Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Dominique FAURE.
DOMINIQUE FAURE
Bonjour.
PATRICK ROGER
Elue aussi de Saint-Orens-de-Gameville bien sûr dans la grande métropole en fait toulousaine.
DOMINIQUE FAURE
Bien sûr je sois conseillère municipale et j'ai passé la main en tant que maire récemment.
PATRICK ROGER
Comment va le monde rural, entre espoir d'une vie plus calme et sereine et angoisse aussi face aux difficultés notamment du moment, c'est-à-dire les transports, l'énergie, les services publics et les déserts médicaux. On va aborder ces questions ainsi que l'actualité du moment avec le Congrès des maires qui s'ouvre demain notamment et puis vous êtes une ancienne sportive aussi de haut niveau, tiens, j'aimerais avoir tout à l'heure votre regard sur la Coupe du monde au Qatar notamment. Commençons par la cohésion des territoires si vous voulez bien Dominique FAURE, vous parcourez la France rurale, quelles sont les attentes et les préoccupations majeures aujourd'hui ?
DOMINIQUE FAURE
Effectivement je parcours la France, hier j’étais en Côte-d'Or, avant hier en Allier, je rencontre beaucoup de maires, beaucoup d'élus locaux, beaucoup d'associations, nos habitants en ruralité rencontrent il est vrai de grandes difficultés et avec les augmentations du coût des énergies, il est évident que ces difficultés s'accentuent. Aujourd’hui je prends les sujets les uns après les autres, je suis dans une posture d'écoute, je crois qu'il faut d'abord écouter, comprendre parce qu'on on rencontre des diversités de territoire avec parfois une priorité qui est mise sur les déserts médicaux et l'absence d'accès à un médecin qui génère de la souffrance chez nos concitoyens. Dans d'autres endroits, c'est la mobilité, pas de transport collectif, pas de train et souvent 45 minutes pour accéder au service public. Donc il y a des priorités en fonction des territoires, il y a 4 ou 5 sujets majeurs sur lesquels je travaille, j'écoute, je fais déjà de la pédagogie sur ces choses qui existent.
PATRICK ROGER
Alors oui ces sujets, Dominique FAURE, ces sujets alors sur lesquels. Vous voulez travailler.
DOMINIQUE FAURE
Je vous disais les déserts médicaux aujourd'hui, l’absence d’un médecin généraliste, la difficulté à avoir accès à un centre d'urgence.
PATRICK ROGER
On parle de généraliste, on ne parle même pas des spécialistes qui sont encore beaucoup plus loin en fait bien souvent.
DOMINIQUE FAURE
Oui bien sûr mais sur le sujet des spécialistes et pour rebondir vous dire que simplement on trouve de très belles initiatives dans nos territoires, par exemple à Aubigny-sur-Nère la maire est allée rencontrer un certain nombre de spécialistes qui se trouvent à une heure et leur proposer un bureau qu'elle avait de disponible pour en faire un lieu de consultation une fois par mois. Elle prend les rendez-vous pour les spécialistes et elle n’a pas moins de 10 spécialistes qui viennent sur la commune. Donc l'idée est de vous dire simplement qu'il y a de belles initiatives et mon rôle va être de les identifier et de tout faire et de donner les moyens qu'elles se reproduisent ces initiatives. Pour le médecin généraliste on voit bien sûr de plus en plus donner des responsabilités aux pharmacies, aux kinés, aux infirmières dans nos territoires. Je pense que ça réjouit un peu tout le monde et puis on va aussi accentuer tout ce qui touche à la télémédecine, à la visio en médecine puisqu'on va pouvoir avoir des consultations de 20 minutes où on va voir le médecin pour un premier diagnostic, il va pouvoir avoir les constantes de ses patients à distance. Donc je vois qu'il y a des pistes, je vois que ça existe déjà aujourd'hui, mon rôle va être de le reproduire parce que dans certains endroits vous me le demandiez, le désert médical est une vraie difficulté.
PATRICK ROGER
Oui c'est ça.
DOMINIQUE FAURE
Dans d’autres l'accès aux services publics et là nos maisons France services, pas moins de 2500 maisons France services, aujourd'hui tout Français à une maison France services à moins de 20 minutes de chez lui. Il faut encore aller plus loin sur ce sujet de l'accès aux services publics d'Etat, mais on a déjà franchi de belles étapes. Mon but est de le faire savoir parce que parfois les élus locaux comme les citoyens ne le savent pas encore, mais aussi d'aller plus loin.
