès les fameux 1 000 premiers jours, nous apportons des réponses, ainsi que par le dédoublement des classes de CP et de CE1, que vous avez rappelé, ou par le refus de la sortie sèche pour les enfants de l'ASE – Aide sociale à l'enfance –, dont on sait combien ils sont parfois fragiles.

L'égalité des chances, ce n'est pas qu'un plan, que l'objet d'une annonce : nous apportons des réponses multiples et complémentaires. Il y a quelques semaines, le Président de la République a annoncé, avec Amélie de Montchalin et moi-même, de nouvelles classes « talents du service public », classes préparatoires destinées à ouvrir plus largement l'accès à la fonction publique. Autre exemple tout simple : le grand plan tutorat et mentorat, aujourd'hui financé à hauteur de 30 millions d'euros, car un jeune a parfois besoin de quelqu'un qui pose son regard sur lui, qui lui imprime un élan en lui donnant confiance. Aujourd'hui, 25 000 mentorsaccompagnent des jeunes ; nous avons l'ambition d'atteindre 100 000 cette année et 200 000 l'an prochain.

La promesse de notre pays, c'est celle de l'émancipation, qui passe par l'école, par le travail, par l'insertion à la fois économique et sociale. Pour cela, il faut marcher sur deux jambes : donner, d'un côté, l'accès à l'emploi et au monde économique et, fournir, de l'autre, les moyens sociaux et culturels de lutter contre toutes les précarités. Personne ne doit se croire condamner à vivre moins bien que ses parents.

Les réponses, je le redis, sont multiples, certaines conjoncturelles comme le plan 1 jeune, 1 solution, auquel 7 milliards d'euros ont été alloués, d'autres beaucoup plus profondes, s'appuyant sur l'école, sur l'apprentissage ou sur l'enseignement supérieur. L'accès à l'emploi est le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté.

Mme la présidente. La parole est à Mme Laurianne Rossi.

Mme Laurianne Rossi. Tous, nous dressons le constat lucide que cette crise que nous traversons depuis bientôt un an frappe notre jeunesse de plein fouet : le chômage a augmenté de 16 % pour cette tranche d'âge. Beaucoup, étudiants, jeunes travailleurs ou en recherche d'emploi, sombrent peu à peu dans une précarité qui aura rarement été aussi inquiétante. Isolement, décrochage, baisse du pouvoir d'achat, difficultés à se nourrir et à se loger, absence de perspectives, détresse psychologique : notre mobilisation pour contrer ces phénomènes et redonner espoir à notre jeunesse doit être totale. Cette génération ne doit pas être sacrifiée.

Face à cette situation, le Président de la République, le Gouvernement et notre majorité parlementaire ont pris les devants pour aider les jeunes, financièrement d'abord, avec la revalorisation des bourses, l'aide d'urgence de 150 à 500 euros, le repas à un euro par jour, les aides à la mobilité ou l'aide à l'installation de 1 000 euros. Nous les aidons également à trouver un emploi : le plan 1 jeune, 1 solution a déjà permis plus d'un million d'embauches, soit autant que les années précédentes sur la même période ; 500 000 contrats d'apprentissage ont été conclus. Nous les aidons, enfin, psychologiquement grâce non seulement au déploiement du « chèque psy », mais aussi au développement du mentorat, déjà mentionné, qui permettra aux jeunes de se sentir, nous l'espérons, moins seuls face à cette crise.

À ces aides nationales s'ajoutent beaucoup d'initiatives locales que je tiens à saluer. Mais l'enjeu est aussi de simplifier l'accès à ces dispositifs et de limiter le non-recours, comme cela a déjà été souligné à plusieurs reprises. Trop de jeunes ne reçoivent pas des aides auxquelles ils auraient pourtant droit, faute d'information et d'accès rapide et simple. J'ai pu le vérifier dans ma circonscription des Hauts-de-Seine, à Bagneux, à Malakoff ou à Montrouge. Je vous remercie, madame la secrétaire d'État, d'être venue avec moi à Malakoff entendre ces jeunes nous le dire : il n'est pas simple pour eux de savoir à quoi ils peuvent prétendre, outre qu'il est difficile de tendre la main et de reconnaître que l'on ne va pas bien.

Le Premier ministre a récemment annoncé un nouvel outil destiné à recenser et à évaluer ces aides. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Comment entendez-vous faciliter l'accès des jeunes à ces aides ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Nous avons en effet rencontré ensemble une dizaine de jeunes, et, parmi ces quelque dix situations, sept pouvaient recevoir une réponse, car des aides existaient, mais les jeunes ne s'étaient pas saisis de ces dispositifs car ils ne les connaissaient pas. La lutte contre le non-recours est donc plus indispensable encore pour les jeunes.

La première étape est celle de la consolidation des solutions existantes, d'où qu'elles viennent, sur un site. Sur la plateforme « 1 jeune, 1 solution », on trouve des stages, des emplois, des missions de service civique, ainsi que des informations sur les aides sociales auxquelles on peut prétendre.

Mais notre ambition est d'aller au-delà. Nous croyons à l'accompagnement humain, nécessaire pour se saisir de ces aides. Un site internet est un outil intéressant, mais nous avons aussi annoncé ce lundi qu'il serait accompagné d'un numéro de téléphone, qui permettra au jeune d'avoir un interlocuteur à qui expliquer sa situation. Cela vient évidemment en renfort du réseau Information jeunesse que nous sommes en train de revoir pour le rendre encore plus proche, plus direct, plus accessible.

Notre responsabilité, c'est aussi de simplifier ces dispositifs, pour que chaque jeune trouve beaucoup plus directement et beaucoup plus facilement la solution dont il a besoin. C'est l'évolution proposée, notamment, par la garantie jeunes universelle qui, par définition, touchera bien davantage de jeunes. Dans le même esprit, nous croyons aussi beaucoup aux tuteurs et aux mentors : l'autocensure existe, au-delà même du manque d'information. Pour casser le plafond de verre, rien ne remplace un regard confiant, qui raconte, qui partage l'espoir, qui donne l'élan. Voilà pourquoi nous avons l'ambition d'atteindre 100 000 mentors cette année, et 200 000 dès l'année prochaine.

Mme la présidente. Nous en venons aux questions du groupe Les Républicains.

La parole est à Mme Sandra Boëlle.

Mme Sandra Boëlle. J'appelle l'attention du Gouvernement sur les difficultés que rencontrent les étudiants dans leurs recherches de stages obligatoires pour valider leur diplôme. En raison de la crise économique, du manque de perspectives et des nouveaux dispositifs d'organisation du travail, de nombreuses entreprises freinent leur recrutement de stagiaires. Ceux-ci subissent ainsi, hélas, les conséquences directes de la crise : des offres de stage au compte-gouttes, et une gratification très basse.

Le ministère de l'enseignement supérieur a autorisé un report des périodes de stage qui peut aller jusqu'à six mois : les dates de soutenance et de remise des diplômes s'en trouvent décalées d'autant, ce qui risque d'ailleurs de pénaliser les étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études. Votre plan 1 jeune, 1 solution ne comprend aucun dispositif incitatif pour les stages, aucune prime ou aide exceptionnelle en ce domaine. Quant au développement des plateformes de mise en relation, ce plus ne saurait constituer la seule réponse du Gouvernement, qui doit apporter une solution efficace et pérenne pour favoriser l'offre de stages et l'insertion des jeunes dans la vie active.

Si, au-delà de deux mois de stage, les entreprises ont l'obligation de verser une gratification, le montant minimum de 546 euros bruts reste trop peu élevé et permet d'autant moins aux étudiants de vivre décemment qu'avec la crise, ils ont perdu leur petit job d'appoint. Ils connaissent alors la précarité, voire la pauvreté.

