Interview de Mme Elisabeth Moreno, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, à France Bleu Lorraine le 2 février 2022, sur les mesures de lutte contre les violences conjugales.

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Texte intégral

CÉDRIC LIETO
Elisabeth MORENO, bonjour.

ELISABETH MORENO
Bonjour, Cédric LIETO, bonjour à toutes et à tous.

CEDRIC LIETO
Vous venez à Nancy pour la mise en place d'un centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales, pourquoi c'est nécessaire alors qu'il arrive qu'on manque de place pour prendre en charge des femmes victimes de violences ?

ELISABETH MORENO
C'est nécessaire parce que lorsque l'on traite les auteurs de violences ont fait de la prévention et il y a, alors c'est pas pour la mise en place parce que ce centre a déjà été mis en place, j'ai eu énormément travaillé avec la députée Carole GRANDJEAN qui est extrêmement engagée sur ces questions de violences faites aux femmes pour que nous mettions en place des dispositifs que ce soit des places d'hébergement pour accueillir les femmes qui ont besoin de fuir le foyer où elles sont victimes de violences, que ce soit pour former les policiers et les gendarmes, que ce soit la prise de plainte dans les hôpitaux. Et moi je vais sur le terrain pour voir comment ces dispositifs qui ont été décidés au niveau national fonctionnent au plus proche des victimes pour pouvoir les aider à sortir de ce fléau que sont les violences conjugales.

CEDRIC LIETO
Est-ce que c'est efficace contre la récidive de prendre en charge les auteurs ?

ELISABETH MORENO
Oui monsieur LIETO, ça l'est parce que lorsque les auteurs sont pris en charge médicalement, lorsqu'elles sont prises en charge psychologiquement, lorsqu'on les accompagne pour se réinsérer dans la vie professionnelle, eh bien il a été prouvé par les expérimentations passées que la récidive est beaucoup plus faible. Et si nous avons moins d'auteurs, eh bien nous avons moins de victimes. J'ai ouvert 30 centres de prise en charge des auteurs de violences l'année dernière, il y a 6000 auteurs qui sont aujourd'hui suivis par les différents centres de prise en charge depuis fin 2020, je veux un maillage territorial important pour que partout ces dispositifs existent, qu'ils fonctionnent et que nous puissions prendre soin correctement des victimes qui en ont besoin.

CEDRIC LIETO
Autre mesure mise en place en en Meurthe-et-Moselle, la possibilité de porter plainte directement en milieu hospitalier lorsqu'on vient notamment pour des blessures consécutives à des faits de violence conjugale, le but c'est d'éviter la démarche qui est difficile parfois, souvent, de se rendre dans un commissariat ou dans une gendarmerie ?

ELISABETH MORENO
absolument vous avez raison et en fait ce dispositif de prise en plainte à l'hôpital qui est possible aujourd'hui dans 215 établissements de santé dans toute la France, eh bien il permet aux personnes qui n'ont pas le courage d'aller jusque dans un commissariat ou une gendarmerie, de voir des procureurs, des policiers ou des gendarmes venir à elles pour faciliter la prise de plainte et cette amélioration de l'accueil des victimes qui est également expérimentée par le ministère de l'Intérieur permet à certaines victimes de déposer plainte, soit dans des associations, soit dans des mairies ou dans le logement de leur famille. et tout ça c'est pour véritablement amener ces 70 % de femmes qui n'osent pas encore passer les portes des commissariats ou des gendarmeries à se sentir entendues, écoutées et accompagnées.

CEDRIC LIETO
Justement en 2021, le nombre de faits constatés de violences conjugales a bondi de plus de 25 % en Meurthe-et-Moselle par rapport à l'année précédente et qui fait dire au procureur de la République de Nancy que c'est la preuve que la parole des femmes dans ce département, elle est accueillie, qu'elle est libérée et qui a une bonne prise en charge des associations et des forces de l'ordre. Est-ce que vous partagez cette analyse alors qu'on pourrait se dire finalement une hausse de 25 % des violences conjugales constatée, c'est tout sauf une bonne nouvelle ?

ELISABETH MORENO
Il faut déjà noter que la moyenne de votre région est plus basse que la moyenne nationale puisque la moyenne nationale est de 33 %, donc ça c'est la première chose. la deuxième chose, c'est qu'effectivement grâce au travail des associations féministes de longue date, grâce au phénomène Metoo et grâce au travail que le gouvernement fait depuis 5 ans maintenant pour mettre la question des violences sexistes et sexuelles dans les débats publics, effectivement les victimes déposent davantage plainte et elles ne se confient davantage et on ne peut que saluer cela, parce qu'à chaque fois qu'une victime parle, elle peut sauver sa vie, parce qu'une gifle est toujours une gifle de trop et on sait où ça commence et parfois ça peut aller jusqu'à la mort. Donc moi je veux encourager ces femmes à continuer de parler, ce que nous avons constaté c'est que dans cette augmentation de dépôt de plainte, eh bien il y a des faits qui datent parfois de plusieurs mois, de plusieurs années, donc oui cette libération de la parole est en marche et c'est extrêmement salutaire parce qu'elle permet encore une fois de sauver des vies.

CEDRIC LIETO
Merci beaucoup Elisabeth MORENO, ministre déléguée à l'Egalité femmes hommes, bonne journée à vous.

ELISABETH MORENO
Merci Cédric LIETO, bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 février 2022