Interview de M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention, à France Info le 14 février 2023, notamment sur la revalorisation de la consultation, la lutte contre le tabagisme et les rendez-vous médicaux non honorés.

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Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour François BRAUN.

FRANÇOIS BRAUN
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Une partie des médecins généralistes est en grève aujourd’hui, ils réclament une augmentation du tarif de la consultation qui est fixée depuis 2017 à 25 euros. L’Assurance-maladie leur propose pour l’instant 1,50 euros de plus, ce que certains médecins jugent comme un signe de mépris. Qu’est-ce que vous leur dites ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors, 1,50 euro de plus pour l’ensemble des médecins, c’est le début des négociations entre l’Assurance-maladie et les médecins. Ça représente quand même, en moyenne, par médecin, 7.000 euros sur l’année, donc ce n’est pas négligeable, et c’est loin d’être une marque de mépris, c’est un début de négociation. Ce que je veux dire surtout aux médecins qui manifestent aujourd’hui, c’est que je suis bien sûr le ministre des soignants, mais je suis bien sûr aussi, et peut-être surtout le ministre des Français. Donc mon objectif, c’est que les besoins de santé des Français soient couverts. C’est pour ça que dans ces négociations, qui sont des négociations qui s’ouvrent tous les 5 ans, donc c’est quelque chose d’assez habituel…

MARC FAUVELLE
… C’est le tarif des 5 années qui viennent ?

FRANÇOIS BRAUN
C’est le tarif des 5 années qui viennent, c’est surtout le tarif des 2 années qui viennent, puisque dans ces négociations il y a des amendements, au bout de 2 ans, on peut revenir. Mais sur ce prix, qui est mis en avant, je crois qu’il faut bien expliquer les choses, il faut faire la distinction entre l’augmentation qui va être pour tous les médecins, et puis, une augmentation plus conséquente pour les médecins qui vont s’engager dans ce que nous mettons en place, c’est-à-dire cette responsabilité territoriale, c’est-à-dire à l’échelle d’un territoire, répondre aux besoins. Lorsqu’il n’y a pas de médecin sur un territoire, les médecins autour vont venir faire des consultations avancées, ils vont assurer une permanence la nuit, le week-end, dans un secteur, ce n’est pas individuel…

MARC FAUVELLE
Les médecins devront travailler plus pour gagner plus ?

FRANÇOIS BRAUN
Non, ils ne devront pas travailler plus, les conditions que l’on met sur ces responsabilités populationnelles, si je peux utiliser ce terme, c’est répondre aux besoins des Français ; ça concerne déjà plus de 30 % des médecins, plus d’un tiers des médecins font déjà cela. Et je dois les remercier, parce que, on parle comme ça, d’une façon très globale, mais la majorité des médecins travaillent le samedi matin, travaillent, font des gardes la nuit, le week-end, donc cela, je veux…

MARC FAUVELLE
Il n’y a pas de majorité de médecins qui fait des gardes aujourd’hui, il y a une minorité de médecins qui fait des gardes, c’est de l’ordre de 40 %, ce sont les chiffres de l’Ordre des médecins. 60 % des médecins ne font aucune garde. Est-ce que vous trouvez ça normal ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors, il y a les gardes où on va chez les gens, et il y a aussi maintenant les gardes de régulation médicale, au téléphone, dans le service d’accès aux soins, donc il y a un peu plus de médecins qui participent à tout ça. Et cet exercice, en responsabilité d’un territoire, je le redis, cette responsabilité de territoire, la majorité des médecins la couvrent, cet exercice, je veux le valoriser, c’est pour ça que les médecins qui s’engagent dans cette logique, auront une valorisation du C2 base, puisque c’est de ça qu’on parle, qui sera supérieure à ce tarif initial, plancher, je dirais, de 1,50 euro en plus.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, qu’on comprenne bien, là aujourd’hui, l’Assurance-maladie, qui propose 1,50 euro en plus pour tous les médecins, vous, vous dites : c’est le début de la négociation, donc ça peut augmenter, ça peut augmenter de combien encore ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors, c’est le début de la négociation effectivement, c’est le principe d’une négociation, où on peut renchérir un peu…

SALHIA BRAKHLIA
Vous pouvez aller jusqu’où, eux, ils demandent 30 euros ?

