Texte intégral
Monsieur le Garde des Sceaux, cher Eric,
Mesdames les ministres, chère Olivia, chère Isabelle,
Monsieur le délégué interministériel à la transformation publique, cher Thierry,
Madame la directrice interministériel du numérique, chère Stéphanie,
Mesdames et messieurs les porteurs de projet, qu’ils s’agissent des projets lauréats ou des politiques prioritaires du Gouvernement,
Chers toutes et tous,
Je vous remercie d’être présents avec nous aujourd’hui pour renouveler l’enveloppe du fonds de la transformation de l’action publique – le FTAP. Vous le constatez : nous sommes venus vous parler de concret ce matin. Le FTAP, c’est330 millions d’euros pour financer des projets de transformation de l’Etat dans les trois prochaines années.
Vous pourriez me dire, 330 millions d’euros pour transformer l’Etat, maintenant, alors que nous faisons face à des défis d’une ampleur inégalée, c’est une goutte d’eau, de l’argent jeté par les fenêtres.
Avec une inflation qui a atteint 6% en janvier et pèse sur le quotidien des Français comme des entreprises, une crise écologique qui se durcit nous faisant craindre pour la sécurité alimentaire et la stabilité énergétique, un conflit armé durable sur le continent européens et des bouleversements géopolitiques dont nous ne mesurons pas encore l’impact, une transition démographique qui nous oblige à faire des choix difficiles en reculant l’âge de départ à la retraite, est-ce que ces 330 millions d’euros pour transformer l’Etat sont utiles ?
La réponse, vous l’avez vu au travers des projets présentés ce matin, est oui : c’est utile et cela contribue à changer réellement les choses ! Cette ambition de transformation de l’Etat nous devons continuer à la porter haut et fort et nous devons l’accélérer.
C’est la transformation de l’Etat, élaborée en concertation avec toutes les parties prenantes et tous nos partenaires, qui nous permettra de répondre aux transitions que notre société et notre économie connaissent.
C’est la transformation de l’Etat qui nous permettra de gagner en efficacité, de reconcentrer le travail des agents publics sur leur coeur de métier et non sur des tâches à faible valeur ajoutée, redonnant ainsi du sens à leur quotidien, et aussi de faire des économies. La transformation a un retour sur investissement et nous devons systématiquement le rechercher.
C’est enfin la transformation de l’Etat qui nous permettra de changer la vie des Français.
La changer pour demain, en mettant l’énergie de l’administration au profit du plein emploi, de l’égalité entre tous et l’égalité des chances, la transition écologique et la souveraineté pour notre Nation. La changer pour demain, en investissant là où nous avons promis aux Français que nous allions investir dans les politiques prioritaires du Gouvernement que la Première ministre a lancé en Conseil des ministres, il y a un peu moins d’un mois.
Mais aussi la changer pour aujourd’hui, pour que les difficultés que les Français rencontrent au quotidien soient levées.
De fait, pour moi, la transformation publique ne doit pas se résumer – et je vais le dire de manière provocante – à des datascientists qui ont un projet génial d’IA dans un coin de l’administration mais dont personne n’a jamais entendu parler ou à des séminaires post-its.
La transformation publique n’a de sens que si elle permet aux Français d’obtenir une pièce d’identité dans un délai raisonnable, de réduire les délais de la justice comme le mentionnait le Garde des Sceaux, d’accompagner, dès la plainte, les victimes de discriminations ou de créer son entreprise sans se heurter à une charge administrative rebutante. Le FTAP est un outil qui doit, parmi d’autres sûrement, nous permettre de résoudre ces difficultés concrètement, rapidement.
1/ Tout d’abord, et je me dois de revenir dessus, le FTAP est un fonds qui nous a déjà permis d’obtenir depuis 2017 des résultats concrets et prometteurs.
Vous en avez eu l’illustration ce matin avec les présentations d’Anne-Laure, d’Albin, d’Emmanuel et de Stéphane, avec des projets au service des citoyens, des agents et des entreprises.
Mais au-delà de vous quatre, que je remercie d’avoir porté la voix de la transformation publique ce matin, ce sont des centaines, voire des milliers d’agents publics, qui ont porté des projets de transformation financés par le FTAP depuis son lancement en 2017.
126 projets ont ainsi été lauréats du FTAP et ont pu être financés pour une enveloppe de 764 millions d’euros entre 2018 et 2022. Ces projets qui touchent tous les segments de la vie des Français permettront à terme 600 millions d’euros d’économies par an.
Ils ont également permis aux agents publics de gagner une des choses qui est la plus précieuse – du temps. Ce sont ainsi plus de 6000 équivalents temps plein qui seront gagnés grâce aux investissements du FTAP. Gagnés, ça veut dire que ce sont des agents publics qui pourront se consacrer à d’autres missions plus prioritaires et ça veut aussi dire des dépenses évitées.
Enfin, ce premier FTAP, ce sont aussi des personnalités qualifiées qui nous ont aidé à concevoir ce fonds et je prends ici un instant pour les remercier : Axel Dauchez et Ross Mac Innes qui sont présents ici, mais aussi Yann Algan, Muriel Nguyen et Magali Joessel. Leur apport pour nous aider à développer ce fonds inédit qui n’a pas d’équivalent chez nos voisins, ni en Europe ni ailleurs.
2/ Ensuite, pour poursuivre et accélérer, j’ai souhaité que le FTAP puisse évoluer pour obtenir un impact plus immédiat pour les Français et les agents. Quelles sont les nouveautés ?
