Texte intégral
MARIE BERNARDEAU
Bonjour Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour.
MARIE BERNARDEAU
Je vous propose pour commencer qu'on écoute un jeune homme, il s'appelle Elias, il a 16 ans, il va entrer en 1ère dans un peu plus d'un mois, nous l'avons rencontré dans un centre de vaccination parisien. Et il a un message pour vous.
ELIAS, LYCEEN EN CLASSE DE 1ERE
Ça serait bien de pouvoir passer une année sans être confiné, sans avoir de cours en distanciel, parce que ce n'est vraiment pas facile, donc oui, une année normale, tant que le Covid est là, il faut faire attention, mais que ça soit plus simple et mieux géré, parce que c'est vrai que souvent, il y a eu des problèmes de communication, surtout le ministère qui faisait des mesures qu'on ne pouvait pas tellement suivre, qui ne nous donnaient pas assez de temps et pas assez de moyens, l'ENT, la plateforme en ligne, qui bugue une semaine sur deux, ce n'est vraiment pas possible après avoir des conditions normales pour étudier.
MARIE BERNARDEAU
On est à un peu plus d'un mois de la rentrée maintenant, Jean-Michel BLANQUER, est-ce que vous êtes en mesure aujourd'hui de rassurer Elias et tous les lycéens, les collégiens qui nous écoutent ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a plusieurs dimensions du message que vient de donner Elias, et que je reçois 5 sur 5, la première, c'est qu'il désire profondément que les écoles, les collèges et les lycées soient ouverts, et il a bien raison. Et comme vous le savez, c'est notre boussole que de maintenir ouvert l'ensemble du système scolaire. Et nous l'avons fait. C'est pourquoi l'année prochaine, j'espère bien que ce sera plus simple de le faire, mais ça reste notre boussole. Alors, le deuxième élément de ce qu'il dit, c'est que ce n'était pas simple tous les jours, surtout pour les lycéens d'ailleurs, mais c'était vrai aussi parfois pour les écoles et les collèges, on a eu toujours à peu près 0,2 % des classes fermées pour cette gestion de crise. On a eu parfois des difficultés informatiques, c'est vrai, je n'ai jamais prétendu que tout était parfait, mais j'invite chacun aussi à faire de la comparaison européenne et internationale, vous avez pratiquement la moitié des élèves qui ne sont pas allés à l'école aux Etats-Unis, vous avez en Allemagne et en Italie des interruptions qui ont duré plusieurs mois. On n'a donc pas du tout à rougir de l'année qui vient de passer, et je le dis notamment au nom de tous les personnels, les professeurs qui se sont battus pour que cela se fasse. Et donc bien sûr, ça a été une année très rude pour tout le monde, mais l'objectif, ça reste en effet, comme le souhaite Elias, que les écoles, les collèges et les lycées restent ouverts, et ce sera ma boussole pour la gestion de crise des prochains mois.
MARIE BERNARDEAU
Avec ou sans pass sanitaire alors ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, sans pass sanitaire. Le pass sanitaire n'a pas vocation à exister dans le cadre scolaire, mais avec un protocole sanitaire qui est donc renouvelé en ce mois de juillet, et c'est d'ailleurs ce que je suis venu vous dire ce matin, c'est-à-dire que maintenant, il est prêt, il va être publié sur notre site ce matin même, et il prévoit quatre scénarios, qui correspondent donc aux quatre degrés de circulation du virus.
