Interview de Mme Olivia Grégoire, Secrétaire d'État, porte-parole du Gouvernement, à BFM TV le 29 juin 2022, sur le programme au Parlement paru au Journal officiel, la déclaration de politique générale, l'inflation, les salaires et les mesures en faveur du pouvoir d'achat.

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Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour Apolline de MALHERBE.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci de venir de répondre à mes questions ce matin. Vous êtes la porte-parole du gouvernement. On va évidemment parler de toutes les mesures, les mesures pouvoir d'achat, mais aussi ce qui se passe à l'Assemblée, la Première ministre a donc décidé de ne pas se soumettre à la décision, à la confiance, au vote des députés.

OLIVIA GREGOIRE
Aucune décision n'est prise, un décret est paru au Journal officiel ce matin, annonçant le programme au Parlement dans les prochains jours, où il y aura, comme vous le savez, la DPG, la déclaration de politique générale.

APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas écrit comme ça…

OLIVIA GREGOIRE
Il n'est pas spécifié dans le décret qu'il y aura vote de confiance, on n'a pas spécifié, il n'est pas écrit, il n'est pas fait mention de l'article dit 49, qui stipule qu'il y aurait un vote de confiance. Mais je veux être très claire ce matin, ça n'est pas parce que ça n'est pas inscrit dans le décret que la Première ministre ne pourrait pas le faire. Aucune porte n'est fermée, et au moment où je vous parle, ce vote de confiance est tout à fait possible, elle n'a pas pris cette décision, et c'est à elle de la prendre.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, je voudrais préciser vraiment les choses, il y a un décret donc qui a été publié ce matin même au Journal officiel…

OLIVIA GREGOIRE
Il y a quelques minutes, oui…

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a quelques minutes, dans lequel il est inscrit noir sur blanc que c'est donc l'article 50-1 de la Constitution qui a été choisi, cet article ne mentionne pas en effet, non seulement, de vote de confiance, mais il ne mentionne pas non plus qu'il s'agit d'un discours de politique générale, voilà ce qui est inscrit, une déclaration, il ne s'agira, et on le voit d'ailleurs à l'écran, sur BFM TV, il ne s'agira que d'une déclaration du gouvernement devant l'assemblée générale, c'est-à-dire le mot de déclaration de politique générale n'est pas mentionné, et ce n'est pas du tout anodin, vous avez l'air de dire que toutes les portes sont ouvertes, elles le sont peut-être, mais enfin, en tout cas, le choix de laisser la possibilité à ce qu'il n'y ait pas ce vote de confiance a été précisément choisi, ce n'est pas un article au hasard, puisque lorsqu'on compare avec le même Journal officiel de 2017, eh bien, à l'époque, il y avait écrit noir sur blanc : une déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, et c'était l'article 49 qui avait été choisi ; il y a donc un choix qui a été fait, le choix probablement, vraisemblablement, même si vous nous dites que ce n'est pas encore fait, de ne pas se soumettre à l'Assemblée nationale.

OLIVIA GREGOIRE
Ma réponse est très claire ce matin, la Première ministre n'a pas pris sa décision, c'est à elle seule de la prendre, cet article, effectivement, que vous mentionnez ce matin, contrairement à 2017, et vous venez de le mentionner, ne précise pas vote de confiance, ça ne ferme aucunement la porte au fait qu'il peut y en avoir un.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais qui a décidé de mettre ça dans le Journal officiel ?

OLIVIA GREGOIRE
Eh bien, écoutez, c'est les autorités en charge…

APOLLINE DE MALHERBE
Il ne tombe pas du ciel, ce décret ?

OLIVIA GREGOIRE
Non, c'est assez rare que les décrets tombent du ciel, mais c'est un choix qui a été fait, et qui laisse toutes les portes ouvertes, et dès le début de la semaine prochaine, milieu de la semaine prochaine, on sera fixé. Ce que je peux vous dire avec certitude, c'est que la Première ministre n'a pas pris sa décision, et que ce décret n'engage en rien le fait qu'il y ait ou pas vote de confiance, même si c'est écrit différemment, je vous l'accorde…

APOLLINE DE MALHERBE
Quand vous me dites qu'elle n'a pas pris sa décision, j'entends aussi qu'elle n'a pas pris la décision de se soumettre aux députés non plus.

