Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à BFM TV le 23 juin 2021, sur la menace liée au variant Delta du Covid-19, la suspension des nouvelles règles de calcul de l'assurance-chômage par le Conseil d'État et l'abstention électorale.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Gabriel ATTAL, bonjour.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Porte-parole du gouvernement. Gabriel ATTAL, les 10 et 24 avril prochains 2022, élection présidentielle, vous confirmez les dates ?

GABRIEL ATTAL
Alors, c'est une date qui sera annoncée et confirmée la semaine prochaine, a priori, mais c'est un scénario très sérieux et une piste très sérieuse…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ce n'est pas une piste, ce sont les dates, quoi…

GABRIEL ATTAL
Ça sera au printemps…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui seront confirmées la semaine prochaine ?

GABRIEL ATTAL
Ça sera au printemps prochain, ça peut difficilement être le 1er et le 8 mai, pour des raisons évidentes, et donc ce sera annoncé la semaine prochaine.

JEAN-JACQUES BOURDIN
10, 24 avril ?

GABRIEL ATTAL
C'est une piste très sérieuse.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Très sérieuse. Mais pourquoi ne pas me dire oui ?

GABRIEL ATTAL
Parce que moi, je respecte le fonctionnement démocratique, ça doit passer, je crois, en Conseil des ministres, c'est le cas la semaine prochaine, j'annonce les choses quand elles sont confirmées, c'est important en tant que porte-parole.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Donc dans 291 jours, 9 mois et demi, la présidentielle, c'est rapide, ça va arriver vite. Pourquoi ces dates plus tôt que d'habitude, à cause du 1er mai et du 8 mai ?

GABRIEL ATTAL
Je vous disais à l'instant que dans le choix qu'on sera amené à faire et à confirmer, il y a le fait qu'il y a un 1er et un 8 mai qui tombent le dimanche, évidemment, on prendra les décisions qui permettent au plus grand nombre d'aller voter, puisque c'est un enjeu important, on va peut-être y revenir…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir, oui…

GABRIEL ATTAL
C'est évidemment très important.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir, je vais revenir sur les résultats des régionales, sur l'abstention. Mais Conseil de défense sanitaire, aujourd'hui, doit-on s'inquiéter du variant Delta, le variant indien, franchement ?

GABRIEL ATTAL
Il doit nous préoccuper, il y a une vigilance absolue autour du variant Delta, dont on sait maintenant qu'il est plus contagieux, encore plus contagieux que le variant dit anglais, qui était déjà plus contagieux que le premier, on voit ce qui se passe au Royaume-Uni, où vous avez une hausse continue maintenant depuis plusieurs semaines des cas. Je crois qu'ils ont franchi les 10 000 cas par jour en moyenne en Grande-Bretagne…

JEAN-JACQUES BOURDIN
90% des cas sont des cas de variant Delta, en provenance d'Inde…

GABRIEL ATTAL
Oui, ils étaient, il y a quelques semaines, à quelques centaines de cas en moyenne par jour, donc on voit que ça peut aller très vite, et donc il faut être très vigilant, c'est pour ça qu'on a mis en place un calendrier en France progressif de levée des restrictions, qu'on franchit étape par étape, la dernière, vous le savez, aura lieu le 30 juin, mais ça demande une vigilance individuelle et collective.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Reprise possible de l'épidémie ?

GABRIEL ATTAL
Par principe, évidemment, alors, après, on a une arme dont on ne disposait pas…

JEAN-JACQUES BOURDIN
La menace est réelle ?

GABRIEL ATTAL
Il y a une menace liée au variant Delta, mais on a une arme dont on ne disposait pas il y a un an, c'est la vaccination, le vaccin, c'est quand même une arme qui permet de protéger contre l'épidémie. Et plus on continuera à se faire vacciner, plus les Français iront se faire vacciner, plus on se donnera la capacité de se protéger vis-à-vis de l'épidémie et de ses variants…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, sauf que les Britanniques sont vaccinés…

GABRIEL ATTAL
Il y a une stratégie qui a été différente…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils sont vaccinés et ils sont touchés par le variant…

GABRIEL ATTAL
Oui, j'entendais Karine LACOMBE ce matin sur l'antenne de RMC qui disait elle-même que là-bas, il y avait eu, au départ, un espacement très important entre les deux doses, que ça avait peut-être joué, ce qui n'est pas un choix qu'on a fait, en tout cas, pas dans ces proportions-là en France, voilà, on a toujours été très vigilant et précautionneux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vaccination qui ralentit en France à nouveau ?

