Texte intégral
ORIANE MANCINI
Bonjour Laurent PIETRASZEWSKI. Merci beaucoup d'être avec nous.
LAURENT PIETRASZEWSKI
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Secrétaire d'Etat chargé des Retraites et de la santé au travail. On est ensemble pendant vingt minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale et Christelle BERTRAND va nous rejoindre en direct. Christelle BERTRAND, bonjour. Allez-y, je vous en prie, installez-vous Christelle, juste à côté de moi, Christelle, qui représente ici le groupe La Dépêche. Merci beaucoup d'être avec nous, Christelle.
CHRISTELLE BERTRAND
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Bonjour. Laurent PIETRASZEWSKI, on va commencer par une question simple, mais une réponse que tout le monde attend, y aura-t-il ou non une réforme des retraites avant la fin du quinquennat ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Bon, deux minutes pour la réponse quand même…
ORIANE MANCINI
On a le temps, mais on veut quand même une réponse claire…
LAURENT PIETRASZEWSKI
J'entends bien, j'entends bien. Ecoutez, le président de la République a été très clair, c'est pour ça que sur le fond, vous allez retrouver dans mes propos ce que le président de la République a dit le 12 juillet. Qu'a-t-il dit le 12 juillet ? Il a dit que nous avons aujourd'hui une situation sanitaire qui est sérieuse, et elle l'est toujours, on a près de 10.000 de nos concitoyens qui sont hospitalisés pour des raisons de Covid, et près de 2.000 qui sont en réanimation. Il a dit, il y a aussi la nécessité d'ancrer cette relance économique, et c'est vrai que les chiffres sont bons, l'action du gouvernement, là, est récompensée, on voit bien que d'avoir maintenu les entreprises avec la tête hors de l'eau pendant cette crise sanitaire et d'avoir préservé les emplois, tout cela est positif avec un taux de croissance qui devrait être supérieur à 6 % pour 2021.
ORIANE MANCINI
Ça veut dire que ça, ce n'est plus un critère…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Il nous faut ancrer…
ORIANE MANCINI
Les prévisions de croissance sont bonnes, ce n'est plus un critère la reprise économique ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Mais vous savez que, vous venez de le dire vous-même, ce sont des prévisions de croissance, et ce qu'il faut maintenant, c'est ancrer les choses, pourquoi, qu'est-ce que nous voyons, le chômage, certes, est revenu à son niveau d'avant 2019, mais nous voyons que les jeunes, notamment, et nous voyons que le chômage de longue durée et le chômage des seniors progressent, il nous faut être particulièrement attentifs à cette situation économique et sociale et sanitaire ; pour l'instant, le gouvernement est mobilisé sur ces deux sujets, le sanitaire et l'économique et social. Viendra le temps, c'est ça votre question, viendra le temps de faire cette réforme lorsque nous serons en situation, à la fois au niveau sanitaire et au niveau économique et social, sereine.
ORIANE MANCINI
Mais ce qu'on ne comprend pas bien, c'est quels sont les critères, on l'a dit, les prévisions économiques de croissance, elles sont bonnes, et l'économie repart, il n'y a pas eu d'effet de la quatrième vague sur l'économie, et la situation sanitaire, elle semble en voie d'amélioration, en tout cas, en ce qui concerne la quatrième vague. Est-ce que, précisément, vous avez des critères, est-ce que c'est un nombre de patients hospitalisés, est-ce que c'est quand il n'y aura plus de variant, quels sont les critères précisément ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, écoutez, ce n'est pas un tableau mathématique, ça ne marche pas… ce n'est pas un modèle mathématique qui déclenche l'action politique. L'action politique, elle se déclenche au regard, à la fois de la situation de la société, de notre niveau de disponibilité globale, je dirais d'acceptation aussi de transformation de notre société. Ma conviction à moi, c'est qu'il faut faire cette réforme des retraites, la question, c'est quand. La question, c'est quand, parce que, effectivement, il faut que nous soyons tous collectivement prêts à cette transformation si nous voulons avoir une protection sociale de qualité, comme nous avons aujourd'hui, nous avons les niveaux de pension les plus élevés des pays industrialisés. Nous avons – et c'est tant mieux – une espérance de vie à la retraite de plus de 26 ans parmi les plus élevées des pays industrialisés. Il nous faut financer tout cela, il nous faut le faire, et moi, je le crois, je vous le dis, en travaillant.