Si le Gouvernement a mis en place un plan de relance de l'apprentissage qui vise à inciter les entreprises à continuer de former des jeunes alors qu'elles traversent une période difficile, rien n'a été prévu pour les stagiaires. Pour les inciter à proposer des offres de stage, il faut soumettre aux entreprises une solution fiscale significative, à l'instar de ce qui a été fait pour les contrats d'apprentissage. En effet, l'aide couvrant 80 % à 100 % du salaire d'un apprenti, selon son âge, le reste à charge pour l'entreprise est faible. Pourquoi ne pas proposer une telle aide pour les stages, ce qui permettrait, à la fois, de relancer le nombre de stages proposés et d'augmenter de manière significative la gratification des stagiaires ?

Quelles incitations, notamment fiscales, entendez-vous prévoir pour accompagner les entreprises dans leur recrutement de stagiaires ? Comment augmenter la gratification minimale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. J'ai fait récemment plusieurs déplacements qui ont porté sur cette question des stages, dont un avec le Premier ministre et la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion Élisabeth Borne à Bordeaux. Nous y avons rencontré des acteurs de l'université, la Confédération des petites et moyennes entreprises – CPME –, les représentants des collectivités qui, ensemble, avaient monté une plateforme. Personne ne nous a dit que la difficulté venait de la rémunération des stages, mais j'entends votre remarque. Toutefois, vous imaginez bien qu'au regard de toutes les aides que nous avons prévues pour favoriser l'emploi et l'apprentissage, la question majeure n'est pas là : la question, c'est plutôt celle de la mise en relation des jeunes avec des entreprises qui sont en grande majorité en télétravail. C'est ce que l'on nous a dit à Bordeaux.

De la même façon, l'université de Strasbourg a signé un partenariat avec le MEDEF local, là aussi parce que, les entreprises étant en télétravail, les jeunes ne savent pas qui contacter pour obtenir des stages. Là non plus, les entreprises n'ont pas mentionné un besoin d'aides financières : elles nous ont parlé de mise en relation.

C'est encore la même chose à l'université de Poitiers, qui a ouvert une plateforme avec la participation des collectivités et du monde socio-économique local, ou dans certaines régions qui se sont emparées de ce sujet, comme la région Centre-Val-de-Loire, qui utilise la plateform Jobaviz du CNOUS – Centre national des oeuvres universitaires et scolaires –, et incite le monde socio-économique à y déposer ses propositions de stages.

Le télétravail étant encore la règle, des propositions intéressantes ont été faites : faire venir les jeunes un jour par semaine en amont de leur stage, par exemple, afin qu'ils rencontrent leur futur tuteur et qu'ils puissent, éventuellement, effectuer leur stage en télétravail.

Vous le voyez, une véritable solidarité s'est développée entre l'État, les collectivités, le monde de l'entreprise et les établissements d'enseignement supérieur. Là encore, nous allons y arriver !

Mme la présidente. La parole est à M. Stéphane Viry.

M. Stéphane Viry. Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire sont en effet terribles pour les jeunes, étudiants ou pas. Notre jeunesse avait déjà du mal à trouver sa place dans le monde du travail, avec un taux de chômage de plus de 22 %. La jeunesse a besoin d'un horizon, d'un avenir, ce qui passe par le travail, par l'activité.

Vous avez évoqué les décrocheurs, ainsi que les énormes difficultés notamment mentales que rencontrent les étudiants, et qui vont croissant. Je ne reviens pas sur tout ce qui a été dit, même si vos réponses sont loin de me satisfaire. J'observe que notre assemblée a travaillé, dans le cadre de la commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse, pour tenter de mobiliser le Gouvernement : pour l'heure, la réponse reste maigre.

Madame la ministre, madame la secrétaire d'État, vous devez réfléchir rapidement aux moyens de permettre à la vie associative de reprendre. Les associations culturelles, sportives ou autres sont prêtes à répondre aux multiples attentes de la jeunesse qui veut pratiquer les arts, la musique : or elles sont aujourd'hui entravées, à leur détriment mais, surtout, au détriment de la jeunesse. Les jeunes, qui sont esseulés, se désespèrent.

Ma deuxième observation fera suite à la remarque de ma collègue Sandra Boëlle à propos des stages. À situation de crise – nous en traversons une depuis un an –, réponse de crise ! Vous l'avez dit, l'accès à l'emploi est la meilleure solution contre toute forme de pauvreté, et ce doit être notre première préoccupation. Que pensez-vous d'une mesure très concrète, qui serait de créer 300 000 emplois pour des jeunes aujourd'hui en difficulté, sur le modèle de l'activité partielle ? On le fait pour les salariés, pourquoi l'État ne le ferait-il pas pour les jeunes ? Pourquoi ne pas imaginer des contrats, ponctuels, spécifiquement destinés aux associations qui emploieraient ainsi des jeunes ?

Enfin, des contrats destinés aux entreprises pourraient prévoir, pendant six mois, l'absence totale de charges, afin que les entreprises n'aient à verser que le salaire net. Ce serait à mon sens un aspirateur à emplois pour la jeunesse, qui en a bien besoin. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Je sais à quel point vous êtes engagé sur les questions de vie associative. Oui, nous avons tous hâte que nos associations reprennent vie, qu'elles animent à nouveau nos territoires, qu'elles proposent à nouveau des cours de musique, de danse ou de sport. Mais aujourd'hui, nous vivons une réalité : celle de la crise sanitaire.

Plus que jamais, nous travaillons avec les associations. Je les rencontre toutes les semaines pour adapter les protocoles. Nous avons réussi, l'été dernier, à les mobiliser pour l'opération « vacances apprenantes », qui a d'abord accueilli ceux qui en avaient le plus besoin, les enfants, les jeunes : c'était, je crois, sinon une victoire, du moins un bel espoir offert à tous. De même, dès que nous avons pu rouvrir la pratique sportive, nous l'avons rouverte, pour les mineurs, tout d'abord, puis plus largement. Chaque semaine, nous travaillons à ne pas laisser les jeunes s'enfoncer dans la fatigue ou la lassitude. Dès que ce sera possible, le monde associatif reprendra toute sa place.

Vous avez proposé la création de 300 000 emplois ; il n'y a aucune raison d'éluder quelque proposition que ce soit mais, en réalité, ce sont 600 000 emplois subventionnés et accompagnés que nous mettons en place dans le cadre du plan 1 jeune, 1 solution. Ils portent plusieurs noms, notamment PIC ou PACEA. Ces 600 000 emplois viennent compléter 245 000 missions de service civique. Quel est le message ? Il est simple : il ne faut absolument pas baisser les bras, il faut créer l'opportunité. Ces emplois viennent en complément des 20 000 jobs de tuteurs et mentors créés au sein de l'université. Oui, c'est par l'emploi que nous surmonterons cette crise et que nous éviterons aux jeunes de tomber définitivement dans la pauvreté.

Sur les 300 000 emplois que vous proposez, un certain nombre existent déjà. S'il est nécessaire d'en créer plus, nous le ferons, car notre priorité est d'accompagner la jeunesse et de conserver un monde associatif dynamique et vivant afin que, au moment où nous pourrons reprendre une vie normale, celui-ci ait suffisamment d'énergie pour insuffler de nouveau la vie sur notre territoire, car c'est comme cela que nous l'aimons.

Mme la présidente. Nous passons aux questions du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés.

La parole est à Mme Géraldine Bannier.