GABRIEL ATTAL
Par définition, vous avez de plus en plus de gens qui sont vaccinés, ceux qui restent sont ceux qu'il faut aller chercher, qu'il faut aller convaincre…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais alors comment allez-vous faire…

GABRIEL ATTAL
Eh bien…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour remobiliser, pour les mobiliser ?

GABRIEL ATTAL
On va continuer à communiquer, continuer les échanges, l'échange qu'on a, là, et le risque qui existe et le fait de rappeler que la vaccination est une arme importante, c'est évidemment un enjeu, et puis, on a donné, Olivier VERAN a donné des souplesses d'organisation pour les vacances, il y avait des Français qui hésitaient à se faire vacciner, en se disant : ma deuxième dose va tomber peut-être au mois d'août, je ne sais pas où je serai, etc., il a donné de la souplesse en termes d'espacement entre les deux doses, en termes de capacité à faire sa deuxième dose ailleurs que là où on a fait la première, voilà. On donne plein de marges pour encourager la vaccination, notamment chez les jeunes.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le télétravail, retour à la normale le 30 juin ?

GABRIEL ATTAL
Ça fera partie de ce qui sera à discuter en Conseil de défense, et avec les partenaires sociaux, il y a déjà une première étape d'assouplissement, puisque c'était très dur aussi pour beaucoup de Français d'être tout le temps chez eux, il y en a qui souhaitaient retourner au travail, ils pouvaient déjà y aller une journée, on a assoupli encore, et évidemment dès qu'on le pourra, dès qu'on considérera que la situation sanitaire le justifie, on continuera à assouplir.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que la situation sanitaire le justifie ?

GABRIEL ATTAL
Aujourd'hui, on voit que les y voyant sont au vert…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les voyants sont au vert, donc retour à la normale le 30 juin ?

GABRIEL ATTAL
Mais je vais vous dire, ce n'est pas parce que les voyants sont au vert qu'il faut griller des feux, voilà, il faut quand même continuer à faire attention, encore une fois, il y a une menace…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Où une quatrième vague est possible ?

GABRIEL ATTAL
Evidemment, et moi, je suis porte-parole du gouvernement depuis un an dans cette crise sanitaire, j'ai bien appris jamais qu'il ne faut jamais rien exclure par principe, pour l'avenir, Jean-Jacques BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
L'assurance-chômage, le Conseil d'État suspend les nouvelles règles de calcul de l'assurance-chômage, donc elle ne s'appliquera pas le 1er juillet ?

GABRIEL ATTAL
Pas à partir du 1er juillet, comme c'était prévu…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, pas à partir du 1er juillet. Quelle réponse apportez-vous ce matin au Conseil d'État ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, la réponse que je leur apporte, mais qu'on va leur apporter très directement, c'est le témoignage, prouvé par des faits, que la reprise économique est là, et que les signaux économiques encourageants sont là, parce que c'est ça, c'est d'ailleurs assez un peu étonnant que dans la décision…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Incertitude sur la situation économique, dit le Conseil d'État…

GABRIEL ATTAL
Oui, parce qu'en gros, le Conseil d'État dit : il n'y a pas de sujet... on relève pas de problème de fond sur la réforme, on ne relève pas de difficulté de droite sur la réforme, il diffère l'entrée en application de cette réforme, parce qu'il considère qu'il y a trop d'incertitudes sur la situation économique pour qu'elle puisse rentrer en vigueur aujourd'hui, or, qu'est-ce qu'on constate depuis maintenant plusieurs semaines, et au fur et à mesure qu'on lève les restrictions, c'est que l'économie repart, elle repart bien, elle repart fort, c'est qu'il y a des opportunités d'emplois qui chaque mois, chaque trimestre, se créent dans notre économie ; aujourd'hui, je crois qu'il y a 215 000 emplois vacants et qu'on cherche 120 000 personnes dans l'hôtellerie, la restauration et le commerce, on cherche 70 000 personnes dans le tourisme, on cherche des dizaines de milliers de personnes dans l'agriculture, dans le bâtiment, et donc, c'est des opportunités, et donc c'est cohérent avec la réforme de l'assurance-chômage qu'on a proposée…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour inciter les Français à aller travailler, puisqu'il y a du travail, on réduit l'assurance-chômage ?