PATRICK ROGER
Oui et puis l'une des difficultés aussi bien sûr quand on est dans les territoires ruraux, c'est que pour se déplacer, pour aller travailler, enfin pour un tas de choses évidemment on prend sa voiture et l’essence qui coûte de plus en plus cher et puis la transition la voiture électrique, etc… c'est complexe bien sûr même si on peut l'avoir pour des petits trajets. Quelles sont les orientations-là que vous pouvez en fait donner ?
DOMINIQUE FAURE
Toujours pour rebondir sur la voiture électrique, on va dire que le premier frein, c'est les bornes de recharge. On va déployer en 2023 des bornes de recharge et je pense que nos concitoyens vont être étonnés, on a identifié une société qui va investir dans les territoires ruraux, pas seulement dans les territoires urbains et donc on va pouvoir accélérer cette transition vers le véhicule électrique. Sur les coûts de carburant, on était sur 30 centimes vous le savez jusqu'au mois de novembre, ça baisse jusqu'à 10 centimes et l'idée c'est d'investir l'argent public sur les plus fragiles, sur ceux qui ont le plus besoin de cette aide et c'est-à-dire ceux qui pour se rendre à leur travail ont besoin de leur véhicule. Donc là les modalités vont être définies pour 2023 dans les jours qui viennent, mais l'idée c'est d'aider nos concitoyens qui sont le plus consommateur de kilomètres essentiellement pour se rendre à leur travail effectivement.
PATRICK ROGER
Et il y a, et sur l'énergie et l'inflation, le coût, certains maires qui avertissent aussi, demain vous allez les voir puisqu'il y a le congrès des maires, ils disent nous on ne pourra pas payer les prochaines factures d'électricité. Comment vous allez pouvoir aider ces communes, qu'elles soient petites ou regroupées avec d'autres parfois ?
DOMINIQUE FAURE
Alors nous les avons beaucoup aidé en 2022, je veux rappeler que ce n'est pas moins de 430 millions d'euros qui ont été votés cet été dans le cadre du PLF, la loi de finances rectificative, c'est pas moins de un milliard cinq qui va être dans ce cas filet de sécurité investi au service et au chevet de nos communes en 2023. Sur ce qui est de des coûts énergétiques aujourd'hui ça sera, je pense 80% de nos communes, des 36 1000 communes qui vont pouvoir bénéficier du bouclier tarifaire, du tarif réglementé. Vous savez ce tarif réglementé il sera à plus 15%, la Première ministre l’a déjà annoncé il y a quelques mois, en 2023 et c'est ce tarif dont la plupart des communes qui ont moins de 11 agents, mais c’est 80% de nos communes qui vont pouvoir en bénéficier. Pour les autres il y aura un surcoût au-delà de 380 euros du mégawatheure à hauteur de 50% qui sera pris en charge par l'Etat. Il y a un certain nombre d'actions qui sont d'ores et déjà votées pour 2023.
PATRICK ROGER
Mais est-ce que vous pensez qu'il y a une forme de chantage de certains maires qui disent, on ne paiera pas nos factures sur l'énergie, c'est du chantage ou pas ?
DOMINIQUE FAURE
Moi je peux vous dire que 2 tiers des communes sont dans une très bonne santé financière. Donc il faut regarder la santé financière de nos communes, le maire en général il est prudent, le maire en général il gère et il fait souvent, moi je dis le petit écureuil, donc effectivement on peut craindre que certaines communes… alors je vous disais 2 tiers, donc un tiers de communes sont ric-rac voire en difficulté. Le gouvernement a dit clairement qu'aucune commune ne serait laissée au bord du chemin. Ça a été le cas dans le cadre de la crise sanitaire que l'on vient de subir, dans le cadre de cette crise énergétique et avec les 3,5% d'augmentation du point d'indice, oui quelques communes vont être en difficulté, on sera à leur côté.
PATRICK ROGER
Et est-ce que vous les inciter aussi parfois à faire une forme de délestage, éteindre certaines choses, l'éclairage municipal, en fait un tas d'opérations comme ça, parce qu’on dit que cet hiver il pourrait y avoir des coupures d'électricité qui vont toucher, qui peuvent toucher les particuliers comme des municipalités ou des entreprises.