Mme Géraldine Bannier. Dans mon département, la Mayenne, de nombreux articles de presse relatent les difficultés des étudiants à trouver une entreprise où effectuer leur stage. Or la réalisation d'un stage conditionne l'obtention de leur diplôme. Quelques cas, parmi d'autres évoqués : diplôme d'État en économie sociale et familiale, DUT technique de commercialisation, licence professionnelle accompagnement de publics spécifiques. Les étudiants font état de très nombreuses lettres envoyées, sans résultat, alors que se profile la fin du délai prévu pour l'obtention d'un stage : c'est forcément une source d'angoisse pour eux. Ils utilisent également la plateforme régionale choisirmonstage.fr mais, hélas, celle-ci ne correspond pas toujours à leurs attentes.

Pour ce qui est de l'apprentissage, il n'est pas simple, non plus, de trouver une place dans l'hôtellerie-restauration. Les rêves brisés se multiplient, même si les entreprises se mobilisent du mieux qu'elles peuvent pour répondre aux demandes. Certains étudiants censés être en alternance ou en apprentissage se retrouvent en fait privés de rémunération, ainsi que de bourse et d'aide spécifique. Le basculement en formation initiale, possible, engendre des frais de scolarité sans régler pour autant le problème du stage, lequel conditionne le maintien de l'allocation de retour à l'emploi.

Les stages et oraux ont été annulés pour les BTS, ce que l'on peut tout à fait comprendre au vu du contexte. Les jeunes concernés expriment toutefois leur inquiétude concernant une éventuelle dévaluation du diplôme disons, allégé, qu'ils obtiendront. Les étudiants lavallois de l'IUT, des écoles d'ingénieur et de la faculté de droit expriment leur grande satisfaction devant le dispositif de repas à un euro généralisé le 25 janvier. De plus, la mise en place d'une épicerie solidaire à l'initiative des collectivités territoriales a été très appréciée. Toutefois, quelle réponse pouvez-vous apporter aux jeunes à la question des stages impossibles à trouver ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. La préoccupation que vous exprimez de la part des étudiants, nous avons décidé de la prendre à bras-le-corps de plusieurs façons.

D'abord, vous l'avez rappelé, une circulaire du ministère a permis de trouver d'autres formes d'accompagnement pour l'obtention du diplôme et, chaque fois que c'est nécessaire, de décaler les périodes de stage. Ce dispositif a été très efficace l'année dernière quand le confinement, très strict, a coïncidé avec la période des stages : en autorisant les étudiants, sans qu'ils aient à se réinscrire pour une année supplémentaire, à valider leur stage jusqu'au 31 décembre, il a résolu l'immense majorité des problèmes. Lorsque le stage n'a pas été possible, ce sont des rapports qui ont été remis.

Vous évoquez la crainte des étudiants de voir leur diplôme dévalorisé : or les entreprises me disent que tout le monde sait bien que nous avons vécu une année exceptionnelle. Elles sont tout à fait conscientes que, parfois, les étudiants n'auront pas pu réaliser de stage pratique. Une forme de solidarité nationale doit être mobilisée, et les entreprises y sont prêtes. Autoriser les stages jusqu'au 31 décembre, c'est aussi donner aux étudiants la possibilité de faire leur stage après la date normale d'obtention de leur diplôme, et donc de donner aux entreprises, qui ont absolument besoin de vérifier que les jeunes sont capables de réaliser les tâches qui leur seraient confiées, la possibilité de conserver ces stagiaires jusqu'au 31 décembre.

Le deuxième dispositif, que j'ai déjà mentionné, se travaille établissement par établissement, localité par localité, pour mobiliser les offres de stages. Que ce soient les grands groupes ou les PME, tout le monde est en train de s'y atteler, et je ne doute pas que nous trouverons les 900 000 stages nécessaires aux diplômes de l'ensemble des étudiants.

Mme la présidente. La parole est à M. Vincent Bru.

M. Vincent Bru. La jeunesse paie un lourd tribut à la pandémie. Outre les confinements et le respect du couvre-feu, les cours pour la plupart en distanciel accentuent l'isolement à un âge où le lien social, dans ses formes les plus diverses, est essentiel à la construction personnelle et professionnelle. Certains jeunes sont éloignés de leur domicile depuis de longs mois. D'autres ont perdu le travail qui leur permettait de financer leurs études et de vivre au quotidien. C'est dans un contexte économique difficile que 750 000 jeunes sont arrivés sur le marché du travail et ils peinent à trouver un premier emploi.

Conscient de ces difficultés, le Gouvernement a mis en place, dans le cadre du plan de relance, des mesures concrètes coordonnées par le plan 1 jeune, 1 solution, centrées sur l'accompagnement et l'insertion des jeunes, notamment la création de la garantie jeunes pour ceux d'entre eux qui sont en situation de grande précarité. Actuellement, ces dispositifs proposent une allocation mensuelle d'un montant maximal de 500 euros et un accompagnement intensif pendant un an aux jeunes de 16 à 25 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation mais en situation de précarité.

N'est-il pas temps d'étendre cette garantie à tous les jeunes en la transformant en un droit universel et en supprimant les conditions de ressources et le critère « sans emploi, ni études, ni formation » ? Les jeunes sont durablement et durement touchés par la crise sanitaire, économique et sociale : pour certains, nous le savons, celle-ci déterminera de façon durable leur carrière professionnelle et leur parcours de vie. Les jeunes doivent sentir l'élan de solidarité de la nation à leur égard. Où serait, sans cela, la promesse du pacte républicain ? Aux prémices d'une vie professionnelle, ce droit universel à l'accompagnement et à l'insertion consoliderait la confiance que les jeunes peuvent avoir dans notre pays et, plus largement, dans l'avenir.

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Oui, aujourd'hui, nous avons besoin d'un élan, d'une réponse qui permette de consolider le lien de confiance entre la jeunesse et notre modèle social par le moyen du pacte social. À titre indicatif, si l'on compare l'impact de la crise sur le chômage des jeunes, on remarque que ce dernier est moins grave que ce que l'on imaginait, car il a été amorti par l'engagement massif du Gouvernement à travers le plan 1 jeune, 1 solution que vous avez évoqué, lequel représente un investissement de 7 milliards d'euros. Lors de la crise de 2008-2009, le chômage des jeunes avait explosé, dépassant la barre des 30 % supplémentaires par rapport au chômage structurel : pour cette crise, les chiffres, qui ne sont pas encore entièrement consolidés, tournent autour de 9 %. Le chômage donc a été contenu, même si ce sont 9 % de trop. C'est le fruit de la création de 1,2 million d'emplois grâce à un soutien financier massif.

Le fond de votre question est : comment faire pour que la garantie jeunes universelle devienne réellement universelle ? Comment passer d'un dispositif à un droit pour la jeunesse ? Dès le mois de novembre, j'ai moi-même saisi le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse, car je crois qu'un droit comme celui-là doit être écrit, construit, avec eux. Ce sont les mouvements de jeunes eux-mêmes qui nous ont remis un rapport, à Elisabeth Borne et moi-même, pour améliorer le dispositif et tendre vers la garantie jeunes universelle. Le rapport contient plusieurs préconisations que nous expertisons et dont certaines sont déjà appliquées. Par exemple, il y a quelques semaines, Elisabeth Borne et moi-même avons étendu la possibilité de ne pas prendre en compte le revenu fiscal des parents, afin de favoriser l'autonomie des jeunes.

Vous demandez : comment aller jusqu'au bout de la démarche ? Nous rendons actuellement le dispositif plus souple et plus large, car nous avons confiance dans l'accompagnement individualisé. La garantie jeunes pouvait accompagner un jeune sur douze mois : elle peut désormais le faire jusqu'à dix-huit mois. Tous les efforts qui tendront vers l'universalité réelle de la garantie jeunes sont les bienvenus, et les travaux sont déjà en cours.

Mme la présidente. La parole est à M. David Corceiro.

