Interview de M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, à LCI le 10 mai 2021, sur la situation sanitaire qui s'améliore, son appel à la vigilance, le taux d'incidence et les variants Covid-19.

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Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Olivier VERAN.

OLIVIER VERAN
Bonjour.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci Monsieur le Ministre de la Santé d'être ce matin sur LCI. C'est une journée importante pour la vaccination, on va en parler évidemment. Mais compte tenu d'abord de l'évolution de l'épidémie, est-ce que vous nous confirmez ce matin que les terrasses rouvrent toutes, et dans toute la France, le 19 mai ?

OLIVIER VERAN
Oui, et c'est heureux. Je dis oui parce que les conditions le permettent, le président de la République avait expliqué que s'il y avait un département qui avait un taux d'incidence, c'est-à-dire, une circulation du virus, qui était supérieur à un certain niveau, eh bien, ça pouvait être remis en question dans les départements ou dans les villes concernées. A l'heure à laquelle je vous parle, l'épidémie poursuit sa décroissance, parce que les Français ont été solides, ils ont été courageux, les mesures de freinage ont fonctionné, ça valait le coup, encore une fois, de se battre. Aujourd'hui, l'épidémie circule encore, le virus circule encore à un niveau qui est élevé, quasiment 18.000 cas diagnostiqués par jour en moyenne, enfin, ce n'est plus les 40.000 cas qu'il y avait il y a un mois et demi. Et la pression sanitaire, et ça, c'est pour moi l'indicateur le plus important, la pression sanitaire sur nos hôpitaux, sur nos réanimations diminue à un rythme qui est désormais soutenu, pas loin de 100 malades par jour peuvent quitter la réanimation, nous sommes tombés en dessous de la barre symbolique des 5.000 patients atteints du Covid en réanimation, c'est encore beaucoup, c'est encore trop, ça ne nous permet pas, par exemple, d'arrêter toute la déprogrammation des soins pour les malades non-Covid, mais les perspectives sont plutôt bonnes. Ça ne veut surtout pas dire, mais ça, les Français le savent, et ils me voient venir, qu'il nous faudrait trop relâcher nos efforts aujourd'hui, on maintient les gestes barrières, on maintient la distanciation, mais on retrouve un peu de vie.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c'est important, parce qu'on a vu des images évidemment ce week-end de Français, premier week-end au-là de 10 kilomètres, etc., sur les plages, regroupés. Où est-ce que vous mettez le curseur, j'allais dire, du relâchement prévisible, mais à partir de quand les Français pourraient compromettre votre stratégie, et donc notre avenir ?

OLIVIER VERAN
Notre stratégie, elle est d'abord, encore une fois, d'informer les Français, et ils le savent parfaitement depuis 15 mois, sur la nécessité de faire gaffe pour soi et pour les autres. Par exemple, je les appelle, alors qu'il va y avoir un long week-end de 4 jours, à ne pas hésiter à se faire tester en pharmacie, en laboratoire, en autotest, en test antigénique, en PCR, avant de retrouver leur famille. On va déployer d'ailleurs des centaines de milliers de tests et d'autotests pour les Français qui le souhaitent dans les jours à venir, puisque ça va être quand même un week-end charnière, on a envie de se retrouver, on a envie de voir ses parents, on a envie de changer parfois de département, de profiter de la période, même si je crois qu'il va faire un week-end particulièrement pluvieux, hélas.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça vous rassure.

OLIVIER VERAN
Et donc on fait attention. Eh bien, non, ça ne me rassure pas, moi, j'ai envie, si vous voulez, qu'une fois qu'on a fait cet effort collectif d'arriver à combattre le virus efficacement, j'ai envie qu'on puisse retrouver de la vie telle que nous avons pris l'habitude de la vivre…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, pardon, ce qui vous rassurait, c'est qu'on soit dehors…

OLIVIER VERAN
Et la grande différence, c'est que je pense à ces commerçants, à ce vendeur de chaussures, ou cette commerçante qui va pouvoir rouvrir enfin son commerce, reprendre son activité. Et ça fait des mois qu'ils attendent cela. Donc c'est forcément une période qui est importante, on ne va pas la compromettre en faisant n'importe quoi. Mais je suis convaincu que les Français, encore une fois, ils ont les clefs de lecture et de compréhension et ils sont responsables.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais pour poser une question que tout le monde se pose, c'est comme ça, vous la craignez ou pas la quatrième vague ? Il y a un risque ?

OLIVIER VERAN
Je ne la crains pas dans l'immédiat, parce qu'on ne va pas tout d'un coup arrêter complètement notre vigilance, donc, on va vaincre cette vague épidémique, j'espère sincèrement qu'on descendra au niveau le plus faible possible, la période estivale, il finira bien par faire beau et chaud, donc permettra sans doute aussi de renforcer notre efficacité face à l'épidémie, mais on restera vigilant, et moi je serai une espèce de sentinelle de l'épidémie telle que je le suis depuis un certain nombre de mois maintenant, y compris au coeur de l'été…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous serez les rabat-joies.

