Texte intégral
ALIX BOUILHAGUET
Nathalie ELIMAS, bonjour.
NATHALIE ELIMAS
Bonjour.
ALIX BOUILHAGUET
Merci d’être avec nous ce matin. Samedi plus de 100.000 personnes ont défilé en France contre le pass vaccinal, c’est quatre fois plus qu’à la mi-décembre, est-ce qu’avec son « j’emmerde les non-vaccinés », est-ce que finalement Emmanuel MACRON il n’a pas remis de l’huile sur le feu ?
NATHALIE ELIMAS
C’est quatre fois plus qu’à la mi-décembre mais c’est largement deux fois moins que l’été dernier, rappelez-vous, quand les antivax ont manifesté. Le président…
ALIX BOUILHAGUET
Oui, mais là il a galvanisé les troupes d’une certaine manière.
NATHALIE ELIMAS
Je crois que cette manifestation de toute façon elle était prévue en marge de l’examen du texte sur le pass vaccinal, examiné la semaine dernière à l’Assemblée, et puis toute cette semaine encore au Sénat, et dans le cadre de la navette retour à l’Assemblée nationale, donc je crois surtout que c’est ça, évidemment il y a des oppositions politiques, comme Florian PHILIPPOT, bien sûr qui avaient appelé à manifester. En tout cas sur la phrase du président de la République il faut rappeler son contexte, elle a été prononcée alors que le président de la République était en train d’échanger avec des soignants, qui, on le sait, sont à bout de force après deux ans de lutte contre la pandémie dans les hôpitaux, et c’est dans ce cadre effectivement que cette phrase a été dite, et d’ailleurs elle est pleinement assumée, parce que ce que nous préférons franchement c’est effectivement emmerder celles et ceux qui ne vont pas se faire vacciner, et là c’est la secrétaire d’Etat en charge de l’Education prioritaire qui vous répond, plutôt que de fermer les écoles.
ALIX BOUILHAGUET
Vous dites que cette phrase elle est pleinement assumée, quand on voit que les attaques, les intimidations contre les élus se multiplient, quand on voit encore ces images, dures, de ce député LREM de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui se fait jeter des pierres avec des algues par des manifestants anti-pass sanitaire, est-ce qu’en engageant finalement un bras-de-fer, Emmanuel MACRON n’a pas fait une erreur politique ?
NATHALIE ELIMAS
Mais, ce n’est pas un bras de fer, il y a encore 5 millions de Français qui ne sont pas vaccinés, et si on regarde la situation dans nos hôpitaux, en particulier en réanimation, on voit que majoritairement les Françaises et les Français qui sont hospitalisés ne sont pas vaccinés, ça c’est le premier point. Sur les violences, bien sûr j’ai évidemment une pensée, je veux dire tout mot tout mon soutien au député qui a été victime de violences absolument inqualifiables, mais vous savez si on regarde le climat en général, quand je me rappelle il y a quelques jours, quelques semaines encore, Eric ZEMMOUR tenait des propos particulièrement durs, quand Eric CIOTTI tient des propos particulièrement durs, bref quand nos oppositions font monter la violence et instrumentalise…
ALIX BOUILHAGUET
Mais est-ce que c’est le rôle d’un président de la République d’avoir des propos durs comme ça, de parler comme…
NATHALIE ELIMAS
Pardon, quand Florian PHILIPPOT appelle les antivax à manifester, c’est faire monter la violence d’un cran, quand le président de la République dit qu’effectivement d’une façon, c’est vrai, un peu familière, que nous allons mettre la pression, le paquet, pour que celles et ceux qui ne sont pas vaccinés aillent se faire vacciner, on ne parle pas de la même chose. Nous sommes toujours dans le cadre d’une pandémie, d’une pandémie qui tue chaque jour, encore, des dizaines, des centaines de nos concitoyens, on ne parle pas de la même chose.
ALIX BOUILHAGUET
En début de quinquennat le gouvernement il a rendu obligatoire 11 vaccins, au lieu de 3 auparavant, pour les pour les enfants, pourquoi ne pas rendre obligatoire le vaccin contre le Covid ?
NATHALIE ELIMAS
Je me rappelle très bien cette discussion sur la vaccination obligatoire des enfants parce que j’étais encore parlementaire et en effet ça a été difficile, alors que ces vaccins, dont vous parlez, que l’on a rendu obligatoires, on les connaissait bien déjà, on les utilisait, ils étaient utilisés, nos enfants les recevaient de longue date.
ALIX BOUILHAGUET
Pourquoi on ne le fait pas sur le Covid ?
NATHALIE ELIMAS
Alors, pour le Covid c’est tout à fait autre chose. Nous avons effectivement pris le parti de ne pas rendre la vaccination obligatoire, parce que d’abord je crois que ce serait totalement inopérant. Qu’est-ce que ça signifie ? Qu’il faudrait aller voir, vérifier dans chaque foyer, si tel ou tel est bien vacciné, accompagné d’un infirmier ou d’un personnel soignant pour vacciner à la maison…
ALIX BOUILHAGUET
La Grèce ou l’Italie le font, pourquoi est-ce que nous on ne peut pas faire ce que font la Grèce et l’Italie, pourquoi nous c’est toujours très compliqué ?
NATHALIE ELIMAS
Ce que font la Grèce et l’Italie, en rendant effectivement la vaccination obligatoire, ne montre pas de façon très pragmatique, très rationnelle, qu’il y a pour autant plus de vaccinés, en revanche, ce que j’observe, c’est que dès lors qu’il y a une allocution du président de la République, ou un changement dans nos pratiques, dans la doctrine, eh bien on constate qu’il y a plus de rendez-vous, plus de vaccinés, voire plus de primo-vaccinés, donc je crois que c’est la bonne méthode.