M. David Corceiro. Depuis un an, la crise sanitaire a bouleversé la vie des étudiants et plongé certains d'entre eux dans une grande détresse psychologique et matérielle sur laquelle le rapport de la commission d'enquête a jeté la lumière. Longtemps occultée, car dissimulée par l'accès aux jobs étudiants, la précarité étudiante n'est pas une réalité nouvelle, mais elle a été amplifiée par la crise sanitaire. Privés de leur job, certains étudiants sont venus grossir les rangs des bénéficiaires des associations d'aide aux plus démunis. Il y a dix jours, j'ai participé à une distribution alimentaire pour étudiants organisée par l'association Copain qui réalise un travail admirable, pour aider les jeunes touchés par la précarité. Son président m'a expliqué vouloir déculpabiliser l'accès à l'aide, car il ressort qu'une grande partie des étudiants a le sentiment de ne pas la mériter – encore faut-il qu'ils soient informés de son existence.

De multiples initiatives ont été prises par le Gouvernement : le plan 1 jeune, 1 solution – et bientôt, 1 jeune, 1 mentor –, les nombreux efforts en faveur de l'apprentissage, la multiplication des services civiques ou encore l'extension de la garantie jeunes. Néanmoins, les mesures de soutien apportées aux étudiants doivent être amplifiées. La question de la jeunesse nous concerne tous. Je refuse d'entendre, dans l'hémicycle ou ailleurs, la sentence « génération sacrifiée » résonner comme une fatalité. À une étape si importante dans la construction de leur vie, notre soutien doit être sans faille. L'écoute doit être le mot d'ordre pour répondre à cet enjeu de taille. Chaque vie compte et chaque histoire doit être entendue : nous devons être capables d'écouter les préoccupations des lycéens, des étudiants, des jeunes sans emploi et des jeunes actifs, afin d'apporter les réponses les plus adaptées à chaque situation.

Madame la ministre, les aides sont là. Pouvez-vous nous dire combien de jeunes en bénéficient et quelles mesures d'envergure vous envisagez de prendre pour lutter contre la précarité des étudiants et les effets durables d'une telle crise ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Vous avez raison de saluer l'engagement et le travail des associations. Évidemment, comme ministre de l'enseignement supérieur, je m'attacherai plus particulièrement aux associations d'étudiants. Par et pour les étudiants : c'est leur devise, et mon ministère les accompagne financièrement, notamment par le biais des contrats d'objectifs. Au-delà des associations étudiantes, nous finançons aussi toutes les associations destinées à apporter une aide particulière aux étudiants. Je pense, par exemple, à l'association Nightline qui leur apporte des réponses, du soutien et de l'accompagnement, y compris jusqu'aux petites heures du matin.

Si soutenir ces associations est important, le plus difficile, vous avez raison, est la question de la visibilité. Pour l'améliorer, nous sommes d'ores et déjà en train de recenser l'ensemble des aides existantes. Vous n'avez aucune idée de leur complexité ! Les aides d'État sont assez simples, puisque nous les contrôlons : 750 000 étudiants sur les 2,7 millions d'étudiants que compte notre pays sont ainsi aidés au moyen de bourses sur critères sociaux, et 45 000 étudiants ont, d'ores et déjà, bénéficié des aides spécifiques et des aides d'urgence. Notre objectif est d'aider et d'accompagner jusqu'à 100 000 étudiants : les financements sont prévus à cette fin et, si nous avons besoin de faire plus, nous le ferons.

La vraie question est de savoir comment mettre l'étudiant, au centre du système. Les tuyaux peuvent être compliqués, mais tout doit être simple pour lui. Or, actuellement, c'est simple pour chacune des structures et très compliqué pour le jeune : d'où l'idée de mener un travail autour du revenu universel d'activité, d'une aide globale d'autonomie pour les étudiants, qui recoupe les aides de l'État, les aides des collectivités et les aides des régions. Une fois de plus, la priorité est la simplicité pour le jeune, afin d'éviter le non-recours, et de faire absorber la complexité par les structures.

Mme la présidente. Nous passons aux question du groupe Socialistes et apparentés.

La parole est à M. Joël Aviragnet.

M. Joël Aviragnet. Depuis presque un an, la France souffre d'une crise sanitaire et de ses répercussions économiques et sociales : un an que la pauvreté s'accroît en France et menace chaque jour un peu plus nos concitoyens les plus modestes ; un an que les alertes se multiplient et que les propositions se bousculent pour tenter d'apporter des solutions efficaces à la précarité des jeunes ; un an que nous sommes confrontés à un gouvernement qui fait la sourde oreille.

Alors que les files d'attente s'allongent devant les banques alimentaires, que des jeunes avouent à demi-mot qu'ils seraient prêts à faire les poubelles pour se nourrir si celles-ci n'existaient pas, le Gouvernement ne propose aucune mesure adaptée pour les aider. Alors que les étudiants souffrent de la fermeture des universités et du manque d'interaction sociale qu'elle entraîne, de la perte de leurs emplois étudiants, de difficultés financières et désespèrent de ne pas être entendus, le Gouvernement, notamment le ministère de l'enseignement supérieur, préfère se lancer dans la chasse aux sorcières de l'islamo-gauchisme.

Alors que les jeunes actifs peinent à entrer dans le marché du travail et à y rester, le Gouvernement tricote des solutions illusoires, qui ne répondent en rien au problème de l'insertion des jeunes. Entre l'affaiblissement des offres de formation et de l'apprentissage, et les mesures fiscales qui appauvrissent les moins de 25 ans, vos décisions ont conduit à cette situation alarmante.

Alors qu'en avril 2020, je proposais l'instauration de bons alimentaires pour les étudiants et apprentis boursiers, il aura fallu attendre neuf mois pour que le Gouvernement envisage de proposer des repas à un euro pour les étudiants. En revanche, il n'aura fallu attendre que deux mois pour que soit lancé un plan de sauvetage pour les grandes entreprises : ces délais révèlent les priorités du Gouvernement.

La situation des 18-25 ans est grave, alarmante, urgente. Elle est sur toutes les lèvres et divise jusque dans la majorité. Il est temps que le Gouvernement agisse et cesse de repousser systématiquement les propositions qui lui sont faites pour soutenir la jeunesse, dont la détresse psychologique et matérielle n'a jamais été aussi profonde.

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Monsieur Aviragnet, plusieurs précisions me paraissent importantes : tout d'abord les universités n'ont pas fermé au cours de l'année universitaire 2020-2021. Demandez aux étudiants si l'ouverture des BU – bibliothèques universitaires – et des salles de travail n'a pas été importante pour eux ! Ensuite, je sais bien que vous avez proposé la création de bons alimentaires au printemps dernier, mais je sais aussi que les universités ont reçu les financements pour les distribuer dès le mois de mars. (M. Joël Aviragnet fait un geste de dénégation.) Plus de 20 millions d'euros de crédits ont été débloqués pour ceux-ci, ainsi que pour des achats d'ordinateurs et pour des prêts de clés 4G. Ne pensez donc pas que les universités n'ont rien fait et n'oubliez jamais qu'elles sont des opérateurs de l'État. Chaque fois qu'elles-mêmes, que les CROUS – centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires –, ou que les autres établissements publics d'enseignement supérieur agissent, c'est bien évidemment avec les fonds de l'État.

Vous parlez d'une chute de l'apprentissage. Eh bien non, il n'y a jamais eu autant d'apprentis. Vous dites que nous avons attendu neuf mois pour instaurer les repas à un euro, oubliant que ceux-ci étaient disponibles dès le début du mois de septembre 2020. Vous dites que les Agoraés et autres épiceries sociales et solidaires ont mis du temps à s'ouvrir. Mais celles-ci existent depuis plus de dix ans et nous avons bien sûr augmenté leurs subventions cette année.