CHRISTELLE BERTRAND
Alors, Gabriel ATTAL, le porte-parole du gouvernement, annonçait ce week-end, à la Fête de l'Humanité, que certaines parties de cette réforme des retraites pourraient être mises en oeuvre avant la fin du quinquennat, est-ce que ça vous paraît possible, et quelles parties, de quelles parties parle-t-il ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Attendez, je ne vais pas vous faire ici une illustration à la découpe de la transformation du système de retraite. Puisqu'on a un peu le temps, disons un mot quand même de notre système de retraite, système de retraite par répartition, ce sont les actifs, ceux qui travaillent aujourd'hui qui, par leurs cotisations, payent les pensions de retraite de leurs aînés, c'est la réalité de notre système, ce système, il faut qu'il soit à l'équilibre, alors pas forcément sur une année, mais en tous les cas de façon tendancielle, qu'est-ce que nous constatons ? Nous avons aujourd'hui un système qui est déficitaire, nous aurons pour 2021 près de 8 milliards de déficit, la tendance estimée par le Conseil d'Orientation des Retraites, c'est autour d'une dizaine de milliards par an de déficit à l'horizon 2030. Donc si nous regardons la situation sur dix années à venir, nous avons près d'une centaine de milliards de déficit sur ce système de retraite, donc, bien sûr qu'il faudra le rééquilibrer, il nous faut le rééquilibrer, parce que, sinon, nous laissons la charge à nos plus jeunes, à la fois de payer par leurs cotisations les pensions des aînés, mais aussi, nous leur laissons la charge de la dette, c'est-à-dire, nous laissons une double charge à nos plus jeunes, et moi, ma préoccupation…
ORIANE MANCINI
Est-ce que ça veut dire que sans réforme…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Est que mes filles et vos enfants aient une retraite…
ORIANE MANCINI
Sans réforme, ce système par répartition, il est en danger aujourd'hui ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Mais écoutez, il est menacé notre système par répartition, si nous ne prenons pas dans le temps les bonnes décisions pour l'équilibrer, mais c'est ce que nous voulons faire, et c'est ce que nous ferons, j'ai compris votre question préalable, mais c'est ce que nous ferons le moment venu lorsque, à la fois, la situation sanitaire et la situation économique seront définitivement ancrées…
ORIANE MANCINI
Non, mais vous comprenez qu'on ne comprend pas très bien quand c'est le moment venu, c'est un peu flou, pourquoi entretenir ce flou, pourquoi ne pas dire clairement : on ne sera pas en mesure de le faire d'ici la fin du quinquennat ou, oui, il y aura des mesures qui seront prises d'ici la fin du quinquennat ; pourquoi entretenir ce flou ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Mais tout simplement, parce que, il ne vous a pas échappé que la situation sanitaire était particulièrement évolutive, vous vous êtes réjouie, et puis après tout, on peut le faire avec vous, du fait qu'il y a dans notre pays une capacité à passer cette quatrième vague, et cela, essentiellement, grâce à la stratégie vaccinale que le gouvernement a déployée, et pour laquelle les Français ont répondu présents, rappelons que depuis le discours du 12 juillet du président de la République, nous sommes à plus de 11 millions de nouvelles injections, près de 50 millions de nos concitoyens ont au moins une injection. Donc nous sommes dans une situation sanitaire évolutive, nous sommes dans une situation économique qui reste fragile, même si la tendance est bonne, eh bien, c'est cela que nous voulons confirmer avant d'avancer sur des réformes qui sont structurelles.