OLIVIA GREGOIRE
C'est-à-dire ?

APOLLINE DE MALHERBE
Aujourd'hui, elle se dit, potentiellement, je ne me soumettrai pas aux députés.

OLIVIA GREGOIRE
Eh bien, pour l'instant, elle finit ses concertations, on va en reparler, c'est le dernier jour d'échanges, enfin, en tout cas, de cette semaine, avec les formations politiques, tout est possible, les portes sont ouvertes, et je veux être très claire, ça ne ça ne signifie en rien qu'il n'y aura pas de vote de confiance, donc attendons…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais s'il n'y a pas de vote de confiance, vous êtes bien d'accord quand même que c'est une manière de commencer ce quinquennat perdant ?

OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, je trouve qu'on accorde – mais c'est aussi certaines périodes politiques comme ça – on accorde beaucoup d'importance à certains faits, et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'actualités au Parlement, on va y revenir, rappeler quand même une chose, d'abord, je suis assez, pas vraiment étonnée, mais c'est quand même un peu dommage qu'on ait des formations politiques qui pour certaines ont déjà déposé une motion de censure sans même savoir ce qu'il y aurait dans une déclaration de politique générale, une motion de censure a été déposée, ça veut dire quoi, ça veut dire la réponse est non, quelque part, peu importe la question…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est le cas de la NUPES…

OLIVIA GREGOIRE
La NUPES a déposé cette motion de censure, je ne suis pas sûre qu'avec ce type de posture, la réponse est non, peu importe la question, on fasse vraiment avancer les enjeux et le pouvoir d'achat des Français dans les quelques semaines qui viennent. Donc restons ouverts, c'est tout à fait possible qu'elle demande ce vote de confiance, et…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous le souhaitez, vous, vous, vous dites quand même, ça serait plus solide ?

OLIVIA GREGOIRE
Je pense, moi, je vais vous dire, je serai, comme un seul homme, ou en réalité, comme une seule femme derrière la décision de la Première ministre, voilà, moi, je la soutiendrai quelle que soit sa décision, je veux être très claire, je veux aussi rappeler à celles et ceux qui nous écoutent, parce qu'on accorde beaucoup d'importance à ce vote de confiance, que dans notre 5ème République, par 7 fois, des Premiers ministres, c'est juste une information, par 7 fois, n'ont pas demandé la confiance, ça n'est pas inédit, si jamais ça devait arriver, c'est quelque chose qui a déjà été le cas, et j'espère que certains se rappellent, je pense à Jean-Luc MELENCHON notamment, qu'à l'époque, ça ne leur avait posé aucun problème, puisque par 3 fois, Jean-Luc MELENCHON appartenait à une majorité relative dont les Premiers ministres n'ont pas demandé le vote de confiance. Donc on verra, je pense évidemment à madame CRESSON, monsieur BEREGOVOY et monsieur ROCARD.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, vous dites, c'est elle qui prendra la décision, en solitude ?

OLIVIA GREGOIRE
Non, elle n'est pas en solitude, elle est entourée…

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a quand même une forme de solitude, on est frappé que, Emmanuel MACRON, certes, a fait une déclaration à l'Agence France Presse disant qu'il lui renouvellera sa confiance, mais il ne l'a pas citée lorsqu'il s'est adressé aux Français, pas un mot pour sa Première ministre.

OLIVIA GREGOIRE
Alors, d'abord, elle a répondu avec un certain humour, et pour la connaître, elle en a, ça n'est pas permanent que le président de la République cite les Premiers ministres, et d'ailleurs, les ministres tout court, j'en fais partie, j'en ai fait partie, et ce n'est pas forcément son obsession de nous citer nommément à chaque fois. Donc Elisabeth BORNE n'est pas du genre à se braquer par des signaux comme ceux-là, par ailleurs, quand il a pris la parole, notamment la semaine dernière, il l'a prise pour parler des institutions, des résultats des élections législatives, du message qu'il avait compris des Français, de cette attente de compromis qu'on doit bâtir, de ce qu'on doit faire et de ce que veulent les Français, il parlait en garant des institutions ; je ne suis pas choquée qu'il n'ait pas donné le nom de la chef du gouvernement, puisqu'il ne commentait pas l'actualité gouvernementale, il était vraiment dans une posture de président, garant des institutions, qui s'exprime sur les institutions.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous dites : je la soutiens…

OLIVIA GREGOIRE
Intégralement, oui…

APOLLINE DE MALHERBE
Elle a besoin de ce soutien aujourd'hui, comment vous la voyez ?

