Texte intégral
CLEMENCE FULLEDA
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour.
CLEMENCE FULLEDA
Merci d'être avec nous ce matin, vous êtes donc aujourd'hui à Toulouse aux côtés d'Emmanuel MACRON pour accueillir tous les ministres européens qui sont comme vous chargés de l'espace. À quoi va servir concrètement ce sommet spatial européen ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sommet spatial, il va servir à affirmer la souveraineté européenne en matière d'espace, c'est-à-dire notre détermination au XXIème siècle à avoir nos propres lanceurs, nos propres satellites, nos propres constellations, notre propre constellation, c'est-à-dire l'ensemble de satellites qui vont permettre d'avoir de la 5 G de manière plus rapide, d'avoir des communications totalement indépendantes, d'avoir du réseau y compris sur des objets mobiles, sur les trains, sur les avions, sur les camions, sur les voitures, donc c'est une vraie ambition spatiale que nous allons affirmer ce matin avec le président de la République.
CLEMENCE FULLEDA
Est-ce qu'on n'est pas trop en retard sur les Américains, vous parliez des lanceurs, Ariane 6 n'est pas encore lancé contrairement à SPACE X, ou que ce soit sur les satellites puisqu'on dépend aujourd'hui essentiellement des Américains pour avoir des connexions haut débit ?
BRUNO LE MAIRE
C'est vrai qu'on démarre tard, ça arrive souvent en Europe, mais on s'est rattraper notre retard. Regardez ce qui s'est passé sur Galileo, on avait pris du retard par rapport au GPS et on a aujourd'hui avec Galileo un système des géo-positionnement qui est plus précis que le GPS. On a pris du retard sur le lanceur renouvelable, je suis persuadé que notamment avec le programme Maya que nous avons lancé il y a quelques mois, nous allons pour pouvoir avoir notre propre lanceur réutilisable européen. Je suis convaincu aussi que Ariane 6 sera un succès et que ce lanceur lourd que nous avons mis en place, ça a pris du temps mais il sera commercialement rentable, attractif pour beaucoup d'entreprises qui veulent lancer des satellites et efficace du point de vue technologique. Donc moi je voudrais vraiment tordre le cou à cette idée que l'Europe serait devenue un nain de l'espace alors que les États-Unis et la Chine seraient les seules grandes puissances, nous sommes une des grandes puissances spatiales, nous avons les technologies, nous avons les savoir-faire, nous avons les usines ici à Toulouse ou près de ma circonscription à Vernon, nous avons les hommes avec des gens comme Thomas PESQUET et nous avons l'ambition. Et c'est cette ambition spatiale que nous allons marquer ce matin.
CLEMENCE FULLEDA
Justement vous parlez de Toulouse, est-ce qu'il y aura des retombées économiques de cette nouvelle stratégie spatiale européenne sur la région toulousaine ?
BRUNO LE MAIRE
La spécialité de Toulouse, c'est les satellites. Les besoins en satellites vont être considérables. Je parlais tout à l'heure des constellations de satellites en orbite basse, une constellation complète qui vous permet d'assurer des communications et du réseau partout à travers la planète, c'est à peu près 10 000 satellites. Donc je considère que le jour où nous lançons ce projet de constellations européennes, c'est des milliers d'emplois en retombées directes pour Toulouse.
CLEMENCE FULLEDA
Des milliers.
BRUNO LE MAIRE
Oui des milliers d'emplois parce que vous avez à la fois les producteurs de satellites qui vont avoir des commandes, vous avez des start-up, je pense à une start-up comme Loft orbital qui est installée ici à Toulouse. Elles vont pouvoir créer de nouveaux usages de l'espace parce qu'il va y avoir de nouveaux besoins dans l'espace, donc tout ça c'est des emplois et c'est des emplois pour la ville qui est spécialisée dans le satellitaire, c'est-à-dire Toulouse.