CHRISTELLE BERTRAND
On comprend bien que vous ne voulez pas en dire plus sur le timing, mais certains aujourd'hui au gouvernement disent cette réforme est nécessairement globale, c'est un grand tout, et donc il faut qu'on attende le prochain quinquennat s'il y a pour la faire, pour qu'elle ait une cohérence, d'autres disent : mais on peut commencer, comme Gabriel ATTAL, à avancer sur certains points avant la fin du quinquennat. Quelle est votre opinion sur ce débat-là ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Non, mais je vous mets à l'aise, il n'y a pas de débat au sein du gouvernement sur est-ce qu'il faut faire telle partie de la retraite ou telle autre. Simplement, le président de la République…
ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il y aura des mesures prises avant la fin du quinquennat ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Encore une fois, le 12 juillet, il nous a donné une feuille de route en nous disant de porter une attention particulière notamment sur la situation des petites retraites et sur la nécessité d'arriver à un système qui soit plus juste, où on n'ait pas autant d'écarts sur notamment les durées de cotisations et l'âge de départ…
CHRISTELLE BERTRAND
Sur les petites retraites par exemple…
ORIANE MANCINI
Bon, clairement, ça veut dire suppression des régimes spéciaux et retraite minimum à 1.000 euros, c'est ça les deux mesures qui semblent être mises sur la table, est-ce qu'elles vont être mises sur la table avant la fin du quinquennat ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Tout cela, c'est sur la table, on ira lorsque la situation économique et sanitaire le permettra.
ORIANE MANCINI
Donc pas forcément avant la fin du quinquennat ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien écoutez, moi, je suis en difficulté pour vous répondre de ce que sera la situation sanitaire dans trois semaines…
ORIANE MANCINI
Parce que Christophe CASTANER, par exemple, qui est le patron des députés de La République En Marche, dimanche, il évoquait le budget de la Sécurité sociale qui sera examiné dans quelques semaines par le Parlement, et il disait que pourrait figurer dans ce budget la retraite minimum à 1.000 euros, est-ce que ça c'est une piste ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, écoutez, sur les petites retraites, la volonté du gouvernement, elle est totale, d'abord, juste redire un mot, c'est bien mon cabinet et l'ensemble des parlementaires qui ont voté très récemment l'augmentation du minimum de retraite pour les exploitants agricoles, c'est près de 227.000 chefs d'exploitations agricoles qui vont voir leur minimum de retraite passer à 1.035 euros au 1er novembre, payé début décembre, ça, c'est la réalité du travail du gouvernement qui s'occupe de petites retraites ; donc, ce sujet des petites retraites, effectivement, on ne peut pas uniquement le regarder sur des catégories spécifiques, même si, quand même, il ne faut pas oublier ce qu'on doit au monde agricole, on lui doit notamment cette capacité à être resté au travail pendant la crise sanitaire, n'oublions pas que ce sont celles et ceux qui nous nourrissent, et je crois que le signal que le gouvernement et le Parlement, je le dis, a voulu envoyer aux exploitants agricoles est un bon signal. Donc ce sujet des petites retraites fait partie de nos préoccupations…
ORIANE MANCINI
Donc est-ce que vous irez plus loin ? Et vous irez plus loin, rapidement ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Nous ferons ça le moment venu…
ORIANE MANCINI
Mais c'est quand le moment venu ?
CHRISTELLE BERTRAND
Pas forcément…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, dès que la situation sanitaire et la situation économique…
ORIANE MANCINI
Et puis, ça sera dans le budget de la Sécu…
LAURENT PIETRASZEWSKI
J'ai bien compris la question, est-ce que ce sera dans… pardon pour le jargon, mais dans le PLFSS…
ORIANE MANCINI
Dans le budget de la Sécurité sociale…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Voilà, eh bien, écoutez, aujourd'hui, ce n'est pas prévu comme cela, voilà, et nous aurons simplement à en discuter, nous aurons à voir lorsque le moment sera opportun, parce qu'encore une fois, je vous l'ai dit, le sujet des petites retraites, il faut le regarder aussi de façon large, moi, je ne crois pas qu'il faille le regarder uniquement au travers du statut, et donc ça veut dire que ça pose la question de l'universalité, et donc ça pose la question globale de cette réforme des retraites.