JEAN-JEROME BERTOLUS
On va y venir tout de suite, mais le Haut conseil national de la santé, qui, normalement, est une autorité qui est chargée de vous guider en matière de santé, dans son avis récent, disait : eh bien, oui, il faut quand même que le pass sanitaire soit obligatoire à la porte des établissements scolaires pour limiter les contaminations dans ces lieux collectifs. Est-ce que vous ne prenez pas un risque, vous, et le Premier ministre, finalement, avec cette absence de pass sanitaire dans les écoles et les lycées ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, notre logique pour… d'abord, elle est différente pour l'enseignement primaire et pour l'enseignement secondaire, puisque s'agissant de l'enseignement primaire, on ne vaccine pas les moins de 12 ans, donc de toutes les façons, l'enseignement primaire n'est pas concerné par ces enjeux-là, en tout cas, à ce stade.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pour les 12-17 ans ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais donc pour les 12-17 ans, et en gros, pour l'enseignement secondaire, c'est-à-dire, les collèges et les lycées, notre logique, c'est évidemment la vaccination maximale des élèves, mais de le faire sur le mode de l'incitation, et c'est donc ce qui va se passer, c'est pourquoi nous sommes déjà organisés depuis le mois de juin pour des vastes campagnes, d'abord, d'incitation à la vaccination, des campagnes de communication, et puis, aussi, des campagnes pratiques avec le ministère de la Santé, pour que les vaccins soient proposés aux jeunes aussi bien pendant ces vacances, je rappelle que, sur les lieux de vacances, il y a beaucoup de propositions de vaccin ciblant tout particulièrement les jeunes. Et puis, à la rentrée, pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait, grâce à l'installation de barnums, comme on dit, en tout cas, de centres de vaccination.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Alors, on sait que ce virus est très virulent, enfin, plus exactement, le variant Delta, est-ce que la règle du « un cas de Covid dans une classe, la classe va fermer » va perdurer à la rentrée ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, comme je vous le disais, il y a désormais donc un protocole sanitaire, avec quatre scénarios, et donc des enjeux différents, selon les quatre scénarios, s'agissant de ce qui se passe quand il y a un élève qui est contaminé. Vous vous souvenez que cette année, au bout de plusieurs mois, on a décidé que c'était au bout d'un cas de contamination qu'on fermait une classe, ce qui, évidemment, a fait plus de classes fermées, c'était une mesure de prudence renforcée. Donc on maintient cette règle pour l'enseignement primaire, puisque les élèves ne sont pas vaccinés. Donc quand il y aura un cas de contamination, on fermera, quels que soient les scénarios, dans les quatre scénarios, et puis, s'agissant de l'enseignement secondaire, s'il y a un cas de contamination, ce sont les élèves non-vaccinés qui seront évincés, mais pas les élèves vaccinés. Donc c'est évidemment une forte incitation à être vacciné. Je précise que ceux qui ne seront pas vaccinés seront en enseignement à distance dans le même temps évidemment…
MARIE BERNARDEAU
Ça va créer une inégalité, Jean-Michel BLANQUER, ça, entre les élèves…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, moi, sur ces sujets depuis le début, on raisonne en termes de moindre mal, on ne raisonne pas en termes de situation idéale, c'est comme ça d'ailleurs que ce que je vous ai dit sur l'année 20-21, telle qu'elle s'est passée, c'est à chaque fois, on a fait au mieux par rapport à des contraintes qui sont énormes. Là, en l'occurrence, l'objectif, c'est la continuité pédagogique, c'est que tous les élèves aient classe, je suis assez sûr que cette année, ils auront moins de perturbations que ce qu'ils ont pu avoir l'année dernière, a fortiori, si on a réussi à vacciner un maximum d'élèves et d'adultes dans l'intervalle.