Dans la première enveloppe du FTAP, nous étions dans une logique d’amorçage, nous faisions de grandes revues de projets semestrielles pour identifier des projets, parfois un peu cathédrales, sur plusieurs années, parfois un peu en marges des priorités politiques.
Premier changement donc : toutes les administrations pourront proposer des projets au fil de l’eau, de manière agile. Voire même, et nous l’encouragerons, ils pourront échanger avec mes services, la DITP et la DINUM, pour affiner leurs idées, leurs intuitions en amont d’une demande de projet. C’est ce que nous faisons actuellement avec les initiatives qu’Isabelle ROME a mentionné, mais aussi avec Carole GRANDJEAN et Sylvie RETAILLEAU, pour favoriser l’insertion des jeunes dans l’emploi avec le projet InserJeunes.
Deuxième changement : nous allons également aller plus loin dans la territorialisation de cette enveloppe. La transformation ne doit pas être une lubie de ministres – enfin, pas que – mais un effort concret sur le terrain, partout en France. A l’occasion de cette nouvelle enveloppe, j’ai donc souhaité ouvrir un guichet « territorial » pour les services déconcentrés de 15 millions d’euros. A chaque fois que je me déplace, je vois, dans les préfectures, dans les services déconcentrés des projets passionnants et je veux que nous puissions les accompagner avec le FTAP. Par exemple, en Pays de Loire, nous avons un projet piloté par le SGAR et qui vise à repenser le fonctionnement de l’administration déconcentrée et les modes de travail pour gagner en efficacité.
Ensuite, troisième nouveauté : nous allons ouvrir des guichets numériques – sur la donnée ou sur la qualité des démarches en ligne. Au total, nous aurons 25 millions d’euros consacrés directement à des projets numériques. Et comme je le disais plus tôt, et c’est quelque chose que j’ai pu dire aux administrateurs ministériels des données en décembre, les projets d’innovation numérique, en particulier ceux de la donnée, doivent être tournés vers des cas d’usage. Des cas d’usage qui permettent d’éviter de redemander sans cesse les mêmes informations aux Français, qui allègent le quotidien des agents publics et qui contribuent aux politiques prioritaires du Gouvernement.
Et pour finir, quatrième nouveauté : nous voulons mener une transformation RH et managériale. La DITP me disait vendredi dernier qu’elle accompagnait actuellement les rectorats – et qu’en écoutant les agents et en proposant quelques adaptations de leurs temps de travail et de leurs modes d’organisation, ils avaient réduit de 60% le temps consacré par les agents de rectorat à des tâches administratives peu intéressantes. Nous devons poursuivre notre investissement sur l’humain et le FTAP doit être un outil de cet investissement.
3/ Pour conclure, je voulais vous dire que regarder le FTAP, ce n’est regarder que par un bout de la lorgnette. La transformation publique est partout.
La transformation publique se fait d’abord dans les ministères. Le plan de transformation de la justice que le Garde des Sceaux a présenté et je t’en remercie, cher Eric, en est l’illustration.
Les efforts menés par la ministre Olivia Grégoire pour faciliter la vie des 146 000 TPE et PME que compte la France, les accompagner face à des crises et dans des périodes difficiles comme celle que nous vivons actuellement, c’est de la transformation publique.
La transformation publique, c’est cette ambition interministérielle pour relever le défi des politiques prioritaires du Gouvernement qui est soulignée par vos présences aujourd’hui, à tous les trois.
Le ministère de la transformation et de la fonction publiques que j’ai le privilège de diriger qu’une humble contribution en proposant à tous les ministères :
- L’accompagnement financier qu’est le FTAP ;
- Un accompagnement en efficacité opérationnelle et en conception des services publics avec la DITP, cher Thierry ;
- Un accompagnement pour concevoir des projets numériques avec la DINUM, chère Stéphanie ;
- Un maillage territorial avec nos laboratoires d’innovation partout en France ;
- Et enfin, un outil pour rendre compte aux Français de nos avancées avec le baromètre des résultats de l’action publique dont la Première ministre a annoncé le renouvellement en Conseil des ministres le 18 janvier.
Cette offre de services s’incarne particulièrement dans le lieu où nous sommes aujourd’hui, loin des ors de la République. C’est un lieu un peu exigu, avec des tableaux divers et des chaises en plastique et des affiches au mur : c’est un lieu de travail, pour 2 000 agents publics par mois pour les aider dans leurs projets de transformation publique. Hier, tes équipes, Eric, de la direction de l’administration pénitentiaire étaient ici, la semaine précédente s’était celles de la DGCCRF, chère Olivia, qui venaient travailler à des outils innovants pour protéger les consommateurs et nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, Isabelle, mais la Dilcrah et la DITP ont travaillé ici pour accompagner les jeunes face à la haine en ligne. La transformation publique, c’est en effet tous les agents publics qui travaillent au quotidien pour améliorer nos services publics.
Et donc, sur cette note, comme nous avons encore un peu de place au Lieu et 330 millions d’euros pour accélérer, je déclare cette nouvelle enveloppe lancée et je vous invite tous, agents publics, directeurs de projet, ministres, à venir toquer à notre porte pour qu’on poursuive ensemble ce travail utile à nos concitoyens et porteur d’espoir pour participer à renforcer la confiance des Français en la puissance publique !
Source https://www.transformation.gouv.fr, le 15 février 2023