CLEMENCE FULLEDA
Des milliers d'emplois d'ici combien de temps, ça vous sauriez nous le dire ?
BRUNO LE MAIRE
Je suis plutôt sur des années que sur des mois, soyons clairs, mais c'est vraiment l'échelle de grandeur des milliers d'emplois pour la région Occitanie, pour la ville de Toulouse qui ont pris le leadership en matière satellitaire.
CLEMENCE FULLEDA
On sait que les Russes ont essayé d'espionner un satellite français, l'espace, c'est un nouveau terrain de guerre, Bruno LEMAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
L'espace, ça ne doit pas être le Far West. Ça ne doit pas être le Far West d'abord pour les débris, c'est trop facile d'envoyer des satellites et puis une fois qu'ils sont obsolètes, on les laisse dans l'espace au risque que ces débris ensuite puissent abîmer par exemple la station spatiale européenne. Donc il faut impérativement qu'il y ait des règles, les moyens de faire respecter ces règles, qu'on ne puisse pas faire n'importe quoi, pas se livrer à des attaques, pas se livrer à des menaces, ne pas laisser traîner ses débris partout à travers l'espace, donc l'organisation de l'espace, la définition des règles de l'utilisation de l'espace ça fera partie des discussions importantes que nous aurons aujourd'hui.
CLEMENCE FULLEDA
Bruno LE MAIRE, quelques mots sur la SAM, la fonderie aveyronnaise liquidée fin décembre et hier vous avez annoncé que vous alliez soutenir financièrement un repreneur industriel basé en Occitanie, combien allez-vous mettre sur la table ?
BRUNO LE MAIRE
Nous sommes en train de regarder combien nous mettons sur la table. Je vais vous dire très simplement, la question n'est pas combien l'Etat met sur la table.
CLEMENCE FULLEDA
C'est ce que je vous demande en tout cas ce matin.
BRUNO LE MAIRE
Non, non, mais je vais vous y répondre bien entendu mais la vraie question, c'est-ce que le projet tient la route ?
CLEMENCE FULLEDA
Vous aviez jugé que l'ancien projet du repreneur ne tenait pas la route.
BRUNO LE MAIRE
L'ancien projet ne tenait pas la route, là nous avons un nouveau projet. Moi je n'ai jamais trompé les salariés, donc je leur dis pas, écoutez j'ai une solution, c'est super, ça va marcher et ne vous inquiétez pas, j'ai toujours tenu un langage de vérité. Je me suis engagé à ce que nous réindustrialisation le bassin de Decazeville. Nous allons y arriver. Et là pour le coup on a des projets industriels qui sont très solides notamment dans le domaine du recyclage des batteries. Donc on est en train de regarder, il y a des emplois, il y a des usines, il y a des capacités industrielles qui peuvent s'installer. Je le sais, je suis sûr que nous pouvons y arriver, donc je le dis avec beaucoup de détermination. Pour la SAM, nous avons un industriel qui a manifesté un intérêt, donc je suis beaucoup plus prudent. Cet industriel pour lancer son projet, il nous dit, j'ai besoin d'études. Je ne sais pas combien coûteront ces études, nous les financerons.
CLEMENCE FULLEDA
Toutes les études.
BRUNO LE MAIRE
Nous les financerons, pas de difficulté là-dessus et je ne veux pas créer de faux espoirs parce que je considère que surtout dans ces moments où la vie reste très dure pour beaucoup de Français, où le choc a été très dur pour les salariés, pour les ouvriers, j'ai rencontré les syndicats de la SAM, je veux pas faire de fausses promesses. Je ferai le maximum pour que nous trouvions un repreneur, qu'il y ait une reprise industrielle, c'est l'engagement que j'ai pris. Il y a une piste qui est intéressante, on finance les études mais je ne peux pas dire qu'aujourd'hui j'ai la solution définitive, je pense que ce serait aller trop loin.
