Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Laurence FERRARI, vous recevez ce matin Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement.
LAURENCE FERRARI
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenu dans la matinale de CNews. On va parler de l'insécurité, puisque c'est une véritable préoccupation des Français, mais d'abord, le pouvoir d'achat et la mesure annoncée en faveur des jeunes, le Plan engagement jeunes, 500 € par mois pour 4 à 500 000 jeunes en situation précaire, en échange d'une formation de 15 heures à 20 heures par semaine. C'est un ripolinage de la Garantie Jeunes, en tout cas ça ne satisfait pas Laurent BERGER de la CFDT, il dit : "Le compte n'y est pas". Qu'est-ce que vous lui répondez ? C'est du ripolinage ou pas ?
GABRIEL ATTAL
C'est un nouveau dispositif plus ambitieux que ceux qui existent aujourd'hui.
LAURENCE FERRARI
Un de plus ?
GABRIEL ATTAL
Non, justement, parce qu'il va remplacer tous ceux qui existent aujourd'hui. Aujourd'hui, si vous êtes un jeune en difficultés, vous pouvez avoir Pôle emploi qui vous propose l'accompagnement intensif des jeunes, une Mission locale qui vous propose la Garantie jeunes, vous pouvez faire d'autres parcours d'insertion. Là, on a un dispositif nouveau, plus simple, avec deux idées fortes : d'abord du sur-mesure, c'est-à-dire qu'on va avoir un conseiller qui va suivre le jeune, sur la durée du contrat, qui va adapter les mesures à ce dont le jeune a besoin pour aller vers l'emploi. Et puis la deuxième chose, c'est que c'est vraiment tourné vers l'insertion dans l'emploi. Ce n'est pas une allocation qui est versée comme le solde de tout compte…
LAURENCE FERRARI
Mais ce n'est pas ce qui existait déjà, tout ça, exactement ce qui existait déjà ?
GABRIEL ATTAL
Non, encore une fois, vous aviez différents dispositifs, qui avaient des durées différentes, qui avaient des modes d'accompagnement différents, là, ce que l'on veut, c'est que les jeunes aient chaque semaine 15 à 20 heures de formation, d'insertion, de mise en situation professionnelle, et en contrepartie, on peut leur verser une aide financière jusqu'à 500 €, pour les aider à tenir financièrement, le temps de cette insertion dans l'emploi.
LAURENCE FERRARI
C'est le max, 500 €. Ça peut être 100 € ?
GABRIEL ATTAL
Oui, ça s'adapte évidemment aux besoins des jeunes. Mais ce qui est important, encore une fois c'est : on a aujourd'hui en France des centaines de milliers de jeunes qui sont sans emploi ni formation. Et on ne peut pas accepter cette situation, alors même qu'en même temps vous avez des centaines de milliers d'emplois qui sont vacants, qui ne trouvent pas preneurs. Et donc ce qu'il faut, c'est faire le lien entre ces jeunes qui sont sans emploi, sans formation, ces emplois qui cherchent preneurs, et donc arriver à mettre ces jeunes dans des parcours d'insertion.
LAURENCE FERRARI
Mais vous pensez qu'il y aura forcément adéquation entre les métiers qui recherchent des emplois, qui sont des métiers difficiles, qui sont des métiers durs, et c'est les aspirations des jeunes ?
GABRIEL ATTAL
En tout cas je pense qu'on peut trouver des solutions pour les jeunes, et on peut trouver des solutions pour les entreprises qui cherchent à recruter. Mais il faut faire du sur-mesure, et il faut aller vers une logique de formation, une logique de droits et devoirs. Voilà. Encore une fois ce n'est pas une aide versée de manière inconditionnelle. Il y a en face des devoirs, le fait d'être suivi, le fait de suivre un parcours d'insertion, pour ensuite trouver un emploi. C'est la meilleure réponse aux problèmes de pouvoir d'achat, Laurence FERRARI, c'est quand même de travailler et d'avoir un salaire.
LAURENCE FERRARI
On est d'accord. Et ce n'est pas de l'assistanat.
GABRIEL ATTAL
Clairement pas, non, encore une fois…
LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas une mesure d'assistanat.
GABRIEL ATTAL
… c'est une logique de droits et devoirs.
LAURENCE FERRARI
Qui est-ce qui va faire cette formation ? Est-ce que comme d'habitude ce sera délégué à des associations ou est-ce que ce sera autre chose ?