OLIVIER VERAN
Pas rabat-joies, attentifs…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais au-delà de ça, il y a beaucoup de médecins qui sont sur les freins, vous le savez, il y a encore eu une tribune de dizaine de médecins ans le JDD hier, exaspérés par vos critères de déconfinement, Monsieur le Ministre, fixer à 400 le taux d'incidence contre 250 avant, on passe, disent-ils, d'une gestion active à une gestion passive de l'épidémie, vous êtes plus passif qu'actif, disent-ils, donc vous regardez... vous laissez faire…

OLIVIER VERAN
Je dis à ces confrères qui ont signé une tribune dans la presse que le taux d'incidence n'est pas à 400 dans notre pays, il est quasiment à 200 aujourd'hui, et qu'il continue…

ELIZABETH MARTICHOUX
Parce qu'il est descendu, je vous parle…

OLIVIER VERAN
Il continue de diminuer.

ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous parle du taux fixé par Emmanuel MACRON pour mettre les freins sur le déconfinement et son calendrier, vous le savez bien.

OLIVIER VERAN
Donc on est largement en dessous de ce niveau. Donc la question des 400 ne se pose plus à l'heure à laquelle je vous parle, il n'y a pas de raison de penser qu'on repasserait au-dessus de 400 dans la semaine, donc ça, c'est déjà derrière nous. Ensuite, ce qu'il faut vraiment comprendre, souvenez-vous l'été dernier, et j'avais fait l'objet de pas mal de critiques à l'époque, parce que je peux comprendre, mais à la fin du mois d'août, c'était reparti dans les Bouches-du-Rhône, et là, il avait fallu mettre un coup de frein pour éviter que l'épidémie ne s'étende sur tout le territoire, ce qui est très important, c'est que si on est capable de déconfiner dans de bonnes conditions, on soit capable d'être très réactif si lorsque la vague épidémique sera derrière nous, on voyait que ça repartait à certains endroits, très réactif, ça veut dire parfois mettre en place des mesures de freinage d'urgence, et donc il y a plusieurs indicateurs qui peuvent être pris en compte pour freiner d'urgence là où l'épidémie repartirait. Nous l'avons fait en Guyane l'été dernier, nous l'avions fait en Mayenne, on avait ainsi évité des reprises.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ils ont beau jeu de dire que l'Allemagne par exemple, elle place la barre du reconfinement à 100 cas, le Portugal à 120 cas, nous, 400, pardon, mais en réalité, on va se dire les choses, est-ce qu'Emmanuel MACRON ne place pas la barre très, très haut, pour ne pas avoir à déconfiner (sic), ou à reconfiner, pardon, pour ne pas avoir à reconfiner jusqu'à ce que la vaccination soit très étendue, franchement ?

OLIVIER VERAN
Deux éléments de réponse…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas ça ?

OLIVIER VERAN
D'abord, vous citez l'Allemagne, l'Allemagne, ils sont aux alentours de 17.000 cas par jour alors qu'ils font 2 à 3 fois moins de tests que nous, nous sommes à 18.000 cas par jour, donc si on compare les deux, on n'est pas très loin, or, je constate que les Allemands sont aussi dans la notion de déconfinement. Ensuite, ce qui a changé par rapport à l'année dernière, c'est la vaccination, une incidence donnée, c'est-à-dire un niveau de circulation du virus donné ne signifie plus la même chose qu'il y a un an, les personnes âgées ne meurent plus en EHPAD ou très, très peu, il y a beaucoup moins de dégâts sanitaires pour un niveau d'épidémie donné, parce que nous avons réussi à vacciné massivement les Françaises et les Français les plus fragiles, ceux qui allaient à l'hôpital et ceux qui allaient en réanimation, cela nous permet toujours, vous savez, quand on gère une pandémie comme celle-ci, on n'a pas un regard qui est strictement sanitaire, on tient compte de l'impact sur les gens, santé mentale, on en a beaucoup parlé, vie économique, vie culturelle dans notre pays, qui ne demandent qu'à repartir. Donc avant de mettre en place des contraintes, on vérifie toujours qu'on met le niveau minimal de contraintes possibles pour être efficace par rapport à la situation épidémique. Et ces critères-là, Elisabeth MARTICHOUX, ils ont le droit d'évoluer dans le temps, puisque, encore une fois, la vaccination a changé la donne.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, c'est votre droit, en effet, ils disent que c'est un droit que vous exercez au nom de la politique plus que du sanitaire…

OLIVIER VERAN
Tout le monde fait de la politique, vous savez quand vous publiez une tribune dans le JDD, finalement, vous faites de la politique, vous n'avez pas besoin d'avoir une étiquette et de brandir une idéologie ou un parti pour faire de la politique. Quand on s'exprime dans l'espace public, et c'est notre droit comme citoyen, on est déjà dans une démarche qui est politique, quand on interpelle les pouvoirs publics sur des sujets...

