Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour monsieur BLANQUER.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenu dans la matinale de Cnews. Les parents d’élèves sont très heureux de vous entendre ce matin sur Cnews, parce qu’ils sont un peu perdus face à la lourdeur du protocole sanitaire, qui est en vigueur dans les écoles. Aujourd’hui, on a 9 202 classes qui sont fermées dans notre pays, 50 000 élèves testés positifs, et un protocole extrêmement lourd, qui oblige les parents à faire tester, en cas de cas contact, les enfants à J2… J0 pardon, J2 et J4. Est-ce que vous réalisez à quel point c’est compliqué pour les parents d’élèves, quand parfois il y a une semaine d’attente, ne serait-ce que pour prendre le premier rendez-vous pour le test.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, bien sûr.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous allez alléger ce protocole ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr. Alors, il y a beaucoup de choses dans ce que vous venez de dire, mais bien sûr, bien sûr que c’est dur, bien sûr que c’est compliqué, je l’ai dit dès le début, dès avant janvier nous savions que janvier serait très difficile. Donc le grand enjeu d’abord c’est d’être tous solidaires, unis, pour réussir nos objectifs qui sont au service des enfants tout simplement, c’est-à-dire avoir l’école ouverte au maximum, je crois que c’est un objectif partagé par tout le monde, il faut voir à quelles conditions on le fait. Pour le faire à des bonnes conditions, on a, en consultant les autorités scientifiques, durci la politique de tests, c’est vrai, qui du coup crée de la contrainte en plus, c’est vrai, et cette contrainte pèse un peu sur tout le monde, et sur les familles en particulier, avec les tests et les autotests. Donc je rappelle la règle, mais vous vous l’avez un peu dit, c’est : à J0 on fait un test en pharmacie, et puis ensuite à J2 et à J4 on fait un autotest.
LAURENCE FERRARI
A la maison.
JEAN-MICHEL BLANQUER
A la maison et après on donne une attestation sur l’honneur que le test est négatif. Donc on revient à l’école grâce au fait d’avoir un test négatif. Entre parenthèses, ce principe-là nous l’avions fixé dès la fin du mois de novembre, et tout ce que je suis en train de dire vaut pour l’école primaire, puisque dans l’enseignement secondaire les choses se passent quand même assez bien, du fait que plus de 8 0% des 12/17 ans sont vaccinés. Donc ce test à J0 fait que vous entamez une période, en début de semaine par exemple, si un enfant est contaminé, vous enclenchez une période qui fait que tous les élèves doivent faire un autre test à J2 et à J4. Une question qui est souvent posée et je crois que c’est le sens de ce que vous me demandiez, c’est que J0 ne recommence pas le lendemain ou le surlendemain. Autrement dit, si un enfant a été contaminé une première fois, ça enclenche un cycle en gros sur la semaine.
LAURENCE FERRARI
D’accord, mais on ne recommence pas tout le cycle s’il y a un nouveau cas contact.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Exactement. Si par exemple vous avez, vous êtes le lundi, il y a un enfant dont on sait qu’il est contaminé, tous les enfants donc le soir doivent avoir fait un test pour revenir le lendemain avec un test négatif, donc là on est mardi, et le mercredi il doit faire un autotest à la maison pour pouvoir revenir le jeudi, et ensuite à J5, donc ça va amener au lundi suivant, encore un autotest négatif pour revenir. Si dans l’intervalle, si dans tout ce que je viens de décrire…
LAURENCE FERRARI
C’est 8 jours, du lundi au lundi, c’est 8 jours.
JEAN-MICHEL BLANQUER
On parle en jours ouvrables.
LAURENCE FERRARI
En jours ouvrables, ok, d’accord.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et si cela se reproduit une 2e fois dans la semaine, ça ne fait pas redémarrer la chose. Autrement dit on recommence à J0 quand on a fini un 1er cycle de 5 jours.
LAURENCE FERRARI
Donc on peut revenir le lundi, être à nouveau cas contact, et donc rebelote.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, si de nouveau il y a un autre enfant contaminé, ceux-ci recommencent, mais ça ne recommence pas chaque jour, vous voyez ce que je veux dire ? Vous ne pouvez pas avoir J0 le lundi, J0 le mardi et J0 le jeudi.
