Texte intégral
M. Gérald Darmanin : "On est cet après-midi à Bruxelles pour ce conseil extraordinaire des ministres de l’Intérieur que nous avons demandé à la présidence tchèque et à la Commission que je remercie. Et le fait même que ce sommet puisse se tenir quelques jours après l’arrivée de l’Ocean Viking dans le port de Toulon montre d’abord que la France est écoutée et que l’Europe a pris l’ampleur de la gravité de la situation. Nous remercions également la Commission avec laquelle nous avons beaucoup travaillé ces derniers jours pour son plan d’action présenté lundi dernier, qui reprend en tout point les propositions de la France, qui rappelle notre attachement au pacte migratoire, à l’équilibre entre la solidarité nécessaire et la responsabilité de tous les États, qui prévient les départs et qui, bien sûr, rappelle le droit international, le droit de la mer et redit ce que nous souhaitons, que l’Europe toute entière réaffirme cet après-midi. Nous espérons très fortement qu’après les échanges, nous pourrons acter l’adoption de ce plan en dix points de la Commission européenne.
Q - Où est-ce qu’on en est aujourd’hui de la zone d’attente de l’Ocean Viking ? Est-ce que des personnes ont été expulsées ? Si oui, combien ? Ma deuxième question concerne la relocalisation : ces 3500 personnes que vous avez annoncées ne pas accueillir suite aux déclarations notamment de Georgia Meloni et sa volonté de ne pas accueillir l’Ocean Viking. Qu’en est-il aujourd’hui ?
M. Gérald Darmanin : La France, lors de sa Présidence du Conseil de l’Union européenne, avait proposé un système à l’ensemble des pays européens qui l’avaient accepté pour faire avancer le pacte migratoire européen puisqu’il n’y a qu’en européen que l’on arrivera à répondre à ces questions extrêmement difficiles de l’immigration irrégulière. La France avait évoqué le fait qu’on pouvait, en échange de responsabilité des États, et notamment des États de première entrée dont l’Italie mais il y avait également Malte, la Grèce, Chypre, l’Espagne par exemple, - en échange de mettre en place ces frontières extérieures - on pense notamment à l’entrée par Eurodac, un fichage qui permet de faire rentrer les personnes et les contrôler - s’était engagée à relocaliser, à reprendre sur son sol, comme l’Allemagne d’ailleurs, 3500 personnes et d’autres pays européens, bien sûr. Nous avions commencé, évidemment, à le faire. Évidemment, si l’Italie ne prend pas les bateaux, n’accepte pas le droit de la mer et le port le plus sûr, il n’y a aucune raison que le pays qui fait les relocalisation- la France et l’Allemagne - soit le même pays qui accueille les bateaux, qui accueille les migrants directement d’Afrique où d’Asie. Donc tant que le pays sera le même entre celui qui relocalise et celui qui accueille les bateaux, nous ne mettrons pas en place ces relocalisations que nous avions mises en œuvre l’année dernière lors de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne. Notre souhait est de reprendre évidemment ce mécanisme puisque c’est le seul qui permet de répartir les difficultés dans l’ensemble de l’Europe et forcer les pays de première entrée, comme l’Italie, à mettre en place les frontières dont nous avons besoin et l’enregistrement de tous les étrangers dont nous avons besoin dans l’espace européen. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Nous verrons cet après-midi en fin de journée si l’Italie et si d’autres pays concernés adoptent le plan de la Commission que nous soutenons fortement. Tant que ce n’est pas fait, tant que nous n’avons pas l’assurance, effectivement, que tout le monde respecte le droit international et que tout le monde respecte les accords passés, que nous avons passés voilà seulement quelques mois et dont l’Italie était d’ailleurs signataire, évidemment, nous ne reprendrons pas ces relocalisations. Il y a, par ailleurs, un sommet des chefs d’État de l’Union européenne dans quelques jours, il appartiendra sans doute au Président de la République de le préciser. En ce qui concerne votre question sur la France, vous avez compris qu’après la validation par le Conseil d’État de notre zone d’attente, nous avons pu, en effet, pour ceux qui étaient restés dans ce centre, procéder à un certain nombre de retours, je pense notamment aux Maliens et nous sommes en ce moment en discussion avec le gouvernement du Bangladesh pour un certain nombre de personnes qui sont concernées, les laissez-passer consulaires ont d’ailleurs étaient octroyés, nous en remercions le gouvernement bangladais. Il y a évidemment, en ce moment même, des discussions avec l’ensemble des pays européens, dont l’Allemagne, puisque 11 pays européens se sont engagés à reprendre les migrants qui étaient sur notre sol et qui venaient de l’Ocean Viking. Je vais avoir, en parallèle des discussions de cet après-midi, des discussions avec mes homologues puisque je les verrai tous à Bruxelles cet après-midi. Il y a notamment une mission allemande qui arrive dès le début de la semaine prochaine dans le sud de la France.
Q - On parle de quatre personnes, pour l’instant qui sont expulsés ou qui sont expulsables ? C’est ça ?
M. Gérald Darmanin : Alors, il y a aussi beaucoup de personnes qui sont déjà parties vers l’Union européenne et puis il y a tous ceux qui vont partir dans les relocalisations en début de semaine prochaine et en fin de semaine prochaine avec des délégations qui arrivent en ce moment même.
Q - Vous parliez de 44 auparavant
M. Gérald Darmanin : Pour l’instant, nous sommes en train de discuter avec tous les pays et nous sommes bien aux 2/3 des 234 personnes qui seront concernées dans le retour des 11 pays européens qui acceptent d’accepter les migrants.
Q - La France veut mieux cadrer l’action des ONG qui font du secours en mer. Est-ce que vous pouvez expliquer ce que cela veut dire ?
M. Gérald Darmanin : Alors, c’est l’Union européenne, c’est une proposition de la Commission européenne. C’est dans le plan d’action en dix points de la Commission européenne et notamment le fait que nous devons rappeler à chacun ce qu’est le droit de la mer, évoquer le fait que les ONG qui sont en Méditerranée sont là pour sauver les personnes et évidemment en aucun cas pouvoir être en lien avec une quelconque organisation de passage. Puis surtout rappeler que les pays du Sud de la Méditerranée doivent également ouvrir leurs ports puisqu’il y a parfois des bateaux, notamment des ONG qui croisent dans les eaux territoriales des pays du Sud de la Méditerranée et qui n’ouvrent pas leurs ports. Donc si nous adoptons cet après-midi le plan de la Commission européenne, la France trouvera évidemment son compte et considérera que le droit international comme le droit européen sera respecté".
Source https://ue.delegfrance.org, le 29 novembre 2022