MARIE BERNARDEAU
Le non-vacciné rentre à la maison, le vacciné reste en cours ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Exactement. Et si vous voulez, c'est une logique très rationnelle, en réalité, puisque c'est le message que nous passons depuis le début, quand vous êtes vacciné, vous ne risquez pas de contaminer les autres, alors que si vous n'êtes pas vacciné, vous faites courir ce risque.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Une confirmation encore, le pass sanitaire ne sera pas non plus obligatoire dans les facs et dans les restos U ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, Frédérique VIDAL s'exprimera cette semaine…
MARIE BERNARDEAU
La ministre de l'Enseignement supérieur…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Evidemment de façon cohérente avec ce que je suis en train de vous dire sur l'enseignement scolaire, mais en effet, notre objectif à l'échelle gouvernementale n'est pas d'appliquer le pass sanitaire en milieu scolaire ou universitaire. Ce que je vous dis est vrai s'agissant de l'enseignement scolaire, pour les activités scolaires, comme les activités périscolaires, après dans tout ce qui est extra-scolaire, c'est-à-dire la vie de l'adolescent en dehors du collège, là, comme vous le savez, à partir du 30 septembre, le pass sanitaire s'applique pour les 12-17 ans, mais l'idée est de ne pas imposer un pass sanitaire pour rentrer à l'école ; vous savez, c'est toujours la même logique, c'est la logique de l'école ouverte, c'est celle que j'ai défendue depuis le début, parfois contre vents et marées, il a fallu parfois tenir haut le drapeau pour arriver à maintenir les écoles ouvertes, je continuerai à tenir ce drapeau-là, et c'est pour cette raison que toutes les mesures qu'on prend sont toujours inspirées par l'idée d'avoir au maximum les enfants qui aillent à l'école. Si quelqu'un veut comprendre la logique qui est derrière, elle est aussi simple que ça, c'est comment faire en sorte que les enfants et les adolescents de France aillent au maximum à l'école.
MARIE BERNARDEAU
Et on va continuer à en parler dans une minute, parce que c'est l'heure du Fil info.
/// Le Fil info ///
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et ce matin, nous recevons Jean-Michel BLANQUER, le ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports, pas de pass sanitaire, est-ce que cela veut dire que, eh bien, les profs, ceux qui ne sont pas vaccinés, pourront continuer à faire cours ? Ecoutez ce que disait ce matin Christèle GRAS-LE GUEN, c'est la présidente de la Société française de pédiatrie.
CHRISTELE GRAS-LE-GUEN, PRESIDENTE DE LA SOCIETE FRANÇAISE DE PEDIATRIE
La vaccination obligatoire au lycée, je dirais, de manière un peu provocatrice, elle doit être pour les enseignants, les enseignants qui vont donner l'exemple et qui pourront être protégés et qui pourront assurer l'enseignement et les cours.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Protéger, donner l'exemple, Jean-Michel BLANQUER, est-ce qu'il faut simplement passer à la vaccination obligatoire de tous les profs ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
On n'en est pas là, je respecte ce point de vue, et de façon générale d'ailleurs, la Société française de pédiatrie a été très précieuse pendant toute cette crise par les avis qu'elle a donnés et que j'ai regardés très attentivement. Donc je comprends ce point de vue, à ce stade, ça ne nous paraît pas indispensable, parce que nous pensons…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Donc un prof pourra continuer à faire cours sans être vacciné ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, vous savez, le pourcentage de professeurs se vaccinant est très important, on fait des enquêtes…
MARIE BERNARDEAU
Combien ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Au moment où je vous parle, je pense que ça a dépassé les 80 %, on fait des sondages réguliers pour…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Ça, c'est un chiffre… parce que les chiffres que vous donnez, ce chiffre-là, il était un peu mis en question, ou du moins, on s'est demandé un petit peu son origine…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, je sais, vous savez, vous pouvez dire ça d'à peu près tout, dès que vous dites quelque chose, vous déclenchez 50 vérifications…
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est un chiffre important, plus que la moyenne des Français…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce qu'il faut que vous sachiez, c'est qu'on fait des enquêtes ministérielles, j'en profite pour répondre à tous ceux qui veulent toujours laisser croire qu'on dit des chiffres à la volée, il y a des enquêtes, et parfois, ces enquêtes, elles ont le statut de ne pas être communicables, c'est fait pour simplement éclairer la décision publique, donc il y en a une qui m'a permis de dire les chiffres que j'ai donnés, j'en profite pour le dire à tous ceux qui pensent que les paroles sont dites en l'air comme ça, donc ce chiffre, en effet, il était autour de 70, 75 % au moment de l'entrée en vacances, maintenant, on savait aussi à ce moment-là, au travers de cette enquête, que c'est environ de 90 %, l'intention vaccinale des professeurs, donc, le nombre de profs… proportion de professeurs souhaitant se faire vacciner et c'est en train d'être confirmé par les coups de sondes que nous donnons sur le terrain. Nous aurons une enquête à la fin du mois d'août nous permettant de savoir ce qu'il en est, évidemment, il faut que ce chiffre aille le plus proche possible de 100 % pour que nous n'allions pas vers l'obligation vaccinale, si on était obligé d'aller vers l'obligation vaccinale, on irait vers l'obligation vaccinale à un moment donné, mais c'est toujours un dernier recours, c'est quand même beaucoup plus souhaitable que chacun comprenne que c'est son intérêt de se faire vacciner, et que est en plus l'intérêt des autres. Donc on va aller dans cette direction…
MARIE BERNARDEAU
Qu'est-ce qui fera que vous enclencherez ce dernier recours, Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Pardon ?