ELIZABETH MARTICHOUX
Quand on critique la politique d'un gouvernement, on n'est pas forcément politique soi-même, on a le droit d'exercer son esprit critique sans être taxé de démarche politique…

OLIVIER VERAN
Oui, mais un collectif qui s'associe, et encore une fois, ce n'est absolument pas critique ce que je dis, je leur reconnais totalement le droit de s'exprimer, mais convenons entre nous qu'un collectif de citoyens qui prend la plume pour faire une tribune et qui explique qu'une décision qui est prise par le gouvernement serait plus politique que sanitaire, en soi, constitue déjà un acte politique, on ne va pas faire une desserte de philo, mais on n'en est pas très loin…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous dites : ils font de la politique. La France vient d'étendre à 7 pays supplémentaires, Turquie notamment, Turquie et Qatar, tiens, la quarantaine obligatoire, comme ça avait été déjà le cas pour l'Inde évidemment et le Brésil ; ça veut dire que le péril peut arriver de l'extérieur à tout moment... ?

OLIVIER VERAN
Le péril peut arriver de l'extérieur, en tout cas, on est extrêmement attentif, et ça, depuis des mois et des mois, à ce qu'il n'y ait pas trop de personnes potentiellement contaminées par des variants dont on connaît le potentiel de dangerosité, qui viennent de l'extérieur du pays, c'est pourquoi nous avons des règles européennes et françaises très contraignantes d'ailleurs, en France, nous avons des règles plus contraignantes que la quasi-totalité des pays européens en la matière, puisque nous avons été amenés à fermer certaines frontières, et aujourd'hui, nous disons : lorsque le virus circule beaucoup dans un pays, lorsqu'il y a beaucoup de variants dont on ne connaît pas encore toutes les caractéristiques, et lorsque les systèmes sanitaires dans ces pays ne nous permettent pas d'être sûrs que tout est mis en oeuvre pour empêcher la circulation de personnes malades, et alors même que nous demandons, dans le même mouvement, aux Français de respecter des contraintes dans leur quotidien, il est assez légitime de se dire qu'on va faire très attention.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais combien de variants indiens, là, ce matin, à ce stade, en France ?

OLIVIER VERAN
On est aux alentours, on était à 20 personnes contaminées en fin de semaine dernière en variant indien, réparties sur 5 groupements de cas, donc il n'y a pas une diffusion massive de ce variant à l'heure actuelle, et puis, surtout, le variant, il possède en fait une mutation en commun avec les variants qu'on connaît bien, qui sont les variants sud-africains et les variants brésiliens, ce que nous disent les scientifiques, c'est qu'il n'est pas nécessairement amené à être plus dangereux ou plus contagieux que ces deux autres variant sud-africains et brésiliens, mais principe…

ELIZABETH MARTICHOUX
1.000 morts en 24h en Inde…

OLIVIER VERAN
Principe de précaution, oui, enfin, l'Inde a une population très dense, un système sanitaire qui est complètement éclaté, où, très rapidement, vous avez des images qui sont terribles, d'ailleurs, moi je suis très fier que la France envoie du matériel médical en quantité en Inde pour leur venir en aide, ils n'ont pas assez d'oxygène pour leurs malades, il y a 3 patients par lit qui se passent le masque toutes les 10 minutes, enfin, là, on est dans une situation qui n'est plus sanitaire en Inde, mais humanitaire, donc on leur vient en aide, comme ils ont pu venir d'ailleurs en aide à l'Europe, lorsque nous avions besoin de médicaments qu'ils produisaient en quantité.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y a pas de week-ends et de jours fériés pour la vaccination, ça, c'est une phrase signée Emmanuel MACRON, combien de vaccinations ce week-end en tout ?

OLIVIER VERAN
Nous avons fait plus de 450.000 vaccinations ce week-end, c'est ce qui fait de ce week-end le meilleur week-end en termes de vaccination, d'ores et déjà, depuis le début de la campagne, 3,2 millions de Français ont reçu une injection de vaccins au cours de la semaine passée, c'est notre meilleure semaine de loin, nous allons faire encore mieux cette semaine pour atteindre nos objectifs qui sont de protéger un maximum de Français.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et on va regarder un petit schéma signé CovidTracker, vous connaissez…

OLIVIER VERAN
Bien sûr…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ingénieur, vous l'avez appelé d'ailleurs, vous l'avez félicité pour tout ce qu'il fait ?

OLIVIER VERAN
Je l'ai eu assez tôt quand il s'est mobilisé au mois de janvier, les équipes travaillent avec lui, oui…

ELIZABETH MARTICHOUX
Regardez, c'est très clair sur ce schéma, pardon, qu'on va revoir, tous les creux, ce sont des week-ends, donc c'est assez parlant quand même. Pourquoi est-ce qu'on n'y arrive pas ? Pourquoi est-ce que la consigne d'Emmanuel MACRON, l'intendance ne suit pas ?

OLIVIER VERAN
Elisabeth MARTICHOUX, si je vous dis : vous avez, allez, 2 millions de vaccins, 2 millions de vaccins pour vacciner 2 millions de Français. Et je vous dis : vous vous organisez, mais l'objectif, c'est qu'à la fin de la semaine, vous aviez fait les 2 millions de vaccinations, si le vendredi soir, vous en êtes déjà à 1.700.000, est-ce que c'est une mauvaise nouvelle qu'il ne vous en reste que 300.000 à injecter, jusqu'ici, c'était la règle…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est un problème de doses, dites-moi, c'est un problème de doses ?