GABRIEL ATTAL
Non, non, je vais vous dire, le cœur de la réforme…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les droits des chômeurs, c'est cela…

GABRIEL ATTAL
Le cœur de la réforme de l'assurance-chômage, c'est quoi, c'est de constater qu'on est en France le champion d'Europe des contrats courts, on a dix fois plus de contrats courts, de CDD parfois de quelques jours, ça a augmenté de 250% depuis 15 ans,, que dans le reste de l'Europe et qu'en Allemagne notamment, et que c'est un sujet de précarisation pour les travailleurs, quand vous avez des travailleurs qui ont des petits contrats courts de cinq jours, qui les multiplient, qu'est-ce qui se passe ? On l'a vu en période de pandémie, quand il n'y a plus d'activité, eh bien, ils se retrouvent dans la difficulté, on a dû mettre en place des dispositifs spécifiques pour eux, donc il faut lutter contre ces contrats courts, et faire en sorte que les salariés dans notre pays puissent avoir des contrats plus robustes, plus longs. Et donc, il y a un bonus-malus pour les entreprises, pour les encourager à donner des contrats plus longs, et effectivement, il y a une mesure qui consiste à dire que, on doit toujours être mieux rémunéré quand on travaille que quand on est au chômage, et donc c'est ça le sens de notre réforme, et c'est ça qu'on va…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on est moins rémunéré au chômage, ça incite à aller travailler, c'est ce que vous voulez dire ?

GABRIEL ATTAL
C'est pour que le travail soit toujours plus valorisé que l'inactivité…

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ça, moins on touche de chômage, et plus on doit avoir envie d'aller travailler, c'est ce que vous dites ?

GABRIEL ATTAL
Il faut que travailler soit toujours plus valorisé que ne pas travailler, c'est le cœur du projet d'Emmanuel MACRON, maintenant, ça ne veut pas dire qu'on va rogner sur les droits, on ne peut pas nous accuser de rogner sur les droits des chômeurs, il y a 700 000 chômeurs en fin de droits, qui auraient dû voir leur allocation s'arrêter depuis presque un an, on les a prolongées mois après mois, et donc, ils ont pu continuer pendant cette crise à recevoir leurs allocations chômage, c'est parce que, précisément, on a une attention toute particulière contre la précarité, on a mis en place le chômage partiel, qui a permis à des millions de Français de continuer à recevoir leur rémunération, à ne pas être licenciés, on a mis en place des aides financières pour les personnes qui sont aux minima sociaux, des aides exceptionnelles, de plusieurs centaines d'euros, pour qu'elles soient accompagnées dans cette crise. Donc la priorité à la lutte contre la précarité et à l'accompagnement de ceux qui sont en difficulté, elle est là, mais c'est aussi l'accompagnement vers l'emploi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors que va devenir cette réforme, Gabriel ATTAL ?

GABRIEL ATTAL
On va répondre au Conseil d'État avec les données dont on dispose…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle sera reprise ?

GABRIEL ATTAL
Mais évidemment, l'objectif, c'est qu'elle s'applique, qu'elle s'applique dans les prochains mois.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'elle s'applique dans les prochains mois. Avant la fin du quinquennat ?

GABRIEL ATTAL
Avant la fin de l'année même.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin de l'année. C'est l'une des réformes majeures, si j'ai bien compris, du quinquennat, on est bien d'accord, comme la réforme des retraites, qui n'a pas abouti pour l'instant…

GABRIEL ATTAL
Mais c'est une réforme en tout cas qui est cohérente, Jean-Jacques BOURDIN, avec notre projet, qui est de valoriser le travail dans notre pays…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Valoriser le travail…

GABRIEL ATTAL
... La conviction que les Français ont envie de travailler, et qu'ils ont envie de travailler dans des bonnes conditions, c'est au cœur de ce projet…

JEAN-JACQUES BOURDIN
La réforme des retraites, vous en êtes où de la réflexion ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez qu'on avait engagé…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'elle va être reprise ou pas, sous quelle forme, comment ?