OLIVIA GREGOIRE
Elle n'exprime pas de besoin de soutien, mais je pense important de la soutenir, la situation est inédite, elle n'est pas forcément évidente, et d'ailleurs, pas qu'au plan politique, vous savez, ce qui nous préoccupe le plus, en réalité, c'est la situation économique, aujourd'hui, mais aussi dans les prochaines semaines, faire en sorte que la rentrée se déroule bien, et que dès le mois d'août, les Français reçoivent sur leur compte en banque, sur leur bulletin de salaire, les augmentations prévues. Donc elle hérite d'une situation qui n'est pas évidente, notamment encore une fois, au plan économique, mais aussi au plan politique. Pour la connaître, c'est une femme extrêmement solide, c'est une femme qui est déterminée, qui n'est pas dans l'épanchement, qui est assez pudique, qui est au travail, qui consulte, qui bosse avec ses ministres et qui a le soutien du président de la République.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, vous le dites justement, il va falloir avancer, et c'est toute la question, pourrez-vous avancez, vous avez dit notamment que pour les Français, une des priorités, c'est de voir les augmentations sur la fiche de paye, le point d'indice des fonctionnaires qui va être augmenté de 3,5 % le 1er juillet, vendredi, alors que l'inflation est de 5,2 %, officiellement, et qu'on le voit bien, elle pourrait atteindre 7 %. Concrètement, le compte n'y est pas.

OLIVIA GREGOIRE
Alors concrètement, 3,5 % d'augmentation en plus, là, au mois de juillet, annoncés par Stanislas GUERINI, qui viennent s'ajouter aux 1,5 % d'augmentation individuelle annuelle des agents de la Fonction publique, 3,5 + 1,5 = 5 %. Nous sommes donc sur une augmentation pour les agents publics de 5 %, entre l'inflation et les augmentations classiques. Ça donne à peu près, pour donner une idée, pour une sage-femme, une femme qui est après 20 ans de service sage-femme, c'est 110 euros nets par mois de plus, c'est 1.300 euros de plus sur l'année, ça n'est pas anodin. 700.000 agents de la Fonction publique sont concernés. Et au moment…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça faisait 10 ans que ce n'était jamais…

OLIVIA GREGOIRE
Alors, ça faisait 10 ans, et ça faisait même, on va aller plus loin, 37 ans qu'une augmentation pareille n'avait pas été prise, et donc, elle est assez inédite, et c'est bien normal compte tenu de l'inflation inédite, mais l'effort, il est massif, il faut donner les chiffres et être clair, 7,5 milliards de coût pour l'Etat, enfin, même d'investissement, je vais vous dire, puisque les agents de la Fonction publique, c'est de l'investissement, ce sont ceux qui font vivre nos écoles, nos hôpitaux et toute notre solidarité nationale. Donc 7,5 milliards d'euros, c'est pour vous donner une idée, puisqu'on fait souvent référence par exemple à l'ISF, notamment à gauche, c'est plus de deux fois l'ISF, ce qui est mis sur la table aujourd'hui pour augmenter les fonctionnaires, donc c'est un effort inédit, il y a une chose qui me semble importante à dire, il y a 700.000 agents de la Fonction publique étaient à peu près juste au niveau du SMIC, avec cette augmentation de 5 %, nous n'aurons plus d'agents publics au 1er juillet 2022, à compter de vendredi, dont la rémunération sera uniquement le SMIC, et je pense que ça mérite d'être souligné.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, dans un moment de pénurie, où on le voit bien, il y a des postes non seulement dans l'hôpital évidemment, on en parle tous les jours, mais aussi des postes de profs qui ne seront pas pourvus à la rentrée, et des élèves qui vont se retrouver sans professeurs, est-ce que, franchement, vous pensez que cette augmentation de 3,5, elle suffira à redonner une attractivité à ces jobs qui sont absolument nécessaires au fonctionnement de notre pays ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors, 1°) : vous avez raison, et c'est d'ailleurs le gros sujet de ce quinquennat, le plein emploi et l'emploi, aujourd'hui, on a hérité d'une situation, que ça soit à l'hôpital ou dans l'Education, depuis plusieurs années, où ces fonctions étaient complètement abandonnées, absolument pas bien rémunérées, et moins bien que la moyenne européenne, il faut être clair, nous étions en retard ; c'est donc un rattrapage qui est mis en place depuis plusieurs années, et d'ailleurs, par le précédent quinquennat, il faut continuer, et faire plus pour que ces métiers soient plus attractifs, c'est ce que nous faisons, mais il n'y a pas que la rémunération pour rendre attractif, il y a la rémunération, bien sûr, mais il y a aussi les conditions de travail, la façon dont aujourd'hui nos professeurs, nos cadres de santé, nos médecins travaillent…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez des nouvelles du rapport par exemple sur l'hôpital, le rapport de …