LAURENCE FERRARI
Ça reste quand même un protocole lourd, il faut parfois une semaine pour prendre un rendez-vous ou des heures d’attente devant les pharmacies pour les parents d’élèves, qui doivent mettre entre parenthèses leur vie professionnelle. Ça vous réalisez aussi l’impact que ça a sur les familles ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, mais tout ça est extrêmement difficile pour les familles, bien sûr. Mais à chaque fois qu’on dit cela, il faut raisonner à contrario : qu’est-ce qu’il y a d’autres à faire ? Il y a toujours les solutions de facilité, ça aurait été de laisser fermer toute la toute la semaine. Dans ce cas…
LAURENCE FERRARI
C’est ce que demandait Valérie PECRESSE.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, parce qu’elle a choisi la solution de facilité. Si nous avions fait cela aujourd’hui, tous ceux qui nous écoutent et qui connaissent des enfants qui sont allés à l’école normalement, parce que c’est quand même aussi ce qui se passe fort heureusement dans beaucoup de cas, eh bien ils auraient eu les enfants à la maison, et les enfants auraient perdu des jours de cours. Alors, évidemment c’est plus facile, j’aurais beaucoup moins de problèmes à résoudre, je pourrais rester dans mon bureau plus tranquillement, mais mon combat au service des enfants c’est que l’école soit ouverte au maximum et que les enfants ne soient pas victimes de ce qui se passe. Est-ce que c’est dur, est-ce que c’est difficile ? Oui. Face à cela il faut avoir le sens des responsabilités et faire que les enfants aillent à l’école.
LAURENCE FERRARI
Il y a une pénurie d’autotests aujourd’hui, comment est-ce que font les parents ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, cette pénurie normalement est en voie de ne plus exister, autrement dit les Autorités de santé nous garantissent qu’en cette fin de semaine il y a 10 millions d’autotests qui sont distribués dans les pharmacies. Donc je sais bien que ça et là il peut y avoir des pharmacies en rupture de stocks, on m’en a signalé en en Seine-et-Marne par exemple hier, et dans d’autres endroits de France, mais en ce moment elles sont réalimentées de sorte que normalement c’est un problème qui ne devrait plus se présenter ou en tout cas très très sporadiquement.
LAURENCE FERRARI
Le syndicat, le SNALC, Jean-Rémi GIRARD estime que c’est un aveu d’échec pour le protocole sanitaire. Qu’est-ce que vous lui répondez ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, il faut lui poser la question. Quel est lequel est le plan B, qu’est-ce qu’il ferait de différent, puisque ce même syndicat ou d’autres réclamaient depuis des mois qu’on fasse plus de tests. Beaucoup de gens ont réclamé plus de tests, et d’ailleurs on en avait déjà installé beaucoup des tests, on a multiplié par 6 le nombre des tests faits par les enfants à l’école primaire, à la fin du mois de novembre. Donc des tests, nous en faisons, nous sommes le pays au monde qui fait le plus de tests, ou le 2e peut-être qui fait le plus de tests au monde, donc on ne peut pas dire qu’on ne fait pas beaucoup de tests, c’était ce qui était réclamé, et si maintenant on considère qu’il y a trop de tests, il faut expliquer quelles autres mesures il faudrait prendre. Donc je pense qu’il faut vraiment sortir du « y’a qu’à, faut qu’on », d’autant plus que j’écoute tout le monde, d’ailleurs cette personne comme d’autres, syndicat comme d’autres, j’écoute les bonnes idées, nous les prenons chaque fois que c’est possible. Hier encore j’ai écouté les organisations syndicales pendant près de 3 heures, même chose avec les fédérations de parents d’élèves, nous sommes à l’écoute, nous travaillons avec les autorités de santé. Tout ce travail de coordination est fait pour sans arrêt progresser, et éventuellement faire évoluer le protocole lorsqu’il y a des faits nouveaux ou des idées nouvelles.