CHRISTELLE BERTRAND
D'accord. Alors, aujourd'hui, Emmanuel MACRON est dans votre région, à Roubaix précisément, pour annoncer les conclusions du Beauvau de la sécurité, la région, c'est aussi celle de Xavier BERTRAND, est-ce qu'il est déjà en campagne face à Xavier BERTRAND, le président, aujourd'hui ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, c'est surtout la région de plusieurs millions de citoyens qui habitent les Hauts-de-France, vous savez, moi, je me suis engagé en politique en 2017, parce que je trouvais que les politiques étaient souvent en écart entre ce qu'ils proposaient et ce qu'ils arrivaient à mettre en oeuvre, et moi, je me suis engagé pour transformer le modèle social, je me suis engagé, et c'est pour ça que j'ai porté, quand j'étais député, la transformation du code du travail et du dialogue social au travers les ordonnances dites Pénicaud, que j'ai accompagné la loi qui permet à chacun maintenant de choisir son avenir professionnel, de 2018, et c'est pour ça, d'ailleurs, vous m'avez interrogé longuement dessus ce matin, que je veux transformer notre système de retraite pour le rendre à la fois plus juste et plus pérenne dans le temps. Donc la question de ce que fait le président de l'exécutif des Hauts-de-France aujourd'hui, j'ai bien compris, eh bien, écoutez, je vois que, comme d'ailleurs je l'avais dit pendant cette campagne régionale, passe plus de temps à s'occuper de son projet personnel, qui est d'être le candidat de la droite conservatrice, que de s'occuper des citoyens des Hauts-de-France, moi, je le regrette, je pense qu'il devrait se consacrer pleinement aux enjeux des Hauts-de-France, vous savez, on sort de la rentrée scolaire, la région, elle a des obligations, notamment sur les lycées, moi, je pense qu'il aurait été mieux venu qu'il travaille sur ce sujet-là, plutôt que sur sa candidature, à s'éparpiller un petit peu partout dans les médias.
ORIANE MANCINI
Ce n'est pas lui qui a choisi Roubaix, en l'occurrence, est-ce que le président de la République…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Non, mais vous me posez la question sur Xavier BERTRAND, donc je vous réponds…
ORIANE MANCINI
Il ne va pas aussi chercher Xavier BERTRAND sur ses terres, sur des domaines qui sont plus des domaines à droite, le domaine sécuritaire ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Non, je crois que, d'abord, le président de la République, ce n'est pas la première fois qu'il se déplace dans les Hauts-de-France, il y est venu à de nombreuses reprises, c'est aussi sa région, il faut aussi le préciser, ce n'est pas que la mienne ou celle du président de l'exécutif régional, c'est sa région, et je crois très profondément qu'il l'aime. A Roubaix, nous avons la chance d'avoir l'école de police, et c'était important qu'il puisse venir à l'école de police pour parler du Beauvau de la sécurité, pour parler de cette concertation quand même très inédite, qui permettait de mettre sur la table tous les maux que rencontrent nos forces de l'ordre, parfois, les difficultés auxquelles elles sont confrontées, moi, je veux aussi, là, dire les choses, entre 2007 et 2012, presque moins 10.000 dans les effectifs des forces de l'ordre, vous savez, ce sont ceux, comme le président de l'exécutif régional des Hauts-de-France, qui nous expliquent comment il faut faire de la sécurité, eh bien, eux, ils ont réduit les effectifs, eh bien, nous, avec Gérald DARMANIN, nous sommes à plus 10.000, nous, avec Gérald DARMANIN, nous avons changé près de la moitié du parc de véhicules des forces de police, vous savez, ces 5008 et ces 3008 grises que vous voyez dans la rue siglées police, ça, c'est une action concrète du gouvernement, nous, avec notre action concrète, c'est aussi des actions de pilonnage contre le deal, contre le trafic de drogue, ce sont des actions qui sont en forte hausse depuis le début de l'année, avec des incarcérations, avec des gardes à vue, avec des points de deal qui sont démantelés. Ça, c'est la réalité de l'action, moi, je pense que le président de la République a raison à la fois de s'intéresser à la politique globale de sécurité, qui est menée par le ministre de l'Intérieur, sous l'autorité du Premier ministre, parce que ça lui tient à coeur, mais aussi, c'est bien qu'il le fasse à Roubaix, à un endroit où on forme nos policiers.