OLIVIER VERAN
Non, non, ce n'est pas un problème, c'est un enjeu d'être capable de pouvoir se reposer en famille le dimanche…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas un problème de doses, c'est un problème de personnels ?

OLIVIER VERAN
Aujourd'hui, la donne a changé, nous avons largement, suffisamment de vaccins, pour justifier de vacciner, non seulement, très massivement la semaine, mais aussi les week-ends, et en plus même les soirées et en début de nuit dans certains centres. Donc c'est pour ça que j'ai demandé la mobilisation générale de tous les centres de vaccination pour que, donc maintenant, qu'on n'est plus à 2 millions de vaccins, mais à 3,5 millions ou 4 millions, eh bien, y compris, le week-end, on puisse vacciner autant.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a des doutes sur la capacité d'atteindre l'objectif que vous aviez fixé avec Jean CASTEX, c'est-à-dire 20 millions de vaccinés le 15 mai, le 15 mai, c'est samedi ?

OLIVIER VERAN
Nous serons quelque part entre 19,6 19,7 et 20,2, 20,3, donc quelques heures avant ou quelques heures après, nous aurons fait les 20 millions. Donc c'est…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc c'est une question de jours ?

OLIVIER VERAN
Donc c'est une question d'heures, donc…

ELIZABETH MARTICHOUX
La dynamique est bonne ?

OLIVIER VERAN
Moi, mon objectif aujourd'hui, il est davantage maintenant tourné vers les 30 millions de Français primo vaccinés à la mi-juin parce qu'il faut toujours se fixer des objectifs plus ambitieux. Et donc c'est pour ça aussi qu'on mobilise tout le monde ; et ce n'est pas le ministre qui se mobilise, même si j'aurai l'occasion de mettre la blouse demain soir dans un centre pour…

ELIZABETH MARTICHOUX
Où ?

OLIVIER VERAN
En région parisienne. Je n'ai pas le nom du centre en tête, mais j'irai…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous pensez vraiment que ça va accélérer la campagne d'ailleurs cette façon de faire ?

OLIVIER VERAN
Vous savez, je demande énormément d'efforts à tout le monde en permanence, aux Français d'abord avec les mesures de freinage, aux soignants, aux agents des collectivités, dans tous les centres de vaccination, vient de se dire, là : mais pourquoi est-ce qu'on ne vaccine pas le week-end, mais si, il faut vacciner le week-end, cette semaine, on va vacciner la nuit, on va faire.…

ELIZABETH MARTICHOUX
Jeudi de l'Ascension ?

OLIVIER VERAN
On va faire des campagnes de vaccination sur des aires d'autoroutes, sur les routes des vacances, oui, avec des centres de vaccination éphémères, tout le monde se déploie partout, finalement, je suis médecin, c'est à ce titre d'ailleurs que j'ai été moi-même vacciné avec ma famille sanitaire, et j'ai trouvé assez légitime que je puisse aussi montrer aux personnes à qui je demande beaucoup d'efforts que j'étais capable d'en faire aussi, et puis, j'aime bien avoir les mains dans le moteur…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous savez toujours comment on pique ? Vous vous rappelez du geste... ?

OLIVIER VERAN
Oui, alors, le rôle d'un médecin dans un centre, il n'est pas tellement d'injecter le vaccin, mais de vérifier que l'indication est bonne, qu'il n'y a pas de questions ou d'inquiétudes des patients et de les accompagner en cas de pépin. Donc je ferai ça très naturellement et évidemment pas pour le côté bling-bling, et sans prétention d'accélérer la campagne à moi tout seul, mais c'est pour montrer qu'on est ensemble, voilà.

ELIZABETH MARTICHOUX
Encore un mot des objectifs, parce que Thierry BRETON, qui était invité hier à France-Inter, a rappelé l'objectif européen, 70 % des adultes vaccinés au 14 juillet. Nous, ça va être compliqué, c'est, 70 %, j'ai fait le calcul, 49 millions de Français vaccinés au 14 juillet…

OLIVIER VERAN
Des adultes, eh bien, il va falloir surtout aller mobiliser les Français…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il a dit la population d'ailleurs…

OLIVIER VERAN
A compter de juin, juillet, l'un des grands défis sera d'être capable de mobiliser les Français, parce que, si tout va bien à cette période-là, l'épidémie sera assez basse, si tout va bien, les Français auront envie de partir en vacances et de se changer les idées, et pourtant, c'est là qu'on va devoir leur dire : on a des vaccins, protégez-vous…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a une petite inquiétude sur la démobilisation avec les jours heureux, les départs en vacances, par rapport…

OLIVIER VERAN
Moi, je ne dis pas dans l'inquiétude, mais dans l'anticipation, et donc à l'heure où nous amplifions la campagne de vaccination, on réfléchit évidemment à la question des Français qui seront sur un lieu de vacances cet été, comment pourront-ils avoir leur rappel de vaccination, à la mobilisation des professionnels de santé, des pompiers, de tout le monde aussi dans les centres, pour que ça continue, des pharmaciens, des sages-femmes, des infirmiers qui vaccinent aussi ; donc c'est tout cela que nous faisons en temps réel.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous allez plus mettre de centres de vaccination dans les zones touristiques ?