DOMINIQUE FAURE
Oui je vous disais que je vais beaucoup dans les territoires ruraux, je peux vous dire c'est mon premier message, c'est la sobriété énergétique dans nos territoires et il est vrai qu'on a encore des axes d'amélioration, bien sûr que les maires aujourd'hui ont embarqué cette sobriété, bien sûr qu’ils mettent en place pour ceux que je rencontre en tout cas je sens une vraie sensibilité à l'économie énergétique, veiller à ce que nos écoles soient bien éteintes, que les radiateurs soient bien éteints et cette sobriété, ces économies que nous devons faire en énergie elles sont fondamentales, d'abord pour les comptes de nos communes, mais aussi pour notre transition écologique, transition énergétique.
PATRICK ROGER
Dominique FAURE, on est un à l'approche de la saison aussi des sports d'hiver, vous êtes en charge aussi de la montagne, il y a une inquiétude des stations à l'approche de l'hiver et de la saison ?
DOMINIQUE FAURE
Il y a une vraie inquiétude même si aujourd'hui toutes les stations ont dit qu'elles ouvriraient, mais la part dans le budget de ces stations que représentent les coûts énergie est énorme. Il est vrai que sur novembre, décembre, il semblerait que ça puisse passer mais que janvier et février ça puisse être difficile pour eux. On est encore en train d'y travailler à la fois à l'échelon européen pour essayer de voir comment on peut accompagner ces très très gros consommateurs d'énergie dans nos stations de montagne.
PATRICK ROGER
Sur le déploiement aussi d'éoliennes sur le territoire, est-ce que vous vous sentez des réticences, des débats qui sont parfois houleux localement ?
DOMINIQUE FAURE
Oui il est vrai que des territoires ont embarqué le développement des éoliennes à un point tel qu’ils disent aujourd'hui trop de concentration, on ne veut pas aller plus loin, d'autres ne l'ont pas embarqué souvent parce qu'il n’y avait pas de vent et qu’il faut un certain nombre de conditions pour que les éoliennes puissent se déployer. Je vois en fait de l'opposition oui dans nos territoires ruraux, je vois aussi des habitants comme des maires qui sont conscients que la rémunération de l'implantation de ces éoliennes pour les collectivités locales, leurs font reconsidérer cette position. La position du gouvernement c'est d’accélérer véritablement le déploiement de l'éolien et le photovoltaïque, mais vous avez certainement vu que l'on accorde beaucoup d'intérêt à l'éolien en mer et qu’il nous semble qu'il est beaucoup plus acceptable et mieux accepté que dans nos territoires.
PATRICK ROGER
Un mot aussi environnement écologie avec le Zéro Artificialisation Nette, le ZAN que vous allez développer, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il y a beaucoup d'endroits où on ne pourra plus construire ?
DOMINIQUE FAURE
Alors il faut rappeler que la loi Climat et résilience elle fixe un objectif à 2050 qui est ce Zéro Artificialisation Nette, donc beaucoup de maires ont eu peur, ont été crispé, tendu par rapport à cet objectif qui n'est qu'un objectif pour 2050. 2030 réduire de 50% l'artificialisation des sols, 50% de quoi, de ce que l'on a précédemment artificialisés.il est vrai qu’aujourd'hui les décrets ne permettent pas à des maires qui n'ont rien construit depuis 10 ans d'avoir un peu de visibilité alors qu'ils ont réhabilité leur centre bourg et donc il est évident qu'avec Christophe BECHU, mon ministre de tutelle qui est ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, nous travaillons sur la mise en application de ces décrets. Nous travaillons main dans la main avec les régions, la loi Climat et résidence donne la main aux régions qui sont en train de d'interagir avec les intercommunalités et les communes pour voir ce qu'il est raisonnable de faire. Mais je pense que tout le monde s’entend pour dire que c'est pertinent de réduire l'artificialisation un peu galopante de ces dernières années de nos sols.
PATRICK ROGER
Oui absolument. Dominique FAURE, donc vous êtes en charge de la Ruralité et de la cohésion des territoires, il y a un débat qui va être assez animé aussi cette semaine, c'est l'interdiction, la proposition en tout cas d'Aymeric CARON sur l'interdiction de la corrida. Le gouvernement est plutôt contre cette idée, pourquoi et c’est-ce que vous allez défendre ?
