Texte intégral
Q - Bonjour Jean-Baptiste Lemoyne
R - Bonjour
Q - Ministre en ligne, et en première ligne, après ce nouveau train de mesures face au Covid, à vous de les mettre en musique, ça ne va pas être facile. Beaucoup d'incompréhensions à lever depuis lundi. C'est confus sur les tests à l'école, il faudra rester assis au café. Eclairez-nous une bonne fois pour toutes, Jean-Baptiste Lemoyne : oui ou non les contrôleurs SNCF devront-ils intervenir si un voyageur dévore son jambon-beurre en voiture 12 ?
R - Là, je pense que c'est Jean-Baptiste Djebbari qui saura vous répondre précisément. Mais vous savez, tout ce qui guide les mesures qui ont été prises et annoncées par le Premier ministre à la suite du Conseil de défense, c'est tout simplement que le virus, comme il accélère, nous aussi nous devons collectivement accélérer sur tous les gestes, les mesures, qui permettent de se protéger individuellement et collectivement. Omicron est fulgurant, mais on ne reste pas les deux pieds dans le même sabot, on agit, c'est avec le télétravail, c'est avec un certain nombre de précautions qui sont prises dans les grands rassemblements.
Q - Je repose ma question, parce que le tourisme, c'est aussi votre secteur. Un voyage SNCF, un voyage en train, est-ce qu'un contrôleur interviendra pour un sandwich mangé dans un wagon ?
R - Le sujet est en train d'être traité, je crois qu'il y aura un certain nombre peut-être d'assouplissements ici et là, pour les enfants, pour pouvoir boire de l'eau, etc... Mais encore une fois, on est aussi dans un travail maintenant de mise en musique qui nécessite un dialogue avec les uns et les autres. Le ministre des transports le fait dans son secteur, et moi, je le fais dans le mien. Je l'ai fait par exemple, hier, en recevant le monde de la restauration, des bars, le monde de la nuit...
Q - Alors, justement, rentrons dans les détails. Cette interdiction de manger ou de boire debout pose de vraies questions pour les entreprises qui sont dans votre secteur, cafés, bistrots, brasseries. Allez-vous les soutenir et comment, s'il y a des pertes économiques ?
R - Oui, l'Etat a toujours été là depuis le début de la crise. Je rappelle que pour le secteur du tourisme, par exemple, ce sont 38 milliards d'euros qui ont été mis en oeuvre, en soutien depuis mars 2020. Et donc, dès hier, comme je vous le disais, j'ai reçu les représentants de ces secteurs, la restauration, les bars, le monde de la nuit, les traiteurs. Et avec eux, nous allons travailler aux mesures de soutien, d'accompagnement ; parce que ce sont des professionnels qui ont hélas déjà été impactés dans les mois passés ; qui pour certains, je pense aux traiteurs, depuis début décembre ou aux discothèques également depuis début décembre, sont très entravés, voire ne peuvent pas y arriver.
Q - Comment vous les aidez ? Comment vous allez les aider ? Retarder les remboursements des prêts garantis par l'Etat, chômage partiel avec prise en charge à 100% ? Quel type de mesures ?
R - Alors, un certain nombre de mesures ont d'ores et déjà été prises à la mi-décembre, mais il faudra pour certaines d'entre elles peut être, encore les amplifier ou les compléter, par exemple l'activité partielle avec un reste à charge zéro pour l'employeur, a été activée dès qu'on perd 65% de son chiffre d'affaires...
Q - Est-ce que ce seuil peut changer ? On vous réclame la moitié de la baisse d'activité voire 30%.
R - Tout est sur la table pour pouvoir trouver les meilleures mesures d'accompagnement. Le Président de la République, le Premier ministre, Bruno Le Maire, sont très attentifs à ce que naturellement on puisse être en soutien effectif, actif. Aujourd'hui, on est au moment où on remonte toutes les demandes, où on expertise tout cela ; la semaine prochaine, on se revoit avec eux, ainsi qu'avec Bruno Le Maire et Elisabeth Borne. Et vous savez, c'est ma méthode depuis le début, on construit ensemble les réponses. Et ce n'est pas une clause de style, ce n'est pas un slogan, c'est une réalité.
Donc hier c'était le temps justement du diagnostic, le temps de l'écoute, et on va continuer tous ces prochains jours pour trouver les bons dispositifs.
Q - Vous avez parlé contrôle d'identité, en plus du passe, avec les cafetiers, restaurateurs, que vous avez reçus hier ? Ils sont d'accord pour faire ces contrôles d'identité ?
R - Le projet de loi précise que ces contrôles sont faits en cas d'incertitude. Donc, vous voyez que ça laisse aussi une marge de manoeuvre. Parce que souvent, ces professionnels connaissent leurs clients, et donc ils connaissent leur identité, ils ont l'habitude de les voir. Et donc, le projet de loi a trouvé une rédaction qui est équilibrée à ce stade et que le Gouvernement défend.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, on approche du réveillon, sans couvre-feu, Mais Gérald Darmanin mobilise les préfets pour éviter les rassemblements, et pendant ce temps, le monde de la nuit, les discothèques en particulier, dépriment. Rouvriront-elles, comme le gouvernement l'avait envisagé, le 6 janvier prochain ?