Les universités sont évidemment accessibles aujourd'hui aux étudiants qui souhaitent y revenir : 60 % d'entre eux sont ainsi présents un jour par semaine depuis plusieurs semaines, et nous continuons de travailler avec les établissements, pour accueillir davantage d'étudiants, afin que ceux-ci puissent retrouver une vie normale.

Les étudiants n'ont besoin ni qu'on les caricature, ni qu'on les traite avec compassion : ils ont besoin de solutions. Ils les ont trouvées auprès de leurs établissements, de leurs CROUS et donc auprès de l'État.

M. Joël Aviragnet. Ce n'est pas ce qu'ils disent, vous devriez les rencontrer plus souvent !

Mme la présidente. La parole est à Mme Chantal Jourdan.

Mme Chantal Jourdan. Je souhaite ici revenir sur les conséquences à long terme que risque d'avoir cette crise sur les jeunes enfants. Si, comme l'évoque le rapport très complet de notre collègue Marie-George Buffet, le premier confinement a pu avoir des effets positifs au début, les mesures prolongées consécutives au retour des plus jeunes à l'école, à la crèche, ou dans la vie de tous les jours, auront des effets sur leur développement cognitif et social.

Si les moins de 6 ans ne portent pas de masques, ils évoluent dans un environnement où les adultes sont masqués. Plusieurs chercheuses, qui travaillent sur les effets du port du masque sur les plus petits déclarent : « Il s'avère que les jeunes enfants ne font pas qu'écouter le langage, ils le regardent également. » Selon elles, le masque a déjà un impact sur l'apprentissage. En diminuant la qualité des interactions, il freinerait le développement du langage et de la capacité attentionnelle des enfants, et appauvrirait leur communication, particulièrement pour ceux souffrant de troubles antérieurs.

Les enfants grandissent en outre dans un environnement particulièrement anxiogène, saturé d'injonctions – règles d'hygiènes omniprésentes, distanciation physique, interactions limitées. On observe déjà, comme le soulignent le rapport et des études en cours, que les enfants d'aujourd'hui sont plus inquiets et sourient moins. Si toutes ces recherches doivent être poursuivies sur le temps long, nous devons nous pencher dès à présent sur les effets collatéraux de l'épidémie sur les enfants, qui grandissent dans un environnement très particulier.

Le masque inclusif doit être distribué massivement aux intervenants de la petite enfance, ainsi qu'aux enseignants de CP et de maternelle – au moins dans les classes où l'accent est mis sur l'apprentissage de la lecture.

Enfin, madame la ministre, quels moyens sont déployés en faveur de la petite enfance, pour limiter les effets de cette situation à long terme, et évaluer l'évolution des comportements ? Pensez-vous à un renforcement des services de l'éducation et de la santé mentale ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Vous avez raison, nous vivons une époque extraordinaire, dans le premier sens du terme, et il est très important que, dès à présent, des recherches soient menées sur ses conséquences à long terme.

Vous comprenez bien que la première priorité est de vivre avec cette pandémie. Nous devons avant tout protéger les enfants, les personnels et l'ensemble de la population. C'est vrai, certaines études montrent que l'apprentissage passe aussi par le décryptage des expressions du visage. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est aussi difficile d'enseigner à distance, lorsqu'on ne peut voir les étudiants, capter leurs regards. C'est une question importante, dont nous ne connaissons pas encore l'impact, mais des études sont menées.

Vous abordez aussi une deuxième de nos priorités, qu'Agnès Buzyn, alors ministre chargée de la santé, et moi-même avons inscrite dans le plan Ma santé 2022 : la pédopsychiatrie. Oui, nous manquons de pédopsychiatres en France, car cette spécialité n'est plus suffisamment attractive. Pour permettre le recrutement de ces spécialistes et plus généralement de psychiatres, nous avons ouvert des postes de chefs de cliniques. Nous travaillons à redonner de l'attractivité à cette filière, en pleine coordination avec Olivier Véran. Il nous faut mieux prendre en charge non seulement la santé mentale, mais aussi la prévention des risques qui lui sont liés : c'est un changement de paradigme. Nous vivons dans un pays où l'on a du mal à dire que l'on va mal, à demander de l'aide : il faut rompre avec cette réserve.

Mme la présidente. Nous passons aux questions du groupe La France insoumise.

La parole est à M. Jean-Hugues Ratenon.

M. Jean-Hugues Ratenon. Je souhaite tout d'abord saluer le travail de la commission d'enquête, ainsi que la qualité du rapport et des quatre-vingts propositions auxquelles il a donné lieu. Les enfants, la jeunesse représentent l'avenir, l'espoir pour notre société, même si l'horizon est plein d'incertitudes. La crise sanitaire a révélé et aggravé la grande souffrance dans laquelle se trouve notre jeunesse.

Nous ne pourrons débattre des politiques qui leur sont destinées si le Gouvernement ne parle pas avec eux, ne les écoute pas. Je suis donc d'accord avec l'ensemble des propositions du rapport, notamment celle de créer une délégation aux droits de l'enfant et à la jeunesse au sein de l'Assemblée nationale. Le Gouvernement y est-il prêt ?

Il faudrait aussi s'appuyer davantage sur le riche tissu associatif, véritable vivier d'idées. Après les nombreuses suppressions d'emplois aidés, le Gouvernement est-il prêt à renforcer ce tissu, notamment par la création d'emplois spécifiques, pour satisfaire des besoins bien identifiés ? Par ailleurs, pour améliorer le lien intergénérationnel et faire face au vieillissement de la population, il faut, en les accompagant, inciter les jeunes à se former aux métiers qui garantissent aux personnes âgées de bien vieillir. Que compte faire le Gouvernement en la matière ? Le surpeuplement des logements est aussi un frein à l'épanouissement des jeunes et des enfants. Êtes-vous d'accord pour lancer un grand chantier de construction de logements ?

En outre-mer, vous le savez, la situation de la jeunesse et des enfants est encore plus grave qu'en métropole. Je regrette d'ailleurs que les ultramarins aient été oubliés dans le rapport. Comment comptez-vous intégrer nos spécificités ? Ces questions feront-elles l'objet d'un débat dans le cadre de la création de la délégation aux droits de l'enfant et à la jeunesse à l'Assemblée nationale ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Monsieur Ratenon, vous avez commencé par souligner la nécessité de renforcer le lien intergénérationnel. Certains ont voulu faire croire que cette crise avait creusé la distance, voire créé une rupture entre les générations. Or ce n'est absolument pas le cas. Dès le premier confinement, les jeunes de France se sont mobilisés pour nos aînés. S'ils l'ont fait de manière plus ou moins organisée, des actions ont bien eu lieu, qu'il s'agisse d'apporter les repas, d'imprimer les attestations ou de chercher des médicaments. Notre pays est par essence un pays de solidarité – cela se vit, cela se sent.

Pour renforcer ce lien intergénérationnel et parce que tous les jeunes que nous rencontrons mentionnent la même préoccupation, nous avons lancé hier, ma collègue Brigitte Bourguignon et moi-même, 10 000 missions de service civique intergénérationnel dans le cadre du Service civique solidarité seniors. Les jeunes de notre pays ont vraiment envie d'accompagner leurs aînés, qu'ils vivent dans les EHPAD, ou de manière autonome à leur domicile. Ils refusent la fatalité, la distance entre les générations.

Pour poursuivre sur ce chemin de solidarité, nous pouvons nous appuyer, au sein du ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et les sports, sur un délégué interministériel à la jeunesse, parce que la question de la jeunesse est transversale, vous avez raison. L'équipe gouvernementale fait preuve de volonté politique en la matière et chacun de ses membres apporte sa pierre à l'édifice : Frédérique Vidal, avec des dispositifs destinés à l'ensemble des étudiants, Emmanuelle Wargon, avec une aide exceptionnelle à l'installation – un versement de 1 000 euros pour tous les jeunes de moins de 25 ans dont l'emploi est rémunéré moins de 1 400 euros –, Élisabeth Borne, en stimulant et accompagnant l'accès à l'emploi. La jeunesse est la priorité de tous. Quant à la création de la délégation, l'Assemblée nationale est souveraine.