GABRIEL ATTAL
Vous savez qu'on avait engagé une réforme qui a été portée devant le Parlement, une réforme d'ampleur…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On a suivi, qui a fait réagir…

GABRIEL ATTAL
Et puis, il y a eu la pandémie, qui a suspendu l'examen de cette réforme, il reste 10 mois d'ici à la fin du quinquennat, la question, c'est : est-ce que, alors qu'on n'a évidemment pas renoncé à notre ambition de réformer les retraites…

JEAN-JACQUES BOURDIN
La question, c'est : est-ce que vous allez reprendre une réforme ou pas ?

GABRIEL ATTAL
Voilà, c'est ça la question qui se pose, en tout cas, avant la fin du quinquennat…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, quelle est la réponse ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, l'arbitrage n'est pas rendu encore, il y a des discussions et des travaux qui sont faits au sein du gouvernement, il va y avoir aussi des échanges avec les partenaires sociaux qui auront lieu au début du mois de juillet, et puis, il y a …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils disent non, les partenaires sociaux ont déjà dit non, on ne reprend pas une réforme des retraites en quelques mois…

GABRIEL ATTAL
Il faut quand même échanger et discuter. Moi, j'entends aussi des partenaires sociaux qui disent et qui rejoignent le constat qu'il faut une réforme, alors certains disent : il faut une réforme, mais il ne la faut pas tout de suite, bon, on va discuter avec eux, on va échanger avec eux, je pense qu'on peut s'accorder sur le constat qu'on avait un système par répartition qui était fragile avant la crise, que la crise ne l'a pas particulièrement renforcé, il n'est pas financé à moyen-terme, il y a un rapport du Conseil d'orientation des retraites qui a été remis, moi, je pense aussi à ma génération, on a envie de pouvoir bénéficier d'une retraite par répartition plus tard, ça arrivera dans un certain temps, mais ça nécessite de prendre des décisions maintenant, et de sauver notre système aujourd'hui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faudra travailler plus ? Vous parliez tout à l'heure de travail, le quinquennat d'Emmanuel MACRON, c'est l'encouragement au travail, si j'ai bien compris, donc il faudra travailler plus ?

GABRIEL ATTAL
Oui, enfin, ça me semble de bon sens et logique, l'espérance de vie s'allonge…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc allonger…

GABRIEL ATTAL
L'espérance de vie s'allonge, maintenant, Jean-Jacques BOURDIN, tout le monde ne doit pas travailler aussi longtemps les uns que les autres…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Allonger la date de départ à la retraite ?

GABRIEL ATTAL
Il n'y a pas de décision prise à ce stade sur ce sujet.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Vous connaissez l'entreprise MBF, dans le Jura, à Saint-Claude ?

GABRIEL ATTAL
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez vu ce qui s'est passé ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, il se trouve que j'étais en déplacement dans le Jura, il y a quelques semaines et que j'ai rencontré l'intersyndicale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous avez vu ce qui s'est passé ?

GABRIEL ATTAL
Oui, j'ai vu, la liquidation a été prononcée par le tribunal…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde est sur le carreau, rien…

GABRIEL ATTAL
Oui, eh bien, d'abord, moi, je veux dire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
La région n'a rien fait, l'État n'a rien fait, j'ai lu la déclaration du maire de Saint-Claude, il dit : la ville est en deuil, en deuil, alors, qu'est-ce que vous allez faire ? Est-ce que l'État va intervenir ?