OLIVIER VERAN
C'est une possibilité, bien sûr, et puis, les libéraux aussi…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous y travaillez ?

OLIVIER VERAN
Bien sûr, on y travaille, oui…

ELIZABETH MARTICHOUX
Et par exemple, moi, si je me fais vacciner…

OLIVIER VERAN
Ce qu'on fait ce week-end d'ailleurs…

ELIZABETH MARTICHOUX
Première dose en région parisienne et que je suis en Bretagne, est-ce que je pourrai avoir ma deuxième dose en Bretagne ou est-ce que…

OLIVIER VERAN
D'abord, vous aurez probablement une fenêtre de 4 à 6 semaines avant d'avoir votre rappel de vaccination, donc on peut aussi être capable de s'organiser.

ELIZABETH MARTICHOUX
On va jusqu'à 6 semaines maintenant ?

OLIVIER VERAN
C'est 6 semaines, oui, je veux dire, on ne va pas... avec 1.700 centres, je vais être franc avec vous, avec 1.700 centres, je ne vais pas demander aux médecins du centre de Paris 7ème d'être capable d'anticiper pour vous que dans 4 à 6 semaines, vous serez sur la Côte d'Azur, et que donc, on va prendre rendez-vous pour vous dans le centre, enfin, je veux dire, les gens sont aussi grands, adultes et responsables, donc nous, on met tout en oeuvre pour qu'il y ait des vaccins partout, et peut-être davantage de vaccins là où il y aura davantage de Français, et ensuite, les gens s'organisent ; on a quand même 6 semaines de visibilité quand on prend une date de rendez-vous pour une première injection.

ELIZABETH MARTICHOUX
Je n'ai pas bien compris votre réponse sur l'objectif au 14 juillet tel qu'il a été défini par Thierry BRETON, on y arrive ou pas à 70 %... ?

OLIVIER VERAN
Mais je n'ai pas de boule de cristal, moi, je vous dis juste qu'on met tout en oeuvre pour y arriver, mon objectif, vous savez, c'est 100 % de Français vaccinés avant la fin de l'été…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez mis les bornes, vous avez mis 20 millions, 30 millions…

OLIVIER VERAN
Non, mais, moi, je voudrais, dans un monde idéal, je voudrais que 100 % des gens se fassent vacciner le plus tôt possible, c'est-à-dire d'ici à la fin de l'été, donc ça veut dire qu'on va continuer de mobiliser la campagne vaccinale et de sensibiliser les Français tout au long de l'été pour arriver à cet objectif.

ELIZABETH MARTICHOUX
ASTRA, combien de doses en rade, j'allais dire, en attente, ASTRAZENECA, pardon ?

OLIVIER VERAN
Pour être très factuel, il y a eu 2 millions de doses qui ont été reçues la semaine dernière, il y en a 700.000 qui ont été commandées par les médecins libéraux, les pharmaciens, les infirmiers, les sages-femmes, il y en a 700 à 800.000 que nous gardons de côté pour faire les deuxièmes injections pour les Français qui ont eu leur première injection, et le reste, nous le déployons dans les centres de vaccination pour que si des Français viennent, qu'ils sont dans la cible pour se faire vacciner par ASTRA, et qu'ils souhaitent se faire vacciner par ASTRA, qui est un bon vaccin efficace, eh bien, ils puissent également en bénéficier.

ELIZABETH MARTICHOUX
Combien de doses, 1 million, 2 millions, de doses disponibles qui n'ont pas trouvé preneurs ?

OLIVIER VERAN
Mais je vous dis, il y a une livraison... mais ce n'est pas une question de trouver preneur ou non, ce sont des questions qu'entre le moment où des doses de vaccins arrivent dans votre pays et le moment où les Français sont vaccinés, ça prend toujours un petit peu de temps, c'est à la fois la logistique, le temps de convoquer ces patients, vendredi, on a fait... enfin, on a fait... vendredi, les libéraux ont fait 61.000 vaccinations sur une journée en ASTRAZENECA pour les Français.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous savez bien que dans les schémas…

OLIVIER VERAN
Plus on parle de ce vaccin en disant : ça ne marche pas, même quand on constate que ça marche, parce que 61.000 vaccinations sur une journée, pardon, c'est plutôt fonctionnel, mais plus on en parle en disant : mais ça ne marche pas, plus c'est curieux de me demander pourquoi est-ce que ça ne marche pas et ça ne marchera jamais...

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous l'avez dit à Emmanuel MACRON, ça ? Vous l'avez dit à Emmanuel MACRON, vous avez entendu sa phrase hier à Strasbourg sur l'A'TRAZENECA ?

OLIVIER VERAN
Mais le président de la République…

ELIZABETH MARTICHOUX
On va l'écouter, parce que, alors, à propos de messages contradictoires quand même, on l'écoute Emmanuel MACRON hier à Strasbourg.

EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE, [HIER STRASBOURG]
Nous avons maintenant un retour d'expérience, et d'ailleurs, nous vaccinons avec ce vaccin en France et en Europe, il faut continuer de le faire, parce qu'il nous aidera à la sortie de crise, mais pour répondre en particulier aux variants, puisqu'on parle des commandes à venir, pour répondre aux variants, on voit que d'autres vaccins sont aujourd'hui plus efficaces.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc, il n'est pas plus dangereux, mais il est plutôt moins sûr…

OLIVIER VERAN
Non, il n'a pas dit moins sûr, il a parfaitement raison…

ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, est moins efficace, il est moins efficace…

OLIVIER VERAN
D'abord, il dit : il faut continuer…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il est moins efficace…

OLIVIER VERAN
D'abord, le président de la République dit : il faut continuer à vacciner en France et en Europe avec ASTRAZENECA, qui est efficace, il a parfaitement raison, ensuite, il est en train de répondre à une question qui nous projette non pas à dans 2 jours ou dans 2 semaines ou dans 2 mois, mais à l'horizon de l'année prochaine. Si de nouveaux variants devaient émerger, qui nécessitaient qu'on ait des rappels de vaccination, alors il nous faudrait un système qu'on appelle un système de booster, c'est comme une brique, un complément de vaccin par rapport au vaccin qui a été reçu, et pour cela, nous considérons, mais les choses ne sont pas encore arrêtées, mais nous considérons au niveau international que d'autres mécanismes que celui d'ASTRA pourraient permettre d'être plus efficace plus rapidement, ce qui ne remet pas du tout en question l'efficacité de ce vaccin à l'heure où nous parlons, vis-à-vis des virus qui sont circulation. Donc le président de la République, je vous le garantis, parce qu'on est en phase, vous savez, le président de la République, il s'implique énormément dans la campagne au niveau scientifique, au niveau logistique, il suit ça de très près, et c'est tout à fait normal, parce que c'est important pour les Français et pour le pays. Et donc nous souhaitons continuer la campagne vaccinale avec tous les vaccins disponibles pour vacciner le plus vite possible et protéger les gens.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, la critique est facile, l'art est difficile, mais avouez quand même que, avec ce type de message, quand on l'entend, quand les Français entendent ça, c'est compliqué, il n'est pas rassurant.

OLIVIER VERAN
Pardonnez-moi, là, c'est moi qui vais faire une petite critique, il n'y a pas la question qui précédait la réponse, et qui permet peut-être d'éclairer la réponse…

ELIZABETH MARTICHOUX
La question concernait les fameuses commandes de l'ASTRAZENECA…

OLIVIER VERAN
Eh bien, oui, de l'année prochaine…

ELIZABETH MARTICHOUX
Je veux bien, mais vous connaissez aussi la façon dont on perçoit les messages, quand on entend le président dire que l'ASTRAZENECA, à terme, sera moins rassurant face aux variants, et d'ailleurs, est-ce que les vaccins sont efficaces contre le variant indien, est-ce qu'on sait tout ça pour le moment... ?

OLIVIER VERAN
Nous n'avons pas encore suffisamment de données pour savoir si tel ou tel vaccin est pleinement efficace, en fait, comme la mutation centrale du variant indien est sensiblement la même que celle des variants sud-africains et brésiliens, et comme les données qui nous remontent sont rassurantes sur l'efficacité de ces vaccins, des différents vaccins face à ces variant, on a des raisons de penser qu'il n'y aura pas d'échappement avec le variant indien, mais ça reste encore très précaire, vous savez, l'Inde, encore une fois, n'a pas le système sanitaire le plus high-tech possible, en termes de séquençage du génome, c'est compliqué, et ensuite, le temps scientifique n'est pas le temps politique, je le répète à l'envi, mais c'est vrai, il faut un peu de temps pour avoir toutes les réponses aux questions que vous posez, elles sont légitimes, je me les pose aussi, mais quand on a les réponses, on les donne, on n'attend pas qu'on nous interroge.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc on ne sait pas…

OLIVIER VERAN
Donc, voilà.

ELIZABETH MARTICHOUX
Allez-vous élargir l'ASTRAZENECA quand même à une population plus large que les 55 ans... ?

OLIVIER VERAN
Probablement non, j'ai sollicité des agences de santé, la Haute autorité de santé n'a pas encore répondu, donc c'est pour ça que je dis probablement, Alain FISCHER, le professeur FISCHER qui se mobilise beaucoup à nos côtés sur la stratégie vaccinale, n'y est pas favorable, donc je pense qu'on n'est pas amené à évoluer dans ce sens-là. Certains pays autour de nous l'ont fait, d'autres non…

ELIZABETH MARTICHOUX
Comme l'Allemagne par exemple…

OLIVIER VERAN
Une partie de l'Allemagne, oui, une partie de l'Allemagne…

ELIZABETH MARTICHOUX
Qui a permis d'ailleurs d'accélérer la campagne de vaccination à Berlin par exemple.