Mme la présidente. La parole est à Mme Sabine Rubin.

Mme Sabine Rubin. Je tiens à mon tour à saluer le travail réalisé par mes collègues de la commission d'enquête. Le rapport, comme cela a déjà été souligné, met en avant la situation dramatique des enfants et de la jeunesse de notre pays. Le constat, amer, est largement partagé : fragilité psychique et détresse socio-économique, pour la jeunesse ; chômage et précarité, appréhensions et incertitudes quant à l'avenir, notamment pour les étudiantes et les étudiants.

Lundi, lors de ma permanence, je me suis entretenue avec une étudiante, en première année de droit à l'université Paris 1. Comme son expérience et tous les autres témoignages le montrent, tout ne va pas si bien, madame la ministre. Malgré une bourse d'échelon 6, d'un montant de 489 euros mensuels, cette jeune femme ne dispose, une fois qu'elle a réglé le loyer de sa résidence étudiante, que de 50 euros par mois pour ses achats alimentaires et il lui est difficile de bénéficier des repas à un euro proposés par le CROUS de Port-Royal, puisque sa résidence est en banlieue parisienne, et qu'il lui faut une heure pour s'y rendre.

Le rapport de la commission d'enquête indique très justement que, dans une société qui prône la réussite et le succès solitaire de l'individu, demander une aide est parfois vu comme un échec. Si 23 % des étudiants n'y ont pas recours, comme cela a déjà été mentionné, c'est d'ailleurs pour cette raison, outre la complexité administrative.

Il ne faut pourtant pas mésestimer l'importance des aides ponctuelles, surtout dans les circonstances actuelles. Cette même étudiante m'a confirmé que le versement de 150 euros avait représenté une bouffée d'oxygène et a d'ailleurs regretté que l'aide ne soit pas permanente. Il est cependant temps que notre pays reconnaisse la spécificité du statut des étudiants, qui participent pleinement à la vie de notre nation, en tout cas à son futur.

Sur ce sujet, la proposition no 61 du rapport évoque brièvement la nécessité d'une réflexion sur les moyens de l'autonomie financière et matérielle des étudiants. Dans cette perspective, que pensez-vous du revenu étudiant ou d'une allocation d'autonomie ? Pourquoi ne pas les mettre en oeuvre ?  

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. J'ai également beaucoup apprécié ce rapport et j'ai regardé toutes ses recommandations, notamment celles qui concernent les étudiants. Nous sommes en train de travailler sur le sujet. Pour accompagner l'ensemble des jeunes, quel que soit leur chemin, il faut pouvoir aider ceux qui décident de s'engager dans des études.

Je l'ai toujours dit et le répète donc devant vous sans problème : nous devons revoir notre système de bourses sur critères sociaux, parce que des familles se situent à la limite mais du mauvais côté des seuils. Ce sont souvent pour les enfants de ces familles-là que les choses sont difficiles. Vous mentionnez le cas d'une étudiante qui a une bourse de l'échelon 6, mais d'autres ne bénéficient pas de bourse sur critères sociaux. Il convient de repenser l'ensemble du système : si l'on vise l'autonomie des jeunes, il faut concentrer – cette décision devant résulter d'une large concertation – les aides sur les individus, donc revoir complètement le système d'aides sociales en France, actuellement fondé sur le revenu des parents.

Pour les jeunes et les étudiants ayant la chance d'avoir des parents qui peuvent les aider, le système est parfait, mais il se révèle beaucoup plus compliqué pour ceux qui sont en rupture. Comment simplifier les dispositifs ? Comment inciter les jeunes à avoir un foyer fiscal indépendant ?

À côté de ces réflexions de fond, il faut des réponses immédiates et je vous conseille de dire à cette étudiante de se renseigner auprès de son CROUS. Il doit y avoir un restaurant universitaire proche de sa résidence ; en outre, elle peut demander l'aide d'urgence qui n'est pas réservée aux seuls étudiants non-boursiers mais est ouverte à tous.

Nous continuons de travailler sur l'aide globale d'autonomie que les étudiants réclament et qui constituerait une réelle avancée pour l'ensemble des étudiants. Elle aurait d'ailleurs dû être instaurée il y a des années.

Mme la présidente. Nous passons aux questions du groupe UDI et indépendants.

La parole est à Mme Béatrice Descamps.

Mme Béatrice Descamps. Les jeunes âgés de 18 à 29 ans sont 9,2 millions en France : plus d'un tiers se trouve au chômage, avec ou sans formation, donc dans une situation très difficile. Les problèmes financiers des jeunes ne sont pas récents, mais la situation de ces derniers mois a rendu le quotidien plus dur et plus lourd, parfois marqué par des privations alimentaires régulières.

En ce sens, la protection des jeunes doit être une priorité. Le Gouvernement a mis en place de nombreuses mesures depuis le début de la crise sanitaire pour résoudre les problèmes spécifiques des jeunes : cet investissement représente près de 6,7 milliards d'euros sur deux ans. Je discute beaucoup avec les jeunes, les missions locales, Pôle emploi et les services départementaux : il me semble indispensable de simplifier et de clarifier les conditions d'accès aux dispositifs d'accompagnement, afin de toucher tous les publics jeunes sans exception.

Pensez-vous possible, madame la secrétaire d'État, d'optimiser votre politique en faveur de la jeunesse en déployant un accompagnement humain plus important au sein des missions locales, en aidant les tuteurs dans le cadre des services civiques ou en prévoyant un accompagnement systématique et différencié des jeunes diplômés et de ceux les plus éloignés de l'emploi ? Comment pourrait-on améliorer l'information des jeunes résidant en milieu rural ou dans des petites communes ? Cette population doit en effet affronter, en plus des autres difficultés, des problèmes de mobilité et d'accès à internet. L'échelon municipal est ici indispensable : comment associer les petites communes à cette politique ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Vous avez raison, il y a un élan et des réponses données en fonction de la situation et du statut. Ainsi, les étudiants, qui étaient boursiers et qui n'arrivent pas à trouver leur premier emploi, peuvent bénéficier d'une aide exceptionnelle auprès de Pôle emploi ou de l'APEC – Association pour l'emploi des cadres. Des étudiants et des jeunes qui ont perdu leur emploi saisonnier reçoivent une aide de 900 euros, parce que nous sommes dans une situation de crise. Les jeunes isolés, qui ne suivent pas de formation et ne sont pas étudiants, peuvent trouver des réponses auprès des missions locales avec la garantie jeunes.

Face à cette multitude de dispositifs, l'enjeu est de rassembler au même endroit l'ensemble des informations. Les missions locales, l'APEC, Pôle emploi et le CROUS donnent des informations et apportent un soutien individuel : pour accroître l'efficacité de ces actions, nous nous appuyons sur les 1 100 centres d'information et de documentation jeunesse et sur les élus locaux. Nous cherchons à augmenter les points d'information jeunesse grâce au réseau des maisons France services et aux élus chargés des questions relatives à la jeunesse.

Nous mettons ces outils à la disposition des élus, en les adaptant avec eux à la spécificité de chaque territoire. En tout cas, la réponse ne peut pas être uniquement numérique : il faut que l'humain accompagne l'outil numérique, le réseau étant différent d'un territoire à l'autre.