FRANÇOIS BRAUN
Mais surtout, pour ceux qui vont s’engager dans cette logique, c’est-à-dire ceux qui vont s’engager dans ce changement que l’on fait autour de la médecine libérale…

SALHIA BRAKHLIA
Ceux qui acceptent de prendre plus de patients, de faire plus de gardes, eux, ils pourront avoir 30 euros par exemple, la consultation ?

FRANÇOIS BRAUN
Ce que réclament les médecins à 30 euros n’est pas absurde dans cette discussion, et pour couvrir les besoins de la population. Cela fait partie de la discussion que nous avons, que l’Assurance-maladie a avec les médecins maintenant jusqu’à la fin du mois.

MARC FAUVELLE
Est-il envisageable de rendre à nouveau les gardes obligatoires comme ça a été le cas en France jusqu'au début des années 2000 ?

FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises sur les obligations, sur la coercition, je suis opposé à toute coercition, parce que ça ne fonctionne pas, j'ai bien connu avant 2003, donc avant que les gardes ne soient plus obligatoires, il n’y avait guère plus de médecins qui faisaient des gardes, parce que, avec le Conseil de l'ordre, de par leur âge, de par leur mode d'exercice, eh bien, on leur autorisait à ne pas faire de gardes, donc, ce n'est pas une solution en soi. Ce qui est une solution c'est de reconnaître le rôle central du médecin généraliste traitant, et je veux appuyer sur ce point, il faut le reconnaître, il est indispensable dans le parcours de soins.

SALHIA BRAKHLIA
Pourtant, ce n’est pas ce qu'ils ont l'impression de ressentir aujourd'hui avec la proposition de loi qui est déposée au Sénat, qui arrive aujourd'hui au Sénat, elle prévoit l'accès direct aux kinés, aux orthophonistes, à certains infirmiers, sans prescription médicale, eux, en fait, ils disent : eh bien, on est en train de nous court-circuiter, vous comprenez leur hostilité à cette réforme ?

FRANÇOIS BRAUN
Je comprends leur inquiétude, je ne comprends pas leur hostilité, parce que cette réforme, et j'aurai l'occasion d'aller au Sénat cet après-midi pour justement défendre des amendements qui ont été portés aussi par les sénateurs, justement, cette réforme replace le médecin traitant de façon centrale dans la prise en charge, mais simplement, elle dit une chose qui est très claire, et c'est ça aussi ce changement un petit peu dans le fonctionnement de la médecine, c'est que nous avons des besoins qui augmentent dans notre population, nous avons un nombre de médecins qui ne va pas augmenter, qui va même diminuer, et cette situation, les médecins n'en sont pas responsables ; c'est une situation de décisions politiques qui datent d'il y a 40 ans. Donc quelle est la solution, eh bien, quand vous avez des besoins qui augmentent, et puis, des effectifs qui restent les mêmes, il faut que je donne plus de temps de soins aux médecins.

MARC FAUVELLE
Ça s'appelle, oui, qu'on le veuille ou non, gérer la pénurie, pas assez de médecins pour tout le travail, donc déchargeons-les d'une partie…

FRANÇOIS BRAUN
Je ne suis pas très d'accord avec ce terme de gérer la pénurie, non, mais, je vous explique…

MARC FAUVELLE
C’est un peu ça quand même…

FRANÇOIS BRAUN
Non, nous sommes vraiment dans un changement de fonctionnement, et je crois que c'est ça qu'il faut comprendre, dans ce changement de fonctionnement, je veux que les médecins puissent se concentrer sur ce pourquoi ils sont là, qu'ils arrêtent de faire de la paperasse, j'ai pris des décisions, là, suite à un rapport d'un médecin généraliste pour supprimer tous les certificats inutiles, pour supprimer toute cette paperasse qui leur prend jusqu'à 20 % de leur temps…

MARC FAUVELLE
Qu’est-ce qui va être supprimé par exemple, les certificats médicaux, c'est 2h par semaine dans la vie d'un médecin aujourd'hui, qu’il pourrait sans doute consacrer à des tâches sans doute plus importantes en termes de santé publique, qu'est-ce qu'on va supprimer ?