OLIVIA GREGOIRE
Vendredi, on tiendra nos dates, la mission Flash sera rendue en fin de semaine ou peut-être au pire lundi, mais, on est en train de…

APOLLINE DE MALHERBE
Et il y aura du sonnant et trébuchant ?

OLIVIA GREGOIRE
Il y aura des mesures…

APOLLINE DE MALHERBE
Pour la réorganisation à l'hôpital notamment…

OLIVIA GREGOIRE
Exactement, et locale, puisqu'en réalité, l'hôpital Necker, ce n'est pas l'hôpital de Dijon, il y a des réalités qui sont très différentes, à Paris, sur les territoires, et donc, on veut avoir des solutions par bassin de vie, comme l'a dit le président. Mais ce que j'ai envie de dire pour bien connaître la santé, c'est que, notamment, c'est des sujets très complexes, il y a l'urgence, il faut tout de suite payer plus, bien évidemment, mais il y a aussi un sujet d'attractivité au long cours, il faut former plus, c'est tout l'enjeu de l'investissement qu'on va continuer à faire. Vous savez qu'au précédent quinquennat, on a beaucoup investi dans les compétences, c'est tout l'enjeu, moi, je sors de campagne législative, pendant, et de campagne présidentielle, pendant 3, 4 mois, j'ai sillonné, et j'y pars tout à l'heure, je pars à Nantes tout à l'heure, les villes de France avec des entrepreneurs, je vais vous dire ce qui m'a frappée, et qui est frappant, c'est qu'on ne m'a pas parlé une seule fois de chômage. 1°) : ça, c'est plutôt une bonne nouvelle, on a le droit de le partager. C'est grâce aux entrepreneurs, c'est grâce à l'Etat aussi qui a fait ce qu'il fallait. Point 2°) : ce qu'on remarque, c'est qu'on me parle à chaque boutique, à chaque artisan, de compétences, de recrutement et de l'incapacité à recruter, il n'y a pas que la Fonction publique, c'est beaucoup plus large, dans tous les secteurs, dans tous les métiers, donc on a un enjeu qui est de former très vite des gens qui puissent aller sur le marché du travail dans les prochaines années, sur ces métiers en tension, c'est ce qu'on a l'intention de faire.

APOLLINE DE MALHERBE
Et justement, on est passé en gros de 10 % de chômage à 7 % de chômage, est-ce que on n'est pas arrivé, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, qui était à ce même micro hier, disait : ça bute, est-ce qu'on n'est pas arrivé à beaucoup plus difficile maintenant pour baisser, c'est-à-dire, passer de 10 à 7, ok, passer de 7 à 5, beaucoup difficile, vous continuez malgré tout à dire que l'objectif de ce quinquennat, c'est d'arriver au plein emploi, on arrivera à 5 % à la fin du quinquennat ?

OLIVIA GREGOIRE
On va tout faire pour, c'est certain, et peut-être qu'on a une forme de crédibilité, ceux qui avons réussi à faire passer le chômage de quasiment 10 % à 7 %, peut-être qu'on peut nous croire, c'est comme sur les impôts, quand on baisse 52 milliards d'impôts en 5 ans, on est peut-être plus crédible que d'autres pour dire on va continuer à les baisser, c'est qu'on est capable de le faire. Sur le chômage, on l'a fait, vous le dites, et d'autres parfois, ce n'est pas le sens de votre propos, mais vous me dites : bon, vous êtes passé de 10 à 7, ok, mais, enfin, non, pas ok, il a fallu 15 milliards d'euros sur le plan d'investissement des compétences, il a fallu du courage politique, il a fallu du courage politique il a fallu les ordonnances travail, il a fallu beaucoup de courage politique et beaucoup d'engagements des Français et des entrepreneurs pour parvenir à ce résultat…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais il faudra quoi, là, pour passer de 7 à 5 ?

