Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur la Présidence slovène et la Présidence française du Conseil de l'Union européenne, à Paris le 16 décembre 2021.

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Circonstance : Passage de témoin entre la Présidence slovène et la Présidence française du Conseil de l'Union européenne

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Mon cher Anze, c'est un plaisir de te retrouver à Paris aujourd'hui. Et c'est une fierté de t'accueillir dans ce Salon de l'Horloge du Quai d'Orsay. Comme tu l'as dit, il y a un instant, un lieu empreint d'histoire européenne puisque c'est ici, dans cette salle, il y a 71 ans, que fut prononcée la déclaration Schuman, qui allait lancer cette aventure qui, aujourd'hui, réunit nos deux pays.

Elle réunit nos deux pays autour d'intérêts, d'un projet et même d'un destin communs, que nous avons en partage avec l'ensemble de nos partenaires des 27. Elle réunit nos deux pays autour d'une responsabilité particulière, et considérable en cette période de recomposition de la vie internationale et d'affirmation des Européens : la responsabilité de présider le Conseil de l'Union européenne, que vous exercerez - malgré le passage de témoin - jusqu'à la fin de l'année et dont nous allons reprendre le flambeau au premier janvier.

Et je veux dire ici que nous aurons à coeur de poursuivre vos efforts. Pour la deuxième Présidence de son histoire, la Slovénie - grâce à toi en particulier - a su rassembler et a su obtenir des avancées décisives, y compris sur des textes qui auraient pu s'avérer trop complexes techniquement et trop sensibles politiquement pour que les Etats membres parviennent à trouver une position commune.

Je pense notamment aux directives sur les salaires minimums et sur la transparence salariale. L'Europe sociale, désormais, ce n'est plus qu'un slogan. Ce sont des chantiers très concrets. Je pense au DMA et au DSA, ces deux textes majeurs pour la souveraineté numérique européenne, vous êtes parvenus - je tiens à le souligner - à des compromis équilibrés, soutenus par l'ensemble du Conseil.

Bien sûr, ces orientations générales ne sont pas - si j'ose dire - le fin mot de l'histoire. Mais elles marquent une étape importante du processus législatif européen. Et elles nous permettent d'aborder la suite des discussions avec le Parlement européen en étant unis, avec une position forte au niveau du Conseil.

De ce point de vue, nous devons beaucoup à la Présidence slovène !

Nous poursuivrons - en ce qui nous concerne - les travaux sur le paquet "fit for 55", en accordant une attention particulière à l'établissement d'un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. Nous veillerons à ce que les discussions sur la taxonomie garantissent une inclusion nucléaire, comme la Commission s'y est engagée. Je sais pouvoir compter sur le soutien de la Slovénie.

Et nous aurons enfin la tâche de conclure les travaux de la Conférence sur l'avenir de l'Europe, dont je sais combien elle est importante pour ton pays et quelle énergie vous y avez, vous-même, consacrée.

Pour avancer sur ces questions et sur toutes celles qui engagent l'avenir des Européens, notre présidence déclinera un triple mot d'ordre de souveraineté : relance, puissance, appartenance.

Il s'agira de nous préparer à affronter les pandémies de demain, de réarmer notre industrie, de défendre l'Etat de droit partout dans notre Union et, bien sûr, de renforcer la défense européenne.

Dans cette optique, l'un des rendez-vous majeurs de notre présidence sera bien sûr celui de la Boussole stratégique, qui devra être endossée par le Conseil européen des 24 et 25 mars prochains, et dont les travaux ont commencé sous votre présidence. Ce sera le "Livre Blanc" de la défense européenne à l'horizon 2030.

Il s'agira, également, de donner un nouvel élan à nos coopérations à l'international, en proposant à nos partenaires une voie de solidarité fondée sur le renforcement de nos souverainetés respectives. C'est le sens des sommets, conférences et forums que nous organiserons avec, en particulier, nos partenaires du voisinage et des Balkans occidentaux, avec aussi nos partenaires du continent africain et de l'Indopacifique.

Et je voudrais dire, mon cher Anze, pour conclure, que nous avons, pendant toute cette période, appris à nous connaître et à nous apprécier. Et que cela ne s'arrête pas avec le passage de témoin. Et je souhaite vraiment que ce dialogue très positif que nous avons eu ensemble, qui a commencé dans un moment particulier, au moment où tu m'as invité à la conférence des ambassadeurs à Ljubljana en septembre 2020, que ce mouvement-là se poursuive entre nos deux pays. Tu as évoqué le partenariat stratégique qu'il convient de poursuivre et de mettre en place un plan d'action pour les trois ans qui viennent, et nous serons évidemment au rendez-vous.

Nous allons aussi oeuvrer ensemble sur beaucoup de sujets qui nous sont proches. J'ai évoqué tout à l'heure les Balkans occidentaux. Je sais le rôle que tu as joué pour essayer d'aboutir à une conférence intergouvernementale sous présidence slovène. On va essayer de poursuivre cet effort difficile, délicat mais essentiel pour l'Europe et essentiel pour les Balkans pour que nous puissions concrétiser la dynamique. Et notre volonté est que l'élargissement de l'Union européenne se fasse dans les délais prévus par les textes avec les engagements prévus par les textes, mais que cela se fasse avec un volonté politique réaffirmée au cours de la Présidence française.

Nous avons aussi appris ensemble à partager ensemble notre passion du vélo. Je n'irai pas à dire que je souhaite que Pogacar gagne tous les Tours de France mais je dois dire que nous avons pu ensemble apprécier le panache et les qualités du cyclisme slovène en général et de ce leader en particulier. Et donc je serai très heureux que tu reviennes à Paris au mois de juillet prochain pour l'arrivée du nouveau Tour de France. Je ne sais pas où nous en serons ni l'un ni l'autre à cette époque mais ce dont je suis convaincu, c'est que notre passion du vélo nous quittera pas, donc quelle que soit la situation rendez-vous au mois de juillet prochain ensemble et merci beaucoup pour tout ce que tu as fait.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 décembre 2021