FRANÇOIS BRAUN
Je l'ai dit, les certificats médicaux doivent devenir une exception, c'est-à-dire que le certificat médical, c'est quand il est vraiment indispensable, par exemple…

MARC FAUVELLE
Mais ça, ce n’est pas aux médecins qu’il faut le dire, c’est par exemple aux clubs de sports qui en demandent chaque année…

FRANÇOIS BRAUN
C’est à tout le monde, c'est à tout moment. Mais par exemple, lorsque votre enfant est à la crèche, bon, il est malade, il ne va pas à la crèche, c'est normal que les parents aient un certificat médical, ça permet d'indemniser par rapport aux jours où l'enfant n'est pas allé à la crèche, par contre, il est tout à fait anormal de redemander un certificat comme quoi l'enfant est guéri pour retourner à la crèche, voyez, ça, c'est un exemple simple, bien sûr, ce n'est pas de la faute des médecins, c'est un petit peu notre responsabilité collective à tous. Quand on est jeune pour aller faire du sport à l'école, il n’y a pas besoin d’un certificat médical, ce n'est pas pareil si on fait de la compétition, on a un cadre déjà qui est bien précis, nous allons le rappeler, je dis qu'avec le ministre de l'Education nationale, et puis, avec la ministre des Sports, nous allons faire une instruction commune auprès de tous les organismes sportifs, auprès de l'Education nationale pour rappeler ces principes essentiels.

MARC FAUVELLE
Ce sera pour la prochaine rentrée, celle de septembre…

FRANÇOIS BRAUN
Non, ça va être, là, dans les semaines qui viennent.

MARC FAUVELLE
Dans les semaines qui viennent.

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec François BRAUN, le ministre de la Santé, les médecins n’en peuvent plus des rendez-vous qui ne sont pas honorés par les patients, ça représente à peu près 3,5 % des rendez-vous selon les plateformes, est-ce qu’il faut les facturer malgré tous ces rendez-vous ?

FRANÇOIS BRAUN
La question est compliquée, on peut avoir tendance à pénaliser la personne qui ne répond à ses rendez-vous et d’ailleurs je crois que la personne qui serait un habitué de ce genre de lapin puisque c’est le terme qui est souvent utilisé, il faut effectivement trouver un mode un peu de coercition. Mais je veux vraiment qu’on travaille le sujet dans le fond parce qu’il y a l’autre versant de la pièce qui est extrêmement dangereux, c’est inciter à du refus aux soins. C’est-à-dire qu’une personne qui ne fait pas exprès de ne pas avoir ces rendez-vous et puis au bout d’une ou deux fois, elle peut se dire, mince on va me demander quelque chose, je préfère ne pas aller voir le médecin et là ça peut être dangereux pour elle-même. Donc là aussi c’est un équilibre à trouver, je suis tout à fait ouvert à la discussion pour qu’on trouve le meilleur moyen, en tout cas le meilleur moyen ne peut pas être de faire reposer sur la Sécurité sociale, sur l’argent des Français ces rendez-vous non honorés.

SALHIA BRAKHLIA
En Allemagne par exemple quand on prend un rendez-vous chez le médecin on paie d’abord un acompte de 5 euros, c’est envisageable ça ici ?

FRANÇOIS BRAUN
Non, c’est ce que je vous disais, payer un acompte de 5 euros, ça veut dire que des gens qui n’ont pas ces 5 euros n’iront pas voir le médecin et donc il y aura un refus de soin…

MARC FAUVELLE
Donc ça pourrait être quoi la solution ?

FRANÇOIS BRAUN
La solution pourrait être…

MARC FAUVELLE
Par exemple pour quelqu’un qui multiplie les rendez-vous, qui en prend 30 par an et qui les annulé systématiquement ou presque ?

FRANÇOIS BRAUN
Déjà je pense que c’est, en tout cas d’après les chiffres qui m’ont été fournis par les plateformes de rendez-vous, vous savez ces plateformes qui couvrent la moitié des médecins généralistes à peu près, il y a très, très peu de gens qui sont habitués à ce genre de pratique en fait. C’est souvent des gens qui oublient parce qu’ils prennent le rendez-vous longtemps avant, ils oublient. C’est l’intérêt des plateformes de rappeler par un message, par des choses comme ça. Donc on voit qu’il y a des outils technologiques qui vont permettre de diminuer encore ce nombre, 3,5 % ce n’est pas tant que cela, il faut qu’on arrive à le diminuer encore et puis effectivement pour les multirécidivistes, si je peux utiliser ce terme, il faut qu’on trouve un moyen pour leur dire, attendez là en responsabilité vous prenez le rendez-vous de quelqu’un d’autres qui en a besoin, donc il faut qu’on fasse quelque chose. Je pense simplement que la discussion n’est pas assez avancée, n’est pas assez murie, ni dans le détail très précis de ces patients, mais en tout cas je vais ouvrir une discussion autour de ce sujet pour qu’on trouve collectivement avec les médecins une solution.