OLIVIA GREGOIRE
Ce qu'il y a de vrai, et de très clairement vrai dans les propos de Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, ce n'est pas tant que ça bute, c'est que c'est, je dirais, pas plus facile, mais c'est encore plus difficile de baisser de 7 à 5 que de 10 à 7, donc on a une seule solution : investir massivement sur l'enseignement, sur la formation, sur l'éducation, ce que nous allons faire, et ce sera visible dès le projet de loi de finances qui arrive dans quelques semaines, en septembre à l'Assemblée nationale, il nous faut former plus pour permettre aux personnes aujourd'hui qui ne sont pas sur le marché de l'emploi de pouvoir aller pourvoir ces métiers sous tension, comme on dit. Mais c'est vrai que la tâche est plus délicate, mais raison de plus pour motiver l'équipe gouvernementale…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous diriez, Olivia GREGOIRE, vous qui êtes porte-parole du gouvernement, qu'on est au retour de l'austérité ?

OLIVIA GREGOIRE
Est-ce que dépenser… enfin, dépenser, est-ce que, investir 7,5 milliards d'euros pour l'augmentation des salaires de nos agents publics, ça ressemble à de l'austérité, est-ce que mettre 25 milliards d'euros entre octobre et mars sur le bouclier tarifaire, sur le chèque inflation, comme l'a fait Jean CASTEX précédemment, ça ressemble à de l'austérité, est-ce que, comme l'a dit Bruno LE MAIRE hier, investir à nouveau 25 milliards d'euros pour protéger les Français avec la poursuite du bouclier tarifaire, avec le bouclier logement, avec l'indexation des retraites…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais sauf que dans le même temps, on nous parle de sobriété, de cote d'alerte de la dette et de restrictions…

OLIVIA GREGOIRE
Non, mais d'accord, mais pardonnez-moi, on aura mis 50 milliards d'euros…

APOLLINE DE MALHERBE
Ça ressemble aussi à de l'austérité ça…

OLIVIA GREGOIRE
En 9 mois pour protéger le pouvoir d'achat des Français, est-ce que ça ressemble à de l'austérité, non, est-ce que tenir les comptes est indispensable, oui, pourquoi, et les gens ont vite le comprendre, les ménages le vivent au quotidien, je vous donne un chiffre, que je trouvais intéressant à partager avec vous ce matin, qui est très concret, en janvier, l'Etat a emprunté sur les marchés, le taux était de 0,3 %. En juin, l'Etat a emprunté, le taux était de 1,7 %, vous avez aujourd'hui des taux d'intérêt qui remontent avec une inflation galopante, donc il nous faut à la fois tenir les comptes et continuer d'investir, ça n'est absolument pas de l'austérité, c'est de la responsabilité budgétaire, principalement, parce que les Français sont tout sauf des idiots, et qu'ils savent très bien que ne pas être responsable budgétairement et dépenser sans gager, sans cibler, ce seront les impôts de demain, donc ça n'est pas une option pour nous, ni impôt, ni dette, on a été clair.

APOLLINE DE MALHERBE
Olivia GREGOIRE, il y a plusieurs points que je voudrais encore voir avec vous, notamment les aides aux carburants, mais d'abord, un point sur les crèches, parce qu'il y a de nombreux témoignages qui nous remontent depuis quelques jours, un peu comme dans l'affaire des EHPAD d'ORPEA, mais là, ça concerne d'autres dépendants qui sont les plus petits, et la question des crèches, et notamment la crèche, les crèches du groupe People&Baby, un enfant est mort la semaine dernière à Lyon. Est-ce qu'il y a aujourd'hui une faillite de l'Etat dans le contrôle de ses délégations de service public, c'est-à-dire de ceux à qui on confie les plus dépendants dans notre société, les enfants, comme les personnes âgées ?