MARIE BERNARDEAU
Qu'est-ce qui fera que vous enclencherez ce dernier recours, Jean-Michel BLANQUER
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'était s'il y avait un pourcentage trop faible de professeurs vaccinés, on serait sans doute obligé d'aller vers cela, mais moi, vous savez, les professeurs, par définition, enseignent la rationalité, ce n'est pas pour rien qu'ils font partie des corps de métiers qui se vaccinent le plus, donc moi, c'est surtout à ça que je fais confiance.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Alors, on parle maintenant des élèves, effectivement des 12-17 ans, combien de barnums, combien de vaccinodromes le 2 septembre, à la rentrée dans les différents établissements scolaires, sur l'ensemble du territoire ? Et quelles vont être les modalités concrètes pour que les élèves puissent se faire vacciner ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, concrètement, on installe un centre de vaccination par établissement, alors, on le fait de façon pragmatique, parce que, parfois, ça peut être dans l'établissement, parfois lorsqu'il y a un lieu adapté proche de l'établissement, ça peut être à côté de l'établissement, ce sont les personnels de santé qui ne sont pas nécessairement les personnels de santé scolaires, donc on a l'appui évidemment de ce qu'on peut appeler la médecine civile…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pas nécessairement, mais ça va être mélangé, vous voulez dire ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il peut y avoir une contribution évidemment des médecins et infirmiers scolaires, mais l'ensemble du système est organisé avec le ministère de la Santé, comme c'est convenu d'ailleurs depuis un certain temps…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Les ARS ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Les ARS, j'ai adressé une circulaire, enfin, nous avons adressé, avec tous les ministres compétents du gouvernement, sur ces sujets, une circulaire aux préfets, recteurs et directeurs d'ARS, pour tout simplement organiser cela, comme d'habitude, c'est un défi logistique…
MARIE BERNARDEAU
Tout ça sera prêt justement pour la rentrée ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce sera prêt pour la rentrée, pour les premiers jours de septembre, vous aurez au cours des premiers jours de l'information qui sera donnée aux parents, au travers des chefs d'établissement et des professeurs, et puis, ensuite, les élèves pourront se faire vacciner au cours des jours suivants, moi, évidemment, pour tous ceux qui nous écoutent, et pour tous les Français, ce que je dis, c'est d'abord : faites-vous vacciner en ce moment même, c'est quand même la meilleure des formules, vous savez, très souvent, c'est faisable en pharmacie, c'est faisable dans le lieu de vacances où vous êtes, c'est le moment, c'est vraiment le moment de le faire…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Comment les élèves vont faire, c'est-à-dire que, par exemple, comment un élève obtiendra ou prouvera plus exactement qu'il a l'autorisation de ses parents, est-ce que les parents vont prendre rendez-vous pour les élèves au sein des établissements scolaires ? Comment ça va se passer concrètement ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a une autorisation parentale qui est demandée.