LAURENCE FERRARI
Quand ? Quand pensez-vous alléger ce protocole sanitaire si lourd ? Est-ce que vous avez une date, vous, en tête ? Est-ce que c’est fin janvier, est-ce que c’est début février ? Est-ce qu’on va rester des semaines comme ça ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien on est évidemment étroitement dépendant de la circulation du virus. On est au pire moment en ce moment, donc c’est ainsi. On sait tous que ce variant est extrêmement contagieux, heureusement il est moins dangereux que les précédents variants, donc ça permet quand même aux aussi d’avoir un peu de sérénité par rapport aux conséquences sanitaires. Mais il y a un scénario optimiste et un scénario pessimiste, mais c’est vrai que le scénario optimiste ce serait que le pic de l’épidémie soit ces jours-ci et que ceci soit derrière nous à la fin du mois, ce serait formidable, mais je ne peux évidemment pas en être certain. Nous nous préparons donc à toutes les hypothèses, et c’est pour ça qu’on fera évoluer certainement protocole, dans un sens ou dans un autre, en fonction de l’évolution de l’épidémie.
LAURENCE FERRARI
Donc, ce que vous dites aux parents d’élèves ce matin, qui sont dans la galère, c’est : on est au pire de l’épidémie, et soyez patients et soyez solidaires, c’est ce que vous leur dites ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, et puis il y a un sens à tout ce que nous faisons. Il y a un sens aux contraintes que vous vivez, un sens aux à toutes ces choses difficiles que nous vivons tous, c’est de passer un cap compliqué, comme un comme un bateau qui passe le Cap Horn, et après les choses iront mieux. Je sais que tout ça est épuisant, c’est la 5e vague, on a tous envie que ça s’arrête, mais là, encore une fois, la solution de facilité, c’est de dire : bon, on plie les gaules, les enfants ne vont plus à l’école, c’est ce qui s’est passé dans de nombreux pays, c’est ce que proposent certains responsables politiques, ce n’est pas ce que je propose. J’observe avec plaisir que les organisations syndicales me disent aujourd’hui unanimement qu’elles sont du côté de l’école ouverte, donc nous sommes ensemble pour cela. A partir du moment où on est sur cette position, eh bien il faut regarder à quelles conditions c’est faisable, et nous le savons, la vaccination est évidemment un élément clé, la politique de tests en est une autre, les gestes barrières un 3e élément.
LAURENCE FERRARI
Les extracteurs de CO2 sont encore très peu présents dans les écoles françaises, est-ce qu’il n’y a pas un effort à faire, massif, là-dessus ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, les extracteurs de CO2 c’est très pertinent quand vous n’avez pas de fenêtre, comme dans une pièce comme celle-ci, vous avez…
LAURENCE FERRARI
Il y a des classes où il n’y a pas de fenêtres qui s’ouvrent.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Et il y a des classes où il n’y a pas de fenêtres qui s’ouvrent. Donc nous incitons à ce qu’il y ait cela, quand dans des circonstances particulières, toutes les machines d’ailleurs ne sont pas appropriées. C’est une compétence des collectivités locales, certaines ont commencé d’ailleurs à développer ça, et l’Etat est en soutien, à la fois technique et financier, derrière les collectivités locales pour cela, que ce soit sur les capteurs de CO2, ou que ce soit sur les purificateurs d’air, mais c’est deux sujets différents, il y a un sujet thermomètre et puis il y a un sujet substitution aux fenêtres, et nous travaillons depuis le début de la crise, en soutien des collectivités pour cela. Mais c’est au cas par cas que cela se réalise.
LAURENCE FERRARI
L’école, ce sont les élèves, mais ce sont bien sûr aussi les enseignants. 7 % d’enseignants absents dans les établissements scolaires, un pic vous, vous estimez aux alentours de 15 %, qui devrait survenir quoi, cette semaine, la semaine prochaine ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
J’espère que non. 15 % c’est… nous nous sommes préparés à 15 %, mais j’espère qu’on n’aura pas à vivre cela, aujourd’hui d’ailleurs je veux saluer les professeurs qui vaille que vaille assument ce travail, pas facile en ce moment, mais qui le font, et donc on est aujourd’hui environ effectivement à 8 % d’absents. Nos viviers de remplaçants nous permettent de faire face à cela, bien entendu il y a des exceptions à ce que je suis en train de dire, il y a des difficultés…
LAURENCE FERRARI
Des profs que l’on ne trouve pas, voilà.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Donc vos journaux pourront être plein d’événements négatifs sur ces questions. Il faut avoir en tête qu’aujourd’hui, en France, on est en train malgré tout de passer ce cap, en ayant l’immense majorité des enfants qui est quand même on classe, et avance, et c’est fondamental pour leur santé psychique, pour leur vie sociale, pour leurs apprentissages, d’abord et avant tout, pour la vie de la famille aussi, tout ça, ça compte et c’est ce qu’on essaie de faire, avec le bateau qui tangue, je suis d’accord, mais le bateau quand même qui vogue.