APOLLINE DE MALHERBE
Je n'irais pas jusqu'à employer le mot que vous avez employé, parce que je pense à toutes celles et tous ceux qui font un travail formidable sans qu'il n'y ait jamais de problème et dont on ne parle jamais sur les plateaux télé, et comme souvent, et c'est normal, on parle des drames, et j'ai un peu d'émotion, et vous m'en excuserez, puisque je ne suis pas maman depuis longtemps, et c'est vrai que le drame de la semaine dernière dans la crèche, par mégarde, soi-disant, de cette employée de crèche, est dramatique…

APOLLINE DE MALHERBE
Il s'agit sans doute pas de mégarde, mais…

OLIVIA GREGOIRE
Eh bien, c'est une drôle de mégarde entre nous, voilà, je ne m'exprimerai pas plus, mais pour aller donner un produit pour déboucher des éviers à un enfant, il faut avoir un vrai problème quand même.

APOLLINE DE MALHERBE
Faut-il renforcer les contrôles ?

OLIVIA GREGOIRE
Il y a un sujet en amont, en aval, il y a d'abord et avant tout, je crois aussi, un sujet de formation, vient d'en parler, sur l'éducation, sur la santé, on a un sujet de formation et de compétences. Il faut mieux former, plus former, plus de monde. Il faut plus d'entourage, plus d'accompagnants, que ce soit dans les EHPAD, et que ce soit…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais pile au moment où on se dit ça, l'Etat vient de laisser la porte ouverte à ce que ces micro-crèches qui jusqu'à présent n'avaient le droit d'accueillir que 9 enfants pour un certain nombre d'encadrants, finalement, vont pouvoir en accueillir 12, donc c'est exactement l'inverse de ce que vous nous dites…

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais dans les micro-crèches, pour le coup, il y a aussi un financement, pour avoir inscrit la mienne, il y a quelques semaines, un financement supplémentaire des parents qui, parce que ça coûte plus cher, une micro-crèche, et que la CAF ne prend pas intégralement en charge la micro-crèche, ce qui permet normalement de pouvoir recruter des encadrants pour 3 enfants de plus, on doit pouvoir recruter un encadrant de plus, puisque les micro-crèches, pour le coup, sont plus chères, et les parents payent plus, et sont moins soutenus par le crédit Impôt famille. Mais ce n'est pas la bonne réponse à la question que vous venez de poser, il y a un sujet, à la fois sur les plus âgés et sur les plus jeunes, il y a une réalité qui est qu'on doit aujourd'hui investir beaucoup plus, former beaucoup plus, qu'on a une société qui bouge énormément, on a peut-être moins d'enfants, mais on a de plus en plus de personnes âgées, et il est vrai, et vous l'avez dit, que des EHPAD aux crèches, on a un problème en amont de formation, en aval de contrôle. Et il va falloir qu'on s'y attelle.

APOLLINE DE MALHERBE
147 (sic) nouveaux cas de Covid en 24 heures, plus… 147.000 nouveaux cas en 24 heures, plus 56 % en une semaine, et pourtant, aucune mesure n'a été prise, ce sont uniquement des incitations, est-ce que si vous aviez vraiment le pouvoir politique à l'Assemblée, si vous aviez vraiment les moyens, vous le feriez, vous décideriez, là, comme le fait l'Italie, par exemple, de l'obligation du port du masque ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors, chaque pays, et on a deux ans et demi de recul, et vous l'avez bien vu, après, les mesures, bon, moi, je respecte, et je ne fais pas d'ingérence sanitaire, les Italiens font ce qu'ils veulent, et la France fait ce qu'elle veut, on a eu une expression très claire de la ministre de la Santé, il y a quelques jours, nous, on fait confiance, au moment où je vous parle, en vigilance, à la responsabilité collective des Français, voyez, moi, j'ai une nounou, on en parlait il y a 2 minutes, je n'ai pas eu besoin de lui dire le matin, quand elle arrive, il faut mettre ton masque dans les transports, elle l'a fait d'elle-même, moi-même, quand je me déplace, là, on part en train à Nantes tout à l'heure, je vais mettre un masque, même si ce n'est pas une obligation, ce que j'ai envie de dire, c'est qu'on est un peuple aussi responsable, qu'on a eu beaucoup de Français qui ont été parfois lassés, fatigués, pour ne pas dire plus, des obligations, et que là, au moment où je vous parle, on fait confiance à la responsabilité des Français, mais…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous encouragez…