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est quoi, c'est manuscrit ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr, c'est un papier qui sera donné par le chef d'établissement aux élèves et qui reviendront avec l'autorisation de leurs parents.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Est-ce qu'il y aurait une forme d'anonymat pour un petit peu reprendre la question de Marie BERNARDEAU tout à l'heure, est-ce qu'il y aura une forme d'anonymat au sein des établissements scolaires, est-ce que ça ne sera pas finalement une obligation vaccinale de fait, et que les élèves, eh bien, dont les parents hésitent, finalement, est-ce qu'ils ne seront pas ostracisés ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, en tout cas, on ne doit jamais arriver à ce type de logique, et d'ailleurs, c'est vrai au-delà de l'école, nous ne devons pas arriver à une société où il y aurait d'un côté… où on braquerait les uns contre les autres, les vaccinés et non-vaccinés, dans l'idéal, on serait tous vaccinés, répétons-le encore une fois, mais il ne s'agit pas d'ostraciser les non-vaccinés, il s'agit de mettre chacun devant ses responsabilités. Vous savez, le vaccin est l'ennemi du virus, et c'est le virus qui est l'ennemi des libertés, et donc, le vaccin est l'ami des libertés, si on veut…, je sais bien que c'est une contrainte d'être vacciné, ça n'amuse personne d'avoir à se vacciner, mais néanmoins, si on aime la liberté, on aime le vaccin, et moi, j'aime la liberté, et donc j'aime le vaccin, parce que c'est grâce au vaccin qu'on aura plus de libertés, et pas l'inverse. Il faut que chacun comprenne cela, une fois qu'on a compris ça, eh bien, ça fait partie, vous savez, dans une société, il y a le contrat social, c'est-à-dire qu'on accepte des choses précisément pour préserver nos libertés, ça s'appelle…
MARIE BERNARDEAU
Que devient, pardonnez-moi, Jean-Michel BLANQUER, un adolescent…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et donc le vaccin fait partie du contrat social contemporain…
MARIE BERNARDEAU
Un adolescent qui n'est pas vacciné et qui a une sortie scolaire programmée, qui doit aller au musée, qui doit aller au cinéma, là, il faut le pass sanitaire, il n'y va pas à la sortie ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, parce que c'est normal de faire une différence entre le cinéma et l'école, vous me l'accorderez, même si j'accorde beaucoup d'importance au cinéma…
MARIE BERNARDEAU
Mais ce sera dans le cadre de l'école…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Qu'on fait beaucoup de choses pour le rapport entre cinéma et école. Mais néanmoins, chacun peut comprendre que l'école est la priorité des priorités, et donc il est normal qu'il y ait un statut spécial de la vie à l'école, c'est vrai sur ce sujet comme sur d'autres d'ailleurs, chacun a compris que c'était la priorité du Gouvernement français, ça fait d'ailleurs un peu notre spécificité dans le monde, mais c'est comme ça. Nous avons des règles spécifiques pour l'école, parce que, ce que nous voulons d'abord et avant tout, c'est l'intérêt des enfants et des adolescents de notre pays.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Combien de centres de vaccination, je vous ai déjà posé la question, vous m'avez dit : 1 par établissement scolaire, c'est ça ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, il pourrait y en avoir parfois autour des écoles, ça va être autour de 6 à 7.000 centres de vaccination, donc, correspondant au nombre d'établissements, mais correspondant aussi parfois à des écoles.