R - Alors, hélas non, puisqu'elles ont été fermées, vous vous en souvenez, début décembre, alors que la situation était bien meilleure que celle qu'on connaît aujourd'hui. Je vous rappelle, aujourd'hui on est à un taux d'incidence de 730, on est avec 180.000 cas Omicron recensés hier. Et donc, j'ai pu le dire à Thierry Fontaine, le président de l'UMIH Nuit, que le 3 janvier, comme les autres secteurs qui ont été annoncés par le Premier ministre, pour 3 semaines, il y aura la reconduction, en tous les cas, de la fermeture qui les concernait.
Et naturellement, j'imagine la détresse morale qui peut exister pour ces employés, ces entrepreneurs également, parce que c'est un monde qui veut donner du bonheur, c'est un monde de la fête, qui lui n'est pas à la fête, et qui trinque. Et donc, là aussi, on est au travail pour pouvoir trouver les bonnes solutions, pour les accompagner, parce qu'ils ont été fermés pendant 18 mois pour certains...
Q - Jusqu'à quand ? Jusqu'à quand ces fermetures alors ?
R - Trois semaines à compter du 3 janvier, comme pour les autres dispositifs qui ont été pris et annoncés par le Premier ministre.
Q - Au moins trois semaines, donc. Avec quelles compensations ? Même question que pour les entreprises qui seront touchées par les baisses d'activité : qu'est-ce que vous faites avec les discothèques ?
R - Alors, là aussi, dès le 20 décembre nous avons mis en place un système d'aides, avec ce qu'on appelle les coûts fixes à 100%, avec l'activité partielle, etc... Il ressort de mes concertations d'hier, que le mois de décembre comptant pour 20% du chiffre d'affaires annuel, ces compensations devraient peut-être être complétées. Donc c'est ce sur quoi nous travaillons aujourd'hui avec les professionnels, leurs représentants de l'UMIH Nuit, de l'AFEDD et du SNDLL. Mais je veux leur dire, à travers votre antenne, encore une fois, le soutien qui est le nôtre dans cette épreuve, parce que ce qu'ils demandent c'est de travailler. C'est que depuis le début ils ont été sérieux, ils ont mis en place des protocoles, ils ont été les premiers à vérifier l'identité justement des détenteurs des passes sanitaires ; et donc ça, nous ne l'oublions pas, et je veux dire qu'on sera vraiment à leurs côtés.
Q - Le télétravail vraiment obligatoire dès lundi. Est-ce que vous nous confirmez que dans le projet de loi vaccinal, il y aura, par amendement, une obligation, une sanction des entreprises qui n'appliqueraient pas ces règles, avec une amende à la clé ?
R - Elisabeth Borne a réuni hier les partenaires sociaux, ce sujet a été évoqué, et donc le principe de rendre peut-être plus simple l'amende, éviter d'aller dans des dispositifs de nature pénale, comme c'est le cas aujourd'hui, a été soulevé, et...
Q - Combien, quelle amende pour l'employeur ?
R - ... et donc, le débat au Parlement permettra de préciser les choses, là aussi dans les tous prochains jours.
Q - Autre sujet de crispation, l'application du passe vaccinal en entreprises : syndicats et patronat sont contre, on l'a vu avant Noël. Est-ce que le gouvernement passera outre par amendement ?
R - Ce sujet me semble-t-il n'est... enfin, le passe vaccinal sera demandé uniquement pour les salariés qui, auparavant, étaient soumis au passe sanitaire, c'est-à-dire ceux qui sont en contact avec le public. Mais pour le reste, il n'y a rien d'autre qui est prévu, et on s'en tient là, naturellement.
Q - La durée d'isolement, qui pourrait être raccourcie, on sait de combien ?
R - Alors, des consultations ont été demandées avec le Haut Conseil de la santé publique, et donc, d'ici la fin de la semaine, la précision pourrait être apportée, au regard de ces recommandations scientifiques.
Q - Est-ce que vous avez lu l'avis du Conseil d'Etat concernant le projet de loi passe vaccinal ? Il dit qu'il est susceptible de porter une atteinte particulièrement forte aux libertés, de nature à restreindre la liberté de se réunir et le droit d'expression collective, des idées, des opinions. Est-ce que vous pensez que dans le contexte de la campagne, ça va créer un problème démocratique ?
R - Je pense que l'on a déjà vécu des campagnes électorales sous Covid, si je puis dire, les élections régionales, les élections départementales, l'année dernière. Et à l'époque d'ailleurs, il y avait eu une Commission, la Commission Combrexelle, qui avait permis d'instaurer le dialogue avec les forces politiques, de trouver justement les bons équilibres pour faire campagne en toute sécurité sanitaire.
Donc moi, je suis confiant dans le fait que le bon sens prévaudra, et que l'on pourra organiser tous ces événements. Pour notre part, la majorité présidentielle, nous avons signalé que nous appliquerions de nous-mêmes les jauges qui s'appliquent aux autres secteurs, à nos propres réunions politiques ; ça nous semble être la décence, et puis le respect de tous. Mais on le voit d'ailleurs, aujourd'hui, la vie politique ce sont les réunions publiques, mais pas que...
Q - Et vous dites à vos adversaires de respecter ces jauges ?
R - Je dis que j'espère que le dialogue se nouera, pour pouvoir bien faire en sorte que les événements se tiennent dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire, c'est d'une part, sûrement attendu des citoyens, et puis d'autre part ça me semble être une forme de respect pour les autres secteurs qui eux sont également touchés.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 décembre 2021