GABRIEL ATTAL
Oui, je comprends et je partage l'émotion, c'est une région, un territoire qui est déjà sinistré, un territoire industriel qui est déjà sinistré. Deuxième chose, il se trouve que j'ai rencontré l'intersyndicale quand je me suis rendu dans le Jura, il y a quelques semaines, c'est des femmes, des hommes admirables, remarquables qui ont travaillé, qui ont cherché des solutions, qui ont modernisé leur outil…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Paris nous abandonne…

GABRIEL ATTAL
Qui ont modernisé leur outil de production. Là où je ne suis pas d'accord avec vous, Jean-Jacques BOURDIN, c'est quand vous dites : personne n'a rien fait, ce n'est pas vrai, l'État a accompagné, a aidé à chercher un repreneur, il y a eu des réunions qui ont eu lieu au ministère de l'Economie et des finances, et je vais vous dire, alors même qu'on est dans des élections régionales, etc., même la région a cherché à trouver des solutions, puisque pendant plusieurs semaines, ils ont payé eux-mêmes les salaires des salariés, des travailleurs pour tenir et essayer de trouver un repreneur, il n'y a pas de repreneur qui a été validé, évidemment que c'est un drame et qu'on le déplore, on va accompagner les salariés, on a un fonds dédié de plusieurs dizaines de millions d'euros pour ça, pour les accompagner, pour les accompagner financièrement, pour les accompagner en termes de formations, pour qu'ils puissent retrouver un emploi, c'est évidemment très difficile, et c'est évidemment beaucoup d'émotion et beaucoup de tristesse pour ce territoire, et bien au-delà, mais on ne va pas lâcher l'affaire, et on va continuer à les accompagner évidemment.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les régionales, l'abstention très forte dimanche dernier, est-ce que la démocratie française est malade, je vous pose franchement la question, est-ce qu'elle est malade ?

GABRIEL ATTAL
Je crois qu'on peut dire que oui, évidemment, quand on a un tel niveau d'abstentions, ça veut dire qu'on engage le pronostic vital de notre démocratie, quelque part, quand on a des niveaux aussi... un niveau aussi abyssale d'abstentions…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je me souviens de cette phrase d'Albert CAMUS : "lorsque la lorsque la démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet. Et ce n'est pas pour prendre de ses nouvelles."

GABRIEL ATTAL
Oui, je pense qu'un tel niveau d'abstentions met en péril la démocratie, d'abord, parce que, quand on s'abstient, c'est sûr qu'on ne fait pas de choix dans une élection, mais c'est d'autres qui font un choix pour nous…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, je suis content d'entendre le porte-parole du gouvernement dire cela ce matin, parce que je n'ai pas entendu le président de la République, pas un mot depuis dimanche, dimanche soir, je n'ai pas entendu le Premier ministre. Pourquoi ? Ces élections régionales ne vous intéressent au plus haut sommet de l'État ?

GABRIEL ATTAL
D'abord, vous avez entendu, depuis 2017, en permanence, le président de la République dire qu'il fallait renforcer le lien des Français avec la démocratie, et tout mettre en œuvre, y compris avec des outils très pratiques, on y reviendra peut-être, pour favoriser le recours au vote, on a proposé de moderniser les institutions, les oppositions nous ont bloqué dans la réforme institutionnelle, on a proposé de moderniser la manière de voter, avec une expérimentation par exemple du vote par anticipation, il y a quelques mois, le Sénat nous a bloqués. On est favorable…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le texte était mal préparé, vous le savez bien, Gabriel ATTAL…

GABRIEL ATTAL
Ah oui, mais ça, c'est l'excuse qu'ils ont donnée pour bloquer notre réforme, voilà. Et je vais vous dire, à chaque fois, quand le président s'exprime, quand il y a des scrutins locaux, on dit : il n'a pas à s'ingérer dans les scrutins locaux…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes extraordinaire, donc si j'ai bien compris, pour favoriser la participation, vous voulez qu'on modifie finalement la manière dont on vote, comment, peut-être un vote obligatoire, vote obligatoire, non ?

GABRIEL ATTAL
Moi, je n'ai jamais... enfin, le débat peut avoir lieu, mais je n'ai jamais été très favorable, moi, je pense qu'il faut convaincre les gens d'aller voter plutôt que de les forcer…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vote sur plusieurs jours ?

GABRIEL ATTAL
Mais il faut être très ouvert, et pour le coup, avoir une vraie discussion trans-partisane avec l'ensemble des formations politiques sur cette question-là…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur Internet ?