LAURENCE FERRARI
Même si c’est un enseignement dégradé, parfois, c’est ça ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Parfois c’est dégradé, c’est vrai, pas toujours. Il y a plein d’endroits où les choses fonctionnent normalement, parce que le virus ne circule pas, parce que les protocoles sont appliqués avec sérénité, et je pense que les choses dépendent beaucoup de nous tous. Vous savez, un pays ça peut connaître la guerre, ça peut connaître l’épidémie, ça peut connaître une catastrophe naturelle, eh bien pays prouve à lui-même de la force en ayant une forme de sérénité et de solidarité dans la difficulté, c’est ce qu’on a déjà bien démontré je trouve dans les 4 premières vagues, celle-ci a encore des traits un peu particuliers, montrons la même chose, même si on est tous un peu fatigués et qu’on a envie de passer à autre chose, mais montrons de la force d’âme collective et c’est ce qui est en train de se passer. Vous savez, j’entends évidemment beaucoup de critiques, des choses comme ça. Je veux bien assumer tout ce que l’on voudra, à tous ceux qui critiquent, je demande toujours : mais qu’est-ce qu’il faudrait faire de différent selon vous ? Et surtout, ce qui est important c’est qu’on mette notre énergie à avancer, qu’on fasse le moins de politique possible autour de ça, et qu’on pense d’abord et avant tout aux enfants et qu’on soit en soutien des professeurs et des personnels qui sont un peu aux avant-postes en ce moment, et on peut leur rendre hommage, comme on rendait hommage au personnel hospitalier.
LAURENCE FERRARI
Le Premier ministre a pris la décision de distribuer des masques chirurgicaux FFP1 au personnel enseignant, ils seront distribués avant la fin du mois, il y a 55 millions de masques qui ont été commandés. Pourquoi avoir attendu si longtemps, 2 ans après le début de la pandémie ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, depuis le début de la pandémie nous distribuons des masques pour nos personnels, c’est d’ailleurs une obligation d’employeurs que nous avons. C’est d’ailleurs une petite performance logistique, on ne souligne jamais qui est bien fait, mais ça veut dire que depuis le début de la pandémie on a distribué des dizaines de millions de masques, sur 60 000 points du territoire, en permanence, pour nos personnels. Ce sont des masques en tissu tout à fait homologués, et c’est vrai qu’il y avait la réclamation d’avoir les fameux masques chirurgicaux, c’est une demande que je fais depuis le début aux autorités de santé…
LAURENCE FERRARI
Ils ont mis 2 ans à …
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais oui, mais parce que c’est normal, il y a eu des priorités, notamment du côté du secteur sanitaire, et on peut le comprendre, l’hôpital avait, c’est un peu le même sujet pour les FFP2, c’est-à-dire on peut comprendre qu’il y ait des priorités et que l’école, sur ce sujet-là, vienne après l’hôpital, mais néanmoins maintenant, nous sommes en situation d’avoir ces masques chirurgicaux, je remercie le Premier ministre évidemment d’avoir… qu’on ait pu avancer sur ce point, et nous avançons et j’en suis très heureux.
LAURENCE FERRARI
Et pourquoi pas des FFP2, qui protègent encore plus, évidemment, ceux qui les portent ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
On a saisi le Haut Conseil de santé publique sur cette question. On sera très légitimiste par rapport à ce qu’il pourra dire. Il y a plein de questions qui se posent autour de ça, y compris le port, dans une journée entière, d’un FFP2 n’est pas évident…
LAURENCE FERRARI
C’est difficile.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Beaucoup de débats autour de cette question, mais j’attends l’avis du Haut Conseil.
LAURENCE FERRARI
Mais, est-ce qu’on a le temps d’attendre ? Est-ce qu’il ne faut pas distribuer tout de suite les masques ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Alors, sur les masques chirurgicaux le processus est enclenché, et donc les FFP1, et ceci va se distribuer au cours des prochaines semaines.