GABRIEL ATTAL
Non, vous avez différents acteurs qui peuvent y participer. D'abord cet accompagnement il sera apporté à la fois par Pôle emploi et par les Missions locales. Il y a 2 700 sites en France qui vont permettre de proposer cet accompagnement aux jeunes. Ensuite, vous allez avoir des formations qui pourront être réalisées par des associations, mais aussi d'autres qui pourront être réalisées par les entreprises elles-mêmes, avec des mises en situation professionnelles, et on va accompagner financièrement pour ça les entreprises pour qu'elles puissent accueillir des jeunes, et les former…
LAURENCE FERRARI
Ça ne va pas percuter tout ce qui est fait sur l'apprentissage ?
GABRIEL ATTAL
Non, je ne crois pas, parce qu'on ne parle pas de la même chose. Quand vous êtes dans l'apprentissage, les jeunes se forment vraiment à un métier, là on est au stade d'avant. Vous avez des jeunes qui ont besoin d'abord, pour pouvoir entrer dans un apprentissage, qu'on leur donne tout simplement les codes, vous savez, les codes sociaux pour pouvoir ensuite se mettre en situation de se former pour un emploi.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous pensez que ça peut dissuader certains jeunes d'entrer dans la délinquance, notamment ceux qui sont comme on dit, au bas des immeubles, et qui n'ont absolument rien à faire, si ce n'est parfois être guetteur pour les dealers ?
GABRIEL ATTAL
Bon, d'abord moi je ne fais pas partie de ceux qui cherchent des excuses pour la délinquance. Moi je ne considère pas que quand on a un délinquant, on peut considérer qu'on lui trouve une excuse, parce que c'est parce qu'il n'a pas d'emploi etc. Quand on est délinquant, c'est qu'à un moment on décide de ne pas respecter la loi, et ça, ça ne peut pas avoir d'excuses. Ensuite, oui vous avez des jeunes, et notamment des jeunes dans certains quartiers, qui aujourd'hui n'ont pas de solution, voilà, et donc notre enjeu c'est d'aller les chercher et de leur montrer qu'il y a des solutions qui sont possibles, qu'on leur ouvre des possibilités, à eux de saisir la chance que l'État leur donne.
LAURENCE FERRARI
La sécurité, c'est la préoccupation la plus importante pour 93% des Français, selon un sondage CSA pour CNews. Malgré cela, la réponse apportée par la justice aux délinquants laisse perplexe. Un exemple très concret, hier, on parle beaucoup de rodéo-urbains, c'est une nuisance terrible dans les centres-villes, mais pas seulement, on a des images de ces rodéos notamment à Lyon, Place Bellecour, avec les Dalton tristement connus. L'un des jeunes que l'on voit sur ces images, le groupe de rap, qui s'est livré à des rodéos, a été arrêté par les policiers car il est tombé, parce que vous savez que les policiers n'ont pas le droit d'interpeller pendant que le rodéo se déroule. Vous savez à combien été il a été condamné hier par la justice ?
GABRIEL ATTAL
Je vous…
LAURENCE FERRARI
Il a été condamné à 8 mois de prison avec sursis, 100 € d'amende, alors que le procureur avait demandé une peine de prison ferme avec mandat de dépôt. Est-ce que vous pensez que ce type de sanction est dissuasif ? Elle va empêcher les jeunes demain de continuer, ce soir, à faire des rodéos en disant : de toute façon je n'irai pas en prison ?
GABRIEL ATTAL
Je ne fais pas de commentaires sur une décision de justice qui a été rendue. Ce que je veux dire, c'est que les rodéos c'est un fléau qui empoisonne la vie de beaucoup de Français et de quartiers, depuis des années, Laurence FERRARI, les précédents quinquennats se posaient déjà la question de comment agir. On a fait…
LAURENCE FERRARI
Ma question, elle porte sur la justice.
GABRIEL ATTAL
On a fait adopter un texte de loi pour renforcer les sanctions, probablement qui rentre en vigueur de manière progressive, pour renforcer les sanctions, pour permettre aussi la saisie des véhicules qui sont utilisés. Il faut donc plus de fermeté, c'est pour ça qu'on a proposé un texte de loi au Parlement, et que ce texte de loi a été examiné et adopté.
LAURENCE FERRARI
Mais, il n'est pas exécuté par les juges…
GABRIEL ATTAL
Et ce que je vous dis, c'est que…
LAURENCE FERRARI
Ils n'appliquent pas, en tout cas le maximum.