GABRIEL ATTAL
Moi, je suis favorable au vote électronique, je le dis.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le ministre de l'Intérieur dit non à tout ça ! Je l'ai entendu encore hier, il dit non…

GABRIEL ATTAL
C'est pour ça qu'il faut avoir une discussion, je vais vous dire ce qui a peut-être achevé de me convaincre, on n'en a pas beaucoup parlé en France, il y a quelques semaines, on a eu des élections, qu'on appelle des élections consulaires, c'est-à-dire que les Français de l'étranger qui habitent en dehors de France ont élu leurs représentants, pour la première fois, ils l'ont fait avec un vote électronique, ça s'est bien passé. Il n'y a pas eu de contestation particulière, les votes ont eu lieu…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le taux…

GABRIEL ATTAL
Je n'ai pas le taux de participation qui avait lieu, mais ça sera intéressant de le regarder…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le taux de participation est très bas, moi, je l'ai, il est très bas…

GABRIEL ATTAL
Effectivement, oui, bon, après, enfin, sur les élections des Français de l'étranger, on a souvent un taux de participation qui est assez faible.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez, 20% de participation…

GABRIEL ATTAL
Mais on a souvent un taux aux différentes élections aux Français de l'étranger qui votent qui est faible…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le vote par correspondance ?

GABRIEL ATTAL
C'est aussi une piste qui peut être regardée, mais, moi, je suis plutôt favorable au vote électronique, mais vous savez, dès la campagne présidentielle, Emmanuel MACRON s'était engagé sur ces questions-là, il avait fait des propositions…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le président de la République…

GABRIEL ATTAL
Mais à chaque fois qu'on fait des propositions depuis le début de ce quinquennat, les oppositions les bloquent, elles veulent voter comme on votait il y a 100 ans, et elles ne veulent pas regarder vers…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le président de la République va s'exprimer sur ces élections, parce qu'on a l'impression qu'il passe au-dessus, que ça ne l'intéresse pas, mais vous savez l'impression que ça donne, ça donne l'impression qu'il ne s'intéresse pas aux Français, et c'est ce que ressentent aussi les Français…

GABRIEL ATTAL
Jean-Jacques BOURDIN, on ne va pas rentrer dans des exagérations…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais je vous dis, est-ce qu'il va s'exprimer ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, le président, à chaque fois qu'il s'exprime sur les élections, je viens sur votre plateau ensuite, et on me dit : est-ce que c'est le rôle du président de la République de parler des élections locales, il s'ingère dans les élections, etc., je veux dire, le président, il s'exprime régulièrement, il s'exprime à l'occasion de déplacements, il s'exprime parfois et souvent aussi en réponses aux questions des journalistes, donc évidemment qu'il va continuer à s'exprimer.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, pourquoi cette gifle électorale à La République En Marche, donnée La République En Marche ?

GABRIEL ATTAL
On le disait à l'instant, il y a eu une très faible participation, historiquement faible, et on sait qu'un tel contexte, ça favorise les sortants, et ce que vous voyez partout, c'est que, ont été nettement en tête de ces élections, les sortants, ceux qui étaient en place. Dans les régions…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que vous ne donnez pas envie de participer ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, ça veut dire qu'on a du boulot en termes d'implantation locale pour La République En Marche, mais c'est évident, je veux dire, on n'existait pas aux dernières élections régionales en 2015, je veux dire, ça prend du temps de s'implanter sur les territoires, moi, je vais vous dire quelque chose que je constate, qui est intéressant, c'est que quand vous regardez, là, on fait les meilleurs scores, on va dire, nos meilleurs scores, c'est souvent dans des villes…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, les moins mauvais…