LAURENCE FERRARI
Encore un dernier mot sur le protocole sanitaire, vous l’avez annoncé dimanche après-midi dans une interview au Parisien, sur un site donc payant, certains ont regretté cette communication tardive. Vous allez nous expliquer pourquoi, et surtout sur un média qui était en ligne et payant. Pourquoi ne pas avoir fait une communication plus grand public ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a deux sujets dans ce que vous dites, c’est le fait que ce soit le dimanche, et ensuite le fait que, soi-disant, puisque ça n’est pas le cas, ça aurait été uniquement sur un média payant. S’agissant du 1er point, je rappelle que j’avais dit l’essentiel de ce qu’il y avait à savoir pour la rentrée, le mardi précédent, à la suite du Conseil de défense, c’est-à-dire que, un, on allait ouvrir les classes le jour dit, le lundi, et deuxièmement l’évolution majeure serait le fait d’accentuer la politique de tests à l’école primaire. Ces deux choses-là étaient dites, je ne pouvais pas en dire davantage, puisque nous devions attendre, vous savez, je ne fais pas les choses seul comme ça sur mon bureau, il y a beaucoup de secteurs à consulter, comme les organisations syndicales d’ailleurs, qui ont été consultées de toute la semaine dernière, et puis le Haut Conseil à la santé publique, qui nous a donné un avis extrêmement précis le 31 décembre au soir. Nous avons travaillé tout le 1er janvier, et là aussi il faut bien penser que tout ça est très complexe, parce que ça va être cohérent avec ce qui se fait en population en général, donc toute la journée du 1er janvier a permis d’élaborer des documents très précis autour de cela. Nous étions donc prêts le dimanche pour le dire, le ministre de la Santé devrait s’exprimer d’abord pour dire tous les éléments en population générale, et moi après, ce que j’ai fait, pour ce qui concerne l’école. Et ensuite je l’ai fait à la fois au travers du site Internet du ministère, qui est gratuit, avec des informations précises, notamment pour la communication interne, c’est-à-dire les professeurs et nos personnels, et de manière beaucoup plus détaillée que ce que j’ai fait dans l’entretien dans un journal. Donc, il est tout à fait normal d’avoir une communication interne, qui a précédé un tout petit peu la communication externe, mais c’était évidemment gratuit, précis et accessible à tous. Et donc, vous savez, on cherche beaucoup de polémiques, ce n’est pas par plaisir que les choses sortent le dimanche, c’est parce qu’il y a des processus qui eux-mêmes sont conditionnés par le fait qu’il faut une qualité de...
LAURENCE FERRARI
C’est le mammouth français.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce n’est pas le mammouth français, c’est… Vous savez, regardez ce qui se passe dans d’autres pays, on est sans arrêt en train de se s’autoflageller, mais regardez ce qui se passe dans d’autres pays, en matière d’ouverture des écoles, en matière d’hétérogénéité des décisions. Je me souviens qu’au début de la crise on prenait toujours en en modèle l’Allemagne, regardez ce qui se passe en Allemagne sur ce genre de sujet, les gens se plaignent que les choses soient très différentes d’un endroit à l’autre, que sur tous les sujets dont nous parlons il y a beaucoup de difficultés. Donc je ne suis pas d’accord, ce n’est pas le … français, au contraire, il y a une…
LAURENCE FERRARI
Il y a une lourdeur administrative qui est indéniable.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Il y a une lourdeur, mais il y a des choses qui sont inévitablement lourdes, c’est une épidémie grave, avec des choses complexes à résoudre, il faut que tout ce qui est décidé soit cohérent, et qu’ensuite ça s’applique à tout le territoire. Ça ne se fait pas en un claquement de doigts, les choses ne se font pas avec une baguette magique, c’est du travail, et ce qui est important par contre c’est que ce soit transparent, et que chacun comprenne le pourquoi des choses. Et par exemple, ce que nous avons dit le dimanche, n’avait pas d’impact immédiat sur ce qui se passait le lundi matin. Les choses qui avaient un impact sur le lundi matin, elles avaient été dites avant.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous validez les propos d’Emmanuel MACRON, qui, a-t-il dit, dans un journal aussi, qu’il avait très envie d’emmerder les non vaccinés. Vous auriez choisi ce mot-là, vous ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Peu importe le choix du mot, ce qui compte…
LAURENCE FERRARI
Si si, ça importe. C’est ma question.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ce qui compte c’est le fond de ce qu’il a dit, et évidemment que…
LAURENCE FERRARI
Et la forme, elle compte, parce que…
JEAN-MICHEL BLANQUER
La forme, après, chacun…
LAURENCE FERRARI
Le langage, c’est vraiment au coeur des apprentissages à l’école.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Ça c’est vrai que le langage c’est au coeur des apprentissages, c’est donc au coeur de la vie, et par certains moments, vous savez, ce mot finalement a été consacré par Cambronne dans un moment d’histoire de France, il y a des personnes qui considèrent que la forme était inappropriée.