CHRISTELLE BERTRAND
Alors qu'est-ce qu'on peut attendre des annonces du président de la République aujourd'hui, vous dites, il y a un problème d'effectifs, est-ce qu'il va annoncer des effectifs supplémentaires, des revalorisations de salaires, on sait bien ce qu'attendent les policiers aujourd'hui, est-ce qu'il va répondre à ça ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, d'abord, je vous ai dit que grâce à nous, il y avait moins de problèmes d'effectifs. Et je peux vous dire que chez moi…
CHRISTELLE BERTRAND
Mais il y en a toujours…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Chez moi, à Armentières, à Lille, je vois bien les effectifs que nous avons eus en plus depuis 2017, donc ça, c'est une réalité, et c'est une réalité des chiffres, vous savez, je pense que c'est bien de revenir sur les chiffres de temps en temps pour dire ce qui est fait et ce qui n'a pas été fait, vous me parliez de la rémunération, depuis 2017, c'est notre gouvernement qui a permis une évolution de plus de 100 euros par mois de la rémunération des gardiens de la paix comme des gradés, et il y a, vous savez, dans le quotidien, moi, je discute avec leurs représentants et avec les forces de l'ordre, dans leur quotidien, ce sont des gens qui ont fait beaucoup d'heures supplémentaires, pourquoi ils ont fait beaucoup d'heures supplémentaires, eh bien, parce qu'on a réduit les effectifs entre 2007 et 2012, vous savez, les spécialistes de la sécurité qui réduisent les effectifs, eh bien, du coup, il y a eu encore plus d'heures supplémentaires de réalisées, et ils sont dans une situation où, pour eux, la seule façon de pouvoir, entre guillemets, bénéficier d'un retour de ces heures supplémentaires, c'est de les prendre à récupérer, ce qui est très compliqué, puisque, il y a une nécessité de présence forte sur le terrain, eh bien, nous avons engagé avec Christophe CASTANER, avec Gérald DARMANIN, nous avons engagé que le paiement de ces heures supplémentaires, voilà. Les annonces du président de la République, je lui laisserai les faire tout à l'heure, mais vous savez, les exemples que je vous donne montrent l'engagement du gouvernement sur ce sujet de la sécurité.
ORIANE MANCINI
On va parler d'un autre sujet, on va parler de la crise sanitaire. Christelle.
CHRISTELLE BERTRAND
Oui, alors, le pass unitaire est entré en vigueur depuis quelque temps, j'aimerais savoir déjà quel bilan vous en faites de l'usage de ce pass sanitaire ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, écoutez, d'abord, je regarde ce qui se passe à l'étranger, et je regarde comment le pass sanitaire français a été pris comme exemple dans de nombreux pays européens, et ça, c'est un bon indicateur, vous savez, parfois, dans notre pays, on a du mal à se réjouir de ce qu'on a réussi, eh bien, collectivement, collectivement, nous avons réussi en mettant en place ce pass sanitaire à préserver le lien social, à préserver les activités qui nous font plaisir, de loisirs, d'aller au cinéma, au restaurant, nous avons affronté – vous l'avez dit tout à l'heure – nous avons affronté une quatrième vague avec des taux d'incidence qui étaient supérieurs à ceux que nous avons connus lors du confinement, et nous avons réussi à le faire en maintenant les activités de loisirs ouvertes grâce au pass sanitaire. Donc c'est une réussite.
