Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Notre invitée, c'est Amélie de MONTCHALIN, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique. Bonjour.
AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.
SANDRA GANDOIN
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On a deux gros dossiers avec vous aujourd'hui : le cloud souverain d'abord, et puis après on parlera évidemment de l'Open Data, avec les succès des applications privées de la French Tech, grâce à la data qui est mise à disposition de tous par le gouvernement. Mais on commence évidemment par le cloud, parce que c'est la journée où le gouvernement doit faire ses annonces sur le cloud souverain, c'est un vrai sujet de préoccupation de souveraineté, et aussi de sécurité pour les entreprises.
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, effectivement, on est à un moment assez inédit, parce que la crise sanitaire nous a montré la place que pouvait prendre le numérique, à la fois un moment inédit de modernisation, bien sûr des services publics numériques, mais aussi dans le secteur privé, et un moment clef de souveraineté. Parce que le cloud c'est à la fois un levier infini d'innovation, mais c'est aussi un certain danger, notamment pour éviter que les données des Français, quand elles sont sensibles, se retrouvent par inadvertance, aux Etats-Unis, en Chine ou attaquées par des attaques cyber.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et là vous avez raison, avec la pandémie, des milliers d'entreprises qui ne s'y étaient pas mises, à la digitalisation, ou au stockage dans le cloud, l'ont fait…
AMELIE DE MONTCHALIN
Et donc on doit le faire avec confiance, avec souveraineté, avec sérieux et donc ce matin avec Bruno LE MAIRE et Cédric O, nous allons présenter un plan en trois parties, très simple ; la première chose c'est que nous créons un label de confiance, pour que tous ceux qui achètent une solution de cloud, puissent être certains que cette solution protège bien les données et évite que les données, comme je vous le disais, soient par inadvertance ensuite récupérées par des gens qui sont en dehors de nos frontières, de nos valeurs européennes…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Que ce soit des acteurs français ou étrangers, tout le monde pourra avoir ce label ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Il faudra répondre aux critères.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'accord.
AMELIE DE MONTCHALIN
Critères de cyber sécurité, critères juridiques, critères de protection, contre ce qu'on appelle les lois extraterritoriales, c'est-à-dire des gens qui sont en dehors de l'Europe, en dehors de nos valeurs, en dehors de nos principes, et qui pourraient à un moment donné, si on n'avait pas ce label en place, pouvoir récupérer les données. Donc ça c'est la première chose.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui peut refuser ce label ? Vous, le gouvernement ? Il y aura une instance administrative ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, on a des administrations notamment comme l'ANSI, qui est l'administration en charge de la sécurité informatique.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'accord, qui donnera ou refusera le label.
AMELIE DE MONTCHALIN
Qui regardera techniquement la qualité des solutions et aussi le caractère juridique, parce qu'il n'y a pas qu'un sujet technique, il y a aussi est-ce que juridiquement on est bien protégé de ce qui pourrait se passer en dehors de nos valeurs et de nos frontières européennes ? Le deuxième sujet, c'est un sujet effectivement de modernisation des services publics numériques. Comment l'Etat, le gouvernement, par le cloud, peut offrir aux Français un meilleur service, en faire une solution et un levier d'innovation, d'ergonomie, de choses qui soient à la qualité de ce qu'on vit dans le reste du pays. Je vous donne un exemple : au 1er janvier 2022, grâce au cloud, nous aurons un système totalement dématérialisé pour les permis de construire, pour les demandes d'urbanisme. Tous les Français le savent, tous les chefs d'entreprise le savent, une demande d'urbanisme aujourd'hui c'est un dossier papier en 5 exemplaires, très épais, qu'on emmène 5 fois à la mairie et qui se répartit entre différents acteurs, différentes personnes qui regardent le dossier. Grâce au cloud, un dossier en numérique, en 2022, ça c'est une vraie innovation. Il faut qu'on le fasse bien sûr de manière sécurisée, ce sera le cas. Et puis troisième volet de notre plan, c'est un investissement grâce notamment au plan de relance, pour que nous soutenions une filière d'acteurs européens, qui soit aux meilleurs standards de qualité. Voilà. Donc, de la souveraineté, de la qualité, de la sécurité et de l'innovation, tout ça pour protéger à la fois les Français et donner de la visibilité aux acteurs de l'ensemble du pays.
SANDRA GANDOIN
Ça demande un budget de combien, un plan pareil ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, un plan, vous savez, c'est dans le cas de France relance, on a un milliard d'euros pour la mise à niveau numérique de l'Etat. Il y a aussi un aspect européen qui sera présenté ce matin, parce qu'on n'y va pas tout seul, c'est la bonne échelle pour tous ces sujets, Thierry BRETON, vous savez, commissaire, porte aussi cette ambition européenne, et donc c'est à la fois France relance au niveau français et un plan européen, ce sera présenté tout à l'heure.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il y a cette nécessité effectivement de souveraineté numérique, on a été tous beaucoup marqué, beaucoup d'entreprises aussi par l'incendie quand même d'OVH Cloud. Là, on a pourtant une entreprise française, européenne, on a pourtant des… et on voit ce risque associé au digital et au numérique.