LAURENCE FERRARI
Quel mot ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien le mot qui est radical, qui sert de radical à celui que vous avez utilisé.
LAURENCE FERRARI
Mais vous ne voulez pas le reprendre, c’est bien ça, vous ne voulez pas le prononcer.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, je pense que c’est bien d’avoir laissé le président de la République marquer le coup, et aujourd’hui…
LAURENCE FERRARI
Mais vous, vous ne le dites pas, ce matin.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Moi, ce qui m’importe c’est l’idée, et l’idée elle est fondamentale.
LAURENCE FERRARI
Mais la forme, elle compte aussi.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais vous savez, il faut savoir à certains moments marquer le coup, et puis derrière, c’est mon rôle aussi derrière, avec d’autres bien sûr, de contribuer à ce que tout simplement les choses se fassent. Autrement dit c’est un appel aux non vaccinés, à se vacciner, dans leur intérêt et dans l’intérêt collectif.
LAURENCE FERRARI
Dans ces non vaccinés il y a des enfants, les 12/16 ans qui sont exemptés d’une partie du Pass vaccinal, mais pas de tout. C’est normal de sanctionner des enfants de 12 à 16 ans, parce que leurs parents ont décidé de ne pas les vacciner ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, mais d’abord…
LAURENCE FERRARI
Ils ne peuvent pas tout faire.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, mais le domaine scolaire a été totalement sanctuarisé depuis le début, tout le monde va à l’école quelle que soit sa situation, et en plus on a donc pris des mesures pour que les enfants, sur les activités périscolaires et extra scolaires, ne soient pas, enfin quand je les enfants, les adolescents, les 12/16 ans, n’aient pas besoin du Pass sanitaire non plus, dans ces activités périscolaires.
LAURENCE FERRARI
Pass vaccinal.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Du Pass vaccinal.
LAURENCE FERRARI
Pass vaccinal, mais ils seront quand même exclus d’un certain nombre d’autres activités.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, des activités disons de reste de la société.
LAURENCE FERRARI
De loisirs.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Mais en tout cas, pour tout ce qui a trait à leur vie scolaire et périscolaire, ils sont… Et vous savez, fin juillet j’avais été assez critiqué par la mesure que j’avais annoncée, dans le second degré, d’avoir les enfants, les enfants vaccinés qui peuvent rester à l’école, tandis que les non vaccinés devaient rentrer à la maison. Il y a eu beaucoup de débats autour de ça, néanmoins cette annonce, après les tout le brouhaha qu’elle a provoqué, elle est à l’origine en partie du succès que nous avons rencontré de septembre à octobre pour la vaccination des 12/17 ans. Donc il faut savoir inciter, parce qu’on sait que c’est pour le bien des enfants, ce n’est pas pour embêter les gens, c’est pour arriver à ce que la santé soit bonne pour tous.