GABRIEL ATTAL
Ce que je vous dis, c'est que probablement on peut aller encore plus loin dans la fermeté, c'est pour ça qu'on a fait adopter un texte de loi. On est intraitable avec la délinquance, on renforce les moyens de la sécurité de manière continue depuis 2017. On a créé 10 000 postes de policiers et gendarmes supplémentaires, on renforce les budgets, plus de 2 milliards d'euros en plus pour nos forces de sécurité. On renouvelle les voitures aussi, les 2/3 des véhicules qui ont été renouvelés sur ce quinquennat. On rénove des casernes et des commissariats, 700 qui auront été rénovés. Tout ça pour donner des conditions de travail à nos forces de sécurité, qui sont meilleures, pour qu'elles soient plus efficaces aussi pour aller traquer les délinquants.
LAURENCE FERRARI
Mais, est-ce que le message envoyé par le ministre de la Justice Eric DUPOND-MORETTI est très clair ou pas ? Est-ce que la sévérité est-elle demandée aux juges ou pas ? La preuve, non.
GABRIEL ATTAL
Oui, enfin je vous dis que oui, puisque notamment sur cette question des rodéos, il a été très impliqué sur ce texte qui a été discuté, je crois même qu'il avait publié une circulaire, adressé une circulaire à l'ensemble des acteurs du ministère de la Justice, pour demander de la fermeté sur ce sujet-là, qui est encore une fois un problème qui vient de loin, et je crois progressivement on arrive à renforcer l'arsenal.
LAURENCE FERRARI
Mais vous comprenez que les policiers en aient ras-le-bol, parce qu'ils se disent : on ne peut pas les arrêter, de toute façon ils sont condamnés à pratiquement rien, 100 € d'amende, 8 mois de prison avec sursis. Donc ça va continuer, rien ne va s'arrêter.
GABRIEL ATTAL
Moi, ce que je comprends, c'est qu'il y a chez les policiers, d'ailleurs chez des Français, un sentiment d'impunité, c'est-à-dire ce sentiment finalement que…
LAURENCE FERRARI
C'est ça, c'est exactement le terme.
GABRIEL ATTAL
… vous pouvez avoir des délinquants qui sont parfois interpellés, et qui ensuite, soit n'ont pas de sanctions, ou une sanction très faible, soit sont jugés des mois voire des années après. C'est pour ça par exemple qu'on vient de mettre fin au rappel à la loi, vous savez, c'est une mesure, les délinquants en riaient, ils sortaient avec un rappel à la loi, ça ne changeait strictement rien, on l'a supprimé.
LAURENCE FERRARI
Mais, c'est remplacé par quoi ?
GABRIEL ATTAL
C'est remplacé par des travaux d'intérêt général ou par des sanctions plus fermes. Ensuite, vous avez le nouveau Code de justice des mineurs, qui vient de rentrer en vigueur, donc là je pense qu'on va en voir les effets dans les mois qui viennent, qui consiste à dire qu'on veut qu'un jeune, un mineur, qui commet un délit, soit jugé en moins de 6 mois. Parce qu'aujourd'hui vous avez, jusqu'à maintenant vous aviez des jeunes qui commettaient un délit, qui étaient jugés 1 an voire 2 ans après, ça n'avait plus rien à voir avec ce qu'ils étaient devenus, et en termes éducatifs ça n'avait aucun intérêt. On a réformé pour ça une ordonnance de 45, qui n'avait pas été transformée à ce point-là depuis 1945, précisément pour être plus efficace. On veut qu'il y ait sanction le plus rapidement possible. C'est pour ça encore une fois aussi qu'on augmente les moyens de la justice, + 30% de budget pour le ministère de la Justice. Ça veut dire quoi ? Des magistrats, des greffiers, qui sont recrutés et qui vont permettre d'être plus efficace dans la sanction.
LAURENCE FERRARI
L'autre grand sujet pour les policiers, c'est la violence contre eux. Il y a tous les jours des exemples d'attaques de policiers, hier c'était un commissariat à tirs de mortiers d'artifices, eux-mêmes sont en danger en permanence, un policier a été roué de coups dans un train parce qu'il a été reconnu alors qu'il était hors service, par des délinquants. Est-ce qu'il ne faut pas aider les policiers à se protéger eux-mêmes ?