JEAN-JEROME BERTOLUS
6 à 7.000, et ces centres vont durer combien de temps en fait ? Est-ce que vous avez programmé une date de fin, c'est-à-dire, est-ce qu'effectivement, les parents et les élèves de plus de 16 ans qui n'ont pas à demander d'autorisation, est-ce qu'il faut qu'ils se dépêchent ou est-ce qu'ils ont jusqu'à la fin de l'année pour se faire vacciner ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, évidemment, l'objectif, c'est d'avoir une certaine intensité de ce qui va se passer, donc ça va être beaucoup au mois de septembre et au mois d'octobre, mais après, vous savez, depuis le début de cette crise, nous sommes pragmatiques, nous regardons ce qui se passe, nous nous adaptons, parfois, on nous le reproche, puisque, comme c'était dit tout à l'heure, ça donne le sentiment d'avoir des changements de temps en temps, mais ces changements sont le prix à payer de l'adaptation à la réalité, notamment, la circulation du virus. Donc s'agissant du vaccin, on concentre les efforts notamment sur septembre et octobre, avec comme objectif d'avoir vacciné l'immense majorité des 12-17 ans et des adultes…
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est combien l'immense majorité ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Puisque je vous rappelle que le vaccin sera proposé aussi aux adultes des établissements, pas seulement les professeurs.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Aux personnels…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Tous les personnels des collectivités locales et autres.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Et donc c'est combien l'immense majorité, combien des 12-17 ans, 12-18 ans sont aujourd'hui vaccinés, et combien concrètement, ça veut dire quoi l'immense majorité fin octobre ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, je ne vais pas vous donner un chiffre, parce que l'objectif, c'est de tendre…
JEAN-JEROME BERTOLUS
90 % ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr, l'objectif est de tendre vers 100 % évidemment, et je pense que, si vous voulez, chacun peut voir l'intérêt du vaccin, regardez ce qui se passe dans les pays qui ont beaucoup de vaccins réalisés, même d'ailleurs en ce moment apparemment en Angleterre, il commence à y avoir une baisse du variant Delta, après les flambées qui ont eu lieu ces dernières semaines dans le même pays, ce n'est pas toujours facile de suivre ces évolutions, mais ce qui est certain, c'est que plus on est vacciné, moins il y a le virus, tout simplement, c'est aussi simple que ça ; je pense que chacun va le comprendre, moi, vous savez, j'ai des discussions individuelles, ça m'arrive tous les jours, pour convaincre, pour essayer de comprendre aussi pourquoi il y a cette résistance au vaccin. Je respecte tous les points de vue, je pense qu'on ne doit pas être dans l'imprécation, il est normal qu'il y ait des questions, de la vigilance, tout ça n'a rien de scandaleux, donc on ne doit pas se disputer les uns les autres sur ces sujets, y compris en famille, je pense, il faut se respecter. En revanche, par tout simplement l'étude concrète de la réalité, par l'esprit scientifique, chacun doit comprendre que le vaccin est la solution.
MARIE BERNARDEAU
Jean-Michel BLANQUER, on n'a pas encore évoqué les plus jeunes, les moins de 12 ans, on va le faire dans une minute, le temps d'un passage par Le Fil info.
/// Le Fil info ///
Et nous sommes toujours avec le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel BLANQUER, on a évoqué la vaccination des 12-17 ans, les moins de 12 ans n'ont pas accès à la vaccination, ça veut dire, en gros, les élèves de l'école primaire, pour eux, comment va se passer la rentrée, ils vont être testés plus souvent que ça n'a pu l'être, fait, avant les grandes vacances ou pas ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, pour eux, s'applique la stratégie que nous avons appliquée l'année dernière et qui a quand même plutôt marché, c'est ce qu'on appelle tester, alerter et protéger, autrement dit reposant d'abord et avant tout sur les tests, donc les tests salivaires, qui seront de l'ordre d'au moins 600.000 tests salivaires par semaine, nous permettant donc de repérer les foyers de contamination…
MARIE BERNARDEAU
C'était combien avant les grandes vacances ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