OLIVIA GREGOIRE
Mais, je profite de ce moment en fin juin pour rappeler à toutes celles et ceux qui ont autour d'eux, autour d'elles, un grand-père, une grand-mère, un papa, qui a plus de 60 ans, qui est ce qu'on appelle immunodéprimé, qui a donc un problème immunitaire, de fragilité, de maladie chronique, à aller prendre sa deuxième dose de rappel. Nous avons un vrai sujet, Apolline de MALHERBE, c'est qu'un quart seulement de ces personnes dites fragiles, même si on n'est pas fragile à 61 ans, mais il faut absolument qu'elles aillent…

APOLLINE DE MALHERBE
En tout cas qui sont éligibles à cette dose de rappel…

OLIVIA GREGOIRE
Se faire vacciner sur la deuxième dose de rappel auprès de leurs professionnels de santé, les autorités régionales de santé vont adresser des messages à toutes les personnes concernées, je pense notamment aux départs en vacances, aux petits enfants qui vont chez les grands-parents, aux grands-parents qui s'occupent des petits, faites-vous vacciner, la deuxième dose de rappel, elle est disponible, ça prend 5 minutes, et ça protège tout le monde…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez parlé de la responsabilité, vous avez dit vous-même, dans le train que vous mettrez le masque, est-ce qu'il faut envisager et encourager les Français à le mettre également au travail ?

OLIVIA GREGOIRE
Il faut encourager les Français à le mettre dans toutes situations où ils s'estiment en promiscuité forte, et que ce soit dans les transports, que ce soit dans les festivals, que ce soit dans certains concerts fermés, qui ne sont pas à l'air libre, oui, on a le droit de se prémunir, de prévenir, et donc de soi-même de se protéger et de protéger les autres.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous avez dit, pas plus d'impôt, mais il se dessine quand même une taxe spécifique sur les entreprises qui ont fait des gros profits, alors, on a entendu votre collègue Clément BEAUNE ce matin, le ministre délégué en charge de l'Europe, qui dit : les entreprises du secteur de l'énergie qui font des profits supplémentaires devront participer de manière supplémentaire à l'effort collectif, c'est quoi ça ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors, il me semble que vous aviez un monsieur qui est le ministre de l'Economie, il y a quelques heures, même hier, je crois, sur votre plateau…

APOLLINE DE MALHERBE
Avant-hier…

OLIVIA GREGOIRE
Ou avant-hier, pardonnez-moi, d'abord, 1°) : aucun arbitrage n'est pris, ok, donc, on est en train de regarder, et ça fait typiquement partie des choses qu'on discute avec les oppositions, en ce moment même. Deuxièmement, moi, je suis très sensible à l'argument de Bruno LE MAIRE sur : on veut que ces ristournes et ces réductions aillent directement à la pompe, sur le prix du litre plutôt que de passer par l'Etat, par une taxe, qu'il faut ensuite redistribuer, et sur laquelle, entre nous, l'Etat pourrait gagner des intérêts, c'est plus long, plus complexe et moins direct pour les Français, donc, moi, je suis assez raccord, en un mot, avec la position de Bruno LE MAIRE sur le fait que, oui, il faut un effort supplémentaire, mais directement sur le prix à la pompe. Et c'est le sens d'ailleurs…

APOLLINE DE MALHERBE
Donc pas sous forme de taxe si j'ai bien compris, pas de taxe supplémentaire sur TOTAL par exemple ?

OLIVIA GREGOIRE
Ça n'est pas, au moment où je vous parle, la position que je préfère. En revanche, que, en plus des 18 centimes de ristourne, dont on va demander qu'elle soit poursuivie jusqu'à la fin de l'année pour tous les Français, qu'il y ait un geste supplémentaire, comme certains géants de l'énergie l'ont déjà fait, nous l'appelons de nos vœux pour que ça baisse encore le prix à la pompe.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est ça qu'on doit entendre derrière, effort collectif, participation davantage à l'effort collectif. Merci.

OLIVIA GREGOIRE
Et participation directe…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, oui, pas sous forme de taxe, j'ai bien compris…

OLIVIA GREGOIRE
Non, c'est important. Kil faut que ce soit sonnant et trébuchant, vite à la pompe pour les Français.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci Olivia GREGOIRE d'avoir répondu à mes questions ce matin.

OLIVIA GREGOIRE
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 juin 2022