CHRISTELLE BERTRAND
Vous dites qu'on a inspiré des pays européens, mais l'Angleterre est en train d'y renoncer aujourd'hui au pass sanitaire.
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, écoutez, la politique Outre-manche en matière sanitaire, elle appartient au gouvernement de l'autre côté du Channel, moi, je vais lui laisser ses choix en la matière, ce que je constate, c'est que ce que nous faisons aujourd'hui, à la fois de dire pour les 1.800.000 salariés qui sont concernés par le pass sanitaire, lorsqu'on demande à ceux qui viennent dans votre environnement de travail, des clients notamment, d'avoir le pass sanitaire, il est logique et cohérent que vous l'ayez vous-même, pour créer cette bulle de protection. Lorsque…
ORIANE MANCINI
Est-ce que ça sera étendu à d'autres catégories de salariés ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Ce n'est pas prévu aujourd'hui. Ce n'est pas prévu aujourd'hui, et en vérité, nous voyons bien que ça fonctionne, voilà, et d'ailleurs, si chaque étape que nous mettons en place de cette protection collective individuelle réussit, eh bien, nous ne sommes pas obligés d'aller plus loin, d'étendre les mesures, évidemment, vous savez, ce qu'on préférerait tous, vous et moi, c'est de ne pas avoir de pass sanitaire, moi, je ne suis pas un obsédé du pass sanitaire, moi, je suis un obsédé de la sécurité de nos concitoyens, je suis volontaire, et je veux que nous réussissions collectivement, à la fois, à nous protéger collectivement et individuellement.
ORIANE MANCINI
Et ça s'arrêtera quand le pass sanitaire, c'est comme la réforme des retraites, le moment venu ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Non mais, encore une fois, l'analogie que vous faites n'est pas totalement inintéressante, parce que, en fait, vous faites vous-même le lien, voyez, vous ne pouviez pas me reprocher de le faire tout à l'heure, entre la situation sanitaire et le moment de déclencher de grandes réformes structurelles, eh bien, écoutez, quand la situation sanitaire le permettra, évidemment, nous mettrons un terme à ces dispositifs, mais je vais vous dire…
ORIANE MANCINI
Il n'y a pas de date prévue à l'heure actuelle…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Ça, on le voit bien ensemble, avançons dans la vaccination, dépassons les 50 millions de Français vaccinés, et nous pourrons ranger ce pass sanitaire, parce que nous serons tous vaccinés.
CHRISTELLE BERTRAND
Alors, les manifestations contre le pass sanitaire ne cessent pas depuis cet été, est-ce que ça vous inquiète, est-ce que, à quelques mois d'une élection présidentielle, ça ne peut pas cristalliser une forme d'opposition qui pourrait être dangereuse pour la majorité en place ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Moi, je pense qu'il faut rester vigilant toujours à l'expression collective de citoyens, donc il y a des citoyens qui sont inquiets, d'ailleurs, je trouve, je ne sais pas si vous l'avez vu, je pense que vous l'avez vu, mais je trouve que le petit clip qui présente une discussion en famille, là, autour d'un barbecue sur le sujet du vaccin, où on voit des gens qui discutent entre eux, et au final, on dit : on peut discuter de tout, mais pas de la vérité des chiffres, eh bien, je pense que c'est une bonne représentation de notre société, il y a des questions qui peuvent se poser, il faut y répondre, il faut entendre les questions et il faut y répondre, j'essaie de le faire aujourd'hui avec vous. Nous avons des milliards de Français, oui, pas que de Français, de citoyens du monde qui sont vaccinés aujourd'hui, et nous voyons bien l'impact que cela a, et au total, c'est un succès, cette stratégie vaccinale. Donc, il faut entendre, à la fois, qu'il y ait des inquiétudes, permettre l'échange, et moi, je crois très franchement que, d'ailleurs, c'est les chiffres qui nous le disent, il y a peut-être un peu moins de monde qui sont inquiets, et que nous avançons dans cette confiance qui est nécessaire envers la stratégie vaccinale.