GABRIEL ATTAL
Bien sûr. Il y a deux phénomènes en fait dans ce que vous décrivez. Vous avez des policiers qui sont attaqués, précisément parce qu'ils interviennent dans le cadre d'opérations antidrogue, vous savez qu'on pilonne le trafic de drogue, c'est notre grande priorité, parce que c'est souvent à partir du trafic de drogue que vous avez beaucoup d'autres méfaits et d'autres délits et crimes qui sont commis. Et donc on a ce pilonnage des points de deal, ce pilonnage des trafiquants. 57 tonnes de cannabis qui ont été saisies sur les 6 premiers mois de l'année, c'est + 40,%. On a + 90% de saisies de cocaïne, on a des milliers de trafiquants qui ont été interpellés. On a cette action, et donc vous avez des trafiquants qui avaient peut-être été habitués à une forme de paix sociale, qui répliquent et qui attaquent les policiers. Ça c'est un premier point. Et puis ensuite, vous avez des personnes qui s'attaquent à des policiers, et ça c'est aussi absolument inacceptable, et c'est pour ça notamment qu'on a adopté un texte pour renforcer les peines pour les personnes qui s'en prennent à nos forces de l'ordre. Concrètement qu'est-ce qu'on a fait…
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu'il ne faut pas des peines, allez, un an, un an minimum ? C'est ce que proposent un certain nombre de candidats de droite.
GABRIEL ATTAL
Oui, d'accord, mais enfin je veux dire, aujourd'hui heureusement, quand quelqu'un attaque un policier, il est condamné à plus d'un an, quand on est capable de le prouver et je peux… on a même renforcé…
LAURENCE FERRARI
Oui, quand quand quand.
GABRIEL ATTAL
On a même renforcé les sanctions. Je crois que c'était 5 ans et 75 000 € d'amende, c'est passé à 7 ans et 100 000 € d'amende. Par ailleurs on a supprimé les crédits de réduction de peine pour les personnes qui s'en prennent à des policiers. Donc il y a une sévérité et une fermeté. Je ne suis pas là en train de vous dire, parce qu'on l'a abordé sur différents sujets, qu'on a pris des mesures, alors tout va bien dans le meilleur des mondes, évidemment non, on parle de problèmes qui viennent de très loin. Ce que je vous dis, c'est qu'on met le paquet et que moi je suis profondément convaincu que dans la durée ça va permettre d'inverser les choses.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot sur l'immigration. Vous aviez demandé, vous-même annoncé la réduction du nombre des visas accordés aux ressortissants algériens notamment, pour forcer le gouvernement algérien à délivrer des laissez-passer consulaires, afin de permettre d'expulser les illégaux. Un mois après, c'est une information CNews, que vous avez commentée hier, zéro expulsion. Est-ce que ça n'a servi à rien, est-ce que vous pensez que le gouvernement algérien, qui a noté avec un certain intérêt les déclarations d'Emmanuel MACRON sur la rente mémorielle et le fait même de questionner l'existence d'une Nation algérienne avant la décolonisation, est-ce que vous pensez que ces propos-là vont persuader le gouvernement algérien de faire un effort ?
GABRIEL ATTAL
Bon, d'abord, ce que je veux dire, c'est qu'on a adopté en 2018 une loi pour être plus efficace, pour reconduire à la frontière les personnes qui n'ont pas vocation à rester sur notre sol. Elle a d'ailleurs produit des effets, puisqu'entre 2018 et 2019, les éloignements forcés ont augmenté de 20%. Il y a eu la crise sanitaire, qui a un peu gelé les politiques.
LAURENCE FERRARI
Je rappelle qu'Emmanuel MACRON avait promis 100% d'éloignement dans la campagne en 2017. Promesse non tenue.
GABRIEL ATTAL
Il y a eu la crise sanitaire qui a gelé toutes les politiques migratoires : les sorties mais aussi beaucoup d'entrées. Ç'a été le cas partout dans le monde. Vous avez des pays qui, après la crise sanitaire, continuent de bloquer les laissez-passer consulaires qui sont nécessaires pour expulser quelqu'un dans son pays d'origine. Et ce n'est pas un sujet qui concerne que la France, nos voisins aussi qui veulent expulser des personnes peinent à avoir les laissez-passer consulaires. Il y a eu tout un travail diplomatique, des rencontres avec les ministres, ça n'a pas bougé. Donc on a pris cette mesure il y a un mois qui est forte de dire : on réduit les visas tant que vous n'êtes pas plus coopératif sur les laissez-passer consulaires.
LAURENCE FERRARI
Quel effet ?
GABRIEL ATTAL
Ça n'est pas exact de dire que rien ne s'est passé.
LAURENCE FERRARI
Pour l'instant, 0 effet.
GABRIEL ATTAL
Si.