MARC FAUVELLE
La situation à l’hôpital, François BRAUN, on sait qu’aujourd’hui on manque de médecin et à l’hôpital on a parfois recours à des médecins intérimaires qui sont payés nettement plus que leurs collègues, parfois trois ou quatre fois plus, il y a une loi qui est sensée encadrer leur rémunération, la plafonner, je crois que c’est 1200 euros par jour maximum, ce qui est déjà une certaine somme, le décret n’a toujours pas été publié, est-ce qu’il va bientôt l‘être ?

FRANÇOIS BRAUN
Il va l’être début avril, je m’y suis engagé. Vous savez, moi je suis engagé sur quelque chose devant les parlementaires, c’est que chaque fois que les parlementaires voteront une loi, qu’on mette en application cette loi. Alors ça peut être difficile, ça peut être douloureux, mais en tout cas la loi est votée donc on la met en application. L’intérim est une bonne chose, quand c’est un intérim raisonnable, vous l’avez dit 1200 euros pour 24 heures, c’est raisonnable par rapport au travail d’un médecin. Ce dont je ne suis pas d’accord et ce envers quoi je veux lutter, c’est l’intérim que j’ai appelé cannibale, c’est-à-dire cette intérim qui demande des sommes extravagantes, extravagantes, j’ai des exemples extravagants. Des sommes extravagantes et qui en plus déstabilisent le fonctionnement d’un service.

MARC FAUVELLE
C’est-à-dire qu‘il y a des personnes qui se sont spécialisées là-dedans dans les remplacements très bien payés.

FRANÇOIS BRAUN
Et qui au dernier moment font encore un petit peu de chantage pour être pour être mieux payé. Quand un médecin est mieux payé qu'une infirmière certes, mais quand en 24 heures il gagne presque 2 fois le salaire d'une infirmière par mois, là je dis c'est inacceptable.

SALHIA BRAKHLIA
Mais vous vous craignez un possible mouvement de grève dans les hôpitaux une fois que le décret sera publié ?

FRANÇOIS BRAUN
Vous savez sur ce décret je sais que les représentants des médecins hospitaliers, que des directeurs sont tout à fait d'accord avec la mise en application de cette loi, mais il va y avoir une période compliquée parce qu’il y a des services dans certains territoires qui ne tournent qu'avec de l'intérim et avec cet intérim cannibale, c’est pour ça que j'ai demandé aux directeurs des agences régionales de santé d'anticiper les effets. C'est-à-dire là ils doivent me rendre la dans la semaine une cartographie avec tous les services, tous les hôpitaux qui peuvent être mis en danger par la mise en application de cette loi, ça va être une mise en danger provisoire, peut-être d'un mois, mais en tout cas en travaillant avec les élus des territoires nous devons anticiper et proposer des solutions.

MARC FAUVELLE
François BRAUN, le tabagisme est reparti à la hausse ces derniers, ces dernières années en France après avoir baissé de manière continue pendant des décennies, les associations qui luttent contre le tabac disent il est possible qu'il y ait un effet cigarette électronique, c'est-à-dire que la cigarette électronique qui était censé nous aider à arrêter de fumer, soit aujourd'hui parfois devenue un accélérateur ou une porte d'entrée vers le tabac. Est-ce que c'est le cas ?

FRANÇOIS BRAUN
Oui vous avez vous avez raison malheureusement c'est le cas, le tabac tue encore 45000 personnes par an, 45000 c'est énorme. Vous voyez les chiffres, les chiffres dramatiques qui sont remontés du séisme à la frontière entre la Turquie et la Syrie, 45000 c’est encore plus qui meurent tous les ans du tabac. Et on constate aujourd'hui que ces PUF qui sont en fait…

MARC FAUVELLE
Des petites cigarettes jetables au goût acidulé…

FRANÇOIS BRAUN
Voilà des petites cigarettes. Alors il y en a qui ne contienne pas de nicotine, il y en a qui contiennent de la nicotine, mais quelle que soit leur contenu, nous pouvons constater aujourd'hui que c'est un mode d'entrée dans le tabac pour les jeunes et ça c'est dramatique.