AMELIE DE MONTCHALIN
Toute technologie, vous savez ce n'est pas parce que ça a l'air numérique, qu'il n'y a pas derrière des choses très physiques, des serveurs, des lieux à sécuriser. D'abord on en a tiré les leçons.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui. Lesquelles, du coup ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Les leçons, c'est que dans le cadre notamment de ce plan, de la sécurité, de la confiance qu'on doit générer, on doit avoir des plans de résilience, des plans de reprise d'activité, on va rehausser évidemment les standards de sécurité. Moi j'ai…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc dans le cloud souverain, dans le label, il y aura aussi la nécessité d'avoir un back up par exemple.
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors, évidemment toutes les solutions de redondance, comme on dit, de résilience, pour s'assurer que les données ne soient pas perdues.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Eh bien oui.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais si je reviens sur cet incendie, j'ai rencontré encore la semaine dernière le directeur général d'OVH, pour faire le point sur ce qui s'était passé, sur les investissements qu'il faisait et la manière dont on pouvait s'assurer que ça ne se reproduise pas. Mais il y a un élément important, c'est que lors de cet incendie, d'abord aucune donnée des 250 démarches les plus usuelles des Français, sont portées en partie par aujourd'hui les solutions de cloud, aucune donnée n'a été perdue…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui, mais il y a beaucoup d'entreprises qui ont été désorganisées dans leur production, pendant des jours, voire des semaines.
AMELIE DE MONTCHALIN
Evidemment. Ce que l'on a vu, c'est qu'il y avait un sujet de continuité d'activité, et donc ça demande effectivement qu'il y ait des backups, de la redondance, et aujourd'hui qu'on soit d'ailleurs beaucoup plus ambitieux sur ces enjeux-là. Côté Etat on l'est déjà, il y a eu une seule application qui a été en difficulté pendant quelques heures c'était la commande publique, pour le reste on doit là aussi, mais c'est aussi l'ambition de ce plan, que la technologie soit un outil de sécurité, et bien suivi avec des labels qui vont bien.
SANDRA GANDOIN
Rapidement, il y a le cadre mais il va falloir former aussi pour arriver à ce plan, à la conclusion de ce plan.
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, moi je suis ministre de la Fonction publique, au sein des agents de l'Etat il y a 18 000 aujourd'hui agents qui s'occupent de nos solutions numériques. Notre enjeu c'est effectivement qu'ils s'occupent un peu moins d'hébergement de solutions classiques, beaucoup plus en fait de l'ergonomie, la qualité des services, et donc évidemment il y a un plan de formation, parce qu'il y a une remise à niveau. Ceux et celles qui connaissait les solutions d'hier doivent maintenant se mettre au niveau des solutions qui sont à la pointe du service et de la technologie d'aujourd'hui.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Dans une demi-heure, à votre place, il y aura Guillaume ROZIER, le fondateur de Covid Tracker, Vite ma dose !, Chronodose. Il a fait l'événement des derniers mois, grâce à lui vous avez atteint l'objectif des 20 000 premières doses de vaccinés, 20 millions.
AMELIE DE MONTCHALIN
Là, aussi, juste…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est grâce à lui, non ?
AMELIE DE MONTCHALIN
… moi je trouve que c'est formidable que nous ayons dans notre pays, des jeunes, des bénévoles au départ, qui pour l'intérêt général…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Eh bien on est d'accord…
AMELIE DE MONTCHALIN
… offrent des solutions. Mais juste il faut rappeler quelque chose, si ça se passe en France et si ça ne se passe d'ailleurs pas comme ça dans d'autres pays, c'est que la France a fait le choix politique depuis maintenant des années et que nous avons renforcé depuis 2017, de l'Open Data. Nous sommes le deuxième pays de l'OCDE, c'est l'OCDE qui le dit, en termes d'ouverture des données publiques, nous avons pendant cette pandémie fait la transparence totale, à la fois sur les cas, sur les tests, maintenant sur les doses de vaccins, sur où est-ce qu'elles sont, sur les niveaux de variant, en rendant public ça, notre enjeu c'est de créer de la confiance là aussi avec les citoyens, de la transparence, et donc de permettre à ceux qui le souhaitent, d'utiliser des données publiques, et de se mettre dans cette possibilité où l'Etat ne fait pas tout, l'Etat rend possible…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ce n'est pas ça l'avenir de l'Etat justement ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez, il y a beaucoup de gens qui théorisent l'Etat plateforme, c'est-à-dire l'Etat il doit réguler, il doit mettre à disposition des éléments, il doit réguler les sujets où personne ne va…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais pas se mêler de tout.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais l'Etat n'a pas vocation à tout faire, en revanche il doit permettre ce qui doit faire que la démocratie fonctionne, que les citoyens soient informés, qu'il y ait de la transparence, qu'il y ait de la confiance. Vous savez, le baromètre des résultats, de l'action publique, aujourd'hui qui est sur le site du gouvernement, tous les Français peuvent aller sur gouvernement.fr, regarder département par département où en sont les avancées de nos 36 politiques prioritaires. Ça c'est aussi de l'Open Data. Il y a ensuite beaucoup de données qui sont exploitées par d'autres personnes, et c'est très bien, mais nous devons nous, Etat, nous mettre dans une situation où nous rendons possible la transparence, l'innovation. Nous ne faisons pas tout mais nous devons réguler, et voilà être sur ce dialogue citoyen nouveau, c'est un gouvernement ouvert, et je crois que c'est aussi la clé de la modernité et de la confiance démocratique.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Voilà, la ministre Open Data, Amélie de MONTCHALIN, et dans une demi-heure Guillaume ROZIER, le fondateur de Vite ma dose ! qui sera sur ce plateau.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci beaucoup.
SANDRA GANDOIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 mai 2021