GABRIEL ATTAL
Voilà, c'est souvent dans des villes où on a fait des bons scores aux municipales, on a eu des élus aux municipales, parce que, qu'est-ce que ça veut dire, ça veut dire que c'est des élus locaux de La République En Marche, on en a, je crois, environ 10 000 en France, qui font un travail d'implantation locale ensuite, qui montrent à leurs administrés qu'ils sont là, qu'ils font le boulot et qui leur donnent envie de voter pour notre mouvement politique, ensuite, aux élections suivantes. Donc ça se construit progressivement, là, vous avez un tel niveau d'abstentions, eh bien, qu'est-ce qu'on constate, les régions qui étaient dirigées par la droite, eh bien, c'est les présidents de Conseils régionaux de droite qui sont en tête, les sortants, et puis, des régions qui étaient dirigées par la gauche, c'est les présidents de Conseils régionaux de gauche, les sortants, qui sont en tête, et on ne peut pas dire que ni la droite ni la gauche n'aient fait de grandes performances dans les régions qu'elles ne dirigeaient pas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Humiliation pour Eric DUPOND-MORETTI, humiliation ou pas ? Un ministre majeur, qui se déplace, qui va se présenter dans sa région d'origine, et qui n'atteint pas 10%…

GABRIEL ATTAL
Moi, je vais vous dire, qu'un membre du gouvernement qui n'a pas de mandat local, moi, il se trouve que j'ai un mandat local, je suis conseiller municipal à Vanves, dans ma commune, mais un membre du gouvernement qui a pas de mandat local, qui veut aller se frotter à une élection locale, en plus dans un territoire difficile, on le sait, et vous le savez, eh bien, moi, je pense que ça doit être salué, voilà, c'est évidemment difficile de se frotter à une élection, ça peut être difficile en termes de résultats, c'est ce qui s'est passé dans les Hauts-de-France, mais je vais vous dire, moi, j'ai entendu depuis début de ce quinquennat des gens, notamment dans les oppositions, des commentateurs, nous dire : ah, mais regardez, il y a des membres du gouvernement qui n'ont pas d'expérience politique, qui n'ont pas de mandats locaux, c'est la société civile, ils devraient avoir un mandat, etc., ils se présentent à des élections, on leur reproche, eh bien, non, ça doit être salué ; par définition, quand on se présente à une élection, si on se présente à une élection que quand on est sûr de faire un bon score, on ne se présente jamais à une élection…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ils sont sanctionnés. Gabriel ATTAL, est-ce qu'il va y avoir un remaniement gouvernemental ?

GABRIEL ATTAL
Je n'en ai absolument aucune idée.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut un remaniement ?

GABRIEL ATTAL
Enfin, je veux dire, vous savez bien comment ça fonctionne…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous dis ça parce que c'est un geste politique…

GABRIEL ATTAL
Il n'y a que le président et le Premier ministre…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça, je sais. Vous souhaitez ?

GABRIEL ATTAL
Moi, je n'ai pas à souhaiter un remaniement. Moi, ce que je constate, c'est quoi ? Alors, vous allez me dire, c'est langue de bois etc. Mais on a un gouvernement qui est au travail. On lève les restrictions les unes après les autres, et surtout on agit pour la reprise économique du pays et pour la reconstruction du pays. On avait commencé à le faire avant la deuxième vague, avec ce gouvernement, avec ce Premier ministre, et moi je pense qu'il faut qu'on continue à le faire, de manière très forte, dans les semaines et les mois qui viennent. Vous savez, là si on sort durablement de la crise sanitaire comme on l'espère cet été grâce à la vaccination, qu'est-ce qui va se passer ? Tous les pays dans le monde vont se lancer dans la bataille de la Relance. Tout le monde va vouloir capter les nouveaux talents, les nouveaux investissements, être le lieu où ça rebondit le plus vite et le plus fort. Et nous, il ne faut pas qu'on perde de temps dans cette bataille-là, c'est pour ça qu'on fait le plan de relance, c'est pour ça qu'on fait tout pour que l'économie reparte, parce qu'il faut que la France ça soit là où ça se passe en termes économiques, que ça soit des opportunités en termes d'emploi pour les Français, et c'est ça aujourd'hui notre seule priorité, et c'est la priorité de ce gouvernement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et la priorité c'est de ne pas oublier les Français qui, eux, se sentent oubliés, qui peut-être ne vont pas voter. Dites-moi, que dites-vous ce matin à ceux qui déjà expliquent que le second tour n'opposera pas Emmanuel MACRON à Marine LE PEN ?