MARC FAUVELLE
Qu’est-ce qu'on fait ?

FRANÇOIS BRAUN
Qu'est-ce qu'on fait, déjà on applique on applique la loi pour tout ce qui concerne la publicité.

MARC FAUVELLE
Ce qui n'est pas le cas aussi vous avez sans doute lu comme nous l'enquête du comité contre le tabagisme publié hier qui dit dans les 2 tiers des cas la réglementation sur la pub n'est pas respectée aujourd'hui chez les buralistes ou chez les vendeurs.

FRANÇOIS BRAUN
Exactement donc il faut être plus strict dans l'application de la loi, je vous le disais tout à l'heure on doit prendre des décrets d'application des lois, lorsque la loi est là avec ces décrets, on doit l'appliquer, ça c'est le premier point.

MARC FAUVELLE
Vous êtes prêt là-dessus vous fâcher avec les buralistes ?

FRANÇOIS BRAUN
Je suis prêt là-dessus à rappeler les chiffres des morts par le tabac et à expliquer qu’il est inadmissible que ces produits amènent les jeunes vers le tabac.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il faut interdire comme le réclament également certaines associations les parfums mandarine, marshmallow, chocolat, etc, dès lors qu'ils contiennent de la nicotine, certaines associations disent gardons un seul arôme, c’est l’arôme tabac, le reste c'est de l'incitation.

FRANÇOIS BRAUN
C'est du bon sens, c'est du bon sens et nous discutons, la Commission européenne d'ailleurs s'est positionnée également là-dessus nous discutons avec les collègues européens, avec les Danois, avec les Allemands, avec les Lituaniens qui ont cette même logique, ce sera efficace dès lors qu'on aura une cohésion au niveau européenne, on ne va pas retrouver les effets que vous connaissez bien des frontaliers qui passent de l'autre côté de la frontière…

MARC FAUVELLE
Mais vous dites, pourquoi pas, il faut réfléchir…

FRANÇOIS BRAUN
Pourquoi pas, pourquoi pas dans une logique européenne ça me semble beaucoup plus pertinent.

SALHIA BRAKHLIA
Sur les cigarettes Elisabeth BORNE avait dit que le prix du paquet allait suivre l'inflation, quand aura lieu la prochaine augmentation ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors là dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale effectivement j'ai porté cette idée d'indexer le prix du paquet sur l'inflation parce qu'on arrivait à une situation absurde avec l'augmentation de l'inflation, paradoxalement le tabac devenait moins cher. Je crois qu'il y a aussi un effort important qui est fait sur justement tous ces autres produits du tabac, ce tabac chauffé où il y a des indexations qui ne sont pas du tout les mêmes, il y a des frais entre guillemets qui ne sont pas les mêmes, un impôt qui n'est pas le même. il va déjà falloir harmoniser tout cela.

SALHIA BRAKHLIA
Vous allez relever la fiscalité du tabac ?

FRANÇOIS BRAUN
Ecoutez l'idée n'est pas de relever la fiscalité du tabac pour l'instant, l'idée de relever celle des tabacs à chauffer qui ne sont pas des cigarettes puisque ce n'est pas un équivalent et puis l’idée effectivement de chiffres l'inflation, tous les ans nous avons le projet de loi de la Sécurité sociale, de financement de la Sécurité sociale, c'est dans ce cadre-là que nous aurons à rediscuter.

SALHIA BRAKHLIA
Le but, c’est d'avoir un paquet de cigarettes à combien à la fin du quinquennat ?

FRANÇOIS BRAUN
Il n'y a pas d'objectif comme cela, il y a l'objectif d'augmenter le prix du paquet en fonction de l'inflation.

MARC FAUVELLE
Mais la prochaine hausse du coup elle est pour quand ?

FRANÇOIS BRAUN
Elle sera discutée dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, c'est-à-dire des discussions qui vont commencer cet été.

MARC FAUVELLE
Donc, il n’y a pas de hausse pour l'instant pour l'année 2023 du prix du paquet de cigarettes en France ?

FRANÇOIS BRAUN
Il n'y a pas de hausse prévue aujourd'hui pour l'augmentation du paquet de cigarettes…

MARC FAUVELLE
Donc concrètement le paquet de cigarettes ne suit pas l'inflation cette année, parce que l’inflation elle a été de 6 % déjà en fin d’année dernière.