ORIANE MANCINI
Une question politique, pour terminer, Christelle.
CHRISTELLE BERTRAND
Oui, lors des journées parlementaires de La République En Marche et du MoDem, de nombreuses questions se sont posées autour de la structuration d'une maison commune à toute la majorité présidentielle, j'avais envie de savoir si vous y êtes favorable, et comment vous imaginez cette maison commune, qui peut-elle regrouper ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Oui, mais je suis très favorable à un grand mouvement présidentiel, un grand mouvement réformateur, démocrate, moi, je crois beaucoup à cela…
ORIANE MANCINI
Ça veut dire que La République En Marche, elle a fait son temps ? Il ne faut pas partir en campagne avec ça, avec ce mouvement ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Mais La République En Marche, moi, j'en suis à la fois un adhérent et un membre actif du bureau exécutif, moi, je ne crois pas qu'il faille dissoudre les uns et les autres dans une pensée commune, moyennisante, moi, je crois beaucoup à l'enthousiasme du collectif, je crois à la force des idées qui aussi émergent, parce que, on se confronte avec certains qui, tout en ayant les mêmes aspirations de réformes sociales que vous, ont envie de faire réussir l'intérêt général. Moi, je crois à cela.
CHRISTELLE BERTRAND
On inclut qui dans cette grande maison ? Parce qu'il y a débat…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, écoutez, on inclut qui, moi, je crois que tous ceux qui ont vocation à soutenir l'action du président de la République, je pense que ce doit être cela l'ambition d'un grand mouvement démocrate et réformateur.
ORIANE MANCINI
Qui sera candidat pour un nouveau mandat, ça semble faire peu de doutes, est-ce que vous travaillez déjà à mettre la réforme des retraites dans son programme, et quelles réformes ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Eh bien, écoutez, moi, je travaille au quotidien à protéger la santé des salariés, c'est le mandat que m'a donné le président de la République, sous l'autorité du Premier ministre, et à traiter tous les mois, car il ne faut pas oublier qu'on a plus de 17 millions de retraités dans le pays, moi, tous les mois, je vérifie qu'ils perçoivent leurs pensions, tous les ans, je m'attelle à ce que les près de 700.000 demandes de retraite se voient obtenir une réponse plus rapide…
ORIANE MANCINI
Mais juste quelles réformes il faudra présenter dans cette campagne, est-ce que c'est la réforme par points, qui avait été présentée lors de la précédente campagne, ou est-ce que là, il faut s'attaquer à l'équilibre du régime, et ce sera forcément une réforme paramétrique avec un report de l'âge de départ ?
LAURENT PIETRASZEWSKI
Moi, je crois à l'universalité, on ne peut pas se dire que lorsqu'on a une infirmière dans un secteur d'activité, elle ait un niveau de retraite qui soit différent d'une même infirmière qui serait dans un autre secteur d'activité, et je crois que tout cela doit se poser, doit se poser dans un échange de fond, nous en avons mené un longuement, vous savez que cette réforme a été arrêtée par la crise sanitaire, le président de la République l'a dit lui-même, nous ne reprendrons pas la réforme là où elle a été arrêtée, il faudra que nous ré-entamions des concertations avec les partenaires sociaux…
CHRISTELLE BERTRAND
Nouveau débat pour la campagne…
LAURENT PIETRASZEWSKI
Pardon ?
CHRISTELLE BERTRAND
Nouveau débat durant la campagne.
LAURENT PIETRASZEWSKI
Ecoutez, je pense que de toute façon, ce sujet va nous occuper pendant les semaines qui viennent, même avant la campagne.
ORIANE MANCINI
Et vous viendrez nous en parler avec peut-être une date pour savoir quand les mesures seront prises. Merci beaucoup Laurent PIETRASZEWSKI d'avoir été notre invité ce matin.
LAURENT PIETRASZEWSKI
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 septembre 2021