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, c'est probablement non, la réponse du ministre de la Santé ce matin, c'est non…

OLIVIER VERAN
Probablement non à l'heure actuelle. Mais si la Haute autorité de santé me dit : allez-y, on se posera la question, oui…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ce n'est pas le plus probable. Deuxième question importante, faut-il vacciner les enfants, oui, pour faire barrage au variant anglais, par l'immunité collective, c'est ce que vous a répondu le Conseil d'orientation dans la stratégie vaccinale, cité ce matin par Libération. Est-ce que vous y travaillez ?

OLIVIER VERAN
Bien sûr qu'on y travaille, ça ne veut pas dire que c'est arrêté.

ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est envisageable à la rentrée scolaire de 2021 ?

OLIVIER VERAN
Je ne peux pas encore vous répondre, parce que, d'abord, il y a des études internationales qui sont conduites chez les enfants par les laboratoires, par les Etats pour vérifier si les différents vaccins dont nous disposons sont à la fois sûrs et efficaces chez les enfants. Ensuite, il y a des questions éthiques, il y a des questions juridiques, il y a des questions scientifiques et sanitaires qui se posent et qui n'ont pas encore toutes trouvé une réponse, donc, moi, je ne réponds que lorsque j'ai toutes les assurances de ne pas me planter. Parce que sinon, vous allez me rappeler…

ELIZABETH MARTICHOUX
Là, vous avez une réponse, là…

OLIVIER VERAN
Me réinviter dans un mois... eh bien, j'ai un premier avis…

ELIZABETH MARTICHOUX
Là, le Conseil d'orientation à la stratégie vaccinale y est favorable.

OLIVIER VERAN
Le Conseil dit : c'est intéressant, et c'est sans doute important de pouvoir y aller, mais ça ne veut pas dire qu'on est en capacité encore d'y aller d'un point de vue sanitaire, etc., donc j'attends d'avoir toutes les réponses avant de m'engager sur ce terrain-là, nous verrons, ne vous inquiétez pas…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais vous y travaillez ?

OLIVIER VERAN
Mais bien sûr qu'on y travaille…

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est envisagé, c'est sur la table ?

OLIVIER VERAN
Mais attendez, si je ne travaillais pas à tous les scénarii en matière de campagne vaccinale, ce ne serait pas responsable de ma part comme ministre en charge de la santé, mais travailler, ça ne veut pas dire qu'on a conclu…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça veut dire, pour atteindre l'immunité collective face au variant anglais, c'est-à-dire 75 %, vos spécialistes disent : il faudra en passer par là…

OLIVIER VERAN
Je ne sais pas si c'est d'ailleurs 75 % ou si c'est 70 ou 80 ou 90. Mais il n'y a pas d'assurance totale à ce stade sur le niveau d'immunité qu'il faut qu'on ait acquis, et puis, dans le niveau d'immunité, il faut aussi comptabiliser les Françaises et les Français qui ont déjà été immunisés, entre guillemets, naturellement en contractant le virus avec une forme symptomatique ou non.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a 12 ministres candidats aux élections de juin, pas vous, trop de boulot ?

OLIVIER VERAN
J'y ai réfléchi d'autant que je suis conseiller régional sortant en région Auvergne Rhône-Alpes, enfin, franchement, mon engagement est total aujourd'hui pour les Français et dans la lutte contre la crise sanitaire et pour la politique des Solidarités dans notre pays, je ne suis pas convaincu qu'il aurait été forcément très bien perçu que je me disperse dans des élections, des campagnes politiques, même si je soutiens bien évidemment l'ensemble des candidats de notre majorité présidentielle dans tous les territoires.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y a pas que la crise sanitaire, on peut dire, malheureusement, il y a la crise sécuritaire, et pour beaucoup de Français, la réponse à cette crise sécuritaire, elle est pénale, si on suit votre raisonnement, est-il logique que, Eric DUPOND-MORETTI se disperse, pour reprendre votre mot, dans la campagne des régionales ?

OLIVIER VERAN
D'abord, c'est une situation qui est totalement différente, enfin, il travaille beaucoup, Eric DUPOND-MORETTI, et il travaille le fond ses dossiers. Moi, je suis mobilisé et mobilisable H24, véritablement jour et nuit, avec l'ensemble des équipes en situation de protéger les Français contre la crise sanitaire, donc pardon, je fais peut-être office d'exception en la matière, Eric DUPOND-MORETTI est un homme d'engagement, est un homme de valeur, c'est un ami, c'est un collègue, qui va mener aux côtés de Laurent PIETRASZEWSKI dans la région Hauts-de-France un combat politique, pour des idées, non pas un combat contre, mais un combat pour, un combat pour une région, pour des idées, pour un programme. Enfin, à titre personnel, et comme citoyen, et comme engagé politique, je trouve ça assez génial…

ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'il y aille ?

OLIVIER VERAN
Oui, moi, je trouve ça très bien.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi, à cause de son profil, de son engagement, sa nature ?