FRANÇOIS BRAUN
Oui on a déjà un premier rattrapage là pour 2023, donc on va voir en fin d'année quelle est cette différence.

SALHIA BRAKHLIA
Avec le ministre de la Santé, François BRAUN. A la suite de l'accident routier provoqué par Pierre PALMADE, le Parquet a ouvert une enquête pour homicide involontaire, car une femme enceinte a perdu son futur bébé, la jurisprudence de la Cour de cassation dit qu'on ne peut pas juger quelqu'un pour la mort d'un foetus, car il fait partie du corps de la femme, il n'a pas d'existence autonome, est-ce qu'il faut ouvrir le débat sur le foetus ?

FRANÇOIS BRAUN
Tout d'abord, je pense qu'il faudrait prendre un petit temps, parce que ce drame nous a tous touchés de façon extrême, et puis, il ne faut pas oublier qu'il y a encore des personnes qui sont entre la vie et la mort suite à cet accident, et c'est d'abord à elles et aux familles que je veux penser. Alors, vous le dites très bien, la justice a été saisie, le Parquet de Melun, le Parquet de Melun a qualifié cette affaire en homicide involontaire, bon, je ne suis pas juriste de profession, loin de là, je suis médecin d'ailleurs, le fait d'être médecin m'amène à remercier aussi, on ne le dit pas assez, les équipes qui sont intervenues sur place, des équipes du SAMU, des équipes des sapeurs-pompiers, de la sécurité civile, avec le transport héliporté, pour dire quand même que nous avons un système qui répond, là, aux besoins, aux besoins, même dans les situations les plus dramatiques. Après…

SALHIA BRAKHLIA
Concernant cette femme, elle était enceinte de plus de 6 mois, elle a perdu son bébé, et la justice pourrait ne pas considérer qu'en fait, il s'agissait d'un être humain, et donc l'homicide involontaire pourrait ne pas être retenu, est-ce qu'il faut revenir là-dessus, est-ce que, en tout cas, le comité d'éthique doit réfléchir à cette question du statut du foetus ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors, effectivement, pour la justice, et c'est un foetus, effectivement, et je crois qu'il faut rappeler cela, on ne va pas entrer dans des détails, des détails sordides, qui dans cette histoire vont jusqu'à l'autopsie, bien entendu, pour voir un petit peu les choses, mais je pense que c'est effectivement un problème dont le Conseil consultatif national d'éthique peut se saisir. Mais, je crois que surtout, revenons à cette situation dramatique d'une jeune femme, d'un jeune homme, d’un enfant qui sont encore entre la vie et la mort, et je crois que c'est vraiment à eux qu'il faut penser d'abord aujourd'hui, ne précipitons pas le débat dans une situation passionnée, bien entendu, suite à ce drame.

MARC FAUVELLE
La Défenseure des droits, François BRAUN, a tiré la sonnette d'alarme récemment sur la maltraitance dans les EHPAD, elle dit que tant qu'on n'arrivera pas à un ratio d'encadrants élevé, la maltraitance existera toujours, qu'on le veuille ou non, dans les établissements pour personnes âgées. Sur ce constat, d'abord, est-ce qu'elle a raison ?

FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, la maltraitance, elle est malheureusement d'abord le fait d'hommes et de femmes. Et puis, on peut avoir des circonstances qui favorisent cette maltraitance…

MARC FAUVELLE
Elle, elle dit : tant qu'il y aura la nuit une seule personne pour s'occuper de 10 ou 20 personnes, on n’aura pas le temps. On ne s'occupera pas assez bien ces personnes-là.

FRANÇOIS BRAUN
Le principe des… vous avez utilisé le mot ratio, qui est un mot que je n'aime pas trop dans ce cadre-là, parce que, ratio, et je parle pour le système de soins, puisque ça a été discuté également lors d'un projet de loi déposé au Sénat, par le sénateur JOMIER, ce terme de ratio, pour moi, ne va pas, parce que ça marque une ligne un petit peu dure. Par contre, je préfère que l'on discute, et c‘est d'ailleurs ce que le président de la République a annoncé aussi dans ses voeux, qu'on allait se pencher sur la charge en soins, c'est-à-dire quelle est la charge en soins dans les services et avoir des effectifs adaptés à cette charge en soins ; on peut facilement comprendre que, vous parlez d’EHPAD, mais entre une EHPAD où il y aurait des personnes âgées plutôt en bonne santé, qui demandent peu de soins, eh bien effectivement, ils vont être autonomes, et ça va être plus facile, et la même EHPAD, qui aurait le même nom, qui aurait la même étiquette, avec des personnes très dépendantes, va avoir des besoins de soins, des besoins de surveillance différents. Je crois qu'il est important qu'on se penche sur cette notion de charge en soins, d'abord, pour les services hospitaliers, bien sûr, qui est mon champ privilégié d’action, mais également que la réflexion soit portée dans les EHPAD.