Derrière ces mots, il y a des actions : il y a deux semaines, Élisabeth Borne a annoncé l'augmentation de 140 millions d'euros du budget des missions locales, qui atteint désormais 500 millions d'euros, pour recruter les personnels dont elles ont besoin. La feuille de route repose sur deux piliers : le renforcement de l'accompagnement humain dans les territoires grâce aux associations et aux élus et la simplification des dispositifs pour les rendre plus larges et plus inclusifs. Ainsi, le jeune n'aura pas à se demander où aller car l'information ira à lui.

Mme la présidente. La parole est à Mme Béatrice Descamps pour une seconde question.

Mme Béatrice Descamps. Un peu plus de 2,7 millions de jeunes sont inscrits dans l'enseignement supérieur. Pour certains d'entre eux, le monde universitaire reste néanmoins inconnu : certains connaissent les chambres d'étudiant mais à peine les amphithéâtres. Vous l'aurez compris, je pense bien sûr aux nouveaux étudiants, mais également à ceux qui se trouvent en cours de cursus à l'université ou dans une école supérieure. Si ces jeunes font preuve d'une très grande résilience et s'ils sont convaincus que leur génération dispose de l'énergie nécessaire pour affronter les grands défis auxquels nous faisons face, ils peuvent, pour de multiples raisons, se trouver en difficulté psychologique et financière, même si le Gouvernement a déployé de nombreux dispositifs pour les aider.

La poursuite de leurs études les inquiète également. Que peut-on faire pour leur redonner confiance et les rassurer ? Que peut-on faire pour éviter le décrochage complet et aider ceux qui se sentent en grande difficulté pour comprendre les cours et acquérir les notions indispensables ? Certaines institutions semblent dépassées par la situation. Les universités ont dû s'adapter rapidement pendant les deux confinements en mettant en place des systèmes d'enseignement à distance presque du jour au lendemain. Ne serait-il pas nécessaire de renforcer les moyens financiers et humains des établissements afin de les aider à déployer sereinement les dispositifs de formation et d'accompagnement des étudiants vers la vie active ? Pourrait-on envisager de développer des dispositifs d'aide à la réussite et à l'accompagnement des étudiants et de renforcer l'alternance et les liens avec les entreprises et l'ensemble des acteurs économiques, culturels et associatifs des territoires ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Vous avez raison, de nombreux jeunes s'interrogent sur la poursuite de leurs études, mais ils retrouvent, en revenant à l'université, le regard confiant de leurs professeurs qui les aidera à reprendre conscience de leur capacité à surmonter l'épreuve de l'enseignement à distance.

Je tiens également à saluer le travail réalisé par l'ensemble des établissements : dès la sortie du premier confinement, nous avons préparé la rentrée universitaire. Si nous avons tous espéré qu'elle se fasse à l'université, nous avions également envisagé qu'elle ait lieu à distance. Plus de 35 millions d'euros ont été débloqués pour équiper des salles, former et préparer. Une immense solidarité s'est déployée au sein des universités : des enseignants-chercheurs ont préparé des tutoriels pour aider les autres à utiliser les outils et les logiciels. Voilà ce que nous devons aux étudiants et à quoi s'emploient en permanence les professeurs depuis que les étudiants sont revenus.

Nous avons financé la présence de 20 000 tuteurs dans les universités, afin d'accompagner les étudiants et de leur redonner confiance. Ces derniers ont vécu des moments difficiles, mais ils n'ont pas lâché et n'ont pas craqué. La preuve : les taux de présence et de réussite aux examens sont presque les mêmes que ceux de l'année dernière – nous analysons les quelques cas qui échappent au constat d'ensemble et nous sommes en contact avec les établissements pour remédier à ces situations particulières. Le système, les enseignants-chercheurs, les établissements et les étudiants ont tenu.

Bien sûr, l'année n'a pas été comme les autres, mais elle leur aura beaucoup appris, notamment sur la force qu'ils ont en eux-mêmes.

Mme la présidente. Nous passons aux questions du groupe Agir ensemble.

La parole est à M. Pierre-Yves Bournazel.

M. Pierre-Yves Bournazel. J'associe à cette question mon collègue Jean-Charles Larsonneur, député du Finistère très engagé sur les questions relatives à la jeunesse. Depuis un an, la jeunesse subit des privations en raison de l'état d'urgence sanitaire. C'est tout le paradoxe de ce virus qui touche moins fortement les jeunes mais en fait des victimes collatérales.

Les conséquences économiques et sociales les frappent de plein fouet. Au-delà de la précarité, la jeunesse ressent une souffrance morale et psychologique car elle ne peut pas vivre pleinement son âge d'or, période structurante pour le reste de la vie. La culture, le sport, la vie nocturne, la joie de se retrouver entre amis, le désir d'engagement pour la planète et pour les autres sont constitutifs de la jeunesse. Les jeunes sont les forces vives de notre nation. C'est en les mettant au coeur de notre projet, en les écoutant, en les respectant et en les associant que le pays progressera.

Le rapport de la commission d'enquête contient de nombreuses propositions et ouvre de nombreuses pistes : dessinons ensemble des perspectives d'avenir pour associer les jeunes à l'élaboration des politiques publiques et à la revitalisation du tissu associatif. Quelles sont vos futures actions et les pistes que vous retenez de ce rapport ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. De très nombreuses pistes figurent en effet dans le rapport. Je n'avais pas anticipé votre question, mais ce travail est si important que j'ai souligné les différents dispositifs que nous devons étudier en priorité.

Tout d'abord, il convient de financer des recherches consacrées à l'étude des modalités de contamination, notamment au rôle des jeunes dans les chaînes de contamination. C'est essentiel pour mieux comprendre et mieux se préparer à d'éventuelles futures pandémies.

Il faut par ailleurs sensibiliser les jeunes et les familles au risque de cyberharcèlement et de cyberviolence. Il convient également de renforcer l'attractivité des professions de santé et le soutien à ceux qui les exercent.

Au-delà du recrutement des psychologues de ville, qui vont nous accompagner dans cette période particulière, j'évoquerai le recrutement de psychologues par les établissements – nous allons doubler le nombre de ceux qui leur sont affectés – ou encore les recrutements dans les services sociaux.

Il s'agit aussi, comme cela a été mentionné tout à l'heure, de finir le travail que nous avons commencé sur le revenu universel d'activité, ou de renforcer les moyens humains et matériels des dispositifs de santé universitaires : là aussi, nous travaillons avec les universités pour améliorer le fonctionnement de leur SSU – service de santé universitaire. Il faut en outre être capables de modifier les contrôles des connaissances, de reporter les stages, de tenir compte des retards liés à la crise sanitaire, pour faire en sorte que les années soient préservées – des exigences mentionnées dans le rapport. Je pourrais encore citer de nombreuses pistes. Il me paraît essentiel de s'appuyer sur ce travail parlementaire, d'une très grande facture, pour que nous puissions, tous ensemble, apporter les bonnes solutions, parce que le problème de la jeunesse n'est pas le problème du Gouvernement : il est celui de la nation. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Mme la présidente. La parole est à M. Pierre-Yves Bournazel, pour poser une seconde question.

M. Pierre-Yves Bournazel. Depuis plus d'un an, l'épidémie mondiale de la covid-19 bouleverse nos vies. C'est une épreuve collective sans précédent pour notre génération et, davantage encore, pour la jeunesse. À l'âge où l'on rêve d'explorer le monde, les jeunes sont confrontés à un horizon qui leur apparaît bien étroit et profondément fermé. Étudiants, apprentis, jeunes travailleurs : tous ceux qui entrent sur le marché du travail subissent de plein fouet la crise sanitaire, économique et sociale, dont les répercussions sont également affectives et psychologiques. Je mesure dans mon arrondissement, le 18e arrondissement de Paris, la précarité de la jeunesse, qui n'a plus accès aux emplois étudiants, et qui doit suivre ses cours à distance avec ce que cela implique en matière d'isolement. J'ai conscience de l'angoisse que cette situation peut engendrer : les témoignages qui nous sont livrés sont souvent assez terribles. Le doute et l'incertitude, me disent les jeunes, sont le lot du quotidien.