LAURENCE FERRARI
Avec l'Algérie.
GABRIEL ATTAL
Il y a eu notamment un effet avec la Tunisie.
LAURENCE FERRARI
Ça, c'est autre chose.
GABRIEL ATTAL
Les choses ont progressé avec la Tunisie. On a eu, je crois, plusieurs dizaines, plusieurs centaines de personnes qui ont pu être expulsées parce qu'elles ont eu un laissez-passer consulaire. Effectivement, les choses n'ont pas avancé avec l'Algérie et avec le Maroc. Ça fait un mois qu'on a annoncé cette mesure. Il y a des discussions et un travail qui se poursuit. Je peux vous dire que dans les prochains jours, il y aura des échanges entre mes collègues et notamment Gérald DARMANIN et ses homologues. Le Premier ministre aussi va échanger avec ses homologues. On souhaite que ça avance sur ce dossier-là. Encore une fois là aussi, il n'y a pas de solution miracle. On veut qu'ils soient plus coopératifs, qu'ils produisent ces laissez-passer consulaires. La mesure qu'on a prise sur les visas, je peux vous dire que c'est une mesure forte. Il suffit de voir la réaction qu'il y a eu dans les pays concernés et donc on va continuer à mettre la pression.
LAURENCE FERRARI
Mais pour avoir quelques résultats.
GABRIEL ATTAL
Bien sûr. L'objectif, c'est évidemment d'avoir des résultats, Laurence FERRARI. Encore une fois, notre politique migratoire, elle marche sur deux jambes. Il y a des personnes qui ont vocation à être accueillies en France, notamment celles qui bénéficient de l'asile parce qu'elles sont persécutées dans leur pays d'origine. Et là, il faut bien les intégrer. On a augmenté le nombre de cours de français par exemple parce qu'on veut qu'elles puissent bien parler la langue pour être intégrées en France.
LAURENCE FERRARI
Nombre d'heure de cours de français ?
GABRIEL ATTAL
Oui.
LAURENCE FERRARI
On est à 600 heures, je crois, en Allemagne. Nous, on est à 200.
GABRIEL ATTAL
On les a multipliées par deux depuis 2018 avec la loi que j'évoquais tout à l'heure. Et puis des personnes qui n'ont pas vocation à rester en France, il faut là aussi faire respecter nos règles et donc elles doivent être expulsées.
LAURENCE FERRARI
Mais dans le cadre de l'Algérie, on ne peut pas les expulser. On en revient au départ.
GABRIEL ATTAL
Parce que le pays d'origine ne produit pas les laissez-passer consulaires, ce qui est un problème qui concerne beaucoup de pays dans le monde. Mais encore une fois, on prend les mesures fortes pour agir. On a des premiers résultats avec la Tunisie, je suis convaincu qu'on va en avoir avec les autres pays aussi.
LAURENCE FERRARI
Il y a un certain nombre de candidats des Républicains qui ont des propositions très fortes sur l'immigration : des moratoires, sortie de la Cour européenne des Droits de l'homme en ce qui concerne Michel BARNIER. Vous comprenez cette surenchère de propositions à droite sur l'immigration ?
GABRIEL ATTAL
Moi je vais vous dire, nous on est prêt à regarder toutes les propositions du moment qu'elles sont efficaces et du moment qu'elles sont constructives. Dans les deux propositions que vous avez évoquées, honnêtement, je ne vois pas ce qui nous aideraient par rapport au problème que je viens d'évoquer. Par exemple, sur ce sujet-là des obligations de quitter le territoire français, des reconduites à la frontière, des difficultés à obtenir les laissez-passer consulaires, qu'ils proposent des solutions. D'ailleurs la question des visas, ç'a été une proposition qui a pu être avancée par certains responsables politiques ces derniers temps, on s'emploie à la mettre en œuvre. Je crois que la proposition de moratoire qui avait été faite par un des candidats, les autres candidats des Républicains avaient eux-mêmes dit que c'était illusoire de parler de moratoire. Encore une fois nous ce qu'on veut, c'est faire respecter nos règles. Il y a des personnes qui ont vocation à être accueillies en France et il faut qu'elles soient intégrées. Et puis il y a des personnes qui n'ont pas vocation à rester en France et il faut qu'elles soient expulsées.
LAURENCE FERRARI
Chez Les Républicains, quel est le candidat ou la candidate qui vous fait le plus peur ? Est-ce que c'est Michel BARNIER aujourd'hui ? Est-ce qui si c'est lui le candidat des LR, ça serait un vrai danger pour Emmanuel MACRON ?