SALHIA BRAKHLIA
Le groupe ORPEA, lui, qui a été mis en cause, il y a un an, dans le livre « Les fossoyeurs », est désormais contrôlé par la CAISSE DES DEPOTS, c'est le bras financier de l'Etat, qu'est-ce que ça va changer concrètement ?

FRANÇOIS BRAUN
Je crois que justement ça va changer en termes de transparence, ça va changer en termes d'encadrement, ça va changer dans la réflexion justement sur ces effectifs en lien avec la charge en soins.

MARC FAUVELLE
En termes de rentabilité aussi, vous prévenez, en tant que ministre de la Santé, les autres actionnaires d'ORPEA que les actions rapporteront un peu moins dans les années qui viennent ?

FRANÇOIS BRAUN
Vous savez, la santé…

MARC FAUVELLE
Que la santé, ça n’est pas un domaine comme les autres.

FRANÇOIS BRAUN
Exactement, vous m'enlevez les mots de la bouche, la santé n'est pas un domaine comme les autres, ce n'est pas un domaine commercial, et je crois que la prise de position du président de la République, en disant que nous allons sortir du financement tout à l'activité dans les hôpitaux, va tout à fait dans ce sens, ce n'est pas comme cela qu'on va avancer, c'est un exercice particulier, j’aurais tendance à dire qu'on ne produit pas des boîtes de conserve dans la santé, on s'occupe de la santé de nos concitoyens, donc ce n'est pas la même chose.

MARC FAUVELLE
Mais ça veut dire que ce qu'on fait aujourd'hui avec ORPEA, si on suit votre raisonnement, il faudrait le faire avec les autres EHPAD privés ?

FRANÇOIS BRAUN
Eh bien, il faut en tout cas que tout le monde comprenne que la santé ne doit pas être une source de revenus excessifs, en tout cas, prendre en charge nos plus âgés, et en plus, a fortiori.

SALHIA BRAKHLIA
François BRAUN, en un mois, celui de janvier, 2 millions de préservatifs gratuits ont été distribués, contre 500.000 l'année dernière, c'est un succès. Est-ce que vous réfléchissez aussi à rendre les protections hygiéniques gratuites pour toutes les femmes, et non pas seulement pour les seules étudiantes ?

FRANÇOIS BRAUN
Alors, vous vous ouvrez deux sujets finalement qui me sont très chers, la santé sexuelle, la santé des femmes, ce grand succès, c'est un succès, vous avez raison, sur le préservatif gratuit pour les hommes, montre qu'il y avait un réel besoin, nous sommes passés de 500.000 à 2 millions, c'est aussi un tiers de pharmacie en plus qui sont entrées dans le dans le circuit, et j'en profite pour remercier les pharmaciens qui jouent vraiment le jeu dans la politique que nous mettons en place et que je porte. Sur le cadre de la santé des femmes, nous avons encore beaucoup de choses à faire, beaucoup de choses ont été faites déjà, dans la dernière loi de la Sécurité sociale, la contraception d'urgence qui est totalement accessible, les infections sexuellement transmissibles, je pense qu’il faut…

SALHIA BRAKHLIA
Sur les serviettes hygiéniques, sur les tampons, est-ce que ça pourrait être gratuit pour toutes les femmes, et non pas les seules étudiantes ?

FRANÇOIS BRAUN
Il faut que ce soit… qu’il y ait une réflexion autour des femmes qui ne peuvent pas accéder à ces protections, je pense que c'est ça qui est important, la gratuité totale partout n'est probablement pas justifiée, mais en tout cas, aider les femmes qui ont des difficultés pour se procurer ces produits, oui.

MARC FAUVELLE
François BRAUN, ministre de la Santé, merci d'avoir accepté l'invitation de France Info, et bonne journée à vous.

FRANÇOIS BRAUN
Merci.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 16 février 2023