Mais il y a également des raisons d'espérer et d'avoir confiance. Face aux multiples crises que traverse la jeunesse, le Gouvernement a pris une série de mesures de soutien inédites. Je veux notamment rappeler ici le repas à un euro dans les CROUS ou la garantie jeunes de 500 euros par mois pour chaque stagiaire de la formation professionnelle, votée dans le projet de loi de finances. De son côté, la région Île-de-France a annoncé en début de semaine un revenu jeunes actifs conditionné à une formation gratuite pour les moins de 25 ans sans emploi.

Madame la secrétaire d'État, pouvez-vous nous indiquer dans quelle mesure cette initiative pourrait se développer en partenariat avec l'État, afin d'éviter des effets de doublon ou de concurrence ? Il me semble que c'est la clé pour relever le défi collectif auquel est confronté le pays. En effet, la confiance en l'avenir de la jeunesse passe aussi par la capacité des décideurs à travailler ensemble, main dans la main, à tirer tous dans le même sens, celui de l'intérêt général. C'est ainsi que nous serons efficaces : État, collectivités territoriales, entreprises et monde associatif, ensemble pour la jeunesse.

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Vous l'avez dit, l'espoir et l'élan sont nécessaires et ne peuvent réellement se conjuguer que si chacun est dans son rôle, apportant de l'énergie, des réponses et des solutions. Plus que jamais, le Gouvernement – l'État –, a agi de manière inédite : 7 milliards avec le plan 1 jeune, 1 solution, vous l'avez rappelé. À chacune des jeunesses correspondent des réponses, qui ont évolué depuis mars, parce que les conséquences de la crise ont changé au fur et à mesure de sa prolongation.

Vous avez évoqué l'accès à l'emploi : plus que jamais, le recrutement des jeunes a été soutenu et stimulé. Grâce au plan 1 jeune, 1 solution, 1,2 million de contrats ont été signés, ainsi que 550 000 contrats d'apprentissage – entre autres – pour ne parler que de la question économique et de l'insertion sur le marché du travail. Au-delà, plus de 600 000 jeunes ont été accompagnés et accueillis.

Vous demandez comment conjuguer nos efforts et faire converger les énergies de chacun. C'est le point évoqué par la ministre Frédérique Vidal il y a quelques minutes. La jeunesse est évidemment un enjeu pour la nation et nous pouvons tous lui apporter une réponse et l'accompagner dans cette période : les entreprises bien sûr, en lui faisant confiance, en recrutant, en créant des emplois, en ouvrant des stages ; les collectivités, en diffusant de l'information sur les solutions, mais également en apportant des compléments, comme le dispositif de la région Île-de-France que vous avez évoqué. Je salue ce dispositif, puisqu'il va dans le sens de la garantie jeunes et de l'insertion vers l'emploi. J'alerte simplement sur l'importance d'accompagner humainement et individuellement le jeune qui a besoin d'une réponse d'un montant de 500 euros. Tel est l'esprit de la garantie jeunes : sa force, au-delà de l'aide financière, est avant tout l'accompagnement humain.

Si je devais formuler un voeu, ce serait le lancement de travaux concertés avec les services de l'État, pour que l'ensemble des jeunes puissent en bénéficier, sans laisser sur le bord de la route ceux qui ont besoin d'un accompagnement humain plus fort pour retrouver une formation, recouvrer leur énergie et surmonter cette crise.

Mme la présidente. La dernière question est posée par Mme Albane Gaillot, députée non inscrite.

Mme Albane Gaillot. La situation d'extrême précarité dans laquelle se trouve la jeunesse depuis le début de la crise sanitaire est devenue inacceptable : elle ne peut plus durer. Détresse psychologique, isolement, mais également précarité financière : les étudiantes et les étudiants cumulent les difficultés, ne parvenant plus à joindre les deux bouts. Des ONG ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation des jeunes femmes pendant le confinement. Le constat est sans appel : 65 % à 70 % des étudiants aidés par les ONG sont des femmes. Déjà, avant la crise, la précarité touchait davantage les jeunes femmes, qui sont 40 % à être boursières, contre 34 % d'étudiants. Or la précarité a des effets sur de nombreux aspects de la vie, dont le recours aux soins sur lequel je souhaite appeler votre attention.

Quel accès aux soins pour les étudiants, et particulièrement les étudiantes, pendant la crise sanitaire ? 28 % d'entre eux évoquent des délais de rendez-vous trop longs et 12,5 % des difficultés en matière de distance et de mobilité pour consulter un médecin. Je me pose également la question des capacités d'accueil et de prise en charge des étudiants dans le cadre des structures de santé universitaires. Si ces services sont demeurés largement ouverts pendant le confinement, ils ont été principalement tournés vers la gestion de l'épidémie. Qu'en est-il de tout le reste, de l'accès à l'information et à la prévention en matière de santé sexuelle et de l'accès à l'IVG ? Les périodes de confinement ont exacerbé et mis en lumière les difficultés de recours à l'IVG, laissant craindre une augmentation du nombre de grossesses imposées du fait du dépassement des délais légaux.

Comment éviter de sacrifier cette génération ? Il faut avant tout lutter contre toutes les formes de précarité étudiante, ce qui suppose de prendre en compte l'ensemble des inégalités, dont celles liées au genre. Il faut accompagner les mesures conjoncturelles de réels changements structurels. Il faut garantir aux jeunes un accès effectif à leurs droits, dont l'accès aux soins.

Comment repenser et réaménager le service de santé universitaire pour que la continuité de la prévention et des soins soit assurée, même en cas de crise sanitaire, et, je dirais même, surtout en cas de crise sanitaire ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Frédérique Vidal, ministre. Vous avez raison de saluer le travail effectué par le service de santé universitaire et, plus généralement, par ce qu'on appelle aujourd'hui les centres de santé universitaires. Pourquoi les appelle-t-on ainsi ? Parce que, depuis quatre ans, nous accompagnons la transformation de chaque service en véritable lieu dans lequel non seulement les personnels des établissements peuvent accueillir les étudiants et les étudiantes, mais où l'on peut aussi accueillir des professionnels de santé venant de l'extérieur. Ainsi, on peut proposer dans ces centres des demi-journées ou des journées consacrées aux consultations gynécologiques ou ophtalmologiques, par exemple. Ces centres de santé permettent donc de consulter des spécialistes : bien sûr, des conventions sont passées, de manière à ce que les étudiants n'aient pas à avancer de frais.

Il y a des particularités, en effet, et souvent les femmes sont plus précaires : elles le sont de manière générale parce qu'elles occupent plus fréquemment des emplois à temps partiel ou rencontrent plus de difficultés à trouver du travail. Pour les étudiantes, j'ai annoncé la gratuité des protections périodiques, une mesure qui, loin d'être anecdotique, est une mesure de dignité visant à résoudre un problème spécifique qui touche particulièrement les étudiantes en situation de précarité.

Comme je le dis depuis le début de l'après-midi, chaque fois que les associations ou les étudiants eux-mêmes mettent sur la table leurs problèmes concrets, nous essayons d'y apporter des solutions. Les faits que vous signalez ont probablement existé, malgré l'immense implication des centres de santé universitaires, mais nous allons continuer à transformer chaque SSU en centre de santé qui pourra accueillir des spécialistes. C'est un engagement qui avait été pris et, bien sûr, nous le tiendrons.

Mme la présidente. La séance de questions est terminée.


Source http://www.assemblee-nationale.fr, le 5 mars 2021