GABRIEL ATTAL
Franchement, je ne regarde pas du tout qui nous fait peur etc. Je ne suis pas là pour décerner des brevets de crédibilité de candidat. Ils vont avoir un débat.
LAURENCE FERRARI
Plusieurs débats. Quatre débats. Un sur Cnews.
GABRIEL ATTAL
Voilà, quatre débats. J'espère en tout cas un que le candidat ou la candidate qui sera désigné fera des propositions constructives et essaiera d'incarner une alternative crédible parce qu'aujourd'hui je ne la vois pas. Encore une fois, aujourd'hui ce que je vois c'est une droite qui se replie sur elle-même, qui a fait par exemple une croix sur le centre, puisque vous savez que dans le cadre de la désignation de leur candidat, ils ont dit aux personnes qui viennent du centre qu'ils n'auraient pas vocation à voter contrairement à ce qui se faisait avant.
LAURENCE FERRARI
Il n'y a que les adhérents LR.
GABRIEL ATTAL
Voilà. Et donc c'est une droite qui se replie sur elle-même. Je pense que les Français jugeront. En tout cas, je crois que sur tous les sujets qui sont mis en avant, que ce soit la sécurité, l'immigration, le pouvoir d'achat, on a une action qui est résolue. Ce n'est pas simple. Il y a beaucoup de difficultés dans notre pays, il y a des Français qui souffrent, on fait ce qu'il faut, je crois, pour dans la durée permettre d'inverser les choses.
LAURENCE FERRARI
Certaines propositions de Michel BARNIER vous ont surpris ? Lui qui a négocié l'accord sur le Brexit et on voit les problèmes qu'on a aujourd'hui avec la Grande-Bretagne sur les pêcheurs.
GABRIEL ATTAL
Quand je l'entends être le pourfendeur de l'Union européenne telle qu'elle fonctionne, je suis toujours un peu surpris.
LAURENCE FERRARI
Les dysfonctionnements en tout cas de l'Union européenne. Il a eu le loisir de les observer de près.
GABRIEL ATTAL
Disons que Michel BARNIER, je crois qu'il cumule à lui seul quasiment 20 ans de mandat au niveau européen. Il a été député européen, il a été commissaire européen, il a été ministre des Affaires européennes, il a été ministre des Affaires étrangères : je crois que l'Europe, il y a un peu travaillé, donc voilà. Après, on peut évidemment avoir des révélations à un moment dans sa vie, mais je pense qu'il a aussi un bilan en la matière.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot sur le Brexit. C'est demain qu'il y aura la réunion entre Londres et Paris. Est-ce que Paris, qui a reculé les sanctions évidemment qui était le blocage des ports de pêche français, va une fois de plus céder face à Boris JOHNSON ?
GABRIEL ATTAL
Non. Nous ce qu'on veut, c'est que l'accord qui a été négocié et signé par les Britanniques il soit respecté. On ne peut pas signer un accord et puis, au moment où il se met en œuvre, dire : en fait finalement, telle mesure elle ne nous convient pas et donc on ne va pas la mettre en place ; par contre telle mesure qui nous convient, qui nous arrange, on va la mettre en place. Ça, ce n'est pas possible. Quand vous signez un accord, vous respectez toutes les mesures de l'accord.
LAURENCE FERRARI
Il faut sanctionner, il faut les appliquer les sanctions si on veut se faire respecter.
GABRIEL ATTAL
Et donc, on a annoncé des mesures de contrôle qui ont vocation à s'appliquer si les Britanniques maintiennent le fait qu'ils ne veulent pas respecter l'accord. Il y a une phase rapide de négociations qui s'est rouverte suite à l'échange entre Emmanuel MACRON et Boris JOHNSON. C'est ces jours-ci que ça se joue et qu'il y a des négociations qui ont repris. Il y a un groupe de travail à haut niveau qui échange depuis le début de la semaine. Il y a aujourd'hui une réunion entre le gouvernement français et le gouvernement britannique, et demain une réunion sous l'égide de la Commission européenne. Nous, on souhaite que ça avance. On a des mesures qui sont sur la table et, évidemment, qu'on sera amené à mettre en œuvre dès lors qu'on ne trouverait pas un accord.
LAURENCE FERRARI
Gabriel ATTAL était l'invité de La Matinale de CNews. Merci beaucoup d'être venu ce matin.
GABRIEL ATTAL
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 novembre 2021