LAURENCE FERRARI
Il faut mettre au ban de la société les non vaccinés ? Il faut les désigner à la vindicte, il faut dire qu’on veut les « emmerder », pour reprendre les mots du président ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, les deux choses n’ont pas le même sens, les mots du président ne veulent pas dire désigner à la vindicte, je dirais c’est tout le contraire, c’est une pression incontestablement que nous devons faire, après, nous faisons société avec tout le monde, et tous les tous les Français…
LAURENCE FERRARI
Et il n’y a pas de sous-citoyens dans notre pays ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Non, tous les Français sont égaux et tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, c’est l’article 1er de la…
LAURENCE FERRARI
Absolument. Vous auriez été favorable à la vaccination obligatoire ? Finalement, est-ce que ce n’aurait pas été plus simple, Jean-Michel BLANQUER ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Vous savez, ce n’est pas une baguette magique. Il y a des pays qui font la vaccination obligatoire…
LAURENCE FERRARI
L’Italie y arrive pour les plus de 50 ans.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Oui, eh bien regardez le taux de vaccination des endroits où on a mis la vaccination obligatoire, il ne faut pas avoir…
LAURENCE FERRARI
Ce n’est pas mieux que chez nous.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Eh bien non, ce n’est pas parce que vous dites vaccination obligatoire, que le lendemain tout le monde va se faire piquer. Vous avez immédiatement des gens qui resquillent, qui essaient d’y échapper etc. Le mécanisme que nous avons utilisé, celui de l’incitation vaccinale, on peut appeler ça comme ça, est quelque chose qui a permis progressivement de faire que la très grande majorité de la société se vaccine, et on va encore franchir un nouveau stade, et ça passe par je dirais ce rouleau compresseur qui a été enclenché, qui est beaucoup plus efficace que la pseudo baguette magique de la vaccination obligatoire.
LAURENCE FERRARI
Un mot de Valérie PECRESSE, qui elle souhaitait décaler d’une semaine la rentrée scolaire, elle décide de faire une campagne très dure sur le thème de la sécurité, elle a décidé de « ressortir le Kärcher de la cave », c’est ce qu’elle a dit hier. Est-ce qu’encore une fois c’est une vision de la sécurité qui vous convient ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
En tout cas, j’observe qu’elle est dure sur ce sujet, alors que sur le sujet scolaire elle était molle, si je puis me permettre, puisqu’elle était prête à dégainer la solution de facilité. Donc ça dépend des registres, je vois ça, je pense que ce n’est pas une formule très heureuse, puisqu’on sait très bien que cette formule a fait couler beaucoup d’encre depuis qu’elle a été utilisée, à l’époque elle n’a pas produit non plus de miracle en matière de sécurité, et du temps où elle était en responsabilité, on le sait bien, il y a eu des suppressions de postes de policiers, donc aujourd’hui ce qu’il faut c’est surtout faire ce qui a été fait pendant ce quinquennat, c’est-à-dire sortir des policiers, plus que le Kärcher, c’est ce que nous, nous avons fait pendant ce quinquennat, on a créé des postes de policiers, ce n’est pas ce qui se passait quand madame PECRESSE était ministre du Budget.
LAURENCE FERRARI
Vous allez vous impliquer dans la campagne électorale ou pas ? Où est-ce que vous resterez sur votre secteur ?
JEAN-MICHEL BLANQUER
Bien sûr, vous savez, je suis ministre et citoyen, et responsable politique, la campagne électorale ça a de l’importance, c’est un grand moment démocratique, c’est heureux, et il est important qu’elle se passe d’ailleurs d’une manière qui soit…
LAURENCE FERRARI
Le plus normalement possible.
JEAN-MICHEL BLANQUER
… la plus normale possible, et qui permette le débat d’idées, d’aller au fond des choses, par exemple voyez, si on parle de sécurité, eh bien il est important d’être concret, plutôt que d’avoir des formules à l’emporte-pièce, combien on peut créer de postes de policiers, quelle politique de sécurité. On a beau bilan et surtout de belles perspectives à présenter. Dans le domaine de l’éducation on a un bilan vraiment extrêmement riche, ce qui s’est passé sur le rebond de l’école primaire, alors même qu’on a traversé la crise sanitaire, est essentiel, au triptyque lire/écrire/compter, auquel j’ai ajouté un point qui est respecter autrui, est quelque chose qui a fait progresser l’école primaire au cours de ces dernières années, je le dirai dans la campagne, et surtout on dressera des perspectives pour aller plus loin, pour le progrès de nos enfants.
LAURENCE FERRARI
Merci Jean-Michel BLANQUER d’être venu ce matin dans la matinale de Cnews.
JEAN-MICHEL BLANQUER
Merci à vous.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 10 janvier 2022