On commençait à être vers ce chiffre-là, on était vers 400.000, 500.000, c'est une montée en puissance qui s'est réalisée tout au long de l'année, à partir de janvier en particulier, et qui nous a bien réussi, c'est quand même grâce à cette stratégie « tester, alerter, protéger » qu'on a pu maintenir les écoles primaires ouvertes, l'essentiel de l'année, et que les enfants de France n'ont pratiquement perdu aucun jour de classe à l'école primaire l'année dernière, ce qui est quand même très, très, très important, et on va continuer cette année selon la même logique, rappelons que les enfants de cet âge-là sont très peu symptomatiques, c'est très, très rare, ça arrive qu'ils soient contaminés, mais lorsqu'ils le sont, ils sont…
MARIE BERNARDEAU
Ils restent vecteurs tout de même…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ils restent vecteurs, mais ils sont peu symptomatiques, et on n'a pas observé, je l'ai souvent dit, ça a souvent été discuté, mais je le répète, on n'a pas repéré de contamination particulière en milieu scolaire. Donc on doit juste continuer à appliquer les gestes barrières, le protocole que nous publions ce matin, que chacun va pouvoir voir ce matin sur notre site Internet, établit les gestes qui s'appliquent selon le scénario dans lequel on se trouvera. Ça signifie qu'à la fin du mois d'août, je dirai évidemment en me reposant sur les analyses des autorités de santé, où est le curseur de la circulation du virus, et donc quel scénario nous appliquerons, le 1, le 2, le 3 ou le 4. Et ça enclenchera tel ou tel type de mesure, par exemple, dans le scénario le plus léger, scénario 1, vous n'avez plus de masque à l'école primaire, je crains que ce ne soit pas ce scénario qui s'applique à la rentrée…
MARIE BERNARDEAU
En septembre, ça ne s'appliquera pas ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça ne s'appliquera pas, mais j'espère bien que dans le courant de l'année, on pourra arriver à ce scénario-là, il y a aussi d'autres cas de figure où vous avez le masque quand vous êtes en intérieur, mais pas quand vous êtes en extérieur, donc on proportionne les choses, on y va graduellement, selon la circulation du virus.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Quel est, d'un mot, puisque vous enjoignez tout le monde, que ce soit les parents, les profs, les syndicats, les directeurs d'établissements, d'aller sur le site aujourd'hui du ministère, d'ores et déjà maintenant, ils peuvent y aller ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Quel est le scénario qui vous paraît le plus probable ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien, écoutez, on a deux scénarios extrêmes, le 1 et le 4, dont je pense qu'ils ne sont pas probables, en tout cas, pas tels que nous voyons la situation sanitaire, donc c'est probablement le scénario 2 ou 3 que nous serons amenés à appliquer au moment de la rentrée scolaire, c'est-à-dire des scénarios qui ne sont pas plus contraignants que ce que nous avons connus jusqu'à présent, mais où il y a la nouvelle donne du vaccin et de ce qu'il permet de faire, et de ce qu'il permet d'ouvrir ; soyons quand même… restons quand même assez optimistes, vous savez, les trois critères…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Oui, on peut l'être, on peut l'être, parce que les dernières… enfin, et vos collègues du gouvernement n'ont pas rendu les Français très optimistes quand même.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Je pense, si vous voulez, il faut être, d'abord, le premier mot qui convient, c'est un pragmatique, et ensuite, il faut, vous savez, les trois choses qu'on regarde beaucoup, c'est le nombre de personnes en réanimation, le taux d'incidence, et puis, justement, le taux vaccinal, et s'il y a bien une chose qui dépend de nous tous, c'est le troisième critère, donc l'optimisme dépend de nous, en réalité, si tous les Français sont vaccinés, il y a matière à optimisme. Et dans le cadre scolaire, ce que nous avons prouvé collectivement, nous, l'Education nationale et les collectivités locales par le travail accompli en 2020-21, cette victoire collective qu'a représenté l'ouverture des écoles en France, eh bien, nous allons évidemment la renouveler, on se trouve dans la position de certains de ces champions olympiques qui doivent recommencer, sans, je le dis sans aucune fanfaronnade, si vous voulez, c'est au contraire avec l'humilité que donne l'expérience que nous avons vécue, nous savons que rien n'a été parfait, mais nous savons que quand on est soudé, qu'on ne cherche pas les polémiques inutiles, mais qu'on va vers le concret, on arrive à cet objectif fondamental, qui est l'ouverture des écoles, et donc on y est arrivé, ça doit nous prouver à nous-mêmes qu'on est encore capables de le faire, et c'est ça qui me rend optimiste, je sais que nous sommes capables collectivement en 21-22 d'ouvrir les écoles de France.