CLEMENCE FULLEDA
On parlait d'une centaine de salariés qui seraient repris, ça vous ne pouvez pas nous le garantir, une centaine de salariés sur les plus de 300 que compte la SAM ?
BRUNO LE MAIRE
Je garantis qu'en tout état de cause chaque salarié de la SAM aura une solution, soit dans une autre entreprise, soit dans la SAM si le repreneur, le projet du repreneur tient vraiment la route, mais ça demande des études, je ferai le maximum, je l'ai dit aux salariés, je l'ai dit aux syndicats, je me suis engagé personnellement auprès d'eux. Mais si j'avais une solution dont je savais aujourd'hui voilà il y a un projet, il y a un plan de charge, il y a un financement, tout ça va marcher et dans quelques mois vous aurez la solution, je vous le dirai. Aujourd'hui je suis plus prudent, je vais vraiment faire preuve de la plus totale détermination comme toujours sur ces sujets industriels, mais laissons le temps aux études et d'ici quelques mois, pas avant quelques mois nous serons si ce projet peut vraiment aller jusqu'au bout.
CLEMENCE FULLEDA
On vous rappellera dans quelques mois, Bruno LE MAIRE. Est-ce que vous pouvez nous dire qui est ce repreneur potentiel ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne peux pas donner le nom parce que si on veut que la reprise aille jusqu'au bout, il vaut mieux garder le nom secret.
CLEMENCE FULLEDA
Peut-être vous pouvez nous dire alors, est-ce que RENAULT sera associé à ce projet de reprise en donnant par exemple du travail à ce repreneur ?
BRUNO LE MAIRE
Ça, ça suppose justement qu'on fasse des études, moi je n'anticipe pas sur ce que nous demanderons les études en termes de plan de charge, quels seront les constructeurs qui pourront être associés, on procède étape par étape.
CLEMENCE FULLEDA
En revanche vous aviez dit sur notre antenne que RENAULT avait une responsabilité morale et financière vis-à-vis de chaque salarié de la SAM, il la tient pour l'instant cette responsabilité ?
BRUNO LE MAIRE
Pour l'instant il la tient, mais on a eu une discussion très, très ferme avec les dirigeants de RENAULT il y a quelques semaines, j'ai eu moi-même cette discussion en leur disant vous avez pris des engagements vis-à-vis des salariés et de la SAM, vous êtes client de l'Assam depuis des années donc vous avez une responsabilité et je crois qu'ils ont corrigé le tir, c'est très bien et nous, nous nous assurons qu'ils tiennent bien leur parole.
CLEMENCE FULLEDA
Bruno LE MAIRE, question politique Emmanuel MACRON a ses 500 parrainages, ce serait pas mal de se déclarer candidat, aujourd'hui dans une ville où on voit la vie en rose, non ?
BRUNO LE MAIRE
Se déclarer dans la ville rose effectivement ça aurait de la gueule mais je ne suis pas certain que ce soit le cas, vous lui poserez la question dans quelques heures.
CLEMENCE FULLEDA
Et vous votre nom en tout circule pour diriger un éventuel super ministère de l'Education qui fusionnerait Education nationale, l'Enseignement supérieur et la culture, vous êtes candidat ?
BRUNO LE MAIRE
Je vais vous dire là aussi avec beaucoup de franchise, je trouve tous ces articles et ces supputations indécentes. Je suis ministre l'Économie et des Finances, j'ai la responsabilité de l'emploi dans notre pays, du bon fonctionnement des entreprises, de la croissance, de la protection des Français contre l'augmentation des prix de l'électricité ou du gaz, vous imaginez me projeter dans autre chose, ce serait totalement indécent.
CLEMENCE FULLEDA
Merci Bruno LE MAIRE, ministre de l'Economie d'avoir été en studio avec nous ce matin sur France Bleu et France 3 Occitanie. Bonne journée à vous donc pour ce sommet spatial européen à Toulouse.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 février 2022