OLIVIER VERAN
Parce que c'est quelqu'un qui a une vie dans le civil et qui n'avait pas une vie en politique, c'est un acte courageux de s'engager en politique quand on vient de la société civile, de mener un combat comme celui-ci, et je pense que c'est quelqu'un qui a toutes les qualités pour faire, non seulement un très bon conseiller régional, mais pour, je l'espère, aider à faire basculer cette région du côté de la majorité présidentielle.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, on verra, en tout cas, il y en a une qui ne trouve pas ça génial, c'est Marine LE PEN qui était hier soir l'invitée de « En toute franchise » sur LCI, regardez.

MARINE LE PEN, PRESIDENTE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL
C'est une très bonne nouvelle pour le Rassemblement national, car il va à l'évidence mobiliser nos électeurs contre lui. Mais est-ce que je suis là pour défendre les intérêts du Rassemblement national ? La réponse est non, je suis là pour défendre les intérêts des Français, et je pense que l'intérêt des Français, c'est que le ministre de la Justice soit à son bureau.

ELIZABETH MARTICHOUX
Voilà, vous avez compris, en fait, c'est assez génial pour le Rassemblement national, dit-elle, ce n'est pas génial pour les affaires, pour les Français, quoi ?

OLIVIER VERAN
Si Marine LE PEN voulait vraiment défendre l'intérêt des Français, elle retirerait toutes ses candidatures, tous ses candidats, elle irait faire autre chose pour notre pays, parce que l'extrême-droite n'est jamais dans l'intérêt d'une population, que ce soit en France, en Europe ou ailleurs dans le monde. Regardons deux minutes quand on doute, ça peut arriver, intéressons-nous aux pays qui ont, entre guillemets, basculé, intéressons-nous à la situation brésilienne, prenez la gestion de la crise sanitaire au Brésil, si vous voulez, intéressons-nous à certains pays de l'Est de l'Europe, qui font reculer les droits des femmes comme jamais, comme jamais, qui font reculer les droits sociaux avec de la peur qui monte, avec des tensions sociales et sociétales, l'intérêt des Français n'est pas de bazarder tout ce qui fait notre démocratie et de tout ce qui fait que nous sommes Français, aujourd'hui, je dis ça 40 ans après l'élection de François MITTERRAND, en 81, l'intérêt des Français, il est de poursuivre sur le chemin de la démocratie, de nous inviter à être meilleurs sans doute, de mieux expliquer les choses, d'être encore plus à l'écoute, de continuer à réformer, à transformer, ce que fait le président de la République et sa majorité, d'avoir un projet social, c'est important pour les Français, mais l'intérêt des Français, il n'est pas, pardon, de se faire peur avec un mouvement politique dont on sait très bien où il nous conduirait s'il prenait le pouvoir, que ce soit dans une région ou à l'échelle d'un pays, moi, c'est la base de mon engagement politique, je crois que c'est aussi la base de l'engagement en politique d'Eric DUPOND-MORETTI, c'est pour ça que je suis très content qu'il y aille, c'est pour ça, et encore une fois, on ne se bat pas contre madame LE PEN, on se bat pour des valeurs. Et les valeurs, on peut avoir des idées politiques différentes, on peut être à droite, à gauche, moi, je suis de gauche, je travaille avec des gens qui viennent de la droite, mais on a au moins un socle commun qui nous soude, qui nous soude, et ces valeurs-là, cette dame-là, depuis des générations, v et son père, ils veulent les bazarder pour notre pays. C'est un risque qu'on ne peut pas courir.

ELIZABETH MARTICHOUX
Toute dernière question, si vous deviez résumer à des enfants ce qui se passe dans le Sud entre La République En Marche et Renaud MUSELIER, président sortant, vous diriez quoi, c'est un exercice de style, je reconnais ?

OLIVIER VERAN
Que c'est une alliance, que c'est une stratégie, une logique surtout, de dépassement, ça va d'ailleurs un peu dans le sens de ce que vient de dire, on peut ne pas être d'accord sur beaucoup de choses, mais être d'accord sur suffisamment de valeurs…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y aura une liste…

OLIVIER VERAN
Je pense que oui, je suis convaincu qu'il va y avoir une liste commune, que l'entente…

ELIZABETH MARTICHOUX
Une liste commune... ?

OLIVIER VERAN
On verra, honnêtement…

ELIZABETH MARTICHOUX
Avec votre collègue…

OLIVIER VERAN
Honnêtement, je n'ai pas le nez dans les dossiers de la région sud, pour les mêmes raisons d'ailleurs que celles que j'évoquais qui justifient que je ne me présente pas moi-même aux élections, mais je suis ça avec évidemment beaucoup d'intérêt, je connais les valeurs de Sophie CLUZEL, de celles et ceux qui l'accompagnent, l'esprit d'ouverture de Renaud MUSELIER, de Christian ESTROSI d'Hubert FALCO, moi, je pense qu'il y a, là, de quoi arriver à obtenir une équipe solide pour la région.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Olivier VERAN d'avoir été ce matin l'invité de LCI pour parler largement de la vaccination entre autres. Bonne journée à vous.

OLIVIER VERAN
Merci. Bonne journée à vous aussi.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 mai 2021