MARIE BERNARDEAU
Vous avez de vous-même fait la transition, Jean-Michel BLANQUER, vous étiez à Tokyo il y a encore quelques jours pour l'ouverture des Jeux olympiques, vous avez pris des notes dans la perspective de Paris 2024 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, beaucoup, avec tous ceux qui étaient avec moi, à commencer par le président de la République, et puis, aussi, évidemment, l'ensemble de ceux qui préparent les Jeux olympiques, comme Tony RINER…
MARIE BERNARDEAU
Teddy…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Comme Tony ESTANGUET…
MARIE BERNARDEAU
Tony ESTANGUET et Teddy RINER…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, Teddy RINER ne prenait pas des notes, il se préparait à son match…
MARIE BERNARDEAU
Il ne va pas être content…
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est avec Tony ESTANGUET que nous étions très attentifs, mais aussi effectivement en discutant avec les athlètes et les responsables des fédérations avec qui j'ai beaucoup parlé pendant cette période, pour, à la fois, regarder ce qu'ont fait les Japonais dans des circonstances très particulières, qui évidemment ne seront, je l'espère, pas les mêmes à Paris, quand même, mais justement, c'est intéressant de regarder comment s'organisent des Jeux en conditions extrêmes, et ça, c'est très instructif. Par ailleurs, il y a tout l'enjeu de bien nous préparer sportivement à ce moment-là, et moi, un de mes grands sujets, c'est de contribuer à ce que la France devienne une nation sportive, plus que ça n'est le cas aujourd'hui, notamment en impliquant davantage les enfants, les adolescents, d'où toutes les mesures que nous sommes en train de prendre pour le sport à l'école…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Bien nous préparer, bien nous préparer, ça veut dire qu'on a une médaille, vous avez dit 80 médailles, vous maintenez ce chiffre, 80 médailles à Paris 2024 ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
C'est un chiffre qui avait été donné par Laura FLESSEL en son temps…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Oui, mais maintenant que vous reprenez, et que vous faites vôtre, ministre des Sports…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Moi, vous savez, moi, je pense qu'il faut être ambitieux, je pense que les sujets en cette matière sont souvent des sujets d'ordre mental, et donc il faut mettre la barre un peu haut, il faut croire en soi, regardez Clarisse, ce qu'elle a fait hier, c'était fantastique, et en fait, moi, j'avais assez confiance dans le fait qu'elle… parce que je l'avais vue avant, je vois comment… le mental qu'elle a, justement, donc, il faut croire en soi, la France doit croire en elle-même, les Français doivent croire en eux-mêmes, et pourquoi pas 80 médailles à Paris, c'est très ambitieux, et peut-être qu'on arrivera à 75, mais peut-être qu'on fera 85, peut-être plus encore, mais ça se prépare, il faut se fixer des objectifs ambitieux, il faut croire en nous-mêmes, on est un pays fantastique, on le voit dès qu'on regarde ce qui se passe ailleurs, on peut quand même se dire que ce n'est pas si mal que ça la France…
JEAN-JEROME BERTOLUS
Donc rendez-vous…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Les Français ont des compétences, ont des qualités incroyables…
JEAN-JEROME BERTOLUS
85 médailles, rendez-vous en 2024…
JEAN-MICHEL BLANQUER
Absolument.
MARIE BERNARDEAU
Et on s'arrête là, protocoles sanitaires à découvrir sur le site du ministère de l'Education nationale. Merci beaucoup d'avoir été l'invité du 8h30 France Info ce matin, Jean-Michel BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 juillet 2021