GABRIEL ATTAL
Ah, une élection n'est jamais jouée à l'avance, par principe, moi je n'ai jamais fait partie de ceux qui disaient que le second tour de l'élection était déjà prévu, alors même que le 1er tour n'a pas eu lieu. Je vais vous dire, moi je rêve d'un second tour sans Marine LE PEN. Evidemment un second tour avec Emmanuel MACRON, mais sans Marine LE PEN. C'est aussi le cœur de mon engagement en politique, que de lutter contre ces idées-là, et contre parfois des valeurs nauséabondes qui sont relayées par les élus du Rassemblement national, Front national, et donc il y aura une campagne présidentielle, il y aura une élection, mais personne ne peut dire que le second tour est prévu d'avance. C'est…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Votre combat majeur, c'est le combat contre le Rassemblement national, on est bien d'accord ?

GABRIEL ATTAL
On a évidemment des combats pour, Jean-Jacques BOURDIN, on parlait tout à l'heure du travail…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais ça, évidemment, évidemment…

GABRIEL ATTAL
… des valeurs de la République, mais je vais vous dire, moi si j'ai un adversaire, peut-être plus que les autres, dans la vie politique, c'est le Rassemblement national.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, pourquoi est-ce qu'en Bourgogne et Franche-Comté vous ne vous ne retirez pas ? Moi je ne comprends pas.

GABRIEL ATTAL
En Bourgogne Franche-Comté, jusqu'à preuve du contraire…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin, je ne comprends pas, je n'ai pas à comprendre pourquoi, mais je vous pose la question.

GABRIEL ATTAL
… c'est la présidente sortante socialiste qui est en tête, premièrement. Deuxièmement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
De peu devant le candidat du Rassemblement national.

GABRIEL ATTAL
Deuxièmement, on lui a proposé un rassemblement sur la base de priorités, notamment la relance économique. On parle de la région dont on parlait tout à l'heure et de l'usine MBF.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tout à fait.

GABRIEL ATTAL
Voilà. On a proposé qu'on se mette ensemble autour de la table et qu'on travaille à des priorités économiques, d'autant qu'elle s'est dite MACRON compatible il y a quelques mois ou quelques temps. Elle l'a refusé, elle a préféré faire une alliance avec l'extrême gauche et les communistes. Bon. Cette alliance, si on fait arithmétiquement les choses, ça la met sur le papier 15 points au-dessus du Rassemblement national à l'issue du 1er tour, quand on additionne les scores. Donc il n'y a pas de risque on peut dire, avéré, pas autant en tout cas que dans la région Sud, où là on a pris nos responsabilités.

JEAN-JACQUES BOURDIN
A vos yeux.

GABRIEL ATTAL
Je disais à l'instant que les élections ne sont jamais jouée par avance, je ne peux pas vous dire "il n'y a aucun risque", mais en tout cas ce que je vous dis, c'est qu'il n'y a pas de raison qu'on retire notre liste, et Denis THURIOT, notre candidat, qui est remarquable, qui est le maire de Nevers, qui a une expérience d'élu local, avec son équipe qu'il a constituée, qui a une vraie pluralité politique, un large rassemblement, il a évidemment toutes les raisons de continuer sa campagne.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Gabriel ATTAL. Vous regarderez notre débat demain matin, 08h30/09h30 ?

GABRIEL ATTAL
Je réfléchis à ce que j'ai demain matin, mais oui je pense que je pourrai regarder…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Thierry MARIANI, Renaud MUSELIER, sur BFM TV.

GABRIEL ATTAL
C'est un débat important.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 08h30/09h30, demain matin, sur BFM TV, RMC, BFM DICI et Azur TV.

GABRIEL ATTAL
J'espère que vous demanderez à monsieur MARIANI d'expliquer sa position et son soutien au régime azérie, face à ce que subit le peuple arménien depuis maintenant plusieurs mois, qui est très grave, et pour le coup monsieur MARIANI a toujours été en soutien du régime azéri, et je pense qu'il devrait pouvoir s'expliquer là-dessus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Gabriel ATTAL d'être venu nous voir


source : Service d'information du Gouvernement, le 24 juin 2021