DOMINIQUE FAURE
Alors jeudi effectivement je serai au ban pour défendre la position du gouvernement, mais il faut quand même rappeler qu'on est sur un sujet qui touche à l'intime, qui touche aux sensibilités de chacun. On voit que ce sujet traverse notre société, traverse nos groupes politiques, traverse nos territoires. Donc d'une part le bien-être animal et je pense que le gouvernement a démontré son attachement au bien-être animal encore par la loi que nous avons voté en 2021 et par ailleurs beaucoup de territoires, 56 villes aujourd'hui organisent des corridas et on est là dans un véritable attachement aux traditions ancestrales de nos territoires. Donc la position du gouvernement c'est de ne pas interdire, de laisser la liberté et de dire que peut-être ce n'est pas le moment de débattre sur un sujet dans le cadre d'une niche parlementaire. Donc ma position sera effectivement de laisser l'état de la loi aujourd'hui qui d'ailleurs interdit la corrida partout en France, sauf dans les 56 villes dans lesquelles de façon discontinue elle a été organisée.
PATRICK ROGER
Mais est-ce qu'il peut y avoir des aménagements localement comme par exemple interdire aux mineurs ou des choses comme ça, d'être dans des corridas ?
DOMINIQUE FAURE
Tout est ouvert, c'est l'objet du débat que nous aurons jeudi dans l'hémicycle, simplement je voudrais quand même rappeler que si on à 75 % de la population qui indiquent être contre la corrida, on a quand même 75% de la population des territoires dans lesquels on pratique la corrida qui sont pour, donc on voit bien qu'on est sur un sujet clivant, mon objectif premier sera d'avoir un débat apaisé dans l'hémicycle.
PATRICK ROGER
Mais oui mais quand Aymeric CARON dit il y a une torture qui est infligée en fait au taureau, aux bêtes, c'est de la maltraitance animale, qu'est-ce que vous lui répondez ?
DOMINIQUE FAURE
Je réponds que c'est tout l'objet du débat que nous aurons jeudi sur les bancs de l'Assemblée et j'espère que ce débat sera apaisé et effectivement il s'agit d'un combat entre un homme, le toréador et un animal le taureau, on est là dans la culture ancestrale, historique.
PATRICK ROGER
Oui mais peut-être pas à armes égales quand même.
DOMINIQUE FAURE
Ce n’est pas le sujet si vous le voulez bien.
PATRICK ROGER
Ce n’est pas le sujet.
DOMINIQUE FAURE
Le sujet, ça sera le débat pour respecter les positions des uns et des autres et je crois que pour ceux qui connaissent ces traditions, qui ont grandi avec ses traditions, il y a besoin de les respecter.
PATRICK ROGER
Aymeric CARON ne connaît pas ces traditions, il n’a pas grandi avec.
DOMINIQUE FAURE
Je ne sais pas et je ne me permettrais pas de vous le dire, mais en tout cas…
PATRICK ROGER
Vous pourrez lui poser la question.
DOMINIQUE FAURE
Par exemple.
PATRICK ROGER
Par exemple jeudi prochain. Dominique FAURE, un dernier mot. Vous êtes, je le disais aussi une ancienne sportive de haut niveau, comment, au tennis, comment vous regardez cette Coupe du monde qui démarre au Qatar ? Hier vous avez vu il y a des supporters qui ont quitté le stade avant la fin du match, les supporters du Qatar.
DOMINIQUE FAURE
Je pense que comme l'a dit le président, comme l'a dit ma collègue Amélie OUDEA-CASTERA, je pense qu'il ne faut pas mélanger une décision qui a été prise il y a quelques années que la Coupe du monde se joue au Qatar et puis ce que moi je défends, c'est le sport et j'essaye le plus possible de rendre politique et sport indépendants. Aujourd’hui nos Français vont défendre les couleurs de la France, vont jouer demain contre l'Australie, moi personnellement je regarderai le match.
PATRICK ROGER
Vous allez regarder.
DOMINIQUE FAURE
Je suis fière de notre de notre équipe de France et je pense que cette décision qui a été prise par le passé, il faut la renvoyer au passé et aujourd'hui se concentrer sur les résultats sportifs que l'on pourra observer j'espère nombreux.
PATRICK ROGER
Merci beaucoup Dominique FAURE, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires en charge de la Ruralité.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 22 novembre 2022