ALIX BOUILHAGUET
Un mot aussi sur les tests, alors vous les voyez les files d’attente pour faire ces tests, est-ce qu’à un moment il ne faut pas prioriser ces tests ?
NATHALIE ELIMAS
Non, alors sur ces tests, en effet, il y a eu beaucoup de files d’attente, on le voit chaque jour, moi-même devant les pharmacies, pourquoi ? d’abord parce que les Français sont extrêmement responsables, et là je crois qu’il faut vraiment les saluer, ensuite parce que la doctrine, encore une fois, vient d’évoluer, mais nous allons répondre, nous allons répondre d’abord en livrant, dans les jours qui viennent, des autotests aux officines, aux pharmacies, justement pour qu’elles puissent répondre à ce nouveau protocole que nous avons mis en place dans les écoles, ensuite nous allons renforcer les équipes, parce qu’effectivement, s’il y a beaucoup de monde devant les officines, c’est parce qu’il y a effectivement beaucoup de Français qui ont envie d’aller se faire vacciner, mais peut-être pas suffisamment de personnel, donc on va ouvrir le recrutement, elles vont pouvoir recruter davantage de personnel pour pratiquer les tests. Enfin, il va y avoir à nouveau quelques ajustements, parce que finalement on ne fait que ça depuis le début de la pandémie, nous allons ouvrir des barnums, des centres de tests, des centres de dépistage, au plus près des centres de vaccination, comme ça dès lors qu’il y a un creux dans la journée, les personnels engagés sur les centres de vaccination pourront basculer de l’autre côté et continuer à tester massivement, et encore une fois, je le dis, c’est ce que font les Français, et c’est une très bonne chose.
ALIX BOUILHAGUET
Donc on continue comme ça, mais on fluidifie avec l’apport de personnel l’extérieur…
NATHALIE ELIMAS
C’est ça.
ALIX BOUILHAGUET
Dans combien de temps il y aura moins de files d’attente, c’est une question de jours ou une question de semaines ?
NATHALIE ELIMAS
Non, c’est plutôt une question de jours. Vous savez, vraiment, je l’ai dit, nous ne cessons de nous adapter à la situation avec beaucoup d’agilité et de répondre aux demandes le plus vite possible et au plus près des acteurs et du terrain.
ALIX BOUILHAGUET
A l’école comment ça se passe, combien de classe aujourd’hui ont été fermées depuis la rentrée, j’ai lu près de 10.000, est-ce qu’on est dans cet ordre d’idée ?
NATHALIE ELIMAS
Oui, c’est à peu près ça, sur un peu plus de 587.000 classes, donc on voit que bien sûr il y a des classes fermées, mais c’est quand même… ça tient, l’école tient, et là encore je salue nos personnels, nos professeurs, nos cadres de direction, et les familles, parce que je sais, je suis une mère de famille, combien ce protocole est fastidieux, combien c’est difficile, faire tester son enfant une fois, deux fois, trois fois, oui effectivement c’est compliqué, mais ces efforts que nous faisons nous les faisons collectivement pour, encore une fois, sortir de la pandémie, et si je reviens, là dans le cadre de l’école, tout cela nous le faisons pour bien sûr maintenir nos écoles ouvertes. On sait trop les conséquences pédagogiques, les conséquences sociales, de la fermeture des écoles, pour nos élèves.
ALIX BOUILHAGUET
On parle aussi de 8 % de profs absents, vous me confirmez ce chiffre ?
NATHALIE ELIMAS
Oui.
ALIX BOUILHAGUET
Est-ce que vous avez la main-d’oeuvre, si je puis dire, pour les remplacer poste pour poste ?
NATHALIE ELIMAS
Alors effectivement il y a 7 à 8 % de professeurs qui sont absents, parce que je parlais des élèves, mais évidemment il y a des professeurs qui sont malades, donc on avait un bataillon de remplaçants, des contractuels, des vacataires, que l’on est en train de réarmer, avec plus de contractuels, plus de vacataires, et aussi les professeurs retraités auxquels nous faisons appel pour venir prêter main-forte dans les écoles et pas exclusivement sur des petites périodes, celles et ceux qui ont envie de s’engager, eh bien on va faire en sorte que cela puisse perdurer, que ce soit solide jusqu’à mois de juin.
ALIX BOUILHAGUET
Trente secondes juste sur, une majorité des syndicats enseignants qui appelle à la grève nationale ce jeudi, ils décrivent une pagaille indescriptible dans les établissements en raison de l’épidémie, vous êtes inquiets de la mobilisation ?
NATHALIE ELIMAS
Vous savez, les organisations syndicales, il y a beaucoup de dialogue social au ministère de l’Education nationale, ils ont été reçus jeudi dernier par Jean-Michel BLANQUER et tous ce qui est en place, en tout cas, leur a été dit. Il y a du dialogue, il y a un échange. J’entends évidemment, je l’ai dit, le ras-le-bol, des professeurs, des familles, tout ça je le comprends, mais dire qu’on est dans la pagaille, non. Les quatre niveaux de protocole, ils les connaissent, et pas depuis là quelques jours, c’était en place à la rentrée 2021, et même à la rentrée 2020, donc tout ça ne tombe pas du ciel, ce sont des ajustements liés à la propagation du virus.
ALIX BOUILHAGUET
Merci beaucoup Nathalie ELIMAS.
NATHALIE ELIMAS
Merci à vous.
ALIX BOUILHAGUET
Merci d’avoir été avec nous ce matin.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 11 janvier 2022